Entrées par Armand Ire

Arafat DJ: l’hallucinante vie du roi du coupé-décalé

Dans la nuit du 11 au 12 aout 2019, une catastrophe incomparable de loin à la longue crise qui a secoué la Cote d’Ivoire, se produit. Le disc-jockey chanteur, aussi controversé qu’adulé de la nouvelle génération, Arafat Dj succombe de ses blessures suite à un grave accident de moto à Angré quartier de la commune huppée de Cocody à Abidjan capitale économique ivoirienne.

Arafat Dj ?! L’annonce du décès par les autorités ivoirienne en lieu et place de la famille de celui qu’on appelle «le roi du coupé-décalé», débouche sur un deuil national voir international.

Le monde musical africain est sous le choc, et l’onde s’étend jusqu’en occident où ce brusque départ fait la une de médias crédibles. De Paris à Londres en passant par Berlin et Le Québec, le monde entier pleure Arafat.

L’enfance d’une légende

Ange Didier Houon nait le 26 janvier 1986 dans une commune d’Abidjan. Il est le fruit de l’amour torride et endiablé entre la chanteuse Valentine Logbo (une artiste aux nombreux alias comme Tina Glamour ou Tina Spencer ou encore Tina Spendja) et le taciturne arrangeur Houon Pierre plus connu sous le pseudo de Wompy.

La différence de tempérament aura vite raison du jeune couple. Le gamin d’alors ne supporte pas de rester avec sa mère instable. La rue sera son exutoire et les platines des «maquis» de la célèbre «rue princesse» de Yopougon commune banlieusarde de la ville d’Abidjan, l’instrument de décharge de sa frustration mais surtout de la naissance de son talent.

Nous sommes en 2003.

Un jeune producteur ivoirien lui tend alors la perche de sa vie. Il sort du studio avec un tube. La chanson «Jonathan» qui le révèle au public est un hommage à son ami, son modèle, Dj Jonathan mort mystérieusement quelques jours avant l’enregistrement de cet opus.

C’est le début d’une success story au cours de laquelle, il obtiendra plusieurs prix comme le MTV Africa Awards du meilleur artiste francophone en 2015 en Afrique du sud.

Le révolutionnaire du «coupé-décalé»

Le temps des frasques, des clashs… Arafat Dj va révolutionner la musique «coupé-décalé». A la base c’était un concept mis en place par des ivoiriens en France. Cette musique fait allusion aux arnaqueurs et autres flambeurs qui passaient la majeure partie de leur temps a «coupé» le pigeon pour «décalé» dans les boites de nuit et en mettre plein la vue à la gente féminine et aux suiveurs. Cela se dansait de manière soft et classe.

Arafat Dj va y ajouter sa touche avec des onomatopées parfois incompréhensibles et de nouveaux pas de danse qui démontrent sa hargne de vaincre et son perpétuel combat contre un monde qui ne lui avait pas vraiment fait de cadeau.

Un écorché vif

Son mal-être, sa bataille pour la reconnaissance de son talent, son envie d’être le porte-parole des jeunes de la rue, ses mauvais rapports avec sa mère et le monde du showbiz ainsi que le brusque décès de son père feront du «Daishikan» un écorché vif.

Le jeune artiste n’avait aucune limite en matière de frasques: bastonnade d’une de ses nombreuses conquêtes avec bri de plats sur sa tête, correction d’un de ses protégés, bagarre avec l’un de ses collègues et un chauffeur de taxi, Arafat avait toujours le sang vif.

Aucune sommité du showbiz ivoirien n’échappait à son courroux. Quasiment chaque jour, il déversait sa rage sur ses «ennemis» lors de séances vidéo en live depuis sa page Facebook d’où il communie avec plus de deux millions de «chinois», le nom donné à ses fans. Protégé par l’actuel ministre d’Etat ivoirien de la défense, il échappa plusieurs fois à la justice ivoirienne, qu’il a fui à maintes reprises en se refugiant en France.

Un volcan de créativité

Arafat était un véritable volcan de créativité. En ébullition permanente, il concevait un concept chaque mois. Danse, chanson ou simple langage, les créations d’Arafat rythmaient la vie ivoirienne. Auteur d’une centaine de chansons, cet amoureux de la moto avait comme prémonition donné le titre «moto moto» à son dernier album. Celui qui est rentré sur la scène musicale sur une moto et en est reparti à moto aura laissé une empreinte indélébile en chaque ivoirien.

Ses grandioses obsèques nationales qui malheureusement ont eu un zeste d’inachevé suite à la profanation de sa tombe démontrent de l’amour et de la reconnaissance de son immense talent. Il avait réclamé cela de son vivant, il l’a obtenu à titre posthume.

Cote d’Ivoire – Célestine Olibe Tazere: l’indomptable qui veut la primature

A 52 ans, celle qui des décennies durant a été une inconditionnelle d’Alassane Ouattara a pris ses distances avec le RHDP (Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix) et son mentor. Célestine Olibe TAZERE veut jouer un véritable rôle dans la politique ivoirienne et ne s’en cache pas. Portrait d’une indomptable.

Originaire du village de Lagoguhé dans la commune d’Issia, elle aura réussi la prouesse d’être celle qui aura pris au FPI ( le parti de Laurent Gbagbo) un de ses bastions.

Le 11 décembre 2011, la vie de cette ouvrière de l’humanitaire, prend un virage à grand tour. Elle est élue députée d’Issia, bourgade de plus de 80.000 habitants au centre-ouest de la Cote d’Ivoire. Cette victoire, elle l’obtient au nom du RDR, le parti présidentiel désormais fondu dans le RHDP.

C’est l’ascension, puisque dans la foulée elle obtient le poste de vice-présidente de l’Assemblée nationale. Elle est alors l’un des répondeurs les plus virulents commis à la défense du président ivoirien. Célestine Olibe Tazere est le mélange de genre que souhaite ceux qui aspirent à la paix dans l’ex-locomotive économique de l’Afrique de l’ouest.

De naissance, elle est de la même communauté que Laurent Gbagbo, elle est Béthé. Veuve d’un colonel des douanes, originaire du nord ivoirien, son cœur est rattaché à cette région via ses enfants.

La primature pour revenir au RHDP

La fondatrice du défunt mouvement de soutien “5 millions de femmes pour Ado” a fait son choix, lors de la rupture entre Soro Guillaume, ancien président de l’assemblée nationale, et celui qu’il aura aidé à remporter la bataille sanglante d’Abidjan en avril 2011.

Dans la guerre sans merci que se livrent les alliés d’hier, la députée d’Issia a choisi son camp et le clame haut et fort. Elle roule pour Soro Guillaume. Présidente du groupe parlementaire proche du chef de l’ex-rébellion ivoirienne, Célestine Olibe Tazere, avance ses pions pour une véritable place sur l’échiquier politique ivoirien.

Pas du tout fermée à des négociations avec son ancien camp, elle réclame la “primature avant de retourner à la maison”. Elle croit dur comme fer qu’à ce poste, elle apportera énormément à son pays.

Fondatrice d’établissements scolaires dans le supérieur, elle continue de diriger son association caritative “la maison de l’orphelin” à laquelle vient de s’ajouter la “Fondation OTC”.

A environ un an de la présidentielle de 2020 dans ce pays, véritable chaudron politique, Célestine Olibe Tazere croit en son destin et celui de nouveau leader, Soro Guillaume.

Niger : une démocratie souvent perturbée

15 avril 1974, le Niger est à son tour victime du virus alors répandu des coups d’états en Afrique. Le lieutenant-colonel Seyni Kountché dépose Hamani Diori. Ce dernier, père de l’indépendance, démocratiquement élu par la chambre unique du parlement nigérien est emprisonné. Il sera ensuite contraint à une résidence surveillée jusqu’en 1987. Libéré par le successeur de Seyni Kountché, il se refugie au Maroc où il meurt le 23 avril 1989. Depuis lors, Diori a été réhabilité et le Niger a alterné coups de force et démocratie.

En 2021, cet immense (1,268 millions de kilomètres carrés) pays pauvre ira aux urnes pour élire le président de la république et les députés. Ces élections se feront sans Mahamadou Issoufou l’actuel président qui selon la constitution ne peut briguer un troisième mandat. Le Niger est en chantier mais la classe politique vit au rythme de la présidentielle de 2021. Reportage à Niamey.

Au coeur des discussions à Niamey : l’élection présidentielle plutot que Boko Haram

A la sortie de l’aéroport Diori Hamani, on est tout de suite “happé” par le béton qui coule et ces ouvriers qui travaillent à la pioche et sans grande protection. Le Niger est en chantier. Notre arrivée coïncide avec l’inauguration du deuxième hôpital de référence de ce pays sans façade maritime. Le gotha de la majorité au pouvoir s’est déplacé à Maradi à des centaines de kilomètres de Niamey pour mettre officiellement en service ce joyau hospitalier, fruit de la coopération sino-nigérienne.

Cependant, l’actualité au Niger c’est surtout la présidentielle de 2021.

Dans toutes les chaumières politiques, c’est le sujet le plus débattu loin devant l’insécurité créée par les djihadistes et les dernières attaques de Boko Haram dans la région de Diffa dans sud-est du pays.

A Niamey : code électoral, article 8, Ceni, sont les expressions qui reviennent fréquemment dans le langage des politiques.

La menace des groupes djihadistes et la présence de la secte terroriste Boko haram font de l’entrée de certains endroits de Niamey, de véritables “check points”. Mais les politiques n’en n’ont vraiment cure, seules les prochaines élections sont au centre de leurs préoccupations.

Soumana Sanda, député de l’opposition

Pour l’opposition, le code électoral dans sa mouture actuelle est un détonateur qui peut mettre à mal la relative stabilité du Niger. Dans son bureau cossu de questeur de l’assemblée nationale, le député vice-président de Moden Fa Lumana, le principal parti d’opposition assène ses vérités et la stratégie de son parti : “Nous allons faire un boycott actif des élections si l’article 8 du code électoral ainsi que la commission électorale nationale restent en l’état“.

Article 8 : l’inscription sur les listes électorales au Niger

Le fameux article 8 régit l’inscription sur la liste électorale nigérienne. Son alinéa 2 interdit le vote à toute personne condamnée à un an de prison de prison, donc in extenso inéligible.

Pour l’opposition cet article vise le chef de file de l’opposition l’ancien premier ministre Hama Hamadou. Condamné par la justice du Niger à un an de prison dans la fameuse affaire de “trafic de bébés achetés”, Hama Hamadou qui est en exil à Paris est considéré par les autorités nigériennes comme en fuite.

Mohamed Bazoum candidat de la coalition au pouvoir

La majorité présidentielle semble sereine face aux accusations de l’opposition. Pour Mohamed Bazoum le super ministre d’état en charge de l’intérieur et candidat officiel de la coalition au pouvoir, le processus électoral est en bonne voie. Il balaie du revers de la main les dénégations de l’opposition et soutient mordicus que l’article 8 est impersonnel et qu’il figure dans le code électoral nigérien depuis belle lurette.

Le dauphin de l’actuel Président Mahamadou Issoufou est formel : “L’article 8 existe dans le code électoral du Niger depuis 1992 et ne concerne pas la question de l’éligibilité mais celui de l’inscription sur la liste électorale“.

Le rôle fondamental du CENI

L’institution la plus contestée du Niger est sans nul doute la commission électorale nationale indépendante appelée communément par ses initiales -Ceni-. Elle pilote en amont et en aval le processus électoral.

Prise à partie avec virulence par l’opposition qui la boycotte, son président l’avocat Issaka Souna invite les uns et les autres à prendre leur place dans le processus.

Le président de la CENI au Niger – Maitre Issaka Souna

Pour cet ancien ministre de la justice il est clair que “le code électoral n’est pas exempte de critique mais toutes les corrections sont entrain de se faire pour que tout le monde participe au processus“.

Au Niger les autres acteurs et observateurs de la vie politique notamment la société civile ne sont véritablement pas intéressés par l’article 8 du code électoral. Pour Nouho Arzika le coordinnateur de la coalition des associations de la société civile seule la Ceni pose problème du fait de sa prise en otage par les partis politique.

La Ceni actuelle ne remplit pas les conditions morales et éthiques pour rassurer les gens de faire confiance au travail de cette institution‘.

madame Barry

Les femmes nigériennes suivent de près le processus électoral en cours au Niger. La conférence nationale de 1991 a fait découvrir une catégorie de femmes leadeures. Maitre Barry Bibata, ancienne ministre et première femme gouverneure de Niamey en fait partie. Ayant réussi une belle reconversion au barreau de la capitale nigérienne, elle résume l’engagement des femmes nigériennes : “Nous avons dit aux femmes que non seulement vous pouvez être électrices mais vous pouvez être aussi des élues“.

Tout ce beau monde a pourtant un cadre permanent de discussion et de concertation: le conseil national de dialogue politique -Cndp- dirigé par le premier ministre et dont le secrétaire permanent El Hadji YahayaGarba dit José est un patron de presse réputé. Au Niger la succession de Mahamadou Issoufou est enclenchée et le processus est irréversible… 

Salon de l’agriculture 2019 : bonne présence de l’Afrique & cacophonie ivoirienne

Les lampions se sont éteints sur l’édition 2019 (du 23 février au 3 mars) du Salon International de l’Agriculture. Comme chaque année à la même période de nombreux exposants de la faitière agricole du monde entier se sont réunis au parc d’exposition situé Porte de Versailles à Paris.

Parmi ces exposants, nombreux sont venus de l’Afrique. Nous avons passé une journée avec eux.

Des stands africains très attractifs

Guy L. est très heureux en ce jeudi 28 février 2019. Responsable communication de la plus grosse entreprise ivoirienne qui fait aussi dans l’agro-alimentaire, cet ancien patron de presse est satisfait de l’affluence “aux braisés de…” le stand de son entreprise.

Un espace qui a refusé du monde et qui est la reproduction quasi-exacte d’un “maquis”, sorte de restaurant à l’ivoirienne où l’on trouve à moindre cout des mets succulents de ce pays de l’Afrique de l’ouest.


Il n’y avait aucun moment de répit pour les animateurs des stands du Mali, du Maroc et de la Tunisie.


Nous sommes à 6000 visiteurs depuis l’ouverture du salon et cela va au-delà de nos prévisions“. Nous dit-il avec un large sourire.

Au pavillon 5 du parc d’exposition de la Porte de Versailles, les stands très achalandés des pays africains ne désemplissent pas.

Des nationaux de ses pays, touristes et personnalités sont au nombre des nombreux visiteurs.

Il n’y avait aucun moment de répit pour les animateurs des stands du Mali, du Maroc et de la Tunisie. Ces trois pays mieux organisés ont véritablement plané sur le salon international de l’agriculture.

Cacophonie ivoirienne

Si le secteur privé ivoirien de l’agro-alimentaire a véritablement tiré son épingle du jeu à ce salon, la tutelle quand à elle, a encore fait des siennes.

Chaque année, avant la crise postélectorale, les entreprises et structures ivoiriennes encadrées par le ministère de l’agriculture marquaient de leur présence le salon international de l’agriculture de Paris.

Depuis 2012, deux ministères se chevauchent. Outre le ministère de l’agriculture, celui des ressources animales et halieutiques a pris place également au pavillon 5 du parc d’exposition de la Porte de Versailles.

Plusieurs observateurs ont noté depuis le changement de régime à Abidjan qu’une lourde ambiance règne entre les deux ministres.


Les ministres en charge des deux départements ministériels ont soigneusement évités de se croiser durant le salon.


Au ministère des ressources animales et halieutiques, il est reproché au ministère de l’agriculture de s’accaparer de structures spécialisées qui en principe relèvent du premier.

De manière factuelle, arrêtons-nous sur le laboratoire national d’appui au développement agricole –LANADA-

Ce laboratoire qui est chargé des opérations spécialisées relatives au domaine vétérinaire, notamment à la santé, l’alimentation et la reproduction animale, est sous tutelle du ministère de l’agriculture . Au SIA 2019, une dizaine de structures sous tutelle du ministère de l’agriculture ont fait le déplacement.

M. Coulibaly Sangafowa ministre ivoirien de l’agriculture en compagnie d’exposants

Du coté des ressources animales et halieutiques, seul le port autonome d’Abidjan est venu défendre sa position de premier port thonier en Afrique subsaharienne.

Les ministres en charge des deux départements ministériels ont soigneusement évités de se croiser durant le salon. Une véritable cacophonie.

Cette année le chiffre de visiteurs était en baisse comparé a celui de 2018. Officiellement 633 213 visiteurs ont arpenté les stands du parc d’exposition de la porte de Versailles. En 2018, ils étaient 672 000. Plus de 1000 exposants ont présenté leur meilleurs produits à la grande satisfaction des visiteurs et d’Emmanuel Macron qui y a passé quatorze heures trente minutes. La 57 e édition aura lieu du 22 février au 1 er mars 2020.

Cote d’Ivoire : l’Union européenne au secours de la concubine d’un ponte du régime

[VIOLENCE CONJUGALE] Année 1991. Le fringant nouveau douanier jette son dévolu sur la douce et frêle Awa Koné. Il venait à peine de sortir de l’école des douanes et vivait chez une tutrice à Williamsville, une commune du centre-nord d’Abidjan. Awa Koné quant à elle vivait chez son ainée, une transitaire habitant Yopougon, la célèbre banlieue proche d’Abidjan.

Eunice Zunon : la prof de l’humour ivoirien

[CULTURE] Eunice Zunon. Cette frêle jeune fille de moins de trente ans s’est positionnée dans le milieu de l’humour ivoirien, voir africain. Ses vidéos parodient des stars du show-biz et de la politique. Elles récoltent de très nombreuses vues sur les réseaux sociaux. Lucarne sur un talent prometteur.

Affaire Laurent Gbagbo : terrorisme juridique à la Haye

[JUSTICE] Le 30 novembre 2011 lorsque sous l’activisme de Luis Moreno Ocampo, premier procureur de la CPI – Cour Pénale Internationale -, le pouvoir Ouattara transfère Laurent Gbagbo à la Haye, tous croient que le destin de cet homme est plié. Huit ans plus tard, il est blanchi de tous les crimes imputés. Mais coup de théâtre ! Il est toujours maintenu en détention après son acquittement total. Retour sur une harassante procédure judiciaire qui se termine par une prise d’otage de la CPI sur des personnes innocentes.