Entrées par Christian Nascimento

RD Congo: une radio attaquée et fermée par la police

Au Bas-Uele, la “Radio Liberté Buta” a été attaquée par la police en pleine nuit avant d’être fermée.  Journaliste en danger JED et l’Observatoire des médias congolais OMEC, dénonce vigoureusement l’incursion nocturne d’un groupe de policiers dans les installations d’une station de radio, la confiscation de ses matériels de diffusion ainsi que l’arrestation d’un régisseur d’antenne trouvé sur place.

Selon nos informations, la “Radio Liberté Buta” dans la province de Bas-Uele située dans le nord de la République Démocratique du Congo, une station proche du Mouvement de Libération du Congo MLC de Jean-Pierre Bemba, un des leaders de l’opposition, a été attaquée, la nuit du jeudi 28 novembre 2019 vers 22 heures. 

Actualisation du 11/12/2019 – Message de RSF sur la situation du journaliste Junior Supa


Une intervention disproportionnée de la police congolaise

Selon nos éléments, il s’agit du Groupe Mobile d’intervention de la Police Nationale Congolaise dont le but était de procéder à l’arrestation de M. Gilbert Monkoto, Vice-Président de l’Assemblée provinciale du Bas- Uele. 

M. Gilbert Monkoto intervenait dans une émission consacrée, notamment à la gestion de l’Assemblée provinciale du Bas- Uele.

Ne l’ayant pas trouvé dans les locaux de ce média, la police a intimé l’ordre à Junior Supa, journaliste-technicien, trouvé sur les lieux, d’interrompre cette émission qui était diffusée en différé.

L’arrestation et l’emprisonnement illégitime d’un journaliste

Ensuite, ils ont emporté tous le matériel de diffusion et ont procédé à l’arrestation de Junior Supa. Conduit au quartier général de la police où il a passé la nuit, le journaliste a été transféré dès le matin à la prison centrale du Bas-Uele où il est encore détenu en toute illégalité.

Le lendemain, vendredi 29 novembre, le parquet général du Bas-Uele a mis sous scellée la radio Liberté de Buta.

Dans la foulée, un mandat de comparution a été émis contre M. Jules Kasikila, directeur de ce média. Par peur des représailles et craignant pour sa sécurité, Jules Kasikila est contraint de vivre dans la clandestinité.

Une fermeture de média abusive

Sans entrer dans le fond de l’affaire, le JED trouve absurde toutes les poursuites engagées contre les journalistes de ce média qui n’ont commis aucune infraction en diffusant cette émission.

Le JED exige, par conséquent, la libération sans condition du journaliste détenu, la cessation des poursuites judiciaires contre le directeur de cette station de radio ainsi que la reprise, sans délais, des activités de la Radio Liberté Buta.

Les autorités de la République Démocratique du Congo devraient prendre des mesures immédiates pour garantir aux citoyens l’accès aux diffusions des médias alors que le pays attend avec ferveur et inquiétude les élections.

RD Congo – Le parti Lamuka rêve d’une majorité parlementaire et présidentielle

La coalition Lamuka espère “obtenir une majorité parlementaire après les élections anticipées” pour organiser des élections dans les dix-huit mois conformément aux propositions de sortie de crise formulées par Martin Fayulu, un de ses leaders.
Pour y arriver, “nous devons rester unis” estime sur Top Congo FM, Steve Kivuata, cadre de cette plate-forme ayant porté la candidature de Martin Fayulu à la présidentielle de décembre 2018 dont il revendique toujours la victoire.
 
Peu avant le dit scrutin, Martin Fayulu avait été désigné “candidat commun de l’opposition”. Une année après cette désignation, son parti, l’ECIDE et Nouvel élan, celui d’Adolphe Muzito, ont organisé une matinée politique à Kinshasa. Le mot fort c’est l’unité : l’unité des leaders entre eux et l’unité de tout un peuple envers Lamuka qui est “son instrument de démocratie”, précise Steve Kivuata.
 
En attendant “la remise et reprise entre le coordinnateur sortant Jean-Pierre Bemba et l’entrant Adolphe Muzito”, Steve Kivuata indique que ce dernier a déjà “lancé des perspectives axées sur l’unité…” 
 

Quatre leaders politiques en poistion de force

Malgré le retrait de Freddy Matungulu et Mbussa Nyamwisi du présidium de Lamuka, “Moise Katumbi, Jean Pierre Bemba, Adolphe Muzito et Martin Fayulu sont restés constants. C’est l’essentiel”, explique Steve Kivuata.
 
“Nous devons continuer notre combat. Nous devons asseoir une vraie démocratie dans notre pays”, assure-t-il.
 
Pour l’opposant, le bilan de Lamuka démontre que “le peuple est resté également constant. Il a soutenu les leaders dès le départ. Aujourd’hui, Lamuka est devenu un état d’esprit et un instrument de combat pour la réhabilitation de la démocratie et la paix dans notre pays”.
 
La célébration de “l’an 1” de la désignation de Martin Fayulu comme “candidat commun de l’Opposition était aussi une occasion de faire un rappel historique. D’où nous venons et où nous sommes aujourd’hui”. 
 
Célébré au siège de l’ECIDE de Martin Fayulu à Kinshasa, cet événement n’a pas connu la participation de tous les leaders des partis membres de Lamuka. Une absence également observée du côté de la presse Kinoise et internationale suites à plusieurs bavures policières à l’encontre des chevaliers de la Plumes en confisquant leurs matériels arbitrairement souvent lors de manifestations de l’opposition organisée par Lamuka.

RD Congo – RSF: “Aucun journaliste ne devrait être en prison pour diffamation…”

Reporter sans frontières (RSF) se joint à l’organisation Journaliste en danger (JED) pour demander la remise en liberté immédiate des journalistes congolais détenus depuis le début de la semaine alors qu’ils étaient poursuivis pour des faits de diffamation. Ce type de détentions préventives abusives justifie l’urgence de changer la loi répressive sur la liberté de la presse toujours en vigueur en République démocratique du Congo.
Cela fait déjà six jours qu’Achiko NGAYA, directeur des Nouvelles du soir, est incarcéré avec quatre autres journalistes de la place à Kinshasa .
 
Les journalistes ont été arrêtés lundi 31 octobre à son domicile et les quatre autres sur leurs lieux de travail selon le JED qui a pu s’entretenir avec l’un des avocats des journalistes. Le directeur de publication a été interrogé à propos d’un article intitulé “Ecobank, sur les traces de la Biac” dans lequel figurent des témoignages de clients sur les dysfonctionnements de la banque.
 
Placer ce journaliste en garde à vue puis en détention préventive revient à le considérer comme présumé coupable alors même qu’il ne devrait pas revenir à la police de statuer sur le fond de l’affaire en matière de délits de presse”, estime Arnaud FROGER, responsable du bureau Afrique de RSF.
 
Aucun journaliste ne devrait être en prison pour diffamation. Cette mesure privative de liberté est complètement disproportionnée et envoie une très mauvaise image du pays à libérer ce journaliste sans délai et à lancer au plus vite la réforme de la loi sur la liberté de la presse qui, en l’état actuel, protège ceux qui attaquent les journalistes”.
 
Lors d’une mission conjointe qui s’est déroulé du 14 au 18 octobre à Kinshasa, RSF et le JED ont plaidé pour la mise en œuvre urgente de deux chantiers prioritaires susceptibles d’améliorer rapidement et concrètement la liberté de la presse en RDC.
 
Les deux organisations ont présenté au ministre de la Communication et des médias et à son homologue des Droits humains des recommandations pour réformer la loi de 1996 sur la liberté de la presse qui prévoit entre autres:
  • des peines capitales privatives de liberté pour des délits de presse mineurs
  • la peine de mort pour des articles qui relèveraient de la “trahison”
Le texte ne prend pas en compte l’intérêt public d’un article, la véracité des faits ou la bonne foi du journaliste lorsqu’il est amené à se défendre dans le cadre de poursuites en diffamation.
 
Huit députés et sénateurs rencontrés à Kinshasa ont également accepté de faire partie d’un “groupe de parlementaires amis de la liberté de la presse” constitué par JED et RSF pour défendre l’urgence d’une réforme du cadre légal répressif qui régit actuellement l’exercice du journalisme en RDC.
 
En Afrique subsaharienne, la RDC est le pays dans lequel RSF a enregistré le plus d’exactions contre les journalistes et les médias. RSF et JED ont également demandé aux autorités de mettre en place un réseau de points focaux dans les différentes administrations et ministères concernés par la liberté de la presse, première étape d’un mécanisme visant à assurer une réponse rapide et un suivi des plus hautes autorités afin de renforcer la protection des journalistes et lutter contre l’impunité.
 
Rappelons que la RDC occupe actuellement la 154e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de presse établi par RSF.

Encore un journaliste tué: est-ce lié à son enquête sur le virus Ebola ?

4 novembre 2019 : Papy Mahamba Mumbere a-t-il payé le prix de son engagement dans lutte contre Ebola?

Le journaliste venait d’animer une émission sur la riposte contre l’épidémie qui a déjà fait plusieurs milliers de morts dans l’est de la RDC lorsqu’il a été tué samedi soir vers 20h à son domicile à Mambasa, dans la province de l’Ituri.

Selon les informations recueillies par Journaliste en danger (JED), le journaliste et animateur de la Radio communautaire de Lwemba a été attaqué par un groupe d’hommes muni de couteaux et de machettes, sous les yeux de sa femme, elle même grièvement blessée.

Leur maison a ensuite été incendiée par les assaillants.

RD Congo: l’insupportable impunité

En République Démocratique du Congo, la réforme de la justice n’est qu’un simple refrain dont ses résultats n’ont jamais produit d’effets. Dans la plupart de temps, le gouvernement cherche à traduire les présumés coupables cités dans certains “dossiers louches” devant le tribunal, mais il n’y arrive toujours pas.

Plusieurs dossiers demeurent pendants: le Crash de l’Antonov 72 affrété par la présidence de la République, l’incendie du dépôt de la Céni, la disparition de 15 millionzs de dollars USD, les meurtres à Yumbi dans la ville province de Bandundu, la corruption des sénateurs, les arrestations arbitraires des journalistes et l’auto-censure des médias… puis tant d’autres crimes. “Quid de ces enquêtes ?”, s’interroge l’opinion.

Face à un amas de dossiers qui ne fait que s’accumuler jour après jour, l’opinion remet en cause les efforts qu’engagent le gouvernement dans la réforme de la justice, en appliquant la rigueur à tout le monde. Dans les faits, le scepticisme commence à gagner du terrain et on regarde autrement l’État de droit.

Systématiquement, le gouvernement se prononce sur un dossier “flou” visant à sanctionner les coupables. Cette sanction se résume à un bout de papier. L’impact des sanctions sur le terrain est bel et bien étouffé comme il est de coutume en République démocratique du Congo.


La police, censée garantir la sécurité des personnes et de leurs biens, tue dans l’indifférence la plus totale du gouvernement, raconte le journal L’Opinion.


Face à ces dossiers qui demeurent encore “louches”, l’opinion tant nationale qu’internationale souhaite voir l’actuel président à l’œuvre. L’État de droit n’est pas qu’un slogan politique ou de communication.

Ainsi donc, l’opinion ne jure que sur les résultats de ces enquêtes. Quant à l’actualité, la série continue à Kinshasa avec des agents en armes à la gachette facile.

La semaine dernière mercredi 30 octobre, un policier a tué par balle l’administrateur général de l’hôpital Vijana, situé l’avenue Bukama, dans la commune de Lingwala à Kinshasa. Auparavant, un agent de l’ordre avait ouvert le feu à Ngaba sur un conducteur de moto, communément appelée “Wewa”. La police, censée garantir la sécurité des personnes et de leurs biens, tue dans l’indifférence la plus totale du gouvernement, raconte le journal. En lieu et place d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens, les agents de l’ordre ont imaginé une autre manière de rétablir l’ordre: tuer sans sommation.

https://twitter.com/PeupleGagne/status/1189577224246190081?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1189577224246190081&ref_url=https%3A%2F%2Fobservers.france24.com%2Ffr%2F20191031-rd-congo-kinshasa-policier-tue-medecin-centre-sante-vijana

Étant informée de ces dramatiques événements, cette fois-ci, la justice congolaise va-t-elle agir sévèrement, s’interroge-t- on. Car, tout cela s’est passé en flagrant délit. Il revient au gouvernement à travers sa justice, de montrer qu’il est sur la bonne voie, en traduisant les coupables devant un tribunal, du fait que cette question fâche.

Oui, les présumés responsables de différentes tragédies doivent répondre de leurs actes. Au nom de l’État de droit que prône le président de la République Félix Tshisekedi.

Donc, si les antivaleurs ne font que s’accumuler, cela ne servira à rien d’évoquer l’instauration d’un État de droit, car ce dernier a besoin de bons principes. Sinon, c’est de l’utopie !

RD Congo : l’alliance présidentielle au bord de l’implosion

L’accord ne tient qu’à un fil. Le Front commun pour le Congo FCC de Joseph Kabila et le Cap pour le changement CACH du chef de l’État Félix Tshisekedi sont censés convoler en justes noces jusqu’en 2023.

Du fait de l’accord de coalition qui lie les deux parties, dont les têtes d’affiches restent le PPRD, composé du FCC et l’UDPS. Majoritaire à l’Assemblée nationale, le FCC a contraint le CACH à collaborer pour avoir une part de responsabilité pendant cette mandature. Conclu dans la discrétion la plus totale, l’accord de coalition FCC-CACH a présenté ses premiers signes de faiblesse avec le grand retard pris dans la nomination du premier ministre.

Nommé en mai 2019, le premier ministre a attendu plus de trois mois pour connaitre ses collaborateurs dans le gouvernement. C’était déjà un mauvais présage qui augurait des jours très agités entre les deux parties de coalition.

En juin dernier, les premières frictions sont apparues, opposant les partisans de l’UDPS, côté CACH, et ceux du PPRD, côté FCC. Finalement, les deux partenaires sont parvenus à fumer le calumet de la paix. Entre-temps, le mal était déjà fait.

En réalité, l’UDPS et le PPRD se détestent. Ils sont juste unis par un mariage d’intérêt qui peut se désintégrer à tout moment. Le crash, le 10 octobre 2019 entre Goma et Kinshasa, d’un Antonov 72 affrété par la présidence de la République, a ramené au grand jour les dessous d’un accord fragile.

A Limete, au siège de l’UDPS, les combattants se sont violemment déchargés sur le PPRD, sous couvert du FCC, pour dénoncer un probable complot qui viserait leur leader, le chef de l’État Félix Tshisekedi. En réalité, les professionnels des médias ainsi que les peuples congolais et Kinois en particulier ont remis en cause l’accord qui lie leur parti au FCC, exigeant à la même occasion que l’UDPS mette fin à cette coalition.

Au FCC, la réplique n’a pas tardé. Des militants du parti de Joseph Kabila, surnommés les “Bérets rouges”, ont diffusé via les réseaux sociaux une vidéo dans laquelle ils indexent vertement la presse et les partisans de l’UDPS.

Se présentant comme les “soldats de Raïs”, les “Bérets rouges” ont promis de ne plus se laisser faire. Sur un ton menaçant, ils se mobilisent pour répondre au coup pour coup disent-ils, à tous journalistes politique qui oserait écrire ou parler en mal contre leur autorité morale à la personne de Joseph Kabila.

Calmer les ardeurs bellicistes

Dans les deux camps, le ton monte. On craint des dérapages de grande ampleur. Pour l’instant, les deux leaders de la coalition FCC-CACH, gardent encore leur silence. Ni le chef de l’État Félix Tshisekedi, encore moins Joseph Kabila, n’ont osé commenter les informations de ces derniers jours.

Pour l’instant, chacun essaie de faire passer son message par personnes interposées. Une escalade démesurée est à craindre, au vu de déclarations qui fusent de part et d’autre. La retenue n’est pas observée.


L’argent, dit-on, n’aime pas le bruit.


A l’UDPS, la direction du parti semble être en déphasage avec la base qui exige la relecture de l’accord qui lie le parti à Joseph Kabila. Au FCC, on prétend se préparer à parer toute éventualité. A tout prendre, c’est le mandat de Félix Tshisekedi qui en pâtira. L’argent, dit-on, n’aime pas le bruit.

Avec la résurgence de cesclivages internes entre l’UDPS et le PPRD, c’est l’insécurité qui reprend ses marques en RDC. Il faut craindre que la grande offensive diplomatique menée par Félix Tshisekedi n’apporte pas les résultats escomptés.

Car, dans la situation actuelle de la RDC, où de vives tensions opposent les deux partenaires à la coalition gouvernementale, les partenaires au développement et d’autres investisseurs peuvent se garder d’injecter précipitamment d’importants capitaux dans l’économie congolaise.

C’est dire que le FCC et CACH ont intérêt à aplanir le plus rapidement possible leur divergence. Il y va de la visibilité du mandat de Félix Tshisekedi. Sinon, le PPRD et l’UDPS s’engagent dans une escalade verbale dangereuse qui pourrait bien emporter l’un ou l’autre.

Pour sauver cette mandature et ne pas décourager les grands espoirs du peuple en l’alternance démocratique du 24 janvier 2019, il n’est pas trop tard pour monsieur Félix Antoine Tshisekedi chef de l’État de bânir l’impunité, combattre les ennemis de la démocratie en garantissant la liberté d’expression, d’opinion, d’association et de pouvoir manifester sans craintes.

Jusqu’à preuve du contraire, la liberté de la presse reste et demeure un élément important et crucial pour la montée de la démocratie en République démocratique du Congo, le Chef de l’État est appelé à respecter la Constitution dans son entièreté afin que la paix tant entendue par la population congolaise soit belle et bien réelle.

Afrique du Sud : les pires émeutes xénophobes depuis une décennie

Cinq personnes ont été tuées et près de 200 autres arrêtées dans les émeutes xénophobes qui secouent depuis le 1er septembre l’Afrique du Sud, qualifiées de “totalement inacceptables” par les journalistes du monde entier.

La police a tiré jeudi des balles en caoutchouc dans le centre de Johannesburg, la principale ville du pays, pour disperser des centaines de personnes, certaines armées de manchettes et de haches.


Tous les six mois, c’est la même chose. Alors pourquoi rester ici? J’ai peur, même de travailler. Si le gouvernement paie mon billet d’avion, j’irai ailleurs”


Elle a aussi repoussé des petits groupes dans le township d’Alexandra, qui jouxte le quartier financier de Sandton, pour prévenir de nouveaux pillages de commerces tenus par des étrangers.

5 morts – 189 arrestations

Depuis dimanche, cinq personnes ont été tuées dans la région de Johannesburg, épicentre des violences, a annoncé mardi la police, qui a fait état de 189 arrestations et indiqué avoir déployé des renforts dans les points chauds de la capitale économique. “Le plus grand nombre” de victimes sont des Sud-Africains, a précisé le ministre de la police, Bheki Célé.

Jusque- là silencieux, le président Cyril Ramaphosa a pris la parole mardi après-midi pour “condamner dans les termes les plus forts” ces violences xénophobes. “Les attaques visant des commerçants étrangers sont totalement inacceptables”, a-t-il insisté dans une vidéo postée sur Twitter. “Je veux que cela cesse immédiatement“, a-t-il ajouté. “Il ne peut y avoir aucune justification pour qu’un Sud- Africain s’en prenne à des gens d’autres pays”, a insisté le président.

Condamnations continentales ainsi que la presse Africaine dans son ensemble!

En plus du bilan humain, les trois jours de violences ont fait d’importants dégâts. Des dizaines de magasins ont été vandalisés à Johannesburg et dans la capitale politique Pretoria, et des poids lourds soupçonnés d’être conduits par des étrangers incendiés dans la province du KwaZulu-Natal (nord-est).

Cette nouvelle poussée de fièvre a pris une tournure continentale.

Le président de la commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a dénoncé mardi des attaques “abjectes”. Le Chef de l’État nigérian, Muhammadu Buhari, s’est dit “très inquiet” de ces violences contre les immigrés africains, notamment ceux venus de son pays, et a annoncé l’arrivée d’un “envoyé spécial” en Afrique du Sud.

Des nombreuses personnalités africaines ont appelé au “boycottage total” des entreprises Sud-africaines, telles que le fournisseur de programmes télévisés DSTV ou le gérant des télécoms MTN.

Mardi soir, la Zambie a annoncé le report d’un match de football amical qui devrait opposer samedi son équipe nationale à celle de l’Afrique du Sud “pour des raisons de sécurité”, a indiqué le secrétaire général de la fédération, Adrian Kashala.

Les violences des derniers jours ont causé une vive inquiétude dans la presse continentale, a témoigné mardi un journaliste international originaire de la République Démocratique du Congo, Stéphane Candy Nentadi “Ils ont tout brûlé…”, a-t-il insisté, prenant la pose devant une boutique d’habillement des communautés immigrés de Johannesburg incendié.

Tous les six mois, c’est la même chose. Alors pourquoi rester ici? J’ai peur, même de travailler. Si le gouvernement (Sud- Africain) paie mon billet d’avion, j’irai ailleurs”, a-t-il assuré.

La vague de violences et de pillages a débuté dimanche après la mort de trois personnes dans l’incendie encore inexpliqué d’un bâtiment du centre-ville de Johannesburg, avant de se propager à d’autres quartiers de la ville, puis à Prétoria.

En 2015, sept personnes avaient été tuées au cours de pillages visant des commerces tenus par des étrangers à Johannesburg et à Durban (nord- est). En 2008 , des émeutes xénophobes avaient également fait 62 morts dans le pays dont 15 journalistes immigrés.

Recrudescence des attaques contre les journalistes en RD Congo

Journaliste en danger (JED), s’insurge contre le regain d’attaques enregistrées depuis quelques semaines contre des journalistes et des médias. Le JED appelle les nouvelles autorités de la République Démocratique du Congo à prendre des mesures immédiates pour que cessent ces attaques répétées.

En l’espace de deux semaines, le JED a enregistré au moins 6 cas d’atteintes flagrantes à la liberté de l’information en RD Congo, à Kinshasa et dans les provinces où des journalistes et médias ont été victimes des attaques ciblées en rapport avec leur travail.

Voici une liste non exhaustive des journalistes concernées par la répression:

Simon BOFUNGA, directeur de Congo Nouveau, journal paraissant à Kinshasa, qui a été interpellé le mercredi 21 août 2019 au parquet près la Cour d’Appel de Kinshasa Gombe. Le journaliste s’y était rendu après avoir reçu un mandat de comparution. Détenu pendant environ 10 heures, le journaliste a été remis en liberté sans être auditionné et sans savoir le motif réel de cette interpellation. Il lui a été demandé de se présenter au parquet le vendredi 30 août.

Raim MAYAMA, journaliste présentatrice du magazine “Masolo ya Congo” et collaboratrice avec plusieurs médias émettant à Kinshasa, a été interpellée, le mardi 20 août 2019, successivement à la police criminelle et au parquet de grande instance de Likasi, dans la province du Haut- Katanga sur ordre de M. Kambaj, Chef de bureau des Mines. La journaliste s’était rendue au bureau du Chef de bureau des Mines pour réaliser une interview sur le présumé détournement de la taxe minière. Après avoir recueillie des informations auprès d’un proche collaborateur de M. Kambaj, Raim MAYAMA a été subitement mise aux arrêts. Accusée “d’extorsion”, elle a été conduite dans les installations de la police criminelle avant d’être acheminée au parquet où elle a été gardée jusqu’à présent sans droit de visite ni d’assistance ou de conseil.

Serge SINDANI, journaliste à Kis24.Info, un média en ligne dont la rédaction est basée à Kisangani dans la province de la Tshopo, a été violemment molesté par un groupe d’éléments des Forces Armées de la RD Congo, le 18 août 2019, alors qu’il regagnait son domicile après avoir couvert le culte de dédicace de la province de la Tshopo à Dieu, organisé par le nouveau Gouverneur de province. Violenté, le journaliste a été dépouillé de tous ses biens, notamment ses deux téléphones portables. 

La radio Télévision Shaloom, l’une des stations des radios de Kananga, chef-lieu de la province du Kasaï Central, fermée depuis trois mois pour non paiement des redevances, taxes et impôts par la Direction Générale des Recettes Administrative, Domaniale et de Participation (DGRAD) a été visée, le vendredi 16 août 2019 dans la nuit, par un groupe de personnes non autrement identifiées. Tous les matériels de ce média ont été emportés. Il s’agit notamment du mixeur, le groupe électrogène, les ordinateurs, les micros, etc.

Michel Tshiyoyo, directeur de la Radio Sozer FM, une station communautaire émettant à Kananga, chef- lieu de la province du Kasaï Central est détenu depuis le mercredi 14 août 2019, dans les installations du Tribunal de paix de Kananga sur ordre du gouverneur de province M. Martin Kabuya qui “l’accuse d’incitation à la haine et outrage à l’autorité provinciale”. Le journaliste est poursuivi pour s’être interrogé sur sa page Facebook sur la rumeur d’une altercation qui aurait eu lieu entre le gouverneur Martin Kabuya et son adjoint Ambroise Kamukuny lors d’une mission officielle à Kalamba Mbuji, un poste douanier situé à 250 km de Kananga, dans le territoire de Luiza. Depuis son arrestation, Michel Tshiyoyo comparaît devant le Tribunal de paix de Kananga. À l’audience du lundi 26 août dernier, le journaliste a récusé les juges et a sollicité la recomposition du tribunal. Depuis, Tshiyoyo reçoit dans sa cellule des menaces de mort: “Michel, c’est nous que tu veux combattre. On va te tuer, retiens- le. Nous connaissons où habitent tes deux femmes. Nous t’avons piégé et nous t’avons eu. Tu n’es pas intelligent. Que le tribunal se prononce tu verras“.

Franck MUSUNZU, journaliste-correspondant de la Radio Pole FM à Masisi, un territoire de la province du Nord- Kivu, a été copieusement tabassé, le jeudi 1er août 2019, par un militaire des Forces Armées de la RD Congo. Le journaliste voulait interviewer la population de la localité de Kitshanga, victime de plusieurs exactions militaires.

Après plus d’un mois de fermeture arbitraire, un média proche de l’opposition a été re-ouvert. Aucune déclaration des officiels congolais n’a accompagné cette reprise, ni justifiée les raisons de la fermeture de cette chaîne. Il s’agit de la Radiotélévision par Satellite (RTV1) qui a repris ses activités le samedi 24 août 2019. Signalons que le signal de ce média a été brusquement coupé, le samedi 29 juin 2019, sans aucune notification, verbale ou écrite, adressée aux responsables de ce média diffusait une émission intitulé “Spécial Lamuka” appellant la population à participer à une marche pacifique, le 30 Juin 2019, pour notamment réclamer “la vérité des urnes”. Cette manifestation de l’opposition était interdite, la veille par l’autorité urbaine au motif le 30 Juin était un jour commémoratif de l’indépendance de la RD Congo.

Dorcas BAKANDA, journaliste de la Radio Communautaire Rurale FM, station émettant à Mbandaka, chef- lieu de la province de l’ Équateur, a été victime, le dimanche 28 juillet 2019, d’une violente agression. La journaliste a été poignardée à ses postérieurs par un groupe d’hommes munis d’armes blanches. Blessée et saignant à flots, Dorcas BAKANDA a été dépossédée de son sac à main contenant son téléphone portable, son dictaphone, etc. Dorcas BAKANDA a été attaquée sur son chemin de retour à son domicile après avoir présenté une émission consacrée au décryptage de l’actualité sociopolitique de la province. Dans cette tranche d’émission, elle a critiqué les autorités provinciales en les invitant à pouvoir résoudre le problème de l’inondations récurrente dont est victime la population locale.

Attaque avec violence, vol, enfermement arvitraire, peur au quotidien…

Le JED condamne avec la plus grande fermeté ces attaques dont sont actuellement victimes des journalistes qui doivent pouvoir exercer leur travail dans les meilleurs conditions, surtout à l’aube de cette période de l’alternance politique en RDC qui doit marquer une rupture avec les méthodes et pratiques prédatrices de l’ancien régime.

Près de huit mois après son avènement au pouvoir, et en dépit de ses déclarations des bonnes intentions, le JED constate avec regret que le nouveau Président de la République Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi , n’a pris aucune mesure concrète pour promouvoir la liberté de la presse et assurer la sécurité des journalistes.

Rappelons que la RDC a perdu plusieurs journalistes (ses Fils maison) à cause des exactions commises en 2018 ; Nombreux sont en exil tandis que d’autres vivent dans la clandestinité bien qu’ils soient dans leurs propres pays ; d’autres ont été assassinés, enterrés dans des fosses communes à Kinshasa et à travers la République.

Lors de la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse le 3 mai dernier, il avait pourtant déclaré: “J’entends par quatrième pouvoir que vous avez des droits. Le droit d’être protégé, de parler librement ou d’investiguer…!

Les atteintes à la liberté d’expression, d’opinions et d’informations en République démocratique du Congo restent un combat pour la vraie démocratie dans le pays de Lumumba!