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RD CONGO. TSHISEKEDI EST-IL FICHU ?

L’Eglise Catholique est montée au créneau, début août, souhaitant voir une « alternance » en 2023. Ainsi un coin du voile a été soulevé à ce sujet, laissant entendre à haute voix ce qui se disait tout bas, depuis longtemps : « Tshisekedi ne vaut pas tripette comme chef d’Etat ».

L’Eglise a donc crevé l’abcès. En prélude aux prochaines élections, qui s’annoncent périlleuses. Une bombe à fragmentation, si on n’y prend garde.

Faisons l’impasse de l’historique électorale complexe, au Congo, pour n’évoquer, en gros, que la dernière présidentielle de 2018. Celle-ci est unique en son genre, quand bien même les médias se plaisaient (se plaisent encore) à y voir un calque quelconque du modèle russe, dans la fameuse formule « Poutine-Medvedev-Poutine ».

Kabila, contrairement à Poutine, a « joué franc-jeu », en plein jour, en ordonnant de proclamer Tshisekedi victorieux, à la place de quelqu’un d’autre. Le président russe, lui, a joué au plus fin, en agissant dans l’ombre.

Avec cette fraude diurne, Tshisekedi traîne depuis l’image de « sparadrap du capitaine Haddock ». La fraude lui colle à la peau, empoisonnant davantage sa carrière politique, erratique. Désormais, il en est à son mi-mandat. Assis sur la tricherie et l’échec.

En témoigne l’atmosphère générale de défiance qui enveloppe la capitale Kinshasa, et les autres grands centres urbains. Elle confine au tribalisme et, dans la foulée, à la révolte populaire en gestation. Tribalisme ? Une thématique dangereuse que le régime Mobutu a jetée aux orties, qui refait aujourd’hui surface avec inquiétude.

Antipatriotisme, tribalisme et appendices

Mais, plus que toute autre chose, la résurgence du tribalisme traduit l’échec le plus cuisant qu’ait jamais enregistré le régime en place. Bien qu’en parallèle, en apparaissent d’autres non moins graves, par exemple : le programme dit de la gratuité de l’enseignement primaire et secondaire : un mensonge d’Etat, le Fonds national de solidarité pour la lutte contre le Covid-19 : vaporisé, l’État d’urgence à l’est du pays : une utopie militaire. Tandis que la corruption, le siphonnement du Trésor public, le complotisme font partie d’un sport national apprécié au sommet de l’Etat.

Sur ce sombre tableau, ne figure aucun programme économique en exécution, si ce n’est sur le plan de la belle rhétorique. Il en est de même du social que le régime Tshisekedi snobe. À longueur de journée, ses fonctionnaires et affidés (rémunérés en prince) roulent carrosse dans Kinshasa, jusqu’à l’insolence. Alors que le peuple, dans sa majorité écrasante, croupit dans une misère noire.

Des gémissements montent de partout. La colère du peuple ne cesse de s’amplifier, sous forme d’avis de tempête sociale. Cette atmosphère délétère, s’il en est, ne justifie pas moins le souhait de l’Eglise Catholique de voir Tshisekedi prendre ses cliques et ses claques en 2023. En fait, huit Congolais sur dix – à vue de nez -, expriment le même souhait.

On en est donc à ce point, au regard de cet aperçu synoptique, avant d’évoquer la question majeure liée aux prochaines élections. Selon nombre d’observateurs, celles-ci promettent des étincelles, pour une raison majeure d’égocentrisme. Les psychologues en diront plus un jour.

Qu’en est-il, au juste, en résumé ? Si la « Question congolaise » demeure une sorte d’usine à gaz, elle est néanmoins constitutive des deux plaies principales : l’antipatriotisme et le tribalisme. Par ailleurs, les deux notions finissent par se confondre, le reste étant de simples appendices.

L’antipatriotisme, entre autres sens, est un égoïsme au niveau individuel, d’abord, qui atteint l’entre-soi, ensuite, pour finir sa course sous forme de tribalisme. C’est le plus haut degré de ce mal. Son objectif est « d’écarter l’autre du centre d’intérêt afin d’en être l’unique jouisseur ». A cet égard, la société congolaise reste divisée entre une poignée de millionnaires et leurs vassaux puissants, d’un côté, et une marée de pauvres aux abois sans défense, de l’autre. Et ce, des décennies durant.

Bras de fer avec l’Eglise Catholique

Une genèse peu enviable ! Au lieu de couper les liens avec ce passé douloureux, Tshisekedi les renforce. Avec un certain cynisme. Quand, dès ses premiers pas au sommet de l’Etat, il donne la preuve d’un « prince » préoccupé tant par son maintien au pouvoir que par la prospérité de la Cité. En effet, son entourage parlait déjà indistinctement de « glissement » vers un deuxième mandat, sans passer par les élections ou de subordonner celles-ci à la réalisation d’un recensement. Un refrain fort connu, synonyme, au Congo, de « mesures dilatoires ».

Deux des sujets polémiques, du temps de Kabila, ayant fait couler beaucoup d’encre, de salive et de sang. Lui, Tshisekedi et son parti UDPS, dans le rang de l’opposition, en ont fait les frais. Il en sait quelque chose pour l’avoir vécu dans sa chair et dans son esprit. Aujourd’hui, c’est la même personne qui retourne sa veste, pour faire siennes les mêmes dérives démocratiques. Et même, qui plus est, essaie avec véhémence de caporaliser la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Comme il l’a déjà fait avec la magistrature. Un travail méticuleux dans l’ombre. But poursuivi : le pouvoir, à tout prix, par la fraude ou par la guerre.

D’où la présence de 500 jupes, pimpantes neuves (pour une rondelette somme de 25 millions d’euros), « don » du président de la République aux 500 députés. Ou plutôt, témoignage d’une corruption ouverte au sommet de l’Etat ; d’où l’élaboration de cette théorie, fumeuse, sur la « congolité », dont l’objectif est d’éliminer des candidats présidentiels connus, populaires et susceptibles de l’emporter à l’échéance de 2023 ; d’où cette politique sournoise d’intégrer les Eglises dites de réveil, dans la campagne, avant la lettre ; d’où le bras de fer engagé avec la puissante Eglise Catholique, puisque celle-ci a envisagé de marcher sur ses plates-bandes pour le ramener sur le droit chemin…

Tout cela forme un miroir qui reflète la perte de confiance d’une régime croulant. Tshisekedi est-il fichu ? Faut-il plus pour le démontrer ?”

Fin des haricots ou balkanisation de jure

Il y a tellement du négatif dans l’action du président en exercice pour le voir, de manière honnête, gagner les élections. Cet homme n’est-il pas allé jusqu’à signer un contrat minier traître avec le Rwanda, décrié par l’ensemble des Congolais scandalisés ? Pourtant, cet homme dont les historiens se feront le devoir de décrire le rôle néfaste de trahison qu’il a joué contre son pays, ne lâchera rien.

Tshisekedi, à comprendre les manœuvres qu’il mène, « pour le pouvoir », ne lâchera rien. Un bain de sang est donc en perspective, dans lequel sera consacrée la balkanisation dont on parle tant, depuis longtemps.

Si le leader de la province du Katanga, Moïse Katumbi est écarté de la course présidentielle, cette province entera en rébellion. Suivra le Kivu de Kamerhe (en prison ?!) – avec le Rwanda en embuscade. Viendra ensuite le tour du Bas-Congo du gourou Muanda Nsemi…  Enfin, ce sera la fin des haricots ! Ou la balkanisation de jure ! Ou, par extraordinaire, le départ improbable d’un nouveau Congo ! Qui sait ?

Attention ! Le conflit est en train de mûrir. Et « quand une guerre est mûre, elle éclate toujours pour une bagatelle », affirme l’écrivain Jacques Ferron. La bagatelle ça pourrait être une banale manifestation de mécontentement. Comme on en voit régulièrement ces derniers temps à Kinshasa.

Qu’on ne s’y méprenne point. Toutes les révolutions modernes furent, à l’origine, des révoltes urbaines, parties de bagatelles. De la prise de la Bastille à Paris en 1789, à celle du Palais d’Hiver de Saint-Pétersbourg, en Russie en 1917. Attention !

Jean-Jules LEMA LANDU

Par Jean-Jules LEMA LANDU, journaliste congolais, réfugié en France

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RD Congo-Rwanda, à l’heure de vérité biaisée

Une information remplace vite une autre. Si vite. Il n’en sera pas ainsi du désir commun des présidents rwandais Paul Kagame et congolais Félix Tshisekedi de « tourner la page » d’un passé lourd de sang versé, de cris des femmes violées, de vies à jamais détruites. Par dizaines de milliers.

Un passé qui dure près d’un quart de siècle. Au détriment des populations congolaises, humiliées. Un passé qui demeure une vraie plaie à vif dans leur mémoire collective. Un tel passé ne s’efface pas d’un revers de main.

Les deux présidents s’exprimaient ainsi à Gisenyi au Rwanda et à Goma au Congo, respectivement vendredi 25 et samedi 26 juin 2021.

On ne peut commenter avec justesse cette information, sans la ramener, en gros, autant dans son cadre contextuel historique que dans celui des agendas politiques, « cachés », de chacun des deux hommes.

Car, il n’existe pas de vérité politique, toute nue, sans un sens biaisé. Le sociologue Max Weber ne dit pas autre chose, dans son ouvrage « Le savant et le politique », quand il affirme que les « vertus politiques ne sont pas compatibles avec les vertus scientifiques ». C’est que, ici, on peut mentir, là-bas, on cherche la vérité.

Les relations exécrables entre Kigali et Kinshasa commencent, masquées, en 1996. Le président Pasteur Bizimungu, le prédécesseur de Kagame, appelle alors à la convocation d’une deuxième Conférence internationale de Berlin, afin de revoir les frontières de l’Afrique. Allusion faite à l’est de la RD Congo, qui appartiendrait au Rwanda. Il s’agit là d’un irrédentisme manifeste (réclamation d’annexion des territoires), proche de la provocation.

Politique de « petits pas »

En dépit de tout, les présidents rwandais Kagame, l’ougandais Museveni et le rebelle congolais Laurent Kabila se joignent, pour mettre à bas, militairement, le régime dictatorial de Mobutu, visiblement détesté par les Américains. 

En mai 1997, Kinshasa tombe, mais une année après, les violons ne s’accordent plus entre partenaires, dont chacun a un agenda caché. Le Rwandais dans son projet d’extension territoriale, ainsi que la subtilisation des minerais précieux, l’Ougandais plus pour cette deuxième préoccupation et le Congolais pour un règne libéré du joug, surtout, du partenaire rwandais. Pour ce faire, il les congédie tous sans ménagement, en juillet 1998.

La situation fait des vagues, surtout du côté rwandais. A Kigali, où on croyait être en mesure de longtemps manipuler Laurent Kabila, pour mener à bon port leur projet d’annexion par une politique de « petits pas », il leur fallait imaginer une autre stratégie. Ils en vinrent ainsi à l’idée d’allumer le feu dans les deux provinces du Kivu, partie qui les intéresse. Avec l’espoir de parvenir à long terme à l’annexion de ce territoire, par voie référendaire. Le cardinal Ambongo, archevêque catholique de Kinshasa, l’atteste, après y avoir effectué une visite pastorale.

Le président rwandais s’était-il déjà départi de ce projet, pour inaugurer aujourd’hui une ère nouvelle d’harmonie dans les relations entre les deux pays ? Pas si sûr. La posture du président congolais, elle, est des plus simples à analyser. Arrivé au pouvoir par fraude électorale, sous la supervision indirecte de Kagame, c’est l’homme-lige au pouvoir de Kigali. En béni-oui-oui.

« Tournons la page », ont-ils dit. Vérité biaisée ! Car, Tshisekedi possède aussi son agenda caché. Celui de berner son peuple, en attente du vote en 2023. 

Jean-Jules LEMA LANDU

Par Jean-Jules LEMA LANDU, journaliste congolais, réfugié en France

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Congo. Ombres et lumières sur le gouvernement Collinet

Anatole Collinet Makosso, nouveau Premier ministre

Dévastés par la gestion peu orthodoxe du Congo ces dix dernières années, les Congolais continuent à se méfier et douter de leur élite. La liesse et l’espoir suscités par la nomination d’Anatole Collinet Makosso (A.C.M) à la primature s’effrite depuis la publication du gouvernement pléthorique de “l’empereur” Sassou, le 15 mai 2021 suivi de sa liste additive le 16 du même mois. Gouvernement composé essentiellement des mêmes dignitaires qui ont plongé la population dans la précarité, nonobstant l’annulation de la dette, les aides tous azimuts et les excédents budgétaires que ce pays a engrangés. Décryptage.

Makosso a commencé sa primature à la manière de « la présidence normale » et de « dialogue », de François Hollande, d’Emmanuel Macron, de Thomas Sankara et de Marien Ngouabi, sans oublier bien sûr la touche de son mentor Sassou décrié du nord au sud. D’emblée, il a voyagé en classe économique entre Pointe Noire et Brazzaville. Il a rendu visite au président du Sénat, au Premier ministre sortant, etc. Il est descendu prier à l’église protestante du Centre-ville comme de coutume avec deux voitures. Il a échangé sans détours avec toute la presse nationale et même les citoyens lambda. C’est dans ce cadre que l’activiste de la diaspora Faye Monama, ancien aide de camp de l’opposant congolais Marc Mapingou qui a bénéficié de son hérité de son répertoire croyant piégé Makosso et le ridiculiser, a au contraire fait sa promotion par des réponses crédibles sur des sujets d’actualité qui ont convaincu plus d’une personne. D’autres parlent tantôt de coup de « com » montée par Makosso lui-même, tantôt des pièges de ses adversaires politiques lui auraient tendus. Des personnes ont décrié cette sortie après avoir suivi Aristide Mobebissi qui parle de la non représentativité du mouvement de cet activiste qui a mobilisé moins de 10 personnes de 12 à 18 h devant France Médias pour une activité.    

S’il est vrai que Makosso a adopté la pédagogie de Thomas Sankara, de Marien Ngouabi et des dirigeants occidentaux basée sur le contact direct avec les gouvernés, toutes classes sociales confondues, cependant, il lui est reproché de festoyer pour une nomination pourtant méritée. Comme un effet d’entraînement, de nombreux ministres ont fêté au milieu des étudiants, des retraités et autres citoyens se trouvant  dans une précarité totale. Ces actes nous rappellent l’empire des Hommes sans foi, ni loi, ni conscience. Parmi ces Hommes, nous pouvons citer entre autres, des ministres que la quasi-totalité de Congolais ne voulait plus voir aux affaires.                           

Les ministres qui effraient

Le 15 mai 2021, nombreux Congolais ont commencé le deuil dès qu’ils ont appris l’entrée au gouvernement des gens pointés du doigt dans divers crimes comme : Pierre Oba, Claude Alphonse N’silou, Charles Richard Mondjo, Raymond Zephyrin Mboulou, Christel Denis Sassou Nguesso, Léon Juste Ibombo, Antoine Nicéphore Fyla de Saint-Eudes, Jacqueline Lydia Mikolo, Gilbert Mokoki, Jean Marc Thystère Tchicaya, Jean Jacques Bouya, Firmin Ayessa. Certes, il faut s’inquiéter du retour en force des supposés criminels au sommet de l’Etat et du désordre que nous offre déjà ce gouvernement avec la publication d’une liste additive gouvernementale faisant entrer le retraité Rosaire Ibara. Mais il n’est pas exclu que les Congolais vivent des lendemains meilleurs, à condition que l’élite joue son rôle. L’élite, ce n’est pas seulement les membres du gouvernement, ni les gens qui conçoivent et véhiculent de fake-news, moins encore des personnes, des partis et associations politiques qui n’existent que sur les réseaux sociaux. C’est plutôt tous les Congolais qui réfléchissent au développement intégral, à la sécurité, au bien-être, à l’avenir harmonieux des Congolais. Oui, tout est possible ! L’exemple d’Anatole Collinet Makosso qui a galéré dans sa vie mais est parvenu au sommet de l’Etat par l’effort, est très éloquent.

Croire et s’élever par l’effort

Le Premier ministre congolais actuel « a roulé sa bosse » partout. Né le 11 mars 1965, il a grandi dans une baraque en planche dépourvue d’électricité. Par manque de moyens financiers, il partait pieds nus à l’école. Passé au collège après le certificat d’études primaire élémentaire(C.E.P.E) , il devrait faire de l’aumône çà et là pour payer le titre de transport de Loandjili village au collège distant de 17 kilomètres. Après avoir  échoué deux fois au brevet d’études moyen général en classe de 3ème, il est exclu du collège. Il se voit obliger de vendre un moment au marché de pointe noire, des poissons ‘‘Makoualas’’ et des pigeons. Par la suite, il fut docker et tenta de passer le concours d’agent de chemin de fer pour devenir aiguilleur mais sans succès.

Avec le concours de son oncle, il repartit au collège et obtint difficilement son brevet d’études moyen général (B.E.M.G) qui lui ouvrit les portes du lycée Karl Marx. C’est là où il fut interné et découvre pour la première fois, le matelas à éponge et les repas équilibrés qu’il ne pouvait s’offrir au domicile familial. Il sort de là instituteur et est intégré dans la fonction publique. Déterminé à embrasser son rêve de droit, il renoue avec les études et devient magistrat. Au sortir de la guerre de 1997, il est présenté à Antoinette Sassou Nguesso par madame Louemba. Il devient directeur de cabinet de madame Sassou et conseiller technique de son mari. Parallèlement, il s’inscrit à l’Université Paris II où il obtient son doctorat d’Etat en droit avant de devenir plus tard, Maître-assistant-enseignant-chercheur. Pendant qu’il démissionne de la présidence pour rejoindre un poste d’enseignant en Afrique australe, M. Sassou le retient et le bombarde ministre de la jeunesse puis, ministre de l’éducation. Progressivement, il prend goût de la politique et se prépare aux hautes fonctions : il se distingue, au point de le confondre au porte-parole du gouvernement ou encore au ministre de la justice, ministre des affaires étrangères qui «  a négocié plus d’une fois les observateurs occidentaux pour valider les scrutins organisées au Congo ». Entre temps, il pond des réflexions de haute facture à travers plusieurs livres et revues spécialisées  qui font la fierté de l’élite congolaise. En toute humilité et dextérité, il joue au médiateur, pacificateur  et aux équilibres auprès de tous les clans du pouvoir et de l’opposition. Décembre 2019, pendant le Congrès du Parti congolais du travail (P.C.T.), il conçoit un mémoire-bilan de ce parti-médiocre, lequel mémoire force l’admiration de la plupart des centaines de délégués. Pendant la présidentielle « piratée » du 21 mars 2021, bien qu’il assiste comme de coutume Guy Brice Parfait Kolelas, son voisin immédiat  et candidat décédé dans des circonstances troubles, il est porte-parole du dictateur. Avec le sale boulot qui convainc ce dernier et notamment pour avoir ramené des populations de la ville de Pointe-Noire et du Kouilou chez Sassou, il est pressenti Premier ministre.

Selon des sources, les services spéciaux et divers milieux occidentaux qui tiennent à la stabilité de la sous-région et particulièrement aux intérêts économiques concentrés à Pointe Noire et au Kouilou, le choix de succéder le premier ministre Clément Mouamba était porté sur deux jeunes cadres du sud Congo. Le franco-congolais, tête brulée et technocrate, Yves Castanou qui maîtrise les sociétés secrètes et les grandes religions, qui « lave les cerveaux » des milliers des gens et Anatole Collinet Makosso.    

Cette longue parenthèse sur Makosso nous rappelle qu’il ne faut jamais désespérer. D’ailleurs, l’histoire de la Corée et de la Malaisie, faisant partie des 20 pays les plus pauvres dans les années 60 et de la Chine pays sous-développé, il y a quelques décennies, aujourd’hui après la détermination de leurs peuples, sont classés parmi les premiers Etats industrialisés du monde.

Les membres de la diaspora congolaise doivent fédérer, intégrer des réseaux, se former sur divers domaines. Ils doivent bâtir des stratégies pour préparer l’après Sassou Nguesso qui semble se dessiner en monarchie témoins : l’entrée au gouvernement de Denis Christel Sassou au poste de ministre de la coopération internationale et de la promotion du partenariat public privé renforçant ainsi son immunité tout en le mettant en contact avec le monde entier.

Bref, ce n’est pas à Makosso qui a toujours dit le droit que nous l’apprendrons qu’avec tous les challenges que le Congo doit faire face, former encore un gouvernement budgétivore de 36 membres pour un État de 5 millions d’habitants, ressemble à l’hôpital qui se moque de la charité. De quoi encourager les Congolais du nord au sud à s’unir pour bannir le tribalisme, cultiver l’amour, le patriotisme, travailler afin de sortir leur pays du gouffre.

Ghys Fortune BEMBA-DOMBE, journaliste congolais, ancien résident de la Maison des journalistes (MDJ). Auteur du livre “De l’Enfer à la Liberté” (2019)

 

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Congo. « Marius chez vous », fin d’une émission populaire

Dimanche, 28 mars, Marius Muhunga, annonçait avec une réelle émotion, la fin des émissions TV « Marius chez vous » sur les réseaux sociaux. Il en était, à la fois, le boss et l’animateur vedette. Pour justifier cette cessation, le journaliste évoquait son embauche à « La voix de l’Amérique ».

Ce média congolais émettait depuis Washington DC, capitale des Etats-Unis. Il croulait sous son audience au zénith. En raison, bien sûr, de son excellence.

Je suivais en direct de cette émission spéciale. Elle était conclue par des avis et considérations des fans, celles et ceux qui aimaient suivre cette télévision :  c’était une pluie de félicitations… et un feu de coups d’émotion. Sans doute sincères ! Je ne m’en cache point, j’ai tissé, moi aussi, en l’honneur de mon éminent confrère, un joli bouquet de « fleurs platoniques ».

Tweet de Marius Muhunga annonçant la fin de « Marius chez vous »

De fait, une telle opportunité, pour un journaliste africain, ne relève pas d’une sinécure. Il doit y avoir, pour ce faire, des arguments qui parlent excellence et mérite. C’est, pour Marius, le couronnement d’une carrière flamboyante. Ne le reçoivent que celles et ceux qui ont fait de leur plume et de leur micro un « distributeur » de vérités ; des journalistes qui savent brasser « rigueur du fond et clarté de la forme », pour l’éclat des valeurs républicaines.

Quant à mon bouquet de fleurs, j’avoue que ce sont des roses avec leurs épines. D’un côté, satisfaction et joie, de l’autre, inquiétude, tout de même. Suivie d’une interrogation angoissante : Marius s’est-il donné le temps de triturer la question autour de son « élection » à cette prestigieuse institution américaine ?

Je ne sais. S’il l’a fait, c’est tant mieux. Mais, s’il ne l’a pas fait qu’il essaie de « passer de l’autre côté du miroir », comme on dit, pour en savoir plus. Car, à cause de son rayonnement au sein des populations congolaises, par ces temps de la politique nationale faite de bassesse, « TV Marius chez vous » pouvait être la cible de ceux qui voulaient la voir disparaître. Ces ennemis implacables de la vérité. Ces menteurs au sommet de l’Etat.

Dans ce dernier cas, voilà peut-être un joli « coup de réussite » pour Marius, seul, mais certainement un terrible « coup de massue » pour la masse des Congolais progressistes, épris de justice et d’ardent désir de voir le Congo se relever. Autant au pays que dans la diaspora.

C’est mon humble point de vue.

 

 

Par Jean-Jules LEMA LANDU, journaliste congolais, réfugié en France

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RD Congo: “Un homme très intelligent, mais sans conscience.”

Mais, de quelle nationalité est-il, ce fameux Vital Kamerhe ? Un Rwandais ? Que nenni. Un Burundais ? Oui, à travers sa lignée maternelle. Un Congolais ? Encore oui, par brassage. Sa grand-mère étant de la tribu fuleru de Kanvivira et sa mère de la tribu «shi» de Walungu. Toutes deux appartenant aux tribus authentiquement congolaises. Dans la province du Sud-Kivu. Et alors ?

Alors, attention ! Appartenir à une nation relève surtout des sentiments profonds qu’on a pour celle-ci. Jusqu’aux tripes. Lesquelles tremblent d’émotions et peinent atrocement quand la Nation est bafouée ou quand elle est en butte à un danger imminent.

Nation, sang et conséquences

La question de sang autant que celle de la possession avec soit des documents administratifs, justifiant nationalité et autres réalités, n’étant qu’un simple brevet. Or, Kamerhe continue de démontrer, avec pugnacité, que son cœur n’est pas lié à la nation congolaise.

Le cas du maréchal français Pétain -qu’on cite à tort ou à raison-, pour expliquer certaines thèses soutenues au Congo, est un exemple édifiant. Pétain a trahi la France, et quand son nom doit être absolument cité, c’est en termes d’amertume et de rejet. Pour les Français, Pétain ne mérite autre chose que d’être dans la poubelle de l’Histoire.

Pourquoi, aujourd’hui, le cas de Kamerhe défraie-t-il tant la chronique ? Ne savait-on pas que cet homme fut un grand barbouze, pour le compte de la Jeunesse du MPR du dictateur Mobutu, alors qu’il était encore étudiant, au campus de Kinshasa ? Ne savait-on pas que c’est un homme sans caractère, un versatile de la pire espèce, qui varie avec le vent ?

Son itinéraire de gigolo (vivant aux dépens des femmes) et d’hédoniste invétéré n’avait-il pas été établi et raconté jusqu’à plus soif, après ses brillantes études supérieures ? Certes, un homme très intelligent, mais sans conscience.

Hybris grec ou les vertiges de «la démesure»

A partir de là, ne pouvait-on pas conclure très rapidement que c’était un homme dangereux, un traître de carrière, qui a trahi le MPR, l’UDPS et Kabila, son mentor?

Qu’à cela ne tienne, Tshisekedi l’a pris comme son directeur de cabinet présidentiel, en vertu de l’accord qu’ils avaient signé à Nairobi au Kenya. Alors que l’homme, au fond, avait déjà effectué un bon tour de girouette, en retrouvant ses anciennes amours auprès de Kabila, son homme de destin. Tshisekedi l’ignorai-t-il ?

Mais bourde après bourde, qui déshonorent son chef, il va en commettre une autre, à Kigali. De plus grande envergure. Invité dernièrement, au Rwanda, à une fête immense de mariage donnée par un dignitaire rwandais, qui mariait son fils, Kamerhe se perd dans l’hybris grec: «la démesure».

Il offre trente vaches aux mariés et dans un speech, pour traduire le sens de ce geste, il parle des «bonnes relations entre le Rwanda (pays) et le Kivu (deux provinces de la RD Congo)».

Il ajoute, comme ivre: «C’est dans le cadre de nos coutumes.» Juste au moment où on évoque, avec acuité, la balkanisation du pays voulue par le régime de Kigali: annexer le Kivu au Rwanda. Et, pour le reste, couper le pays en plusieurs morceaux.

Rappelons que le père du marié rwandais n’est autre personne que le général Kabarebe, bourreau du peuple congolais. D’où le tollé qui émeut la majorité des Congolais et met en ébullition les réseaux sociaux, où on entend à la fois une chose et son contraire.

Trahison ? Sans doute. Comment peut-on expliquer autrement ce geste d’amitié étalé ostensiblement par Kamerhe avec l’ennemi ? C’est connu de tous que le Rwanda n’est pas un pays ami. Plusieurs rapports de l’Onu, qui parlaient, hier, de massacres commis par les troupes rwandaises en RD Congo, évoquent aujourd’hui, bien qu’en filigrane, l’idée de «génocide».

Levons un coin du voile, ci-dessous, pour apercevoir un bout de vérité sur les origines de celui qui exalte les «bonnes relations entre le Rwanda et le Congo».

Du grand-père «Louis» à Vital

Voici, en résumé, ce bout de vérité. C’est à Kanvivira que les origines de sieur Kamerhe se sont nouées. Un petit coin du territoire congolais où, jadis, coulaient le lait et le miel.

Nous, nous en savons quelque chose, pour y avoir mené plusieurs enquêtes journalistiques, dans le cadre de la Ligue des droits de la personne dans la région des Grands Lacs (LDGL). Enquêtes financées par les Pays-Bas. Les archives existent à Kigali, siège à ce jour de cette institution.

Ce petit coin s’appelle «Plaine de la Ruzizi». La rivière Ruzizi, qui y coule depuis des millénaires, sépare géographiquement le Rwanda, le Burundi et la RD Congo. Un véritable «Croissant fertile», dirait l’historien !

Tout y est en effet luxuriant: une terre extraordinairement fertile ; une chaleur torride engendrant des myriades de moustiques, mais dotée des vertus nourrissant la terre; de très belles femmes, plantureuses, issues du brassage de sang burundais, rwandais et congolais… On parle même, qu’on trouve dans ce mélange une dose «homéopathique» de sang ougandais et tanzanien.

Les Chinois, en coopération avec l’Etat colonial belge, en 1954 (déjà ?), furent tombés en extase devant ces terres bénies. Ils y plantèrent de la canne à sucre et y installèrent, par ricochet, une usine de sucre, à travers la société dénommée SUCRAF. Les vestiges de cette grande entreprise existent à ce jour.

Cette plaine est située au Sud Kivu, entre Bukavu, capitale de cette province et Uvira, un district. C’est dans cette plaine mythique que s’activait la bourgade de Kanvivira. C’est là qu’arriva, par un jour de soleil au zénith, en 1920, un homme dénommé Kamere Nyamutse (Kamere sans «h»), un hutu d’origine burundaise. C’est un agriculteur, jeune et vigoureux. Il était âgé d’environ vingt ans. Kanvivira fait partie des terres de la tribu des Bafuleru. Une tribu accueillante, comme c’est le cas d’ailleurs de toutes les tribus congolaises.

Mais, Kanvivra est une espèce de creuset où se brassent quasiment toutes les tribus de cette partie du pays : Bembe, Shi, Lega, Nyindu… et beaucoup de migrants, venus des pays voisins. On y cultive tout. Et tout y pousse comme par magie. Etait-ce la raison principale pour laquelle cette bourgade devait attirer en son sein beaucoup de monde ? De fait, à ce jour, la plaine de la Ruzizi constitue un véritable temple de métissage de sang. L’homme va où il y a à manger.

Crime de lèse-majesté

Le chef des Bafuleru accueillit avec enthousiasme le sieur Kamere, à qui on attribua un champ. Il aurait été baptisé et aurait porté le prénom de «Louis». Il se maria à une jolie mufuleru, répondant au nom de Maua, fleur en kiswahili. Et tout le hameau, en ce jour, fut en effervescence.

«Un frère lointain se marie à la nôtre, c’est une grande joie», se tapait-t-on la poitrine. En fait, dans les coutumes bantoues, un mariage mixte était vu (et est encore vu) comme une alliance qui ajoute à la puissance «des tribus en couple». De cette union naîtront plusieurs enfants, dont un garçon, le père de Vital.

Il sera tout de suite baptisé dans une église catholique de la place, en 1930, et portera les nom et prénom de Constantin Kamere Nyamutse. Il aurait fréquenté l’Ecole Moyenne de Nyangezi (structure éducative coloniale pour la formation des auxiliaires de bureau), dans les environs de la ville de Bukavu. Lorsqu’il est engagé dans la même ville à la Pharmakina (société cultivant le quinquina, pour sa transformation en Allemagne en quinine contre la malaria), il a légèrement plus de vingt ans. Il se marie à Bukavu à la dénommée Alphonsine Nemberwa Mwankingi (en vie), et Vital verra le jour en 1959.

Après la Pharmakina, Constantin Kamere Nyamutse est attiré par le prestige dont jouissaient, à l’époque, les agents de l’Etat. Il s’engage à l’Administration publique et fait le tour des mutations, avec sa famille, dans plusieurs provinces. D’où la maîtrise par Vital Kamehre des quatre langues vernaculaires du pays.

Congolais, Kamerhe l’est donc, en dépit de tout et de son nom qui est burundais. Ce nom n’est pas du tout du Sud-Kivu, singulièrement de la région de Walungu, chez les Bashi. D’où il est originaire, selon sa lignée maternelle. Chez ces derniers, on trouve des noms communs plutôt comme Buhendwa, Mugaruka, Bisimwa, Hamuli, Muhigiri, etc. Jamais les Kamerhe.

Dommage que l’histoire de Vital Kamerhe soit une suite ininterrompue de scandales politique et financière. A l’interne. Mais trahir le pays est un crime de lèse-majesté. Qui mérite procès et expiation de la faute en prison. Si Tshisekedi refuse de s’en séparer, il en payera le prix. Tôt ou tard. Mais finalement, que disons-nous ? Tshisekedi et Vital Kamerh ne se trouvent-ils pas sur la même trajectoire de trahison, les deux, depuis longtemps ?

Par Jean-Jules Lema Landu, journaliste congolais, réfugié en France

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RD Congo – En cas de guerre, le Rwanda va nous broyer

Actuel coordonnateur de la plateforme politique LAMUKA, Adolphe Muzito, a mis les pieds dans le plat. En envisageant de faire la guerre contre le Rwanda, pour le retour de la paix à l’est de la RD Congo, à l’initiative de de cette dernière, il a soulevé une question à la fois lancinante et thérapeutique. C’était au cours d’une conférence qu’il a tenue, lundi 23 décembre à Kinshasa.

Pour la conscience collective congolaise, le Rwanda constitue la source principale de grands maux dont souffre le Congo, depuis plus de vingt ans. Pour en finir avec ce calvaire, il faudra absolument, selon Muzito, que les deux pays croisent le fer.

Mais cet homme politique, qui compte parmi les grandes pointures de la scène congolaise, ne s’est pas laissé emporter par un lyrisme populiste. Certes, il a évoqué la guerre, mais aussi le temps pour la réforme d’une armée en lambeaux.


Il est apparu (à l’exclusion de tout sondage à caractère scientifique) que l’idée de faire la guerre au Rwanda était l’idéal pour la restauration de la paix à l’est du pays…


«Si vis pacem para bellum», clame une expression latine. Autrement dit, «si tu veux la paix, prépare la guerre».

Le fond du discours du leader de LAMUKA s’intègre, en partie, dans cette logique. Pour ce faire, le va-t’en-guerre congolais s’est répandu dans toutes les directions.

Il s’est appuyé, notamment, sur l’aspect finance. Car, réformer une armée, tel qu’il le préconise (pour s’engager dans une guerre préméditée), implique beaucoup de moyens à disposition: capacités didactiques dans le domaine militaire et autres; armement moderne, temps de réarmement, moral… argent liquide. Moyens que la RD Congo n’a pas, pour le moment, et qu’elle n’aura certainement pas, à moyen terme.

Quoi qu’il en soit, la proposition de Muzito a plu à la majorité des Congolais. Dès le lendemain, les réactions ont fusé de partout. La diaspora congolaise n’a pas été en reste. Il est apparu (à l’exclusion de tout sondage à caractère scientifique) que l’idée de faire la guerre au Rwanda était l’idéal pour la restauration de la paix à l’est du pays, mais aussi en vue de la réappropriation de la souveraineté nationale confisquée. Autant que pour venger de nombreuses humiliations que le régime en place à Kigali continue d’infliger au peuple congolais.

Epouvantail à moineaux

Les enjeux sont sur la table, comme on dit. Mais si, par hypothèse, cette guerre advenait quelles qu’en soient les circonstances, la RD Congo tiendrait-elle devant l’armée rwandaise ? Question pertinente.

La réponse est non. A moins que le peuple congolais cesse ses divisions mortifères.

A ce propos, l’Histoire nous en dit long. Ce ne sont ni les dimensions géographiques, ni l’importance démographique d’un pays, qui conditionnent la victoire dans une guerre. Et encore moins les ressources financières faramineuses dont il disposerait. Le secret est dans l’unité et la détermination d’un peuple, forteresse inexpugnable des ressources morales qui soutiennent un soldat face à l’ennemi. Surtout quand la cause est juste.


La victoire dans une guerre n’est liée ni au nombre, ni à la puissance des armes, et encore moins à l’intervention de la richesse d’un pays.


«Un soldat sans moral est un épouvantail à moineaux», disait le général vietnamien Nguyên Giap.

Pour étayer notre thèse, évoquons très brièvement deux cas que l’Histoire raconte, lesquels ne manquent pas du piquant. En premier lieu, il s’agit de Numance, une petite ville de l’Espagne antique. Elle résista durant vingt ans, au IIème siècle avant notre ère, face à la puissante armée de conquête romaine.

Cette ville finit par tomber, grâce à des pratiques militaires peu honorables utilisées par le fameux général romain, nommé Maximilien. Il ordonna l’encerclement de Numance, sans laisser aucune possibilité d’approvisionnement en vivres pour ses habitants, pendant plusieurs mois. Nombreux d’entre eux décédèrent par inanition et le reste finit ainsi par se rendre. Avec honneur !

Le deuxième cas, beaucoup plus emblématique, est celui qui se rapporte à la Bataille des Thermopyles, en 480 av. J.-C. L’Empire perse sous Xerxès 1er s’est mis à cœur d’envahir la Grèce, c’est-à-dire les cités réunies d’Athènes et de Sparte. La bataille fut âpre entre dix mille soldats perses (appelés Immortels) contre trois cents combattants grecs, sous le commandement du roi Leonidas. L’enjeu de la bataille: le défilé des Thermopyles, un passage étroit, qui commandait l’accès à la Grèce centrale.

Les «Immortels» furent écrasés comme des mouches par la vaillance de trois cents hommes de Leonidas. La victoire était certaine pour les Grecs, s’il n’y avait eu cas de trahison. En fin de compte, les Perses l’emportèrent, mais sans gloire.

Dans l’histoire contemporaine, sous nos yeux, la puissante Amérique de Trump est en train de plier bagages en Afghanistan, la queue entre les pattes. Après vingt ans d’engagement militaire sans succès contre des groupuscules islamistes.

Ces exemples montrent, en général, que la victoire dans une guerre n’est liée ni au nombre, ni à la puissance des armes, et encore moins à l’intervention de la richesse d’un pays. A l’exclusion, bien sûr, de l’utilisation des armes nucléaires.

Kagame : figure tutélaire

La perspective de guerre entre la RD Congo et le Rwanda, du moins pour le moment et peut-être dans dix ans, entre dans ce cadre. Rien de comparable entre les deux grandeurs, en ce qui concerne leurs dimensions géographiques autant que leur importance démographique.

La RD Congo est, géographiquement, quatre-vingt-neuf fois plus grande que le Rwanda (2.345.000 km² contre 26.338 km²). Pareil pour la démographie dont le premier pays est huit fois plus grand que le second (presque cent millions d’habitants contre douze millions d’habitants).


Les critiques qu’on soulève contre le chef de l’Etat rwandais sur sa dérive autoritaire est indéniable, mais le reste n’est pas si négatif.


Cet ordre de grandeur s’inverse totalement lorsqu’il s’agit de mettre en balance la qualité de l’armée rwandaise et celle de la RD Congo. Pour le moment, le pays de Kagame possède une armée capable de rivaliser avec les armées tchadienne et angolaise. Les deux armées bien organisées et classées en ordre utile, en Afrique subsaharienne, en termes de qualité d’hommes et d’armement. A part l’Afrique du Sud.

Le soldat rwandais est aguerri. C’est quelqu’un qui connaît le chemin des combats, depuis la prise de Kigali en 1994. Ils sont en majorité de l’ethnie tutsie, déterminés à défendre leur droit d’être Rwandais et de vivre dans ce pays en tant que tels. Ils se reconnaissent tous en Kagame, leur figure tutélaire. Et ils sont prêts à mourir pour lui, et pour le Rwanda.

Les critiques qu’on soulève contre le chef de l’Etat rwandais sur sa dérive autoritaire est indéniable, mais le reste n’est pas si négatif. Le Rwanda est en train de se construire sur l’unité de tous les Rwandais, hutus, tutsis et twas.

Ainsi donc qu’il s’agisse d’aujourd’hui ou d’une période de dix ans après, en attendant que la RD Congo se réveille, la guerre contre le Rwanda serait un coup de poker. Aujourd’hui, les troupes rwandaises feraient une promenade de santé, de Goma à Kinshasa.

Dans dix ans, elles entreprendraient la même partie de plaisir, car, Kagame ou ses successeurs auront démultiplié, par dix, la force de frappe de l’APR (Armée patriotique rwandaise). A moins que…

Un effet placebo

Et, alors ? Était-t-il excessif d’utiliser le terme «broyer» dans notre titre ? Que nenni. Loin d’être un jugement de valeur (subjectif), la réflexion livrée ci-haut relève d’une preuve empirique acceptable.


On ne peut parler de réforme de l’armée sans envisager la reconstitution de l’Etat.


Pour le moment, le Rwanda est une puissance militaire en Afrique des Grands Lacs, alors que l’armée congolaise ressemble à une cohorte, couverte d’oripeaux puants, puisqu’uniquement guidée par les intérêts personnels. Sans référence morale.

En cas de guerre, personne n’acceptera de mourir pour Kabila. Ni pour personne d’autre, d’ailleurs, puisque l’Etat n’existe plus. L’Etat -s’il faut le nommer- dont le «sommet illusoire» constitue une caverne d’Ali Baba. Muzito l’a apparemment oublié. On ne peut parler de réforme de l’armée sans envisager la reconstitution de l’Etat.

Tout compte fait, l’adresse du leader de LAMUKA a eu le don de créer un effet placebo dans la conscience du peuple congolais, humilié depuis des lustres par le Rwanda. Par cette simple idée d’évoquer le mot «guerre» contre ce pays, plusieurs Congolais ont chantonné l’hymne national: «Debout Congolais». Thérapeutique !

Cependant, l’avertissement doit rester de mise: la guerre, c’est la guerre. On sait quand elle commence, on ne sait jamais quand elle se termine. Parler «d’annexer le Rwanda» était fort imprudent de la part du coordonnateur de LAMUKA, puisque si les rapports de force ne venaient à s’équilibrer, c’est plutôt le Rwanda qui annexerait le Grand Congo.

Par Jean-Jules Lema Landu, journaliste congolais, réfugié en France 

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Guinée: le troisième mandat présidentiel, un virus contagieux en Afrique

Plusieurs présidents de pays africains souhaitent changer la Constitution Nationale de leur pays… pour briguer un troisième mandat présidentiel. L’exemple russe Poutine – Medvedev, repris en République Démocratique du Congo par le duo Kabila – Tshisekedi, ne fait pas d’émule en Afrique, au contraire.

En Guinée, le président Alpha Condé, pourtant opposant de longue date aux dictatures, se laisse lui aussi tenter par ce troisième mandat. Au risque d’embraser les foules déterminées à faire respecter la Constitution pacifiquement.


Comment un Alpha Condé, opposant historique qui dénonçait avec tant de vigueur ses prédécesseurs, peut-il se rabaisser à ce point alors qu’il a plus de 80 ans?


Dans son discours du jeudi 19 décembre 2019 à la télévision nationale R.T.G, le président Alpha Condé a expliqué aux guinéens qu’il soumettra à referendum le projet d’une nouvelle Constitution.

En effet, le ministre de la justice a déjà supervisé la nouvelle version de la Constitution. Et le texte a déjà été envoyé au président de l’Assemblée Nationale, puis à la Cour Constitutionnelle, qui selon le ministre de la justice, a rendu un avis favorable.

Comment un Alpha Condé, opposant historique qui dénonçait avec tant de vigueur ses prédécesseurs, peut-il se rabaisser à ce point alors qu’il a plus de 80 ans?

Les conséquences d’un troisième mandat en Guinée aura un écho en Afrique

Si le troisième mandat présidentiel passe en Guinée, il est certain que la Côte d’Ivoire et le Sénégal emboiteront le pas, car ils ont déjà des velléités allant dans ce sens.

En Côte d’Ivoire, la déclaration d’Alassane Ouattara est claire: il veut se représenter en 2020.

De même, le mandat d’arrêt émis contre son opposant politique Guillaume Soro est un autre exemple.


Le Président Alpha Condé associe la mascarade déguisée sous le label de «consultation». Mais ce n’était qu’une manœuvre dilatoire (processus tendant à gagner du temps) destinée à servir d’alibi pour légitimer le coup d’Etat Constitutionnel en Guinée.


Au Sénégal, le fils de l’ancien Président Karim Wade est toujours en exil. Sans oublier l’emprisonnement des opposants politiques du Président sénégalais Macki Sall.

Aujourd’hui, même libre, l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, reste inéligible au regard de la loi sénégalaise.

Libre Parole au journaliste M.B Bah


“Nous dénonçons une injustice, nous défendons les droits constitutionnels… Conséquence, nous sommes parmi les plus opprimés.


En Guinée, tous les massacres qui ont eu lieu au cours des dernières années, ainsi que la plupart des conflits sanglants sont liés à des situations politiques et/ou ethniques.


Les victimes sont les mêmes depuis toujours, tandis que les détenteurs de forces publics sont les bourreaux.


Depuis 2010, une centaine de jeunes a été assassinée sans qu’aucune enquête ne soit diligentée.


Je m’intéresse aux Droits de l’Homme et l’indignation est grande.


Je suis toujours ému en regardant les archives historiques qui montrent quarante années de lutte.”

Bah M.B, journaliste guinéen en exil

Alpha Condé associe la mascarade déguisée sous le label de «consultation». Mais ce n’était qu’une manœuvre dilatoire (processus tendant à gagner du temps) destinée à servir d’alibi pour légitimer le coup d’Etat Constitutionnel en Guinée.

Le FND (Front National pour la Défense de la constitution) organise une marche le lundi 6 janvier 2020 et une série de marches continue à partir du 13 janvier. L’objectif est de protester contre le projet d’une nouvelle Constitution ainsi qu’un troisième mandat pour Alpha Condé.

L’opposition annonce son intention de boycotter et d’empêcher la tenue de l’élection législative prévue pour février 2020. Elle exige par exemple la fin des communales et communautaires par l’installation de chefs de quartiers et de districts.

Pour éviter de nouvelles violences, en prélude aux marches pacifiques appelées par le FNDC, il est important de protéger le droit de manifester pacifiquement.

Selon le site visionguinée.info, Alpha Condé interdit toutes les manifestations dans les zones minières. «Toute manifestation qui sera faite subira la rigueur de la loi.»

Cette interdiction annonce un climat tendu entre pouvoir, opposition et FNDC. Pourtant, manifester pacifiquement est un droit fondamental en Guinée : article 10 de la Constitution.

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