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L’apprentissage de la lecture de l’image à l’âge du numérique

[Par Johanna GALIS]

A l’occasion de la session « Plate-formes et outils d’éducation à l’image », présente lors de la deuxième édition du Forum de l’éducation à l’image aux médias et au numérique – les 12 et 13 octobre derniers -, faire une amorce d’approche de ce que peut représenter l’image, dans son sens le plus large mais aussi dans la relation que les jeunes nouent avec elle, peut s’avérer judicieux.

© mediation-numerique.fr

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La manière dont nous percevons les images de notre société fait partie intégrante de la manière dont nous y jouons notre rôle. Elles peuvent être figurées dans un cadre textuel, cinématographique, photographique ou dessiné. Et il semble bien que l’objectif commun des structures présentes autour de la table ronde ce jour-là est celui-ci : plus tôt les jeunes seront initiés à la lecture d’images, plus ils pourront exprimer de manière construite qui ils sont, en fonction de codes, présents autour d’eux, progressivement déchiffrés.

Séverine Teillot, invitée à la conférence et cheffe de projet de l’association Dessinez Créez Liberté ayant pour but de diffuser des dessins d’enfants en hommage aux victimes de Charlie Hebdo, a par ailleurs cité le psychiatre Boris Cyrulnik « En dessinant, l’enfant sait donner forme à la manière de ressentir l’événement (…) Il devient acteur dans son propre monde. En s’exprimant il travaille à son retour à l’autonomie, il participe à son retour à la vie ». En effet, l’enfant participe à la société qui l’entoure grâce à son rapport à l’image, et même s’il ne dessine pas, il se crée cependant son propre point de vue à partir d’elle.

Premier exemple d’initiation à la lecture de l’image, la plate-forme numérique d’éducation à l’image Ersilia. Elle appartient au BAL, un lieu d’exposition temporaire d’arts visuels (tels que la photographie, le cinéma, la vidéo ou les nouveaux médias) vecteurs de réflexion sur notre société, situé en plein milieu du XVIIIème arrondissement à Paris. La plate-forme propose pour les milieux scolaires, ainsi que pour des artistes invités, une analyse de l’image qui devient « document du réel ». Il s’agit de penser « en images dans un monde d’images ». En effet, à l’aune des réseaux sociaux, le constat de leur importance est implacable : nous vivons dans un monde constellé d’éléments du réel transformés en supports numériques. Nous nous réapproprions notre environnement grâce à eux. Ersilia est née cette année de la demande grandissante de la part des scolaires d’un travail sur l’image : il s’agit d’un concentré de pensée sur comment le regard peut être fabriqué par celle-ci. L’accessibilité au site se fait par le billet d’une inscription préalable : le jeune, une fois connecté, a accès à une bibliothèque qu’il parcoure sans restriction directionnelle.

L’éducation à l’image peut aussi se faire par le billet du cinéma, quand il met en scène l’image. Nanouk, développée par l’association Les enfants de cinéma ainsi que le Kinétoscope, par l’association l’Agence du court-métrage, offrent deux voyages pédagogiques sur leurs sites internet à partir d’une riche sélection de ressources. Il s’agit de développer la sensibilité artistique des enfants et des jeunes en posant les jalons d’une culture cinématographique qui peut leur être accessible. Comprendre le travail du cinéaste, d’un point de vue technique, réfléchir à partir de thèmes-clés d’œuvres, et surtout développer une approche ludique et éducative du septième art, sont autant de points clés qui ont permis la naissance de ces deux sites internet qui travaillent main dans la main avec de nombreux établissements scolaires.

©la-croix.com

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L’expérience de la création de dessins, surtout quand elle est vecteur d’émotions fortes, peut s’avérer être un bon outil. L’association Dessinez Créez Liberté a vu le jour suite aux attentats de Charlie Hebdo. Le journal avait reçu des milliers de dessins d’enfants et d’adolescents au lendemain de l’attaque, comme un moyen pour les jeunes de développer une conscience citoyenne tout en extériorisant des émotions fortes, traumatisantes.  L’association a été créée par Charlie Hebdo, SOS Racisme et la Fidl, pour que ces dessins – 145 ont été sélectionnés – soient valorisés et vus par des publics scolaires et puissent servir de support à un dialogue pour aborder les drames de 2015 et 2016.

© jetsdencre.asso.fr

© jetsdencre.asso.fr

Enfin, quand l’on parle des outils nécessaires à l’éducation à l’image, il semble inévitable que la compréhension de l’image de notre société passe par du texte et de la photographie. L’association Jets d’encre met l’accent sur l’initiative jeune quand elle fait ses premiers pas dans le journalisme. En effet, l’association, née en 2004, permet aux 11-25 ans de pouvoir créer leur propre journal et de se fédérer à l’échelle d’une ville, ou bien d’une région. Elle permet d’obtenir une carte presse jeune qui a une portée symbolique. Malgré son statut différent de celui de la carte de presse professionnelle, elle peut ouvrir des portes inattendues comme la visite guidée d’un musée ou l’accès gratuit à un festival. Jets d’encre propose d’ailleurs un marathon de production journalistique appelé Kaléido’scoop, dans le cadre d’un concours national de la presse jeune.

Cette session spéciale au Forum des Images permet de dresser un panorama vivant de ce que représente l’éducation à l’image aujourd’hui, grâce à de nombreux partenariats entre l’établissement scolaire, l’associatif et des représentants de l’éducation à l’échelle du pays. Eduquer un jeune à l’image, c’est tout d’abord avoir les outils nécessaires pour le faire, et à l’aune du numérique aujourd’hui, cela est tout à fait possible.

Noam Chomsky : la dissidence comme moyen d’éveil

[Par Johanna GALIS]

Il existe peu d’intellectuels reconnus aujourd’hui et considérés d’entrée de jeu comme des penseurs dissidents. Si l’on regarde le paysage médiatique qui nous entoure, peu d’entre eux sortent du « moule de la position à prendre » envers un sujet donné. Ils préfèrent choisir un camp dans un débat, sans oser publiquement avoir le recul nécessaire pour réfléchir à la fabrique, aux origines-mêmes de ce qui fait que le sujet qui fait tant gloser a été mis sur la table.

Affiche du documentaire Requiem for the American Dream ©kpfa.org

Affiche du documentaire Requiem for the American Dream ©kpfa.org

Noam Chomsky fait partie de ceux qui prennent une certaine distance sur la machine médiatique – étatique, aussi. Il parle de « la fabrication du consentement », dans un essai ainsi nommé, co-rédigé avec le sociologue Edward Hermann. Notre place dans la société occidentale est ainsi vivement critiquée : nous serions modelés par les intérêts des puissants, qui sont à la tête de grands médias, pour que notre manière de vivre aille dans le sens de leurs propres bénéfices.

Un requiem pour une société différente

Le documentaire Requiem for the American Dream des réalisateurs Peter D.Hutchison et Kelly Nyks est actuellement diffusé sur la plateforme de streaming en ligne Netflix. Il propose de nous introduire à certains thèmes majeurs de la pensée de Chomsky, notamment quand celle-ci se fait critique de la société américaine. Sa vision peut cependant s’appliquer à nombre d’Etats occidentaux.

Le sociologue et linguiste commence par dresser un constat terrible. Nous sommes entrés progressivement dans une dyade vicieuse : nous formons de manière complètement passive une alliance néfaste avec ceux qui concentrent à eux seuls la plus grande partie des richesses et des pouvoirs de notre société. Cette infirme partie de la population, celle qui détient de très grosses fortunes, modèle l’idéologie et façonne le consentement d’un peuple dont elle détient les rennes. Elle peut être associée aux institutions financières et aux multinationales par exemple. Dans son essai La Richesse des Nations (1776), l’économiste Adam Smith affirme que « les principaux acteurs du politique sont ceux qui détiennent la société » : et en effet, grâce à un mouvement progressif lancé depuis les années soixante-dix, l’économie a bougé sur un aspect crucial ; elle s’est financiarisée. En 2007, plus de quarante pour cent du PIB (Produit Intérieur Brut) des Etats-Unis est basé sur la spéculation financière.

Noam Chomsky pendant le mouvement Occupy Wall Street en 2011 ©en.wikipedia.org

Noam Chomsky pendant le mouvement Occupy Wall Street en 2011 ©en.wikipedia.org

Il n’est cependant jamais aisé de maîtriser une population par la force. C’est là que l’industrie du marketing et de la publicité interviennent, pour créer de faux besoins chez l’individu qui devient un consommateur passif. Dès les années vingt, des pages de mode ont été insérées dans les journaux et magazines pour distraire le lecteur et prendre l’espace d’importants sujets de société. De quoi laisser son esprit critique en veille et diriger les masses vers des choses plus superficielles, pour que les dirigeants ne soient plus ennuyés par elles. Le peuple doit ainsi être transformé en spectateur pour ne pas participer au fonctionnement du monde qui l’entoure : d’où l’importance de sa relation aux médias qui le happent, quand il est, de manière de plus en plus fréquente, face à un écran d’ordinateur ou la télévision.

Quand le Président Obama remporta la victoire aux élections de 2008, il reçut un prix d’un institut publicitaire pour la meilleure campagne marketing proposée par un politique. Des dirigeants d’entreprise ont déclaré à ce moment là : « Les candidats se vendent comme du dentifrice auprès du public depuis Reagan ».
Et il semble bien que sans une certaine connaissance précise du monde qui nous entoure, nous n’agirons que comme des produits d’une économie qui s’est remodelée ces quarante dernières années au profit des grands. D’où l’intérêt, grâce à ce documentaire, de commencer à prendre du recul sur la manière dont on cherche à nous fabriquer.

Noam Chomsky, professeur émérite à M.I.T et dont la reconnaissance auprès du grand public n’est plus à prouver, nous incite dans Requiem for the American Dream, qui se décline sous la forme de dix principes portant sur la concentration des richesses et du pouvoir aux Etats-Unis, à éveiller notre esprit critique sur les rouages de notre monde – nous sommes incités à consommer encore plus pour nous maintenir dans un état servil. Il s’agit d’avoir un regard critique sur ceux qui manient les ficelles de ce grand spectacle. D’où l’intérêt de prendre la main sur la manière dont nous vivons car, comme disait l’historien et proche de Chomsky Howard Zinn, « Seules importent les innombrables petites actions des inconnus qui posent les bases des évènements significatifs entrant dans l’Histoire ».

Semaine des ambassadeurs : le regard de la diplomatie sur le terrorisme

[Par Johanna GALIS]

Le 30 août dernier a eu lieu la journée portes ouvertes de la Semaine des Ambassadeurs, rue de la Convention à Paris. L’une des conférences proposées abordait le thème de la sécurité des pays, quand leur stabilité est mise en danger par des attaques terroristes.

©diplomatie.gouv.fr

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Quelles armes diplomatiques utiliser contre le terrorisme ? Quatre invités tentèrent d’apporter une réponse à cette question autour d’une table ronde animée par Isabelle Lasserre, journaliste au Figaro : Muriel Domenach, consule générale à Istanbul, Hélène Duchêne, ambassadrice et représentante permanente auprès de l’OTAN, Philippe Setton, ambassadeur et représentant permanent auprès de l’UEO (Union de l’Europe Occidentale) et du COPS (Comité de Politique et de Sécurité) de l’Union Européenne à Bruxelles, et Patrice Paoli directeur du Centre de Crise et de Soutien au Quai d’Orsay.

Le terrorisme tiraille la planète entière. Le regard des ambassadeurs, ancré au cœur du fonctionnement des pays et de leurs relations diplomatiques, peut apporter une certaine expertise sur sa gestion.
Les attaques ont pris une forme différente au fur et à mesure des années, a tout d’abord souligné Hélène Duchêne. Si l’on repense à l’attentat du RER B en 1995, qui avait été commandité par le GIA (Groupe Islamique Armé) d’Algérie, le groupe mettait en avant des revendications politiques bien précises. En ce qui concerne celles qui ont eu lieu sur le territoire français tout récemment, « Charlie » puis le 13 novembre, c’est graduellement la population entière d’un pays qui a été visée, toutes particularités confondues.

Hélène Duchêne ©acteurspublics.com

Hélène Duchêne ©acteurspublics.com

D’où un protocole d’action, pour anticiper, voire endiguer Daesh.

Pendant cette heure de discussion certaines personnes du public prennent la parole, pour interroger – et le nombre d’étudiants dans la salle se compte par brassées -, les divers moyens mis en place pour contrer cette menace.
Hélène Duchêne interviendra à nouveau, par cette phrase « Pour gagner la guerre, il faut d’abord gagner la paix ». Parce qu’une véritable guerre est mise en place contre Daesh, mais il s’agit de ne pas faire d’erreurs, pour ainsi éviter de faire basculer les pays dans une situation d’assistance alarmante, et chercher en amont à faire une coalition entre différentes entités qui pourront réassurer leur stabilité. En effet, elle rajoutera « Il y a un continuum classique dans la justice d’un Etat contre le terrorisme, de par la gestion militaire, la diplomatie, et le développement du pays ». Faire développer et communiquer ces domaines est donc un moyen essentiel pour faire barrage. Si un véritable consensus politique parvient à être créé, il y aura une politique durable et fiable pour les citoyens, et alors des résultats seront obtenus, avec en prime abord la confiance du peuple envers les dirigeants. L’accent devra donc être mis impérativement sur l’aide au développement des pays.

Muriel Domenach ©lagazettedescommunes.com

Muriel Domenach ©lagazettedescommunes.com

Muriel Domenach, déclare ensuite de son côté que le terrorisme doit se gérer dans ses flux migratoires : de par sa frontière de 900 km avec la Turquie, la Syrie et ses combattants de Daesh menacent l’équilibre de ce pays qui a connu un nombre très important d’attaques en l’espace d’un an. Consule générale à Istanbul, elle a vécu au moins quatre de ces attaques quand elle était dans le pays. Et de rajouter que la Turquie est victime de sa géographie, car elle est visée non seulement par Daesh mais aussi par le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan).
Patrice Paoli interviendra par la suite pour souligner que les Français sont protégés par une action combinée des ambassades concernées quand ils sont à l’étranger et se trouvent la cible d’une attaque. Tout en ajoutant que des cellules de crises ont été développées au France pour apporter une assistance immédiate aux victimes, le service public Français étant mobilisé sur ce point.

Patrice Paoli ©france24.com

Patrice Paoli ©france24.com

Cependant, derrière cette lutte contre le terrorisme, nos libertés sont elles aussi remises en cause. Philippe Setton évoque la question du traitement des données personnelles, et le véritable besoin d’encadrer l’utilisation et la collecte de celles-ci dans l’Union Européenne. A quel point peut-on surveiller des citoyens pour rattraper ceux qui seraient sur le point de commettre un attentat?
Cette question, délicate, est selon lui au cœur d’une communication qui se doit d’être établie entre différents acteurs politiques et les citoyens, où il s’agirait de respecter à la lettre les traités édictés.

La conférence se termine après un peu plus d’une heure de discussion. Plusieurs mots d’ordre, pour établir un consensus juste et mesuré dans la gestion des Etats ont été évoqués pour essayer de lutter contre le terrorisme, ce fléau résolument contemporain tant il frappe de plus en plus fréquemment. A côté de la salle de conférences, où l’intervention est rediffusée sur internet, d’autres lieux de rencontre, dont un où l’on peut suivre sur grand écran la parole des invités. Le premier concours d’éloquence de la semaine des Ambassadeurs prend place peu après, où des jeunes, des « afficionados » de politique – essaieront d’obtenir par une vision et une prestance innovantes, les votes des ambassadeurs et du Ministre des Affaires Etrangères, Jean-Marc Ayrault.

Visite du Musée Albert-Kahn : la paix des peuples à l’épreuve du temps

[Par Johanna GALIS]

Que racontent donc ces végétaux en leur majesté ombrageante?
Quelles vertus relatent-ils à travers leur douce chorégraphie…
ainsi menée par le vent ?
Sont-ce des paroles augurantes ou le récit de leur trace séculaire?

Ces arbres demeurent le symbole d’une nature meurtrie qui s’époumone
reclus dans un bastion précaire, à l’abri de « celui » qui la saccage puis la préserve

Zéphyr et brise bousculent alors les feuillages de leur souffle salvateur
Que racontent donc ces murmures?

Nadia Ben Slima, « Les arbres me parlent, dit Idir »

C’est par une chaude après-midi de la fin du mois d’août que la Maison des journalistes s’est rendue au Musée départemental Albert-Kahn, à Boulogne.  L’occasion de profiter des jardins à l’architecture variée qui entourent le site et de voyager à travers le temps dans une exposition et des photographies datant du début du XXème siècle, appelées autochromes.

© Nahid Sislam

© Nahid Sislam

Une petite quinzaine de journalistes des locaux de la rue Cauchy – des actuels mais aussi des anciens résidents – étaient présents sur place. La visite commença par une présentation d’un homme au projet ambitieux, résolument philanthropique : celui du banquier français Albert Kahn. Il fit voyager, entre 1909 et 1931, des photographes d’époque sur plusieurs continents, majoritairement l’Asie et l’Europe. Il appela ce projet « les Archives de la Planète », étant persuadé qu’il fallait garder la mémoire de cultures qui seraient vouées à disparaître avec le temps. La Maison des journalistes a pu voir projetés sur une carte du monde quelques un de ces autochromes, vestiges d’une époque où les traditions de vie étaient plus ancrées et reliaient les peuples. L’ensemble de la collection, soit 72 000 autochromes, est d’ailleurs disponible sur un site d’open data consultable depuis le Musée ou bien de chez soi. La visite se poursuivit par une exposition temporaire de photographies autour du thème du rituel : des populations variées venant d’Italie ou bien des chefs de tribus y figuraient l’importance du déguisement ou de la procession comme rite de vie.

©Lela Lashki

©Lela Lashki

Les journalistes partirent par la suite visiter l’étendue des jardins du Musée. Albert Kahn avait eu cette idée : celle de faire cohabiter divers types de jardins aux arbres et végétation variés, dont une petite forêt vosgienne, un jardin japonais moderne, une petite forêt « bleue », un jardin à la française puis un autre à l’anglaise. Il souhaitait ainsi montrer que différents mode de vie, à l’image des arbres et plantes qui se développent dans les règles d’un espace donné, pouvaient cohabiter malgré leur différences. Tout comme les différents peuples de notre planète, qui à l’image de ces jardins, pourraient vivre pacifiquement.

La visite du Musée Albert-Kahn est apparue comme un message de paix, nécessaire pour nos journalistes en ces temps perturbés, où les raisons mêmes de leur fuite sont reliées à de la violence.

Pour voir le site du Musée et jardin départementaux Albert-Kahn, cliquez ici

Ci-joint les photos de Nahid Sislam, Lela Lashki, et Tijani Check:

©Nahid Sislam

©Nahid Sislam

 

©Lela Lashki

©Lela Lashki

©Tijani Chekh

©Tijani Chekh