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L’OFPRA n’a plus de chef depuis décembre, Pascal Brice n’a pas été renouvellé

[BILAN] L’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides – OFPRA – n’a plus de directeur général depuis le 28 décembre 2018. Le diplomate Pascal Brice surnommé “Monsieur migrants” n’ayant pas été reconduit dans ses fonctions, a-t-on appris le jeudi 17 janvier auprès du syndicat de l’agence.

«Ma famille a dû verser une forte somme d’argent pour me sortir de là»

« Si tu as un passeport Syrien, les pays du monde entier ne te donnent pas de visa, ils pensent que tu es un terroriste ou que tu vas demander l’asile. »

Arrivé en France au début de l’année 2017, Salah Al Ashkar a dû fuir la Syrie à cause des articles et reportages qu’il a effectué durant la révolution. Accueilli à la Maison des journalistes, il a récemment obtenu de l’OFPRA le statut de réfugié politique et aspire aujourd’hui à apprendre le français pour pouvoir à nouveau être journaliste.

Salah est un journaliste Syrien de 30 ans. Il utilise un nom de code depuis le début de la révolution syrienne pour signer ses articles. Né en Syrie, il a été diplômé en finances de l’université d’Alep en 2011. Rien chez Salah ne laisse présager de son parcours. Ses yeux bleus derrière des lunettes, un visage presque enfantin et un ton calme, posé, même lorsqu’il conte la violence du régime qu’il a fui.

Lorsque la révolution syrienne a commencé, il a créé un groupe avec des amis pour décrire la situation et dénoncer les crimes du régime. Ils publiaient leurs articles sur un site internet et sur les réseaux sociaux. « En 2011, alors que je filmais une manifestation de la révolution, j’ai été arrêté par les services secrets syriens. Ils m’ont frappé. Je suis resté en cellule pendant 10 jours. Ils m’ont accusé d’aller à l’encontre des intérêts du pays. Ma famille a dû verser une importante somme d’argent pour me sortir de là. »

En 2012, l’armée de libération syrienne a pris le contrôle d’Alep Est. Salah rejoint cette partie de la ville pour pouvoir continuer à travailler. Il créée un journal, une chaine YouTube et assiste les journalistes étrangers venus filmer la situation. « J’ai aidé un journaliste pour un documentaire diffusé sur TF1 et j’ai travaillé pour l’AFP mais aussi pour Al Jazeera. »

Plus tard, le régime Syrien a conclu un marché avec la Turquie pour que les habitants d’Alep Est puissent quitter la ville avant que l’armée d’Assad ne rentre dans la ville. « J’ai donc quitté Alep pour la Turquie. De là, je me suis rendu à l’ambassade de France d’Istanbul et j’ai obtenu un visa pour la France. »

Salah arrive en France le 12 avril 2017. Il bénéficie de l’aide d’une famille française qui le connait à travers ses articles publiés sur internet. Ils habitent Arras. « Chez eux, j’ai effectué une démarche auprès de la MDJ puis j’ai obtenu une place quelques mois plus tard ».

Aujourd’hui, Salah ne travaille plus.  Une partie de sa famille est restée à Alep, sa sœur est en Turquie. Il espère les revoir un jour. En attendant, le journaliste peut compter sur le soutien des autres Syriens présents à la Maison des journalistes.

Souvenir

Quand je vivais à Alep, j’adorais visiter le château de la ville. C’est une place vraiment célèbre et chaque week end j’y allais pour boire un verre avec mon ami. C’est un endroit particulier que je ne peux pas retrouver autre part dans le monde. Mes amis aussi me manquent parce que quand je suis arrivé en France, je n’avais plus personne. J’ai créé d’autres relations entre temps mais mes amis me manquent toujours.

Je n’ai pas plus de maison aujourd’hui, le régime l’a détruit. Il me reste celle de mes parents. Mais ma maison me manque. Et faire du sport aussi me manque. A l’université je jouais au basket, dans l’équipe de l’école. Je ne suis pas très grand mais je vise bien. J’aimerais rejouer ici mais personne ne fait de basket dans mon entourage. Ils préfèrent le football et d’autres sports. Maintenant j’aimerais aller à la gym pour perdre le poids que j’ai pris en venant ici. Mais j’ai besoin de temps et d’une personne qui me supporterais et dirais : « vas-y, vas y »

Rédigé par Romain Vignaux-Demarquay et Valentine Zeler

Crise des migrants, de Lampedusa à Paris : « L’accueil est la réponse la plus intelligente »

[Par Lisa Viola ROSSI]

« L’accueil des migrants n’est pas juste une réponse humaine, mais la réponse la plus intelligente ». C’est ce que la maire de Lampedusa, Giusi Nicolini, a affirmé samedi 17 septembre lors de la table ronde « Accueil des réfugiés : des maires s’engagent » animée par Maryline Baumard dans le cadre du Monde Festival, dans la salle comblée de l’Amphithéâtre de l’Opéra Bastille. Intervenants à côté de la « Lionne » de Lampedusa, prix Simone de Beauvoir 2016 : la maire de Paris, Anne Hidalgo et Pascal Brice, directeur général de l’OFPRA, l’Office Français pour les Réfugiés et les Apatrides.
13« A ceux qui ne sont pas humanistes par conviction – s’associant à la position de Giusi Nicolini, Hidalgo – je leur dis : soyez-le par pragmatisme, parce que ça nous protège ». La maire de Paris précise : « Il faut éviter les amalgames énormes entre terroristes et réfugiés, mais il ne faut pas être naïfs : il faut voir que dans toutes ces filières il y aura des gens infiltrés. Mais la dignité de l’accueil des migrants, notamment des mineurs isolés arrivés au péril de leur vie, est un devoir, un signal, et donc une question de la sécurité ».

Face à la réalité de leurs villes, les deux maires ont appelé leurs gouvernements et l’Union Européenne à assumer leurs responsabilités. Et elles ont réussi à obtenir enfin un accompagnement concret, même si le dialogue « n’est pas toujours simple ».

Giusi Nicolini, maire de Lampedusa

« Aujourd’hui la situation a changé, Lampedusa n’est pas la seule porte d’entrée vers l’Europe en Méditerranée – fait savoir Giusi Nicolini -. La marine italienne et américaine, et les bateaux d’autre pays européens participant aux opérations comme Frontex, conduisent la plupart des migrants dans d’autres ports d’Italie. La région a enfin incrémenté les services de santé sur l’île dans l’accueil des migrants qui sont dans des situations d’urgence pour des questions liées à la traversée, ou des femmes enceintes. Cette année, nous avons enregistré un boom turistique, en faisant de Lampedusa l’exemple que l’accueil est possible. Nous, les maires de frontières, sommes en train de nous unir pour avancer des propositions unitaires afin de changer les normes d’entrée en Europe. Parce que la tragédie de la Méditerranée, 3 000 morts enregistrés cette année, est la plus grande honte dont l’Europe est en train de se rendre coupable ».

Anne Hidalgo, maire de Paris

En France, dans sa capitale, Anne Hidalgo travaille dans la même direction depuis le début de son mandat. « Lorsqu’à Paris nous avons été confrontés aux premières arrivés massifs dans l’été 2014, à la constitutions de campements sauvages un peu partout, la première réaction a été celle des associations, à porter secours et à nous solliciter, même si c’était une compétence de l’état. Bien évidemment nous étions à leur coté pour un travail de mise à l’abri, pas d’évacuation, avec une saturation de tous les dispositifs d’urgence ».

La maire de Paris ouvrira un centre d’hébergement d’urgence pour offrir aux exilés une alternative à la rue : « Il faut être réalistes et pragmatiques : il faut offrir des solutions pour orienter et aider ces femmes et ces hommes à reconstruire leur vie. Fin 2015, quand Angela Merkel a changé sa position sur l’accueil de réfugiés, le dialogue avec notre gouvernement a enfin changé. J’étais prête à mettre en œuvre un certain nombre de bâtiments de la ville pour pouvoir permettre cet accueil. Grâce au soutien de l’Etat, des préfets de la région et de la ville, à la mi-octobre, Porte de la Chapelle, nous pourrons ouvrir un centre d’hébergement où les migrants pourront se poser dans des conditions dignes, être soignés, et être enfin orientés vers d’autres dispositifs selon les besoins ».

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Pascal Brice, directeur de l’OFPRA

Un accueil digne et organisé, cela est la question centrale que Pascal Brice appelle à regarder avec lucidité : « L’accueil des réfugiés a besoin d’une mobilisation collective et politique, tout d’abord, pour amplifier les actions engagées. Parce que le droit d’asile est évolutif, même s’il est appliqué toujours dans la rigueur et dans la bienveillance : il y 4 ans, le droit d’asile était reconnu à 9% des demandeurs, aujourd’hui à 30%. Sur cette base, nous pouvons faire le progresser à travers l’organisation et la maîtrise des différentes démarches, dans le respect des compétences de chacun. Nous constatons le travail qui nous reste à faire, notamment en région parisienne, pour l’accès aux procédures ».

Construire réseaux, contre les murs
12b« C’est triste de voir comment le principe de solidarité – conclut la maire de Lampedusa – ne soit pas toujours partagé au sein de notre Europe, même si la Commission avait apparemment imposé la « délocalisation », à appliquer dans les hot spots italiens et grecs. Je pense à la Pologne qui a refusé d’accueillir 200 migrants lorsque Lampedusa en a accueilli 300 000 en 20 ans et 10 000 seulement cette année. Nous, les maires de frontières et des grandes métropoles, de Lampedusa à Paris, représentons l’autre visage de l’Europe, le visage humain : nous sommes en train de créer des réseaux solidaires d’accueil. Et nous montrerons que nous sommes du bon côté de l’Histoire ». En est également convaincue Anne Hidalgo, qui confirme : « Dans ce combat, nous nous sommes unis pour faire face à des éléments de polémique, et pour lancer avec force plusieurs appels à l’Union Européenne. Parce que nous sommes des points d’appui territoriaux qu’il faut reconnaître et entendre comme interlocuteurs à part entière et soutenir dans l’organisation d’un accueil digne dans le respect du droit ».

 

 

Ofpra, Pascal Brice : « Je ne connais qu’une réponse : l’accueil, l’humanité et la rigueur »

[Par Lisa Viola ROSSI]

Lors qu’on pense que le voyage est presque terminé, parce que le destin devient vie nouvelle il reste une étape à franchir : la reconnaissance du statut de réfugié. En a parlé Pascal Brice, directeur général de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), dimanche 19 juin 2016 à TEDx ChampsÉlyséesSalon EXILS « Destins d’ici », qui a eu lieu à la Bibliothèque François-Mitterand, à la veille de la journée mondiale des réfugiés.

pascal briceOn les appelle souvent « migrants », ou bien « sans papiers » : ils sont les « demandeurs d’asile » attendant d’être reconnus en tant que « réfugiés » par l’Ofpra, l’établissement public administratif en charge de l’application de la Convention de Genève du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés, puis de la Convention de New York de 1954.

« Bonjour, je suis l’officier de protection qui va inscrire votre demande d’asile. Rien de ce que vous direz sur vos craintes dans votre pays d’origine ne sortira de cette pièce ». Brice a pris la parole sur la scène de TEDx en récitant la première phrase que les officiers de l’Ofpra prononcent lors qu’ils reçoivent, le plus souvent en région parisienne, plus de 200 hommes et femmes chaque jour, pour un entretien pour qu’ils puissent statuer sur leurs demandes d’asile.  «Ils ont été en 2015 80 000 accueillis à l’Ofpra. – précise Brice – Pour nous ces demandeurs d’asile ne sont pas des chiffres mais des visages, des histoires, des récits de souffrance, jetés sur les chemins de l’exil depuis l’Afghanistan, la Syrie, l’Irak, le Soudan, Érythrée et d’autres pays encore». L’accueil des réfugiés, c’est selon le directeur de l’Ofpra « un privilège redoutable et noble, que nous partageons d’ailleurs avec les associations, les travailleurs sociaux dans les centres d’hébergement, avec les élus, avec les citoyens de ce pays qui accompagnent les demandeurs d’asile tout au long de leurs parcours. Mais l’Ofpra – considère son représentant – a une mission d’exclusivité, qui est de statuer sur les demandes d’asile ». Le mot d’ordre des officiers de l’Ofpra est « de tout faire pour ne jamais passer à côté d’un besoin de protection. Mais lorsque une demande d’asile à l’issue d’une instruction à laquelle chaque demandeur d’asile a droit, ne relève pas du droit d’asile, notre responsabilité est de rejeter cette demande ».

(source : gouvernement.fr)

(source : gouvernement.fr)

Ces décisions de l’Ofpra sont des décisions humaines, mais bien en droit, souligne Brice : «Ce sont des hommes et des femmes qui les prennent mais ce sont des décisions en droit. Nous appliquons tant que nous le pouvons la convention de Genève afin de reconnaître à ces hommes, à ces femmes, à ces enfants, le statut de réfugié lors que leur engagement politique, leurs croyances religieuses, leurs appartenances ethniques, leurs appartenance sexuelles parfois, conduisent à ne plus pouvoir imaginer le retour dans leurs pays, où ils subissent ces persécutions ».

Lorsque la protection de Genève ne s’applique pas l’Ofpra peut appliquer parfois la protection subsidiaire, toujours au nom du droit d’asile et de l’indépendance de l’Ofpra. « Les décisions sont prises exclusivement en fonction de considérations d’asile et en aucun cas de considérations diplomatiques ni de politiques migratoires. Je sens monter la tentation, face à l’ampleur des drames, d’aller au-delà du droit d’asile, mais cette tentation – réfléchit Brice – serait pernicieuse et délétère. Elle installerait une confusion où le droit d’asile serait la victime  ».

Pascal Brice

Le directeur de l’Ofpra parle de évolution du droit d’asile au sein de son Office, « dans le sens de la bienveillance et de la rigueur, parce que lors que le droit d’asile s’impose, il doit s’imposer indépendamment toute d’autre forme de considération ».

Les instructions de l’Ofpra partent de la possibilité de laisser à chacun d’exprimer les raisons pour lesquelles il ne pourra pas rentrer dans son pays, d’abord dans un récit écrit qu’il doit adresser à l’Ofpra dans le dossier de demande d’asile, et puis lors de cet entretien avec l’officier de protection. « Ces craintes sont si difficiles à verbaliser – avoue Brice – parce que nous sommes dans l’indicible. Nous devons accompagner l’expression de ce récit, car c’est sur la base de l’expression de ces craintes en cas de retour dans le pays d’origine que l’officier de protection va commencer une minutieuse instruction, qui va le conduire à échanger avec ses collègues, avec des référents spécialisés, avec les juristes de l’Ofpra, avec les chercheurs qui établissent une analyse indépendante de la situation du pays d’origine ». Ça sera à la confluence de cette instruction qui sera prise la décision de l’Ofpra.

Pendant ce temps, c’est l’attente. «A la dureté de l’exil s’ajoute la cruauté de l’attente administrative. Il nous revient – avoue Brice – de conseiller l’inconseillable. Ce temps-là de l’instruction, il est vital pour ces hommes, ces femmes, ces familles. A cela, je ne connais qu’une réponse : l’accueil, l’humanité et la rigueur ».

Les délais de l’instruction sont encore trop longs, malgré les efforts de l’Ofpra qui les a réduit depuis plusieurs mois et elle continue à les réduire : « Nous le devons à ces hommes et à ces femmes, à ces familles » affirme Brice. Pour cela les effectifs de l’Ofpra ont augmenté de 50% : ils y a 620 employés, aujourd’hui. « Nous nous sommes réorganisés en profondeur parce que l’Ofpra change, protège plus. Nous protégeons 26% de demandeurs d’asile, là où il y a trois ans ils étaient 9% à être protégés, 35% avec les juges ». L’Ofpra oeuvre d’ailleurs sur le terrain à Calais ainsi qu’à Grande-Synthe et dans d’autres régions françaises, ainsi qu’au Liban, en Jordanie, en Turquie, pour «protéger et réinstaller en France». Malgré cette action quotidienne, Brice souligne : «Partout la frustration reste trop souvent présente face à ceux qui n’arriveront jamais, face à ceux qui attendent trop longtemps, dans notre pays, encore un accueil et une décision face à ceux dont nous devons rejeter la demande. Mais ce qui nous porte – termine le directeur de l’Ofpra – et ce qui va continuer à nous porter, c’est la mission de protection, car c’est notre mission et c’est le titre que nous portons ».

 

 

Apatrides, ils seraient 10 millions selon l’UNHCR : Comment vivre sans exister ?

[Par Sékou Chérif DIALLO]

La résolution du problème d’apatridie dans le monde reste un défi majeur pour le XXI e siècle. On estime actuellement à quelque 10 millions le nombre d’apatrides dans le monde.

UNHCR

L’auditorium du Monde, 80 boulevard Blanqui à Paris, a accueilli le lundi 29 septembre 2014 une conférence-débat sur la problématique de l’apatridie dans le monde. En présentant l’état des lieux, les défis, les causes, les conséquences mais aussi les stratégies pour éradiquer l’apatridie, les conférenciers ont mis ainsi un accent particulier sur cette question cruciale de la dignité humaine et des dispositions juridiques qui protègent cette catégorie marginale d’êtres humains.

Un moment de la conférence-débat à l’auditorium de Le Monde (photo crédits : Pierre Toh)

Un moment de la conférence-débat à l’auditorium du Monde (photo crédits : Pierre Toh)

Concernant les dispositions juridiques, il a été précisé que la Convention de 1954 relative au statut des apatrides et la Convention de 1961 sur la réduction des cas d’apatridie constitue un ensemble d’instruments juridiques essentiels pour la protection des apatrides dans le monde et pour la prévention et la réduction des cas d’apatridie. Bien que complétées par des normes découlant de traités régionaux et par le droit international des Droits de l’Homme, ces deux conventions sur l’apatridie sont les seules au monde dans leur genre.

Barbara Hendricks, ambassadrice de bonne volonté honoraire à vie auprès du HCR, source unhcr.fr

Barbara Hendricks, ambassadrice de bonne volonté honoraire à vie auprès du HCR, source unhcr.fr

De retour de Côte d’Ivoire pays, qui compte l’une des plus importantes populations apatrides de tout le continent africain (700 000 personnes selon les estimations de HCR), Barbara Hendricks, ambassadrice de bonne volonté honoraire à vie auprès du HCR présentera de façon émouvante les témoignages des personnes apatrides rencontrées sur le terrain. Impossible pour ces personnes d’avoir des documents d’identité, de scolariser leurs enfants, de trouver du travail, d’ouvrir un compte bancaire… autant d’obstacles insoutenables qui se dressent devant ces populations qui vivent sans nationalité. Malgré la ratification en octobre 2013 par la Côte d’Ivoire des deux conventions relatives à l’apatridie, la question reste préoccupante.

UNHCR

L’apatridie comme une conséquence de la dissolution de certains états a été illustrée lors de cette conférence par le témoignage de Anastasia Trevogin, originaire d’Ouzbékistan, reconnue apatride en 2008 après plus de dix ans de clandestinité en France. Un récit de vie qui relate un parcours difficile et plein d’obstacles. Jusqu’à 25 ans elle n’avait qu’un acte de naissance comme seule preuve d’identité. A l’OFPRA (Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides, ndlr), les démarches relevaient d’un parcours du combattant pour justifier son apatridie, chose difficile, dans la mesure où il fallait démarcher des ambassades d’Ouzbékistan et de Russie pour qu’elles envoient un certificat prouvant qu’elle n’était pas ‘’l’une des leurs’’. Après l’obtention du statut d’apatride, Anastasia est restée pendant très longtemps cette femme qui vivait sans véritablement exister.

Les apatrides comme les réfugiés se trouvant dans une situation de précarité en rupture de lien avec leurs Etats ont tous besoin de protection. Le HCR est l’organe chargé d’aider les Etats à protéger les apatrides et à résoudre les situations d’apatridie non seulement parce que les problèmes des réfugiés et de l’apatride se recoupent parfois mais aussi parce que la protection des apatrides nécessite à maints égards une approche similaire à celle des réfugiés.

A cet effet, le HCR aide les Etats à mettre en œuvre la Convention de 1954. Elle offre des conseils techniques en matière de législation et un appui opérationnel afin de promouvoir l’instauration de procédures de détermination et de mesures visant à garantir les droits prévus dans la Convention. Malgré les multiples appels internationaux en faveur de l’adhésion des états à l’instrument juridique qu’est la Convention de 1954, très peu de pays sont actuellement parties prenantes de cet instrument (80 états à la fin de janvier 2014).