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Qui est Daesh ?

[Par Sadegh HAMZEH]

L’Etat islamique en Irak et au Levant, abrégé en « Daesh » en arabe, également connu sous ses acronymes français EIIL ou anglais ISIL, a fait connaître son existence en avril 2013 et proclamé l’instauration du califat islamique sur les territoires qu’elle contrôle en juin 2014.

Crédit Photo : Reuters

Crédit Photo : Reuters

Dès le début de ses activités en octobre 2006, ce groupe terroriste a annoncé son attachement à Al-Qaeda et eu pour but essentiel le contrôle de tout le territoire irakien. Mais avec le déclenchement de la révolution syrienne et la déclaration de la présence du groupe Jabhat al-Nosra dans ce pays, Daesh a rejeté l’idée de s’allier avec ce groupe. L’un et l’autre se sont adressés des invectives. Enfin, en janvier 2014, la relation des deux groupes s’est assombrie très gravement à tel point qu’ils se sont combattus armes en main. Après quelques intenses affrontements entre Daesh et Jabhat al-Nosra, Ayman al-Zaouahiri, chef du réseau terroriste Al-Qaida, a invité les opposants à s’unir et à dépasser leurs divergences et à se concerter à propos du combat à mener contre le régime de Bachar el-Assad. Al-Zaouahiri a déjà demandé à Daesh de se concentrer sur l’Irak et à laisser la Syrie à Jabhat al-Nosra… mais Daesh, tout en rejetant l’idée d’Al-Zaouahiri a proclamé son indépendance vis à vis d’Al-Qaida.

Il faut dire que Daesh a été créée en 2004 (un an après l’entrée des États-Unis en Irak) par le jordanien Abou Moussab al-Zarqaoui, sous le nom de « l’association de Jihad et towhid » (monothéisme et jihad). Mais après l’allégeance de Al-Zarqaoui à Osama bin Laden, l’ancien chef d’ Al-Qaida, l’organisation a changé son nom en « Al-Qaida au térritoire Rafedin » ou « Al Qaida en Irak ».

C’est après la mort d’Al-Zarqaoui en 2006 que « l’Etat Islamique d’Irak » est créé et dont Abou Omar al-Baghdadi a pris le commandement. Mais les forces américaines ont réussi à le tuer en même temps que son assistant, Abou Hamza al-Mouhajer. Après la mort des leaders du groupe terroriste de “l’Etat islamique en Irak » Abou Bakr al-Baghdadi a été choisi comme nouveau leader.

Un an après, dans un enregistrement, Al-Baghdadi déclare Jabhat al-Nosra comme le prolongement de l’Etat Islamique de l’Irak en Syrie. Après la fusion de deux groupes, il a changé le nom de son groupe en « l’Etat Islamique en Irak et au Levant ».

Selon Romain Caillet, spécialiste des mouvements islamistes à l’Institut français du Proche-Orient, la plupart des militaires qui se combattent au nom de Daesh en Syrie sont des syriens alors que la majorité des commandants sont des étrangers qui se combattaient déjà en Irak Afghanistan et Tchétchénie. Ainsi, Romain déclare que non seulement les combattants mais aussi les leaders de Daesh en Irak sont issus de la population irakienne.

A savoir, en outre : contrairement aux déclarations de ce spécialiste français, des centaines des militants de Daesh ont le français et l’anglais pour langue maternelle . Beaucoup d’entre eux sont venus des pays européens pour faire le djihad en Irak et en Syrie. Ainsi selon Charles Lester, chercheur du centre Brooklings à Doha, Daesh compte entre 5 à 6 mille militants en Irak et 7 mille en Syrie.

Qui est le chef de Daesh ?

Abou Bakr al-Baghdadi. Première apparition du chef de l'Etat islamique [Photo tirée de Parismatch.com]

Abou Bakr al-Baghdadi. Première apparition du chef de l’Etat islamique [Photo tirée de Parismatch.com]

Resté longtemps dans l’ombre, visage voilé qui combattait en Irak et en Syrie, Abou Bakr al-Baghdadi, a apparemment plus de pouvoir que le chef d’Al-Qaeda, se proclamant le calife et le commandant suprême de tous les musulmans du monde.
Il est né à Samarra en Iraq en 1971. Après l’invasion de l’Irak par les états unis en 2003, il a été arrête par les troupes américaines pour un certain temps. Ces derniers ont annoncé, en octobre 2005, la mort d’Al-Baghdadi, identifié alors sous le nom d’Abou Du’a, durant leur invasion ciblée par-delà la frontière syrienne. Mais cette annonce a été démentie plus tard.
En mai 2010, Al-Baghdadi prend le commandement de l’Etat Islamique en Irak. En octobre 2011, les Etats-Unis l’ont officiellement classé « terroriste ». Ils ont ainsi déclaré qu’Al-Baghdadi se trouvait en Syrie mais qu’il y a peu de détails sur l’endroit de sa résidence.
Sur la personnalité d’Al-Baghdadi, L’Agence France-Presse a noté qu’il est connu comme “un commandant et un tacticien présent sur le champ de bataille » contrairement à Zawahiri, chef d’Al-Qaïda et successeur de Ben Laden, qui «Depuis au moins dix ans, se cache dans la région frontalière Afghanistan-Pakistan sans faire grand-chose en réalité à part publier quelques communiqués et vidéos». Al-Baghdadi est considéré comme un théoricien et un analyste de l’impact des révolutions arabes qui accompagne ses troupes dans les combats. Les qualités personnelles d’ Al-Baghdadi sont devenues un argument de recrutement des djihadistes d’autres pays.
Les ressources financières de Daesh

Carte tirée de zerohedge.com

Carte tirée de zerohedge.com

Apparemment le groupe terroriste de Daesh a trois sources principales de revenus: le premier c’est la prise des otages. Cette type d’action a été initié pour la première fois par Abou Moussab al-Zarqaoui, responsable d’Al-Qaida en Irak.
Chaque personne qui est kidnappée aurait été vendue entre 100 et 800 000 dollars selon son importance. Actuellement les otages sont vendus entre 1 et 10 millions de dollars. On dit que 450 millions dollars de revenus de Daesh ont ainsi été générés. Selon un chef de Daesh, la politique européenne par rapport aux otages a fait de cette entreprise “une mine d’or”. Les Américains ne payent jamais de rançons pour la libération des otages américains alors que les européens le font plus facilement.
C’est là l’une des raisons pour lesquelles le nombre des otages américains est moins élevé que ceux qui viennent d’autres pays. Les terroristes savent bien que les otages américains ne les rapportent rien sauf des ennuis.

La seconde ressource de Daesh est le pétrole ; Erdogan, Président de Turquie, et les Turcs qui assistent aux activités de Daesh, achètent le pétrole irakien. Pour un cinquième du prix du marché et de cette façon, ce groupe gagne de grosses sommes d’argent. Le soutien d’Ankara à ce groupe terroriste est surtout destiné à affaiblir le régime syrien et les autorités politiques en Irak.

La troisième ressource financière et humaine de l’organisation réside dans les aides des musulmans européens : la plupart des musulmans qui apportent ainsi des aides financières sont originaires d’Europe et non pas de pays arabes. Un sixième de tous les combattants qui se sont retrouvés à Daesh dans ces trois derniers mois sont des européens convertis à l’Islam et qui venaient d’Angleterre, de France, de Suède, de Belgique et d’autres pays européens. « les combattants étrangers qui ont rejoint le groupe ont également apporté avec eux de quoi contribuer à son financement » estime Dominique Thomas, spécialiste de l’islam politique et auteur du livre « Le Londonistan, le jihad au coeur de l’Europe ».

Une autre ressource financière est liée au pillage. A Mousel, l’organisation a pris des millions de dollars en s’emparant des réserves d’argent liquide dans les banques de la ville. Le pillage des entrepôts d’armes et de munitions, des monuments historiques et de leurs objets antiques a rapporté une grande richesse. Les combattants prélèvent aussi des impôts dans les zones placées sous leur contrôle, des droits de passages sur les routes. Ils rançonnent également les minorités religieuses. La diffusion des images de décapitations, de massacres et de violences de ce groupe terroriste terrifie les gens et les pousse à donner de l’argent de la peur d’être tués.
Selon les évaluations des spécialistes, Daesh a gagné plus de deux milliards dollars dans ces quatre derniers mois. Il est connu comme le groupe terroriste le plus riche au monde.

 

La vidéo
Cet épisode de « Forum de la presse » (sur France 24 en arabe) discute les derniers développements en Irak du point de vue des médias irakiens. Des graves incidents ont eu lieu en Irak avec le contrôle du groupe appelé « État Islamique » sur de vaste régions de l’Irak.
Des nombreuses critiques sont adressées aux médias qui sont accusés du sectarisme et d’incitation à tuer et à la haine.

Cliquez sur l’image pour voir la vidéo sur le site de France 24.

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18 Juillet : la Journée internationale Nelson Mandela à la MDJ

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Armand Iré, Côte d’Ivoire : 

Du terroriste fiché par le FBI au héros mondial, Nelson Rolihlahla Mandela, une vie.

 

Rasoul Asghari, Iran : Résistance 

Nelson Mandela nous a montré la voie par sa lutte et dans sa résistance. Mais le plus important dans ce qu’il nous a enseigné c’est que indépendamment du contexte, lutter pour la liberté est la seule chose qui compte.

 

Murad Moudia, Soudan du Sud : Mandela, le dernier prophète de la Paix et de l’Humanité.

La naissance de Mandela a été la naissance d’une légende, son départ a été le départ du dernier prophète de la paix et de l’humanité. Sa lutte incroyable et sa longue marche vers la liberté pour faire tomber le système de l’apartheid dans son pays a été remarquable et importante pour la liberté et la dignité de l’ensemble de l’humanité. Il est devenu une icône et un symbole de la justice internationale et de l’égalité des droits : Il restera toujours une des figures les plus importantes de l’histoire humaine.

Behzad Qayomzada, Afghanistan : Mandela, le symbole de l’antiracisme. 

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Pa Amadou Jallow, Gambia : Comme le monde se souvient de votre noble effort.

Chaque année, le 18 Juillet – la Journée où Nelson Mandela naquit – l’ONU se joint à l’appel lancé par la Fondation Nelson Mandela à consacrer 67 minutes de temps à aider les autres : un moyen de marquer la Journée internationale Nelson Mandela.

Pour 67 ans, Nelson Mandela a consacré sa vie au service de l’humanité – en tant qu’avocat des droits de l’homme, en tant que prisonnier d’opinion, en tant qu’artisan de la paix internationale ainsi que premier président démocratiquement élu d’une Afrique du Sud libre.

Voici quelques-unes de mes citations préférées, de vous, Madiba…

« Au cours de ma vie, je me suis consacré à cette lutte des peuples africains. J’ai combattu contre la domination blanche et j’ai combattu contre la domination noire. J’ai chéri l’idéal d’une société libre et démocratique dans laquelle tout le monde vivrait ensemble en harmonie et avec des chances égales. C’est un idéal pour lequel j’espère vivre et que j’espère accomplir. Mais si nécessaire, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir. »

« Les vrais leaders doivent être prêts à tout sacrifier pour la liberté de leur peuple. »

« Si vous parlez à un homme dans une langue qu’il comprend, cela va dans sa tête. Si vous lui parlez dans sa langue, cela va dans son cœur. »

Nelson Mandela est parti, mais ses mots resteront … RIP

Personne ne peut arrêter de compter vos efforts, le monde vous sera toujours reconnaissant.

Sadegh Hamzeh, Iran :  Noirs et blancs ne sont pas différents. L’Humanité, c’est importante.

Aden Duale Gibril, Somalie : La vengeance, l’une des sources de conflits.

Nelson Mandela a été  un personnage célèbre de notre  époque, une figure de notre siècle, mais hélas un homme comme les autres : la mort ne l’a pas épargné. Son parcours  a été hors-norme, sa vie a été  atypique : il a subit la dureté de la période la plus sombre de l’histoire de son pays et il a combattu contre l’injustice et  la discrimination raciale qui existait dans son pays. Il a réussi à sortir son pays du conflit en rejetant la vengeance. Il a laissé derrière lui un pays stable et prospère mais aussi des idées et des valeurs nobles. Son héritage servira l’humanité contre  les conflits !

Altermondes : Partenaire de la MDJ / L’œil de l’exilé

Altermondes : Conférence-débat Médias & Citoyens en images

[Photos de Muzaffar SALMAN, 15 septembre 2014]

Altermondes - Médias&Citoyens [Photo crédit : M. Salman]

Altermondes – Médias&Citoyens [Photo crédit : M. Salman]



larbigraineLe Front National et le vote immigré

[Chronique / L’œil de l’exilé / Par Larbi GRAINE : Altermondes n° 39 / Septembre 2014]

 

cherifdialloAntiijihad : La sécurité et la liberté

[Chronique / L’œil de l’exilé / Par Sékou Chérif  DIALLO : Altermondes n° 40 / Décembre 2014]

 

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Boko Haram : Non au silence !

[Chronique / L’œil de l’exilé / Par Marciano Romaric Kenzo Chembo : Altermondes n° 41 / Mars 2015]

 

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Loi sur le renseignement Déception chez les réfugiés

[Chronique / L’œil de l’exilé / Par Marie Angélique Ingabire : Altermondes
n° 42 / Juin 2015]

 

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Daesh Menace sur l’Asie Centrale

[Chronique / L’œil de l’exilé / Par Sadegh Hamzeh :  Altermondes n°43 / Septembre 2015]

 

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Attentats de Paris: la compassion vis-à-vis de la France divise les Africains

[Chronique / L’œil de l’exilé / Par René Dassié :  Altermondes n°44 / Décembre 2015]

 

 

Elyse-NGABIREBurundi : Paroles, paroles de la Communauté Internationale ? 

[Chronique / L’œil de l’exilé / Par Elyse Ngabire :  Altermondes n°45 / Mars 2016]

 

 

Liberté : Le fruit défendu des iraniens

[Par Sadegh HAMZEH]

Sans la force des médias, seule puissance capable de poser un regard critique sur la société et ses activités, un pays et son peuple ne peuvent pas continuer à avancer sur un chemin stable.

Dessin tiré par le site www.kayhanpublishing.uk.com/

Dessin tiré par le site www.kayhanpublishing.uk.com/

Quand les dictatures et les régimes fondés sur une idéologie s’emparent du pouvoir, ils plantent leurs griffes acérées dans le cœur de la Constitution. Ils font ensuite du peuple les esclaves d’un système rigide dont le principal objectif est de garder le pouvoir politique. Dans ce système, c’est la santé des médias qui est menacée. La préoccupation première des dictateurs et des idéologues étant de censurer et de s’assurer du contrôle des médias afin de les asservir au profit de leur propagande. En Iran, depuis que la République Islamique a pris le pouvoir en 1979, nous avons été les témoins d’un régime qui n’a pu fonctionner et perdurer uniquement par l’arrestation des personnes susceptibles de dénoncer ou de s’opposer au système. En première ligne, de très nombreux journalistes, dont les publications ont été bien entendus interdites, mais également des avocats et des personnes travaillant pour les Droits de l’Homme. Ils ont été condamnés au silence et à l’isolement en prison, jusqu’à la mise à mort de nombreux journalistes. Le dernier d’entre eux qui a succombé en prison s’appelait Hoda Saber (en juin 2011).
Mashallah Shamsolvaezin, journaliste et consultant au Centre d’Etudes du Moyen Orient, fait un parallèle entre les quatre saisons et les quatre piliers de la démocratie : le droit, le parlement, les partis politiques et les médias. Pour lui, dans le cas de l’Iran, la démocratie ne repose que sur trois piliers, le quatrième ayant été confisqué par le pouvoir. Il manque à la démocratie les médias. Lorsqu’un nouveau journal paraît, il lui est difficile de survivre plus d’un jour dès lors que le gouvernement estime qu’un article ne va pas dans le sens de l’idéologie islamique. Tous les domaines, politiques, économiques, ou les questions de société, sont concernés. La durée de vie des médias en Iran est donc toujours très précaire.
Les journalistes et sociologues iraniens s’interrogent constamment sur les raisons d’une telle précarité des médias : qui en est le responsable ? Les journalistes eux-mêmes ou l’Etat iranien ? En fait, les journalistes ont souvent accusé l’Etat iranien d’être le responsable de cette situation car cet acharnement sur les médias n’est pas nouveau. En effet, lorsque la monarchie était encore en place, avant la révolution, le gouvernement avait déjà cette fâcheuse manie de contrôler, censurer et exterminer tout média susceptible de critiquer le gouvernement. Après la révolution, le terrible héritage paranoïaque est tombé entre les mains du nouveau gouvernement islamique, poursuivant ainsi le travail de censure de son prédécesseur.
Depuis le régime du Shah et durant les présidences successives, jusqu’à aujourd’hui avec Hassan Rohani, nombreux ont été les journalistes emprisonnés et les journaux interdits. Au moment où j’écris cet article, 48 journalistes sont toujours détenus en prison. Il y a trois semaines, le corps des Gardiens de la Révolution Islamique (ou Sepah-e Pasdaran,organisation paramilitaire dépendant directement du Guide de la Révolution, le chef de l’Etat iranien), a envoyé un groupe armé dans la prison Evin section 350 à Téhéran, prison réservée aux journalistes et aux opposants politiques. Ce groupe, qui figure sur la liste officielle des organisations terroristes des Etats-Unis, a été envoyé pour torturer les journalistes et les politiques contestataires. Ils les ont brutalisés gravement à coup de bâtons, leur ont brisé les mains, la nuque et rasé la tête, car en prison, ils continuaient à communiquer avec l’étranger et faisaient la grève de la faim pour dénoncer l’atrocité de leur détention. Lorsque les familles des victimes ont décidé de manifester auprès du procureur, les services secrets les ont arrêtés à leur tour pour les jeter en prison.
Finalement, nous pouvons dire que la liberté d’expression des journalistes est le fruit défendu des iraniens. Comme Dieu a interdit à Adam de manger la pomme, l’Etat Iranien interdit aux journalistes d’exercer leur métier. Si le journaliste se risque à croquer le fruit défendu, tel Adam chassé du paradis, la patte griffue se pose sur sa proie. Le dénouement est presque toujours le même… réduit au silence.​

L’art n’est pas seulement chez les iraniens

[Par Sadegh HAMZEH]

 

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Annabelle Richard

« L’art est seulement chez les iraniens ». Si vous voyagez en Iran et que vous parlez aux iraniens à propos de l’art vous entendrez certainement cette phrase de Ferdowsi, le grand poète iranien.

 

Cette phrase, comme pour la plupart des iraniens, provoquait en moi un fort enthousiasme, mais aujourd’hui, ayant fuit l’Iran pour me réfugier en France, j’ai pu comparer la place de l’art iranien avec l’art d’autres pays, et en particulier l’art en France.

 

Installé à Paris, j’ai été frappé par le sentiment de vivre au milieu de l’art. Architecture, peinture, théâtre, musique, poésie, littérature, danse, cuisine, paysage, l’art en France est partout, dans chaque recoin du pays.

 

Pour rencontrer l’art il n’est pas nécessaire de visiter les grands musées parisiens comme le Louvre, il suffit de marcher dans les rues de Paris pour découvrir le plus beau musée du monde. Les discutions à la française sont également une des beautés caractéristiques de la France. Lorsque je parle avec un français,j’ai l’impression d’assister à un théâtre contemporain. La manière avec laquelle les français s’expriment est unique. Pour communiquer leurs sentiments, ils utilisent les mains et les expressions du visage de telle façon que l’interlocuteur peut comprendre l’idée générale même s’il ne parle pas français. Une autre beauté caractéristique de la France qu’on ne peut ignorer est ses cafés. L’émulation des rencontres et des discutions entre les gens, les tables installées sur les trottoirs, les terrasses pleines à craquer au moindre rayon de soleil m’émerveillent et me fascinent.

 

Il y a quelques jours, je suis allé dans un charmant salon de thé de la banlieue ouest de Paris où j’ai découvert l’intervention d’une jeune artiste qui était par chance présente sur les lieux. Etant touché par la singularité et à la sensibilité de son travail, j’ai profité de l’occasion pour lui poser quelques questions.

 

Pouvez-vous vous présenter ?

 

Je m’appelle Annabelle Richard, après un Master en Arts plastiques et Sciences de l’art j’ai obtenu l’agrégation d’arts plastiques qui m’a permis d’enseigner depuis maintenant 3 ans tout en développant ma pratique artistique.

 

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre exposition ?

 

Cette exposition est très importante pour moi car c’est la première fois que je montre mon travail hors de mon atelier ou de la fac. Je l’ai conçue spécifiquement pour ce lieu singulier qu’est le Dinette Café. Cette charmante petite maison transformée en salon de thé, à deux pas de la gare, laissait déjà entrevoir une certaine fantaisie dans sa cuisine et dans sa décoration avec des théières transformées en lampes et des assiettes qui semblaient s’envoler dans les escaliers. J’ai eu envie d’y ajouter ma petite touche personnelle afin de révéler au mieux l’esprit poétique du lieu.

 

Vous utilisez de manière récurrente certains éléments comme la couleur rose, le riz ou les œufs, pourquoi, qu’est-ce que cela signifie ?

 

Le rose est effectivement une couleur très importante dans mon travail. A l’origine c’est d’abord la couleur du papier toilette rose qui, une fois mouillé, se transforme en une matière très séduisante par sa couleur vive et sa texture charnelle. A travers mon travail je questionne la vie, sesorigines et ses mécanismes. Mon observation détaillée de la nature m’a également amenée à voir des correspondances entre le monde animal et végétal. La rencontre du grain de riz et de l’œuf intervient donc comme une évidence dans mon travail. L’exposition, telle qu’elle est conçue, peut être envisagée comme une célébration allégorique du printemps.

 

Vous avez intitulée une de vos installations La Rosière, pourquoi avoir choisi ce même nom pour l’exposition ?

 

L’idée du titre de l’exposition m’est venue par hasard, en cherchant un mot dans le dictionnaire des synonymes. J’y ai lu « rosière : vierge. » Ce titre m’a semblé parfaitement adapté au lieu et à mon travail. Le coté désuet, le rose, l’idée de fête, de célébration, de mariage dont la rosière est chargée, et surtout la question de la vertu, de la bonne moralité, et de la virginité m’a semblée correspondre parfaitement à mon projet printanier. La bonbonnière ne renferme pas toujours les roudoudous que l’on attend. La boucle était bouclée lorsque le drapé extérieur qui devait être une simple parure est devenu la vulve géante mais dissimulée de notre petite Rosière.

 

Quels sont les artistes qui vous ont inspirés ?

 

Pour l’exposition j’ai dressé une liste non exhaustive de tous les artistes qui peuvent être mis en relation avec mon travail. Je retiens prioritairement Fragonard pour ses scènes très érotiques et son tableau Le Verrou pour avoir dissimulé des sexes dans ses drapés, Meret Oppenheim pour ses détournements surréalistes d’objets, et bien sûr celle que je considère comme ma grand-mère spirituelle, Louise Bourgeois.

 

 

 

Daesh Menace sur l’Asie Centrale

Chronique / L’oeil de l’exilé : Altermondes n° 43 / Septembre 2015

Par Sadegh Hamzeh

Djihadistes appelant à la « purifi cation de [leur] territoire des incroyants », manifestations à Grozny (Tchétchénie) revendiquant les attentats de Paris… Depuis l’attaque contre Charlie Hebdo, les anciennes républiques de l’Union soviétique voient augmenter, en leurs frontières, le nombre de sympathisants de Daesh. Au Tadjikistan, les médias diff usent les messages des djihadistes qui ne cherchent même plus à rester anonymes. L’islam radical n’est plus tabou, il est désormais invité sur les plateaux télé. […]

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Publication Sadegh HAMZEH