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Tchad. La France de Macron à l’épreuve des réalités ?

La disparition du président tchadien Idriss Deby va-t-elle influencer la politique de la France envers ce pays? Le décryptage de Jean-Jules LEMA LANDU, journaliste congolais, réfugié en France.

Françafrique ! Ce néologisme est très connu en Afrique. Il renvoie aux réseaux d’influence « opaques », militaro-mercantiles, entretenus par la France dans sa relation avec le continent africain. Le président Macron, qui voulait être le « dernier de cordée » dans cette mauvaise entreprise, avait promis d’y mettre un point final. Quelle sera l’attitude de la France vis-à-vis de la situation au Tchad, après la disparition du président Idriss Deby ? On sait qu’au-delà de l’inconnue politique qui se présente devant ce pays, ce chef d’Etat constituait un appui non négligeable aux forces françaises Barkane déployées au Sahel.

Pas que. Depuis des décennies, la France militaire campe au Tchad, pour diverses autres raisons, dont celle, capitale, de défendre et contrôler son pré carré.

Novembre 2017, à l’université de Ouagadougou (Burkina Faso), le président français casse les codes : « Il n’y a plus de politique africaine de la France », martèle-t-il. C’est direct. C’est précis. Tonnerre d’applaudissements parmi les 800 étudiants burkinabè qui s’y trouvaient. La déclaration a eu une grande résonance en Afrique. En effet, depuis la chute du Mur de Berlin, en 1989, tous ses prédécesseurs ont certifié la mort de la Françafrique, mais personne n’y est parvenu.

Les présidents François Mitterrand et François Hollande, les socialistes, se sont limités à des vœux pieux. Est-ce parce que la Françafrique avait la vie dure en soi ou, au contraire, c’est parce que ses tenants ne voulaient pas, tout simplement, lâcher leur pactole ?  Quant au président Sarkozy, son désir pour mettre fin à cette forme subtile de néocolonialisme n’avait rien de sincère. A preuve, dans un discours, à Dakar, 2007, il a traité les peuples africains d’arriérés, puisque « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire », selon lui. Autrement dit, la notion de tuteur qui régente tout pour eux devait leur être appli

Ces propos méprisants ont suscité une véritable levée de boucliers en Afrique noire francophone. Plusieurs écrivains et penseurs ont réagi à la provocation dans un ouvrage intitulé « L’Afrique répond à Sarkozy » (Editions Philippe Rey, 2008). Son résumé est simple : « Sapere aude ! » de Horace ou « ose savoir ». Les Africains voulaient dire qu’ils « savaient se servir de leur entendement ».

C’est dans cette atmosphère de méfiance, exprimée de part et d’autre, que le président Macron entre en scène, en 2017. Figure de pédagogue – le bon – et le verbe haut, il promet la mort de la Françafrique dans une sorte de serment : « J’appartiens à une génération qui ne vient pas dire aux Africains ce qu’ils doivent faire », professe-t-il. Exit donc, la génération des Jacques Foccart et autres Albert Bourgi, ceux, qui, après le général de Gaulle, constituaient l’âme damnée des présidents français, à l’égard de l’Afrique.

Aujourd’hui, l’Afrique regarde la France de Macron sur le Tchad, en tourments. Elle est placée au pied du mur. Que va-t-elle faire pour ce pays considéré comme une sorte de fer de lance dans cette partie de l’Afrique de l’Ouest, ensanglantée par des groupes terroristes ? En 2019, le président Macron avait déjà rompu le serment, en bombardant une colonne venue encore une fois de Libye, pour sauver l’ami Idriss.

La situation actuelle au Tchad nous apportera la preuve que la France de Macron a donné un coup de grâce à la Françafrique. Un vrai piège !

 

Par Jean-Jules LEMA LANDU, journaliste congolais, réfugié en France

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Makaila Nguebla: un journaliste tchadien devant la justice française

Ancien résident de la Maison des Journalistes, Makaila Nguebla doit comparaître devant la justice française le 17 septembre prochain. Son tort? Avoir diffusé un article dénonçant les dérives financières et le clientélisme d’Abbas Tolli, neveu du président tchadien Idriss Deby et actuel gouverneur de la banque des états de l’Afrique centrale.

Des publications remettant en cause Abbas Tolli et ses agissements, il en existe beaucoup. Mais c’est cet article, “Tchad : le décrété gouverneur Abbas Tolli”, qui est dans la ligne de mire du neveu du président tchadien.


«On vous taxe de délinquant pour avoir publié un article»


En diffusant l’article sur son blog Makaila.fr, son rédacteur en chef, Makaila Nguebla, s’est attiré les foudres de l’homme d’affaires, lui valant ainsi une comparution devant la justice française le 17 septembre 2019.

Rédigée le 10 novembre 2017 par un anonyme, la publication incrimine Abbas Tolli d’avoir accumulé de l’argent, et d’avoir ainsi contribué au pillage de l’état tchadien. L’écrit dénonce également les pratiques de clientélisme du gouverneur de la banque des états de l’Afrique centrale qui «a déjà débarqué les DG (directeur général) de la Banque de l’Habitat pour mettre son cousin un certain Hassaballah et à la CBT pour mettre un certain Ali Timan» selon l’auteur.

Abbas Tolli aurait aussi fait du favoritisme en ayant pris «des Congolais et des centrafricains comme ses secrétaires». Pour Makaila, ces abus «devaient être révélés à l’opinion publique tchadienne».

Son blog étant l’un des sites les plus lus du Tchad, le journaliste «{se devait} de relayer l’information». Makaila pensait aussi que son statut de réfugié politique le protégerait d’une quelconque menace…

Malgré la diffusion d’un droit de réponse, demandé par l’entourage d’Abbas Tolli, Makaila reçoit le 20 décembre 2017 une mise en demeure de la part de l’avocat de Monsieur Tolli: Makaila a 48 heures pour retirer l’article de son blog. «Si je retire l’article, cela veut dire que je retire également le droit de réponse» rétorque le journaliste.

Bien que les deux écrits aient été retirés en temps et en heure, Makaila Nguebla est tout de même convoqué le 28 novembre 2018 à la Brigade de Répression de la Délinquance contre la personne. Le journaliste est entendu pour la première fois par un officier de la police: il est auditionné en «qualité de suspect» pour «diffamation publique envers particulier», et risque une amende.

La situation le dépasse: «On vous taxe de délinquant pour avoir publié un article».

Makaila Nguebla participe régulièrement à l’opérationRenvoyé Spécial en partenariat avec le CLEMI

L’affaire s’étend au-delà des murs de la Brigade de Répression de la Délinquance. Le 3 juin 2019, Makaila est entendu par un juge des instructions au Tribunal de grande instance de Paris. Aux accusations de «diffamation publique envers particulier» qui pesaient déjà contre lui, viennent s’ajouter des accusations «d’injure publique envers particuliers».

Mme Mylène Huguet, la Vice-présidente chargée de l’Instruction, ordonne le renvoi de l’affaire devant le tribunal correctionnel. Déterminé à rétablir la vérité des faits et à faire valoir ses droits de journaliste, Makaila a constitué sa défense. Pour plaider sa cause, il a fait appel à William Bourdon, avocat spécialisé, entre autres, dans le droit de la presse et de l’édition, et grand défenseur des droits de l’Homme.

Parallèlement, la Maison des journalistes soutient elle aussi le journaliste: à travers une attestation de témoignage, elle a fait état de la moralité de Makaila, de ses engagements journalistiques et a rappelé le contexte politique de son pays.

Si le journaliste tchadien semble «plutôt confiant» face à sa convocation devant le tribunal correctionnel, le 17 septembre prochain, l’ampleur que prend cette affaire suscite son incompréhension et lui laisse un goût amer: «Saisir la justice française pour attaquer en justice un journaliste réfugié politique, il y a de quoi s’interroger sur la motivation réelle de cette poursuite… Ca ressemble à de l’acharnement». 

“Au Tchad, être journaliste c’est être sans cesse sous surveillance” – Portrait du journaliste Mahamat

Comme beaucoup de ses confrères, Mahamat n’a pas eu d’autre choix que de mettre ses compétences de journaliste au service de Télé Tchad, une chaîne de télévision du régime dictatorial tchadien. Mais une fois rentré chez lui, le jeune homme enquête sur les massacres perpétrés dans son pays. Un soir de novembre, c’est la recherche de trop. Mahamat est arrêté.

Été 2011, Mahamat est officiellement bachelier. Il s’inscrit à un concours pour intégrer une école de journalisme basée au Soudan. Mahamat est admis. Le gouvernement lui octroie alors une bourse pour ses études. Le jeune homme fait pour la première fois ses valises, et quitte son pays natal, le Tchad. 

Une fois ma formation terminée, j’ai dû rentrer pour travailler au service du gouvernement”.

2014, Mahamat a 22 ans, et fait ses premiers pas de journaliste à la rédaction arabe de Télé Tchad, l’une des plus grandes chaînes télévisées du pays. Là bas, il réalise des reportages, et travaille au desk.

Mais au Tchad, être journaliste rime avec censure et surveillance acharnée. Les recherches, qu’elles soient personnelles ou professionnelles, sont constamment contrôlées. “La rédaction nous a à l’œil, et tout ce que l’on fait est centralisé au gouvernement”.

Un contrôle également présent à plus petite échelle : “les journalistes se surveillent même entre eux”.

Pour Mahamat, la réalité du métier de journaliste dans son pays est désolante: “Au Tchad, être journaliste c’est être sans cesse sous surveillance”.

Le mois d’avril 2016 s’ouvre sur l’élection présidentielle. Idriss Deby, le candidat sortant, brigue un cinquième mandat. Pour les tchadiens, l’heure est à la contestation: ils demandent le départ du dictateur, au pouvoir depuis 26 ans. 


Ils me reprochaient de ne pas dire la vérité, alors qu’aucun journaliste n’a de liberté d’expression”.


A Télé Tchad, on se prépare à couvrir l’événement. Mahamat est désigné “envoyé spécial” pour les régions de Dar Sila et de Ouaddaï, à l’est du pays. Arrivé sur place, la couverture médiatique est difficile et inédite pour le jeune homme : “Pendant un mois, je suis au coeur des tensions et des violences”.

Mahamat est marqué par la brutalité humaine qu’entraine ces élections.

Lors d’un meeting du PLD (Parti pour les Libertés et le Développement) un parti d’opposition au régime, Mahamat est à son tour pris pour cible. Des militants l’attaquent physiquement. “Ils me reprochaient de ne pas dire la vérité, alors qu’aucun journaliste n’a de liberté d’expression”.

Sa liberté d’expression, Mahamat la retrouve le temps d’un instant, lorsqu’il discute des questions des droits de l’homme dans l’émission “choc des idées” sur FM Liberté : une radio privée, non tolérée par le pouvoir.

Dire la vérité. A tout prix. C’est pourtant ce qui anime Mahamat et deux autres journalistes tchadiens.

Le 26 novembre 2016, un massacre a lieu à Ngueli, au nord du pays: : une bagarre entre deux familles fait cinq morts et plusieurs blessés. Quelles sont les réelles circonstances du drame ? Qui sont les vrais responsables ? Les trois journalistes décident de mener leur propre enquête.

Mais très vite, leur investigation est interrompue. Le 10 décembre 2016, Mahamat et ses deux confrères sont arrêtés à leurs domiciles respectifs et sont amenés à la police judiciaire. “Pendant deux jours, on a été interrogés et torturés”. Une signature sur un papier promettant l’arrêt des recherches permet finalement aux trois journalistes d’être relâchés.

Quelques semaines plus tard, Mahamat apprend que l’un de ses deux collègues a été tué. Accident ? Vengeance personnelle ? Coup du gouvernement ? Mahamat l’ignore, encore aujourd’hui. La mauvaise nouvelle n’arrête pourtant pas les deux journalistes.


Le 1er novembre 2018, c’est l’enquête de trop… “Je me souviens exactement de l’heure, il était 21h30 précisément”.


Deux ans plus tard, ils lancent une autre enquête : divers bombardements ont lieu à Miski dans le Tibesti, un massif montagneux du Sahara central, zone frontalière de la Libye.

Le 1er novembre 2018, c’est l’enquête de trop… “Je me souviens exactement de l’heure, il était 21h30 précisément”. Mahamat et son confrère sont en train de recouper leurs sources, quand ils sont soudainement interrompus. Des hommes de l’Agence Nationale de Sécurité (service des renseignements tchadiens) se tiennent derrière eux. Tout va très vite. Les deux journalistes sont menottés, embarqués. Leur téléphone et leur ordinateur sont saisis. Leur enquête, effacée…

La sanction est plus lourde que lors de leur première arrestation. Cette fois, Mahamat et son confrère ne seront pas relâchés. Ils sont placés en cellule d’isolement, et torturés quotidiennement…

Un matin de novembre, une bonne étoile vient mettre fin aux vingt-cinq jours de calvaire de Mahamat. “On me dit que je vais être transféré“. Le jeune homme est sorti de sa cellule, et laissé de côté. Quelques minutes plus tard, sa bonne étoile apparait devant lui. “Je suis relâché, cagoulé, et emmené dans une ferme, à une douzaine de kilomètre de la capitale”.

Mahamat reste caché dans cet endroit jour et nuit. Mais il risque à tout moment d’être retrouvé. Sa bonne étoile s’organise, et finit par trouver une solution.


“Même à l’ambassade, au moment de faire mon empreinte digitale, je ne savais toujours pas où je partais.”


Le 19 décembre 2018, pour la deuxième fois dans sa vie, Mahamat doit faire ses valises. Mais ce second voyage n’a rien d’exaltant : Mahamat doit quitter le pays. Pour aller où ? Il l’ignore… Mahamat a rendez-vous en terre inconnue. La peur l’envahit. “Même à l’ambassade, au moment de faire mon empreinte digitale, je ne savais toujours pas où je partais”.

Son escale à Istanbul le mettra sur la voie… Dans la salle d’embarquement, Mahamat observe les visages des individus autour de lui: “Je comprends que je suis en train de voyager vers la France”.

Pour autant, la découverte de la destination ne rassure pas le jeune tchadien, “Tant que je n’avais pas de réelle protection, je n’arrivais pas à me réjouir”.

Arrivé à l’aéroport en France, Mahamat est déboussolé. Il ne connaît “RIEN de la France“… Un taxi lui propose ses services, mais Mahamat refuse. Il se méfie. “Ici aussi, il y des services de sécurités. A tout moment, je pouvais être reconnu et dénoncé aux autorités françaises”.

C’est finalement un ami de la banlieue parisienne qui viendra le récupérer, mettant fin à ses angoisses et ses inquiétudes. Mahamat passera plusieurs mois à la Roche-sur-Yon avant de rejoindre la capitale.

Aujourd’hui, la peur et l’insécurité ont laissé place à un esprit serein. Mahamat est désormais rempli d’espoirs et d’ambitions: “J’aime mon métier de journaliste, et même si je suis loin de mon pays, je veux continuer à clarifier la situation sur ce qu’il s’y passe”.

Souvenir

Mahamat glisse sa main dans la poche de son pantalon, et en sort un papier imprimé, quelque peu froissé.

Un soir, parmi les quelques billets de Francs CFA que son père tenait entre ses mains, un dollar s’était glissé. Mahamat le regardait, ébahi. Son père décida de lui donner ce billet.

Aujourd’hui, le dollar a parcouru plus de 5000 kilomètres et ne quitte jamais la poche du jeune homme.

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Tchad : élection présidentielle sur fond de répression généralisée de la société civile

[Par Makaila NGUEBLA]

Au Tchad, l’élection présidentielle est prévue pour le 10 avril 2016. Cette élection intervient dans un contexte politique, économique et social délétère marqué par des arrestations des responsables de la société civile et mouvements citoyens opposés à un 5ème mandat d’Idriss Deby.

Le 10 avril 2016, aura lieu au Tchad, l’élection présidentielle à laquelle prennent part 13 candidats dont le président sortant Idriss Deby au pouvoir depuis 1990.

Les Tchadiens sont conviés aux urnes le 10 avril prochain en faveur des candidats à l’élection présidentielle dans un climat politique, économique et social tendu.

Il convient de souligner que depuis 2015, le Tchad vit dans un climat politique difficile né du processus électoral  contesté par l’opposition tchadienne qui soupçonne la Commission  Électorale Nationale Indépendante (CENI), organe en charge d’organiser l’élection présidentielle de jouer le jeu du Mouvement Patriotique du Salut (MPS). Les partis d’opposition au Tchad, ont dénoncé le manque de transparence  au sein de la CENI  au sujet du fichier électoral jugé peu fiable. Ils ont reproché au CENI d’avoir enrôlé des réfugiés soudanais et centrafricains vivant au Tchad en leur donnant des cartes d’électeurs pour voter en faveur du Président Idriss Deby.

À ce différend politique s’ajoute la crise économique et sociale qui s’aggrave dans le pays. Les travailleurs tchadiens réclament de l’État plusieurs mois des salaires restés impayés face à une cherté de vie galopante dans le pays.

(Source : Makaila Nguebla)

(Source : Makaila Nguebla)

Devant cette situation de plus en plus intenable, l’Union des Syndicats du Tchad (UST) et des organisations de la société civile se sont structurés  en mouvements citoyens appelés « ça suffit », « Trop c’est Trop » et « IYINA » en arabe tchadien signifiant « on est fatigué » pour contester  la candidature à un 5ème mandant d’Idriss Deby.

Ces mouvements citoyens reprochent au Président Idriss Deby, sa longévité au pouvoir, la mal gouvernance politique, économique et sociale des ressources du pays et la confiscation des libertés et le non-respect des droits humains.

C’est dans ce climat que l’opposition et les organisations de la société civile ont organisé des marches et des manifestations qui ont été systématiquement interdites ou violemment réprimées. Plusieurs leaders sont arrêtés arbitrairement et condamnés à six mois d’emprisonnement.

(Source : Makaila Nguebla)

(Source : Makaila Nguebla)

Au niveau international, les organisations internationales de défense des droits humains ont dénoncé les arrestations des responsables des mouvements de contestation et appelé à leur libération.

La France reste aphone face à la tension politique et sociale actuelle en cours au Tchad. Elle considère que le Président tchadien, Idriss Deby est allié précieux dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, ce qui fait dire certains observateurs que Paris reste dans une logique de compromission avec le régime tchadien.

Quelle que soit l’issue de l’élection présidentielle du 10 avril (bien qu’elle soit sans douté déjà jouée), Idriss Deby aura encore moins de légitimité aux yeux de son peuple.

L’Afrique associée à Paris pour l’ Université d’été d’ATTAC France

[Par Makaila NGUEBLA]

Né il y a 15 ans, ATTAC est une structure associative française qui s’est spécialisée dans les crises internationales. Par des propositions, elle contribue à trouver des solutions à des questions préoccupantes. Mouvement altermondialiste, ATTAC est réputée pour son travail de plaidoyer et de lobbying, mais aussi par un engagement soutenu dans un cadre militant.

 Un moment de l’ Université d’été 2014 : Vue des participants dans l’enceinte de l’université Paris Diderot (Crédit photo : Makaila Nguebla)

Un moment de l’ Université d’été 2014 : Vue des participants dans l’enceinte de l’université Paris Diderot (Crédit photo : Makaila Nguebla)

Pour cette année, ATTAC-France a organisé, du 19 au 23 août 2014, l’Université d’été des mouvements sociaux européens venus de plusieurs pays pour débattre des divers sujets qui préoccupent la planète.

L’université Paris Diderot a servi de cadre de réflexion et d’expositions, envahie par des stands à l’allure du forum social mondial. On y trouve des publications, des brochures et autres productions intellectuelles.

Des débats thématiques sur l’environnement, la migration, l’accaparement des terres, le réchauffement climatique ou les crises financières ont été animés par des panelistes venus de la sphère associative ou des universités européennes.

L’Université d’été d’ATTAC a été un point de rencontre pour des journalistes et des médias alternatifs indépendants réalisant des interviews et des reportages.

L’Afrique associée 

Un moment de  l’ Université d’été 2014 : Salle des débats à l’université Paris Diderot (Crédit photo : Makaila Nguebla) 

Un moment de l’ Université d’été 2014 : Salle des débats à l’université Paris Diderot (Crédit photo : Makaila Nguebla)

Des organisations de la société civile africaine ont été conviées par leurs partenaires européens dans le cadre d’un échange et d’un partage d’expériences entre les pays du nord et ceux du sud.
Des mouvements associatifs africains venus du Bénin, du Mali et du Gabon, ont participé activement à ces panels où des sujets sur l’épineuse question de l’endettement des pays africains, des accords de partenariat économique entre les pays d’Afrique et l’Union européenne, ont dominé les débats.
L’endettement des pays en développement est jugé illégal par les mouvements sociaux européens et leurs partenaires. Ils ont plaidé pour l’annulation pure et simple de la dette tout en estimant que c’était une forme de domination économique et de pillage de ces États incapables de se relever du fait du taux élevé de remboursement fixé par les institutions financières internationales.
L’Université d’été d’ATTAC des mouvements sociaux européens s’est achevée ce samedi 23 août 2014 par des conclusions et des recommandations concrètes et pertinentes dont les participants souhaiteraient la mise en application pour inverser les rapports et contraindre les positions des Gouvernements respectifs.

 

 

Mobilisez vous en faveur des journalistes dans le monde !

Dessin de Kianoush Ramezani (Iran)

Dessin de Kianoush Ramezani (Iran)

Chers amis lycéens,

Je me permets de vous écrire cette lettre ouverte, en vue d’attirer votre attention sur la liberté de la presse qui est de nos jours sévèrement violée et transgressée dans le monde.

Contraint en exil à cause de ma plume combattante, je suis cette voix audible d’une société tchadienne inaudible où règne une féroce dictature depuis plusieurs années.

Pour moi, la liberté de la presse autrement dit liberté d’expression est universellement reconnue à toute personne d’en faire usage pour exprimer ses idées et ses opinions sur une question donnée. Cette liberté de la presse peut être considérée comme étant l’oxygène de la démocratie en faveur d’une société émancipée dans laquelle se confrontent des opinions publiques et politiques.

Mais de nos jours, les hommes qui véhiculent cette liberté de presse notamment les journalistes payent généralement un lourd tribut pour l’exercice de leur métier.

Ces dernières années sont marquées par la persécution, les arrestations et détentions arbitraires, les expulsions et les enlèvements des otages ou pire encore des assassinats des journalistes et autres reportes dont le seul tort d’avoir choisi ce métier noble d’informer l’opinion publique en général sur l’actualité internationale qui se déroule dans certaines contrées du monde et qui nécessitent d’être relayée par voie des médias ou autres canaux d’informations.

Pour ma part, je viens vers vous vous élève, force de l’avenir et relève de demain afin de vous sensibiliser sur le bien fondé de la profession et vous demander de bien vouloir plaider en faveur des journalistes qui sont souvent pris pour cibles injustement par des acteurs en conflits dans les théâtres des opérations militaires c’est des reporters de guerre ou d’autres journalistes militants qui œuvrent dans la recherche de la démocratie ou de la consolidation d’un Etat de Droit dans leurs pays.

En vous adressant cette ouverte, je souhaiterai solliciter votre implication individuelle et collective pour plus de protection et de défense des journalistes dans le monde, car, sans eux, la démocratie est une coquille vide, car sans eux, les régimes d’exception écraseront nos sociétés contemporaines.

Mobilisez vous en faveur des journalistes dans le monde !

Makaila NGUEBLA

 

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Partenariat militaire franco-tchadien : obstacle à la démocratie en Afrique centrale

Par Nguebla MAKAILA

Le partenariat militaire que développent la France et le Tchad, pose un véritable problème pour de nombreux observateurs en Afrique.

partenariat franco-tchadien_photo

Durant des décennies, la France a joué au Tchad et en Afrique, un rôle non négligeable dans le domaine du partenariat militaire. Son but est de former et d’outiller les forces armées de plusieurs pays afin qu’ils puissent relever les défis de la défense et de la sécurité de leur région.

La conférence de La Baule du 20 juin 1990 qui entre dans le cadre de la 16e conférence des chefs d’État d’Afrique et de France, était censée imposer la démocratie aux pays africains. Elle a suscité un réel espoir aux populations, celui d’entrevoir la conquête du pouvoir par les voies des urnes au lieu des coups d’Etat militaires et des rébellions.

Aujourd’hui, tout porte à croire que la majorité des africains ont déchanté. La succession au pouvoir en France des Présidents depuis les années 1980 (François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande) n’a toujours pas aidé l’Afrique centrale à amorcer une véritable démocratie.

Pourquoi ?

Les relations qui lient la France avec les dirigeants africains restent obscures et n’aident pas à assurer les valeurs universelles de la démocratie dans la plupart des Etats. Ces dernières années, le partenariat militaire est au cœur des préoccupations des autorités françaises, au détriment de la promotion des droits de l’homme, des libertés fondamentales, de l’Etat de droit, de la bonne gouvernance politique et économique, et enfin de la justice sociale.

Avec la menace terroriste qui prend une proportion inquiétante, deux ministres français notamment Yves Le Drian de la défense et Manuels Valls, ministre de l’intérieur ont été successivement reçus en audience fin décembre 2013, par Idriss Deby dans la capitale tchadienne. Le Tchad est le seul pays africain dont les troupes sont jugées aptes, redoutables et suffisamment aguerries dans la lutte contre le terrorisme international, d’où l’intérêt de la France de privilégier et de maintenir la coopération militaire. Et pourtant, le pays d’Idriss Deby n’est pas un bel exemple de démocratie.

L’allié qui violait les droits fondamentaux

Force est de constater qu’aujourd’hui, le régime tchadien est perçu par Paris comme un allié de taille, malgré les atteintes massives des droits de l’homme dont il est tenu responsable, commises en direction de l’opposition démocratique, des acteurs de la société civile et des journalistes.

Avec un record de 23 ans de règne sans partage, le président tchadien Idriss Deby a verrouillé totalement l’espace des libertés à son peuple. Les critiques à son encontre et à celle des membres de sa famille, ne sont pas tolérées, et les manifestations ne sont pas autorisées et lorsqu’elles ont lieu, sont violemment réprimées dans l’indifférence générale. Le cas tchadien illustre la complaisance et la mansuétude dont Paris fait preuve à l’égard du régime d’Idriss Deby, ce qui pose véritablement problème à l’épanouissement de la démocratie au Tchad.

A l’instar d’Idriss Deby au Tchad, la plupart des dirigeants d’Afrique centrale totalisent la longévité au pouvoir ou l’accession au pouvoir de manière monarchique. En voici, le panorama : Teodoro Obiang Nguema (Guinée Equatoriale), 34 ans ; Paul Biya du (Cameroun), 30 ans, Denis Sassou Nguesso (Congo),18 ans ; Ali Bongo (Gabon), a succédé à son père Oumar Bongo mort en 2009, il a régné pendant 43 ans, François Bozizé (Centrafrique), chassé du pouvoir le 23 mars 2013, a régné pendant 10 ans, il était arrivé au pouvoir par les armes. Sa chute du pouvoir, a laissé place à une crise politique aujourd’hui, irrémédiable.

Au regard de ces faits alarmants, le pessimisme hante l’esprit des Français amis du continent africain, de voir un jour naître un véritable espoir de démocratiser l’Afrique centrale, nid des conflits politiques et des violences armées répétés. Si le partenariat militaire franco-tchadien doit prendre en considération la dimension sécuritaire et humaine dans la sous-région, elle doit en outre tenir compte des aspirations populaires des masses qui se mobilisent désespérément pour la démocratie et le respect de la dignité humaine face à des régimes impopulaires sans véritable légitimité. La France est invitée à aider les Africains soucieux de respecter les valeurs qu’elle prône à l’échelle universelle.