Fais le ménage dans ta chambre !

Billet du panda Yuan Meng

Fais le ménage dans ta chambre !

En tant que panda exilé en France, j’ai des trucs à dire sur ce que je vois. Tout panda que je suis, je ne me contente pas de mâcher mon bambou et de laisser aller. Ben, non ! Maintenant c’est de mon avenir qu’il faudrait causer.

Je l’ai encore indiqué l’autre jour à un élu de la Nation qui est venu me rendre visite (c’est la mode de venir me voir, surtout quand il y a des caméras) : “Faudrait songer à réfléchir à mon avenir tout même. Je ne vais pas rester là jusqu’à ce que mort s’ensuive… et puis ça ne me dit rien d’être un jour renvoyé en Chine, de toute façon”.

Prisonnier comme un panda dans parc

Il a paru surpris, le gars. Je l’ai dérangé juste avant l’heure de l’apéro. Excuses. Il m’a demandé de quel droit je me permettais d’avoir une opinion sur mon propre sort. Je lui ai répondu que son sort à lui aussi m’inquiétait : j’ai peur que la surdité et l’aveuglement ne finissent par le neutraliser, de sorte qu’il se retrouve lui-même enfermé dans son handicap, comme un panda dans un parc, tu vois.

Dans la même chambre

Je lui ai dit : “on habite dans la même chambre, on est dans la même barque…” tout ça, tout ça… des banalités, quoi … mais bon, il n’a pas eu l’air de saisir. Je ne voudrais pas que vous pensiez que je comptais alors baisser les bras, aussi poilus soient-ils. Alors j’ai conclu : “commence par faire le ménage dans ta chambre et tu verras qu’il y aura de la place pour nous deux…c’est ça le problème : le ménage…Si tu optes plutôt pour la construction d’un mur devant ta porte (je sais que tu y songes)  tu vas te retrouver emprisonné… une fois encore : comme un panda au zoo”.  

Du business garanti

Et puis j’ai ajouté : “ensuite, quand tu m’auras aussi enseigné ta langue, tes us et tes coutumes, je te serai enfin utile, sois en certain. Je ne suis pas une larve : je suis un panda. Même enfermé, d’ailleurs, j’apporte déjà du business à ton pays, non ?”.

Je lui aurais bien pondu un dessin mais je n’ai pas encore appris. T’as un crayon, nom d’un bambou ?

Crédit : Sylvie Howlett

Yuan Meng

(Traduction de Denis PERRIN)