La  justice sous l’emprise du régime militaire
“Nul ne  peut étouffer la liberté”

Les dossiers qui hantent les couloirs de la justice

Le Directeur Général d’ENER Ousmane Wane est en prison depuis  plusieurs mois pour détournement de denier public.

Le directeur de la radio Mauritanie Abdoulah Ould Hormatah poursuivi pour le même dossier, est arrêté et retenu quelques semaines à la prison Centrale. Ce dernier, grâce à sa proximité et aux éloges en faveur du Président,  lui a obtenu une liberté provisoire malgré la gravité du  crime.

L’ex-sénateur Mohamed Ould Ghadda croupit en prison. 307 jours qu’il est privé de sa liberté de mouvement. 307 jours qu’il n’a pas vu ses enfants. Il proteste contre les restrictions décidées, unilatéralement, par ses geôliers mais il n’ obtiendra pas de faveur. Cet élu de la Chambre Haute est un opposant farouche aux réformes et aux amendements de la Constitution, y compris la suppression du Sénat, par le président du pays. A ce jour, Mohamed Ould Ghadda est séquestré dans un endroit inconnu de sa famille et ses avocats.

Deux autres activistes des droits humains, membres de  l’IRA Mauritanie, sont en prison depuis plusieurs mois dans le bagne Bir Mongrhein, un département au nord de la Mauritanie. Loin de leur famille et de leurs avocats, là où les conditions carcérales ne sont pas respectées, ces deux activistes n’ont fait que dire haut et fort la réalité. Ils ont dénoncé l’esclavage, qui est une réalité en Mauritanie, même si le pouvoir nie son existence. Pour preuve, l’Etat a créé des cours criminelles pour juger les pratiques esclavagistes.

Recrudescence de violences graves et sentiment d’injustice

Malgré toutes les ratifications des conventions, nous assistons à une recrudescence des violences graves sur les droits humains en Mauritanie dénoncées par les ONG nationales et internationales.

Les femmes sont en danger. Elle sont victimes de viols répétés. Leurs violeurs bénéficient d’une impunité totale qui sèment la terreur dans les quartiers pauvres de Nouakchott. Le régime est impuissant face à l’insécurité des populations, à cela s’ajoute par exemple les braquages de banque en plein jour. Les citoyens sont donc laissés à leur triste sort par un président qui «gère» la sécurité du pays à partir de son portable.

Plus qu’un sentiment, des injustices récurrentes

A la suite d’un procès sous haute tension, le blogueur mauritanien Ould Mkheitir a été libéré en novembre dernier par la justice. Le plus célèbre prisonnier mauritanien a écopé d’une peine de 2 ans. Coïncidence ? 2 ans, c’est la durée exacte de son séjour en prison.

Ould Mkheitir, rappelle-t-on, était condamné à mort pour apostasie. Mais neuf mois après le verdict, selon son avocate maitre Fatimata Mbaye, elle ignore l’endroit exact où se trouve le bloggeur dont la tête est réclamée par les islamistes de Mauritanie.

Qui mérite la grâce présidentielle en Mauritanie ?

A la veille de chaque fête musulmane, le président annonce une grâce en faveur de plusieurs prisonniers généralement de droit commun. Cela ne profite qu’aux proches du  régime : des  trafiquants, des assassinats, une police corrompue connue pour sa répression féroce contre les manifestations des étudiants, des  journalistes rapatriés, des partis d’opposition, des activistes des droits humain, de la marche des jeunes en quête de liberté…

Nul ne  peut étouffer la liberté !

EN SAVOIR PLUS SUR CE THÈME

Kabila “Père de la démocratie congolaise” et l’esclave congolais

Il y a quelque chose, dans le théâtre de la politique congolaise, qui évoque la Rome antique. En ce temps-là, il y avait une arène, des gladiateurs “duellistes à mort” et des spectateurs. Dans la formule où les deux gladiateurs étaient des esclaves  et se battaient pour recouvrer la liberté, à condition que l’un tuait l’autre, le combat était des plus violents. L’initiateur de cette scène macabre en était l’empereur, hilarant. Pour son amusement.

Le calque n’est pas loin de ce que la scène politique congolaise nous offre.

Il y a un empereur : Joseph Kabila. Avec ceci de différent qu’ici, l’empereur n’est pas d’humeur à la rigolade ; il veut établir une dynastie, avec l’aide des clercs esclaves qui l’entourent, aveuglés par des privilèges. 

Tsisekedi et Fayulu esclaves ? Peut-être.

L’un pour avoir avoué publiquement être “partenaire de l’empereur”, l’autre pour avoir été vaincu (même par la voie de la fraude). “Vae victis”, “malheur aux vaincus”, disaient les mêmes Romains.

A l’instar de tous les dictateurs, Kabila observe. Il découvre avec stupéfaction que l’élite intellectuelle congolaise est “bêtement bête”, selon l’expression de Frantz Fanon.

De cette première certitude, il en acquiert une seconde, par déduction : “Parce qu’ils sont bêtes, ils peuvent facilement devenir des esclaves bêtes“, se persuade-t-il. (Or, l’Histoire nous apprend, pourtant, que l’esclave était esclave, mais il n’était pas bête).

Enfin, pour parvenir à ses fins, il applique, à la lettre, un des principes machiavéliques: “Se faire craindre plutôt qu’être aimé…”. Kabila inspire effectivement la peur à son entourage, et partant, au peuple.

Tel César, Kabila s’amuse beaucoup 

Le résultat, pour l’autocrate, est épatant. Il réalise, un peu en philosophe -et c’est la dernière étape de son approche-, que l’élite intellectuelle congolaise “a perdu le feu de l’âme”, cette flamme qui constitue, en fait, la fierté d’être un homme.

Il en tire donc profit -à travers la corruption-, jusqu’en à faire des orduriers dans lesquels il crache, sinon des “esclaves bêtes”, qui lui obéissent au doigt et à l’œil. Quand il dit à l’un : “Va”, et il va ; lorsqu’il dit à l’autre : “Viens”, et il vient. A un autre encore: “Fais ceci ou cela”, et il le fait.

L’âme damnée de la “kabilie”

Et, il en est ainsi de tous les thuriféraires, qui croupissent de bassesse dans sa cour. Ils sont là, à ramasser à la pelle comme des champignons, après la saison des pluies. A compter des nobles les plus proches de “Sa majesté”, jusqu’aux sous-fifres, rompus au jeu des bakchichs.

Mais la vraie âme damnée de la “kabilie” ou “fonctionnement du régime de Kabila” est un certain Néhémie Mwinlanya Wilonja, chef de cabinet du chef de l’Etat, juriste et professeur des universités.

A ses côtés, se bousculent pour rendre service au “raïs”, Kikaya Bin Karubi, conseiller diplomatique, licencié de littérature et des sciences politiques, Thambwe Mwamba, ministre de la Justice, licencié de sciences politiques et consulaires, juriste et Ramazani Shadary, le “dauphin”, licencié de sciences politiques et administratives. En dehors de Mwinlanya, les deux autres vassaux sont originaires de la province du Maniema, terres de Mama Sifa, la mère de Kabila.

C’est l’attelage qui constitue le cœur battant de la “kabilie”, selon les desideratas et les humeurs du chef. Le mot “raïs” dont Kabila est affublé aujourd’hui (mot arabe signifiant “chef”) est sorti, pour la première fois, de la bouche de Néhémie Mwinlanya, tout comme récemment, le titre de “Père de la démocratie congolaise”. Il en fut ainsi de Mobutu, à qui tous les titres de gloire de la planète furent attribués. Voilà comment les Congolais “fabriquent” eux-mêmes leurs dictateurs. Initiative d’une poignée de flagorneurs dépravés, au sommet de l’Etat, dont les conséquences enchaînent le peuple entier.

Qu’il s’agisse du temps de règne de Mobutu ou de celui de Kabila, une question taraude l’esprit : comment imaginer ceux qui ont reçu les “lumières académiques”, pour éclairer le monde, puissent en arriver à penser et à agir comme s’ils étaient enfermés dans l’obscurité de l’illettrisme ?

Comment en arriver jusqu’au stade aberrant de signer un “acte d’allégeance” envers Joseph Kabila?

Ni Hitler ni Staline ne l’ont exigé à leurs collaborateurs. Et, même, c’eût été le cas, ces derniers l’auraient fait dans le cadre du triomphe d’une idéologie, à laquelle ils croiraient dur comme fer. Et non pas par esprit de servilité. Par esprit d’esclavage.

Des enchaînés de la caverne

Les leaders politiques du FCC, plate-forme politique de Kabila, revoient à “l’allégorie de la caverne” de Platon. On y voit des gens enchaînés et immobilisés dans une “demeure souterraine”, par opposition au monde à la surface, où il y a la lumière du soleil qui symbolise la “connaissance du Bien”.

Le processus d’élections qui vient de se dérouler en RD Congo, manipulé honteusement par le dictateur et son camp, prouve que ce groupe de gens a tourné le dos à l’entrée de la caverne. Donc, à la possibilité de voir la lumière et le “Bien”. Avec pour conséquence, la continuation de l’existence de la dictature et de l’esclavage. Ce dernier mot pouvant se définir également par “personne soumise à un pouvoir arbitraire”. Le peuple congolais est en esclavage.

C’est à partir de cette réflexion que Félix Tshisekedi et Martin Fayulu entrent en scène, parce que l’un et l’autre, par nature, sont des leaders de l’opposition. De ce fait, supposés être différents de cavernicoles kabiliens. Qu’en est-il ? L’un a pactisé avec Kabila pour devenir président de la République, par “machination”.

L’autre a été démocratiquement élu président, mais exclu du pouvoir par la force, confirmant ainsi le propos de Trotski, qui disait que “tout  Etat est fondé sur la force”. Plutôt, ici, il s’agit de la violence. De la tromperie. Le premier (Tshisekedi) ne règne ni ne gouverne, car l’impérium appartient toujours au satrape “masqué” ; le second (Fayulu), avec en main “l’urne de la vérité”, défloré, qui commence à peu attirer l’attention.

Tshisekadi et Fayulu, tous deux esclaves? A des paliers différents, tous deux esclaves. Le premier a oublié qu’en mangeant avec le diable, il fallait se munir d’une longue fourchette pour ne pas être attrapé par la main. Il risque de rejoindre les cavernicoles ou d’être supprimé ; le second pour avoir refusé de siéger, en qualité de député national, se réclamant “président élu”, de droit.

La kabilie ne laissera jamais qu’il le devienne. Dans ce cas, il rejoindra la masse silencieuse, esclave, elle aussi, par extrapolation.

Si, dans cette situation, il prend le parti d’arborer le pavillon de la contestation, il sera jeté en prison ou liquidé, par son “frère d’armes” Tshisekedi. Au pouvoir sans pouvoir. L’image des gladiateurs duellistes se justifie, mais avec une entorse : ici, le gladiateur vainqueur restera esclave. A Moins que les spectateurs (le peuple) s’élèvent pour “dégager” l’empereur comme c’est le cas en Algérie et au Soudan. Peut-on y croire ? Sinon, Kabila poursuivra son projet, bien ficelé, de régenter la  RD Congo ad vitam aeternam. Tout y est fait : son Sénat, son Assemblée nationale, ses Provinces sont là pour saborder la République.

Il y a 28 ans, jour de fête nationale, commençait le génocide mauritanien

[CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ] 28 ans après l’indépendance qui divise encore la Mauritanie, des veuves et des orphelins sont descendus dans la rue pour commémorer les pendaisons des militaires noirs d’Inal, les 27 et 28 novembre 1990. Cette manifestation a été réprimée par les forces de police. Le communiqué ci-dessous des victimes montrent l’unité nationale encore loin car victime de son passé non résolu. L’Etat a reconnu sa responsabilité dans ces crimes mais peine à donner des droits aux victimes.

En Mauritanie, enfermer les mineurs en prison est un business

[DROITS DE L’ENFANCE] C’est un véritable business. Pourtant ces prisons sont financées par l’Union Européenne et par des ONG. Ainsi, un centre d’accueil pour l’insertion des enfants en conflit avec la loi a été construit. Ce centre est financé à hauteur d’1 million d’euros par l’Union Européenne et l’ONG suisse Terre des Hommes. L’Etat mauritanien ayant octroyé le terrain.

Manifestation contre l’esclavage en Mauritanie violemment réprimée

[LUTTE CONTRE L’ESCLAVAGE] “Aujourdhui plusieurs militants ont été gravement blessés, battus sauvagement par des policiers armés jusqu’aux dents et ayant pour ordre de casser les militants pacifiques. Des blessés graves, victimes de tabassage violent à coups de matraques, de godasses sur toutes les parties du corps.”

“Un bon journaliste est quelqu’un qui sert la communauté” – Témoignage d’un journaliste mauritanien

[JOURNALISME EN MAURITANIE] “Il y a en moi un sens inné de la justice. Ce qui me fait le plus peur, ce n’est pas la mort, ni la douleur, mais de voir l’état de pauvreté de quelqu’un sans pouvoir rien faire pour l’aider. La justice est universelle, elle n’a pas de couleur de peau, d’ethnie ou de religion”.