Témoignage de trois journalistes syriens : la guerre passe aussi par l’information

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Le témoignage de trois journalistes syriens : en Syrie, la guerre passe aussi par l’information

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La guerre en Syrie ouvre de nouvelles problématiques au métier de journaliste dont le but est d’informer. Pourquoi en sait-on si peu sur cette guerre dont on ne fait que parler ? Pourquoi n’y a-t-il pas de journalistes professionnels sur place ? La Maison des journalistes a interviewé trois journalistes syriens qui ont vécu ce conflit interminable, exilés pour avoir exercé leur profession en Syrie. Fatten, Omar et Rafat répondent à nos questions.

MDJ : Aujourd’hui en Syrie, il y a un manque de professionnels qui exercent le métier journalistique. Ce vide a été comblé par des jeunes (souvent des très jeunes), qui s’improvisent journalistes et réalisent des reportages sur la guerre. Peut-on les considérer comme de vrais journalistes?

Fatten : Il y a des journalistes en Syrie qui commencent ce travail en n’étant pas des professionnels. Cependant, avec le temps, ils deviennent des vrais journalistes et ils peuvent écrire des articles très précis sur la situation en Syrie, car ils se sont formés sur le terrain et ils ont pris des cours sur Internet. Mais il y en a d’autres qui ne sont pas des journalistes, qui ne parlent pas l’arabe, qui ont fait beaucoup de fautes et ont rapporté des choses fausses. Il ne suffit pas de prendre quelques photos avec son smartphone et de les envoyer aux agences de presse occidentales pour être considéré comme des journalistes. Le problème est qu’il y a de journalistes professionnels en Syrie, mais les médias occidentaux préfèrent les journalistes pas formés et préfèrent les former eux-mêmes. Ils craignent que les professionnels syriens manquent d’impartialité.

Omar : On peut les considérer comme des reporters : les journalistes en Syrie, par exemple les jeunes activistes qui s’improvisent journalistes, prennent souvent des photos et des vidéos avec leur caméra. Ce qu’ils montrent est la réalité. Souvent ils apprennent aussi les bases du journalisme professionnel. En général, les agences de presse telles que l’AFP ne privilégient pas les témoignages écrits, mais préfèrent divulguer des photos et des vidéos. Et les photos et les vidéos ne mentent jamais. Beaucoup d’activistes qui ont commencé leur travail comme reporters de guerre pour des agences étrangères, sont devenus des professionnels par la suite.

Rafat : Tout d’abord, il faut se demander à quoi est dû ce manque : après 2011, beaucoup de journalistes occidentaux ont disparu ou ont été tués par le régime d’Assad ou par Daech. Le régime a entamé une guerre très violente contre les médias et les journalistes indépendants. Plusieurs journalistes étrangers sont morts pendant cette guerre. Voilà pourquoi il y a si peu de journalistes étrangers aujourd’hui en Syrie. Les syriens ont comblé ce vide. Je pense que certains d’entre eux sont devenus de vrais journalistes. Mais quand les islamistes sont arrivés en Syrie, beaucoup de journalistes ont pris peur à cause de Daech. La situation est donc très compliquée pour les journalistes, menacés par le régime d’un côté et par Daech de l’autre. Il y en a quand même de très honnêtes. De toute façon, je crois qu’aujourd’hui il faut faire confiance aux photos et aux vidéos, plutôt qu’aux mots.

MDJ : Y a-t-il des médias vraiment fiables sur la guerre en Syrie? Si oui, lesquelles?

Fatten : Non, il n’y a pas des sources fiables sur la guerre en Syrie. Je ne fais pas confiance aux médias en général. Les seules sources fiables sont les témoignages directs des gens. Mais les médias, les chaînes de télévisions et les sites web disent beaucoup des mensonges sur la situation actuelle en Syrie. Des médias occidentaux ont raconté des mensonges sur un point central. Les réfugiés syriens viennent en Europe à cause de Bachar el-Assad et de son entourage. Les médias occidentaux ne disent pas que si Bachar el Assad dégageait, tous ces millions de réfugiés ne seraient pas en Europe.

Omar : Je crois que oui, il y a des agences de presse à qui on peut faire confiance de façon générale. Il y a aussi beaucoup de journalistes qui ne sont pas honnêtes et ne font que de la propagande. Enfin, il y a des journalistes honnêtes qui peuvent se tromper, car la situation en Syrie est très compliquée. Malheureusement les agences syriennes sont financées par le monde politique et on ne peut pas dire qu’elles sont honnêtes à cent pour cent. Il faut se méfier des agences de presse syriennes, mais on peut faire confiance à certains journalistes indépendants.

Rafat : Oui, il y a des sources fiables. Encore une fois, ce sont les photos, les vidéos, et les témoignages des gens qui habitent en Syrie. En ce qui concerne les médias, étrangers et arabes : il n’y a pas un média qui ne dit que de choses vraies et il n’y a pas un média qui ne dit que des choses fausses.

MDJ : Par exemple? Qu’est ce qui a été dit de vrai ou de faux sur la Syrie par les médias occidentaux?

Rafat : Par exemple, la BBC a diffusé des fake news quand a raconté que le régime syrien a trouvé des armes chimiques en rentrant dans la Ghouta, près de Damas. En réalité, les armes chimiques n’ont jamais été retrouvées, car c’est Assad qui les a utilisées et il a effacé toutes les preuves. Aucune usine chimique n’a jamais été retrouvée dans la Ghouta, contrairement à ce que beaucoup de médias occidentaux ont rapporté.

En général, les médias occidentaux sont très partiels par rapport à ce qui se passe en Syrie, et cela à cause d’une forme d’islamophobie qui est très répandue en Europe.

MDJ : Comment le métier journalistique a-t-il évolué après la révolution de 2011?

Fatten : Juste après la révolution il y a eu un moment de libération de la parole en Syrie. Mais très tôt, les financements étrangers ont compromis cette liberté. Le Qatar, l’Arabie Saoudite et les Etats Unis, par exemple, ont commencé à financer certains groupes politiques en Syrie (par exemple, le Qatar a financé les Frères Musulmans, les saoudiens les salafistes, les Américains les laïcs) et chacun de ces groupes a créé ses propres chaînes d’information. Les journalistes ont ainsi perdu leur indépendance et ont commencé à travailler pour leurs partisans. “Surya”, une chaîne syrienne turcophone, est financée par le Qatar, et elle a travaillé pour le régime syrien. Avant la révolution, les choses étaient encore pires, car on ne pouvait même pas parler, Assad contrôlait 100 % des médias syriens et personne n’osait parler négativement du président.

Omar : C’est vrai, avant 2011 en Syrie, personne ne pouvait parler librement. Les médias étaient contrôlés complètement par le gouvernement. On ne pouvait rien publier sans l’approbation du régime. Après 2011 en Syrie on voit naître beaucoup de nouveaux journaux, de chaînes et de sites web. Il y a donc une certaine libération de la parole. Cependant, la plupart des journalistes ne sont pas indépendants mais travaillent pour des agences financées par les différents partis politiques et par l’Etat. Quand l’Etat coupe les financements, il y a une baisse de cette liberté. Il y a un lien très fort en Syrie entre les médias et la politique.

Rafat : Je suis d’accord avec ce qui a déjà été dit.

MDJ : Double question : Pensez-vous que les médias occidentaux et français reflètent la réalité et ont, en plus, une influence sur ce qui se passe en Syrie?

Fatten : Jamais, parce que les politiciens, surtout les européens, disent que Bachar el-Assad n’est pas légitime, les médias parlent des crimes commis par lui mais personne ne fait rien pour le faire dégager. Les médias ont une influence fondamentale sur l’opinion publique. Avant on disait que le journalisme était le quatrième pouvoir : aujourd’hui il est le premier pouvoir. Les médias occidentaux ne sont pas clairs sur Bachar el-Assad, ils ne dénoncent pas assez clairement le génocide qu’il est en train de perpétrer contre son peuple. Ils parlent d’Assad comme d’un président comme les autres. Quand la révolution a commencé, le peuple syrien a entendu ce que le président Obama a dit : “Bachar el-Assad a perdu, il doit partir”. Son discours est arrivé aux Syriens grâce aux médias. Néanmoins, Bachar el-Assad est encore le président de la Syrie. Donc aujourd’hui les syriens ne croient plus aux médias. J’ai une opposition radicale contre tous les médias. Les médias parlent de la guerre en Syrie, mais rien ne change.

Omar : Je suis d’accord avec Fatten, les médias ne reflètent pas la réalité de cette guerre. Parce que les médias arabes, français et étrangers sont toujours influencés par leur ligne politique. Il n’y a pas de médias 100% neutres sur la question syrienne.

MDJ : Même l’AFP?

Omar : Oui, même l’AFP a parfois donné une vision fausse de la guerre en Syrie. Je pense par exemple à un reportage de l’AFP sur l’ancien directeur de la cité antique de Palmyre, Khaled Assaad, tué par Daech en 2015. Quand le régime syrien est entré à Palmyre, les journalistes de l’AFP à Damas ont interviewé les fils de Khaled Assaad dans le Musée National. Le fils de Khaled Assaad a dit qu’il était ravi que l’Armée syrienne ait pris Palmyre et qu’il avait vu son père dans un rêve en disant que c’était une bonne chose que le régime soit rentré dans la ville. Tous les médias occidentaux ont beaucoup parlé de ce crime que Daech a commis contre Khaled Assaad, surtout l’AFP. Les médias français ont ainsi fait passer le message que Bachar el-Assad est rentré à Palmyre pour la libérer de Daech. En réalité, ils ont fait une propagande indirecte pour Bachar el-Assad.

Rafat : Je crois que ça dépend. En général, les médias occidentaux sont très partiels par rapport à ce qui se passe en Syrie. Si par exemple il y a une attaque contre les chrétiens de la part de Daech, tout le monde en parle comme d’un scandale. Mais les atrocités commises contre le peuple musulman sunnite par Bachar el-Assad ne suscitent pas la même indignation, même si elles durent depuis cinq ans. Pourquoi ? Parce que les occidentaux sont égoïstes : ils ont peur de l’Islam et ils ont peur de Daech. Donc quand Daech fait un crime, c’est tout de suite un scandale. Mais quand c’est Bachar el-Assad qui commet un crime, on ne l’attaque jamais directement. Assad est en train d’exterminer son peuple, mais pour les Occidentaux, le problème majeur en Syrie, c’est Daech. Si on compte les civils morts en Syrie on voit que moins de 10% ont été tués par Daech, les autres sont morts à cause du régime, des frappes aériennes de l’armée syrienne et russe ou par des armes chimiques. Mais les médias Occidentaux, racontent ce qui leur convient. C’est une question historique : les occidentaux ont peur de l’Islam.

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Maria Elena Gottarelli

Maria Elena Gottarelli est une journaliste en formation.

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