Etat de la presse en Afghanistan : le pays où les journalistes meurent le plus
Durant les deux premiers mois de 2019, la Communauté des Médias Afghans a perdu trois de ses membres au cours de deux incidents successifs. Javid Noori, journaliste de radio, a été exécuté par des talibans le 5 janvier 2019 dans la province occidentale de Farah. La seconde attaque a visé les locaux d’une station de radio du nord est du pays et causé la mort de deux journalistes, Shafiq Aria et Rahimullah Rahmani. Sur les pas de 2018, l’année 2019 en Afghanistan s’annonce d’ores et déjà comme l’une des plus meutrières pour les journalistes en exercice.
En 2018, Reporters Sans Frontières a classé l’Afghanistan comme pire pays au monde pour les journalistes avec l’assassinat de 15 professionnels de l’information en un an. L’ONG Nai SOMA – Supporting Open Media in Afganistan – a enregistré en 2019 de nombres violences commises à l’égard de la presse dans le pays, du meurtre de ces trois journalistes, aux attaques armées contre les rédactions notamment les stations de radio dans les provinces et les menaces des talibans contre deux journalistes au sud du pays ainsi que les insultes incessantes qu’essuient tout les professionnels au quotidien.
Une politique afghanne pour la diversité de la presse
Depuis la chute des talibans en 2001 et la loi sur les médias votée par le Parlement afghan à sa suite, la croissance des médias est exponentielle.
Ainsi, l’Afghanistan est le berceau de plus de 500 titres de presse, 76 chaines TV, près de 150 stations de radio et de nombreuses agences de presse. Un élan vers la pluralité, réussite incontestable du gouvernement, mais que les journalistes paient aujourd’hui au prix fort.
L’insécurité omniprésente
Travailler en tant que journaliste dans l’Afghanistan déchiré par la guerre n’est pas simple et la sécurité constitue un des enjeux majeurs pour tous les professionnels du pays.
Selon le Ministère de la Défense, environ 20 groupes terroristes régionaux et internationaux sont en action sur le territoire afghan, résultat d’une guerre de 40 ans qui touche de plein fouet la population et les journalistes. Les chiffres des violences commises contre la profession sont en constante augmentation depuis 2014 et le retrait des troupes étrangères.
196 cas de violences ont été recensés en 2018 par Nai SOMA, liste qui inclue : meurtres, tabassages, blessures violentes, insultes, arrestations à répétition, enlèvement, attaques contre des rédactions et réduction des sources d’informations.
Un double attentat à la bombe perpétré dans les rues de Kaboul le 30 avril 2018 a causé la mort de neuf journalistes, dont Sha Marai Fezi, photographe correspondant de l’AFP, et six reporters de Radio Free Europe et Tolo News, devenant ainsi la pire attaque dans le monde contre la presse depuis 2009.
Qui se cache derrière les violences contre les journalistes?
Les comités pour la protection des journalistes soulignent la responsabilité du gouvernement afghan dans l’insécurité permanente que connaissent les journalistes sur le terrain.
Les groupes insurgés
Les talibans et l’Etat islamique, directement impliqués dans des crimes contre l’humanité, sont les premiers responsables d’attaques contre les professionnels de l’information en Afghanistan, visant les journalistes dans l’optique de faire taire la presse du pays.
L’attentat d’avril 2018 causant la mort de 9 journalistes et l’assassinat de 7 membres de l’équipe de TOLO TV à Kaboul en 2016 ne sont que des exemples de la violence de ces groupes talibans vis-à-vis de la profession.
L’attaque perpétrée en novembre 2017 contre le bâtiment de la chaine de tv Shamshad TV est, elle, l’illustration de la guerre menée à la presse par l’EI.
Officiels afghans, forces de sécurité et militants
Les journalistes et reporters afghans qui publient des enquêtes et articles critiques du gouvernement, subissent eux aussi des menaces et de la violence de la part des représentants de la puissance publique afghane.
D’après la NAI SOMA le gouvernement et ses fonctionnaires sont responsables d’environ 62 cas de violences contre les professionnels de la presse.
Dernier obstacle à la liberté de la presse dans le pays : les barons de la guerre et leurs intimidations permanentes contre tout auteur d’articles nuisibles à leurs affaires.
L’auto-censure
Nombreux sont les professionnels des médias a pratiqué l’auto-censure comme gage de survie; Le gouvernement et les autres auteurs de violations des droits des journalistes jouent un rôle clé évident dans l’augmentation de la pression qui s’exerce sur les épaules de »ceux qui veulent dire » et entretient le cercle vicieux de l’auto-censure.
Le déséquilibre entre sécurité et autocensure du journaliste est notamment perceptible dans le traitement des sujets liés à la drogue, aux activités des groupes terroristes et autres types de traffic illégaux.
La précarité des journalistes afghans
Si la perception de leur profession peut paraitre aux journalistes afghans plutôt positive grâce aux types de contrats satisfaisants pour la majorité d’entre eux (selon les rapports internes) et aux rémunérations clairement définies; Cependant de nombreux abus et une certaine précarité ont été déplorés par de nombreux professionnels.
Les pressions exercées par les patrons de presse sur leurs employés sont monnaie courante et se nourrissent des flous juridiques qui recouvrent de nombreux contrats. Les recours en justice sont très souvent empêchés, situation qui renforce encore la difficulté pour les journalistes de travailler sereinement. Nombreux sont les journalistes et reporters basés en Afghanistan qui ont fait face à des licenciements abusifs de la part de leur patron.
Dépendance financière des médias afghans
L’indépendance des médias en Afghanistan est rendue impossible par le lien de dépendance qui lie la plupart d’entre eux aux aides venues de l’étranger, issues de certains parties d’opposition nationaux ou même instrumentalisés par des puissances étrangères.
Le “donateur” assorti souvent son financement d’un agenda de sujets à traiter par le journal bénéficiaire, desservant ainsi l’intérêt général pour le profit particulier. Les médias ayant des difficultés financières licencient leurs équipes ou sont obligés de fermer leur rédaction.
L’exil des journalistes
Selon le NAI SOMA plus de 300 journalistes ont fui l’Afghanistan pour l’Europe en 2015 suite aux violences sur le terrain. On observe ainsi des départs en groupe de 15 ou 20 professionnels des médias accompagnés de leurs familles.
La violence de l’exil s’ajoute aux précédentes. Ainsi en 2016, le photo-journaliste Feroz Muzafar et sa famille ont péri aux larges des côtes turques dans un dernier espoir de rejoindre l’Europe, grossissant les rangs des journalistes afghans morts pour leur métier.
EN SAVOIR PLUS SUR CE THÈME
2019 – La liste des 10 journalistes et collaborateurs tués en Afghanistan
/dans Moyen et Proche Orient, Tribune Libre /par Riaz AhmadParallèlement, Reporters sans frontières (RSF) a reconnu dans son rapport annuel que l’Afghanistan était le troisième pays dangereux pour les journalistes en 2019 dans le monde mais en ne recenssant la mort que de six journalistes et travailleurs des médias.
Les talibans et l’État islamique (EI) sont très impliqués dans ces attaques contre le journalisme et le personnel des médias en Afghanistan. ils ont visé le journaliste dans le but de faire taire la liberté de la presse et sans peur.
Qui sont les victimes?
Le premier décès d’un journaliste en 2019 s’est passé en Afghanistan
Le premier décès d’un journaliste en 2019 dans le monde en 2019 a été enregistré en Afghanistan. Javid Noori, 27 ans, fut la première victime des crimes contre les journalistes.
Nom: Javid Noori
Travail: Citizen-journalist pour Radio Neshat
Comment ? Meurtre
Par qui ? Taliban
Où ? Province de Farah
Quand ? 5 Janvier 2019
Nom: Rahimullah Rahmani
Travail: Presentateur à Hamsada Radio
Comment ? Meurtre
Par qui ? Inconnu
Où ? Ville de Taliqan dans la province de Takhar
Quand ? 5 février 2019
Nom: Shafiq Aria
Travail: reporteur à Hamsada Radio
Comment ? Meurtre
Par qui ? Inconnu
Où ? Ville de Taliqan dans la province de Takhar
Date: 5 février 2019
Nom: Sultan Mahmoud Khirkhwa
Travail: journaliste à Zhman TV channel
Comment ? Meurtre
Par qui ? ISIS (=Daesh)
Où ? Khost City
Date: 15 mars 2019
Nom: Meena Mangal
Travail: présentatrice des journaux d’information à la télévision Lemar TV
Comment ? Meurtre
Par qui ? Des hommes armés inconnus
Où ? Kabul
Quand ? 11 mai 2019
Nom : Sakhi Baluch
Travail : Technicien de State TV
Comment ? Meurtre
Par qui ? Un inconnu
Où ? Trinkut, province de Zabul
Date: 12 juin 2019
Nom : Abdul Raouf Emalzai
Travail : Fixeur, accompagnateur et sécurité pour Shamshad TV
Comment ? Meurtre
Par qui ? Taliban
Où ? Kabul
Date: 1 Juillet 2019
Nom: Nader Shah Sahibzada
Travail: Présentateur et producteur à la radio « Voice of Gardiz »
Comment ? Meurtre
Par qui ? Des inconnus
Où ? Gardiz dans la province de Paktia
Date: 13 juillet 2019
Nom: Abdul Hamid Hotaki
Travail: présentateur à Hewad Radio
Comment ? Sauter dans une mine
Par qui ? Taliban
Où ? Province de Kandahar
Date: 25 septembre 2019
Nom: Waheed Mujda
Travail : écrivain, rédacteur et analyste politique
Comment ? Assassinat
Par qui ? Des inconnus armés
Où ? Kabul
Quand ? 20 novembre 2019
Articles d’Hafiz Ahmad Miakhel
10 journalists and media workers killed in 2019 in Afghanistan
/dans English Version /par Riaz AhmadAt the same time, Reporters without Borders (RSF) in its annual report recognized Afghanistan the third dangerous country for journalists in 2019 in the world by killing of six journalists and media workers.
Taliban and Islamic State (ISIS) who involved in crimes against humanity are the most responsible for the attacks on Journalist and media staff in Afghanistan. they targeted the Journalist aimed at silence press freedom and fearless.
Who are the victims?
The first death of 2019 world wide
The first death of a journalist in 2019 word wide registered in Afghanistan. 27 years old Javid Noori was the first journalist killed by Taliban in 2019 in the world.
Name:Javid Noori
Job: citizen-journalist for Radio Neshat
Type of death: Murdered
By: Taliban
Location: Farah Province
Date: 5 January 2019
Name: Rahimullah Rahmani
Job: Presenter, Hamsada Radio
Type of death: Murdered
By: Unkown
Location: Taliqan, Takhar provine
Date: 5 Feb 2019
Name: Shafiq Aria
Job: reporter, Hamsada Radio
Type of death: Murdered
By: Unknown
Location: Taliqan, Takhar province
Date: 5 Feb 2019
Name: Sultan Mahmoud Khirkhwa
Job: Journalist, Zhman TV channel
Type of death: Murdered
By: ISIS
Location: Khost city
Date: 15 March 2019
Name: Meena Mangal
Job: former TV presenter at Lemar TV
Type of death: Murdered
By: unknown gunmen
Location: Kabul
Date: 11 May 2019
Name: Sakhi Baluch
Job: Technician, State TV
Type of death: Murdered
By: Unkown
Location: Trinkut, Zabul province
Date: 12 June 2019
Name: Abdul raouf Emalzai
Job: Security guard, Shamshad TV
Type of death: Murdered
By: Taliban
Location: Kabul
Date: 1 July 2019
Name: Nader shah Sahibzada
Job: Presenter/producer, Radio (Voice of Gardiz)
Type of death: Murdered
By: Unkown
Location: Gardiz, Paktia province
Date: 13 July 2019
Name: Abdul Hamid Hotaki
Job: presenter at Hewad Radio
Type of death: mine blast
By: Taliban
Location: Kandahar Province
Date: 25 September 2019
Name:Waheed Mujda
Job: writer and political analyst
Type of death: assassination
By: unknown gunmen
Location: Kabul city
Date: 20 November 2019
Articles d’Hafiz Ahmad Miakhel
Les graves dérives de la diplomatie américaine en Afghanistan
/dans Moyen et Proche Orient, Tribune Libre /par Bahram RawshangarEchanges d’otages
Peut-il être possible d’obtenir un accord de paix sans le gouvernement afghan?
Militairement, aucun adversaire ne peut gagner cette guerre.
Les Etats-Unis affaiblissent le gouvernement afghan
Si les troupes américaines quittent l’Afghanistan, il y aurait un manque du pouvoir poussant le pays au bord du chaos et une guerre ethnique.
1) Une diplomatie unilatérale: l’approche récente de la diplomatie américaine a isolé le gouvernement, qui est pourtant le pouvoir légitime dans le pays. De ce point de vue, les négociateurs américains se rapprochent aux idées pakistanaises et celles des Talibans qui voudraient délégitimer l’autorité à Kaboul élue dans un processus démocratique.
Le gouvernement et les politiciens considèrent les Talibans comme un groupe armé qui doit s’intégrer dans le système démocratique construit après 2001, mais les responsables de Talibans ont réussi à convaincre les diplomates américains, notamment Khalilzad, de redéfinir la constitution et construire un gouvernement à nouveau en faveur d’un système qui limite la démocratie.
Khalilzad a aussi négocié le retrait de troupes américaines alors qu’il existe un accord stratégique signé en 2014 entre le gouvernement afghan et celui des Etats-Unis, par conséquent, c’est Kaboul qui décide légitiment sur la relation bilatérale en long ou en court terme avec Washington. Si les troupes américaines quittent l’Afghanistan, il y aurait un manque du pouvoir poussant le pays au bord du chaos et une guerre ethnique.
2) Le résultat rapide: l’agenda américain est désigné pour l’élection présidentielle de 2020 et Trump veut se montrer aux américains comme gagnant de la guerre en Afghanistan. Donc l’administration de Trump désire avoir un résultat à n’importe quel prix. Alors que cette stratégie semble fragiliser davantage la situation au long terme.
Les groupes d’Al-Qaeda sont présents dans la région et Daech est en recherche d’un territoire pour se renforcer et se stabiliser après une défaite en Syrie et en Iraq. Le retrait des troupes américaines créera un manque de pouvoir en faveur des groupes terroristes.
L’Afghanistan peut devenir un terrain de compétition entre ces différents groupes.
Les vrais combattants sont les Afghans qui payent le prix de cette guerre.
3) L’exclusion des acteurs internes: Khalilzad pense que la guerre en Afghanistan est un problème que seul les Etats-Unis peuvent résoudre. Donc la négociation avec les Talibans est un projet américain.
Les vrais combattants sont les Afghans qui payent le prix de cette guerre. Le gouvernement et les institutions non gouvernementales sont toujours exclus de négociation avec les Talibans. Le gouvernement, les partis politiques et la société civile, ce sont eux qui déterminent la direction et de leurs pays.
Une politique américaine en Afghanistan au détriment des droits de l’homme
Depuis les premières rencontres en octobre 2018, les afghans ne sont pas au courant de ce qui se passe entre Khalilzad et les Talibans. Les Talibans ne sont pas seulement ennemis de l’armée afghane mais aussi l’ennemi de la démocratie, de la liberté individuelle, des médias et de tous les principes qui fondent une société démocratique.
L’administration Trump sous-estime le rôle de tous ceux qui battent pour la démocratie, des droits de l’homme et le plus important, pour les victimes de guerre, dans les négociations qui déterminent le futur de leurs avenirs.
La voix des femmes, des jeunes et des militants des droits de l’homme et leurs visions sont absents de la doctrine américaine concernant la guerre en Afghanistan. La doctrine américaine pour l’Afghanistan semble unilatérale, exclusive et loin de la réalité de la société afghane. Elle ne prend pas en compte les rôles des acteurs principales – le gouvernement, la société civile et les dirigeants ethniques- dans le conflit actuel.
La divergence d’opinion entre le gouvernement afghan et les américains à propos de la guerre et de la paix rendent difficile la réalisation d’un accord qui représenterait équitablement les intérêts des Etats-Unis et d’Afghanistan.
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En Afghanistan, 9 journalistes sont morts en 2019 Actualisation de l’article daté du 1er aout 2019 En juillet 2019, 37 cas de violence contre les journalistes
Les Talibans imposent toujours la terreur en Afghanistan
/dans Liberté d'informer, Moyen et Proche Orient /par Eliott AUBERTQuelles sont les divergences entre le gouvernement afghan et les talibans durant la médiation américaine?
Un processus de paix a débuté en septembre 2018 au Qatar à Doha. Durant ces pourparlers, les talibans maintiennent leurs positions : ils exigent le retrait total des troupes américaines du sol afghan et souhaitent établir un émirat islamique afin de remplacer la république islamique d’Afghanistan.
Ils disent se battre pour la liberté du pays et de sa population. Ils affirment que leur pays n’a pas besoin d’aide d’autres pays non-musulmans comme les Etats-Unis. Je pense que les talibans ne changeront jamais, c’est un groupe extrémiste. Ils ont été au pouvoir entre 1996 et 2001 et ce fut une très mauvaise expérience.
Les talibans reflètent un passé et un présent noirs pour l’Afghanistan. Ils continuent de tuer des soldats et des innocent, ils ne croient pas aux droits de l’Homme. Le peuple afghan ne veut plus des talibans au pouvoir. Au contraire, le gouvernement afghan se base sur les aides des organisations internationales. Il considère que l’Afghanistan a besoin de cette présence de troupes étrangères. Cela lui permet de se développer au niveau économique et politique. Le gouvernement croit en l’alliance avec les Etats-Unis.
Cependant, le processus de paix manque de cohérence, le gouvernement afghan est exclu.
Quelle a été la portée des élections présidentielles du 28 septembre?
Deux principaux candidats se sont présentés pour ces élections. L’actuel président afghan, Ashraf Ghani, et son chef de l’exécutif, Abdullah Abdullah.
Les deux hommes politiques ont chacun leur tour annoncé leur victoire. La situation devrait donc se muer en un conflit entre les deux camps: lorsqu’un des deux candidats va gagner, l’autre rejettera les résultats. Il s’agit du même problème qu’en 2014. Les deux mêmes candidats revendiquaient la victoire. Les Etats-Unis sont donc intervenus. Ils ont partagé le pouvoir en deux.
Durant les cinq années suivante, il n’y a eu aucune coordination entre les deux et le système s’est bloqué. Depuis, la situation du pays ne fait qu’empirer.
En 2014, davantage de personnes ont participé aux élections qu’en 2019. Les situations économiques, sociales et politiques se sont, elles aussi, dégradées. Aujourd’hui, les deux parties rejettent l’idée de reproduire cette situation.
« Si ces pays se coordonnent et souhaitent réellement une paix durable en Afghanistan, nous y arriverons. »
Ce sont les quatrièmes élections présidentielles depuis la chute des talibans en 2001. Les élections du 28 septembre n’ont toujours pas rendu leur verdict.
La commission électorale d’Afghanistan annonce leur publication pour le 14 novembre. L’abstention est apparue comme la plus grande difficulté. Neuf millions de personnes sont inscrites, et seulement deux millions sont allées voter.
Cette situation découle de l’insécurité omniprésente en Afghanistan. Les talibans ont attaqué plusieurs bureaux de votes. L’insécurité perdure depuis 40 ans.
Selon l’ONU, plus de 20 groupes terroristes sont enregistrés et se battent contre le gouvernement afghan, tuent des civils, des personnes innocentes. Malgré un processus de paix, les combats continuent. D’après les Etats-Unis, l’Afghanistan est l’un des pays les plus meurtriers en 2018, devant la Syrie et le Yemen. C’est un réel problème pour la population.
Il y a aussi d’autres challenges. La fraude et la corruption amplifient la défiance de la population vis-à-vis de la classe politique. Il n’y a aucune transparence.
Copyright Muhammed Muheisen
Quel est l’impact de cette instabilité sur l’émigration?
Dans les quatre dernières décennies, des millions de gens ont quitté le pays à cause des violences.
Plus de 7 millions de réfugiés afghans sont demandeurs d’asile. 90 % d’entre eux vivent au Pakistan et en Iran.
Le gouvernement essaye donc de retenir cette jeune génération. C’est essentiel pour le bon développement du pays. De plus, leur situation est très mauvaise dans certains pays. Des millions d’afghans n’y sont pas enregistrés. Certains vivent dans des camps, n’ont pas accès à l’éducation, aux soins médicaux, aux besoins vitaux. Parfois, les relations sont tendues entres les réfugiés et les populations locales ainsi qu’avec la police.
Quel est pour vous, le meilleur chemin pour restaurer la paix ?
Je pense que la guerre prendra fin quand les deux camps (le gouvernement afghan et les talibans) négocieront ensemble, avec l’aide des Etats-Unis.
Le gouvernement afghan fait entièrement partie de cette guerre. Des centaines de milliers de civils et des milliers de soldats afghans ont été tués. Les talibans refusent les négociations avec le gouvernement afghan. Ils ne négocient qu’avec les Etats-Unis.
Par ailleurs, nous sommes en conflit depuis quatre décennies. Pour avoir un pays en paix dans le futur, il faut une coopération régionale et internationale. Certains pays ne sont pas honnêtes dans le combat contre les terroristes en Afghanistan. Tous ces pays ont des intérêts là-bas. La position du pays est très stratégique. Il y a une grande compétition entre les grandes puissances (Chine, Russie, Iran, Etats-Unis). Si ces pays se coordonnent et souhaitent réellement une paix durable en Afghanistan, nous y arriverons.
Articles d’Hafiz Ahmad Miakhel
Afghanistan: six premiers mois sanguinaires pour les journalistes
/dans Liberté d'informer, Tribune Libre /par Riaz AhmadEn Afghanistan, 9 journalistes sont morts en 2019
Actualisation de l’article daté du 1er aout 2019
En juillet 2019, 37 cas de violence contre les journalistes en Afghanistan ont été déclarés.
3 meurtres – 8 blessés – 11 arrestations – 12 menaces et insultes
Ces derniers chiffres montrent une augmentation significative de la violence contre les journalistes afghans dans leur pays. Lors d’une conférence de presse à Kaboul, le comité afghan de sécurité des journalistes souhaite que le gouvernement afghan prenne toutes les mesures possibles pour prévenir la violence contre les journalistes.
Déjà 35 cas de violence en 2019 contre les journalistes et le personnel des medias enregistrés par Nai Media Institute en Afghanistan. Le décompte ne s’arrête pas là et il est sanglant : six meurtres, six blessures graves, dix-sept menaces et insultes. Il y a aussi des actions terroristes : trois attaques contre les médias et une explosion à la voiture piégée.
Ces attentats se pratiquent par vague : les forces de sécurité et médicales accourent pour secourir les journalistes ayant réchappés à l’attentat. C’est le moment choisi pour déclencher une deuxième bombe. Cette scène s’est déroulée à Kaboul l’année dernière : 9 journalistes avaient été tués dans ce double attentat du 30 avril 2018.
Récemment, les Talibans ont lancé de nouvelles menaces contre les médias en Afghanistan, en demandant l’arrêt immédiat des publicités pro-gouvernement. Être journaliste dans un pays ravagé par la guerre et les luttes intestines représente un danger permanent. Les Talibans et l’Etat Islamique sont responsables des crimes contre les journalistes et ceux qui accompagnent les journalistes. Les Talibans ont décidé que les journalistes afghans étaient dorénavant leur cible privilégié.
Janvier
Afghan Journalist Javid Noori
Javid Noori est le premier journaliste tué dans le monde en 2019. C’était le 5 janvier. Voyageant dans un bus, il a été tué lors d’un barrage routier à Frarah, une province dans l’ouest du pays où il travaillait pour Neshat Radio, une radio locale. Javid Noori avait 27 ans.
Février
Local journalists Shafiqullah Arya and Rahimullah Rahmani
En février, deux autres journalistes sont tués par balle dans Takhar, une province dans le nord de l’Afghanistan.
Shafiqullah Arya et Rahimullah Rahmani ont été tués par deux inconnus qui sont entrés dans les bureaux de Radio Hamsada, une station de radio basée en Taloqan, ville située dans le nord ouest de l’Afghanistan. Comble de l’horreur, ils ont étés tués lors de leur émission, pendant qu’ils étaient en direct à la radio.
Mars
View of Sultan Mahmood Khairkhwas tomb in Southern Khost province of Afghanistan
Sultan Mahmood Khairkwa, journaliste afghan pour Zhman TV est mort des complications après qu’il est reçu une balle dans la tête par des hommes armés se revendiquant de l’Etat Islamique.
Un autre journaliste est mort ce même mois de mars, il s’agit de Nisar Ahmad Ahmadi. Journaliste afghan, il voulait se rendre à son travail en prenant sa voiture. Mais sa voiture a explosé, piégée par une bombe. Cette fois-ci, c’était dans le sud de l’Aafghanistan. Nisar Ahmad Ahmadi travaillait avec la chaine de télévison Sabawoon.
Avril
Cette fois-ci, un homme armée a attaqué le radio journaliste, Imran Lemar. Lemar travaillait pour Mazal radio. Il a été blessé par balle par un homme armé inconnu dans la grande ville de l’est, Jalalabad, le 25 avril.
Ce même mois d’avril, le rédacteur en chef du média 1TV, Abdullah Khanjani, était frappé ou plutôt battu par les gardes du corps de la protection présidentielle. Cet événement s’est passé à Kaboul, la capitale.
Mai
Meena Mangal presenting TV show in local TV in Kabul
Contrairement à une idée reçue, de nombreuses femmes sont journalistes en Afghanistan. Elles ne sont pas épargnées.
C’est le cas de Meena Mangal, tuée à Kaboul alors qu’elle se rendait à son travail. Sa famille a imploré le gouvernement de mettre en place une enquête pour retrouver les assassins.
Loin de la violence, Meena Mangal était amatrice de poèsie, voici son ultime poème.
Les chefs d’Etat du monde entier, dont le canadien Justin Trudeau, ont demandé qu’on se souvienne de Meena Mangal come une journaliste à l’intégrité totale qui s’est battue toute sa vie pour les droits des femmes d’Afghanistan, quelle que soit leur âge.
Meena Mangal travaillait à Tolo TV, le plus grand diffuseur privé d’Afghanistan, mais aussi pour d’autres médias. Elle était aussi conseillère culturelle à la chambre basse du parlement national d’Afghanistan.
Juin
AFJC Shaki Baluch
Selon les médias afghans, le journaliste Shaki Baluch a été tué au Zabul, la province du sud d’Afghanistan, par des hommes armés. De plus, 7 employés de Shamshad TV ont été blessés dans une attaque.
Si ce début d’année sanglant pour les journalistes afghans ne choque plus l’opinion mondiale, l’appel des insurgés à tuer le plus possible de journaliste devrait attirer l’attention. Mais attention à ne pas oublier les nombreux blessés. Entre les enlèvements, les passages à tabac, les insultes, les humiliations et les blessures volontaires, être journaliste en Afghanistan c’est vivre dans la peur permanente.
De plus, nous pouvons constaté que les crimes contres ces journalistes sont dans l’ensemble du pays et non pas circonscit à une ou deux régions.
Pourtant, le gouvernement a pris des engagements répétés pour assurer la protection des journalistes. En 2018, avec 15 journalistes tués, l’Afghanistan était reconnu comme le pays le plus meurtrier pour les journalistes dans le monde. 2019 repart sur les mêmes bases.
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Dans les pays développés, démocratiques, et dans la plupart de ceux qui aspirent à l’être, les urnes constituent une sorte de blanchisserie de la démocratie. Elles « nettoient » et accouchent, en principe, du propre pour donner des nouveaux habits à la République, un nouvel élan. C’est tout le contraire pour l’Afrique qu’elles habillent d’un accoutrement cachant contestations et violences meurtrières. En témoignent, singulièrement, les résultats de récentes élections au Niger, en Guinée Conakry et en Côte-d’Ivoire.
Figure révolutionnaire africaine, Thomas Sankara (1947-1987) est considéré comme le « père de la révolution » au Burkina Faso (ancienne république de Haute-Volta). Président du Conseil national révolutionnaire et chef de l’État de facto pendant quatre ans (1983 – 1987), il est assassiné le 15 octobre 1987. A ce jour, plusieurs zones d’ombres persistent concernant […]
La loi « Sécurité Globale » est beaucoup critiquée par les défenseurs de la liberté de la presse à cause de l’article 24 qui sanctionne la diffusion “malveillante” de l’image des policiers notamment lors de manifestations. Qui va décider quelle diffusion est “malveillante” ? On peut juger une intention plutôt que des actes beaucoup plus […]
Plus d’une trentaine d’actes d’assassinats, environ une vingtaine d’enlèvement contre rançon ont été recensés depuis le commencement de l’année 2020. Des cas de trafic d’organes ont été egalement constatés. Malgré ce carnage, le président d’Haiti Jovenel Moise invite la diaspora à venir fêter Noël avec leur proche. L’année 2020 est un moment de deuil qui […]
En 2019, le sénateur haïtien Jean-Marie Ralph Fethière a tiré plusieurs coups de feu en direction d’un photojournaliste. Loin d’être des coups tirés en l’air, il a touché le photojournaliste au niveau de la mâchoire. Voilà un fait qui résumé la situation actuelle d’Haïti. Pour honorer la mémoire des journalistes assassinés dont les auteurs sont […]
Pour avoir diffusé les opérations de dépouillement de vote en direct (dans un contexte de fraude massive), la Haute Autorité de la Communication a suspendu le site d’information Guinéematin.com pour un mois. C’est une décision lue dimanche soir sur les ondes des médias d’État. Le fondateur du site, dans une interview accordée à l’émission les […]
Abus des lois, menaces de mort, corruptions et salaires de misère, les journalistes malgaches peinent à faire leur métier dans de bonnes conditions malgré les interventions des ONG. Madagascar dispose d’un large éventail de médias, dont près de 250 stations de radio, une trentaine de chaînes de télévision, une vingtaine de quotidiens, une dizaine de […]
Un article co-écrit par Eliott AUBERT et Alexandre GARNIER pour l’Oeil MDJ. Officiellement présente en République Centrafricaine, officieusement omniprésente dans les médias, la Russie développe un nouveau réseau en Centrafrique depuis trois ans. Moscou met en place des campagnes médiatiques agressives en faveur de ses intérêts dans le pays. Enquêter sur ces nouveaux réseaux expose […]
Selon le troisième rapport de la Cour supérieure des Comptes sur la gestion du fonds Petrocaribe publié le 12 août 2020, la corruption au sein des administrations publiques est à son plus haut niveau ! Cette fois, la corruption s’est attaché aux programmes d’aides sociales et éducatives ainsi qu’à des travaux d’infrastructure et de réhabilitation. […]
Aucune déclaration n’a encore été faite pour garantir les droits de presse depuis l’arrivée des militaires au pouvoir. Les journalistes maliens espèrent malgré tout une amélioration de leurs conditions de travail. Au mois de juin 2020, un mouvement de contestation au président Ibrahim Boubacar Keïta éclate dans les rues de Bamako. La tension atteint son […]
La contestation se déroulant actuellement au Bélarus relance le débat de la liberté de la presse. La couverture inégale des élections par les médias publiques ont poussé de nombreux journalistes à quitter leur poste et parfois même à rejoindre le mouvement d’opposition au président Loukachenko. Au moment des élections du 9 août, l’attention internationale s’est […]