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Le geste de Hollande et les tyrans africains

[Par Jean-Jules LEMA LANDU] 

François Hollande a décroché pour un second mandat, en 2017. Il ne se représentera pas à sa propre succession. L’annonce a fait grand bruit, en France, jeudi 1er décembre. Tout comme elle n’a pas manqué de créer la surprise, ailleurs dans le monde. Quel sera l’impact de ce geste sur les tyrans africains, partisans de la « monarchie présidentielle » ?

François Hollande au Sommet de la Francophonie à Madagascar le 26 novembre 2016. Crédits photo : Elysee.fr

François Hollande au Sommet de la Francophonie à Madagascar le 26 novembre 2016.
Crédits photo : Elysee.fr

Dans les pays démocratiques, on en a vite conclu à une « démarche politique courageuse », qui ennoblit davantage la notion de démocratie. Car, l’impopularité que connaît le quinquennat finissant du président Hollande, pour l’honneur, n’avait pas un autre levier que de pousser celui-ci vers la sortie.

Pourtant, le renoncement au fauteuil présidentiel, quelles qu’en soient les raisons, est un cas rarissime. Car, en l’espèce, c’est renoncer aux nombreux privilèges exceptionnels que confère cette fonction qualifiée de « magistrature suprême ». Parmi ceux-ci, citons la puissance et l’honneur, notamment, pour lesquels l’Histoire a vu couler des rivières de sang !

En France même, les commentaires continuent d’aller bon train. Ils sont de deux ordres : d’un côté, il y a ceux qui pensent que le geste du président de la République est empreint de « lucidité », témoignages émanant des leaders de gauche ; de l’autre, ceux qui ravalent ce geste, jusqu’à le qualifier « d’aveu terrible d’échec ». Ces derniers propos sont le fait de l’opposition.

Depuis, quelles ont été les réactions émises par l’Afrique politique ? Elles y sont, naturellement, absentes, sinon évasives. Et pour cause. Le continent demeure réfractaire à la démocratie. A l’exception de quelques Etats, à compter sur les doigts de la main, le reste somnole encore dans les brouillards de l’absolutisme.

La force des vertus démocratiques

L’exemple récent, sur les élections qui viennent de se dérouler, en cette année 2016, nous en fournit la mesure. Là où les élections ont donné l’apparence d’avoir bonne figure, l’atmosphère post-électorale s’enlise dans de vaines querelles politiciennes, comme au Burkina Faso, ou s’illustre par la question de vengeance personnelle, comme au Bénin. Autrement, comme ce fut le cas au Gabon, au Congo/Brazza et au Tchad, où la transparence a fait défaut, on s’attend plutôt au pire : révoltes, rébellions, guerres civiles…

Globalement, le résultat est tellement maigre, au point d’exclure l’octroi d’une simple « cote d’amour », c’est-à-dire cette appréciation basée uniquement sur l’affectif.

Le renoncement du président français peut-t-il avoir le don d’appeler les tyrans à la modestie autant qu’à la réflexion sur les méfaits de la dictature ? Rien n’est moins sûr quand l’exemple de Mandela, un Africain, ne leur a pas inspiré le modèle à suivre. En Afrique du Sud même, pays de cette icône politique, la démocratie est à la peine. Certains analystes parlent du « chaos » de ce pays, relégué déjà au grenier sur le plan économique, laissant sa place de premier rang au Nigéria.

Jacob Zuma, président de l'Afrique du Sud Crédits photo : Reuters

Jacob Zuma, président de l’Afrique du Sud
Crédits photo : Reuters

C’est donc peine perdue ? Que non. Si Goebbels, l’Allemand, disait, pour asservir les peuples : « Un mensonge souvent répété devient vérité pour les peuples », pourquoi pas ne pas penser, en parallèle, que « la répétition des vertus démocratiques finira par vaincre les dictateurs ? ». En dépit de la lenteur qui caractérise l’éveil des peuples africains ?

En témoigne le résultat de la présidentielle, en Gambie, vendredi 2 décembre. A la surprise générale, c’est l’opposant Adema Barrow, 51 ans, qui en est sorti vainqueur. Il a engrangé 45,6 % des suffrages contre 36,7 % attribués au dictateur Yahya Jammet. Un des pires autocrates de l’Histoire contemporaine – illuminé, mégalomane et cruel -, qui a dirigé le pays de main de fer pendant 22 ans.

Qui y croirait ? Fini, le slogan « Jamais sans Jammet » !

 

 

Appel contre la visite en France de Raúl Castro

[Par Jesus ZUNIGA, en collaboration avec Jacobo MACHOVER et Laurent MULLER]

Le dictateur cubain Raúl Castro, invité par François Hollande, sera en visite officielle à Paris à partir du 1er février 2016. Président du Conseil d’Etat, du Conseil des ministres et premier secrétaire du Parti communiste, Général d’armée (quelques-unes de ses fonctions officielles), le frère cadet de Fidel Castro est un tyran de la pire espèce, qui exerce le pouvoir depuis 57 ans, bien plus d’un demi-siècle.

Raul Castro (source : globalresearch.ca)

Raul Castro (source : globalresearch.ca)

Raúl Castro est celui qui, dès la prise du pouvoir, en janvier 1959, fait, le premier, fusiller des dizaines de prisonniers en une seule nuit à Santiago de Cuba après un « procès » inique de moins d’une demi-heure. Tout au long de son mandat à la tête des Forces armées et de la répression interne, il fait exécuter, emprisonner, et pousse à l’exil des dizaines de milliers d’opposants, d’accord avec son frère et Che Guevara, par le biais des tristement célèbres « Tribunaux révolutionnaires » et autres juridictions militaires, toujours en activité. Il en est ainsi lorsque le gouvernement décide de se débarrasser de potentiels rivaux, comme lors du « procès Ochoa » en 1989, lorsque des officiers supérieurs sont passés par les armes, ou quand des jeunes voulant abandonner le pays sont condamnés à mort en 2003, lors du « printemps noir », après une parodie de procès. Il est aussi l’homme qui fait abattre, en 1996, des avions de tourisme pilotés par des exilés, dont la mission était de porter secours aux innombrables fugitifs en mer, les balseros, qui tentent de quitter Cuba au péril de leur vie.

Oswaldo Payá (source : nytimes.com)

Oswaldo Payá (source : nytimes.com)

En 2012, Raúl Castro étant alors chef de l’État, l’un des dirigeants de l’opposition, Oswaldo Payá, prix Sakharov pour les droits de l’homme, et le militant Harold Cepero, sont victimes d’un « accident » de la route -sans doute l’œuvre des sbires du pouvoir- qui provoque leur mort. Toute opposition continue à être harcelée et réprimée. Pas un jour ne passe sans son lot d’intimidations, de passages à tabac, de détentions arbitraires, d’humiliations et de condamnations contre tous ceux qui sortent de la ligne officielle.
Pourtant, malgré ce bilan des plus obscurs, l’administration américaine du Président Barack Obama a initié, en décembre 2014, un rapprochement qui a conduit au rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays et à de multiples gestes d’amitié dans le but de convaincre le Congrès, à majorité républicaine, de voter la levée de l’embargo. En échange, Raúl Castro, malgré quelques mesures visant à une libéralisation en trompe-l’œil de l’économie de Cuba, n’a fait que renforcer la répression.

Hollande et Castro à l'Havana, 2015 (source:  dailymail.co.uk)

Hollande et Castro à l’Havana, 2015 (source: dailymail.co.uk)

François Hollande s’est engouffré dans la brèche, allant même au-delà en rencontrant à La Havane, en avril 2015, un Fidel Castro réduit à l’état de vieillard gâteux. Il oubliait, ce faisant, ses déclarations passées condamnant sans ambages, en 2003, « un pouvoir personnel, voire dynastique, refus d’élections libres, censure, répression policière, enfermement des dissidents, camps de travail, peine de mort, bref, l’arsenal complet d’une dictature ». Celle-ci est toujours en place. Son but est de se perpétuer à l’infini en portant aux postes-clés du pouvoir les héritiers de la famille Castro qui ne se cachent même pas lorsqu’ils profitent des plaisirs « capitalistes » à l’étranger (vacances méditerranéennes sur des yachts de luxe, par exemple), affichant leur indifférence totale au sort d’un peuple soumis au rationnement et à la répression.
Les plus cyniques ou naïfs continuent à justifier la perpétuation de ce régime par des avancées dans les domaines de la santé et de l’éducation, des mesures prises il y a plus de 50 ans et dont la réalité est bien éloignée de la propagande et des résultats de pays pauvres qui ont obtenu les mêmes avancées sans ruiner l’économie et supprimer les libertés. D’autres justifient le rapprochement par des perspectives économiques, occultant la réalité d’un pays sans justice et sans aucune volonté de se développer. C’est pourquoi la dette de Cuba auprès du Club de Paris, dont la plus grande partie envers la France, a été tout simplement annulée.
Des milliers de Cubains continuent à fuir la terreur et leurs déplorables conditions de vie en traversant le détroit de la Floride ou bien -ce qui est encore plus dangereux- en s’aventurant vers d’innombrables pays d’Amérique latine, avant d’être bloqués en Amérique centrale sur leur route vers les États-Unis.
L’accueil de Raúl Castro en France n’entraînera que le renforcement de son pouvoir. C’est pourquoi nous appelons tous les démocrates à dénoncer cette invitation. Rien ne justifie ce séjour, qui est une insulte à l’idée même des droits de l’homme à Cuba et une lourde faute morale du gouvernement et du Président de la République, insensibles aux souffrances du peuple cubain et à ses aspirations à la liberté.

 

 

France – Allemagne (2-0) : la victoire du deuil

[Par Emile Zola NDE TCHOUSSI]

Le succès des Bleus, deux zéro, sur la nationalmannschaft, finalement anecdotique, a été obtenu dans un contexte d’horreur à Paris. Retour sur une soirée de vendredi 13 novembre maudite.

(source : lemonde.fr)

(source : lemonde.fr)

A la fin de la partie vendredi soir, le journaliste Keyvan Naraghi de l’Agence France Presse (AFP), assis à mes côtés en tribune de presse au Stade de France a, dans une voix teintée d’émotion, résumé cette soirée dramatique : « Même sans deux de ses leaders techniques, Karim Benzema et Mathieu Valbuena, l’animation offensive des Bleus a bien fonctionné. Mais avec ces multiples attentats sur Paris et cette sortie difficile du stade, on ne retiendra de ce match que le nombre de morts de cette triste journée … »

Comment en est-on arrivé là ? Pourrait-on se poser la question ? Vers la 17ème minute de jeu, pendant que Français et Allemands se neutralisaient sur une pelouse du Stade de France, très vite transformée en champ de patates, une forte détonation a retenti, puis une deuxième trois minutes plus tard.

Des clameurs se font entendre dans le public. Les spectateurs pensent alors qu’il s’agit d’un simple gros pétard. Le match continue sans encombre. Les Allemands sont légèrement dominateurs. Mais sur deux nettes occasions, Mario Gomez et Thomas Müller, vont se montrer maladroits face au portier français, Hugo Lloris. Poussés par leurs nombreux supporters, les Bleus ouvrent le score pendant les arrêts de jeu de la première mi-temps. Anthony Martial ayant donné le tournis à un défenseur allemand sur la ligne, avant de servir idéalement Olivier Giroud. Le stade de France exulte.

Fusillades à Paris

Pendant la pause, informé des multiples fusillades en plein Paris, le président François Hollande, qui assistait à la rencontre, est exfiltré du Stade de France. Un hélicoptère survole pendant longtemps le stade. Dans les travées, l’affaire du « chantage à la sextape » qui alimentait les commentaires avant le début de la partie, est désormais relayée au second plan. En tribune de presse, c’est l’agitation : les journalistes, grâce à la WiFi du stade, sont informés des drames qui se déroulent au Bataclan et ailleurs.
L’on appendra plus tard, que le préfet de police, a vite identifié les deux explosions comme étant des actes terroristes. Il est alors demandé à Philippe Tournon, le responsable de la communication des Bleus, et à Didier Deschamps, le sélectionneur, de ne pas informer les joueurs qui sont encore au vestiaire. Il est décidé, dans un souci de sécurité publique, de poursuivre le match.
Lors du deuxième acte, Thomas Müller trouve le poteau, à la 77 ème minute. La France, qui a une meilleure maîtrise de la partie, double la mise à la 86 ème minute, pendant qu’un hélicoptère survole le stade. André Pierre Gignac qui venait de faire son entrée, à la place d’ Olivier Giroud, a, à la suite d’un joli mouvement orchestré côté gauche par Evra et Matuidi, marqué d’un coup de tête puissant. C’est ainsi que les Bleus ont battu, sous haute tension, le champion du monde en titre en match amical vendredi dernier.

Coli suspect

A la fin de la partie, le speaker du Stade de France explique qu’il y a eu un «incident» à l’extérieur et annonce la fermeture de la sortie Est ainsi que l’accès au parking. De la tribune de presse, nous constatons que les chaînes diffusent, sans cesse, les images de la prise d’otages du Bataclan. Les joueurs regagnent les vestiaires mais s’arrêtent dans le tunnel… Une télévision diffuse les images en direct des attentats. Les Bleus sont tourmentés. Les conférences de presse des sélectionneurs sont annulées.
Plusieurs appels au calme sont lancés et les supporters quittent lentement le stade, mains en l’air ou sur la tête, passant au milieu d’un double cordon de sécurité. Les policiers, nerveux, ont tous le doigt sur la gâchette. Arrivés à la station « Plaine-Stade de France», vers 23h30, sur la ligne du Rer B, des centaines de supporters, certains drapeau bleu-blanc-rouge en main, font demi-tour pour une autre raison. Les agents de sécurité de SNCF annoncent « un coli suspect » à la gare du Nord. Tous les transports publics sont à l’arrêt. Ce mouvement de foule fait refluer une partie des spectateurs à l’intérieur du stade, la pelouse et les alentours du stade deviennent alors le lieu d’attente pour des centaines d’entre eux.
Au petit matin de samedi 14 novembre, Paris est une ville en deuil. La gare du Nord, habituellement très bondée, est quasi déserte. Vers 6h, sur la ligne 4, le conducteur « pour des raisons de sécurité » est contraint de sauter la station Strasbourg Saint-Denis. L’on appendra de sources sûres, selon un dernier bilan, que les multiples attentats de Paris est de 129 morts et 352 blessés dont 99 se trouvent dans « une urgence absolue »; que les Bleus «choqués» ont été évacués du stade à 2h55 en direction de Clairefontaine; que les Allemands, également «offusqués» ont passé la nuit dans les vestiaires et ont regagné l’aéroport directement au petit matin. Enfin, le match amical Angleterre-France, ce mardi à Wembley, longtemps incertain, est maintenu.

Climat et défense : des enjeux essentiels

[Par Mortaza BEHBOUDI]

En amont de la COP21 qui se déroulera à Paris à compter du 30 novembre prochain, le 14 octobre 2015 à l’École Militaire de Paris, le ministère de la Défense a organisé, avec le soutien du Sénat, une conférence internationale sur les enjeux des changements climatiques en matière de sécurité internationale et leurs impacts sur les politiques de défense des États.

Ségolène Royal

Ségolène Royal

Cette conférence a notamment réuni de nombreux ministres de la défense issus de l’ensemble des régions du monde, de hauts responsables des organisations internationales et régionales ainsi que des parlementaires et des experts académiques.
Selon le Président François Hollande : « La lutte contre le dérèglement climatique est le défi de ce siècle. La France se mobilise pour la COP21 et je me réjouis de cette première rencontre sur les enjeux de lutte contre le réchauffement climatique qui réunit un si grand nombre de ministres et hauts représentants venant de tous les continents. J’y vois le signe d’une prise de conscience de la communauté internationale qui se transforme aujourd’hui en volonté d’action»

Laurent Fabius

Selon le Président français « Le constat est clair : le dérèglement climatique amplifie les risques de crises au niveau international. Mais la réflexion sur ces questions doit être approfondie, notamment sur la contribution des ministères de la Défense aux politiques de développement durable. Je forme le vœu que se constitue une chaîne internationale entre ministères de la Défense sur les questions climatiques et de sécurité pour développer des coopérations a un bon niveau. »
Les événements climatiques extrêmes et la sécurité des hommes
Selon le ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian : « Certaines régions sont plus particulièrement touchées par des catastrophes climatiques extrêmes, qui sont de plus en plus fréquentes et intenses en raison des effets du réchauffement climatique. Selon les pays et les régions, il peut s’agir de grandes tempêtes, d’ouragans, d’inondations, de sécheresses, de vagues de chaleur ou d’incendies de forêt – toutes les catastrophes naturelles qui affectent directement la sécurité des humains et des milieux ruraux et urbains dans lesquels nous vivons. IMG_3347Certaines zones vulnérables, en particulier les zones urbaines et côtières, peuvent donc être particulièrement touchées par ces phénomènes extrêmes et avoir un impact direct sur la stabilité d’un pays ou d’une région. »
Jean-Yves Le Drian a également déclaré ce qui suit : « Nos ministères de la Défense respectifs ont une responsabilité particulière car ils peuvent contribuer aux politiques publiques pour le développement durable, par le biais de l’écoconception des équipements de défense, l’efficacité énergétique, la protection de l’environnement, sur le sol national et dans les théâtres d’opérations. Je veux que ces réflexions se poursuivent » a déclaré Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense.

 

A Paris, Michel Thierry Atangana remercie François Hollande et toute la France

L’ex-prisonnier a salué l’engagement du président français pour sa libération

 

Par René DASSIE [renedassie @ sfr . fr ]

 

Libéré lundi à la faveur d’une grâce présidentielle, Michel Thierry Atangana est arrivé vendredi tôt le matin à l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle. Il a remercié la France et notamment le président François Hollande, pour la mobilisation qui a conduit à sa libération, après dix-sept de détention à Yaoundé, la capitale camerounaise, pour des détournements de fonds qu’il a toujours niés. Il souhaite désormais tourner la page et reconstruire sa vie de famille.

 

michel atangana paris 1

 

« Pour l’instant Je suis extrêmement usé mentalement, moralement. Le choc est un choc que vous ne pouvez pas imaginer. Ce n’était pas dix-sept ans dans une prison. C’était dix-sept ans dans une cellule en isolement. Pour l’instant, il faut d’abord que je retrouve intérieurement les codes de la société française que je partage totalement, pour m’exprimer de manière libre .» Il est environ 7h30 ce vendredi, lorsque Michel Thierry Atangana prononce ses premières paroles d’homme libre de retour chez lui. Nous sommes dans le pavillon des réceptions de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulles.

 

Veste sombre et chemise blanche, les traits tirés, marqué par sa longue détention, l’ingénieur financier de 49 ans, qui est sorti de prison lundi suite à un décret signé une semaine plus tôt par le président Paul Biya a dû céder à l’insistance des journalistes, pour s’exprimer. Il voulait prendre quelques jours pour se reposer et se soigner, avant de parler à la presse. Il hésite, visiblement un peu perdu, cherche ses mots. Ce qui ne l’empêche pas d’exprimer sa gratitude envers le président François Hollande. « Ce qu’a fait le président François Hollande, c’est un effort d’une haute grandeur sur le plan humain. Je dois simplement dire merci ce matin. Merci toute la France, merci à mon pays. Je suis content de revoir mes enfants, de revivre ».

 

Une heure plus tôt lorsqu’il est arrivé, aucune caméra n’a filmé sa descente d’avion, Paris ne souhaitant pas froissé davantage Yaoundé, en laissant croire qu’il s’agit de la libération d’un otage. Un véhicule officiel est cependant venu chercher l’ex-prisonnier et sa suite, certains de ses avocats et soutiens camerounais. Direction le pavillon des réceptions où a été prévu une conférence de presse. Il y a là des officiels, notamment Hélène Conway-Mouret, la ministre des Français de l’étranger et Jean-Yves Leconte, le sénateur représentant les Français établis hors de France. Il y a aussi des membres du comité qui l’a soutenu en France, dont son président Dominique Sopo et son Porte-parole Ibrahim Boubakar Keita, par ailleurs président de BDM TV. Mais il y a surtout son fils Éric, âgé de vingt-deux ans, qui a ému la France lors de ses interventions dans les médias audio-visuels.

 

Éric Atangana se jette dans les bras de son père et l’étreint longuement. Il ne peut retenir ses larmes. Il avait cinq ans lorsqu’il l’a vu pour la dernière fois, avant son départ pour le Cameroun, où il passera dix-sept ans en détention. Le jeune adulte n’a désormais qu’une idée en tête : rattraper le temps perdu, reconstruire une relation père-fils qui a été brutalement interrompu. Éric Pleure, mais il pleure de joie. « Le simple fait de le toucher, c’est indescriptible. Je suis tellement heureux de le voir, heureux pour mon petit frère qui avait un an quand il a disparu, heureux de voir ma mère heureuse, et toute la famille. C’est un grand soulagement, énormément d’émotion pour tout ce qui s’est passé. » Et d’ajouter : « C’est un combat très dur qui se termine aujourd’hui. Je suis heureux d’avoir vécu ce combat et d’avoir réussi à faire sortir mon père de prison. Je suis tellement fier de mon père. On va prendre le temps de réapprendre à se connaitre et de reconstruire cette relation père- fils. le projet c’est juste qu’il aille bien dans un premier temps. Il va prendre ses soins médicaux. »

 

Apaisement entre Paris et Yaoundé

 

Dans son intervention, Dominique Sopo revient sur les dures conditions de détention de Michel Thierry Atangana qui ont altéré son état de santé. Il rappelle que sa mère est « morte de chagrin », pendant sa détention. L’ancien président de SOS Racisme salue vivement l’engagement personnel de François Hollande qui a appelé Paul Biya plusieurs fois. Il souligne aussi le rôle de l’Onu, qui a récemment demandé au gouvernement camerounais de libéré M. Atangana. Pour sa part, cet homme qui goûte ses premiers jours de liberté veut désormais tourner la page de sa mésaventure tropicale. Il l’a souligné lors de sa brève intervention. « Je prends ma libération comme un espace édifiant qui permettrait de consolider ce qui est nécessaire pour que les relations lointaines, ancestrales entre la France et le Cameroun continue à porter des fruits. C’est pourquoi nous allons œuvrer à notre petit niveau pour que le dialogue entre les président François Hollande et Paul Biya continue à porter des fruits pour le bien des peuples français et camerounais », déclare-t-il. Le sénateur Jean-Yves Leconte abonde dans le même sens, en soulignant l’importance des relations entre les deux pays. Cependant, il plaide la cause de l’avocate Lydienne Yen Eyoum, une autre Française d’origine camerounaise emprisonnée depuis quatre ans sans jugement à Yaoundé, pour des faits de détournement de deniers publics qu’elle nie farouchement.

 

« Lors de mon passage à Yaoundé, j’ai constaté la situation de Mme Eyoum qui attend son jugement depuis des années dans ses conditions très difficiles qui atteignent à sa dignité. C’est une Française. J’espère que dans la foulée de la prise de conscience du président Biya sur la situation de Michel Thierry Atangana, l’innocence de Mme Eyoum va être établie et sa libération va être faite très rapidement », laisse-t-il entendre, avant de conclure. « Ce serait le parachèvement de cette belle séquence pour laquelle aujourd’hui nous partageons notre joie ». pour sa part, Me Dominique Tricot, un des avocats français de Michel Thierry Atangana insiste sur la réparation par le gouvernement camerounais, du préjudice que son client a subi.

 

Une séance de débriefing à huis clos avec les officiels suit la conférence de presse. Puis Michel Thierry Atangana quitte l’aéroport pour se rendre à l’hôpital du Val-de-Grâce pour des examens. Son fils dont il n’a pas lâché la main depuis leurs retrouvailles l’accompagne.

 

 

Le Comité pour Juger Duvalier dénonce la visite à Paris de Martelly et interpelle Hollande

Par Nguebla MAKAILA

La visite à Paris, jeudi 20 février 2014, du Président haïtien Michel Martelly, invité de François Hollande, a suscité l’ire et l’indignation du Comité pour Juger Duvalier composé à majorité des victimes du régime de Jean Claude Duvalier qui a régné par une redoutable dictature dans le pays de 1971 à 1986.

mnimg2Devant un parterre des journalistes et d’amis d’Haïti, Gérard Bloncourt et Paul BARON, deux responsables du Comité pour Juger Duvalier l’ancien dictateur, ont organisé une conférence de presse, le jeudi 20 février 2014 à 19heures 30 mn, au café Rally à Paris pour s’insurger contre cette visite à Paris de leur président. Le comité pour Juger Duvalier a adressé une lettre ouverte à François Hollande dans laquelle, il dénonce l’attitude négative du Président haïtien envers les actions concernant la vitale question de mettre fin à l’impunité, impunité héritée en ligne directe des trente (30) ans de tyrannie et de dictature des Duvalier père et fils. Selon les conférenciers, le Président Martelly ne fait aucun effort dans le sens de faire avancer le procès contre Jean Claude Duvalier dont le régime est accusé d’être responsable des 60.000 victimes et des délinquances financières durant son exercice au pouvoir. Il est reproché au Président Martelly de soutien essentiel à Jean Claude Duvalier et d’encourager le “Duvalirisme sans Duvalier” du système actuel.

La complaisance de la France dénoncée

Par ailleurs, Gérard Bloncourt et Paul BARON, jugent inconcevable le comportement successif des autorités françaises qu’elles soient de tendance politique de gauche ou de droite. Ils disent que la France refuse de juger Duvalier pour sa monstruosité qui constitue des véritables atteintes les plus répréhensibles des droits de l’homme à l’encontre du peuple haïtien. Selon eux, les tribunaux français se sont révélés curieusement incompétents devant toutes les procédures engagées pour juger Jean Claude Duvalier ce qui a fait que celles-ci n’ont pas abouti du fait des interférences politiques. Ils trouvent en revanche inadmissible que la France, qui est un pays des droits humains dérobe à ses obligations et continue la mascarade contre le déni des droits humains.

Complicité américaine et canadienne en Haïti relevée

Le Comité pour Juger Duvalier n’est pas passé par le dos de la cuillère pour taxer de complices les Etats-Unis et le Canada. Ils sont, quant à eux, tenus responsables pour leurs soutiens aux différents régimes qui se sont succédé à la tête du pays. Les orateurs ont dénoncé que les américains et canadiens d’empêcher à laisser émerger une démocratie triomphante en Haïti à cause des intérêts qu’ils préservent.

Espoir de juger Duvalier renaît

C’est en pleine conférence de presse qui tire à sa fin, qu’une nouvelle réjouissante est tombée. Elle est annoncée par le Comité pour Juger Duvalier qui a reçu un appel téléphonique d’Haïti selon lequel, la Cour d’Appel de Port-au-Prince, a déclaré recevables les plaintes des victimes de la dictature Duvalier . Ladite Cour d’Appel a estimé que de sérieux indices concordent sur la participation indirecte et à la responsabilité pénale de l’inculpé Jean Claude Duvalier. La conférence de presse a pris fin, avec le bon espoir, pour le Comité pour Juger Duvalier qui affirme qu’il ne cherche pas une vengeance mais que ce procès serve d’une sorte de thérapeutique de voir un jour juger Jean Claude Duvalier, bourreau du peuple haïtien.