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De l’Allemagne à l’Italie : la relation entre médias et gouvernement

[DOSSIER] Les fermeture et délocalisation prochaines de la salle de presse du Palais de l’Elysée démontre une volonté de réduire les relations entre le cœur du gouvernement et les médias français. L’Elysée annonce là un schéma inédit dans une France où l’hostilité et le repoussement des médias se font de plus en plus communs. Un acte peu similaire aux pays voisins dont, pour la plupart, les gouvernements et les médias semblent encore travailler ensemble dans le traitement de l’information. Vision sur la situation en Europe.

Conversation de bistrot : “Méfiez-vous des amalgames et ne tombez pas dans la marmelade !”

 

Mangeur de bambou, moi Yuan Meng, le panda né en exil au zoo de Beauval, j’en entends des trucs depuis mon enclos. Les gens discutent, bavardent, s’étripent ou se congratulent. Au rayon de leurs conversations favorites, un sujet qui m’est familier : les médias. Et tout ça parfois à cause de moi. Voici pourquoi et comment.

Dialogue entendu récemment, dans le genre « conversation de bistrot », faut bien l’avouer :

– C’est un ours en noir et blanc ! A dit quelqu’un en me contemplant (car on ne me « regarde » pas : on me « contemple »).

– Voui, voui : il est de la race des ursidés, celle des ours. Lui a répondu un autre qui passait par là, en bon passant tout occupé à passer…

– Merci pour la nouvelle. J’avais jamais fait le rapprochement… faut dire que c’est pas dans les médias qu’on aurait appris ça.

– Vous lisez quoi ?

– Heu… rien.

– Moi non plus.

– De toute façon on sait pas à quoi ils servent tous ces torchons de papier…  auxquels j’ajoute aussi les radios, les sites web et les TV qui nous saoulent avec leurs débats et leurs nouvelles tordues. Gna, gna, gna, tous les mêmes …

– Ouais, ouais : tout ça c’est de la mélasse, au mieux : de la confiture, voyez. On nous dit que c’est de la fraise mais ça n’en est pas. On nous dit que c’est de la framboise ou de l’orange mais ça n’en est pas. On nous dit…

– … Que c’est de la rhubarbe…

– … Et ça n’en est pas, assurément. Tous menteurs, cher monsieur !!!!!!!!!

– Je vois, monsieur, que nous nous entendons. Il est agréable de croiser ainsi d’honorables citoyens tels que vous, au hasard d’une promenade, et avec qui – de plus – il est possible d’échanger de saines idées en toute quiétude, loin des gêneurs ! Voyez-vous : je pense qu’on devrait les faire taire tous ces bavards du clavier et du micro.

– C’est bien vrai ! Comme ça on serait mieux informé !

Des journalistes bientôt transformés en croquettes ?

Là, ce qui devait advenir et advenu :  je me suis roulé au sol. Ce n’était pas une chute, pas une glissade malencontreuse mais l’abrupte manifestation de mon irrépressible désir… d’hurler de rire. Tous les médias dans un même bocal, donc, avec une étagère de cuisine pour unique horizon. Ça c’est fait. Et les journalistes, pour leur part, on les transforme en croquettes ou en fruits confits ? Serait-ce bon pour votre régime (dans tous les sens du terme, hmmmm ?).

Obèse, désinformé et jouet des puissants sans état d’âme : ce serait alors ton destin, mon ami. Je te le dis. A partir de là, c’est toi qui vois.

Mon œil de panda est affûté

Qu’on se le répète « ubi et orbi » : le panda, lui, ne sera jamais pris la patte dans le pot de confiture car le panda, lui, a le temps de lire, de regarder et d’écouter. Le panda mène une existence édifiante, mais si, mais si… Le panda sait qu’il n’y a guère de rapport entre le Petit Bleu du Lot-et-Garonne et CNN, pas plus qu’entre un reporter de guerre, un journaliste d’investigation et un commentateur de la vie politique ou un chroniqueur sportif. Tous apportent leur pierre à l’édifice (en professionnels qu’ils sont encore). Avec de tels ingrédients, pas possible de les amalgamer et d’en faire de la confiture.

Plus fort avec une métaphore

Osons « la métaphore » (j’aime décidément beaucoup ce mot tellement à la mode, dis donc) : toutes ces filles et tous ces gars qui nous observent et qui nous parlent, les journalistes, sont les fondations au moins autant que la charpente et aussi bien que les murs de notre maison commune…

Les gens peuvent se moquer et me traiter de naïf… Néanmoins, je sais que les enfants, eux, me comprennent (c’est ce que m’assure mon traducteur qui les rencontre dans des débats autour des médias). Ils savent bien que l’information ce n’est pas de la marmelade (la branche anglaise de la famille des confitures), pas même une toute autre mixture indigeste, à la composition et à l’origine inconnues. Les médias n’ont pas pour destin de finir sauvagement amalgamés et en tartines (de confiture, bien sûr). Ils n’en voudraient pas.

L’enfance c’est l’avenir en chantant !

NON. Les enfants ne l’ignorent pas, eux. Pendant que TOUS les adultes (j’amalgame, j’amalgame avec jubilation et mauvaise foi, comprenez bien) pendant que tous les adultes se vautrent donc dans leur suffisance et dans la pièce d’à côté, à l’heure du goûter les enfants apprennent à lire en déchiffrant les étiquettes, mine de rien. Plus tard, ils liront peut-être « Confiture Magazine » sur leur smartphone … et, au bout du compte, ils sauront faire la différence, avec nuances, entre ceci ET cela, entre une marmelade et la diversité des médias.

J’ose l’espérer, moi le panda animé par le rêve d’un avenir qui chante : Ils sauront de quoi ils parlent, eux, nom d’un bambou !

Crédit : Sylvie Howlett

Yuan Meng

(Traduction de Denis PERRIN)

Le rôle des médias mauritaniens s’invite à la MDJ

[Par Med LEMRABOTT]

Dans le cadre de ses activités, la Maison des journalistes (MDJ) en collaboration avec ses résidents a organisé, il y a une dizaine de jours, le mardi 22 novembre 2016, une rencontre débat sur « Le rôle des médias dans le processus de démocratisation en Mauritanie » . Retour sur cette riche soirée. 

Tijani Ahmed LEMRABOTT, journlaiste JRI de la MDJ, Diallo SAIDOU dit Thierno, enseignant-chercheur à l'université Paris 13, Cheikh GUEYE, doctorant en sciences politiques, Sami AL ASHWAL, journaliste Crédits photo : Clara LE QUELLEC

Tijani Ahmed LEMRABOTT, journaliste de la MDJ, Diallo SAIDOU dit THIERNO, enseignant-chercheur , Cheikh GUEYE, doctorant et Sami AL ASHWAL, journaliste.
Crédits photo : Clara LE QUELLEC

Cheikh Tijani Ahmed Lemrabott, en sa qualité résident-invitant et modérateur de cet échange, a présenté l’intérêt du sujet ainsi que les enjeux qui entourent cette question, avant de donner la parole aux différents intervenants.

M. Cheikh Gueye, doctorant à Paris X, a commencé par une présentation du pays. Il a mis l’accent sur l’impact des médias dans une société multiculturelle, comme la Mauritanie. Il s’attardera dans son exposé, sur la lancinante question de la place des langues nationales telles que le Peul, le Wolof ou Soninké dans l’espace médiatique.

Rencontre débat sur "Le rôle des médias dans le processus de démocratisation en Mauritanie" Crédits photo : Ahmad AL GABR

Le rôle des médias dans le processus de démocratisation en Mauritanie en question
Crédits photo : Ahmad AL GABR

Quand au second intervenant, Diallo Saidou dit Thierno, il commença son exposé par une analyse historique du cadre juridique relatif à la presse. Il mettra en relief le rapport entre les politiques et les médias à travers le prisme du parti unique. Ce qui a longtemps structuré, selon ses dires, un lien de subordination entre médias et politiques.

Il n’a pas manqué de rappeler les différents acquis en matière de liberté de la presse depuis l’ordonnance de 2006, abrogeant celle de 1991 avec son fameux article 11 qui était considéré comme un couperet par les journalistes.  Par ailleurs il a mis relief, une nouvelle forme de censure ou d’autocensure qui a un caractère aussi bien politique que sociale.

Le groupe de rap mauritanien en exil au Sénégal, de passage à Paris pour un concert, Ewlade Leblade, présent lors de cette rencontre a témoigné sur la liberté d’expression des artistes.

Partageant avec l’assistance leur amère expérience, suite à l’accusation de viol et de trafic de drogue qu’a subi Hamada, un des membres du groupe, ils n’ont pas manqué de pointer du doigt les autorités politiques. Ishagh, l’autre membre du groupe, affirma qu’il y a une réelle absence, aussi bien de liberté artistique que de liberté d’expression.

Ishagh et Hamada, les membres du groupe de rap mauritanien Elwade Leblade Crédits photo : Clara LE QUELLEC

Ishagh et Hamada, les membres du groupe de rap mauritanien Elwade Leblade
Crédits photo : Clara LE QUELLEC

Pour ces artistes, c’est leur liberté de ton et leur engagement à travers des textes qui dénoncent la dilapidation de l’argent publique et autres détournements, qui est à la base de l’emprisonnement arbitraire (plus de 2 mois) de Hamada.

Cette rencontre-débat riche en enseignements à vu la présence de plusieurs journalistes (de différentes nationalités). L’assistante très intéressée par les différents exposés des intervenants, a échangé avec ces derniers autour d’un verre de thé parfumé à la menthe.