
L’exposition photo d’Ameer à la Chapelle Notre-Dame de la Sagesse
Ameer nous a confié qu’à chaque fois qu’il partait prendre des photographies, il écoutait une seule et même musique, celle du groupe “Cristal Castle”. Il l’a définit comme un nouveau style de musique. Donc, pour bien comprendre son univers, nous vous invitons à écouter cette chanson durant votre lecture de l’article.
Samedi après-midi 6 octobre 2018.
À 4.000 km d’Alep, en Syrie.
6 ans après le début des bombardements.
Retour à Paris.
D’une photo à une autre, le regard d’Ameer Al Hablbi nous habite. Le temps de l’exposition, nous vivons dans deux mondes parallèles : l’angoisse de la guerre et la douceur de vivre d’un étudiant parisien.
Ameer a 16 ans quand la guerre éclate. Aujourd’hui il a 22 ans. Il arrive souriant à sa première exposition. Il salue ses amis et les photo-journalistes de l’AFP venus le soutenir.
Aujourd’hui Ameer est “tourné vers l’avenir”, comme il aime à le dire et il ne se jette plus au milieu des bombardements avec comme seule arme son appareil photo.
Des photographies comme témoignage à la guerre
C’est avec ces photos de guerre qu’il nous accueille. On ne peut s’empêcher de s’arrêter. Et Ameer veut qu’on s’arrête. Il veut qu’on réagisse et n’a pas peur de nous effrayer. Il veut marquer l’histoire et explique lui même, que c’est l’impact de la photo de Nick Ut, celle d’une petite fille vietnamienne sur l’histoire américaine qui l’a motivé à interpeller le monde entier pendant une seconde.
Une seconde durant laquelle la photo d’enfants à Alep Est nous immerge dans la réalité d’une innocence brisée. Cette réalité, Ameer la connait bien. Lui aussi est un enfant de la guerre. Ces photos ne sont pas seulement un reportage de la guerre syrienne, ce sont des instants de sa propre vie.

copyright AFP par AMEER AL HALBI
Dès lors, on ne peut qu’être touché par une photographie d’une extrême et éphémère authenticité de son papa, volontaire de la Défense Civile syrienne à une fête organisée pour les enfants du quartier. C’est comme si toute l’exposition convergeait vers ce court moment de joie au milieu de ce conflit dévastateur. Malheureusement, le père d’Ameer est mort dans un bombardement quelques temps plus tard.
On le comprend, Ameer n’est pas qu’un photographe de guerre. Cette exposition n’est pas qu’une simple opposition entre des photos d’un pays en paix et d’un pays en guerre : c’est le parcours d’Ameer.
On l’observe expérimenter, s’aventurer, vivre. Cette exposition ne peut qu’attiser votre curiosité et vous inciter à suivre les prochains projets de ce jeune photographe syrien aujourd’hui étudiant à Paris, reconnu par le monde du photo-journalisme et bientôt par le monde entier…
EN SAVOIR PLUS SUR CE THÈME
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/dans Culture, Moyen et Proche Orient, Tribune Libre /par Hanadi KCHOUR«L’art est le plus court chemin de l’homme à l’homme» – André Malraux
Selon Jean-Pierre Klein, ce type d’œuvre dévoile la quintessence de ce que le culturel peut apporter à une société civile: une «entremise destinée à mettre d’accord, à concilier ou à réconcilier des personnes, des partis, des États».
Connaitre le Liban à travers une œuvre d’art aimé et partagé par tous, c’est prendre l’histoire du Liban sous un angle particulier. Le lieu nommé «Beit Beirut» incarne les étapes du développement urbain et social de la capitale libanaise.
Beith Beirut: un symbole historique de la société multiculturelle libanaise
Beit Beirut est un musée vivant témoin de la guerre civile libanaise. Un témoin de la guerre civile libanaise, un héritage qui peut être partagé par les Libanais afin de tirer les leçons du passé douloureux et sanglant.
Sa forme reflète les caractéristiques sociales, culturelles et politiques de la ville. Édifié en 1924 par l’architecte libanais Youssef Afandi Aftimos, puis surélevé en 1932 de deux étages supplémentaires par l’architecte Fouad Kozah, Beit beruth est surnommée la «maison jaune» à cause de son grès ocre employé pour sa construction.
Détruite, reconstruite, témoin des horreurs de la guerre civile alors que ce lieu était devenu un dépôt pour les armes de guerre et un terrain privilégié pour les snipers. Les plaies du bâtiment sont aujourd’hui le symbole des effets psychologiques de la guerre gravée dans le subconscient du peuple libanais.
Il suffit d’un coup d’œil sur le bâtiment pour comprendre la représentation artistique et culturelle entre ses deux bâtiments qui ne font qu’un.
Maquette finale d’avant-projet d’ingénierie de Beit Beirut.
Le bâtiment jaune a résisté aux nombreuses tentatives de démolition des années 1990 grâce à l’appui de la société civile. Finalement, le bâtiment est devenu la propriété de la municipalité de Beyrouth et la décision de démolition a été annulée. Le projet de réhabilitation a conservé ses caractéristiques anciennes, mêlant les cicatrices du temps à la modernité, pour rester un espace ouvert et interactif documentant l’histoire de Beyrouth ancienne et moderne avec une exposition permanente.
Et plusieurs années plus tard en 2006, un projet de réhabilitation est né. La ville de Paris et la ville de Beyrouth ont uni leurs compétences pour atteindre l’objectif souhaité. Selon une approche intégrant préservation patrimoniale et innovante technologiquement, l’immeuble Barakat (du nom de ses propriétaires) est un lieu qui devait devenir un lieu de mémoire, de débat, d’échanges, de rencontres et d’Histoire, à même de réunir les citoyens en un lieu ouvert au public.
Aujourd’hui, la culture se transmet oralement grâce à la musique diffusée sur place, et dont le but est de transformer les vibrations négatives en vibrations positives, étant donné que chaque coin de la place nous ramène à l’époque de la guerre civile libanaise.
Beit Beirut, sa survie dépend-il des décisions politiques ?
L’aventure de ce lieu est comme la ville de Beyrouth, un combat du présent. Cet édifice souffre d’un manque de soutien financier et moral. Jusqu’à présent, aucun comité culturel n’a été nommé pour s’occuper des affaires de Beyrouth.
Ce n’est pas étonnant dans un pays comme le Liban, pays des contradictions et de la procrastination bien connue des services administratifs de la municipalité de Beyrouth. Conséquence, le lieu n’est ni valorisé, ni respecté. Il n’y a presque pas de promotion, que ce soit lors des événements artistiques ou pour d’autres événements. Et que dire de la page Facebook et du site web qui ne sont pas très actifs ?
Désormais, la Beit Berut est fermée au grand public sauf les jours où il y a des expositions d’art. Certains artistes comme Zeina El Khalil ont notamment utilisé la projection vidéo et la sculpture, quitte à désacraliser le lieu.
Car l’objectif de ces artistes libanais, est de «transformer cette ancienne machine à tuer en une plate-forme pour la guérison, la paix et la réconciliation» (agendaculturel, 2017).
L’art comme témoin d’une époque de transition
L’art devient le seul témoin de la réconciliation et la guérison du passé douloureux. Et indirectement, la société libanaise devient dynamique et innovante. Un processus de transformation de l’énergie négative et des éléments de violence et de destruction en énergie positive qui répand l’amour et la paix.
Beit Beyrout fait partie de nombreux projets à l’ordre du jour, au même titre que le Musée de l’Histoire de Beyrouth (Place des Martyrs), le Musée Archéologique de Beyrouth et la Maison de Fairouz. La réalité libanaise se transforme en activant le travail de ces lieux.
Est-ce que la suppression des effets psychologiques de la guerre civile commence par la destruction de tout ce qui la symbolise, y compris Beit Beirut ?
Après l’explosion du mois d’aout, les symboles d’unité nationale reste primordiale, et selon moi, Beit Berut est tout en haut de la liste.
Toujours debout, icône de la guerre civile, dédiée aux citoyens et à la mémoire, porteuse des valeurs du vivre ensemble avec le reste de la société, témoin de l’histoire architecturale libanaise, témoin d’une guerre qui a enflammée le pays pendant quinze ans et plus. Beit Berut est plus qu’un simple musée ou un haut lieu culturel, c’est la résistance artistique face à la violence au Liban.
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