Pourquoi l’état Égyptien a décidé d’oublier la révolution de 2011 ?

25 janvier 2011, la place centrale de la capitale égyptienne, place Tahrir (qui signifie littéralement “place de la Libération”), rassemblait des milliers d’Égyptiens, marquant le début de ce qui est connu dans le monde entier sous le nom de “révolution égyptienne”.

Cet événement exceptionnel, qui a réuni le peuple égyptien pour réclamer la chute du long régime de Moubarak (30 ans)  en scandant “du pain, de la liberté et de la justice sociale“, a constitué un point de rupture dans l’histoire de l’Égypte, donnant l’espoir d’un changement réel dans le pays.

Place Tahir – 25 janvier 2011

Le 25 janvier marque également la fête de la Police, une commémoration nationale qui honore la mémoire de la bataille des forces de police égyptiennes contre l’occupation britannique dans la ville d’Ismaïlia en 1952.

25 janvier : pas de commémoration pour la révolution

Toutefois, dans l’Égypte d’aujourd’hui gouverné par le président Abdel Fattah al-Sissi, la révolution égyptienne n’est donc pas évoquée. la seule commémoration acceptée est cette fête de la Police.


“Qui contrôle le passé contrôle l’avenir. Qui contrôle le présent contrôle le passé”.


Or, dans son roman “1984″, George Orwell rappelle que la manipulation de la mémoire constitue une formidable source de pouvoir et que, par conséquent, la mémoire, l’histoire et le langage ont une importance transcendante.

La célébration de ce 25 janvier en Égypte illustre distinctement ce que l’auteur d’un roman dystopien voulait dire il y a plus d’un demi-siècle. De fait, la commémoration du 25 janvier 2019 met en lumière l’effet dominant de la manipulation de l’histoire à travers un discours qui néglige, sélectionne ou même déforme le passé sans accepter aucun mot d’opposition.

La fête de la Police et ses martyrs de 1952 sont célébrés par le régime

En écoutant le discours prononcé par le président Abdel Fattah al-Sissi à l’Académie de Police du nouveau Caire, le 23 janvier, (à l’occasion de la Fête nationale de la Police du 25 janvier), il est naturel de se demander quelle est la place de la révolution égyptienne ?

En commençant par des salutations d’introduction chaleureux à toutes les familles des martyrs qui se sont battus en 1952, al-Sissi continue en louant les forces de police qui représentent, à ses yeux, les véritables héros engagés pour la défense de la nation.

Curieusement, le mot “martyr” est répété à plusieurs reprises, mais avec une référence exclusive aux policiers qui se sont sacrifiés dans la bataille contre les Britanniques en 1952. Comme si les martyrs égyptiens morts lors de la révolution initiée le 25 janvier 2011 n’avaient jamais existé.

Ainsi, dans un contexte où le discours officiel de l’État tente de faire oublier au peuple ce moment de démocratie populaire unique dans l’histoire de l’Egypte, comme le souligne le journal londonien Al-Quds al-Arabi, il apparaît nécessaire de dévoiler ce que représente réellement le 25 janvier pour de nombreux Egyptiens après 2011. Et cela peut en partie expliquer la censure.

Les conséquences politiques du 25 janvier 2011

Ce jour-là, des milliers d’Égyptiens sont descendus dans les rues et la place Tahrir est devenue l’emblème des soulèvements populaires qui se sont répandus dans tout le pays, du Caire à Alexandrie, Mansoura, Suez et d’autres villes.

Officiellement, le 25 janvier a marqué le début des 18 jours de manifestations qui ont finalement abouti à la démission du président Hosni Moubarak.

Pourtant, l’explosion de joie qui a monté après la célèbre déclaration du vice-président Omar Suleiman : “dans ces les circonstances difficiles que connaît le pays, le président Hosni Moubarak a décidé de quitter le poste de Président. Il a confié au conseil suprême des armées le soin de mener les affaires de l’Etat.” Et ce n’est que temporaire.

L’Egypte a ensuite connu plusieurs phases. Tout d’abord l’autorité du Conseil Suprême des Forces Armées (SCAF) a gouverné avant de mettre en place des élections. Ces élections ont permi à l’islamiste Mohamed Morsi de prendre le pouvoir en juin 2012. Cette présidence des Frères Musulmans n’a pas duré longtemps, provoquant une dissidence généralisée et finissant par prendre fin le 3 juillet 2013, quand le général Abdel Fattah al-Sissi a destitué Morsi et a assumé la présidence du pays après les élections de mai 2014.

Quels que soient les événements ultérieurs et les débats autour des conséquences liées à la révolution, ces 18 jours représentent certainement un moment extraordinaire pour la nation égyptienne.

En discutant avec des jeunes qui ont participé activement à la révolution, il est évident que le 25 janvier 2011 a laissé une trace indélébile sur le peuple égyptien. Ils se souviennent clairement de la soudaine éruption d’énergie qui a rassemblé les Égyptiens dans les rues, surmontant pour une fois leurs différences sociales, économiques, religieuses et politiques, comme le dit une célèbre chanson révolutionnaire du groupe de rock Cairokee:


“Oh toi, la place, où étais-tu il y a longtemps?
Une place plein de gens différents
Celui qui l’a donné et celui qui est courageux
Celui qui aime et celui qui avance
Celui qui crie et celui qui se tait”


Malgré la censure, la révolution égyptienne est encore présente dans les esprits

La place Tahrir est ainsi devenue le symbole de cette coordination miraculeuse où les gens chantaient des slogans, échangeaient des idées et pouvaient enfin faire entendre leur voix en Égypte et dans le monde entier.

Mais surtout, c’était un moment de réveil, comme le révèle E.K., un jeune Égyptien qui a participé aux manifestations à Alexandrie et qui souhaite rester anonyme:


“Avant la révolution, je n’étais pas au courant de mes droits ni du sens réel de la liberté. Grâce à la révolution, j’ai commencé à lire à ce sujet et je suis devenu conscient”.


Aujourd’hui, huit ans plus tard, le récit officiel de l’Etat attire l’attention sur le souvenir de la bataille de 1952 à Ismaïlia. À l’exception de quelques lignes citant la révolution de 2011 ou de brefs articles rendant superficiellement hommage à cet événement, l’attention des médias reste exclusivement centrée sur la Fête de la Police. Entre autres, un article publié le 25 janvier par le journal privé Al-Masry Al-Youm ne cache pas les différentes raisons de l’importance de cette date, dont la révolution égyptienne de 2011.

Toutefois, après cette brève prémisse évidente, le reste du contenu est consacré aux forces armées, à la sécurité nationale et au sacrifice de la nation, à la mémoire de la bataille d’Ismaïlia, en 1952.

Des expressions qui contrastent fortement avec les mots tels que liberté, dignité, justice sociale et changement, qui ont dominé l’espace public le 25 janvier 2011.

Que reste-t-il alors du souvenir de la révolution égyptienne aujourd’hui?

Sans aucun doute, au niveau officiel, nous avons observé l’imposition d’une commémoration sélective de cette date importante, qui met en avant la Fête de la Police en fermant les yeux sur la révolution égyptienne. Comme l’année dernière, le régime égyptien a été extrêmement attentif à faire taire toute voix adverse, en appliquant des mesures de haute sécurité pour empêcher d’éventuels rassemblements et autres commémorations.


Notamment, le Middle East Monitor rapporte l’arrestation de cinq hommes politiques pour leur participation à une commémoration de la révolution, ainsi que des activistes qui organisent ou assistent à l’événement.


Cependant, nous ne pouvons pas oublier que le cas de la commémoration du 25 janvier dans l’Egypte contemporaine n’est pas isolé. Au contraire, il est symptomatique de la situation actuelle du pays en matière de liberté d’expression et de respect des droits de l’homme.

Le classemnent de la liberté de la presse fourni par Reporters Sans Frontières classe l’Égypte au rang 161 sur 180 pays, indiquant ce que Human Rights Watch appelle “la pire crise des droits de l’homme dans le pays depuis des décennies“.

Néanmoins, si nous regardons au-delà du discours officiel de l’État et nous écoutons les gens, le souvenir de la révolution s’avère très vivant. En dépit des efforts de répression imparables du régime d’al-Sissi, les gens n’oublient pas.

La série de publications sur les médias sociaux collectées par le site web New Arab News, nous dévoile des déclarations concises comme : “#Jan25 We still Remember” ou à des réflexions plus longues, telles que “#Jan25 The day that I have never forgotten, the day, I have felt that I am a real Egyptian citizen…however they try to force us to forget…we won’t”.

Ces témoignages nous montrent avec force que les traces de la révolution ne peuvent pas être effacées de l’esprit des Égyptiens.

Certes, mémoire et histoire sont souvent en conflit. Cependant, nous ne devrions pas oublier le droit de nous souvenir, de commémorer et de parler de tout événement passé. Cela peut prendre différentes formes, d’un article à une chanson, un tableau, un poème ou simplement une conversation. Ce qui est défini comme le droit humain fondamental à la liberté d’expression et qui n’est évidemment pas respecté dans l’Égypte d’aujourd’hui.

EN SAVOIR PLUS SUR CE THÈME

MALI – Après le coup d’État, quelles conséquences pour la liberté de la presse ?

Aucune déclaration n’a encore été faite pour garantir les droits de presse depuis l’arrivée des militaires au pouvoir. Les journalistes maliens espèrent malgré tout une amélioration de leurs conditions de travail.

Au mois de juin 2020, un mouvement de contestation au président Ibrahim Boubacar Keïta éclate dans les rues de Bamako. La tension atteint son paroxysme pendant la manifestation du 10 juillet, réprimée dans le sang par le pouvoir. De nombreux journalistes sont pris pour cibles par les forces de l’ordres et agressés par des manifestants.


Dans l’après-midi, le président malien est finalement mis aux arrêts par les militaires putschistes.


Le 18 août, l’armée se soulève à son tour contre le président malien. Au matin, une mutinerie éclate dans une base militaire de Kati à 15 km de Bamako. Olivier Dubois, correspondant de Libération au Mali, tente de couvrir la mutinerie, mais il est frappé et menacé avec une arme par les rebelles. Le quotidien annonce le soir que le journaliste est sain et sauf et ne souffre d’aucune blessure. Dans l’après-midi, le président malien est finalement mis aux arrêts par les militaires putschistes.

Contrairement au précédent coup d’État de 2012, la prise du pouvoir du 19 août a été préparée en amont. Le lendemain, l’armée annonce la création du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) composé des généraux à l’origine du putsch.

Dans leur première déclaration, les généraux reprennent de nombreux éléments qui cristallisent la colère populaire mentionnant notamment le «clientélisme politique», «la santé aux plus offrants», la rupture entre le peuple et ses gouvernants, l’insécurité et le terrorisme.

La Maison de la Presse malienne note cependant que les militaires n’ont pas fait mention de «garantie des libertés fondamentales – dont celles relatives à la presse et à l’expression».

« Les militaires inspirent autant d’espoir que d’inquiétude » / France 24

Aucun contact n’a pour le moment été établi entre le CNSP et les associations de presse, hormis un communiqué commun demandant un allègement du couvre-feu pour les journalistes. L’interdiction de libre circulation instaurée entre 21 heures et 5 heures dans un premier temps, puis de minuit à 5 heures depuis le 21 août gênant le fonctionnement normal des médias.

La démission d’Ibrahim Boubacar Keïta, l’espoir d’une amélioration des conditions

«Depuis que les militaires sont au pouvoir, nous n’avons pas enregistré de cas d’atteinte à la liberté d’expression» reconnaît Boubacar Yalkoué, président du Mouvement de protection de la presse contre les violences.

«La liberté d’information a été pour le moment respectée au Mali. Après le renversement par des militaires d’un pouvoir démocratiquement élu, on ne peut pas dire qu’on ait confiance à 100 %. Nous avons l’espoir qu’ils ne s’en prennent pas à la presse, mais nous émettons malgré tout des réserves pour le moment.»

L’autre menace qui plane sur la presse malienne depuis la pandémie du Covid-19 est la crise économique.

«La presse malienne bénéficie en temps normal de contrats avec les institutions, mais avec la crise sanitaire toutes les activités ont été limitées ce qui s’est répercuté sur les entreprises de presse» pointe Boubacar Yalkoué.

«Il avait été question de mesures de soutien économique, mais nous n’avons rien reçu jusqu’au basculement du pouvoir, et étant donné la situation actuelle il y a peu d’espoir de les obtenir. On se dirige vers des périodes difficiles pour la presse.»

Une situation toujours instable pour la liberté de la presse au Mali


Depuis le précédent coup d’État de 2012, la liberté de la presse au Mali a été mise à mal à de nombreuses reprises. Pendant les mois qui ont suivi le putsch de mars, plusieurs arrestations ont été ordonnées par les autorités militaires.

L’arrivée au pouvoir de Ibrahim Boubacar Keïta en septembre 2013 n’a pas entraîné d’amélioration pérenne du droit de presse au Mali qui prend la 108e place du classement mondial de la liberté de la presse de Reporter sans Frontière en 2020.

Le 29 janvier 2016, Birama Touré journaliste pour l’hebdomadaire d’investigation Le Sphynx était porté disparu. Cette affaire remonterait jusqu’au fils du président, Karim Keïta, et mettrait en cause les services de sécurité de l’État qui aurait retenu le journaliste captif et l’auraient torturé pendant près d’un an et demi.

Plus récemment, les élections présidentielles 2018 ont été marquées par une recrudescence de la censure et de violences contre les journalistes. En mai, le journal Mali Actu était poursuivi et trois de ses journalistes enfermés pendant cinq jours pour la diffusion du communiqué d’une association qui appelait à la démission du ministre de l’Emploi.

Durant les manifestations du mois de juin, la Maison de la Presse du Mali dénonçait les nombreuses attaques de journalistes par les forces de l’ordre. Fin juillet, cinq journalistes de la chaîne TV5 Monde étaient interpellés par des agents en civil à leur arrivée à Bamako. Au moment de l’entre-deux-tours, Radio Renouveau FM, média d’opposition, était sommée de quitter les ondes « jusqu’à nouvel ordre ».

En fin d’année, un haut gradé de l’armée malienne démissionne de la Commission Vérité-Justice-Réconciliation (comité de surveillance des violations des droits humains au Mali) après avoir été mis en cause dans l’agression d’un journaliste. Celui-ci raconte avoir été menacé, frappé et forcé à boire sa propre urines dans les locaux de la commission nationale.

D’autres articles

Iran – Le pouvoir judiciaire reconnaît l’arrestation d’étudiants d’élite

Etudiants arrêtés par le régime iranien

Au bout de 26 jours de détention, l’appareil judiciaire en Iran a reconnu l’arrestation de deux étudiants d’élite de l’université de technologie de Charif. Amir Hossein Moradi avait disparu le 10 avril et Ali Younessi avait été ramené chez lui dans la soirée du 10 avril, avec des marques de torture et des blessures. Au bout de quelques heures, ses parents avaient été emmenés avec lui et interrogés pendant des heures sous pression. Par la suite, les étudiants de l’université Charif avaient protesté et demandé des nouvelles sur la situation et le sort de leurs amis.

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RD Congo: une radio attaquée et fermée par la police

Au Bas-Uele, la “Radio Liberté Buta” a été attaquée par la police en pleine nuit avant d’être fermée.  Journaliste en danger JED et l’Observatoire des médias congolais OMEC, dénonce vigoureusement l’incursion nocturne d’un groupe de policiers dans les installations d’une station de radio, la confiscation de ses matériels de diffusion ainsi que l’arrestation d’un régisseur d’antenne trouvé sur place.

Selon nos informations, la “Radio Liberté Buta” dans la province de Bas-Uele située dans le nord de la République Démocratique du Congo, une station proche du Mouvement de Libération du Congo MLC de Jean-Pierre Bemba, un des leaders de l’opposition, a été attaquée, la nuit du jeudi 28 novembre 2019 vers 22 heures. 

Actualisation du 11/12/2019 – Message de RSF sur la situation du journaliste Junior Supa


Une intervention disproportionnée de la police congolaise

Selon nos éléments, il s’agit du Groupe Mobile d’intervention de la Police Nationale Congolaise dont le but était de procéder à l’arrestation de M. Gilbert Monkoto, Vice-Président de l’Assemblée provinciale du Bas- Uele. 

M. Gilbert Monkoto intervenait dans une émission consacrée, notamment à la gestion de l’Assemblée provinciale du Bas- Uele.

Ne l’ayant pas trouvé dans les locaux de ce média, la police a intimé l’ordre à Junior Supa, journaliste-technicien, trouvé sur les lieux, d’interrompre cette émission qui était diffusée en différé.

L’arrestation et l’emprisonnement illégitime d’un journaliste

Ensuite, ils ont emporté tous le matériel de diffusion et ont procédé à l’arrestation de Junior Supa. Conduit au quartier général de la police où il a passé la nuit, le journaliste a été transféré dès le matin à la prison centrale du Bas-Uele où il est encore détenu en toute illégalité.

Le lendemain, vendredi 29 novembre, le parquet général du Bas-Uele a mis sous scellée la radio Liberté de Buta.

Dans la foulée, un mandat de comparution a été émis contre M. Jules Kasikila, directeur de ce média. Par peur des représailles et craignant pour sa sécurité, Jules Kasikila est contraint de vivre dans la clandestinité.

Une fermeture de média abusive

Sans entrer dans le fond de l’affaire, le JED trouve absurde toutes les poursuites engagées contre les journalistes de ce média qui n’ont commis aucune infraction en diffusant cette émission.

Le JED exige, par conséquent, la libération sans condition du journaliste détenu, la cessation des poursuites judiciaires contre le directeur de cette station de radio ainsi que la reprise, sans délais, des activités de la Radio Liberté Buta.

Les autorités de la République Démocratique du Congo devraient prendre des mesures immédiates pour garantir aux citoyens l’accès aux diffusions des médias alors que le pays attend avec ferveur et inquiétude les élections.

RD Congo – Le parti Lamuka rêve d’une majorité parlementaire et présidentielle

La coalition Lamuka espère “obtenir une majorité parlementaire après les élections anticipées” pour organiser des élections dans les dix-huit mois conformément aux propositions de sortie de crise formulées par Martin Fayulu, un de ses leaders.
Pour y arriver, “nous devons rester unis” estime sur Top Congo FM, Steve Kivuata, cadre de cette plate-forme ayant porté la candidature de Martin Fayulu à la présidentielle de décembre 2018 dont il revendique toujours la victoire.
 
Peu avant le dit scrutin, Martin Fayulu avait été désigné “candidat commun de l’opposition”. Une année après cette désignation, son parti, l’ECIDE et Nouvel élan, celui d’Adolphe Muzito, ont organisé une matinée politique à Kinshasa. Le mot fort c’est l’unité : l’unité des leaders entre eux et l’unité de tout un peuple envers Lamuka qui est “son instrument de démocratie”, précise Steve Kivuata.
 
En attendant “la remise et reprise entre le coordinnateur sortant Jean-Pierre Bemba et l’entrant Adolphe Muzito”, Steve Kivuata indique que ce dernier a déjà “lancé des perspectives axées sur l’unité…” 
 

Quatre leaders politiques en poistion de force

Malgré le retrait de Freddy Matungulu et Mbussa Nyamwisi du présidium de Lamuka, “Moise Katumbi, Jean Pierre Bemba, Adolphe Muzito et Martin Fayulu sont restés constants. C’est l’essentiel”, explique Steve Kivuata.
 
“Nous devons continuer notre combat. Nous devons asseoir une vraie démocratie dans notre pays”, assure-t-il.
 
Pour l’opposant, le bilan de Lamuka démontre que “le peuple est resté également constant. Il a soutenu les leaders dès le départ. Aujourd’hui, Lamuka est devenu un état d’esprit et un instrument de combat pour la réhabilitation de la démocratie et la paix dans notre pays”.
 
La célébration de “l’an 1” de la désignation de Martin Fayulu comme “candidat commun de l’Opposition était aussi une occasion de faire un rappel historique. D’où nous venons et où nous sommes aujourd’hui”. 
 
Célébré au siège de l’ECIDE de Martin Fayulu à Kinshasa, cet événement n’a pas connu la participation de tous les leaders des partis membres de Lamuka. Une absence également observée du côté de la presse Kinoise et internationale suites à plusieurs bavures policières à l’encontre des chevaliers de la Plumes en confisquant leurs matériels arbitrairement souvent lors de manifestations de l’opposition organisée par Lamuka.

RD Congo – RSF: “Aucun journaliste ne devrait être en prison pour diffamation…”

Reporter sans frontières (RSF) se joint à l’organisation Journaliste en danger (JED) pour demander la remise en liberté immédiate des journalistes congolais détenus depuis le début de la semaine alors qu’ils étaient poursuivis pour des faits de diffamation. Ce type de détentions préventives abusives justifie l’urgence de changer la loi répressive sur la liberté de la presse toujours en vigueur en République démocratique du Congo.
Cela fait déjà six jours qu’Achiko NGAYA, directeur des Nouvelles du soir, est incarcéré avec quatre autres journalistes de la place à Kinshasa .
 
Les journalistes ont été arrêtés lundi 31 octobre à son domicile et les quatre autres sur leurs lieux de travail selon le JED qui a pu s’entretenir avec l’un des avocats des journalistes. Le directeur de publication a été interrogé à propos d’un article intitulé “Ecobank, sur les traces de la Biac” dans lequel figurent des témoignages de clients sur les dysfonctionnements de la banque.
 
Placer ce journaliste en garde à vue puis en détention préventive revient à le considérer comme présumé coupable alors même qu’il ne devrait pas revenir à la police de statuer sur le fond de l’affaire en matière de délits de presse”, estime Arnaud FROGER, responsable du bureau Afrique de RSF.
 
Aucun journaliste ne devrait être en prison pour diffamation. Cette mesure privative de liberté est complètement disproportionnée et envoie une très mauvaise image du pays à libérer ce journaliste sans délai et à lancer au plus vite la réforme de la loi sur la liberté de la presse qui, en l’état actuel, protège ceux qui attaquent les journalistes”.
 
Lors d’une mission conjointe qui s’est déroulé du 14 au 18 octobre à Kinshasa, RSF et le JED ont plaidé pour la mise en œuvre urgente de deux chantiers prioritaires susceptibles d’améliorer rapidement et concrètement la liberté de la presse en RDC.
 
Les deux organisations ont présenté au ministre de la Communication et des médias et à son homologue des Droits humains des recommandations pour réformer la loi de 1996 sur la liberté de la presse qui prévoit entre autres:
  • des peines capitales privatives de liberté pour des délits de presse mineurs
  • la peine de mort pour des articles qui relèveraient de la “trahison”
Le texte ne prend pas en compte l’intérêt public d’un article, la véracité des faits ou la bonne foi du journaliste lorsqu’il est amené à se défendre dans le cadre de poursuites en diffamation.
 
Huit députés et sénateurs rencontrés à Kinshasa ont également accepté de faire partie d’un “groupe de parlementaires amis de la liberté de la presse” constitué par JED et RSF pour défendre l’urgence d’une réforme du cadre légal répressif qui régit actuellement l’exercice du journalisme en RDC.
 
En Afrique subsaharienne, la RDC est le pays dans lequel RSF a enregistré le plus d’exactions contre les journalistes et les médias. RSF et JED ont également demandé aux autorités de mettre en place un réseau de points focaux dans les différentes administrations et ministères concernés par la liberté de la presse, première étape d’un mécanisme visant à assurer une réponse rapide et un suivi des plus hautes autorités afin de renforcer la protection des journalistes et lutter contre l’impunité.
 
Rappelons que la RDC occupe actuellement la 154e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de presse établi par RSF.

Encore un journaliste tué: est-ce lié à son enquête sur le virus Ebola ?

4 novembre 2019 : Papy Mahamba Mumbere a-t-il payé le prix de son engagement dans lutte contre Ebola?

Le journaliste venait d’animer une émission sur la riposte contre l’épidémie qui a déjà fait plusieurs milliers de morts dans l’est de la RDC lorsqu’il a été tué samedi soir vers 20h à son domicile à Mambasa, dans la province de l’Ituri.

Selon les informations recueillies par Journaliste en danger (JED), le journaliste et animateur de la Radio communautaire de Lwemba a été attaqué par un groupe d’hommes muni de couteaux et de machettes, sous les yeux de sa femme, elle même grièvement blessée.

Leur maison a ensuite été incendiée par les assaillants.