Instaurée en 2000 par les Nations Unies pour « rendre hommage à la force et au courage des réfugiés du monde entier », la Journée mondiale des réfugiés est célébrée chaque 20 juin afin de mettre en lumière la réalité vécue par les personnes exilées. D’après un rapport de l’UNHCR, 122.6 millions de personnes dans le monde ont été déplacées de force. Par rapport à la fin de l’année 2023, cela représente 5.3 millions de personnes supplémentaires, soit une augmentation de 5 %. Retour sur une situation plus que préoccupante.
[par Coraline Pillard, publié le 20/06/2025]

La guerre, les persécutions ou les catastrophes naturelles sont autant de raisons qu’ont les individus de quitter leur pays. L’agence des Nations Unies pour les réfugiés explique que le nombre de personnes contraintes de fuir à cause des conflits ne fait qu’augmenter depuis une décennie, tirant ainsi la sonnette d’alarme. Selon les Nations Unies, « chaque minute, au moins 20 personnes doivent tout quitter pour échapper à un conflit, à la persécution ou à la terreur« .
Les réfugiés viennent en majorité d’Afghanistan, de Syrie, du Vénézuela et d’Ukraine. Parallèlement, cinq pays, l’Iran, la Turquie, la Colombie, l’Allemagne et le Pakistan, accueillent à eux seuls près de 40 % des réfugiés dans le monde.
“J’ai gardé mon rêve d’être une bonne journaliste.”
Husna, jeune journaliste afghane, a été contrainte de fuir son pays. Suite au retour au pouvoir des talibans en 2021, ces derniers ont pris la décision d’empêcher les femmes de travailler. Très attachée à sa profession et à ce qu’elle représente, la jeune femme refusa de se plier à cette restriction. “J’ai voulu continuer de travailler. J’ai gardé mon rêve d’être une bonne journaliste”, nous explique-t-elle. Celle-ci a alors décidé d’enquêter sur les talibans et leurs agissements, ce qui conduit à son arrestation. “J’ai eu une très mauvaise expérience avec les talibans, mais je ne voulais pas arrêter mon travail. Je veux juste vivre libre, pas en prison”, témoigne-t-elle avec regret. “C’est dur d’avoir à continuer son activité en risquant de mourir.” Non sans peine, elle se résout à quitter son pays afin de poursuivre sa passion en France.
Toutefois, être réfugié est loin d’être un plaisir. Les conditions demeurent particulièrement compliquées. L’accès au logement, à l’alimentation et aux soins médicaux reste difficile.
Néanmoins, de nombreuses organisations s’engagent activement pour améliorer cette situation. Parmi elles, Utopia 56 organise des maraudes de distribution, d’information et agit en faveur de l’hébergement solidaire. Dans le secteur de l’enseignement, l’UniR joue un rôle en facilitant l’accès à une formation pour tous. D’autres associations, telles que Anafé, interviennent directement aux frontières en défendant les droits des personnes et en luttant contre la criminalisation des migrations.
Avant l’arrivée sur le territoire d’accueil, le chemin réserve de nombreux dangers, sans compter les difficultés administratives et financières que cet exil engendre. “L’immigration est extrêmement compliquée. Il faut des agréments pour tout, ce qui représente un coût élevé”, témoigne Husna. Une fois arrivé, de nouveaux défis apparaissent. Nouvelle culture, nouvelle langue : il faut savoir s’adapter.
La jeune journaliste nous raconte notamment une difficulté linguistique rencontrée lors d’un passage à l’hôpital : elle ne s’exprimait qu’en anglais. Un autre aspect à considérer est la dimension psychologique. Être éloigné de sa famille, de ses proches représente un véritable défi émotionnel. Le sentiment de solitude peut prendre le dessus. À cela, s’ajoute le mépris que manifestent certaines personnes envers les immigrés. Discrimination, racisme, ou encore stéréotypes ne font que renforcer cette sensation d’exclusion.
Que représente la Journée mondiale des réfugiés ?
Comme le soulignent les Nations Unies, la journée mondiale des réfugiés est une invitation à l’action et à l’empathie. Elle vise à mettre en lumière la dure réalité de l’exil. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, décrit cette journée non pas comme une manière de partager un fardeau, mais comme le partage d’une responsabilité mondiale.
La jeune journaliste revendique son désir de vivre libre. “J’espère qu’un jour, on pourra juste célébrer une journée de liberté, et non d’immigration”, explique Husna avec émotion. “J’espère que personne ne sera obligé de quitter sa maison. Il y aura toujours d’autres moyens de vivre libre. Je souhaite que personne ne soit immigré, que tout le monde puisse vivre dans la paix. Parce que l’immigration est compliquée”, s’enquit-elle d’affirmer.
À l’occasion de cette journée pas comme les autres, des événements sont organisés. Dans cette perspective, l’association LePont organise des activités de découvertes culinaires et des moments de rencontre et d’échange. Des manifestations ont également lieu, comme la traditionnelle Marche des parapluies, portée par l’organisation Forum réfugiés, symbolisant la solidarité vis-à-vis de ces derniers. Ainsi, musique, danse, alimentation… sont autant de moyens de montrer son soutien aux personnes exilées.
Husna, comme des millions de personnes réfugiées, est un modèle de courage que tout le monde devrait suivre. “Je voudrais aider les journalistes qui sont en Afghanistan et qui veulent continuer leur activité, mais qui ne peuvent pas partir du pays”, conclut-elle.
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