Entrées par Justine Lenormand

“Je pense que partir, c’est abandonner ce pour quoi je me bats”

Maryna Zolotova est une journaliste Biélorusse. En 2018, elle a été placée en détention durant deux jours, accusée de négligence et “d’inaction” pour ne pas avoir contrôlé le travail de ses journalistes. Reçue à la Maison Des Journalistes (MDJ) pour échanger avec les résidents, elle a répondu à quelques-unes de nos questions.


Je ne peux pas dire que je me sentais en danger, mais j’étais préparée à ce que quelque chose de ce genre arrive.


Vous avez été arrêtée en août 2018, pouvez-vous nous rappeler ce qu’il s’est passé?

Maryna Zolotova: “Début août 2018, dix personnes sont venues chez moi pour effectuer des recherches. Deux d’entre eux étaient équipés de caméras. Quand je les ai vus, j’ai compris que je serais diffusée à la télévision le soir même.

Après la perquisition, ils m’ont amené au bureau du comité d’enquête pour m’interroger, mais ce jour-là, j’ai décidé de ne pas témoigner. L’affaire a commencé quand les appels de mon téléphone on été mis sur écoute. Personne ne m’expliquait pourquoi et combien de temps cela allait durer.

Puis j’ai été placé en détention. Ce jour-là, la police a perquisitionné de nombreux domiciles de journalistes en Biélorussie. Huit d’entre eux ont été arrêtés dont quatre sont originaires du même média que le mien TUT.BY.

Nous avons été relâchés deux jours plus tard, peut-être parce que la communauté internationale est intervenue ou parce que certaines personnes au sein de nos autorités ont compris que les forces de sécurité avaient commis une erreur.”

Qu’est-ce qu’il vous était reproché?

Dans le cadre de l’affaire Belta, 15 journalistes biélorusses ont été accusés d’avoir eu accès sans autorisation à l’agence d’information nationale (Belta). Mais l’infraction était insuffisante pour persécuter les journalistes de manière aussi brutale.

Quatre mois plus tard, la persécution de tous les journalistes a été stopée, mais ils ont quand même dû payer une amende. J’étais la seule personne encore accusée et j’ai dû comparaître en justice, bien que je n’ai jamais utilisé d’abonnement Belta, mais une autre accusation a été inventée contre moi pour m’inculper. J’étais accusé de négligence et d’inaction, pour ne pas avoir contrôlé le travail de mes journalistes.

Je n’étais pas d’accord avec l’accusation, mais le juge m’a condamné à une amende. C’était une punition assez légère. Il aurait pu y avoir d’autres types de sanctions, telles que l’interdiction d’exercer mon métier ou la détention jusqu’à cinq ans. Les médias d’Etat sur internet n’ont aucun succès. Cette affaire pénale était une bonne occasion d’affaiblir la concurrence. Bien que l’affaire soit terminée, je ne me sens pas libre dans mon métier.

Vous êtes vous sentis en danger avant votre arrestation?

Je ne peux pas dire que je me sentais en danger, mais j’étais préparée à ce que quelque chose de ce genre arrive. Le journalisme est une profession dangereuse en Biélorussie comme dans beaucoup d’autres pays. Mais j’avais l’espoir que ça se passe de cette façon en 2018.

Avez-vous continué à travailler?

Oui mais on fait beaucoup plus attention avec la cyber sécurité. Et bien-sûr, je ne discute plus de choses importantes par téléphone. Mais la façon dont on travaille est définitivement la même.

Comptez-vous rester en Biélorussie pour travailler?

Oui. Je ne veux pas quitter mon pays. Je suis née à Minsk et j’aime cette ville. Laissons les personnes désagréables quitter la Biélorussie. Je pense que partir c’est abandonner ce pour quoi je me bat.

Connaissiez-vous la Maison Des Journalistes? Qu’en pensez vous?

J’avais déjà entendu parlé de la MDJ mais je ne connaissais pas vraiment les détails de votre activité. Lorsque j’ai rencontré un ancien résident de la Maison des journalistes travailler à France 24, je me suis dit que ce travail est important. Accueillir des journalistes exilés et les aider à s’insérer dans la vie française est vraiment admirable. La MDJ donne de l’espoir aux personnes qui ont quitté leur pays et surtout la chance de démarrer une nouvelle vie. Merci pour ça.

Centrafrique : 2 journalistes violemment interpellés dans le cadre de leur activité professionnelle

Samedi 15 juin, deux journalistes ont été violemment interpellés à Bangui en Centrafrique. C’est lors d’une manifestation de l’opposition interdite par les autorités, qu’ils se sont vu confisquer et détruire leur matériel. Charles Bouessel et Florent Vergnes, correspondants de l’AFP en Centrafrique accrédités, couvraient la manifestation de l’opposition à Bangui samedi 15 juin lorsqu’ils ont été interpellés.

 

Avec Florent, nous tentons de partir (…). L’OCRB nous voit et semble furieux qu’on ait filmé la scène, ils foncent sur nous” a confié Charles Bouessel selon l’AFP. Flavien Mbata, ministre de la justice en Centrafrique a affirmé que les journalistes “ont été interpellés par la police, car ils étaient présents sur les lieux d’une manifestation interdite par la police“.

Retenus plus de six heures Ils ont déclaré, selon l’AFP, avoir été auditionnés trois fois et retenus plus de six heures par des membres de l’Office centrafricain de répression du banditisme (OCRB).


Ils [les journalistes de l’AFP] ont à leur tour tenté de partir lorsqu’ils ont “entendu des tirs à balles réelles”. L’OCRB a alors foncé sur eux car ils ont vu qu’ils filmaient la scène.


Récit de l’arrestation de ces deux journalistes

Charles Bouessel, confirmant la version de Florent Vergnes, a affirmé que tout se déroulait bien : les CRS (leur équivalent en Centrafrique) les laissaient filmer jusqu’à ce que les manifestants se dispersent. Ils ont à leur tour tenté de partir lorsqu’ils ont “entendu des tirs à balles réelles”. Mais l’OCRB a foncé sur eux lorsqu’ils ont vu qu’ils filmaient la scène.

 “l’un d’eux attrape ma caméra et la fracasse par terre.” raconte Charles Bouessel. Il ajoute ” je met les mains en l’air mais je me prend une première claque dans la tête. mon sac à dos où il y a mes papiers, passeport, carte bleue, accréditation presse,  est arraché et jeté par terre. je demande à le prendre, ainsi que les débris de mon appareil mais je reçoit seulement des coups”.

Le journaliste est “ceinturé à la gorge”

Florent Vergnes affirme, toujours selon l’AFP, avoir “été ceinturé à la gorge” et s’être “pris des beignes, des coups de crosse de Kalachnikov dans le dos”.

Il ajoute “ils m’ont arraché mon sac, mon appareil photo et mon téléphone”.

Ils ont été arrêtés aux alentours de 15H00 (14H00 GMT) et ont été libérés à 20H48 sans papiers, argent, ni téléphone.

Dimanche matin, Florent Vergnes a consulté un médecin à Bangui pour faire constater les blessures dues à son interpellation. Selon le certificat médical, “ce jour, il présente un volumineux hématome temporal droit, un hématome sur l’omoplate droite, un hématome sur la base du nez et une douleur sur l’articulation temporo-mandibulaire gauche et un trouble de l’articulé dentaire”.

Reporters sans frontières (RSF) n’a pas attendu pour condamner cette agression. L’ONG a notamment réagit sur Twitter en affirmant que “ces mauvais traitements ne doivent pas rester impunis “.

Ces agressions s’ajoutent au triple assassinat de journalistes Russes en juillet dernier et à l’assassinat de Camille Lepage journaliste française tué en 2014, prouvant l’insécurité journalistique qui règne en Centrafrique depuis quelques années maintenant.

Situation en Centrafrique

Le Centrafrique n’arrive pas à sortir de la guerre civile et des violences qui en découlent.

Les attaques contre les médias, les destructions de radios sont permanentes. La situation des journalistes est donc précaire selon Reporters sans frontières (RSF). L’Etat ne contrôle plus la majorité du territoire et les autorité tolèrent de moins en moins la critique par la presse. La censure s’exerce notamment en presse écrite.

Camille Lepage, journaliste Française de 26 ans avait été tué en République centrafricaine le 12 mai 2014. 

L’an dernier, au mois de juillet, 3 journalistes avaient été retrouvés tués.

L’insécurité pour les journalistes n’est pas récente. Il y a 5 ans, la Maison des journalistes accueillait un journaliste centrafricain victime de la répression : “Certains ont détruit ma maison et ont arrête mon petit frère afin d’obtenir des renseignements me concernant. Nous n’avons toujours pas de nouvelles de mon frère à l’heure qu’il est.

Il faut noter que la République Centrafricaine a perdu 33 places au classement mondial de la liberté de la presse en 2019 et se positionne au 145 ème rang mondial sur 180. 

Impacts and Revelations from Disclose’s Investigative Journalists Regarding the Sale of French Arms to Saudi Arabia

On Tuesday May 28th at 7:30, there was a conference broadcast over Facebook Live at “Le Grand Bréguet”, a Parisian bar to explain what happened during the explosive investigation “Made in France”. On April 15th, Disclose (a French NGO for investigative journalism) published an investigation that exposed the problem of selling french arms to Saudi Arabia.

Following this investigation, on May 14th, Geoffrey Livolsi and Mathias Destal were summoned by the DSGI (General Direction of Internal Security) – France’s internal intelligence service and judicial police of the French Ministry charged with maintaining national security.

Both journalistes were suspected of compromising national defense secrets by publishing a “confidential defense” report. A total of eight journalists from this affair were summoned by the DGSI.

Disclose accepts their decision to investigate the selling of French armes to Saudi Arabia and claims responsibility for this type of investigative journalism. Disclose is a french non-profit investigative media for general interests launched on November 6, 2018.

During the facebook live, Mathias Destal, one of its cofounders started by discussing the relevance of “Made in France” for its first investigation. The investigations concerns the selling of French arms to Saudi Arabia which will be used in the war against Yemen. Geographically, the conflict’s victims are situated thousands of miles from France.

In fact, due to the information hierarchy, information about places far from France spark less interest within the general public who are either not concered or minimally concerned about this selling of arms.

The international organizations know the truth about these arms being sold, but this knowledge was conditional and lacked evidence” confirms one of Disclose’s cofounders. This selling of arms, supported for months by NGO’s like Amnesty International was finally proven. Disclose started their investigation after leaked documents, classified as a “Confidential Denfense” report, drafted by the DRM (Direction of Military Reassingment) in September 2018 were brought to their attention. (The DRM is a French Intelligence Agency that collects and centralizes military intelligence information for the French Armed Forces).

This was the first time that an official authority confirmed the suspicions of the NGOs. It was out of the question for Disclose’s cofounders and journalistes to disregard information that can be classified as general interest. Without knowing if the investigation would explode in French Society, the journalists had been working for many months in order to cross-check all the nessicery information to prove that this was happening.

Disclose’s motivation in this investigation was to inform the public at large about the truths omitted by the executive powers.

The goal is to inform the public at large about the truths that were omitted by exectutive powers.” For Michel Despratx, a journalist in this investigation, it was “a great time to put an end to the substantial debate between the NGOs and the French government” regarding the selling of arms. However, spreading documents classified as “Confidential Defense”, is classified as an criminal offense punishable on average with 5 years of prison and a 75,000 euros fine for each person involved.

Journalists have a professional framework: the law regarding Freedom of the Press from 1881 that that needs to be acklowledged. On the other hand, they are also protected by their status as journalistes and their need to inform the public when the investigation sparked public interest. Despite all this, the government strongly reacted, and many summons were given by the DGSI.

Benoit Collombat, one of Disclose’s journalists testifies “DGSI wanted my sources, they asked me questions about how we work.” According to them, the message behind the convictions is “Stop your interests in these subjects!” For him, it is a kind of intimidation that does not scare him and will not stop him from contining to do his job and to inform the public.

Virginie Marquet, a lawyer for the Disclose journalists in this affair confirms that the framework from the 1881 law is not without fault and divulging documents classified as “confidential defense” is a new criminal offense. This framework is not protective enough for journalists.

A journalist’s mission is to inform, fundamental liberty and they must be protected in the professional framework of this important mission for all of the citizens. The freedom of information and expression makes our society a democracy. Journalists should benefit from protection given to their work that is, in the end, a social mission.

The status of journalists is challenged

In some court meetings held by the DGSI, there was no reference to their quality of their journalism. The journalists were summoned as their personal titles, meaning their status as a journalist would be disregarded in these meetings and they would be considered ordinary citizens who had committed these offenses, thus separating their identities.

This was established with the goal of obtaining as much information as possible. “The fact that they are heard as a witness, for example, gives them less rights” Virginie Marquet confirms.

Michel Despratx did not answer any of the 30 questions asked by the assembly invoking each time, the protection of his sources. Pressure is exerted on the government Benoit Collombat confirms that these court meetings are “a way of delegitimizing the subject” which had a considerable impact in France. Contrary to what was expected, the public was very interested in this affair.

The population was aware of this problem and exerted pressure on the government. According to Disclose, at the assembly, politicians discussed that concrete actions were organized like blockades and protests against loading “Cesaers le 7” (french arms) on May 7th. These actions prove the impact of the investigation. In effect, on May 7th, 2019, a Saudi Arabian cargo ship, Bahri Yanbu, arrived at the French port in Havre so that the French armes could be shipped to Saudi Arabia. The NGO’s ASER and ACAT blocked the loading of the cargo thanks to emergency intervention.

Impact et révélations sur l’affaire des ventes d’armes françaises à l’Arabie Saoudite par les journalistes d’investigation de Disclose

Mardi 28 mai à 19h30 se tenait à Paris, au bar le grand Bréguet, le grand live Disclose. L’occasion de revenir sur l’enquête explosive “Made in France”. 

Le 15 avril dernier, Disclose a publié une enquête mettant en avant la problématique des ventes d’armes françaises à l’Arabie Saoudite.

Suite à cette enquête, le 14 mai, Geoffrey Livolsi et Mathias Destal étaient convoqués par la DGSI (Direction Générale de la Sécurité Intérieure).

Les deux journalistes sont suspectés d’avoir compromis le secret de la défense nationale en publiant un rapport “confidentiel défense”. Au total, huit journalistes ont été convoqués par la DGSI dans cette affaire.

Disclose assume le choix de son enquête sur les ventes d’armes françaises à l’Arabie Saoudite et revendique ce type de journalisme d’investigation

Disclose est un média français d’investigation d’intérêt général et à but non lucratif lancé le 6 novembre 2018. Lors du grand live Disclose, Mathias Destal, son cofondateur a commencé par évoquer son questionnement quant à la pertinence du sujet “Made in France” comme première enquête.

L’enquête concerne les ventes d’armes Françaises à l’Arabie Saoudite qui seraient utilisées dans sa guerre contre le Yemen.

Géographiquement, les victimes de ce conflit se situent à des milliers de kilomètres de la France. De fait, une hiérarchisation de l’information s’installe et ces informations géographiquement lointaines intéressent moins l’opinion publique qui ne se sent pas ou peu concernée par ces ventes d’armes.

Les ONG connaissaient la vérité sur ces ventes d’armes mais tout était encore au conditionnel sans preuve” confirme le cofondateur de Disclose. Ces ventes d’armes, soupçonnées par des ONG comme Amnesty International depuis des mois ont finalement été prouvées.

Disclose a fondé son enquête sur la fuite de documents à leur attention portant la classification “Confidentiel Défense”, rapport rédigé par la DRM (Direction du Renseignement Militaire) en septembre 2018.

C’est la première fois qu’une autorité officielle confirme les soupçons des ONG.

Hors de question pour les cofondateurs et journalistes de Disclose de mettre de côté ce genre d’informations qu’ils qualifient d’intérêt général. Sans savoir si l’enquête allait exploser dans la société française, les journalistes ont mené un travail sur plusieurs mois afin de recouper toutes les informations nécessaires à prouver ces ventes.

La volonté de Disclose dans cette enquête avait aussi pour but d’informer le grand public des vérités omises par le pouvoir exécutif.

“Le but est d’informer le grand public des vérités omises par le pouvoir exécutif”

Pour Michel Despratx, journaliste dans cette enquête, c’était “une belle occasion pour mettre fin à un gros débat entre les ONG et le gouvernement français” sur ces ventes d’arme.

Pourtant, diffuser un dossier classé “Confidentiel Défense”, relève d’une infraction qui est passible 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende pour toute personne.

Les journalistes ont un cadre: la loi sur la liberté de la presse de 1881 qui les oblige à rendre des comptes. Par contre, ils sont aussi protégés par leur statut et leur devoir d’informer le public lorsque l’enquête relève d’un intérêt général.


“La DGSI voulait mes sources”

Benoit Collombat


Malgré tout, le gouvernement a vivement réagi et une pluie de convocations par la DGSI est tombée.

Benoit Collombat, journaliste pour Disclose témoigne. “La DGSI voulait mes sources, ils me posaient des questions sur notre façon de travailler par exemple.” Selon lui, le message derrière ces convocations est: “Arrêtez de vous intéresser à ces sujets!». C’est pour lui une sorte d’intimidation qui ne lui fait pas peur et ne l’empêchera pas de continuer à exercer son métier et à informer le public.

Virginie Marquet, avocate des journalistes de Disclose dans cette affaire affirme que le cadre de la loi de 1881 n’est pas sans faille et divulguer des documents classifiés “confidentiel défense” est une nouvelle infraction. Le cadre n’est pas assez protecteur pour les journalistes.

La mission des journalistes est d’informer. C’est une liberté fondamentale et ils doivent être protégés dans le cadre de cette mission importante pour tous les citoyens. C’est cette liberté d’information et d’expression qui fait de notre société une démocratie. Ils doivent bénéficier d’une protection liée à leur travail qui est finalement une mission sociale“.

Le statut de journaliste remis en cause

Dans certaines convocations par la DGSI, il n’y a aucune référence à leur qualité de journaliste, ils sont convoqués à titre personnel dans le but d’obtenir le plus d’information possible.

Qu’ils soient entendus en tant que témoin par exemple, leur confère moins de droit” affirme Virginie Marquet.

Michel Despratx n’a répondu à aucune des 30 questions posées lors des convocations en invoquant à chaque fois la protection de ses sources.

“Une pression s’exerce sur le gouvernement”

Benoit Collombat affirme que ces convocations sont “une façon de déligitimer le sujet” qui a eu un impact considérable en France.

L’opinion publique n’est finalement pas désintéressée au contraire. La population s’en saisit et une pression s’exerce sur le gouvernement. Les politiques en parle à l’Assemblée, des actions concrètes s’organisent telle que le blocus du chargement de canons Caesar le 7 mai dernier selon Disclose, tout cela prouve l’impact de l’enquête“.

En effet, le 7 mai 2019, le cargo Bahri Yanbu devait arriver au port du Havre pour que de nouvelles armes françaises soient expédiées vers l’Arabie Saoudite. Les ONG ASER et ACAT avaient bloqué le chargement du cargo grâce à un référé.

Les semaines passent et l’impact de cette enquête ne faiblit pas. Encore hier (lundi 27 mai 2019), au port de Marseille-Fos, le même cargo dénommé Bahri Tabuk qui était à quai devait transporter des munitions à destination de l’Arabie saoudite. Le syndicat des dockers du port a affirmé qu’ils ne chargeraient aucune arme ni munition. De quoi pousser l’Etat à s’organiser autrement pour ce marché controversé.

Elections Européennes : L’influence des fakes news dans la confiance des jeunes envers la politique

Les fakes news et les théories du complot participent à la défiance des jeunes envers la politique mais celles-ci arrivent parfois à être réfutées. À J-3 des élections Européennes, l’abstention risque d’être importante selon les derniers sondages. Les institutions luttent pour que les Français aillent voter en connaissant la réalité de ce qu’est l’Europe et non en se basant sur des idées fausses.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes: dans son dernier sondage pour Paris Match, Cnews et Sud-radio, Ifop-fiducial affirme que plus des 3/4, soit 77% des jeunes électeurs (18-25ans), prévoient de s’abstenir pour les élections Européennes.

En 2014 ils étaient 74% à ne pas avoir voté contre 71% en 2009. Mais pourquoi de plus en plus de jeunes ne se rendent plus aux urnes ?

Selon l’Ifop c’est “principalement pour des raisons liées au pessimisme sur la capacité de cette élection à changer les choses ou par manque d’identification à l’offre politique actuelle”.

“77% des jeunes électeurs prévoient de s’abstenir”

Jérome, représentant de la maison de l’Europe à Paris forme et informe sur la citoyenneté Européenne. Il organise des ateliers pédagogiques avec des adultes et des projets pédagogiques en partenariat avec des écoles pour toucher les plus jeunes. Il affirme que “les jeunes sont un peu perdus et savent qu’il y a des théories du complot, des fakes news. Mais ils ont du mal à savoir qui est quoi. C’est ce qu’(il) ressort de (son) expérience avec les jeunes, notamment les jeunes de banlieue.”

Toujours selon l’Ifop, 69% des jeunes électeurs se sentent mal informés sur l’Union Européenne. 17% se sentent même très mal informés précisément sur les actions de l’Union Européenne. Cependant, il existe des moyens pour réfuter et lutter contre ces fakes news ou ces théories du complot. En réponse à cette désinformation, pour les élections Européennes a été remis en avant le site les décodeurs de l’Europe lancé fin 2016 par la représentation de la Commission européenne en France.

La construction européenne fait selon elle l’objet de toute sorte d’idées fausses qui alimentent les fakes news. La volonté première de ce site est alors de permettre aux électeurs d’exprimer un vote «en connaissance de cause» en se basant sur la réalité et non sur des fakes news.

“C’est difficile pour eux de faire confiance”

Jérome nous confie aussi que les jeunes “ne connaissent pas les décodeurs de l’Europe et même quand (il) leur en parle c’est difficile pour eux de faire confiance à une institution que ce soit à l’échelle européenne nationale ou locale, peu importe ils ont du mal à faire confiance à une institution“.

Seulement 9% des français déclarent avoir confiance envers les partis politique nous apprenait le 10e baromètre annuel de la confiance du Centre d’étude de la vie politique (Cevipof) réalisé par l’institut OpinionWay et publié en Janvier dernier. Les fakes news et les croyances en des théories du complot participent en partie à augmenter cette défiance envers les institutions et les acteurs de la vie démocratique, qui n’a jamais atteint ce niveau.

“Les grandes rédactions s’attachent aussi à lutter contre les fakes news” 

Rudy Reichstadt, directeur de conspiracy Watch nous indique que de leur côté, les grandes rédactions s’attachent aussi à lutter contre les fakes news et théories du complot grâce à des cellules dédiées.

Il existe entre autre les décodeurs du monde, afp factuel ou encore fact check Eu. Fact Check Eu réunit 19 médias européens. Ils vérifient les fakes news liées aux élections européennes. Le Monde, 20 minutes, l’AFP et Libération en font parti notamment pour la partie française.

Rudy Reichstadt ajoute que les moyens pour lutter contre les fakes news ou les théories du complot sont “nécessaire mais pas suffisant. C’est important de répondre à cette propagande et ne pas laisser les Français sans élément pour contre argumenter donc ce travail est précieux”.

*Sondage Ifop: réalisé sur un échantillon de 1498 personnes représentatif de la population française âgée de 18 à 25 ans par questionnaire auto-administré en ligne du 15 au 24 avril 2019. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession).