1,8 milliard de jeunes dans le monde : potentiel de développement économique ou bombe à retardement ?

[Par Marciano Romaric KENZO CHEMBO]

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Le rapport annuel du Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP) 2014 sur la population mondiale, baptisé “Le pouvoir de 1,8 milliard d’adolescents et de jeunes et la transformation de l’avenir” a été présenté lundi 17 novembre 2014, dans la salle de conférence du ministère français des affaires étrangères et européennes du Quai d’Orsay.

Un document de 128 pages qui trace et oriente les grands axes à suivre et définit la politique à mener par les Etats et gouvernements membres du système de l’Organisation des Nations Unies pour parvenir aux objectifs fixés par l’Organisation et les pays à partir de l’An 2015, date butoir des objectifs du millénaire.

Il ressort de ce document qu’aujourd’hui notre monde compte plus de 1,8 milliard d’adolescents et de jeunes de 10 à 24 ans, un nombre sans précédent, la tranche d’âge la plus importante de l’histoire de l’Humanité et cette année, le FNUAP met l’accent sur la nécessité d’investir sur ce groupe d’âge qui peut être à la fois un potentiel de développement économique durable ou une bombe à retardement pour l’humanité car, des jeunes dépend l’avenir de notre planète puisqu’ils en seront les dirigeants ; ce sont eux qui façonneront le monde. Les adolescents de 10 ans aujourd’hui auront 20 ans en 2024 et en 2034, 30 ans. D’où la nécessité de prendre en compte leurs préoccupations et leurs besoins, de les associer à la prise de décisions et à la réalisation de leurs projets et de les écouter.
Ce qui, hélas n’est pas le cas à l’heure actuelle dans de nombreux pays en voie de développement surtout dans les Etats d’Afrique subsaharienne, dont les préoccupations premières des décideurs politiques sont les adultes, la jeunesse souvent reléguée aux calendes grecques.

Um moment de l'intervention de Mabingué Ngom, Directeur de la Division des Programmes du FNUAP

Um moment de l’intervention de Mabingué Ngom, Directeur de la Division des Programmes du FNUAP

Selon Monsieur Mabingué Ngom, Directeur de la Division des Programmes du FNUAP,

– Il est urgent pour les dirigeants, les Organisations non gouvernementales, les entités privées et les citoyens d’investir efficacement et durablement en matière d’éducation, de formation professionnelle, de création d’emplois productifs, de santé, de programmes de planification afin de garantir à la jeunesse un bien-être et un mieux-vivre, gage d’un avenir meilleur et serein de notre planète. Car une jeunesse instruite, saine et occupée par des emplois stables et satisfaisants est plus responsable et constitue un capital humain générateur de ressources et non une proie au banditisme, terrorisme, rébellion…

– L’accent doit être également mis sur le respect des droits fondamentaux des adolescents et des jeunes, tel le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité, le droit à la santé, à l’éducation, à l’information, à la liberté d’expression, à la liberté d’association et de la non-discrimination, et le droit d’être à l’abri de la torture et d’autres traitements cruels inhumains dégradants y compris la violence sexuelle et les mariages précoces que continuent de subir plus de 600 millions d’adolescentes dans les pays pauvres, dont “chaque jour 39000 deviennent des épouses enfants”, soit environ 140.000.000/décennie (ndlr Rapport FNUAP 2014);

Réduire l’écart d’inégalité relative au genre qui défavorise les filles et les jeunes femmes; inégalité due à la culture, au poids des us et coutumes dans de nombreux pays du Sud qui attribuent des rôles sociaux et économiques très distincts aux jeunes hommes et jeunes femmes, et qui souvent a des effets néfastes pour les filles et les jeunes femmes en particulier. Ces inégalités, liées au genre, traduisent le manque de scolarisation des jeunes femmes, le manque d’accès à l’éducation sexuelle en matière de contraception, de procréation et de la protection contre les maladies sexuellement transmissibles V.I.H/SIDA, et les abus sexuels dont elles sont victimes ; ce qui ferme le monde aux filles tandis que l’horizon des garçons s’ouvre.

– Il faut associer les jeunes aux processus décisionnels sur les questions qui engagent leur vie, leurs besoins, tels les plans de réduction de la pauvreté, les plans nationaux de développement dont ils sont au cœur.

Mettre les parents en confiance, en améliorant la santé de leurs enfants, ce qui réduirait le taux de mortalité infantile, d’où l’accroissement de l’espérance de vie qui entraînerait une hausse de productivité.

 

Élèves d’un programme de formation technique et professionnelle, dirigé par l’UNFPA, en train de discuter de ce que pourrait être dans l’idéal un centre de développement pour jeunes. © UNFPA/Dustin Barter

Élèves d’un programme de formation technique et professionnelle,
dirigé par l’UNFPA, en train de discuter de ce que pourrait être
dans l’idéal un centre de développement pour jeunes.
© UNFPA/Dustin Barter

Pour transformer ce capital humain en capital économique, il faut impérativement investir dans l’éducation, la santé. Et pour cela, mobiliser la communauté internationale, les bailleurs de fonds traditionnels, mais aussi le secteur privé pour dégager les ressources nécessaires, car nombreux aujourd’hui sont les Etats qui ne peuvent disposer de capitaux indispensables pour assurer leur transition démographique qui conduirait à une hausse de productivité ,et cela à cause de l’insuffisance de leurs ressources fiscales comme au Sénégal, au Niger, au Congo Kinshasa…et bien d’autres encore qui ne seront même pas au RV des objectifs du millénaire comme la Syrie, la Centrafrique…en proie aux conflits, et dont l’avenir est incertain, notamment pour la jeunesse.

Aujourd’hui, dix-sept (17) pays en voie de développement regorgent de la moitié de ce groupe de la population mondiale qui a moins de 18 ans, 50%, soit 800 millions d’âmes.
Dans 48 pays les moins développés, la plupart des habitants sont des enfants (de moins de 18 ans) ou des adolescents (10 à 19 ans), tels que l’Afghanistan, le Timor-Leste et dans 15 pays d’Afrique Subsaharienne. Pour les pays comme le Niger, l’Ouganda et le Tchad, la tranche d’âge de 16 ans constitue la moitié de la population du pays (ndlr Rapport FNUAP 2014).
Malheureusement dans ces pays du sud où l’économie bat de l’aile et où la croissance est nulle, la jeunesse est souvent livrée à elle-même et en proie à toutes les tentations, avec un taux de scolarisation le plus bas du monde. En Afrique subsaharienne en 2011, 21% d’adolescents étaient non scolarisés sur un effectif mondial de 64 millions (ndlr UNESCO, 2014b).
Chose troublante, le manque de qualité de l’enseignement est un facteur dissuasif de la scolarisation. Dans de nombreux pays du Sud, les enseignants reçoivent une formation médiocre, les manuels scolaires sont insuffisants, les infrastructures sont de mauvaise qualité et souvent une absence ou réduction d’enseignants dispense une formation au rabais (UNESCO, 2014b). “Les statistiques estiment que 130.000.000 d’enfants effectuent 4 années d’études primaires, mais ne parviennent jamais au niveau minimum de connaissance prévue”( ndlr Rapport FNUAP 2014).

© Marc Shoul/Panos

© Marc Shoul/Panos

Le tableau s’assombrit davantage par l’absence de scolarisation de dizaine de millions de jeunes dans le monde, leur niveau peu élevé de formation ne satisfait pas aux critères d’apprentissage les plus élémentaires et de facto, leurs perspectives d’emplois sont souvent médiocres.
A cela s’ajoute le manque cruel de structures sanitaires et la cherté des soins administrés ne permettent pas aux jeunes et aux adolescents de se faire soigner convenablement.

Dans certaines régions du monde, notamment en Afrique subsaharienne, la mauvaise gouvernance, caractérisée par le pillage systématique des ressources, l’absence d’investissements, le détournement des capitaux et biens publics, empêche la création d’emplois; l’offre étant soit absente, soit de piètre qualité , ce qui aggrave la crise du chômage dans cette tranche d’âge. D’après le rapport du FNUAP, 60% des jeunes de régions en voie de développement n’ont pas de travail, ne sont pas scolarisés ou n’ont que des emplois irréguliers. Pour réussir le pari de la transformation du capital humain en puissance économique, nombreux pays d’Afrique doivent revoir leur politique pour espérer tirer profit de leur dividende démographique, en s’inspirant des expériences des Etats tels que la Corée du Sud, la Tunisie…

Tous ces facteurs de détresse, d’abandon, de laisser pour compte de la société exposent la jeunesse à des maux comme le grand banditisme, l’appât du gain facile, la prolifération des groupes extrémistes et terroristes dans les Etats comme le Mali, le Nigéria, le Congo démocratique…quant aux pays en proie aux conflits tels que la Syrie, la Centrafrique où le démarrage de ce programme est pour le moment invraisemblable à cause des conflits que ces pays traversent et dont la priorité première est la sécurité et la paix, la mise en route de ce programme n’est pas au rendez-vous, dixit le Directeur Général adjoint de la mondialisation, du développement et des partenariats au Quai-d’Orsay, Gautier Mignot.

Selon ce haut fonctionnaire Français, ce rapport est important pour les gouvernants, mais aussi les citoyens ; la préoccupation de son gouvernement est aujourd’hui la croissance démographique dans les régions d’Afrique de L’Ouest et d’Afrique Centrale qui sont le 1er foyer démographique au monde. Il faut nécessairement mettre l’accent sur de bonnes politiques qui s’appliquent dans la durée, d’où la nécessité d’une bonne gouvernance, c’est le premier pas; car le risque, c’est que cette jeunesse pleine d’énergie, lorsqu’elle est insatisfaite, est désespérée et réagit de manière forte par des réactions violentes, pouvant entraîner le chaos…l’immigration massive…et c’est pour prévenir ce genre de réaction qu’il faut tenir compte des besoins de ce groupe de population pour éviter le pire un jour.

Infographique tirée du Rapport Etat de la population mondiale 2014 (www.unfpa.org)

Infographique tirée du Rapport Etat de la population mondiale 2014 (www.unfpa.org)

Il va sans dire que cette réalité démographique est un fait et un grand défi pour l’humanité, notamment les décideurs politiques a déclaré le Directeur de la Division des programmes du FNUAP, Mabingue Ngom. Et cela, nul Etat, ni Gouvernement ne peut le nier. Il est encore temps que la communauté internationale se mobilise et travaille en symbiose pour pouvoir transformer ce pouvoir de 1 800 000 000 d’êtres en capital économique pouvant ainsi créer des ressources pour l’humanité dans les années à venir.
Pour y parvenir, il faut explorer toutes les voies de ressources et pour cela dépasser le cadre traditionnel des bailleurs en associant aussi le secteur privé des pays développés et des pays en voie de développement, en travaillant de concert avec la charte de la jeunesse adoptée par l’Union Africaine en 2006,pour les régions d’Afrique, en prônant la bonne gouvernance, en promouvant les aides au développement, en plaçant la jeunesse au centre des priorités tant à l’échelle nationale qu’internationale, en investissant massivement dans l’éducation, la formation professionnelle, la santé, la planification familiale.
Car les pays qui répondront aux besoins des jeunes durant cette période se trouveront notablement mieux positionnés d’ici le milieu du siècle, disposant d’une population plus instruite et en meilleure santé, d’une force de travail plus productive, d’une économie croissante, et bénéficiant d’une chute du taux de fécondité.

Les pays qui négligent les jeunes, eux, verront leurs taux de fécondité s’élever progressivement et auront à subvenir aux besoins d’un important segment de la population jeune ainsi qu’à ceux des personnes non actives” (ndlr: Rapport FNUAP 2014).

Fort de ce qui précède, il résulte de ce rapport, que si notre monde actuel prend à bras le corps le problème des jeunes et adolescents et en fait sa préoccupation, comme celle des adultes, dans les décennies à venir, l’humanité aura tout à gagner dans bien des domaines. Mais, si bien au contraire, 1.800.000.000 d’âmes continuent d’être marginalisées, le non-respect des droits inhérents à leur personne, le chômage accru, l’absence de ressources vitales, la désespérance…ne pourront entraîner que crainte, mécontentement, réactions fortes et violentes, crises profondes…le chaos.

 

 

Centrafrique : Amnesty plaide pour la protection des civils et la lutte contre l’impunité

[Par Makaila NGUEBLA]

La situation des droits de l’Homme, la protection des civils et la lutte contre l’impunité en République centrafricaine préoccupent Amnesty International (voir le récent rapport intitulé Les ravages de la haine ). Christian Mukosa, responsable de recherches au programme Afrique d’Amnesty International, de retour d’une mission de dix-neuf jours dans plusieurs localités, a fait face à la presse, ce jeudi 06 novembre 2014 au siège de l’organisation, au 76, Boulevard de la Villette à Paris.

(Source :amnesty.fr)

(Source :amnesty.fr)

Une équipe de chercheurs d’Amnesty International a sillonné Bangui, Bambari, Boda et d’autres régions de la République centrafricaine pour évaluer la situation des droits de l’Homme dans le pays.

Constat alarmant.

(Source : fr.africatime.com)

(Source : fr.africatime.com)

Selon Christian Mukosa, Amnesty International partage deux préoccupations au sujet de la situation en Centrafrique. Pour le chercheur, la protection des civils et la question de la sécurité sont des problèmes extrêmement inquiétants, malgré la présence des forces internationales déployées depuis le 15 septembre 2014: « des gens sont pillés, tués. », dit-il.
Au mois d’octobre dernier, les Anti-balaka ont attaqué à Bangui les hommes de la Séléka et des groupes musulmans armés, causant dix morts.
« Ces actes de violences se sont déroulés dans Bangui au nez et à la barbe de la communauté internationale. », a déclaré Christian Mukosa, avant de s’interroger : « Qu’en sera-t-il pour les gens des villages situés loin des regards extérieurs ? ».
Il y a également le cas des civils chrétiens tués par des Peuls armés.
La Séléka, important groupé armé, est désormais partagé entre Joseph Zindeko et Ali Darassa, qui se regardent en chiens de faïence dans Bambari. « Tout peut arriver. », redoute Christian Mukosa.
Devant cette situation, la question de l’impunité demeure préoccupante pour le chercheur, qui a rencontré les deux principaux chefs religieux et échangés avec les citoyens ordinaires. Il a estimé que l’arrestation des responsables des Anti-Balaka et de la Séléka ne provoquera pas la fin du monde.

La communauté internationale interpellée.
Le chercheur a insisté sur le rôle de la communauté internationale, qui doit mettre un terme à l’impunité des crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par des acteurs clés de cette crise.
La communauté internationale doit venir appuyer les efforts locaux, non seulement pour limiter les dégâts, mais aussi afin d’aider à assainir l’espace politique, préparer les élections et protéger les civils à travers des stratégies cohérentes.
M. Christian Mukosa soutient que son organisation plaide en faveur de la sécurité des citoyens et d’un Etat de droit en RCA : « nous invitons la communauté internationale à assurer la sécurité des citoyens pour un Etat de droit. » a-t-il insisté.
Et le chercheur de conclure : « Amnesty International a encouragé la présence des forces internationales en Centrafrique. ». Toutefois, il ne nie pas les efforts de celles-ci en faveur du retour de la paix en Centrafrique.

Cybercriminalité : la France adopte un arsenal juridique aux normes internationales

[Par Makaila NGUEBLA]

A l’initiative de l’Association Nationale des Auditeurs Jeunes (ANAJ), une conférence portant sur le thème : « Cybercriminalité, Cyber-défense : quelles sont les réponses juridiques dans cet espace ? », a été animée le 30 octobre 2014 à 19H30 dans l’amphithéâtre de l’école militaire par Me Myriam Quemener, magistrate à la cour d’appel de Versailles. Elle est également membre de la commission parlementaire à l’Assemblée Nationale sur le numérique.

Les intervenants à la conférence (photo crédits : Makaila Nguebla)

Les intervenants à la conférence : Myriam Quemener et Loïs Samain (photo crédits : Makaila Nguebla)

Selon Loïs Samain, Responsable du comité Cyber-Défense de l’ANAJ-IHEDN, cette conférence-débat s’inscrit dans le cadre des activités de ladite association pour échanger avec les personnes passionnées par la question de la sécurité et la défense. Il soutient : « C’est dans cet objectif que nous avons invité Me Quemener, afin qu’elle nous présente les moyens juridiques pour lutter contre la cybercriminalité. »

 Ci-dessous une déclaration de Loïs Samain, Responsable du comité Cyber-Défense de l’ANAJ-IHEDN :

Devant un public pluridisciplinaire très attentif lui étant totalement acquis, dans une salle archicomble, Me Quemener a fait un brillant exposé sur la cybercriminalité qui prend une ampleur de plus en plus inquiétante dans le monde. Elle travaille sur le dossier depuis quatorze ans.
Pour l’animatrice de cette conférence, le sujet revêt des enjeux politiques et stratégiques forts, ce qui a conduit l’Assemblée Nationale à adopter une position face à la cybercriminalité, dont aucune définition universelle n’a encore été admise au niveau mondial.
Face donc à la délinquance qui se déploie sur le numérique, le ministère de la Justice et les institutions ont réalisé des avancées décisives pour interpeller les citoyens, notamment sur ces questions : la cyber-sécurité, définie comme un ensemble de stratégies pour éviter les attaques ; la cyber-défense, relevant du domaine de l’État ; la cybercriminalité, portant sur les infractions informatives et la communication.

Le public présent à la conférence (photo crédit : Makaila Nguebla)

Le public présent à la conférence (photo crédit : Makaila Nguebla)

Pour Me Quemener, les cyber-victimes sont généralement des particuliers ou des entreprises. Ainsi, elle révèle qu’en 2010, la cybercriminalité a coûté 1.7 milliards à la France, soit 872 millions d’euros de pertes directes.
Devant cette délinquance numérique complexe, diversifiée et organisée dans des cyberespaces, une structuration juridique en termes de stratégies globales s’impose. C’est pourquoi tous les secteurs et services sont concernés pour agir contre la cybercriminalité afin de dissuader et de sanctionner les auteurs et les « mules » à savoir les intermédiaires.
Des moyens et outils de contrôles sont alloués à la police, à la gendarmerie et la douane pour renforcer leurs capacités de travail afin de mieux lutter face aux contrefaçons.
Ainsi, face au bouillonnement numérique, la France et les pays européens sont résolument décidés à trouver des réponses appropriées à travers des juridictions spécialisées.
En termes de perspectives, il est à noter des avancées au niveau de l’Europe via une harmonisation dans le pôle numérique pour une coopération internationale sur la prévention et l’information des internautes.

Ci-dessous la vidéo de la conférence :

Fin de l’impunité des crimes contre la presse : illusion ou réalité ?

[Par Marciano Romaric KENZO CHEMBO]

(source : leconomistemaghrebin.com)

(source : leconomistemaghrebin.com)

Instituée il y a deux ans par l’Assemblée générale des Nations Unies, la Journée Internationale de la Lutte contre l’impunité des crimes commis contre les journalistes est célébrée le 2 novembre en hommage à nos confrères de Radio France Internationale, Ghislaine Dupont et Claude Verlaine, abattus froidement au Mali en 2012 dans l’exercice de leur fonction. Les enquêtes pour déterminer les circonstances de ces odieux assassinats n’ont toujours pas abouti et les coupables continuent de courir.

C’est une journée qui amène chacun de nous à avoir une pensée pour tous les journalistes et autres professionnels des médias maltraités, emprisonnés et assassinés à travers le monde et surtout à nous interroger sur les moyens qui pourraient leur garantir un cadre rassurant de travail et mieux sécuriser leur vie.

Les journalistes sont victimes de violences physiques, de meurtres, d’emprisonnement dans l’exercice de leur fonction et ces crimes sont souvent restés impunis et les coupables jamais inquiétés.

Pour favoriser la liberté d’expression, la liberté de la presse, facteur majeur et déterminant pour asseoir une véritable démocratie, le problème de la sécurité des professionnels des médias doit être garanti.

Déjà en 1997, la conférence générale de l’Unesco avait adopté une résolution condamnant la violence contre les journalistes (ndlr résolution 29 de l’UNESCO: “Sur la condamnation des violences contre les journalistes”.)
Dix-sept ans plus tard, le constat est amer et le tableau difficile à regarder, au regard des statistiques du classement annuel du baromètre de la liberté de la presse, établi par l’organisation non-gouvernementale Reporters Sans Frontières en 2014.
Il ressort de ce constat que les journalistes et autres professionnels des médias perdent leur vie, alors qu’ils cherchent juste la vérité. Parce que simplement ils veulent informer l’opinion, ils sont pris pour cible et malheureusement leur nombre ne cesse d’augmenter.
C’est un problème grave et assez préoccupant pour les pays membres des Nations Unies, les Associations et Organismes œuvrant en faveur des Droits humains, car la plupart des crimes commis contre les professionnels de la presse sont restés impunis ; selon un rapport du Comité de Protection des Journalistes,”85% des meurtriers des journalistes n’ont fait l’objet d’aucune enquête, ni poursuites pour leurs forfaits et juste 7% des commanditaires ont été poursuivis par la justice“.
D’où la question de la difficile résolution de l’équation à plusieurs inconnues de l’impunité dont jouissent les bourreaux.

Car aussi longtemps que les coupables ne seront pas inquiétés, aussi longtemps les journalistes seront des cibles et la démocratie menacée. Ces menaces, emprisonnement et meurtres constituent de graves atteintes à la liberté d’expression et dégradent les bases d’un Etat de Droit respectueux des principes élémentaires humains. Nous savons que l’impunité encourage et aggrave une situation déjà inquiétante dans plusieurs pays tels que la Turquie, le Turkménistan, l’Iran, le Pakistan, la Corée du Nord, le Srilanka en passant par Madagascar, l’Érythrée, le Kenya, le Rwanda, le Tchad, l’Egypte, le Mexique, le Brésil, voire les Etats-unis où les gouvernements, les forces de l’ordre, les milices armées, les cartels de drogue s’en prennent aux journalistes.
Aussi dans les pays en guerre ou en proie à des conflits, le ciel s’assombrit davantage à l’instar de la Syrie, la Centrafrique, le Mali pour ne citer que ceux-là.
La police enquête rarement à cause des pressions politiques et d’un système judiciaire corrompu ; souvent les autorités occultent volontairement la vérité en torpillant les investigations. S’ajoute à cela les journalistes assassinés volontairement dans les combats par les belligérants sans qu’aucune poursuite soit rendue possible contre les soldats ou les meurtriers.

Aujourd’hui, il est temps que le Conseil de sécurité des Nations, les Organisations Non Gouvernementales, les sociétés civiles fassent pression sur les gouvernements, les Etats membres afin que les pouvoirs publics protègent et garantissent des conditions de travail et de cadre de vie favorables et sécurisants pour les journalistes et autres professionnels de médias.
Que les instances internationales, régionales et nationales prennent des mesures concrètes, et non des mots vains, afin que soit combattue cette culture de l’impunité.
Que les organisations internationales et autres associations œuvrant, militant à promouvoir la liberté d’expression et de presse sensibilisent davantage dans ce sens en bannissant cette culture d’impunité et que les coupables soient traduits en justice, jugés et condamnés et surtout que les victimes aient accès à des recours effectifs.

Paul Biya, la Suisse est-elle prête à l’accueillir ?

[Par René DASSIE’]

Blaise Compaore (source : afriquekibare.mondoblog.org)

Blaise Compaoré (source : afriquekibare.mondoblog.org)

Annoncé au Togo, Blaise Compaoré, ci-devant président du Burkina-Faso, a finalement trouvé en Côte d’Ivoire, une telle d’exil. Il s’agit d’un pays qu’il connait bien : il a été médiateur dans la crise qui a secoué ce pays frontalier du sien, dès la tentative de coup d’Etat contre Laurent Gbagbo, en septembre 2002. Lors de la crise postélectorale de 2010, il sera désigné dans le panel des médiateurs de l’Union africaine, aux côtés des présidents d’Afrique du Sud, Jacob Zuma, de la Mauritanie, Mohamed Ould Abdel Aziz, de la Tanzanie, Jakaya Kikwete et du Tchad, Idriss Deby Itno. Et ce, malgré l’opposition de l’Alliance des jeunes patriotes, mouvement populaire ultranationaliste pro-Gbagbo, dirigé par l’activiste Charles Blé Goudé, aujourd’hui en jugement à la Cour pénale internationale de La Haye, pour son rôle présumé dans les violences qui ont fait plus de 3000 morts dans le pays il y a quatre ans.
Exil donc en terre africaine, pour Blaise Compaoré, souvent présenté comme l’allié des occidentaux en Afrique de l’Ouest. A aucun moment depuis sa démission vendredi, il n’a été question pour lui de prendre le chemin de l’Europe.

Idi Amin Dada

Idi Amin Dada

C’est d’ailleurs, sauf erreur, une constante. Les dirigeants déchus d’Afrique ne vont pas couler leur retraite forcée en Europe. Après avoir fui la capitale Kampala en avril 1979, Idi Amin Dada, l’ancien maître de l’Ouganda dont le « règne » fit plusieurs dizaines de milliers de victimes passa par la Lybie de Kadhafi avant de trouver un point de chute à Djeddah, en Arabie Saoudite. Il y vécu jusqu’à sa mort, le 16 août 2003. Bien que peu pratiquant, il était musulman et avait favorisé ses coreligionnaires pendant son règne. D’où, sans doute, l’intérêt que lui portait la Libye et l’Arabie Saoudite. C’est également à Djeddah que s’est réfugié l’ancien président tunisien, Ben Ali, en 2011.
Déposé en Ethiopie le 28 mai 1991, le sanguinaire Mengistu Haile Mariam, surnommé le « Négus rouge » demanda et obtint l’asile chez son ami Robert Mugabé, président du Zimbabwe.
Au Congo ex-Zaïre, Mobutu, très affaibli par la maladie, fut tenté par l’Europe, lors de sa fuite en 1997. Il alla en France, puis en Suisse. C’est finalement au Maroc qu’il passa ses derniers jours, puisqu’il y mourut en septembre 1997.

Jean Bedel Bokassa et Charles De Gaulle (gettyimages.com)

Jean Bedel Bokassa et Charles De Gaulle (gettyimages.com)

Même Jean-Bedel Bokassa revint finalement en Afrique. Chassé du pouvoir le 20 septembre 1979, l’ancien empereur autoproclamé put bien s’installer dans la France de De Gaulle, qu’il appelait « papa ». Cependant, il ne supporta pas l’exil dans ce pays, puisqu’il revient de son propre chef à Bangui sept ans plus tard, pour y être jugé. Condamné, puis amnistié, il mourut en 1993, d’une crise cardiaque. François Bozizé autre homme fort centrafricain serait toujours au Cameroun. Ange-Félix Patassé qu’il avait chassé du pouvoir en mars 2003 est décédé à Douala au Cameroun, le 5 avril 2011. Le démissionnaire Michel Djotodia qui avait renversé Bozizé s’est installé au Bénin.

Qu’en sera-t-il de Paul Biya, dont le pouvoir visiblement chancèle ? On sait qu’en Afrique, le président camerounais n’a pas d’amis parmi les autres dirigeants du continent. Il lui sera donc extrêmement difficile d’y trouver asile. La Suisse où il aura passé une bonne partie de sa vie pourrait-elle l’accueillir si jamais il était forcé de partir ? Rien n’est sûr.

Simonetta Sommaruga au Cameroun (source : 237online.com)

Simonetta Sommaruga au Cameroun (source : 237online.com)

Fin septembre, la visite de travail de la conseillère fédérale suisse Simonetta Sommaruga au Cameroun avait suscité quelques interrogations. Plusieurs sites avaient en effet annoncé à cette occasion la signature entre les deux pays, d’un accord sur la suppression réciproque de l’obligation de visa pour les titulaires d’un passeport diplomatique ou de service. Certaines observateurs comme Patrice Nouma, activiste camerounais installé aux Etats-Unis avaient interprété cela comme une probable préparation de la fuite vers la Suisse, du clan Biya. Cependant, comme on le sait, les Etats n’ont que des intérêts. Et en général, les accords signés lorsqu’on est au pouvoir n’engagent plus les autres parties, une fois qu’on perd le pouvoir.

 

 

Non au crime contre les journalistes

[Par Sintius MALAIKAT]

« Les plantes ont besoin d’une lumière pour produire la chlorophylle, catalyseur de la photosynthèse.
Sans chlorophylle, pas de photosynthèse. Sans photosynthèse, pas de vie. Au fond de ma cellule, je ne vois aucune lumière »

J’entends de loin la voix de mon confrère
Qui crie de douleur due à la torture physique
La torture physique dont il a été victime
Victime d’avoir produit une émission critique
Critique des atrocités à l’endroit des êtres humains
Etres humains dont le droit est sensé être respecté
Respecté par tous les pays du monde entier

Le monde entier célèbre ce jour
Jour de condamnation des crimes
Crimes contre les droits des Journalistes
Journalistes photosynthèses de la société
La société qui a besoin d’être informée
Informer a été ma passion depuis longtemps

Depuis longtemps je donnais des informations impartiales
Impartiales dans le sens de vraies, balancées et justes
Justice est tout ce que je mérite
Je le mérite et je le demande
Demande que j’adresse au monde
Ce monde qui ne cesse de chanter la liberté
Liberté sous toutes ses formes
Au fond de ma cellule de détention

J’aperçois la lueur du soleil
Le soleil qui ne brille pas pour nous journalistes
Au fond de ma cellule, j’ai eu un rêve
Le rêve du soleil qui brille
La porte de ma cellule qui s’ouvre
L’ouverture du droit d’expression
Ainsi le monde sera informé
Et tous mes confrères libérés
Non au crime contre les journalistes

 

 

 

Climat : Un sommet pour l’avenir de la planète

[Par Makaila NGUEBLA]

Du 10 au 11 octobre, Paris, la capitale française, a accueilli le sommet mondial des régions pour le climat, auquel ont participé de nombreux pays soucieux de l’avenir de la planète menacée par la désertification et autres aléas écologiques.

Saeed Mohamed Al Tayer

Saeed Mohamed Al Tayer

Cette rencontre a été l’occasion pour les différents participants  de présenter et développer leurs expériences et modèles dans le cadre d’un échange d’idées. Objectif affiché : répondre de manière efficace à des préoccupations environnementales auxquelles sont confrontés  les nations.

Différentes initiatives déjà engagées ont été évoquées. Ainsi, les expériences du Costa-Rica et du Brésil, qui ont développé  des  techniques de valorisation des déchets à travers le recyclage, sont de remarquables exemples mis en avant face aux défis environnementaux.

La Côte d’Ivoire, quant à elle, a amélioré la récupération des déchets et sachets qui abondent dans ses grandes villes. Selon le représentant du Gouvernement ivoirien, cette opération a permis à son pays de créer des emplois et de réduire ainsi les difficultés liées aux chômages des jeunes.

Ce sommet a vu aussi la participation d’illustres personnalités  comme Saeed Mohamed Al Tayer. Il  est à la tête de DEWA, autorité chargée de l’Eau et de l’Electricité au sein de l’Emirat de Dubaï. Fort d’une expérience de trente ans dans les domaines de télécommunications, de l’énergie et de l’eau, son Excellence Saeed Mohamed, a présenté une communication relatant  une politique environnementale maîtrisée qui fait de son pays une référence.

Pour lui, Dubaï s’inscrit dans une logique de politique innovante et prospère en vue d’un développement durable et  une énergie renouvelable. Son pays  fait partie des  états qui appliquent les résolutions issues du sommet de Copenhague  de 2005, lequel a ouvert une réflexion essentielle sur l’avenir de la planète.

Dubaï est aujourd’hui, la première ville qui a limité l’impact de l’environnement au  Moyen-Orient, se positionnant comme le meilleur endroit possible pour l’économie verte avec de nouvelles opportunités et des infrastructures robustes.

Aux termes de son intervention, Saeed Mohamed Al Tayer a estimé qu’une bonne politique environnementale est le gage d’une industrie verte, moteur d’une croissance économique favorable à l’avenir de l’Humanité.