Huit lanceurs d’alerte condamnés pendant la présidence d’Obama: où en sont-ils aujourd’hui?

Dans le cadre du salon “des livres et l’alerte”, retour sur les années Obama. En effet, Barack Obama est souvent accusé d’avoir mené un guerre contre les lanceurs d’alertes, mais est-ce bien la vérité?

Au cours des deux mandats d’Obama, huit lanceurs d’alerte ont été poursuivis en justice, un nombre supérieur à ceux punis par la loi sous toutes les administrations présidentielles des États-Unis réunies. Il est important de reconnaître que ces lanceurs d’alerte n’étaient pas en désaccord avec Obama, mais ont plutôt contesté l’inconduite sous l’administration Bush. Ceci dit, le ministère de la Justice sous Obama n’a pas arrêté les poursuites pénales en cours et en a même engagé.

Les huit lanceurs d’alerte ont tous été accusés d’avoir soit divulgué, soit mal géré, des informations classifiées sous l’Espionage Act de 1917.


L’Espionage Act

La raison des procédure judiciaires: enfreindre l’Espionage Act. Adoptée à l’origine pour punir ceux qui cherchaient à bloquer les effort de recrutement et de financement de la première guerre mondiale, cette loi persiste aujourd’hui dans un contexte très différent. Le Sedition Act, votée l’année suivante, a créé un amendement pour aussi punir certaines formes de discours, y compris les publications de «tout langage infidèle, profane, calomnieux ou abusif concernant le gouvernement américain, la Constitution, l’armée ou les forces navales.” L’Espionage Act a été contesté devant les tribunaux tout au long des décennies pour avoir limité la liberté d’expression, menant à de nombreuses révisions. Désormais exploité, des présidents tels qu’Obama l’ont utilisé pour réprimer les dissidents qu’ils considéraient comme une menace pour la sécurité nationale.


Tom Devine, directeur juridique du Government Accountability Project (GAP), la plus importante organisation de soutien des lanceurs d’alerte, explique la complexité du sujet. Il définit le comportement d’Obama envers le lanceurs d’alerte comme “schizophrène” et déclare que dans son domaine, ils le définissent comme une “bataille d’Obama contre Obama” pour ces positions contradictoires.

Entre sécurité nationale et protection des lanceurs d’alerte

Tom Devine explique qu’Obama était “le meilleur ami des dénonciateurs américains, tout en cherchant à renforcer la sécurité nationale à travers l’Espionage Act.” Le directeur juridique ajoute que l’ancien président avait “une soumission envers la communauté qui gère la sécurité nationale.” Bien qu’Obama ait adopté une position étonnamment forte concernant la sécurité nationale, notamment en condamnent ces individus, il a également contribué à la protection des lanceurs d’alertes en général. Il a établi une limitation des poursuites pénales pour ceux qui divulguent des informations classifiées et non pour ceux qui ont simplement divulgué des informations qui ne conforment pas aux idées du gouvernement américain. Avec sa Presidential Policy Directive (PPD 19), Obama a spécifiquement protégé les lanceurs d’alerte des agences de renseignement “afin de garantir que ces employés puissent signaler efficacement les cas de gaspillage, de fraude et d’abus.”

Voici les dénonciateurs qui n’ont pas été protégés, mais qui ont été poursuivis sous la présidence d’Obama: Chelsea Manning L’ancien analyste de renseignement de l’armée a été accusé d’avoir créé la plus grande fuite d’informations de l’histoire américaine, avec l’aide du site de lanceur d’alerte WikiLeaks. Manning a publié 700 000 câbles diplomatiques et des rapports militaires des guerres entre les Etats-Unis, l’Afghanistan et l’Irak. En 2013, Manning a été condamné à 35 ans de prison. En 2017, le président Obama a considérablement réduit la peine de Manning à un total de 7 ans. Manning a été libéré le 17 mai 2017 et reste très actif sur la scène politique et activiste. Actuellement, Manning  écrit sur la guerre, le genre et la liberté d’information en tant qu’avis contributif pour The Guardian. Edward Snowden Informaticien, et ancien employé de la CIA, Snowden a divulgué des documents secrets révélant que le gouvernement américain espionnait ses citoyens. M. Snowden a été accusé de vol propriété du gouvernement et de deux violations de l’Espionage Act. Chacune des trois accusations est punie d’une peine d’emprisonnement maximale de dix ans. M. Snowden réside actuellement en Russie, en asile, car il est toujours recherché par le gouvernement américain. Il vit dans une maison gardée secrète et très surveillée à Moscou. En dépit de ces limitations, son influence reste importante. Il est crédité par «l’effet Snowden» car son cas a lancé un grand débat indispensable sur la vie privée et la sécurité nationale aux Etats-Unis. Thomas Drake L’ancien haut dirigeant de la National Security Agency a violé l’Espionage Act en raison de la «rétention volontaire» et de la «divulgation non autorisée» de documents classifiés. Grâce à une négociation de peines, toutes les charges ont été abandonnées, le libérant ainsi de toute peine de prison. Drake a été condamné à un an de probation et à 240 heures de travaux de service publique. Il est maintenant devenu un militant contre «l’État de surveillance», affirmant que «les problèmes de la NSA sont tellement chroniques et systémiques que la seule solution serait de démanteler complètement puis de reconstruire l’organisation». Son lieu de résidence reste inconnu, mais il se dit “dévoué à la défense de la vie, de la liberté et à la recherche du bonheur.” Cette année, Drake a publié un livre intitulé “Ennemi de l’État: comment le gouvernement américain a tenté de transformer un homme honnête en traître.” Stephen Jin-Woo Kim Jin-Woo Kim était un employé du State Department, en tant que conseiller de prolifération nucléaire. Il aurait révélé des informations secrètes sur la Corée du Nord et leur plans d’effectuer un essai de bombe nucléaire. Ces confessions étaient dites a James Rosen, un journaliste de Fox News. Après une négociation de peines, il a été condamné à 13 mois d’emprisonnement. Il n’y a pas de nouvelles publiques sur sa vie depuis. James Hitselberger: Un linguiste sous contrat de la marine, M. Hitselberger travaillait comme traducteur de langue arabe à Bahreïn. Il a été poursuivi par la loi pour «rétention non autorisée d’informations de la défense nationale.»  Les documents classifiés de la base militaire évoquent des lacunes dans les renseignements américains à Bahreïn. Comme il n’y avait aucune indication d’espionnage, l’accord a conclu tout simplement avec une amende de 250 dollars. Il y aucune mise à jour de sa vie professionnelle. John Kiriakou L’ancien employé de la CIA a été accusé par le gouvernement américain d’avoir divulgué des informations classifiées à des journalistes. Plus précisément, il a nommé deux anciens collègues qui utilisaient du “waterboarding” pour torturer des détenus à Guantanamo. Faisant face initialement à 30 ans de prison, Kiriakou a plaidé coupable et n’a été condamné qu’à deux ans et demi de prison. Les accusations portées contre lui pour l’Espionage Act étaient annulées. Kiriakou vit maintenant en Virginie, il est écrivain et chroniqueur, il dénonce les violations des droits humains. Shamai Leibowitz Travaillant pour le FBI en tant que traducteur hébreu, Leibowitz a divulgué plus de 200 pages de transcriptions d’écoutes téléphoniques. Ces conversations entre l’ambassade Israélienne à Washington, publiés par le blogueur Richard Silverstein, démontrent une relation d’intérêts spéciaux entre les deux pays. Plaidant coupable, il a été condamné, en 2010, à 20 mois de prison. Il écrit maintenant sur la science, la musique, le judaïsme et l’actualité sur son propre blog. Il enseigne également aux élèves en mathématiques. Jeffrey Sterling L’ancien officier de la CIA, Sterling, a été accusé d’avoir divulgué des informations confidentielles sur les efforts des États-Unis visant à perturber le programme nucléaire iranien. Les informations on était  à James Risen, journaliste au New York Times. Même si M. Sterling insistait que ses communications avec Risen ne contenaient pas d’informations secrètes, il s’est tout de même déclaré coupable d’espionnage. En 2015, il a été condamné a trois ans et demi d’emprisonnement. Sortis de prison ce janvier, il travaille depuis comme enquêteur de fraude.

Selon Tom Devine, si nous comparons Obama avec les présidents précédents, il y a de plus en plus de lanceurs d’alerte poursuivis en justice, car le Whistleblower Protection Enhancement Act a rendu beaucoup plus difficile le licenciement des employés qui lancent les alertes. Mais il n’y a pas de loi américaine qui protège contre les représailles d’enquêtes criminelles. Il ajoute que “le harcèlement dans le cadre d’une affaire pénale, en particulier lors de l’ouverture d’une enquête criminelle, est également plus facile et moins risqué, car les agences n’ont pas à s’occuper de tout le travail d’un procès lorsqu’elles ouvrent une enquête criminelle et donnent le choix au lanceur d’alertes de démissionner.” En prévoyant le futur des lanceurs d’alerte sous l’administration Trump, M. Devine déclare qu’il n’était “pas optimiste face à l’intolérance du président pour ses critiques” et qu’il pensait que “les lanceurs d’alerte qui exposeraient ses abus de pouvoir subiraient des conséquences graves.”

Chelsea Manning

L’ancien analyste de renseignement de l’armée a été accusé d’avoir créé la plus grande fuite d’informations de l’histoire américaine, avec l’aide du site de lanceur d’alerte WikiLeaks. Manning a publié 700 000 câbles diplomatiques et des rapports militaires des guerres entre les Etats-Unis, l’Afghanistan et l’Irak.

En 2013, Manning a été condamné à 35 ans de prison. En 2017, le président Obama a considérablement réduit la peine de Manning à un total de 7 ans. Manning a été libéré le 17 mai 2017 et reste très actif sur la scène politique et activiste.

Actuellement, Manning  écrit sur la guerre, le genre et la liberté d’information en tant qu’avis contributif pour The Guardian.

Edward Snowden

Informaticien, et ancien employé de la CIA, Snowden a divulgué des documents secrets révélant que le gouvernement américain espionnait ses citoyens. M. Snowden a été accusé de vol propriété du gouvernement et de deux violations de l’Espionage Act.

Chacune des trois accusations est punie d’une peine d’emprisonnement maximale de dix ans. M. Snowden réside actuellement en Russie, en asile, car il est toujours recherché par le gouvernement américain. Il vit dans une maison gardée secrète et très surveillée à Moscou.

En dépit de ces limitations, son influence reste importante. Il est crédité par «l’effet Snowden» car son cas a lancé un grand débat indispensable sur la vie privée et la sécurité nationale aux Etats-Unis.

Thomas Drake

L’ancien haut dirigeant de la National Security Agency a violé l’Espionage Act en raison de la «rétention volontaire» et de la «divulgation non autorisée» de documents classifiés.

Grâce à une négociation de pênes, toutes les charges ont été abandonnées, le libérant ainsi de toute peine de prison. Drake a été condamné à un an de probation et à 240 heures de travaux de service publique.

Il est maintenant devenu un militant contre «l’État de surveillance», affirmant que «les problèmes de la NSA sont tellement chroniques et systémiques que la seule solution serait de démanteler complètement puis de reconstruire l’organisation».

Son lieu de résidence reste inconnu, mais il se dit “dévoué à la défense de la vie, de la liberté et à la recherche du bonheur.” Cette année, Drake a publié un livre intitulé “Ennemi de l’État: comment le gouvernement américain a tenté de transformer un homme honnête en traître.”

Stephen Jin-Woo Kim

Jin-Woo Kim était un employé du State Department, en tant que conseiller de prolifération nucléaire. Il aurait révélé des informations secrètes sur la Corée du Nord et leur plans d’effectuer un essai de bombe nucléaire. Ces confessions étaient dites a James Rosen, un journaliste de Fox News.

Après une négociation de peines, il a été condamné à 13 mois d’emprisonnement.

Il n’y a pas de nouvelles publiques sur sa vie depuis.

James Hitselberger:

Un linguiste sous contrat de la marine, M. Hitselberger travaillait comme traducteur de langue arabe à Bahreïn. Il a été poursuivi par la loi pour «rétention non autorisée d’informations de la défense nationale.»  Les documents classifiés de la base militaire évoquent des lacunes dans les renseignements américains à Bahreïn.

Comme il n’y avait aucune indication d’espionnage, l’accord a conclu tout simplement avec une amende de 250 dollars.

Il y aucune mise à jour de sa vie professionnelle.

John Kiriakou

L’ancien employé de la CIA a été accusé par le gouvernement américain d’avoir divulgué des informations classifiées à des journalistes. Plus précisément, il a nommé deux anciens collègues qui utilisaient du “waterboarding” pour torturer des détenus à Guantanamo.

Faisant face initialement à 30 ans de prison, Kiriakou a plaidé coupable et n’a été condamné qu’à deux ans et demi de prison. Les accusations portées contre lui pour l’Espionage Act étaient annulées.

Kiriakou vit maintenant en Virginie, il est écrivain et chroniqueur, il dénonce les violations des droits humains.

Shamai Leibowitz

Travaillant pour le FBI en tant que traducteur hébreu, Leibowitz a divulgué plus de 200 pages de transcriptions d’écoutes téléphoniques. Ces conversations entre l’ambassade Israélienne à Washington, publiés par le blogueur Richard Silverstein, démontrent une relation d’intérêts spéciaux entre les deux pays.

Plaidant coupable, il a été condamné, en 2010, à 20 mois de prison.

Il écrit maintenant sur la science, la musique, le judaïsme et l’actualité sur son propre blog. Il enseigne également aux élèves en mathématiques.

Jeffrey Sterling

L’ancien officier de la CIA, Sterling, a été accusé d’avoir divulgué des informations confidentielles sur les efforts des États-Unis visant à perturber le programme nucléaire iranien. Les informations on était  à James Risen, journaliste au New York Times.

Même si M. Sterling insistait que ses communications avec Risen ne contenaient pas d’informations secrètes, il s’est tout de même déclaré coupable d’espionnage. En 2015, il a été condamné a trois ans et demi d’emprisonnement.

Sortis de prison ce janvier, il travaille depuis comme enquêteur de fraude.

EN SAVOIR PLUS SUR CE THÈME

Le Monde, Disclose, Mediapart: le secret des sources menacé depuis l’affaire LuxLeaks

Mercredi 22 mai 2019, le journal Le Monde dévoile sur son site la convocation de sa reporter, Ariane Chemin, le mercredi 29 mai à la DGSI -Direction Générale de la Sécurité Intérieur. L’enquête vise des articles de la journaliste relatifs à l’affaire Benalla. Sous le statut d’auditeur libre, cette convocation vient remettre en question l’un des droits fondamental du journaliste, déjà menacé auparavant dans d’autres grandes affaires.Retour sur les dossiers qui interrogent sur le secret des sources.

L’intimidation de Disclose

Compromission du secret de la défense nationale”. C’est ainsi qu’est titrée la plainte déposée contre les deux cofondateurs du jeune site d’information Disclose, ainsi que Benoît Collombat, de la cellule investigation de Radio France.

Dans leur enquête Made in France du 15 avril 2019, mise en avant sur le site du média, les documents qui, selon les journalistes, prouvent que les armes françaises peuvent tuer des civils au Yémen proviennent tout droit de la Direction du renseignement militaire.

Des propos appuyés par la révélation d’une note classée “confidentiel défense”. Cette note dresse notamment une liste de matériels vendus mais non employés au Yémen: blindés AMX10 et 30, radars Cobra, obus et missiles.


“La seule raison de nous convoquer aujourd’hui, c’est celle de connaître les sources qui nous ont permis de publier cette première enquête de Disclose”

Geoffrey Livolsi et Mathias Desta


Dès la publication de l’enquête, Matignon se défend en déclarant que les “armes françaises sont placées pour l’essentiel en position défensive”.

Une enquête provisoire est ouverte, les trois journalistes sont convoqués dans les locaux de la DGSI dès la mardi 14 mai 2019. A leur sortie de l’interrogatoire, Geoffrey Livolsi et Mathias Destal, les journalistes et cofondateurs de Disclose publie un communiqué sur Twitter.

Dans ce dernier, il dénonce l’intimidation dont ils ont été victimes. Mathias Destal a notamment déclaré que “La seule raison de nous convoquer aujourd’hui, c’est celle de connaître les sources qui nous ont permis de publier cette première enquête de Disclose”.

Les deux journalistes insistent sur leur intention de garder le silence à propos de leurs sources. Des propos confirmés par l’avocate de Disclose, maître Virginie Marquet : “Nous serons très fermes sur la protection des sources de nos journalistes”.

Cette convocation a été dénoncée par une vingtaine d’organisations non gouvernementales et de syndicats de journalistes ainsi que par la Fédération européenne des journalistes (FEJ). Ils estiment que cette interrogatoire constitue une atteinte inacceptable à la liberté de la presse.

Protection du secret des affaires

Le 30 juillet 2018, une nouvelle loi sur la protection du secret des affaires est promulguée. Face à l’espionnage économique et à la concurrence déloyale, cette loi vient s’aligner sur la réglementation européenne de 2016.

Au titre de secret d’affaires, les informations protégées doivent revêtir trois critères :

– ne pas être “généralement connue ou aisément accessible pour les personnes familières de ce type d’informations”

– détenir une “valeur commerciale effective ou potentielle qui résulte de son caractère secret”

– faire l’objet de “mesures de protection raisonnables”

Cette information protégée peut être un savoir-faire, une donnée commerciale ou des connaissances techniques – technologiques.

La loi sur le secret des affaires est-elle alors une menace pour les lanceurs d’alertes ?

Le Conseil constitutionnel réfute ce questionnement en affirmant “le secret des affaires n’est pas opposable lorsque son obtention, son utilisation ou sa divulgation vise à révéler, dans le but de protéger l’intérêt général et de bonne foi, une activité illégale, une faute ou un comportement répréhensible”.

La perquisition de Mediapart

Le 31 janvier 2019, Mediapart publie le contenu d’enregistrements dans lesquels on entend Alexandre Benalla et Vincent Crase, tous deux mis en examen dans l’affaire des violences du 1er mai.

Ce sont des enregistrements dont on ignore la provenance ainsi que les circonstances de leur réalisation.

Ils y évoquent le soutien du “patron”, Emmanuel Macron, et parlent de leurs démêlés. Une révélation qui confirme donc qu’Alexandre Benalla et Vincent Crase se sont rencontrés alors que le contrôle judiciaire leur interdisait tout contact.

Lundi 4 février 2019, deux magistrats du parquet, accompagnés d’enquêteurs, se présentent dans les locaux de Mediapart à la fin de la conférence de rédaction.

Dans le cadre d’une enquête ouverte par le procureur de Paris, pour atteinte à la vie privée, les magistrats souhaitent saisir des éléments liés aux enregistrements de la conversation entre M. Benalla et Vincent Crase. Le site de l’administration française est pourtant clair : il précise que les locaux d’un média, le domicile privé d’un journaliste et les véhicules professionnels des journalistes ne peuvent être perquisitionnés que “par un magistrat et non par la police ou la gendarmerie”

De plus, “la perquisition ne peut pas avoir pour but l’identification d’une source”.

Comme le droit l’y autorise, la rédaction de Mediapart a refusé la perquisition qui est, selon Fabrice Arfi, co-responsable des enquêtes à Mediapart “une mise en danger majeure de nos sources”.

Suite à l’émoi autour de cette perquisition, le magazine d’actualité l’OBS a publié un article dans lequel de nombreux signataires : AFP, BFMTV, Challenges, Courrier international, Les Echos, Europe 1, L’Express, Le Figaro… expriment leur soutien à Mediapart.

L’OBS écrit qu’“il est urgent et nécessaire de renforcer cette protection en France, tant le secret des sources est indispensable à l’exercice du journalisme, à l’existence d’une presse indépendante et au droit à l’information des citoyens.”

Secret des sources : ce que dit la Loi

 
Loi sur la liberté de la presse : 

Le 29 juillet 1881, cette loi prévoit que le secret des sources des journalistes soit respecté notamment grâce à l’article 2

– “Le secret des sources des journalistes est protégé dans l’exercice de leur mission d’information du public.”

La Charte de Munich :

En 1971, la Fédération européenne des Journalistes présente un nouveau code de déontologie. Ce texte novateur reprend dans son article 7 les mots de la charte de 1918 et 1938 ;

“garder le secret professionnel” mais y ajoute : “et ne pas divulguer la source des informations obtenues confidentiellement”.

Loi Dati :

Promulguée le 4 janvier 2010, cette loi est présentée par la ministre de la justice, Rachida Dati.

Elle vient compléter celle de 1881 en ajoutant qu’il “ne peut être porté atteinte directement ou indirectement au secret des sources que si un impératif prépondérant d’intérêt public le justifie et si les mesures envisagées sont strictement nécessaires et proportionnées au but légitime poursuivi“.

Loi de 2016 :

Cette loi prévoit, pour les journalistes, le droit de s’opposer à toute pression, de refuser de divulguer leurs sources. Par rapport à la loi Dati de 2010, le texte élargit la protection à toute la rédaction, direction et collaborateurs -pigistes- compris.

Les prévenus du procès LuxLeaks devant le tribunal du Luxembourg le 15 mars 2017.

Luxleaks, la dénonciation fiscale

L’affaire débute en 2014 lorsque des accords fiscaux secrets établis, entre 2000 et 2011, entre le Luxembourg et 340 multinationales, sont révélés par l’ICIJ, le Consortium international des journalistes d’investigation et 40 médias partenaires, dont Le Monde.

L’enquête de six mois baptisée Luxembourg Leaks ou Luxleaks est révélée en France par l’émission Cash investigation de France 2, le 21 juillet 2015.

L’enquête divulgue qu’un système de “tax rulings” est négocié par les filiales luxembourgeoises des grands cabinets d’audit (dont PriceWaterhouseCoopers) avec le fisc luxembourgeois pour permettre à des multinationales de déroger au régime fiscal de droit commun.


La perquisition ordonnée au domicile de Raphaël Halet, deuxième source de Luxleaks, était illégale. Un huissier, quatre membres de PWC et trois gendarmes lui ont réclamé son matériel informatique ; une forte pression accompagnant l’échange.


Sur le plan judiciaire, seul trois français sont poursuivis et appelés à la barre. Il s’agit d’Antoine Deltour et Raphaël Halet, deux lanceurs d’alertes et anciens collaborateurs chez PwC, et le journaliste français Edouard Perrin, qui travaille pour l’émission Cash Investigation.

Les deux premiers ont écopé de prison avec sursis, Edouard Perrin a été acquitté. Mais, contre toute attente, 3 ans après l’affaire des LuxLeaks, le cabinet d’audit PriceWaterHouseCoopers se retrouve sur le banc des accusés.

La raison ? PwC aurait violé le secret des sources selon le parquet français et Edouard Perrin. Des sources pourtant protégée par la loi française et l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’Homme (CEDH).

La perquisition ordonnée au domicile de Raphaël Halet, deuxième source de Luxleaks, était illégale. Un huissier, quatre membres de PWC et trois gendarmes lui ont réclamé son matériel informatique ; une forte pression accompagnant l’échange.

“L’objectif premier de PWC Luxembourg était de démontrer que Raphaël Halet était la source d’Édouard Perrin afin de poursuivre ce dernier devant la justice luxembourgeoise” a expliqué Me Bernard Colin, avocat messin.

Une pratique illégale aux yeux de la loi, bafouant le secret des sources.

D’après la majorité des rédactions, la loi actuelle n’est finalement “pas satisfaisante” et “pas assez protectrice” du journaliste et de ses sources comme le dénonce le Prix Albert Londres via ce communiqué. Si l’on jette un œil en Suède, “un journaliste ne peut pas révéler le nom d’une source à moins qu’elle lui ait donné son accord écrit préalable, sinon il est condamné”. Une protection maximale dont la France et les journalistes français ne disposent pas encore.

“Vive les hystériques !” : traquer et être traquer quand on est lanceur d’alerte

[LANCEUR D’ALERTE] Rien ne destinait cette pneumologue de Brest et cette réalisatrice à devenir des lanceuses d’alerte. Irène Frachon est surnommée « l’Erin Brockovich française »[1] pour avoir réussi à interdire le Médiator, commercialisé par le laboratoire Servier, en 2009. Mais surtout, pour avoir démontré que  le Médiator, dérivé de l’Isoméride est un poison source de minimum 20.000 morts en France selon Irène Frachon, chiffre contexté à la baisse ou à la hausse.

Le journalisme d’enquête n’est pas un délit

[DÉBAT] Dès les premiers mots, le débat s’attaque aux certitudes et aux nuances. Nicolas Vescovacci prend la parole : “Sans le récuser entièrement, je ne crois pas au terme “journaliste d’investigation”. L’investigation est un terme judiciaire. Or, le journalisme n’a pas à prendre le rôle de la justice. Je préfère employer le terme de “journaliste d’enquête”. Car c’est ce que nous faisons, ni plus, ni moins.”

La protection des données personnelles : des lanceurs d’alerte et des journalistes pour l’accès à nos informations

[DÉBAT] Pendant la deuxième journée du salon “Du livre des lanceurs et des lanceurs d’alerte” à la Maison des Métallos, une discussion intitulé “Tous Sous Surveillance” lance la conversation nécessaire concernant la surveillance d’information en france.

Où en sont les huit lanceurs d’alerte condamnés pendant la présidence d’Obama?

[LIBERTÉ D’INFORMER] Au cours des deux mandats d’Obama, huit lanceurs d’alerte ont été poursuivis en justice, un nombre supérieur à ceux punis par la loi sous toutes les administrations présidentielles des États-Unis réunies. Il est important de reconnaître que ces lanceurs d’alerte n’étaient pas en désaccord avec Obama, mais ont plutôt contesté l’inconduite sous l’administration Bush. Ceci dit, le ministère de la Justice sous Obama n’a pas arrêté les poursuites pénales en cours et en a même engagé.