Le journaliste franco-afghan Mortaza Behboudi libéré après plus de 9 mois de détention

Après exactement 284 jours d’emprisonnement à Kaboul, la justice talibane a ordonné ce mercredi 18 octobre la libération du journaliste Mortaza Behboudi. Un véritable soulagement pour ses proches.

Libéré et délivré. Âgé de 29 ans, le journaliste franco-afghan Mortaza Behboudi a appris ce mercredi 18 octobre sa libération, après plus de neuf mois de détention. Le collaborateur de France Télévisions, Arte, Radio France ou encore Médiapart et hébergé par la Maison des journalistes en 2015 a été acquitté par la justice afghane ce jour. L’ONG Reporters sans frontières (RSF), qui l’a accompagné tout au long de ces 284 jours derrière les barreaux s’est réjouie de sa libération.
« Lors d’une audience de la cour criminelle de Kaboul, ce jour, les juges ont prononcé son acquittement de toutes infractions, incluant , l’espionnage, le « soutien illégal à des étrangers » et l’aide au franchissement de frontières vers « l’étranger », réagit RSF.

Arrêté pour espionnage
Alors qu’il était arrivé à Kaboul (Afghanistan) le 5 janvier 2023 et qu’il effectuait des démarches pour obtenir une accréditation dans le but de réaliser un reportage, Mortaza Behboudi a été placé en détention deux jours plus tard. Il a été accusé d’espionnage par les Talibans. « Il a été arrêté pas en tant que journaliste, mais parce qu’il a des relations directes avec des opposants à notre régime », a déclaré Zabihullah Mujahid, le porte parole des Talibans au pouvoir, dans un reportage de France Télévisions, diffusé au début du mois de juillet.

Son arrestation, rendue publique par RSF un mois plus tard, avait provoqué une forte mobilisation des médias français en faveur de sa libération. Mortaza Behboudi est notamment co-auteur de la série de reportages « À travers l’Afghanistan, sous les Talibans » publiée sur Médiapart et récompensée l’année
dernière par le prix Bayeux des correspondants de guerre
et le prix Varenne de la presse quotidienne française.

« Le journalisme n’est pas un crime »
L’épouse de Mortaza Behboudi, Aleksandra Mostovaja, a tout de suite réagi à sa remise en liberté, dans un communiqué publié par Reporters sans frontières : « Avec la libération de Mortaza, la lumière est revenue dans mon monde et la vie peut désormais recommencer. Je suis reconnaissante pour tout le soutien reçu, pour avoir pu voir comment la personnalité de Mortaza a brillé même dans les moments les plus sombres. Personne ne devrait subir de détention arbitraire ni la douleur de ne pas savoir ce qu’il est advenu d’un être cher. Je le répète : le journalisme n’est pas un crime ».

Chistophe Deloire, le secrétaire général de RSF, a précisé que Mortaza Behboudi devrait regagner la France d’ici la fin de semaine.

Au total dans le monde, 514 journalistes et 23 collaborateurs de médias restent en détention, d’après Reporters sans frontières.

Mortaza Behboudi, enfin libre

Article de Chad Akoum


Photo en avant © Le journaliste franco-afghan Mortaza Behboudi, le 16 octobre 2020, à Lorient (Morbihan). (QUEMENER YVES-MARIE / MAXPPP)