FRANCE – La liberté d’informer contre la loi “Sécurité Globale”
01/12/2020 dans France, Liberté d'informer, Liberté de la presse /par Beraat GokkusLa loi « Sécurité Globale » est beaucoup critiquée par les défenseurs de la liberté de la presse à cause de l’article 24 qui sanctionne la diffusion “malveillante” de l’image des policiers notamment lors de manifestations.
Qui va décider quelle diffusion est “malveillante” ? On peut juger une intention plutôt que des actes beaucoup plus concrets capturés grâce à la vidéo ? Par exemple si je filme la violence de la police pendant une manifestation, est-ce qu’un jour, un pouvoir, en utilisant cette loi peut me chasser ? Un journaliste ou un réalisateur peuvent-ils demeurer libre avec de telles questions en tête ? Ou, par peur, peut-être commenceront-ils à s’autocensurer?
J’ai participé aux manifestations des samedi 21 et 28 novembre à Paris avec cette question en tête.
Des risques pour les libertés
Une chose est sûre, si la loi « Sécurité Globale » qui interdit de filmer la police, avait existé en 2016 je n’aurais jamais pu faire ce court documentaire reçu par des festivals et récompensés par des prix.
“Une fois j’ai perdu un pays. Je ne veux pas en perdre un deuxième.”
Je suis en France depuis maintenant 4 ans. J’ai décidé de vivre en France en tant que journaliste et réalisateur parce que j’ai cru qu’ici, la liberté d’expression régnait. Mais pendant ces 4 ans j’ai pu observer un manque de liberté, pendant les manifestations des Gillets Jaunes ou encore lors de la marche du 1 Mai 2019… La violence est partout même lors des manifestations pacifiques.
Et cette question de l’accréditation… Monsieur le Ministre de l’intérieur Gérald Darmanin a déclaré que les journalistes “doivent se rapprocher des autorités, en l’occurrence les préfets de département, singulièrement ici le préfet de police de Paris, pour se signaler, pour être protégés par les forces de l’ordre, pour pouvoir rendre compte, faire [leur] travail de journaliste dans les manifestations »
Est-ce que je suis en Chine ou Corée du Nord ? Ces régime totalitaire au sein desquels les journalistes doivent se rapprocher des autorités pour exercer.
Dans le combat pour la liberté si on perd la France, où va-t-on pouvoir aller ? Je ne sais pas.
Une fois j’ai perdu un pays. Je ne veux pas en perdre un deuxième.
Photographies par Beraat Gokkus.
D’autres articles
- « Vivants » : dans les coulisses du journalisme d’investigation14/02/2024 - 8:00 am
- #FreeStanis : comment un hashtag devient le symbole d’une presse en quête de liberté31/01/2024 - 1:31 pm
- Mortaza Behboudi, reporter de guerre : “tous les médias doivent s’assurer que les pigistes sont en sécurité”29/01/2024 - 1:49 pm
- Mortaza Behboudi, reporter franco-afghan : en prison, « on m’a fait avouer des crimes que je n’ai pas commis » 22/01/2024 - 10:15 am
- « Frémont » : Babak Jalali et les femmes, ses « sources d’inspiration »20/12/2023 - 12:31 pm
- EMI. « Déconstruire ou dénoncer, mais ne rien laisser passer »12/12/2023 - 10:10 am
- En Irak, l’étau juridique se resserre autour de la liberté d’expression11/12/2023 - 11:04 am
- Rencontre. En Iran, « la révolution contre l’apartheid des sexes » gronde06/12/2023 - 3:17 pm
- Médias en Seine. Dans les cœurs des Français, la confiance règne ?04/12/2023 - 9:55 am
- Table ronde. “Nous avons la liberté d’expression, mais pas la liberté d’après”27/11/2023 - 3:17 pm