La Chine, le “ponce-pilatisme” et l’Afrique

[Chine – Afrique] Tous les spécialistes des relations internationales prévoient que la présence de la Chine en Afrique “sera un fait majeur du demi-siècle à venir”. En témoigne l’éclat qui a entouré, du 3 au 4 septembre, le 3e Forum de la coopération entre ces deux partenaires, à Pékin, en Chine. Si tout le continent y était représenté – au plus haut rang – les promesses du président chinois, Xi Jimping, d’accorder 60 milliards de dollars (52 milliards d’euros) d’investissements à l’Afrique, dès l’entame de la rencontre, ont constitué une sorte d’apothéose avant l’heure.

Du pain ou des balles : un dilemme mortel au Kurdistan iranien

[Par Rebin Rahmani, Directeur de la section Europe, Réseau des Droits Humains kurdes, traduit du persan au français par Nujin]

Il faisait nuit noire. Un convoi de kolbers circulait tant bien que mal sur un chemin  accidenté non loin de l’avant-poste frontalier de Ouraman séparant le Kurdistan iranien du Kurdistan irakien. L’officier posté dans cet endroit reculé remarque la présence du convoi de travailleurs nomades kurdes.

Un convoi de travailleurs nomades kurdes brave les obstacles naturels pour atteindre sa destination @nrttv.com

A l’aide de la lampe torche qui éclaire sa guérite, il se saisit de son arme de service, se précipite dehors et ouvre le feu, sans sommation aucune, sur le convoi. Un premier kolber blessé s’effondre. Plusieurs chevaux sont mortellement touchés. Mohamad, un jeune kolber, fermait le convoi sur son cheval. Contrairement à ses camarades qui déguerpissent aux premiers coups de feux, ce dernier se range sur le bas côté de la route avec son cheval. Soudain, la lampe torche de l’officier se braque sur lui. Des cris retentissent dans la nuit. “Mohamad cours, ça va mal finir, tu vas te faire descendre.”

Mais Mohamad ne l’entend pas ainsi. “Ce cheval et ces marchandises durement chargées au péril de ma vie sont tout ce que je possède. Je préfère mourir avec plutôt que d’y renoncer. “

L’histoire se finit bien. Le soldat pris de pitié en entendant ces mots renonce à faire une seconde fois usage de son arme.

Ce soir là, Mohamad et son cheval, échapperont à la mort.

Cette histoire ne constitue qu’une histoire parmi les dizaines de récits souvent tragiques que m’ont raconté des kolbers rescapés, des proches de kolbers et des témoins, lorsque l’année passée, je me suis rendu au Kurdistan irakien près de la frontière iranienne afin de tourner un documentaire sur ces vies brisées. 

Le Kurdistan est l’une des régions les plus pauvres d’Iran. Le régime a volontairement delaissé cette région en y investissant beaucoup moins qu’ailleurs et en faisant son possible pour freiner son développement et empêcher l’agriculture, l’industrie et l’entrepreneuriat d’y prospérer. Résultat : le taux de chômage y est le plus élevé d’Iran. 

Aujourd’hui, la question des kolbers est devenue l’une des principales préoccupations des activistes Kurdes. 

Alors que ce problème pourrait être réglé presque complètement grâce à des efforts de l’Etat pour améliorer la situation économique du Kurdistan, c’est le chemin inverse que semble emprunter le gouvernement.

En août 2016, Saeed Ahsan Alavi, député de Sanandaj (capitale de la province iranienne du Kurdistan), confirmait officiellement ce qui était jusqu’alors une institution de tous les Kurdes : «La province du Kurdistan se classe au 29ème rang (sur 31) pour ce qui est du revenu annuel médian de ses habitants. Ce n’est guère mieux pour ce qui est du revenu généré par l’industrie puisque le Kurdistan se classe au 24ème rang national. Quant au chômage, malgré le manque de statistiques fiables, on peut estimer qu’il tourne autour de 25 %.»

Une étude concernant l’année civile iranienne 1395 (Mars 2016 à Mars 2017), les ménages les plus pauvres d’Iran vivent dans la province d’Ilam (revenu annuel médian par ménage estimé à 4950€) suivi par la province du Kurdistan avec un revenu annuel médian par ménage de 5035€.

Les statistiques fournies par les appareils officiels de la République Islamique confirment le taux de chômage endémique et la misère dramatique dans laquelle vivent les populations de ces régions. On comprend bien dans ces conditions que, se tourner vers l’activité de transport illégal de marchandises n’est pas un choix du cœur mais plutôt la dernière option de survie.

Les pentes escarpées n’épargnent pas les kolbers et leurs bêtes @Rebin RAHMANI

Les autorités iraniennes justifient leur brutalité à l’égard des kolbers par la lutte contre la contrebande de marchandises. Pourtant, à l’heure actuelle, la majorité des marchandises de contrebande entrant sur le territoire iranien, n’entrent pas par le biais des kolbers kurdes, mais via des mafias liées au régime qui font entrer des articles illicites via les grands ports du sud du pays. D’après le directeur de l’instance en charge de la lutte contre le trafic de marchandises, 50 à 60% des marchandises de contrebande entrent sur le sol iranien via ces groupes criminels. Des propos confirmés par un haut responsable du gouvernorat régional du Kurdistan qui estime à 3% seulement la part annuelle de marchandises de contrebande entrant via la frontière irakienne. Ces statistiques n’ont toutefois rien changé au sort tragique des kolbers qui continuent de tomber presque quotidiennement sous les balles des forces armées iraniennes.

Entre mars 2016 et février 2017, les meurtres de sang froid de kolbers par des militaires iraniens ont augmenté de façon significative en même temps que les protestations de la société civile kurde. Au point d’inquiéter le régime. Ce dernier a donc décidé de prendre les devants et de réglementer cette activité en instaurant ce qu’il a appellé des “frontières légales”. Concrètement, cela signifie que des postes frontaliers sont désormais ouverts et permettent de passer “légalement ” du côté irakien. Les kolbers se sont vus délivrer une sorte de “carte d’identification de kolber” qui lui permettent d’exercer légalement cette activité mais sous conditions. À certaines périodes de l’année, avec des intervalles fixés par le Ministère de l’intérieur, les kolbers sont autorisés à franchir la frontière afin d’aller chercher des marchandises “autorisées” côté irakien afin de les revendre côté iranien. Grosso modo, chaque kolber doté de cette fameuse carte, est autorisé à faire entrer tous les six mois l’équivalent de 370€ de marchandises. Sachant que ces biens sont récupérées au passage par un intermédiaire qui ira ensuite les revendre (et qui donc se rémunère au passage), au final, le revenu mensuel d’un kolber tourne autour de 80€. Loin très loin en deçà du seuil de pauvreté fixé par le gouvernement lui-même.

Mais au fait, qui sont exactement les kolbers et les kassebkars kurdes ?

Un kolber s’harnache pour porter sa charge @Iran Wire

Le mot “kolber” est un mot valise kurde formé des mots “koul” et “bar” signifiant respectivement “dos” et “transport”. Les kolbers sont de jeunes hommes kurdes très pauvres qui pour subsister, traversent la dangereuse frontière irano-irakienne, pour aller récupérer côté irakien des marchandises telles que des cigarettes, des téléphones portables, des tissus, des produits pour la maison, du thé et plus rarement (même si cela existe) des boissons alcoolisées (strictement interdites en Iran). Ils chargent ensuite ces marchandises sur leur propre dos ou sur leurs mulets et retraversent la frontière pour revenir côté iranien en empruntant des chemins montagneux dangereux et escarpés. 

Ces marchandises sont destinées à être vendues à prix d’or dans les centres commerciaux huppés de Téhéran. Les kolbers qui ont récupéré ces marchandises au péril de leur vies, ne touchent qu’un maigre pécule pour cette dangereuse traversée. 

Quant aux “kassebkars” (difficilement traduisible), ils récupèrent les marchandises que les kolbers sont allés chercher et se chargent de parcourir le pays de ville en ville afin de trouver acquéreur.

Leur salaire n’est guère plus mirobolant.

Les kolbers et kassebkars kurdes sont âgés de 13 à 70 ans. Parmi eux, des jeunes hommes n’ayant qu’une instruction primaire et des diplômés de l’enseignement supérieur qui faute d’emplois “normaux” à pourvoir, se sont tournés vers cette activité. 

Ces dernières années, les activistes kurdes se sont mis à recenser ces meurtres afin d’alerter l’opinion publique sur cette question. 

Ce travail minutieux a permis d’attester qu’au cours des quatre dernières années, au moins 224 kolbers et kassebkars ont été abbatus de sang froid par les forces armées iraniennes et 203 ont été blessés. 

Par ailleurs, 44 ont perdu la vie suite à divers accidents tels que chutes dans la montagne , noyades, hypothermie ou ensevelis dans des avalanches.

Rien dans les textes de lois ni dans le Code Pénal Iranien ne justifient cette brutalité étatique ce qui n’empêche pas les meurtres de kolbers d’être quasi journaliers. Le “Code de conduite des forces armées iraniennes” est pourtant formel. Dans son article 3, il stipule qu’en cas de rencontre avec un individu considéré comme “dangeureux”, la première étape est un avertissement verbal à adresser au suspect, puis un tir de sommation en l’air et enfin dans le cas où l’individu refuse de se rendre, il est autorisé d’ouvrir sur le feu sur lui vers la partie inférieure au bassin, dans les jambes par exemple. Les militaires sont autorisés à tirer dans la partie supérieure au bassin du suspect, uniquement si celui ci représente un danger réel ou imminent. Dans la mesure ou les kolbers ne sont jamais armés et ne représentent aucune menace, il est absolument illégal de faire usage d’une arme à feu contre eux.

Les militants des droits humains kurdes insistent sur ce dernier point et sur le fait que ces meurtres ont lieu quotidiennement et systématiquement. Ils rejettent en bloc la version des autorités iraniennes  comme quoi ces meurtres ne seraient que des actes isolés de certains militaires aux frontières. 

D’autre part, chaque fois qu’un kolber blessé pendant son travail ou la famille d’une victime tombée sous les balles des militaires, cherche à obtenir réparation pour ses droits bafoués, ils se heurtent à une machine juridique froide et inhumaine et à un système qui protège inconditionnellement son armée.

Jusqu’à présent, aucune plainte des familles de victimes n’a abouti à la condamnation d’un militaire responsable de la mort d’un travailleur nomade kurde.

Dans le meilleur des cas, un kolber ayant été blessé ou bien la famille d’un défunt, obtiennent le versement d’une compensation financière. Il est même arrivé que des militaires ayant du sang sur les mains réussissent à échapper au versement de cette compensation.

Non seulement les plaintes des victimes n’ont pas permis d’aboutir à des condamnations ni de limiter ces actes de cruauté, mais bien souvent les courageuses familles qui osent porter ces affaires devant les tribunaux sont victimes de harcèlement et d’intimidation de la part des autorités qui parviennent à les contraindre à renoncer à leur compensation financière en leur faisant signer un document de renoncement.

Ainsi on peut dire que les militaires considèrent qu’ils peuvent abattre des kolbers sans crainte de poursuites judiciaires. Bien souvent, cela ne nuit même pas à leur évolution de carrière.

Enfin, il faut parler du devenir de ces familles qui perdent le “gagne pain” de la famille, qui plus est, dans les conditions les plus atroces qui soient. Bien souvent, les autorités n’acceptent de remettre le cadavre du défunt à sa famille qu’à la condition expresse que celle-ci renonce à porter plainte. À notre connaissance, il n’existe qu’un seul cas où la famille d’une victime a pu contraindre les autorités à lui verser la compensation dûe.

Lorsque le père de famille est tué, la responsabilité de faire subsister la famille revient à ses fils ou à un jeune homme de la famille.

De jeunes hommes qui espéraient un autre avenir se voient obligés de quitter l’école du jour au lendemain et de se lancer dans la périlleuse vie de kolber afin de faire subsister leur famille.

La jeunesse kurde est hélas la principale victime des politiques socio-économiques, sociétales et culturelles du régime au Kurdistan iranien.

un convoi de kolbers sur les pentes enneigées entre l’Iran et l’Irak @kurdpa.net

Quand les cultures de la Maison des Journalistes dialoguent avec celles du musée du Quai Branly

[Par Elyse NGABIRE]

A l’occasion de la célébration du 10e anniversaire du musée du Quai Branly qui porte désormais le nom de Jacques Chirac, ancien président de la République française, les journalistes résidents et anciens de la MDJ n’ont pas manqué à ce grand rendez-vous. Une expérience à la découverte de l’autre visage de l’ancien homme d’Etat.

Des journalistes de la Maison des Journalistes en visite au Musée du Quai Branly Crédits photo : Lisa Viola Rossi

Des journalistes de la Maison des Journalistes en visite au Musée du Quai Branly
Crédits photo : Lisa Viola Rossi

Au 37 Quai Branly, dans le septième arrondissement de Paris, du 21 juin au 9 octobre, le musée du Quai Branly portant désormais le nom de Jacques Chirac, ancien président de la République française,  commémore les dix ans de sa création.

Depuis l’été donc, ses portes restent grandes ouvertes au public et propose une gamme d’événements : expositions, spectacles, conférences, colloques, etc.

C’est en effet dans ce cadre, qu’une équipe d’une dizaine de professionnels exilés des médias composée des résidents et anciens de la Maison des Journalistes (MDJ) en compagnie du personnel du pôle communication ont effectué une visite guidée des lieux.

Ils sont d’origines et de cultures différentes : Syriens, Afghans, Érythréens, Soudanais, Burundais etc. « Ils », ce sont ces journalistes qui ont été accueillis à bras ouverts à la MDJ qui a son siège au 35 rue Cauchy, dans le 15e arrondissement de Paris.

Ils sont du même avis que l’ancien président français : pas de hiérarchie entre les cultures et toutes les civilisations naissent libres et égales. Contents de découvrir ce grand espace culturel et d’apprentissage, ils sont également impressionnés par la petite histoire de sa création, telle qu’elle nous est racontée par l’une des guides du musée : « Tout commence en 1999 lorsqu’un concours de maîtrise d’œuvre aboutit au choix de Jean Nouvel pour la construction du musée qui sera édifié au pied de la tour Eiffel. Le 20 juin, il est inauguré par Jacques Chirac qui fait savoir dans son discours que ce musée doit promouvoir, auprès du public le plus large, un autre regard, plus ouvert et plus respectueux. Et ce, en dissipant les brumes de l’ignorance, de la condescendance ou de l’arrogance qui, dans le passé ont été souvent présentes et ont nourri la méfiance, le mépris et le rejet. »

La façade du Musée du Quai Branly Crédits photo : Lisa Viola Rossi

La façade du Musée du Quai Branly
Crédits photo : Lisa Viola Rossi

Sur cette petite histoire commence alors une grande découverte

Surprises et étonnements s’invitent déjà dès l’entrée de ce grand musée, serti dans un écrin paysage conçu par Gilles Clément et occupant 27 700 mètres carrés en plus des 17 500 mètres carrés réservés au jardin.

Des murs végétaux, imaginations de Patrick Blanc, composés de 15 000 plantes et 150 espèces retiennent notre attention, avant de se diriger vers la Mezzanine Est et Ouest.

Le génie des civilisations africaines, asiatiques, d’Océanie et d’Amérique fascine l’équipe des professionnels des médias et leurs accompagnateurs, soit 300000 œuvres parmi lesquelles 11 000 de la collection « Mondialisation historique et contemporaine ». A travers des photographies, 710 000 collectionnées apprend-on, disposées de part et d’autre du musée, certains journalistes se retrouvent dans leurs différentes civilisations. C’est le cas notamment d’un journaliste burundais qui, en parcourant l’espace réservé à l’Afrique australe, découvre les habits traditionnels, des bijoux, etc. portés par le peuple kenyan, tanzanien, etc. Pourtant, son plus grand regret aura été l’absence du tambour du Burundi alors que c’est un outil culturel très connu. Pendant les années 80, une équipe de tambourinaires burundais ont séjourné à Paris à l’occasion d’une exposition sur la culture africaine.

Le génie des civilisations africaines, asiatiques, d’Océanie et d’Amérique fascine les journalistes Crédits photos : Lisa Viola Rossi

Le génie des civilisations africaines, asiatiques, d’Océanie et d’Amérique fascine les journalistes
Crédits photo : Lisa Viola Rossi

Devant chaque œuvre et chaque photographie, indique une journaliste d’origine « ouzbekistanaise », elle a envie de s’arrêter et de dialoguer avec cette autre civilisation qu’elle n’a jamais rencontré.

« Plus qu’un lieu de visite, le musée Quai Branly-Jacques Chirac doit être perçu comme  un lieu de dialogue et d’apprentissage, un lieu adapté à chacun, que l’on construit et qui nous construit » précise Stéphane Martin, président du musée.

Au cours de cette visite guidée, nous retiendrons enfin ce corridor communément appelé « Rivière » qui donne pour certains des vertiges. La « Rivière » est en effet, une invitation au voyage dans le temps et dans l’espace. Elle conduit à ces lieux remarquables, faisant découvrir toute une série d’installations affleurant tout au long de la rivière, vertigineuses pour certains. La « Rivière » sollicite le sens et l’esprit. On est perdu dans le regard, on a tendance à s’arrêter pour toucher, déchiffrer ou écouter. Et puis, on se perd encore dans ce dialogue de cultures et de civilisations… dont le président Jacques Chirac est fou amoureux… et dont le musée porte désormais son nom, un signe d’un grand honneur…

Ce n’est pas fini

Pour ceux qui veulent toujours y aller, des expositions vous y attendent.

Jusqu’au 9 octobre 2016 : – Jacques Chirac ou dialogue des cultures

– Homme blanc, Homme noir : les représentations de l’Occident dans l’art africain du 20ème siècle

Du 4 octobre au 15 janvier 2017 : The color line, les artistes africains-américains et la ségrégation

Du 22 novembre au 29 janvier 2017 : Plumes, Vision de l’Amérique

Du 22 novembre au 2 avril 2017 : Eclectique, Une collection du 21ème siècle

Du 22 novembre au 2 avril 2017 : Du Jourdain au Congo, Art et Christianisme en Afrique centrale

Du 31 janvier 2017 au 19 novembre 2017 : L’Afrique des routes

Du 28 mars 2017 au 23 juillet 2017 : Picasso Primitif

Du 23 mai 2017 au 8 octobre 2017 : La pierre magique des Maoris

Konya, une des plus anciennes villes de Turquie

[Par Khosraw MANI, envoyé spécial du Festival de Cinéma de Douarnenez]

Evoquée par Xénophon comme la dernière cité de Phrygie, l’ancienne Iconium, aujourd’hui rebaptisée Konya, est l’une des plus vieilles villes de Turquie. 

Mausolée de Mevlana, Konya (Source : pixabay.com)

Mausolée de Mevlana, Konya
(Source : pixabay.com)

Selon la mythologie grecque, un dragon menaçait régulièrement la ville, dévorant jeunes filles et jeunes garçons. Quand Persée, le fils de Danaé, tua le dragon, le peuple accrocha son image sur les portes de la ville. C’est ainsi que la cité prit ce nom d’Iconion ou Iconium, d’où dérive son nom actuel de Konya. Saint Paul y fonda l’une des premières communautés chrétiennes.

La ville fut ensuite le centre du sultanat seldjoukide de Rûm (1077-1307). Elle abrite les tombes de huit sultans, dans la mosquée d’Ala’ad-Dîn, mais surtout le mausolée de Djalâl ad-Dîn Rûmî, le grand Mevlana (1207-1273), poète persan et mystique soufi. Après sa mort, ses disciples Husâm od-Dîn Chelebî et Sultân Valad créèrent l’ordre des Mevlevis, ou derviches tourneurs. Son mausolée est toujours un lieu de pèlerinage important et, chaque 17 décembre, tous les habitants de Konya commémorent l’anniversaire de sa mort, ou plus exactement de son mariage mystique avec l’Infini créateur. La ville moderne, avec son million d’habitants, est aussi connue pour ses tapis aux motifs caractéristiques.

[Pour lire les autres articles de nos envoyés spéciaux dédiés au 39ème Festival de Cinéma de Douarnenez, c’est par ici.]

 

La bâtarde d’Istanbul, un livre d’Elif Shafak

[Par Khosraw MANI, envoyé spécial du Festival de Cinéma de Douarnenez]

Une petite trace dans un passé oublié. C’est cette trace que la romancière Elif Shafak cherche dans son livre controversé, La bâtarde d’Istanbul, paru en 2006 en Turquie et traduit deux ans plus tard en français. 

Couverture du livre ©canablog.com

Couverture du livre ©canablog.com

À Istanbul, Asya, « bâtarde » de 19 ans, tombée en amour avec Johnny Cash et passionnée par l’existentialisme français, est la fille de l’une des quatre étranges sœurs Kazançi : Zeliha, la tatoueuse, Banu la clairvoyante, Cevriye l’institutrice et Feride l’obsédée par la survenue d’un désastre imminent. Trois autres personnages installés aux États-Unis complètent l’intrigue : Mustafa, son épouse arménienne, et leur fille, Armanoush.

Puis Armanoush part clandestinement à Istanbul où elle rencontre les quatre sœurs Kazançi et Asya. L’amitié naissante entre les deux jeunes femmes va faire voler en éclats un secret bien gardé : comment les deux familles ont été liées à l’époque du génocide arménien de 1915… Accusée par le gouvernement d’insulter la turcité et de raconter des histoires fausses, Elif Shafak, née en 1971 à Strasbourg, est la nouvelle voix de la littérature turque sur la scène littéraire mondiale.

[Pour lire les autres articles de nos envoyés spéciaux dédiés au 39ème Festival de Cinéma de Douarnenez, c’est par ici.]

Une étrange impression dans ma tête, un livre d’Orhan Pamuk

[Par Khosraw MANI, envoyé spécial du Festival de Cinéma de Douarnenez]

C’est cette strophe d’un poème de William Wordsworth qui pourchasse Mevlüt pendant quatre décennies de sa vie troublante.

Orhan Pamuk ©checksbalances.clio.nl

Orhan Pamuk ©checksbalances.clio.nl

Mevlüt Karataş, fils d’un vendeur de yaourt et de boza, quitte son village natal très jeune, afin d’aider son père qui vend cette boisson traditionnelle dans les rues et les ruelles d’Istanbul. Ses aventures, de 1969 à 2012, entrent en résonnance avec le récit d’une époque troublée : les transformations sociales, les coups d’Etats militaires, les conflits politiques.

Mevlüt fait son service militaire, tombe amoureux, il est trompé par son propre cousin, il voit disparaître un passé chéri et fait l’expérience de la métamorphose pénible de sa ville. Mais il reste le simple vendeur de boza qu’il a toujours été, gardien de cette vieille tradition ottomane.

Après Mon Nom est Rouge, Istanbul et Neige, Orhan Pamuk, lauréat du Prix Nobel, vient de livrer son dernier opus, plus contemporain que le premier, plus profond que le deuxième, plus impressionnant que le troisième. Orhan Pamuk fait, avec Istanbul, ce que James Joyce a fait il y a presque un siècle avec son Dublin imaginé : il recrée la ville à la lumière du hüzün, le nom turc de la mélancolie, qui hante Istanbul.

A paraître bientôt en français.

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La Bretagne a célébré la culture afghane

[Par Mortaza BEHBOUDI, envoyé spécial du Festival de Cinéma de Douarnenez]14087642_1042129232561792_413963831_o

Festival de Cinéma de Douarnenez. Oh là là, la danse afghane ! Samedi soir, juste avant le « fest noz », des réfugiés afghans ont dansé et présenté la danse traditionnelle afghane « Attan » au Festival de cinéma, qui a connu une soirée inoubliable : les spectateurs, d’abord un peu surpris, sont vite entrés dans la danse.
Après une présentation de la musique et de la danse afghane, ce fut le tour des chansons traditionnelles arabes, kurdes et turques. Cette soirée consacrée aux grandes questions de société s’est ainsi poursuivie avec des danses et des musiques exceptionnelles de ces différents pays.
En Afghanistan, il y a deux danses traditionnelles, la danse « Attan » et la danse « Qarsak ». L’Attan est une forme de danse qui a pris naissance dans les régions pachtounes de l’est de l’Afghanistan. L’Attan était à l’origine une danse pratiquée par les Pachtounes en temps de guerre ou bien lors de mariages ou d’autres célébrations (fiançailles, nouvelle année, rassemblements informels). Elle est maintenant considérée comme la danse nationale de l’Afghanistan. Les danses Attan en plein air ont longtemps été une manifestation traditionnelle dans la culture pachtoune. Cette danse est exécutée par une troupe de 50 à 100 danseurs qui agitent des foulards rouges en l’air tandis que les musiciens frappent leurs tambours. Cette danse est commune aux Pachtounes d’Afghanistan et du Pakistan.
Cependant, la musique afghane est à l’image du pays, à la croisée de nombreuses cultures. On y trouve tout autant des musiques et des instruments se rattachant au monde persan qu’au monde indien ou à celui de l’Asie Centrale. Cette diversité est à l’image de la richesse linguistique du pays, où l’on parle dari, ourdou, pashto…