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Mortaza Behboudi, reporter de guerre : “tous les médias doivent s’assurer que les pigistes sont en sécurité”

Emprisonné plus de 280 jours dans de multiples prisons de la capitale afghane, le journaliste franco-afghan Mortaza Behboudi est de retour en France. Innocenté sur les accusations d’espionnage qui le visaient, il a été libéré le 18 octobre 2023 après 10 mois de prison. Ancien journaliste de la MDJ, il  livre un retour d’expérience pour l’Œil à destination des jeunes reporters de guerre.

La nécessité d’une meilleure prise en charge des reporters 

Dans notre article précédent, nous avions évoqué les conditions de détention de Mortaza à Kaboul, ainsi que l’isolement des journalistes sur les zones de conflit. Ces derniers sont souvent livrés à eux-mêmes sur le terrain, sans assurance ou protection d’un média.

« En tant que journaliste indépendant, j’ai été sur plusieurs terrains difficiles : pays en guerre, camps de réfugiés » où il a côtoyé de nombreux confrères et consœurs pigistes. « Ils sont très précaires car ils n’ont pas d’assurance. Nous avons des commandes avec des médias, mais pas forcément de contrat », ce qui exclut une protection. 

« Très souvent, notre bulletin de salaire est notre contrat. Avant cela, sur le terrain, nous devons avancer les frais et notre matériel. Il faut alors travailler pour plusieurs médias afin de couvrir nos frais sur place : logement, transports, fixeur… Il est capital d’avoir plusieurs commandes pour partager les frais entre les médias, car aucun ne prendra l’intégralité en charge. »

Pour obtenir sa libération, rédactions, associations et proches remuent ciel et terre durant des mois. Le journaliste a pu compter sur sa femme Aleksandra, dont les immenses efforts ont fini par payer. « Aleksandra était en contact permanent avec les rédactions françaises. Lorsque je n’ai plus donné signe de vie, elle a appelé tous les médias avec lesquels je travaillais à l’époque, ainsi que RSF. »

Car « lorsqu’un journaliste est arrêté, c’est la rédaction pour laquelle il travaillait à ce moment-là qu’il faut contacter, et non tous les médias pour lesquels il effectue des commandes. Mais sans assurance, il est très difficile de s’équiper et de se protéger. »

Mais tous les journaux français ne disposent pas des mêmes moyens ni de la même expérience du front. Ainsi, France 24 a mis en place une formation « reportage zone dangereuse »,  en partenariat avec l’INA. Sous l’égide du directeur de la sûreté à France Médias Monde, Jean-Christophe Gérard, les journalistes et techniciens de reportage apprennent à évaluer les risques sur le terrain, et s’entraînent aux techniques de premiers secours et de protection. D’une durée de six jours, la formation a pour objectif de « réduire les risques, mieux organiser ses déplacements » et développer un comportement adapté « en cas d’enlèvement ou d’arrestation arbitraire. »

« Les grands médias comme France Télévisions peuvent et savent en permanence où nous sommes. Les autres journaux en revanche ne nous suivent pas forcément, et ne disposent pas tous d’une équipe de sécurité. Mais ils sont aussi moins spécialisés dans le reportage de guerre », tempère Mortaza, pour qui des mesures s’imposent néanmoins. 

Il est en effet indispensable que « tous les médias s’assurent que le ou la pigiste est en sécurité », peu importe leur taille. « Le journaliste devrait signer son contrat avant de partir, les risques sont bien trop grands sans. Nous partons généralement avec notre propre matériel et nous ne possédons pas tous des gilets pare-balles ou des casques. » 

Nombreux sont les journalistes qui empruntent du matériel à RSF pour assurer leur protection. « Il faut aussi que les médias généralisent la surveillance de notre IME, notre numéro d’identification mobile, qui permet de connaître notre position GPS en temps réel. »

« Vous ne pouvez pas connaître le terrain sans les journalistes locaux »

Toutes ces informations et mesures de sécurité, Mortaza les a intégrées au fil de son expérience sur le terrain. Mais depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, des centaines de jeunes reporters peu ou prou expérimentés se sont précipités pour couvrir l’actualité du front. Ils se sont très vite retrouvés démunis pour une grande partie d’entre eux, s’étant lancés dans l’aventure sans l’aval d’une rédaction et sans équipement de protection.

« Aujourd’hui, les jeunes reporters doivent en faire plus pour leur sécurité. Premièrement, il est vital de trouver un bon fixeur. Si je veux aller faire un reportage sur les Houthis au Yémen, c’est lui qui dénichera des Houthis à interviewer, qui planifiera les trajets, organisera les rencontres… Il faut lui vouer une entière confiance », explique le journaliste. 

« Deuxièmement, lorsqu’on part sur de tels terrains, il faut lire et communiquer avec les médias et journalistes locaux. Vous ne pouvez pas apprendre à connaître le terrain sans eux », tranche Mortaza d’un ton ferme. Grâce à ces journalistes, les étrangers savent ainsi où aller, quelles zones éviter et quel angle choisir pour leur reportage. 

« Soyez connectés avec eux et votre fixeur, ces échanges sont primordiaux. » Cela peut permettre d’éviter de terribles erreurs, comme ramener du matériel interdit (un drone, une caméra spéciale…) sur une zone sensible et se faire arrêter. « Enfin, il faut également avoir bien étudié le pays en amont, surtout si l’on veut faire un reportage de qualité. Le travail journalistique réside dans l’étude du terrain et le temps passé dessus, dans les rencontres avec la population locale afin de rendre compte de leur réalité. Quand un pays est en conflit, ce dernier a besoin de ses journalistes, c’est d’abord à eux de travailler sur leur pays natal. »

Si Mortaza ne tient plus à raconter en détail sa longue épreuve dans les geôles de Kaboul, il demeure toutefois très attaché à sa vocation : le journalisme. Pour lui, un seul mot d’ordre, aller de l’avant. « Les talibans m’ont interdit d’aller dans les manifestations » où il avait l’habitude d’interroger les Afghans, « mais pas de travailler avec les médias étrangers. Je me vois continuer de faire des reportages dans mon pays, notamment pour parler de la crise humanitaire. Je veux continuer de donner la parole à ceux qui ne l’ont pas. » Un courage sans faille pour un reporter d’exception.

Maud Baheng Daizey

Mortaza Behboudi, reporter franco-afghan : en prison, « on m’a fait avouer des crimes que je n’ai pas commis » 

Emprisonné plus de 280 jours dans de multiples prisons de la capitale afghane, le journaliste franco-afghan Mortaza Behboudi est de retour en France. Innocenté sur les accusations d’espionnage qui le visaient, il a été libéré le 18 octobre 2023 après 10 mois de prison. Ancien journaliste de la MDJ, il a accepté de témoigner pour l’Œil sur ses conditions de détention.

Il était détenu à la prison de Kaboul depuis le 7 janvier 2023. 284 jours plus tard, Mortaza Behboudi retrouve enfin la liberté. Journaliste depuis 2012, Mortaza Behboudi a travaillé pour plusieurs médias en Afghanistan. En France, il a collaboré et collabore avec les plus grands médias nationaux, tels que France Télévisions, Radio France, Libération ou encore TF1. 

Rendre compte de la réalité des talibans

Il avait dû fuir l’Afghanistan en 2015 après une tentative de reportage sur le marché de l’opium dans le sud de l’Afghanistan et sur sa ville natale, dans la province de Wardak. Il a obtenu un visa par l’ambassade de France à Kaboul et il a été accueilli à la Maison des Journalistes fin 2015.

Rien n’arrête cependant le jeune homme, qui retourne régulièrement dans son pays natal pour y témoigner de l’actualité. « En mai 2021, juste avant la chute de Kaboul, je suis resté trois mois. J’y suis retourné le 15 août avec France Télévisions pour aider les grandes chaînes occidentales. J’étais à la fois caméraman et fixeur. Nous avons fait une vingtaine d’aller-retour en Afghanistan depuis la prise de pouvoir, et j’ai travaillé pour une quinzaine de médias : France Télévisions, Radio France, TF1, Arte… Nous avons même reçu le prix Varenne et le prix Bayeux pour notre série de reportages « À travers l’Afghanistan, sous les Talibans » publié sur Mediapart. »

Lorsque le gouvernement chute et que les Etats-Unis ordonnent leur repli militaire en août 2021, Mortaza n’hésite pas une seconde et s’empare de sa caméra. « Je me suis dit que l’on avait cruellement besoin de journalistes locaux pour mieux informer sur la situation afghane », nous explique-t-il d’une voix assurée, soutenant notre regard. « Bien sûr, beaucoup de journalistes occidentaux y sont allés pour leurs reportages, mais ces derniers n’éclairaient pas vraiment la réalité des talibans. » 

Arrêté en plein reportage et accusé d’espionnage

« Il a été arrêté non pas en tant que journaliste, mais parce qu’il a des relations directes avec des opposants à notre régime », avait déclaré Zabihullah Mujahid, le porte-parole des talibans au pouvoir, dans un reportage de France Télévisions diffusé en juillet 2023. Pourtant, il avait été interpellé aux abords de l’université de Kaboul par un agent taliban en civil le 5 janvier, alors qu’il interrogeait de jeunes Afghanes avec son micro et sa caméra. 

Il explique être parti « afin de tourner plusieurs sujets pour Libération, France Télévisions et Radio France. Deux jours après mon arrivée, j’ai été arrêté au moment où je prenais en photo des étudiantes qui souhaitaient passer leur thèse, mais pour qui les études sont dorénavant interdites. » Emmené au bureau des services de renseignements, il sera emprisonné pendant dix mois dans quatre prisons de Kaboul, enfer qu’il relatera sur Mediapart. 

« Là-bas, j’y ai croisé quatre à six journalistes locaux et nationaux, notamment dans la prison de Shash-darak des services de renseignements des talibans où j’ai passé sept mois. Il y avait surtout des journalistes issus de la télévision : présentateurs, têtes d’affiche des chaînes télévisées locales, surtout du nord du pays. La plupart sont emprisonnés depuis des mois sans que leur famille ne soit informée de leur détention. » 

Des journalistes incarcérés aux côtés de membres de Daesh

Mortaza et son équipe en plein reportage.  © Mortaza Behboudi

« A Kaboul, une fois qu’on est incarcérés, personne n’est prévenu : c’est à la famille de faire ses propres recherches et d’envoyer des lettres au ministère de l’Intérieur et au central du renseignement. Il faut ensuite payer des gens pour obtenir une localisation précise. Quelques journalistes m’ont demandé si j’avais croisé certains de leurs proches dans les autres prisons. Ces dernières constituent les pires endroits d’enfermement dans le monde », affirme-t-il en balayant du plat de la main toute objection. L’espace d’un bref instant, Mortaza se plonge dans un souvenir douloureux, sans toutefois perdre le fil de son récit. 

« Nous y sommes torturés, nous ne voyons pas le ciel et n’avons accès à aucun service médical ou à un médecin. Nous sommes régulièrement maltraités et humiliés, surtout dans la prison du renseignement et de sécurité maximale, Shash-darak. » Là-bas, plus de 1 200 prisonniers politiques croupissent dans des cellules exiguës. Tous sont mélangés : politiciens, journalistes, activistes, membres de Daesh… Des bagarres éclatent souvent entre les détenus, faute de véritable surveillance de la part des gardiens.

Plus que la violence, le manque d’informations de l’extérieur ronge le moral des prisonniers. « Si vous voulez voir vos proches, il faut pouvoir payer. Si vous arrivez à obtenir une autorisation, vous aurez droit à une visite de 3 à 4 minutes, une fois par semaine et derrière des vitres blindées, de votre famille. » 

« Malheureusement, il n’y a pas d’organe de jugement ou de tribunal pour ces prisons. On ne connaît même pas les chefs d’inculpation qui ont conduit à notre emprisonnement. Nous ne savons même pas où nous serons transférés ni qui est en charge de notre dossier. »

Si Mortaza n’a pas vu le ciel durant dix mois, les cellules se sont enchaînées sans qu’il ne puisse rien contrôler. Déplacé à plusieurs reprises, il se remémore la confusion qui régnait au sein des prisonniers. « Je suis resté dix jours dans la première prison des renseignements, puis plus d’un mois dans la seconde, sept mois dans la troisième, et le reste du temps dans la quatrième. J’étais tout le temps soumis à des interrogatoires, afin de me faire avouer des crimes que je n’ai pas commis. » 

« Les sept premiers mois, je n’ai eu aucun contact avec l’extérieur. Je n’avais le droit à rien en tant que prisonnier politique, même pas à un stylo et à un morceau de papier. Lorsque j’étais dans la prison des services de renseignements, il n’y avait pas d’accès au téléphone et aucun droit de visite. » 

« Après mon transfert à la prison de sécurité maximale de Pul-e-Charkhi, j’ai pu appeler pour la première fois ma famille sur le téléphone public de la prison. » Pul-e-Charkhi est la plus grande prison du pays, surnommée « le Guantanamo afghan. » 

« J’ai donc contacté ma mère et ma femme pour les prévenir que j’étais vivant. Sur place, nous avons pu avoir des visites d’amis une fois toutes les deux semaines, ce qui reste dangereux : les visiteurs étaient surveillés sur leur trajet et dans leur ville. »

Des négociations difficilement réalisables avec les talibans

Malgré son isolement total, Mortaza n’est pas seul : à l’autre bout du monde, rédactions, associations et proches remuent ciel et terre pour le retrouver. Le journaliste a pu compter sur sa femme Aleksandra, dont les immenses efforts ont fini par payer. « Aleksandra était en contact permanent avec les rédactions françaises. Lorsque je n’ai plus donné signe de vie, elle a appelé tous les médias avec lesquels je travaillais à l’époque, ainsi que RSF. »

Une libération complexe à réaliser, car la France n’est plus présente en Afghanistan depuis la prise de pouvoir des talibans en août 2021. Les tentatives de négociations se sont faites à Doha, au Qatar, mais en vain. Le 6 février 2023, Reporters sans frontières avait indiqué dans un communiqué de presse avoir « épuisé toutes ses ressources » pour libérer Mortaza, bien qu’il ait réussi à « établir un canal de communication » avec les talibans.

« Personne n’a négocié pour mon cas », explique Mortaza. « Tout est passé par un juge taliban qui m’a forcé à avouer des choses pour me faire libérer. Toutes les charges ont été abandonnées, mais il m’a fait dire que mes reportages sur les talibans étaient soi-disant négatifs, ce qui expliquerait selon le juge les dix mois d’emprisonnement. » Une solitude qui impacte durement Mortaza, qui aurait pu rester enfermé de longues années. 

Maud Baheng Daizey

Retour sur les Solidays 2017 : La solidarité française s’est exprimée

[Par Mortaza BEHBOUDI]

Avant l’été pendant 3 jours à Paris à l’hippodrome de Longchamp, a été organisée la 19 ème édition SOLIDAYS 2017 avec des milliers des participants et des amoureux de la musique. Retour sur cet événement destiné à mobiliser l’opinion alors que la lutte contre le Sida est loin d’avoir encore atteint ses objectifs d’éradication totale.

Rien qu’en France, comme le signale Sida Info Service, le nombre de personnes ayant découvert leur séropositivité a été de 5 925 en 2015, ce qui est encore beaucoup et ne tient pas compte de ceux qui ne sont sont pas fait dépister.
« Les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) restent le groupe le plus touché par l’épidémie. Ils représentent 43 % des découvertes de séropositivité. Environ 2 600 HSH ont découvert leur séropositivité en 2015. Les hétérosexuels nés à l’étranger représentent 38 % des découvertes de séropositivité, les hétérosexuels nés en France : 16 %. L’Île-de-France reste la région la plus touchée par la découverte de sérologies positives en métropole. Hors métropole, c’est la Guyane qui est la plus touchée ».

C’est pourquoi le sujet reste d’actualité et que toutes les initiatives sont les bienvenues. Dans ce contexte, ainsi que le rappelle notamment Wikipedia, le festival Solidays est une manifestation de lutte contre le sida organisée par Solidarité sida. Elle a lieu chaque année depuis 1999, sur l’hippodrome de Longchamp à Paris et qui rassemble plus de 150 artistes et près de 200 000 festivaliers. Les bénéfices du festival sont reversés à des associations de lutte contre le sida, à des programmes de prévention et d’aide d’urgence aux malades.

Au programme de cet événement majeur, cette année :

– Des artistes connus et internationaux venus de partout comme Gaël Faye, L.E.J, Imany, Georgio, Ibrahim Maalouf, Mac Miller, etc.
– Un village solidaire avec des associations qui aident des gens en difficultés, des réfugies, des mineurs isolés et des SDF.

Globalement, cette année, ce festival a pris des couleurs de Printemps Solidaire avec une grande campagne en faveur de la solidarité internationale et un appel au président de la République française.

« Grâce au stand Printemps Solidaire, aux nombreuses prises de parole sur scène pour sensibiliser les festivaliers et aux bénévoles qui ont vaillamment sillonné les pelouses de Longchamp pour faire signer un appel au plus grand nombre, la campagne a récolté près de 90 000 signatures » indique l’équipe de Solidays.

C’est la première fois que j’ai vu un grand festival de la musique de cette sorte depuis longtemps… dans une très belle ambiance solidaire destinée à « défendre le principe d’une France ouverte sur le monde et sur les autres, une France qui tient ses promesses face aux inégalités et à la détresse humaine».

Voici mes photos :

« Nothingwood » : l’autre regard de Sonia Kronlund sur l’Afghanistan

Nothingwood est un documentaire réalisé par Sonia Kronlund avec en vedette l’acteur et réalisateur le plus populaire d’Afghanistan, Salim Shaheen. Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs dans le cadre du Festival de Cannes 2017, Sonia Kronlund dépeint tout en nuances un portrait tendre de l’Afghanistan d’aujourd’hui.

La réalisatrice Sonia KRONLUND © Marine TURCHI

« Shaheen est très connu en Afghanistan mais les gens rient souvent de lui, c’est ça qui est très intéressant. » a insisté Sonia Kronlund après la projection en avant-première de son documentaire,  mardi dernier à Paris.

La caméra de Sonia Kronlund s’invite et suit pendant environ une semaine la préparation d’un projet de film signé par Shaheen. Les aventures du réalisateur et de son équipe font découvrir au spectateur un autre visage de l’Afghanistan, bien éloigné des rues de Kaboul et de sa réputation forgée par les interventions internationales. Le voyage vers Bamyian, l’ancien avant-poste relativement stable, dont les bouddhas majestueux ont été détruits par les talibans, dans lequel il entraîne sa bande de comédiens, tous plus excentriques et incontrôlables les uns que les autres, est l’occasion de faire la connaissance de cet amoureux du cinéma, qui fabrique sans relâche des films dans un pays en guerre depuis plus de trente ans.

Salim SHAHEEN, superstar afghane se fait acclamer à la demande © Nothingwood/Sonia KRONLUND

Nothingwood livre le récit d’une vie passée à accomplir un rêve d’enfant.

La cinéaste française Sonia Kronlund travaille pour France Culture. Elle a visité et réalisé des reportages en Afghanistan depuis plus de 15 ans. Elle admet que «les histoires d’Afghanistan rapportées en France tendent à ne traiter que de sujets horribles comme les femmes défigurées par des attaques d’acide, etc…». Un constat qui l’a amené à tourner son premier film autour d’un sujet «plus jovial ».

Salim SHAHEEN, survivant d’un art populaire détruit par la guerre © Nothingwood/Sonia KRONLUND

Né au milieu des années 1960, Shaheen a fui les salles de classe pour se réfugier dans celles de cinéma pour regarder des films en provenance d’Inde et des fameux studios de Bollywood. Ses premières réalisations, des films de fiction aux thèmes jugés pas assez sérieux le forcent à quitter le foyer familial. Face à la censure et aux normes culturelles mises en place dans l’industrie afghane par les soviétiques puis les talibans, les films de Shaheen connaissent un certain succès populaire et s’échangent partout en Afghanistan… mais exclusivement sous le manteau.Sa relation au cinéma plus qu’étroite, est devenue vitale. Pris au milieu d’un massacre perpétré par les talibans, Shaheen reproduit ce qu’il a vu sur grand écran et « joue au mort », au milieu des corps sans vie. « Ce que j’ai appris au cinéma m’a sauvé la vie » reconnait-il dans Nothingwood.

Montrer un autre visage de l’Afghanistan aux spectateurs est certes une des ambitions (réussies) de ce film mais la dernière pensée de sa réalisatrice, Sonia Kronlund, va aux populations afghanes : « J’aimerais bien montrer mon documentaire en Afghanistan et en Iran ».

Découvrez la bande annonce du film, Nothingwood dans les salles à partir du 14 juin 2017 :

Roland Garros 2017 : Le tennis n’a pas de frontières

Je joue au tennis depuis l’adolescence, à Kaboul, en Afghanistan. Mais, aujourd’hui, je vis en France et c’est le grand événement sportif du printemps,  Roland Garros 2017, qui commence  à Paris.

La nouvelle édition du tournoi de Roland Garros s’ouvre à Paris, le 28 mai 2017 ©Mortaza BEHBOUDI

L’équipe de tennis junior d’Afghanistan, à Kaboul, 2014 ©Fédération Afghane de Tennis

Malgré une arrivée en France tumultueuse, je n’ai pas oublié ma raquette de tennis, véritable  partie de

mon cœur. Le sport en Afghanistan et le tennis surtout, n’est pas très développé et peu de gens pratiquent le tennis régulièrement. Mais on était une vingtaine de personnes, répartie sur 2 terrains, au sein de la Fédération Afghane de Tennis à Kaboul.

 

Comme d’habitude, le tournoi de Roland Garros se dispute sur les terrains en plein air et, cette fois-ci, en plein soleil, à Paris (pour le moment).

C’est la 116ème édition du « French Open » organisée par la Fédération Française de Tennis et la deuxième étape du Grand Schlem de l’année.

La Journée des enfants le 27 mai 2017 ouvre la compétition dans la bonne humeur – avec Marie-Jo PÉREC et Novak DJOKOVIC ©Mortaza BEHBOUDI

La compétition a lieu au Stade Roland Garros du 28 mai au 11 juin 2017 après une semaine de

qualifications du 22 au 27 mai 2017. Les matches se déclinent en simple, double et double mixte. Les joueurs juniors et handisport sont aussi présents en simple et double.

 

 

Mais cette année apporte d’ores et déjà son lot de surprises. Pour la première fois dans l’histoire du tournoi, les deux vainqueurs de l’Open d’Australie 2017, à savoir Serena Williams et Roger Federer, se sont retirés de la course avant le début de la compétition.

Le tournoi sera joué sur les terrains d’argile et se déroulera sur une série de 22 courts, y compris les trois principaux, Court de Philippe Chatrier, Suzanne Lenglen et le Court N° 1.

Le président de la Fédération Française de Tennis, Bernard GIUDICELLI, la ministre des Sports, Laura FLESSEL, et de l’ancien champion de tennis, président-fondateur de l’association Fête le Mur, Yannick NOAH ©Mortaza BEHBOUDI

Le 27 mai 2017, Yannick Noah, figure du tennis internationalement reconnue, a signé une convention qui unit désormais son association « Fête le Mur », militante pour un tennis qui lutte contre les inégalités sociales, le Ministère des Sports et la Fédération Française de Tennis. Durant la conférence de presse, l’ancien joueur, actuel entraîneur de l’équipe de France pour la Coupe Davis, a affirmé la nécessité « d’aller chercher les joueurs de demain dans les quartiers populaires, de démocratiser ce sport auprès des enfants d’où qu’ils viennent, afin de dynamiser la compétition en France.»

Le tennis et en général le sport ne doivent pas être à destination uniquement des élites, mais ouvert sur la société toute entière, seul gage d’une réussite sportive, sociale et pariant sur l’intégration que ce soit en France …. Ou en Afghanistan d’ailleurs !

 

La semaine de Roland Garros vu par Mortaza BEHBOUDI 

[UPDATE] Lundi 29.05.2017 

A 16h, 1er match (Simple Messieurs | 1er Tour) entre un français et un belge au  tournoi de Roland Garros.

Pendant ce match les fans étaient plus chauds que les joueurs !

Le résultat :
Richard Gasquet (FR) – Winner 6/3/6/6 vs Arthur De Greef (BLG) 2/6/1/3

Le tennisman tricoloreRichard GASQUET a fait son entrée dans la compétition le lundi 29 mai 2017 ©Mortaza BEHBOUDI

Richard GASQUET (fr) affronte Arthur DE GREEF (blg) le lundi 29 mai 2017 ©Mortaza BEHBOUDI

Richard GASQUET (fr) affronte Arthur DE GREEF (blg) le lundi 29 mai 2017 ©Mortaza BEHBOUDI

À Maxime :  N’embrassez pas un journaliste si vous ne voulez pas sortir du tournoi.

Maxime Hamou (FR) après ses victoires pendant les qualifications a perdu son 1er match le lundi 29 mai contre Pablo Cuevas (URG) ici le résultat : M. Hamou 3/2/4  – Pablo Cuevas 6/6/6

La Fédération Française de Tennis a réagi au geste polémique du joueur français : « La direction du tournoi a décidé de retirer l’accréditation de Maxime Hamou à la suite de son comportement répréhensible avec une journaliste, hier, lundi 29 mai! »

[UPDATE] Mardi 30 mai 2017

À Andrey  Kuznetsov : Vous devriez être sérieux avec un homme britannique !

Andy  Murray (GBR) 6/4/6/6

Andrey  Kuznetsov (Russe) 4/6/2/0

Andy MURRAY réussit son entrée dans le tournoi ©Mortaza BEHBOUDI

Kei Nishikori parle mieux japonais qu’anglais mais son talent est universel. Bravo ! 

Thanasi Kokkinakis (Australie)   6/1/4/4

Kei Nishikori  (Japon)   4/6/6/6

Kei NISHIKORI donne une interview après sa victoire © Mortaza BEHBOUDI

À Gaël Monfils : Well done man !

Gael Monfils (FRA) 6/7/6

Dustin Brown (GER)   4/5/0               

Vitalité, rapidité et fairplay : la définition de la beauté du tennis © Mortaza BEHBOUDI

 

 

« Les Bobines Du Monde » Kézako ?

[Par Mortaza BEHBOUDI]

Avoir une idée c’est une chose, la mettre en œuvre c’en est une autre ! C’est là que Bobines du Monde intervient en donnant un coup de pouce à ceux qui souhaitent, notamment des réfugiés, s’emparer du moyen vidéo pour s’exprimer. 

Réunion de préparation, le samedi 4 mars 2017, avec les acteurs pour le premier film de Zarif ALIKHANI © Mortaza BEHBOUDI

À Paris, cette association à but non lucratif et fondée en octobre 2016 a été initiée par une dizaine de jeunes de profils différents, qui partagent la passion du cinéma et l’enthousiasme pour l’action sociale et humanitaire.

L’esprit de Bobines du Monde est que toute idée doit avoir la chance d’être entendue, mais aussi d’être vue ! L’industrie du cinéma ne doit pas être limitée aux maisons de productions ou aux professionnels, mais doit être ouverte à tous les talents.

Pour ces jeunes, le cinéma est un joli détail de leur quotidien, et ils sont persuadés que la diversité saura le rendre plus riche.

Quelles sont les missions de l’association ?

« Bobines du monde » s’engage à accompagner des personnes (notamment des réfugiés), à réaliser leurs projets cinématographiques ou vidéos en mettant à leur disposition du matériel, des conseils et/ou en leur proposant de co-réaliser des films. Son objectif est de permettre à ces personnes de s’exprimer en leur nom par un média vidéo et de diffuser et faire connaître leurs projets. Plus largement, l’association a pour objectif de faire connaître des écritures cinématographiques différentes portant d’une manière large sur la thématique des réfugiés ou des projets des personnes réfugiées en France.

Le premier scénario des « Bobines du monde » est porté par Zarif Alikhani, un jeune réfugié afghan également membre de l’association qui a décidé de décrire dans un court métrage les premiers pas d’un réfugié à Paris, en alimentant le petit film d’informations sur la demande d’asile et les étapes à suivre dans la procédure.

L’équipe lors d’une réunion de l’association © Lucile FROITIER

Behzad Qayomzada est le président de l’association. Passionné de cinéma, il a décidé, après avoir réalisé plusieurs courts -métrages, de lancer sa propre association. Il est réfugié en France depuis cinq ans. En Afghanistan, il était journaliste et continue ici de produire des films : « Rien ne vaut la vie », « Avoir le cœur sur la main » et « Dans l’autre sens ».

Ali Hasan est originaire de Syrie, il est aujourd’hui étudiant et apporte à BDM ses connaissances cinématographiques, mais également ses compétences graphiques. Il s’occupe de la communication et des projets.

Soizic Chevrat, très intéressée par le cinéma et étudiante en Master 2 “Droits de l’Homme et Droit Humanitaire” a rejoint l’équipe pour s’occuper de la communication.

L’association compte également Lucile Froitier, Zarif Alikhani, Perrine Baré, Aglaé Olivier, et Mortaza Behboudi.

Leurs actions s’appuient donc sur l’entraide, particulièrement le partage de connaissances, la formation et la mise en contact entre les porteurs de projets et les professionnels.

La Bretagne a célébré la culture afghane

[Par Mortaza BEHBOUDI, envoyé spécial du Festival de Cinéma de Douarnenez]14087642_1042129232561792_413963831_o

Festival de Cinéma de Douarnenez. Oh là là, la danse afghane ! Samedi soir, juste avant le « fest noz », des réfugiés afghans ont dansé et présenté la danse traditionnelle afghane « Attan » au Festival de cinéma, qui a connu une soirée inoubliable : les spectateurs, d’abord un peu surpris, sont vite entrés dans la danse.
Après une présentation de la musique et de la danse afghane, ce fut le tour des chansons traditionnelles arabes, kurdes et turques. Cette soirée consacrée aux grandes questions de société s’est ainsi poursuivie avec des danses et des musiques exceptionnelles de ces différents pays.
En Afghanistan, il y a deux danses traditionnelles, la danse « Attan » et la danse « Qarsak ». L’Attan est une forme de danse qui a pris naissance dans les régions pachtounes de l’est de l’Afghanistan. L’Attan était à l’origine une danse pratiquée par les Pachtounes en temps de guerre ou bien lors de mariages ou d’autres célébrations (fiançailles, nouvelle année, rassemblements informels). Elle est maintenant considérée comme la danse nationale de l’Afghanistan. Les danses Attan en plein air ont longtemps été une manifestation traditionnelle dans la culture pachtoune. Cette danse est exécutée par une troupe de 50 à 100 danseurs qui agitent des foulards rouges en l’air tandis que les musiciens frappent leurs tambours. Cette danse est commune aux Pachtounes d’Afghanistan et du Pakistan.
Cependant, la musique afghane est à l’image du pays, à la croisée de nombreuses cultures. On y trouve tout autant des musiques et des instruments se rattachant au monde persan qu’au monde indien ou à celui de l’Asie Centrale. Cette diversité est à l’image de la richesse linguistique du pays, où l’on parle dari, ourdou, pashto…