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Le festival Cinéma de Turquie à Paris : un refuge pour la liberté d’expression

C’est la 15ème édition Cinémas de Turquie” à Paris du 30 Mars au 8 Avril. Le Festival organisé avec la Mairie de 10ème arrondissement et l’association ACORT. L’intérêt de ce festival est la libre expression : certains films diffusés sont censurés en Turquie. Découvrez le programme ici

Une semaine de cinéma dédiée à la Turquie, le tout à Paris ! Attention, ce ne sont pas “des films turques” ce sont les films qui parlent de la Turquie, qui traverse la Turquie, qui viennent de Turquie, avec toute la diversité culturelle de ce pays.

A l’époque de la mondialisation, les relations, les subventions internationales et les équipes travaillant à la production d’un film sont internationales. Que signifie film turque, français, américain ou kurde dans ce contexte ?

Assurément pas grand chose. Il est donc important de souligner la volonté des organisateurs : c’est un festival de “cinéma de Turquie” et non pas de “cinéma turque”.

Cette balade des films de Turquie à Paris fête son 15ème anniversaire lors de cette édition. Pendant le Festival, il est possible de voir les dernières œuvres du “cinéma de Turquie” d’aujourd’hui qui ont gagné des prix dans les festivals internationaux. Dans certaines projections, il y a des rencontres avec l’équipe des films en compétition. C’est une chance de pouvoir poser des questions directement aux réalisateurs ou aux comédiens.

Liberté d’expression aux salles de cinéma parisiennes

Mais pour moi, en tant que journaliste et réalisateur de cinéma en exil, le plus important côté de ce festival est “la liberté d’expression”. Comme madame la Maire du 10ème arrondissement, Alexandra Cordebard, a souligné pendant son discours d’ouverture de ce festival, “la Turquie passe des temps difficiles”.

L’autoritarisme et la censure surplombent tous les domaines en Turquie. Malheureusement, cela comprend aussi le cinéma. Il y a beaucoup de films comme “Zer” de Kazım Öz ou “Tereddüt” de Yeşim Ustaoglu qui sont censurés par l’Etat ou bien autocensurés par leurs auteurs de peur de représailles. Et cette situation tragique crée aussi des situations absurdes.

Absurdité & Censure

Si vous voulez mieux comprendre l’absurdité de la censure qui se passe en Turquie, je veux partager avec vous ce qu’a expliqué Monsieur Öz, le réalisateur de “Zer” après la projection de son film pendant l’ouverture du festival.

Öz a dit que son film “Zer” est peut-être le premier film de toute l’histoire du cinéma où l’Etat a accepté de financer le long métrage pour après le censurer : rendez-vous compte, cette subvention du Ministre de la Culture Turque a financé un film car c’était proposé pendant l’époque de paix. Malheureusement, la diffusion du film a été au moment où la guerre a commencé. Conséquence, la conjoncture politique de la Turquie a joué un rôle de censure dans ce film. L’Etat n’a donc pas voulu sa diffusion sans censure alors qu’il l’avait subventionné.

Vous avez donc la chance d’être à Paris et  de voir ces films sans censure grâce au Festival de “Cinéma de Turquie”. C’est pour cette raison cette vision ouvert et position politique a coté de la liberté d’expression de ce festival fait Paris aussi un refuge pour le “cinéma de Turquie”.

Ce Festival peut faire plus !

J’espère que cette rencontre dédiée au cinéma de la Turquie peut enrichir les échanges entre la Turquie et la France du cinéma: dans le futur, on pourrait imaginer  des compétitions avec des rencontres entre professionnels de cinéma français et turque. Y compris, au niveau de la production pour développer des partenariats et peut-être avec la création d’un budget de subvention afin d’aider les cinéastes indépendants.

La programmation turque du festival à découvrir ici

Kaboul, Paris, Bagdad, Londres, Téhéran… N’oublions pas !

Paris, Place de la République – Le mercredi 7 juin 2017, après une semaine d’attentats à Kaboul, les afghans vivant à Paris ont organisé un rassemblement pour la mémoire des victimes des attaques terroristes. Sur leurs mains étaient inscrits des vers d’un des poèmes du poète persan Saadi, Jardin de roses :

Les hommes font partie du même corps / Ils sont issus de la même essence / Si le destin faisait

souffrir l’un des membres / Les autres n’en auront pas de repos / Toi qui es indifférent aux

malheurs des autres / Tu ne mérites pas d’être nommé un Homme.

Kaboul, la capitale afghane a été encore frappée par un attentat terroriste le mercredi 31 Mai 2017. Une semaine après, le bilan s’annonçait lourd pour la population civile : 150 personnes ont été tuées, plus de 300 blessées et des centaines de familles endeuillées. Kaboul n’est pas la seule cible de ces attaques inhumains, Paris, Bagdad, Londres, Téhéran et tant d’autres villes sont les témoins impuissantes de ces actes barbares.

« Agissons pour une paix universelle et n’oublions pas les victimes civiles de ces attentats terroristes ». Tels étaient les cris scandés pendant ce rassemblement à la Place de République au centre de Paris mercredi dernier.

 

Paris - Rassemblement pour la mémoire des victimes des attaques terroristes à Kaboul © Mortaza Behboudi

Paris – Rassemblement pour la mémoire des victimes des attaques terroristes à Kaboul © Mortaza Behboudi

 

Paris - Rassemblement pour la mémoire des victimes des attaques terroristes à Kaboul © Mortaza Behboudi

Paris – Rassemblement pour la mémoire des victimes des attaques terroristes à Kaboul © Mortaza Behboudi

 

Paris - Rassemblement pour la mémoire des victimes des attaques terroristes à Kaboul © Mortaza Behboudi

Paris – Rassemblement pour la mémoire des victimes des attaques terroristes à Kaboul © Mortaza Behboudi

Nouvelle visite sentimentale à la Seine

ou « Je n’ose pas  regarder la vérité face »

Un poème de Nahid SIRAJ

Traduit de l’anglais au français par Denis PERRIN,

(téléchargez la version originale ici)

Sans titre ©Nahid SIRAJ

 

Chère Seine,

 

Je ne connais rien du cerveau droit de Pachebel,

Mais une nuit je me suis senti prêt à quitter Paris,

La cadence du Canon a pris le dessus sur mon esprit

Et mon existence n’a pas su trouver ses racines… mais des larmes.

 

Supporterais-tu à jamais ces pleurs ?

Un « Paillard » arrivera-t-il à donner plus du sens à ma vie ?

Je me souviens de la nuit où tu t’es révélée toi-même

Une sorte de flot se muant en paroles

M’a fait comprendre d’où proviennent les discours.

Tu m’as amené vers cet instant précis où naît le premier mot.

Comme il était profond  ton amour pour moi, Seine !

Néanmoins je désirais alors  me séparer de tout

Pour un voyage désespéré.

Pour cause de cœur brisé

De volonté annihilée ?

Moi, je n’ai plus de certitudes, Seine !

 

Tu te souviens de ma voix effarée

Tentant de trouver le tempo de la vie ?

Oh ! J’ai cherché les sentences

Capables de m’aider à franchir l’espace qui me sépare d’elles !

 

Lors de la plus solitaire et inédite des nuits

Tu as bien convié des légendes suprêmes ?

Et  tel l’altruiste, ont elles bien joué le plus pur des airs pour nous ?

Cela m’a donné des ailes, celles de la mélodie ;  je pourrais voler, je ne pouvais pas, pourquoi ?

 

Existe-t-il quelqu’un qui souhaiterait le savoir,

Sur le grand écran de la pleine Lune

Et montrer le récit de Malick avec la finesse de Lubezki ?

 

Qu’il te soit rendu grâce car j’étais là ;à m’imprégner de «  la meilleure façon de regarder ».

 

Sans doute as-tu œuvré au mieux à mon bénéfice, Seine !

Mais jusqu’où aller dans le consentement pour implorer la vérité ?

Jamais nous ne vénérons l’utérus du Temps.

Est-ce l’empilement de données abstraites accumulées dans ma tête,

Ou bien des images obsédantes ?

 

Qu’est-ce qui provoque ce séisme d’ordre chimique dans ma tête ?

Le sais-tu ? Je l’ignore, ma Seine !

Néanmoins je suis bien là, ici je dis mon amour –

Et je me sens si médiocre au point de ne pas te posséder

Tellement « académique » au point de ne pas te désirer tel ce trésor que tu es !

 

Note de l’auteur : Nouveau pays, nouvel environnement ; par-dessus tout, nouveau langage. Et, être confronté à des événements inattendus, voire désolants. Ma vie à Paris a commencé de la pire des manières ce qui a fortement influencé mon adaptation sociale. De fait, je suis devenu solitaire. Et cette solitude m’a fait devenir un amoureux de la Seine. J’aime profondément la Seine et elle me le rend bien. Le lien qui nous unit est particulier, tellement spécial qu’il me rappelle parfois le «réalisme magique». Le poème Nouvelle visite sentimentale à la Seine raconte le commencement de ma vie à Paris et les révélations qui ont accompagné mes nuits solitaires sur les berges du fleuve.

 

L’accueil des réfugiés par des particuliers

[Par Frédéric ROY]

La France a accueilli lors des 18 derniers mois des milliers de réfugiés fuyant les conflits et ne pouvant demeurer dans leur pays. Les dispositifs d’accueil devant ce flux important ont montré leurs limites. Ils étaient très insuffisants avant cette vague considérable mais ces arrivées ont conduit à une situation de crise, une crise de l’hébergement. Des milliers de réfugiés se sont entassés sous les voix aériennes du métro à Paris et dans différents espaces des 18 et 19 ème arrondissements.

Manifestations de soutien aux réfugiés Place de la Republique à Paris en Septembre 2015 Crédits photo: AFP / FRANCOIS GUILLOT

Manifestations de soutien aux réfugiés Place de la République à Paris en Septembre 2015
Crédits photo: AFP / FRANCOIS GUILLOT

Cet afflux massif a suscité de nombreuses réactions venant de la société civile et du monde politique, souvent diamétralement opposées. Certains se plaignent de ces arrivées et parlent de crise des migrants. Ils voudraient fermer les frontières et clament sur tous les toits que la France ne devrait pas accueillir toute cette misère. D’autres cherchent des solutions : la maire de Paris par son désir de créer un centre d’accueil d’urgence ainsi que de nombreux particuliers qui se mobilisent pour accueillir chez eux ces réfugiés qui faute de places d’hébergement sont contraints à vivre à la rue.

Cet élan de solidarité est considérable et le nombre de ménages prêt à accueillir des réfugiés à dépassé le millier en Ile de France. Le gouvernement à travers la Ministre du Logement a décidé de se saisir cette opportunité et de favoriser ce type d’hébergement, n’étant clairement pas en mesure de répondre à la demande de logement (même après avoir demandé un effort de solidarité nationale notamment dans les territoires où la demande est moins tendue). Un appel à projet a donc été lancé pour participer au financement des associations qui accompagneraient ces réfugiés. Cette dotation sera de 1500 euros par réfugié et par an. A titre de comparaison, un réfugié hébergé en CPH (Centre provisoire d’hébergement : le dispositif classique d’hébergement des réfugiés -à peu près 1500 places en France-) coûte aux alentours de 30 euros par jour soit près de 11 000 euros par an. Il s’agit donc d’une aubaine pour le gouvernement qui hébergera à moindre frais des réfugiés.

Deux réflexions contradictoires

Cette mise en place politique mène à deux réflexions contradictoires. On ne peut que se féliciter de la participation de la société civile et de la solidarité citoyenne. Cependant, l’accueil des réfugiés nécessite au-delà de la bonne volonté, des compétences et des moyens. En premier lieu, se pose la question de la domiciliation de ces réfugiés. Qu’ils aient un toit est fondamental, qu’ils aient une adresse l’est presque autant. Sans adresse, on peut aisément se figurer que leur hébergement ne pourra se faire autrement que chez des particuliers et pour une période indéterminée.

Le réseau CALM (Comme à la Maison) lancé par l'organisation SINGA pour promouvoir l'accueil de réfugiés par des particuliers Source : singa.fr

Le réseau CALM (Comme à la Maison) lancé par l’organisation SINGA pour promouvoir l’accueil de réfugiés par des particuliers
Source : singa.fr

L’accueil des réfugiés par des particuliers leur permettra donc de s’intégrer et de découvrir la culture de leur pays d’accueil. Mais sans adresse, leur insertion sera difficile. Les questions de l’accompagnement, de l’ouverture des droits, de l’apprentissage du français resteront problématiques puisqu’elles nécessitent souvent la participation de travailleurs sociaux et de structures adéquates.

Que des citoyens accueillent des migrants contraints à l’exil est très réjouissant et je ne doute pas que l’intégration de ces migrants sera facilitée par les échanges réguliers avec la société d’accueil. Ceux qui sont hébergés dans un CPH, entre réfugiés, accompagnés certes de travailleurs sociaux n’entretiennent pas autant de liens avec la société. Que cet élan de solidarité réponde à la situation de crise de l’hébergement est également indéniable. Il est pour autant nécessaire de travailler à l’insertion de ces réfugiés et l’intervention de professionnels sera requise.

Cet appel à financement public est donc une bonne nouvelle à condition qu’il ne devienne pas le modèle pérenne de l’accueil de ces migrants puisque la dotation n’est vraisemblablement pas à la hauteur.

 

 

Attentats à Paris

[Par Marie Angélique INGABIRE]

Il est vendredi soir, le 13 novembre. Après une semaine surchargée, je rentre chez moi pour me reposer, le week-end est le seul moment où je m’occupe du ménage, fais des courses, et me repose longuement !

Paris et les attentats du 13 novembre (source: lanouvellerepublique.fr)

Paris et les attentats du 13 novembre (source: lanouvellerepublique.fr)

D’habitude je prends le métro quand je vais ou viens du boulot. Mais ce vendredi, j’ai pris une voiture, et on a emprunté la route passant par le Stade de France. 19h30, l’embouteillage est inévitable suite au match amical France-Allemagne. A cette heure-là, je suis le journal du soir. La radio France Info parle de la conférence qui se prépare sur le réchauffement climatique : la COP 21, qui aura lieu du 30 novembre au 11 décembre 2015 dans la ville du Bourget en France.
« Ce vendredi François Hollande a déclaré que la réussite de cette conférence sera fondée sur deux facteurs : Les résolutions qui seront adoptées et le maintien de la sécurité du peuple français » déclare un journaliste à la radio.
Vers 20 heures, finalement j’arrive chez moi, à 500 mètres du Stade de France, sur le boulevard Marcel Sembat. Enfin… je peux commencer mon week-end, me dis-je ! Malheureusement, ma joie ne durera pas longtemps car peu avant 22 h, des sirènes des voitures de police viennent perturber ma tranquillité. Peu avant, j’avais entendu le bruit d’une explosion mais je me disais que, dans cette banlieue de Paris, Saint Denis, un lieu cosmopolite très « chaud » et « animé», il devait y avoir des fêtes pour le week-end. Donc au départ, j’avais imaginé que ce bruit n’était autre que des feux d’artifice. Mais j’avoue que depuis l’attentat contre Charlie Hebdo, le bruit des sirènes me rend perplexe. Au même moment, j’entends des hélicoptères survoler notre ciel d’une façon inhabituelle. Je me précipite vers la télé, et change de chaîne : BFMTV annonce des attentats : des fusillades viennent de faire 18 morts, des blessés, et une prise d’otages. Le nombre des victimes augmente jusqu’à 129 morts et plus de 300 blessés. Toutes les chaînes TV et différents sites web ne parlent que de cette tragédie. Pendant tout ce week-end qui tourne au cauchemar, je ne fais que rester devant la télé et appeler les connaissances vivant à Paris pour savoir si elles vont bien.
Dimanche soir, je sors de chez moi et prends le métro. Plusieurs stations sont vides, même dans les gares les plus fréquentées comme Saint Lazare ou Gare du Nord, il n’y a presque personne. Les gens se lancent des regards interrogatifs, personne n’ose parler, tout le monde semble avoir peur.

Vue panoramique de la station de métro « Gare du Nord » à Paris (source: insecula.com)

Vue panoramique de la station de métro « Gare du Nord » à Paris (source: insecula.com)

Lundi, le deuil national continue, mais aucun rassemblement ni manifestation ne sont autorisés ; une minute de silence en mémoire des victimes sera observée à midi. Je dois faire une heure de trajet en métro pour aller au boulot. Au départ, je n’en ai pas envie mais comme la plupart des parisiens, « Il ne faut pas céder à la peur. La vie doit continuer, on est dans un pays libre, où règnent EGALITE, LIBERTE, FRATERNITE ». Ainsi commence la semaine. L’état d’urgence a été décrété ; on remarque une présence extraordinaire des policiers, mais cela ne rassure pas beaucoup la population, car d’après les informations dans les médias, certains terroristes sont toujours en fuite.
Notre peur est fondée : mercredi 18 novembre, les habitants de Saint-Denis sont réveillés vers 4h20 par des explosions, le bruit d’une fusillade et des sirènes de police et des pompiers. Sans tarder, tout le monde cherche à savoir ce qui se passe, mais on attendra près de vingt minutes avant que la télé nous en parle : des terroristes se sont retranchés dans un appartement à Saint Denis, et c’est à 400 mètres de chez moi. Les consignes sont claires : personne ne doit sortir. Tout transport public est interrompu, des écoles fermées, les habitants qui sont dans les 200 mètres de cet appartement ne peuvent pas y accéder si au moment de l’assaut ils n’étaient pas à la maison. Le journal est actualisé minute par minute, jusqu’à la fin de l’opération. Mais toujours, nous ne savons pas si nous pouvons sortir, circuler librement. Je choisis de rester cloîtrée chez moi, jusqu’à jeudi matin.
Dans les tramways et les trains, les passagers semblent toujours inquiets. Un simple bruit ou un train qui est retardé suffisent pour remarquer combien ils n’ont pas le cœur tranquille. La COP 21 aura toujours lieu, mais n’a-t-elle pas déjà échoué ? La sécurité de la population de France est-elle assurée avec autant de victimes ? Est-ce que ces attentats – qui ont eu lieu au moment où l’on s’approche des fêtes de fin d’année – ne vont pas perturber l’ambiance qui d’ordinaire caractérise la « Ville lumières » ?

Paris, recueillement sur la Place de la République

[Par Mourad HAMMAMI]

Dans la rue du Château d’Eau donnant accès directement à la Place de la République à Paris, à la place du menu du jour écrit sur un tableau et posé sur le trottoir, un propriétaire d’un restaurant a écrit un message de condoléances et de compassion pour les familles des victimes de l’attaque barbare de Paris dans la nuit du vendredi 13 novembre.

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Une pancarte rue du Château-d’Eau ©Mourad HAMMAMI

 

La tristesse est lisible partout. Les visages sont graves. Ils n’expriment ni haine, ni affolement, mais de la tristesse, du deuil, de l’incompréhension et de la consternation.

Ce lundi à midi est prévue une minute de silence sur la Place République en hommage à toutes les victimes fauchées par des attaques terroristes sans précédent qui ont eu lieu dans la nuit du vendredi 13 novembre à Paris et dont le bilan macabre dépasse les 120 morts.

La Place de la République, symbole de la résistance face à l’obscurantisme, est assiégée par une armada de journalistes venus de différents pays du monde. Des camions de transmission en direct et des caméras prêtes à filmer sont présentes. Beaucoup de journalistes ne cessent de se positionner face aux caméras.

Des journalistes en direct ©Mourad HAMMAMI

Des journalistes en direct ©Mourad HAMMAMI

Quelques minutes avant midi, des citoyens anonymes affluent vers la Place. Le lieu devient vite noir de monde. L’atmosphère est lourde. On est loin de la tristesse plus au moins supportable de l’attaque de janvier contre Charlie hébdo.

Les gens font un cercle autour du monument de la Place de la République. La minute de silence a été observée solennellement et la Marseillaise  a été entonnée par une foule de gens.

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La Place de la République ©Mourad HAMMAMI

 

L’émotion était à son comble, la tristesse est sans précédent. On a clairement le sentiment que le combat sera long, et que la France ainsi que tout le monde libre sont en guerre contre les forces rétrogrades et obscures.

L’UNESCO et la lutte contre le terrorisme

[Par Emile Zola NDE TCHOUSSI]

Le 16 novembre, le Président de la Bulgarie Rossen Plevneliev a ouvert le Forum des dirigeants organisé dans le cadre de la 38e session de la conférence générale de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture.

UNESCO

Le siège parisien de l’Unesco (source : Unesco.fr)

 

Paris, la capitale française, abrite depuis lundi dernier et ceci jusqu’au mercredi 18 novembre, le Forum des dirigeants, organisé dans le cadre du 70e anniversaire de l’UNESCO. Cette 38ème session est dédiée aux victimes des attentats terroristes qui ont frappé Paris le 13 novembre. « Malgré les événements tragiques de vendredi dernier, nous sommes réunis ici aujourd’hui en tant que nations à l’occasion de notre 70ème anniversaire sous la bannière de l’UNESCO, pour proclamer au monde que l’esprit humain ne doit jamais être supprimé. L’aspiration de l’humanité à la paix, la tolérance et la coexistence mutuelle doivent être ressuscités », a déclaré Stanley Mutumba Simataa, Président de la 38e session de la Conférence générale dans son discours d’ouverture.

En ouvrant le Forum, la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, a évoqué les événements tragiques et terribles qui ont frappé Paris et le monde entier. « Il s’agit d’une attaque contre l’humanité. Nous ne l’accepterons pas. Nous ne céderons pas. Nous devons rester unis, avec la France, avec toutes les femmes et les hommes, avec toutes les sociétés ».

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Irina Bokova (source : financialafrik.com)

 

Citant l’Acte constitutif de l’UNESCO adopté il y a 70 ans, qui stipule que « les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes et des femmes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix », la Directrice générale a souligné que cela « n’a jamais été aussi actuel, aussi pertinent ».  Dans son discours, le président bulgare a souligné que « l’idéologie du terrorisme ne peut être vaincue par les armes. Elle pourra être vaincue par des idées, par l’éducation et par des sociétés tolérantes ».

Racines du terrorisme

« Ce n’est qu’en restant unis contre cette menace mondiale que nous gagnerons ce combat », a-t-il ajouté. Le Président a salué le travail mis en œuvre par l’UNESCO au cours des 70 dernières années et a rappelé que « l’UNESCO est le premier forum international consacré à la protection du patrimoine spirituel et culturel de l’humanité ».  Il a encore souligné que l’Organisation dispose de « tous les outils pour promouvoir le dialogue culturel et religieux et prévenir la radicalisation des jeunes, qu’il s’agisse de l’éducation pour tous ou encore du partage des connaissances scientifiques pour un meilleur avenir de l’humanité ».  Se référant aux racines du terrorisme, le Président a déclaré : « Il est temps d’investir plus d’efforts et de ressources dans l’éducation et la diversité culturelle afin d’assurer un avenir juste et durable pour tous ».

Juste après le président bulgare, ce fut le tour du Président Paul Biya de prendre la parole. Dans son propos liminaire, le Chef de l’Etat du Cameroun a appelé chaque nation à contribuer au combat contre le terrorisme : « Mon  propre  pays, havre de stabilité, en fait aujourd’hui la douloureuse expérience. Il subit depuis quelques années les attaques terroristes de Boko Haram. C’est le lieu pour moi de rappeler qu’aucun pays n’est à l’abri des attaques terroristes » […]  « Ce qui vient de se passer à Paris, le soir du 13 novembre, est particulièrement significatif. Le combat contre le terrorisme est le combat de toute nation qui met le respect de la personne humaine et de sa vie au premier rang de ses valeurs. Ce combat incombe à chaque nation. Il appartient à chaque nation d’y apporter sa contribution.»

« Au sein de la vaste famille du système des Nations Unies, le Cameroun  éprouve  une  inclinaison particulière   pour   l’UNESCO. […] Pays pacifique et tolérant, peuplé de populations d’origines, de religions et de traditions culturelles diverses, il se reconnaît dans l’idéal humaniste de l’UNESCO dont l’objectif ultime est « l’épanouissement » de l’homme et l’harmonie entre les peuples. Comme l’UNESCO, le Cameroun pense que nos différences, loin d’être un handicap, sont une source d’enrichissement », a poursuivi Paul Biya.

Toujours lundi matin, après le chef de l’Etat camerounais, les représentants des pays suivants, l’ex-République yougoslave de Macédoine, la Libye, la République de Lituanie et la République de l’Inde se sont également exprimés à la tribune de l’UNESCO. Dans l’après-midi, les trois anciens directeurs généraux de l’UNESCO, M. Amadou-Mahtar M’Bow, M. Federico Mayor et M. Koïchiro Matsuura, ont prononcé  des discours en séance plénière et se sont interrogés sur la portée du 70e anniversaire de l’UNESCO. En soirée, vers 19h, la commémoration a commencé en salle I par des interludes musicaux de l’Orchestre mondial pour la paix. Les musiciens représentant 19 nationalités ont interprété des morceaux de Samuel Barber et de Tchaïkovski en mémoire des victimes tuées lors des attaques terroristes vendredi. Cette interprétation était dédiée aux familles des proches.