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Nazım Hikmet, le poète de « la ville qui a perdu sa voix »

[Par Khosraw MANI, envoyé spécial du Festival de Cinéma de Douarnenez]

“La plus belle des mers est celle où l’on n’est pas encore allé”.
Nazım Hikmet 

Considéré comme l’un des fondateurs de la nouvelle poésie turque, Nazım Hikmet (1901-1963) est une figure majeure de la scène littéraire mondiale du XXe siècle.

Nazım Hikmet ( Source : dailysabah.com )

Nazım Hikmet
( Source : dailysabah.com )

Membre du Parti communiste, Hikmet a vécu une vie troublée, remplie d’expériences douloureuses : il a connu la prison, l’exil et même perdu sa nationalité. Passionnés par la politique, Nâzım et son ami Vâlâ Nureddin quittent Istanbul pour rejoindre le mouvement d’indépendance de Mustafa Kemal en 1920. C’est ce voyage à pied de 35 jours qui leur fit découvrir le monde rural et la misère de la vie paysanne.

En 1925, le gouvernement le condamne à quinze ans de prison pour avoir distribué des tracts. Il part alors clandestinement pour Bakou. A son retour également clandestin, en 1928, il est arrêté et emprisonné pendant onze mois. Son emprisonnement de longue durée commence en 1936 : il est arrêté pour propagande communiste et condamné à 28 ans et quatre mois de prison. Un Comité pour la libération de Nâzım, créé par des jeunes Turcs, est présidé par Tristan Tzara et soutenus par de nombreux intellectuels, comme Jean-Paul Sartre et Pablo Picasso. Le poète est libéré en 1950, mais il est aussitôt appelé par l’armée turque pour effectuer son service militaire. Il doit quitter une nouvelle fois le pays et se rend à Moscou, où il meurt douze ans plus tard. La nationalité turque lui a été formellement restituée à titre posthume en 2009.

Marquée par cette vie difficile et pleine d’épreuves, la poésie de Nâzım Hikmet a créée un monde où les pauvres souffrent de l’injustice mais se battent contre elle.

[Pour lire les autres articles de nos envoyés spéciaux dédiés au 39ème Festival de Cinéma de Douarnenez, c’est par ici.]

 

Dersim, le massacre oublié

[Par Khosraw MANI, envoyé spécial du Festival de Cinéma de Douarnenez]

Mustafa Kemal Atatürk et Sabiha Gökçen

Mustafa Kemal Atatürk et Sabiha Gökçen

C’est dans la province de Dersim, dans l’est de la Turquie, que des milliers de Kurdes Alévis furent tués par l’armée d’Atatürk entre 1937 et 1938. Pendant deux ans, les villages de la province furent intensément bombardés pour écraser une rébellion accusée de mettre en péril l’unité de la nation. Aux commandes des avions qui décollaient de Dyarbakir, il y avait la propre fille adoptive d’Atatürk, Sabiha Gökçen, première femme pilote turque.

Après le massacre, Dersim fut rebaptisée Tunceli, « la main de bronze », du nom de l’opération militaire, cette « mission de civilisation ».
Longtemps caché par les autorités d’Ankara, ce massacre est sorti de l’oubli il y a quelques années. Recep Tayyip Erdoğan s’est excusé au nom de la République en 2011, intimant le CHP fondé par Atatürk, son principal adversaire, à prendre ses responsabilités. Le bilan de ce massacre suscite toujours une vive polémique. Les autorités turques reconnaissent 13 500 morts, mais les historiens parlent de 30 000 à 50 000 morts.

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Turquie, toute l’actualité à la Une

[Par Khosraw MANI, envoyé spécial du Festival de Cinéma de Douarnenez]

Crédits photo : Ozan KOSE / AFP

Crédits photo : Ozan KOSE / AFP

Israël et Turquie sont parvenus à un accord de normalisation des relations diplomatiques entre Tel Aviv et Ankara. Selon cet accord, supposé être signé mardi, Israël va devoir payer 20 million de dollars de compensation à la Turquie. Les relations entre les deux pays ont été détériorées après l’attaque d’Israël contre une flottille pour Gaza, le 31 mai 2010, attaque à cause de laquelle huit turcs et un américain d’origine turque ont été tués.

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La Turquie a lancé des mandats d’arrêt à l’encontre de 146 universitaires suspectés d’avoir des liens avec Fethullah Gülen, prédicateur turc accusé d’être derrière le coup d’état manqué. L’opération a commencé dans 17 provinces, y compris Konya, le bastion du Parti de la Justice et du Développement. Selon l’agence Dogan, 29 universitaires ont été placés en garde à vue. Après le coup d’état raté du 15 juillet, la Turquie a mené une purge massive contre des « suspects ».

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Dix grandes maisons d’édition ont lancé une pétition contre la censure en Turquie. La pétition, rédigée par l’organisation Pen Club International le 17 août, réclame que la Turquie “respecte la liberté d’expression des auteurs et éditeurs.” Après le coup d’état raté, un décret ayant pour base « des mesures nécessaires en raison de l’état d’urgence et des régulations relatives aux institutions » a ordonné la fermeture de 29 maisons d’édition.

 

 

Mustafa Kemal Atatürk, un portrait

[Par Khosraw MANI, envoyé spécial du Festival de Cinéma de Douarnenez]

Mustafa Kemal Atatürk

Mustafa Kemal Atatürk

“Il n’y a pas de religion, il y a la nationalité : ma religion, c’est ma turcité.” C’est ainsi que Mustafa Kemal Atatürk, exprime sa passion pour le nationalisme turc.
Fils d’un marchand de bois, Mustafa Kemal Pasha, à partir de 1934 Kemal Atatürk, est le fondateur de la République de Turquie. Après le lancement de la révolution nationaliste en Anatolie contre l’accord de la paix imposé par les principaux alliés, Atatürk, l’ancien officier de la première guerre mondiale, devient une figure importante au sein de la politique moderne du pays. En 1921, Il proclame le gouvernement provisoire à Ankara. Un an après, le sultanat ottoman est aboli et, le 29 octobre 1923, la Turquie devient une république laïque, séparant le pouvoir politique du pouvoir spirituel. Atatürk établit le régime à parti unique qui dure jusqu’en 1945. Il lance un programme révolutionnaire social et politique pour moderniser la Turquie, en proclamant l’émancipation des femmes, l’abolition de toutes les institutions islamiques et l’adoption des lois, coutumes, calendrier et l’alphabet occidentaux.
La laïcisation et la turkification du pays imposées par Atatürk suscitent des réactions de la part des minorités religieuses et culturelles, en particulier de l’opposition de la communauté kurde. En 1924, la rébellion de Sheikh Said, chef de la tariqa Naqhshbandiyya, commence, opposant l’abolition du califat, l’adoption des codes civiles, l’abrogation de polygamie et le mariage civique. La rébellion est étouffée par l’état au nom de la loi faisant référence au maintien de l’ordre public, promulguée le 4 mars 1925.
Atatuk meurt en 1936 dans le palais Dolmabahçe à cause une cirrhose. Depuis sa mort, l’horloge de sa chambre est toujours fixée sur 9h05 du matin.

 

 

Paris, Pause Bougies à Place de la République

[Par Sakher EDRIS]

Photos de Mortaza BEHBOUDI

IMG_8883Naji al Jerf a été assassiné à Gaziantep par un tireur équipé d’un silencieux, comme Ibrahim Abdul Kader, un membre de «Raqqa qu’on égorge Silencieusement (RBSS) » et son collègue Fares Hammadi, qui ont été retrouvés décapités dans la ville turque d’Urfa par des assassins inconnus. Daech avait menacé Naji, et en conséquence, il en avait informé la sécurité turque le 29 juin 2015, mais aucune mesure n’a pas été prise pour le protéger.

Le Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression appelle le gouvernement turc à protéger les journalistes syriens ciblées et les acteurs de l’information, et souligne la nécessité de traiter ces menaces au sérieux et de prendre toutes les mesures de sécurité pour assurer la sécurité des journalistes.

Les lois locales en Turquie assurent la protection des citoyens turcs et de tous les individus résidants à l’intérieur du territoire turc. En outre, l’article 79 du Protocole Additionnel aux Conventions de Genève de 1949 souligne que les journalistes civils qui exercent leurs fonctions dans les conflits armés doivent être respectés et protégés contre toutes les formes d’attaques délibérées.

Le Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression appelle tous les Etats signataires de la Charte des Nations Unies et de ses agences à agir immédiatement pour assurer la protection et la sécurité des journalistes, des acteurs de l’information et le personnel associé, et d’engager toutes les procédures nécessaires pour éviter l’impunité des auteurs de ces crimes, conformément à leurs obligations en vertu du droit international et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, en particulier la résolution 1738 qui a été adoptée par le Conseil de sécurité le 23 décembre 2006, et la résolution 2222 qui a été adoptée par le Conseil de sécurité le 27 mai 2015.

IMG_8890C’est une terrible tragédie pour toute la communauté internationale et pour l’humanité, si ceux qui travaillent pour faire connaître les événements et les faits ayant lieu en Syrie meurent au cours de leur mission. Ceci est le résultat de la faiblesse de la protection locale et internationale et de la poursuite de la mobilisation des extrémistes fondée sur l’intolérance et la négation des droits à la liberté d’expression. De telles pratiques sont le fait de toutes les parties du conflit syrien, en particulier le gouvernement syrien et l’organisation de l’Etat islamique “Daesh”.

A noter : Le numéro vert du Comité international de la Croix-Rouge est à la disposition des journalistes qui font face à des difficultés lors de conflits armés. Son but est de fournir la protection et l’assistance nécessaires, via le numéro de téléphone : +41792173285 ou via le bureau de CICR le plus proche.

Pour contacter le Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression :

courriel : y.b@scm.bz

tél. : 009415222092537