Le patrimoine archéologique menacé en Syrie
Interview d’un résistant

Journaliste Syrien dont nous ne pouvons révéler le nom pour sa sécurité, il a été arrêté et torturé plusieurs semaines pour avoir dénoncé la gestion du patrimoine archéologique Syrien par le gouvernement. Arrivé en France en avril 2017, il réside aujourd’hui à la Maison des journalistes et a récemment reçu le statut de réfugié politique. Aujourd’hui encore, il est contraint de se rendre régulièrement à l’hôpital pour guérir de ses graves séquelles physiques. 

Qu’est-ce qui vous a poussé à continuer à vous exprimer après avoir été torturé ?

Je voulais que tout le monde sache ce qui se passe en Syrie, surtout dans les prisons de Bachar el-Assad. Quand j’étais fonctionnaire en Syrie, j’étais en conflit avec les autorités compétentes concernant la gestion du patrimoine archéologique. Pour moi, les fonctionnaires qui ont négocié avec Daesh les possessions du musée de Raqqa sont des voleurs. J’ai exprimé cette position publiquement, car les voleurs ne sont autres que les responsables du musée. Le directeur général des musées en Syrie m’a appelé et m’a proposé de me ranger à ses côtes, me promettant profits et sécurité. Sinon, je le regretterais.

Quand j’ai refusé, il a rendu un arrêt pour que l’administration me change de lieu de travail. On m’a donc transféré à Deir ez-Zor, là où se trouvait le principal front avec Daesh. Je suis allé à Damas pour manifester mon indignation envers cette décision. A ce moment, le directeur général m’a dit qu’il savait qu’il n’arriverait pas à me faire taire, que j’avais écrit des articles contre la corruption depuis 2007 et il a annoncé que tous les fonctionnaires de Raqqua seraient renvoyés.

Pour lui, mon comportement était un attentat à la sécurité nationale et pouvait me coûter la vie. Après être sorti du bureau du directeur général des musées Syriens, j’ai été menacé directement.

Aujourd’hui on dit que Daesh a été détruit, qu’en pensez vous ?

Le vrai Daesh c’est le régime de Bachal el-Assad, l’Iran et le Hezzbolah. La révolution Syrienne était pacifique à l’origine. Au lieu de faire sortir des prisons les civils et les manifestants, Bachar el-Assad a fait sortir les djihadistes, qui sont tous des membres d’Al Quaeda. Il les a envoyés dans l’Est du pays en retirant ses propres forces pour que les djihadistes mettent la main sur la région puis il prétend les combattre auprès de la communauté internationale.

Qu’est-ce que vous pensez de la situation en Syrie aujourd’hui ?

Les partis en conflit sont maintenant l’armée syrienne, les forces russes, les milices iraniennes et quelques groupes opposants. Et maintenant il y a tant de régions qui sont assignés comme l’enclave de la Ghouta, où les gens meurent de faim, de soif, de maladie…

L’extermination de Daesh, ce n’est pas juste tuer les combattants, il faut anéantir l’idéologie.

Comment s’est passé votre arrivée en France et comment avec vous entendu parler de la Maison des Journalistes ?

Je travaillais en tant que journaliste quand je suis arrivé en Turquie, j’ai donné beaucoup d’interviews télévisées et dénoncer les crimes de Bachar el-Assad. Par la suite, j’ai été menacé et ma vie était en danger. J’ai déposé une demande d’asile au consulat français d’Istanbul. J’ai passé d’autres entretiens au consulat puis en avril 2017, j’ai obtenu le visa pour rejoindre le sol français. Je suis arrivé directement à Paris, j’ai été hébergé quelques semaines par la Croix Rouge. J’avais déjà entendu parler de la Maison des Journalistes, j’ai rempli un formulaire, rencontrer la directrice et une semaine plus tard, j’ai obtenu une chambre.

Quels sont vos objectifs et vos vœux pour le futur ?

Je veux continuer à apprendre le Français pour rentrer sur le marché du travail. Une équivalence existe, donc je pourrais poursuivre mes études en France. Je voudrais faire un master sur le rôle des médias dans la protection des propriétés culturelles.

Aujourd’hui vous avez eu la réponse de l’OPFRA ? Que ressentez vous ?

Après beaucoup de souffrances, la réponse a été positive donc je suis aux anges ! C’est un espoir qui naît. Je suis reconnaissant envers l’Etat Français et j’espère pouvoir continuer à dénoncer les crimes de Bachar el-Assad et notamment sa gestion du patrimoine Syrien.

Je veux dire que nous ne sommes pas des terroristes, ni des fanatiques. C’’est le régime qui nous poussent à commettre de tels actes. Si vous rencontrer des Syriens en France, ce sont des gens intelligents, cultivés, qui vous donneront une bonne image du peuple Syrien.

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