L’attente est une prison

Beraat est un journaliste turc en exil, menacé de représailles dans son pays d’origine. Il est en France depuis un an et demi. Hébergé à la Maison des Journalistes – MDJ – il nous raconte l’attente : du sentiment d’être prisonnier et de se battre pour s’en sortir.

L’art, un outil politique ?

Transformer le monde a dit Marx, changer la vie a dit Rimbaud, ces deux mots d’ordre pour nous n’en font qu’un. Parler, évoquer et convoquer des émotions. L’art, dans toutes ses formes, apporte sans cesse matière à réflexion. Parce que l’artiste est un observateur du monde, la frontière entre l’artistique et le politique est ténue. Face aux enjeux de société actuels, l’art peut constituer un outil politique utilisé avec ou sans les artistes.

«Crocodiles» au Théâtre Dunois. L’histoire vraie d’Enaiatollah Akbari

« Crocodiles » au Théâtre Dunois

«Nous avons ouvert la boîte en carton. Elle contenait le canot – dégonflé bien sûr -, les rames, la pompe, du scotch ? – et des gilets de sauvetage. Un kit parfait. L’Ikea des clandestins. Des instructions et tout.»

CROCODILES ©MatJacob

C’est ainsi qu’Enaiat, enfant afghan, raconte comment il s’est retrouvé avec des copains à traverser la Méditerranée, entre Turquie et Grèce au début des années 2000.

Parti à dix ans d’Afghanistan, Enaiat, une fois réfugié en Italie, confie son parcours d’exil en tant que «migrant mineur non accompagné » à son éducateur, Fabio Geda. Enaiat racontait et Fabio notait. A suivi un livre traduit de l’italien et publié en 2011 «Dans la mer il y a des crocodiles. L’histoire vraie d’Enaiatollah Akbari » (Ed. Liana Levi), récit de son périple de cinq années à travers l’Iran, la Turquie, la Grèce, jusqu’à l’arrivée à Turin, en Italie. Vendredi 17 novembre, l’histoire d’Enaiat était sur la scène du Théâtre Dunois de Paris. L’œil de l’exilé a assisté à une représentation de « Crocodiles » de la compagnie Barbès 35 et rencontré le comédien, Rémi Fortin et la co-metteuse en scène, Cendre Chassanne.

«Lire le livre de Fabio Geda a été un choc – avoue Cendre Chassanne -. Il nous a paru indispensable de mettre en scène cette histoire pour la transmettre aux plus jeunes notamment, parce qu’ils sont les citoyens de demain, pour les inviter à se confronter avec un témoignage de vie et survie d’un enfant seul et migrant. Cela – explique la co-metteuse en scène -, parce que «Crocodiles» est une histoire intime et individuelle qui devient emblématique à la lumière de l’Histoire contemporaine et universelle et qui concerne tous ceux qui sont exilés, persécutés ou rejetés».

Dans cette adaptation réussie du livre de Fabio Geda, les metteuses en scène ont décidé de conserver la forme dialoguée originelle en la faisant jouer par un seul acteur : un formidable Remi Fortin. Au travers d’un dispositif bifrontal, l’acteur plonge le public à ses côtés, au cœur du récit.

La compagnie de Cendre Chassanne a l’objectif d’interpeller l’opinion publique sur une question d’une actualité brûlante : selon l’UNICEF, en 2016, plus de 25 000 enfants ont effectué la traversée de la Méditerranée. Un chiffre deux fois supérieur à celui de 2015 et qui continue d’augmenter.

En ce sens, comme soutient la co-metteuse en scène, «le récit d’Enaiat est symbolique d’un voyage tragique et incroyablement chanceux comme celui d’un Ulysse contemporain à la recherche d’une nouvelle patrie».

Un Ulysse hazara, ethnie persécutée par les Taliban, qui a juste dix ans lorsque sa mère l’abandonne au-delà de la frontière, au Pakistan, aux mains de passeurs. Elle souhaite lui donner une chance de sauver sa vie et son espoir sera récompensé. En fait, le long et périlleux périple de son enfant se terminera miraculeusement bien. Parce qu’après son arrivée en Italie, c’est enfin une deuxième vie qui s’ouvre pour Enaiat, jeune héro rejeté de son pays.

CROCODILES ©MatJacob

« Beaucoup de gens pensent que les talibans sont afghans, mais ce n’est pas vrai. Bien sûr, il y a aussi des Afghans parmi eux, mais pas seulement. Ce sont des ignorants du monde entier qui empêchent les enfants d’apprendre : ils ont peur que nous comprenions qu’ils n’agissent pas pour Dieu mais pour leur propre compte. »

Comme Enaiat a pu le vérifier, il n’y a pas de crocodiles dans la mer.

Notre jeune héro l’a appris en traversant la mer Méditerranée en une seule nuit sur un bateau gonflable et scotché. Il l’a appris en entreprenant avec courage et intelligence son parcours d’exil.

La mer, comme la vie, grouille toutefois de prédateurs.

Mais Enaiat a pu heureusement rencontrer beaucoup de personnes bienveillantes qui lui ont permis de poursuivre son chemin vers Turin, en Italie, où il avait l’un de ses amis d’enfance et il est pris en charge par une famille d’accueil.

Enfant, Enaiat est victime du monde adulte et de ses guerres. Il est une victime qui est en même temps vulnérable, héroïque et il s’en sort. C’est exactement cette destinée que Chassanne souhaite transmettre à son public. « Les médias nous donnent des chiffres et des images mais ils ne nous racontent pas les milliers d’histoires d’enfants et d’individus qui ne s’en sortent pas ; Enaiat a lutté et il a eu plus qu’une bonne étoile. Son histoire représente un regard diffèrent et exemplaire pour en raconter beaucoup d’autres qui restent dans le silence. »

« Un jour, j’ai lu que le choix d’émigrer naît du besoin de respirer. C’est vrai. L’espoir d’une vie meilleure est plus fort que tout autre sentiment. Par exemple, ma mère a décidé qu’il valait mieux me savoir en danger loin d’elle mais en route vers un futur différent que me savoir en danger près d’elle, dans la boue et dans la peur pour toujours. »

La mise en scène de la compagnie Barbès 35 est simple et sobre pour une histoire hors normes et interprétée avec une force et une énergie percutante qui rend palpable la tragédie de l’immigration aujourd’hui, de la violation des Droits de l’Homme et de l’Enfant. Tout cela nous remet en cause sur la question de l’accueil et de la solidarité internationale.

Parce que le regard d’Enaiat est absolument factuel, sa parole est authentique et atemporelle dans ce récit issu du drame humain des migrants qui n’ont pas d’autres choix que d’entreprendre un voyage souvent sans retour vers l’Europe.

La mise en scène, qui suit assez fidèlement le livre de Fabio Geda, se termine sur un coup de téléphone particulièrement touchant. Après huit ans loin de l’Afghanistan, une fois accueilli dans une chaleureuse famille de Turin, Enaiat peut enfin rentrer en contact avec sa mère :

CROCODILES ©MatJacob

« Il voulait me passer quelqu’un au téléphone. (…) J’ai dit: Maman. (…) Du combiné est arrivé un souffle léger, humide et salé. Alors j’ai compris qu’elle pleurait, elle aussi. (…) Ce sel et ces soupirs étaient tout ce qu’une mère et un fils peuvent se dire, après tant d’années. Nous sommes restés comme ça, en silence, jusqu’à ce que la communication soit interrompue. A ce moment, j’ai su qu’elle était encore vivante et peut être que là, pour la première fois, je me suis rendu compte que je l’étais aussi. Je ne sais pas bien comment. Mais moi aussi, j’étais vivant. »

Une histoire émouvante qui insuffle à son public l’urgence de prendre en main la question de l’accueil, de la tolérance, de la liberté et des droits humains. Le public a envie d’échanger avec la compagnie en fin de chaque représentation sur la scène du Théâtre Dunois. Et le dialogue s’ouvre, les questions se multiplient, sans préjugés, ni frontières.

“Crocodiles” de la Compagnie Barbès 35 au Théâtre Dunois (lien à associer  :) est en partenariat avec L’Italie à Paris

Note de la rédaction : Enaiat a aujourd’hui obtenu son statut de réfugié politique et il fait des études en Sciences Politiques Internationales en Italie.

Kidexpo: l’art de s’adresser aux enfants !

300 exposants, 20.000 m² d’animations gratuites, plus de 100 spectacles sur Kids en scène ainsi qu’un goûter géant, servi à tous les visiteurs, ont été mis en places pour assurer le bon déroulement de cet événement unique en son genre.

Informer, sensibiliser et amuser les enfants, tels sont les défis qui se sont lancés les organisateurs de la 11ème édition de Kidexpo. Elle a eu lieu, du 26 au 30 octobre précédent, à porte de Versailles, Parc des Expositions. Plus de 80.000 familles, venues principalement de l’Ile de France, ont visité ce salon. Une réussite indiscutable, estiment les visiteurs rencontrés sur place.

 

La protection des enfants sur internet, au cœur de l’exposition

Le stand du ministère de l’intérieur, situé juste à l’entrée, est venu cette année avec une panoplie d’idées et de nouveautés. Le corps de la gendarmerie nationale s’est fait remarqué par des professionnels du web sécurité qui prennent, d’emblée, en charges les enfants en vue de leurs expliquer la conduite à tenir quand ils sont devant leurs ordinateurs et d’autres objets connectés.

A quoi faut-il faire attention et les pièges auxquels ils peuvent très rapidement se heurter. En clair, les dangers d’internet et des réseaux sociaux. Animé par de vrais psychopédagogues, cet atelier a eu un engouement assez particulier !

Leurs confrères de la police nationale ont, eux aussi, organisé un atelier ludique portant sur l’attitude à adopter lors des déplacements des enfants, à pied ou dans les divers transports quotidiens. Un réel travail civique et éducatif.

La protection civile aussi s’est jointe au projet et, a fait dans la sensibilisation et l’information. Ce qu’a fait plaisir aux enfants c’est que l’ensemble de ces activités ont été récompensées par des cadeaux et des attestations de réussites.

 

Un moteur de recherche pour enfants et un lab High Tech

Qwant junior est un logiciel proposé par une start up française qui permet aux enfants d’avoir un moteur de recherche propre à eux. Ce logiciel qui n’est pas « monsieur google » où l’on ne peut pas contrôler tout ce qui peut s’inviter comme contenu choquant. Il sert aux enfants d’outil pour faire leurs devoirs et, effectuer des recherches sur le net sans la présence et le contrôle des parents.

Au stand A8, l’innovation et la French Tech étaient au rendez-vous. Le Lab by Kidexpo est un espace High tech dédié entièrement à la présentation de projets innovants «made in France». Initiés par des jeunes talents français, l’objectif est de faire plaisir et d’accompagner les parents dans l’éducation et la formation de leurs enfants. Des projets créatifs d’une extrême importance. D’ailleurs, le prix de l’innovation by kidexpo a été décerné à un lauréat qui a présenté le meilleur projet innovant.

Une belle marque de reconnaissance pour ceux qui sont à l’avant garde du progrès dans le secteur de la famille ; estime l’un des représentants du salon.

«Un esprit sain dans un corps sain», cette devise est, également, abordée durant cet événement. Et ce, à travers plusieurs stands dédiés au sport, à l’alimentation et aux ateliers de cuisines.

Nous avons eu l’impression que ceux qui étaient à l’origine de cette manifestation avaient tout misés pour sensibiliser la nouvelle génération de tous les enjeux et les défis auxquels elle doit se préparer. Les transports écolos, respectant l’environnement et prenant soin de l’écosystème en faisaient aussi partie.

Il y a lieu de signaler que parmi les grands rendez-vous du Kidexpo, ce goûter géant et les kids en scène by kidespo. Pour ne citer que cela !

 

Cinq jours de bonheur, d’instruction, d’amusement et de plaisir. “Un événement hors du commun qui s’impose comme étant le plus grand événement familial de l’année !”, considère Anne-France MAREINE, commissaire générale du Salon.

Avant de nous donner rendez-vous pour l’année prochaine à la même période et au même endroit, les organisateurs nous ont annoncé l’installation de kidexpo à Lyon, du vendredi 13 au dimanche 15 avril 2018.

La ville et ses frontières

« La ville et ses frontières » a été le thème autour duquel s’est déroulée, du 6 au 10 Novembre 2017, la Semaine Italienne à l’École Normale Supérieure (ENS) de Paris. L’événement a été organisé avec l’intention de poser un regard sur « l’évolution des villes italiennes, et notamment sur le rôle majeur de l’immigration et des perspectives postcoloniales dans la redéfinition d’une identité des espaces urbains du pays », a expliqué l’un des organisateurs Nicola Brarda.

Durant ces cinq jours, des journalistes, des chercheurs, des activistes, mais aussi des artistes et des écrivains ont rencontré le public pour débattre du rôle de la ville face à l’accueil des migrants. « L’Œil de l’exilé » a été présent lors de deux rencontres à l’ENS.

“Un héritage refoulé: du sujet colonial au réfugié”

C’est le sujet de la rencontre du mercredi 8 novembre, durant laquelle a été projetée le film « Stanze » (Pièces) de Gianluca et Massimiliano De Serio. Le film a été tourné à l’intérieur de l’ex caserne La Marmora de Turin, « lieu symbolique pour Turin et l’Italie – a expliqué Gianluca De Serio, présent à la projection – car elle représente tout ce qui a été refoulé dans l’histoire italienne ».

La caserne a été construite à la fin du XIX siècle, pendant les années des premiers élans colonialistes italiens dans la Corne de l’Afrique; au cours de la Seconde Guerre Mondiale elle a servi aux fascistes de lieu de détention et de torture des dissidents et partisans; actuellement en état d’abandon, la caserne a été occupée provisoirement par 400 refugiés somaliens entre septembre 2009 et août 2010.

Durant ces mois là, Gianluca et Massimiliano De Serio sont entrés dans l’ex caserne pour rencontrer ces nouveaux habitants et écouter leurs histoires, « de longues odyssées à travers le désert, la méditerranée et la bureaucratie italienne », a continué De Serio.

Les deux réalisateurs ont ensuite lu les témoignages des partisans qui ont étés torturés et tués dans l’ex caserne, dont les actes se trouvent à l’Archive d’État de Turin. Grâce à l’intervention de la poétesse somalienne Suad Omar, les récits des résidents somaliens ont été croisés avec ceux des partisans et transformés en vers poétiques. Le résultat est un « court-circuit entre passé et présent – a expliqué De Serio – dans lequel les souffrances passées et présentes se croisent et se superposent dans une sorte de fondu enchaîné ».

« Lire les témoignages des partisans a été choquant pour moi – a avoué Suad Omar – car j’ai constaté que les fascistes italiens avaient massacrés leurs compatriotes de la même manière qu’ils avaient massacré les somaliens lors de l’occupation coloniale». D’ailleurs, a continué Omar, « c’est justement à cause de ce passé colonial que les somaliens choisissent l’Italie comme destination de leurs migrations ».

Le film est composé d’une série de plans-séquences à l’intérieur des pièces vastes et vides de la caserne, dans lesquelles les nouveaux hôtes récitent, selon les règles de la tradition poétique orale somalienne, leur calvaire. Peu à peu les paroles des migrants se fondent avec celles des partisans qui, en ces mêmes pièces, ont été torturés. « Les migrants ont raconté leurs histoires avec beaucoup de pudeur – a expliqué De Serio – alors que à l’Archive d’État les tortures aux partisans sont minutieusement détaillées : c’est donc à travers les mots des partisans que les migrants ont pu faire sortir leurs propres souffrances si difficiles à raconter ».

Les migrants d’aujourd’hui, relégués aux marges de la ville, se font ainsi porteurs d’un passé et d’une identité oubliée qui les rend acteurs du présent identitaire de la ville même.

 

“L’appropriation des lieux: réinventer une ville”

Sujet de la rencontre du 9 novembre, dans laquelle on a parlé de l’occupation en 1990 de l’ex usine de pâtes Pantanella de Rome de la part de centaines de migrants.

En 1989, en raison de la préparation de la Coupe du Monde de football en Italie, la police de la ville de Rome procède à un « nettoyage » pour libérer le centre-ville des pauvres et des migrants qui y stationnent sans abris. Ces derniers commencent alors à s’installer dans l’ex usine de pâtes Pantanella, à l’abandon depuis 1970. Les locaux délabrés, sans eau, sans électricité, sans vitres aux fenêtres, commencent à se peupler de migrants provenant pour la plupart du Bangladesh et du Pakistan.

Durant les six mois d’occupation, de juin à janvier 1991, ce lieu a hébergé plus de 3500 personnes. « C’était une sorte d’Ellis Island romaine – a commenté, lors de la rencontre, Stefano Montesi, photoreporter qui a passé six mois à la Pantanella pour en témoigner l’évolution – les migrants s’étaient accueillis tous seuls car personne d’autre ne l’avait fait pour eux».

Montesi a raconté l’extrême organisation qui s’était instaurée à l’intérieur de l’ex usine : « il y avait un cinéma, un marché, des restaurants, un journal interne, une école d’italien et même un service de sécurité pour éviter l’introduction de drogues et alcool parce que – a expliqué Montesi – ce que les immigrés voulaient surtout éviter c’était que la Pantanella se transforme en un ghetto ».

L’expérience de la Pantanella a été l’expression du premier phénomène d’immigration de masse en Italie, qui devenait précisément dans les années ’90, pour la première fois dans son histoire, un pays d’immigration. La Pantanella attira l’attention d’associations et activistes [d’activistes et d’associations d’aide aux migrants qui venaient de se constituer] en aide aux migrants qui venaient de se constituer. La première mosquée officielle de Rome fut inaugurée dans l’ex usine, avec le soutien de Don Luigi Di Liegro, directeur de la Caritas diocésaine de Rome. Les habitants de la Pantanella constituèrent une de premières associations de migrants, la United Asian Workers Association, à travers laquelle ils dénonçaient aux autorités romaines les conditions inhumaines dans lesquelles ils étaient contraints de vivre.

Malgré les appels et les mobilisations, le Shish Mahal (« Palais de Crystal »), comme ses nouveaux hôtes l’avaient ironiquement surnommé fit l’objet de polémiques féroces de la part de l’opinion publique à auxquelles contribua même la presse. Dans les principaux journaux nationaux, en fait, la Pantanella était désignée comme « bombe ethnique », « casbah », « purgatoire des immigrés », « usine des extracommunautaires », « lambeau ethnique », « cloaque », « coin du tiers monde », et ainsi de suite. Finalement, les 3500 résidents de la Pantanella furent évacués le 31 janvier 1991.

Une « occasion manquée », c’est ainsi que le journaliste Giuliano Santoro a défini, au cours de la rencontre, l’occupation de la Pantanella. Santoro, dans son livre « Al palo della morte » , parle des transformations que cette expérience a apporté au quartier avoisinant l’ex fabrique, où aujourd’hui résident beaucoup d’ex hôtes du Shil Mahal. « Les migrants sont toujours perçus comme sujets passifs – a continué Santoro – alors que dans la gestion de la Pantanella ils ont démontré qu’ils avaient leur propre autonomie et qu’ils étaient capables de se constituer en sujet politique. Ça a été une grande leçon pour le débat politique italien en matière de migration ».

Aujourd’hui, l’ex usine Pantanella a été transformée en résidence de luxe.

Les photographies de Stefano Montesi, qui racontent la vie et l’organisation de la Pantanella pendant son occupation, sont visible ici.

De plus, une partie de ces photographies est exposée dans la hall de l’ENS jusqu’au 20 novembre 2017 (45 rue d’Ulm, 75005 Paris).

 

Musique sans Frontières-Paris présente le Syrian Expat Orchestra et d’autre surprises

 

 

L’association Musique sans Frontières-Paris annonce une soirée musicale : Ensemble, le 2 décembre 2017, au centre d’Art et de Culture de Meudon.

Pour la toute première fois en France, un ensemble du Syrian Expat Orchestra (SEPO) dessine avec l’artiste lyrique meudonnaise Barbara Morihien, la jeune violoniste Helena Duterte et son professeur bulgare Christo Tchalakov, et le duo de musique irlandaise formé par Laurent Delahaye et Michel Sikiotakis, une mosaïque musicale de cultures et de voyages.

Découvrez des interviews des membres de l'orchestre Expat Philamornic Orchestra

Goncourt 2017

Du suspens, encore du suspens !

Qui de ces quatre écrivains, sélectionnés lors de la troisième sélection des Goncourt, gagnera le prix cette année ?  Les dix membres de l’académie réunis, le 30 octobre 2017 au restaurant Drouant à Paris, semblent un peu égarés dans leurs choix des quatre finalistes.

Les votes étaient serrés pour parvenir enfin à en extraire les ouvrages ultimes pour la prochaine finale qui a lieu ce lundi 6 novembre.

Le prix Goncourt sera annoncé à la presse, comme à l’accoutumée, entre midi et 14 heures, à partir des escaliers Ruhlmann de ce célèbre lieu, le Drouant.

Après un débat qui s’annonce, d’ores et déjà, houleux, au salon Goncourt, siège de cette académie depuis 1914, le jury, chapeauté par Bernard PIVOT, serait dans l’obligation d’en élire un seul des quatre livres qui ont marqué la rentrée littéraire 2017. Tiens ferme ta couronne de Yannick Haenel (Gallimard) ; Bakhita de Véronique OLMI (Albin Michel) ; L’Ordre du jour d’Eric VUILLARD (Actes Sud) et, enfin, L’Art de perdre d’Alice ZENITER (Flammarion) sont en compétition pour tenter de gagner l’un des prix littéraires  le plus convoité de la scène littéraire française

L’Art de perdre est déjà donné favori, selon des lecteurs bien avertis. À juste titre, ce roman traite de l’épineuse question des Harkis. Cette équation à plusieurs inconnus qui rappelle un passé douloureux partagé entre bon nombres d’algériens et de français. Zeniter voulait a travers cet ouvrage casser ce tabou qui renvoit les deux peuples précités, à une période  coloniale de l’histoire, qui n’était pas forcément glorieuse. À travers trois générations, Zeniter dont la famille est originaire de Kabylie en Algérie, questionne, retrace et bouscule l’ordre établi pour tenter de comprendre ce qui s’était réellement passé. Cinquante ans après l’indépendance de l’Algérie, cette question demeure toujours d’actualité. Et l’actuel contexte politico-social de la France, interroge la troisième génération, représentée dans le livre par Naima, a se poser des questions par rapport à ses origines, à son identité et à une histoire familiale qu’on lui jamais expliqué ! Une interrogation qui suscite, parfois des rancœurs et des regrets. Un très beau livre qui mérite d’être couronné, ne serait-ce que pour le travail de mémoire qui a été effectué dans un style romanesque remarquable !

Véronique OLMI, est susceptible aussi de créer la surprise cette année. Dans un ouvrage intitulé BAKHITA, de nom d’une petite fille du Darfour du XIX e siècle enlevée par les criminels négriers pour la vendre dans un marché d’esclaves au Soudan, jusqu’au jour où elle s’est fait rachetée par le consul d’Italie qui la confie a des religieuses. Bakhita est baptisée puis devenue sœur pour échapper à des souvenirs d’enfance, garnis de souffrance et de calvaire. L’auteure a su décrire une grande tragédie en essayant de dissimuler le côté chaotique de l’histoire.

Les deux autres livres méritent également d’êtres primés, l’un qui parle du monde complexe du cinéma et l’autre des méandres de l’histoire nazie, ils ont fait et marqués la rentrée littéraire de cette année. Que le meilleur gagne !

Hamid BOUZID