Michel Thierry Atangana : un homme détruit pour rien

Par René DASSIE

michel atangana 1Jeune et brillant ingénieur financier, Michel Thierry Atangana, né au Cameroun, est devenu Français par naturalisation, en 1988. En 1994, il est envoyé au Cameroun, pour représenter les intérêts de grands groupes français, comme Jean Lefebvre, en activité dans le secteur routier de pays.
Comme la loi camerounaise ne reconnait pas la double nationalité, les autorités de Yaoundé lui délivrent un titre de séjour. Ses performances lui valent d’être désigné pour conduire la restructuration de la dette de certaines multinationales comme Nestlé et Phillips, dont les créances, évaluées à plusieurs milliards de Francs CFA, la monnaie locale, sont en souffrance dans ce pays d’Afrique centrale.
Parallèlement, Paul Biya, le président du cru, le nomme, par décret, président du Comité de pilotage et de suivi des projets routiers (COPISUR). Sa mission ? Trouver des partenaires internationaux, capable de mettre sur la table les quelques 332 milliards de Francs CFA qui manque à l’Etat, pour financer ce projet ambitieux dédié au désenclavement des trois provinces du sud du pays. La tâche est d’autant plus ardue que le Cameroun, mauvais payeur, a perdu toute crédibilité, auprès des bailleurs de fonds internationaux.
Cependant, le jeune expert financier s’y lance avec passion. Ses efforts sont en train d’aboutir avec l’engagement à ses côtés des entreprises comme Pecten, la Banque BNP, La Lyonnaise des eaux. C’est alors qu’un événement imprévu se produit au Cameroun. Début 1997, un proche du président Biya du nom de Titus Edzoa, qui a été à la fois ministre, médecin personnel et confident du chef d’Etat démissionne avec fracas et annonce qu’il se présentera à la présidentielle contre lui. Des rumeurs démenties longtemps après présentent Michel Thierry Atangana comme celui qui sera son directeur de campagne. Les deux hommes se sont connus lorsque, Secrétaire général de la présidence, Titus Edzoa était l’interlocuteur du gouvernement camerounais auprès du COPISUR que dirigeait Michel Thierry Atangana.
Paul Biya décide de sévir contre son ministre devenu opposant et commence par frapper autour de lui. Michel Thierry Atangana est arrêté en mai 1997 et placé pendant 52 jours en garde à vue. Dans un premier temps, on l’accuse de grand banditisme. Puis cette infraction, jugée grossière, est requalifiée en détournement de deniers publics. Titus Edzoa est arrêté à son tour. Au terme d’un procès expéditif et sans la présence de leurs avocats, les deux hommes sont nuitamment condamnés à 15 ans de prison.
En 2008, défiant les ordres de sa chancellerie, un magistrat courageux prononce un non-lieu total en faveur de Michel Thierry Atangana. L’Etat fait appel et réussit à infirmer cette décision historique.
Le gouvernement entame alors un nouveau procès, exactement pour les mêmes faits. Les deux accusés suivront péniblement cette deuxième procédure, fait d’audiences perlées, espacées de plusieurs semaines, qui durera trois ans. Entre-temps, la Commission nationale anti-corruption (CONAC), un organisme mis en place par Paul Biya pour traquer les détourneurs de fonds publics constate que Michel Thierry Atangana n’est coupable d’aucune maladresse financière. Rien n’y fait. La justice camerounaise poursuit son cours, et s’arrange pour que son jugement coïncide avec la fin de la première peine prononcée 15 ans plus tôt. En 2012, Michel Thierry Atangana et Titus Edzoa écopent d’une nouvelle condamnation à 20 ans de prison augmentée de 5 ans de contrainte par corps. Selon les observateurs, ce jugement vient clôturer une énorme parodie de justice au cours de laquelle les magistrats en mission commandée, auront malmené les principes les plus élémentaires de la procédure pénale. On raconte que le ministre camerounais de la Justice, Laurent Esso, pilote à distance le procès. Certains juges sont exclus de la collégialité à la fin des débats et remplacés par des collègues plus conciliants, en dépit d’une interdiction formelle de la loi camerounaise. D’autres subissent des menaces de mort. Tentant de lire un verdict qui lui a été dictée sous la contrainte, un magistrat étouffe et subi une extinction de voix. Des mallettes bourrées de billets circulent. Elles ont pour effet de fluidifier les rapports entre les juges et leur ministère de tutelle. Mi-octobre 2013, la peine est rendue définitive par la Cour suprême du Cameroun, qui, au terme d’une audience éclair, rejette, le pourvoi en cassation de M. Atangana.

Makaila Nguebla, une aura révolutionnaire !

Makaila Nguebla

Makaila Nguebla

[Par Jean MATI]

Accueilli à la Maison des Journalistes à Paris, le blogueur tchadien, Makaila Nguebla a finalement obtenu son statut de réfugié en France. Au terme d’un long feuilleton diplomatique, la reconnaissance par la République française de la protection internationale pour Makaila est un triomphe de la liberté d’expression et des droits de l’homme dans le monde. Retour sur le parcours d’un combattant de la plume.

Le jeune journaliste tchadien a été expulsé de deux pays africains : le Sénégal et la Tunisie. Il aura fallu attendre la France, un pays européen pour lui venir à la rescousse. En Afrique, il est extrêmement rare qu’un homme ou une femme devienne célèbre pour avoir été expulsé d’un pays. Mais dans un contexte aussi politisé que celui de l’ « Affaire Makaila Nguebla », l’occasion faisait sans doute le larron. Dès les premiers faits établis, on a imaginé une vieille histoire rocambolesque racontée par les sages conteurs africains sur un arbre qui cache toute une forêt. Officiellement, il a été expulsé du Sénégal vers la Guinée Conakry, en raison d’un séjour illégal mais cela ressemble fort à un simple prétexte. Les raisons évoquées par les autorités sénégalaises n’ont pas été convaincantes. Mais au-delà de cela, on pouvait bien penser que leurs motivations étaient ailleurs. Qui était derrière cette démarche ? Pourquoi Makaila Nguebla faisait-il peur ?

Pleins feux sur Makaila Nguebla

Né le 31 décembre 1970 à Ndjamena, la capitale tchadienne, Makaila Nguebla est issu d’une famille modeste. Ses noms ont une signification plus particulière. D’abord Makaila est un nom arabe d’origine africanisée, c’est-à-dire Mikail qui veut dire l’ange de la pluie ou des verdures. Nguebla, ensuite, veut dire la famille élargie.

A l’âge de 9 ans, Makaila perd son père. Élevé par sa mère, Makaila fréquente l’école Bololo à Ndjamena , le collège d’enseignement général N° 2 et le lycée technique commercial d’où il sort plus tard avec un Bac. Avec ses 1,72 m et 70 Kg, Makaila aurait pu faire un bon sportif, mais son intérêt pour le journalisme le pousse à créer son blog. En 2000 , il suit une formation à l’Institut tuniso-canadien en administration commerciale en Tunisie. En 2005, Makaila est expulsé de la Tunisie vers le Sénégal. Toujours politique ? Une petite odeur de ça. A Dakar, Makaila se reconstitue et s’arme de nouveau. Il intègre l’Institut Supérieur de Communication et de Journalisme. Après avoir obtenu son diplôme en journalisme, Makaila rejoint la radio « Manoore ». Selon les observateurs avisés, la notoriété de Makaila à Dakar serait à la base de son expulsion vers la Guinée.

Makaila est un homme de principe. Il est loin d’être ce prototype de personne qui épouse facilement l’inconscient populaire. Disposant d’un charisme naturel, Nguebla a une aura révolo qui cache pas mal sa gentillesse. Le natif de Ndjamena est aussi un vrai leader qui mène son peuple vers une direction grâce à son combat. L’option qu’il favorise est le changement au Tchad, c’est-à-dire le « dictateur Deby doit dégager ! » et laisser la place à la nouvelle alternative. Comme un militaire au front, la plus grande arme de Makaila Nguebla est bel et bien son blog – http://makaila.over-blog.com/ . Ce dernier fait tabac sur les réseaux sociaux et est bien présent dans le paysage médiatique francophone.

Pour M. Nguebla, son engagement militant résulte dans le fait que son pays, le Tchad, est soumis à une dictature extrême qui suscite une prise de conscience individuelle et collective basée sur un sursaut national pour trouver une solution à la démocratie et à un État de droit.

Malgré son combat pour le changement dans son pays, Makaila se veut juste un citoyen tchadien, journaliste, blogueur et militant des droits humains qui aspire à vivre chez lui dans le respect et la dignité . En attendant qu’il y ait une nouvelle donne au Tchad, Makaila garde toujours son foulard au cou en signe de combat. Une grande bataille pour la liberté d’expression et l’égalité des peuples.

 

Qui sont ces réfugiés et demandeurs d’asile précarisés au Sénégal ?

[Par Nguebla MAKAILA]

Le Sénégal attire les partenaires au développement et les institutions internationales par sa stabilité politique et son cadre démocratique souvent appréciés. Situé en Afrique de l’Ouest, il est l’un des rares pays sur le continent où la presse est indépendante, la société civile active et l’espace politique ouvert aux règles du jeu démocratique.

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Reconnu pour sa « téranga » (hospitalité en wolof, langue vernaculaire), le Sénégal accueille des demandeurs d’asile et des réfugiés qui vivent dans la précarité totale sur les plans administratif, social, juridique et humanitaire. Ils sont contraints par la guerre ainsi que les conflits politiques et armés à quitter leur domicile, en quête d’une protection humanitaire et d’une sécurité dans une sous-région instable et déstabilisée.

Le Sénégal accueille 38 000 réfugiés en tout. La plupart viennent de pays limitrophes. En voici le panorama.

Mauritanie : contraints par le conflit négro-mauritanien de 1989, des milliers de personnes ont trouvé refuge au Sénégal et bénéficient de la protection du Haut Commissariat pour les Réfugiés de l’ONU. Vingt-quatre ans après, les réfugiés négro-mauritaniens vivent encore au Sénégal, oubliés par la communauté internationale. Ils n’ont aucun statut légal dans le pays, confrontés aux difficultés d’emploi et autres aléas tels que le non-accès aux soins médicaux et aux logements).

Gambie : traumatisés par une dictature féroce de Yaya Diamé, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat le 22 juillet 1994, plusieurs ressortissants gambiens dont des journalistes, des défenseurs de l’homme, des militaires et autres ont dû fuir leur pays pour se réfugier au Sénégal voisin, craignant pour leur sécurité. Parmi eux, il y a des personnes homosexuelles qui sont traquées par le régime et non acceptées par une société africaine répulsive.

Côte d’Ivoire : de nombreux Ivoiriens ont fui la guerre civile qu’a connue le pays de 2002 à 2010. Ils se sont réfugiés au Sénégal où ils ont bénéficié de la protection du Haut Commissariat pour les Réfugiés de l’ONU. Mais, après la période de l’élection présidentielle de 2010, ces derniers sont abandonnés à eux-mêmes par les organisations humanitaires internationales qui ont estimé que le pays connaissait un retour à la paix. Certains réfugiés ont refusé de regagner leur pays d’origine sans garantie de sécurité et de protection effective. Or, toutes les aides sociales ont été suspendues, ce qui explique la précarité dans laquelle ils sont plongés ces dernières années.

Guinée-Conakry : suite aux événements successifs de 2007 et 2009, la Guinée Conakry, est entrée dans une instabilité politique avec la mort naturelle du Général Lansana Conté et la prise du pouvoir par le capitaine Moussa Dadis Camara. Plusieurs Guinéens dont les femmes et des enfants ont fui vers le Sénégal à cause des violences politiques et ethniques. Ils sont peu nombreux à obtenir le statut de réfugié politique dont le motif reste inavoué. Ils vivent dans l’angoisse permanente.

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Au nombre de ces réfugiés issus des pays environnants du Sénégal, s’ajoutent d’autres venus du Soudan, de l’Erythrée, du Tchad, du Gabon, de la RDC, et du Rwanda. Ce sont des pays où règnent généralement des régimes répressifs et autocratiques sans alternance démocratique ni politique. Les organisations internationales en charge des réfugiés et demandeurs d’asile affirment ne pas être responsables de la situation difficile que connaissent ceux-ci au Sénégal.

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Selon Djibrine Baldé, chargé des réfugiés et demandeurs d’asile pour International Refugee Right Initiative : « le Gouvernement ne fait aucun effort pour améliorer les conditions de vie des gens qu’il accueille sur son territoire ». Cette hospitalité se fait pourtant au titre de la Convention de Genève de 1951 qu’il a signée et ratifiée en matière de protection humanitaire.
Contactée par nos soins, la Commission Nationale d’Eligibilité (équivalent de l’OFPRA en France) , n’ a pas donné suite.

La situation des réfugiés et demandeurs d’asile au Sénégal rend difficile les activités des associations sénégalaises et d’autres institutions humanitaires qui souhaitent améliorer les conditions de vie des ces personnes contraintes à quitter leurs pays pour des raisons d’opinion politique, d’exercice de leurs métiers, des conflits armés et d’instabilité sociopolitique qui caractérisent récurrente sur le continent. Afin de trouver des réponses aux préoccupations des réfugiés et de leurs soutiens, le Gouvernement sénégalais doit davantage faire preuve de volonté politique et du respect de ses engagements internationaux.

Partenariat militaire franco-tchadien : obstacle à la démocratie en Afrique centrale

Par Nguebla MAKAILA

Le partenariat militaire que développent la France et le Tchad, pose un véritable problème pour de nombreux observateurs en Afrique.

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Durant des décennies, la France a joué au Tchad et en Afrique, un rôle non négligeable dans le domaine du partenariat militaire. Son but est de former et d’outiller les forces armées de plusieurs pays afin qu’ils puissent relever les défis de la défense et de la sécurité de leur région.

La conférence de La Baule du 20 juin 1990 qui entre dans le cadre de la 16e conférence des chefs d’État d’Afrique et de France, était censée imposer la démocratie aux pays africains. Elle a suscité un réel espoir aux populations, celui d’entrevoir la conquête du pouvoir par les voies des urnes au lieu des coups d’Etat militaires et des rébellions.

Aujourd’hui, tout porte à croire que la majorité des africains ont déchanté. La succession au pouvoir en France des Présidents depuis les années 1980 (François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande) n’a toujours pas aidé l’Afrique centrale à amorcer une véritable démocratie.

Pourquoi ?

Les relations qui lient la France avec les dirigeants africains restent obscures et n’aident pas à assurer les valeurs universelles de la démocratie dans la plupart des Etats. Ces dernières années, le partenariat militaire est au cœur des préoccupations des autorités françaises, au détriment de la promotion des droits de l’homme, des libertés fondamentales, de l’Etat de droit, de la bonne gouvernance politique et économique, et enfin de la justice sociale.

Avec la menace terroriste qui prend une proportion inquiétante, deux ministres français notamment Yves Le Drian de la défense et Manuels Valls, ministre de l’intérieur ont été successivement reçus en audience fin décembre 2013, par Idriss Deby dans la capitale tchadienne. Le Tchad est le seul pays africain dont les troupes sont jugées aptes, redoutables et suffisamment aguerries dans la lutte contre le terrorisme international, d’où l’intérêt de la France de privilégier et de maintenir la coopération militaire. Et pourtant, le pays d’Idriss Deby n’est pas un bel exemple de démocratie.

L’allié qui violait les droits fondamentaux

Force est de constater qu’aujourd’hui, le régime tchadien est perçu par Paris comme un allié de taille, malgré les atteintes massives des droits de l’homme dont il est tenu responsable, commises en direction de l’opposition démocratique, des acteurs de la société civile et des journalistes.

Avec un record de 23 ans de règne sans partage, le président tchadien Idriss Deby a verrouillé totalement l’espace des libertés à son peuple. Les critiques à son encontre et à celle des membres de sa famille, ne sont pas tolérées, et les manifestations ne sont pas autorisées et lorsqu’elles ont lieu, sont violemment réprimées dans l’indifférence générale. Le cas tchadien illustre la complaisance et la mansuétude dont Paris fait preuve à l’égard du régime d’Idriss Deby, ce qui pose véritablement problème à l’épanouissement de la démocratie au Tchad.

A l’instar d’Idriss Deby au Tchad, la plupart des dirigeants d’Afrique centrale totalisent la longévité au pouvoir ou l’accession au pouvoir de manière monarchique. En voici, le panorama : Teodoro Obiang Nguema (Guinée Equatoriale), 34 ans ; Paul Biya du (Cameroun), 30 ans, Denis Sassou Nguesso (Congo),18 ans ; Ali Bongo (Gabon), a succédé à son père Oumar Bongo mort en 2009, il a régné pendant 43 ans, François Bozizé (Centrafrique), chassé du pouvoir le 23 mars 2013, a régné pendant 10 ans, il était arrivé au pouvoir par les armes. Sa chute du pouvoir, a laissé place à une crise politique aujourd’hui, irrémédiable.

Au regard de ces faits alarmants, le pessimisme hante l’esprit des Français amis du continent africain, de voir un jour naître un véritable espoir de démocratiser l’Afrique centrale, nid des conflits politiques et des violences armées répétés. Si le partenariat militaire franco-tchadien doit prendre en considération la dimension sécuritaire et humaine dans la sous-région, elle doit en outre tenir compte des aspirations populaires des masses qui se mobilisent désespérément pour la démocratie et le respect de la dignité humaine face à des régimes impopulaires sans véritable légitimité. La France est invitée à aider les Africains soucieux de respecter les valeurs qu’elle prône à l’échelle universelle.

 

RDC: La symphonie des vampires à l’Est

Crisis-in-the-CongoC’est depuis fin 1996 que l’Est de la République Démocratique du Congo est devenu le théâtre de conflits armés qui a dévasté le pays. Aujourd’hui, on compte déjà des millions des victimes. Dans son rapport annuel 2012, l’International Rescue Committee, une association fondée à l’initiative Albert Einstein, a estimé que 5, 4 millions de personnes sont mortes à la suite des guerres congolaises. Dans cette tornade dévastatrice caractérisée par une sauvagerie monstrueuse, ce sont les femmes et les enfants qui payent cher… Le viol des femmes et des filles mineures est une véritable arme de guerre utilisée par les forces armées pour créer le choc et la stupeur dans le chef de la population. A travers une série d’imageries horribles, la partie Est du Congo est l’un des pires endroits au monde pour les femmes et les filles. En RDC, les femmes sont souvent violées dans l’indifférence totale des autorités congolaises, incapables de sécuriser les populations. Qui sont ces bandits? Pourquoi ne sont-ils pas inquiétés? Quelle est la principale motivation pour ces criminels de l’Est de violer les femmes et les enfants? Et l’État congolais, alors… Que fait-il concrètement?

Le modus operandi des violeurs
«Lorsqu’on viole les femmes, on déstabilise la communauté, on viole les femmes du village entier devant les enfants, devant le mari, devant les voisins, cette communauté est brisée. Les hommes ne peuvent plus regarder leurs femmes dans les yeux, et dire que nous étions incapables de vous protéger. Et les femmes ne peuvent pas surmonter ce traumatisme», témoigne Nita Evele, coordinatrice de l’Action Global pour le Congo, dans le film «Crisis in the Congo». Selon les témoignages, plusieurs femmes ont vu leur destin briser après le viol. Certaines se sont retrouvées enceintes et d’autres ont contractées le VIH-Sida. Abandonnées par leurs maris, les femmes répudiées sont devenues personae non gratae dans la communauté, au village et au sein même de leur propre famille restreinte. Pire encore. Les enfants issus de viol sont aussi bannis et rejetés par la société. Ils ne bénéficient d’aucune affection maternelle. On les appelle «Les enfants des Serpents», affirme un congolais vivant à l’Est. A en croire les déclarations des ONG locales, les petites filles nées de viol entre 1998 et 2000 ayants aujourd’hui la tranche d’âge de 13 à 15 ans, ont été à leur tour violées. Un cycle infernal!

L’épineux problème
Malgré de nombreux crimes perpétrés à l’Est du Congo notamment le cas observé de plusieurs femmes violées, la question de l’identification des violeurs reste très délicate. L’un des facteurs est en fait celui de la complexité des conflits. Tellement qu’il y a plusieurs protagonistes. Parfois, on ne sait plus situer les camps opposés. Par ailleurs, la guerre dans l’Est du Congo a une coloration économique que politique. Dans cette contrée de la RDC, il y a plus d’une dizaine des groupes armés illégaux qui opèrent en toute tranquillité. À cela s’ajoute de nombreuses rebellions qui ne cessent de voir le jour et soutenues par les forces étrangères dans le but de piller systématiquement les richesses naturelles (cobalt, cuivre, diamant, manganèse, or, uranium, zinc…). La République démocratique du Congo, pays aux innombrables richesses, n’a pas une force militaire digne de ce nom pouvant défendre loyalement la souveraineté nationale de son territoire. Le pays ressemble à un «Far West». L’armée congolaise, au vrai sens du mot, n’est pas une armée. C’est un groupe d’indisciplinés qui parfois se substitue aussi à une bande violeurs des femmes. En l’absence d’une véritable justice, l’impunité règne. Peut-être un jour ou demain qu’on reparlera de la vraie justice dans ce pays où les corps des femmes et des filles sont profanés aujourd’hui.

L’œil de Jean MATI, journaliste congolais de la MDJ

La Cour Pénale Internationale : Pourquoi l’Afrique se rebelle ?

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Par Nguebla MAKAILA

La Cour Pénale Internationale (CPI), juridiction internationale à compétence universelle, fait l’objet de vives critiques. La plupart des dirigeants africains accusent l’institution judiciaire d’être sélective dans sa démarche. Selon eux, elle n’aurait ciblé que des Chefs d’Etats et des leaders du continent noir.

Les poursuites judiciaires en série par la Cour Pénale Internationale des dirigeants africains, ont provoqué la colère de ces derniers qui ont exprimé le sentiment d’être visés et accusent la dite institution de faire une sélection dans sa quête de justice.

L’Afrique est-elle visée ?

L’Union Africaine, institution panafricaine, a été saisie par plusieurs pays dont l’Afrique du Sud d’où est issue Mme Nkosazana Dlamini-Zuma, ancienne ministre de l’intécadrerieur dans son pays.

Elle est aujourd’hui à la tête de la Commission de l’U.A. L’Afrique du Sud est devenue pour des Chefs d’Etats africains un lieu qui encourage l’impunité institutionnelle. Ils sont nombreux à posséder des investissements mobiliers et immobiliers et à thésauriser dans les banques sud-africaines les détournements financiers de leurs pays d’origine au profit de leurs intérêts personnels. L’’article 16 du statut de Rome qui a créé la CPI est désormais utilisé comme prétexte pour des pays du continent. Oui, certains ont saisi le Conseil de sécurité en vue d’imposer à cette dite CPI la suspension de toute enquête ou poursuite pour une durée d’un an, renouvelable de facto indéfiniment chaque année. Ainsi, à l’issue d’une réunion tenue le 11 octobre 2013, des ministres des Affaires étrangères de l’Union africaine avaient demandé à l’ONU la suspension des procédures de la CPI contre les dirigeants en exercice.

La Société civile africaine n’adhère pas à la démarche de l’Union africaine

La démarche de l’Union Africaine introduite auprès du Conseil de Sécurité de l’ONU, pour exiger la suspension des poursuites à l’encontre des dirigeants africains, pose problème aux organisations de la société civile sur le continent. Pour celles-ci, l’Union africaine cherche à travers un argument fallacieux à protéger les dictateurs qui essaiment l’Afrique et répriment leurs populations. Par un communiqué de presse, la Ligue Sénégalaise des Droits de l’Homme (LSDH), Human Rights Human et la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (RADDHO) ont pour leur part demandé à l’ONU de ne pas céder à la volonté des Chefs d’Etats.

Société civile et populations la main dans la main contre l’Union africaine

L’Union africaine ne peut décider à la place des africains eux-mêmes, souvent victimes de leurs dirigeants devenus des bourreaux. Les populations africaines ne sont pas solidaires de leur institution continentale. Elles les considèrent comme une union entre les Chefs d’Etats, constitués en syndicat. Dans un document rendu public, le 18 novembre 2013, à Johanesbourg (Afrique du sud), plusieurs organisations africaines et internationales ont soutenu que : « les gouvernements africains doivent rejeter l’idée selon laquelle, ils doivent bénéficier d’une immunité spéciale vis-à-vis de la Cour Pénale Internationale (CPI). »

Cette déclaration unanime des ONG africaines, confirme l’inquiétude de nombreux citoyens – ennes sur le continent. Ils pensent que les dirigeants africains réclament ce retrait pour se protéger et se soustraire des poursuites internationales qui seront enclenchées contre eux, une fois déchus du pouvoir. L’Afrique reste-t-elle alors le nid des violences politiques, des répressions généralisées, des violations des droits de l’homme et des libertés fondamentales ? Demeure-t-elle synonyme de mal gouvernance politique et économique ainsi que de gabegie des ressources des pays des responsables politiques et administratifs ?

Les efforts de la CPI pour traduire en justice les dirigeants des grandes puissances occidentales, supposés capables, s’avèrent minimes, au regard de notre liste. Toutefois, si on prend le cas de la France, d’anciens présidents, à savoir Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, ont été entendus par la justice de leur pays d’origine sur leur responsabilité de gestion gouvernementale, lorsqu’ils étaient en exercice. La situation de sous-développement dont est plongée l’Afrique, depuis des décennies, trouve ses origines dans l’impunité et l’injustice sociale. Pour que l’Afrique devienne un continent émergent, il lui faut sans complaisance une justice pour tous qui n’épargne personne.

 

الكتابة ليست وظيفة جيدة . منعم رحمة ريشة سودانية بالمنفى

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الكتابة ليست وظيفة جيدة . منعم رحمة ريشة سودانية بالمنفى
???????????????????????????????اشعر بالحزن الشديد. كتابة الشعر ليست وظيفة جيدة لانها مصدر للالم وتذكرني بمعاناتنا . عبد المنعم رحمة شاعر وكاتب وناشط من مدينة الدامر بشمال السودان ولاية نهر النيل . يعيش بالمنفى بمدينة باريس منذ مايو 2015 . حاليا يسكن بيت الصحفيين . وصل الى لاهاي بعد اسبوع واحد من الهجوم على جريدة شارلي ايبدو 15 يناير 2015 لاستلام جائزة القلم الذهبي العالمية لحرية التعبير .تفجرت موهبتي في الشعر خلال دراستي بالمرحلة الثانوية . وحصلت على جائزة الشعر المحلية بالسودان.
درست التجارة لان عائلتي فقيرة ولا استطيع ان اكرس كل وقتي للفنون كما ارغب. منعم رحمة كان شغوفا بالصحافة في عام 1986 وبعد حصوله على الدبلوم والماجستير من كلية التجارة من جامعة القاهرة فرع الخرطوم استطاع الحصول على وظيفة محاسب بجريدة الاضواء ومنها بدا الكتابة قبل ان يصير صحافيا يحمل رخصة العمل الصحفي . ويتذكر انه في نفس الوقت كان ناشطا في المنتديات والفعاليات الثقافية والامسيات الشعرية التي تقف ضد فرض ثقافة احادية عربواسلاموية بالسودان وهو مشرع الجبهة الاسلامية القومية الاسلامية.
في نهاية يونيو 1989 قام انقلاب عسكري كان ورائه الجبهة الاسلامية القومية . بعدها تم حظر الاحزاب السياسية وكل منظمات المجتمع المدني والجمعيات الثقافية . وعلق اصدار الصحف العامة وتم منع كل الانشطة الثقافية وشهد هذا الزمن الذي كنت شاهدا عليه حملة واسعة من الاعتقالات وسط المفكرين والمثقفين والشعراء والكتاب وظهرت ظاهرة بيوت الاشباح. في عام 1991 وضع منزله تحت المراقبة فقرر المغادرة لاسمرا عن طريق مساعدة اصدقائه في جبهة تحرير ارتريا .
بعد ثلاث سنوات من المكوث بارتريا اكتشف ان النظام هناك صار ديكتاتوريا وبدا في نقده فاصبحت حياته في خطر باسمرا فقرر المغادرة الى اثيوبيا .
عمل باديس ابابا في مكتب الخليج للخدمات الصحفية وكان يكتب تحت اسم مستعار وذلك للوجود الكثيف لعملاء الامن السوداني باثيوبيا . وكان يكتب عن القمع والتطهير العرقي الذي يحدث في السودان
انضم للحركة الشعبية لتحرير السودان في العام 1997. لكنه رفض كل انواع التدريب والتجنيد العسكري وكان يصر على اعطاءه حريته ككاتب صحفي وشاعر .افي عام 2001 انتقل الى نيروبي للعمل في راديو سودان سيرفس المتخصص في مجال التعليم الممول من مؤسسات المجتمع المدني الامريكية التي تعمل في مجال التعليم. قدم استقالته من راديو سودان سيرفس وعاد الى الكرمك عام 2005 بعد التوقيع على اتفاقية السلام الشامل وعمل فيها مسئول اتصالات بالادارة المدنية بالجيش الشعبي . بعدها بعام انتقل لجوبا واسس منظمة سودان للثقافة والفنون .في 2009 اسس مجموعة السينمائيين السودانيين التي وجدت دعم من وزير الصحة واستطاعوا انتاج افلام قصيرة عن صحة الاطفال.
في 2010 شارك في ادارة الحملة الانتخابية لمرشح الحركة الشعبية لولاية النيل الازرق والتي فاز بها مالك عقار وعين بعدها مستشار اعلامي لحكومة الولاية . واسس مجلة الزرقاء الناطقة باسم حكومة الولاية كاول اصدارة من نوعها بالولاية.
تفجرت الاوضاع بعد انفصال الجنوب وحدثت احداث كثيرة دراماتيكية اعتقل بعدها منعم ونكل به وعذب تعذيبا شديدا كسرت ركبته وفقد عشرة من اسنانه وحوكم من قبل لجنة عسكرية واتهم بالتخطيط لانقلاب واقامة دولة علمانية تحارب الاسلام والعروبة وصدر حكم بالاعدام ضده واخرين بعد الضغط من من المنظمات المحلية والاقليمية وضع تحت الاقامة الجبرية بجزيرة توتي .استطاع الهروب لاثيوبيا عام 2013.
في باريس يكتب منعم رحمة يوميا عند غروب الشمس بغرفته بيت الصحفيين . وفي نفس الوقت يكتب روايته الثانية . ويحاول الاندماج في المجتمع الباريسي بالمشاركة في الحفلات وبرامج الراديو. يرى في الاجراءات الطويلة للجؤ بفرنسا انها مضيعة للوقت خصوصا وهو يأمل بان تنضم له عائلته وهو شي متعلق بالاجراءات اما يشعر به تجاه الشعب الفرنسي فهو يحب الشعب الفرنسي لانه يرحب بالاخرين وشعب ملئ بالانسانية .