Burundi, l’aide de l’ONU est indispensable

[Par Yvette MUREKASABE]

Des tueries sur la population de la capitale Bujumbura ont lieu de manière quotidienne. Les quartiers qui ont manifesté contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza sont dans le collimateur des forces de sécurité depuis huit mois.

Pierre Nkurunziza

Pierre Nkurunziza (source: voaafrique.com)

Cinq personnes dont un policier ont été tuées dans la nuit du 1 au 2 décembre, dans la zone de Cibitoke à Bujumbura. Pierre Nkurukiye, le porte-parole de la police Nationale, dit que trois  habitants du quartier de Mutakura ont été décapités, qu’ils auraient été exécutés ailleurs et jetés dans ce quartier. Quant au policier, il indique qu’il est tombé dans une embuscade à Mutakura et que des échanges de tirs ont eu lieu. Le sixième cadavre d’un jeune homme a été retrouvé à Cibitoke et les circonstances de sa mort reste inconnues.

A ce bilan s’ajoute le corps d’une jeune fille de la commune Musaga retrouvé dans la matinée du mercredi 2 décembre. Cette situation sécuritaire qui se dégrade inquiète de plus en plus la société civile Burundaise. La Ligue des droits de l’homme Iteka se dit indignée par ces crimes commis par le gouvernement de Pierre Nkurunziza : « L’état doit garantir la sécurité de tout citoyen burundais, il est regrettable de voir des gens qui avaient été arrêtés par les services de sécurité être retrouvés par la suite assassinés » .

opposants au régime prennent à parti miltaires

Des opposants au régime prennent à parti des militaires (source: lemonde.fr)

Les partis de l’opposition et la société civile Burundaise demandent à l’ONU d’envoyer dans les plus brefs délais les troupes onusiennes pour arrêter cette criminalité sans précèdent du régime de Pierre Nkurunziza. Ce cri d’alarme vient après que le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon ait proposé au conseil de sécurité de l’ONU le 30 novembre trois options pour sortir le Burundi de la crise: une mission de maintien de la paix sous mandat de l’ONU, une mission politique spéciale ou bien l’apport d’une équipe de soutien chargée de la promotion d’un dialogue politique entre le gouvernement et l’opposition.

Cependant, l’envoi de casques bleus n’a pas été une option privilégiée par le Secrétaire général de l’ONU. Dans sa correspondance, Ban Ki-moon recommande au Conseil d’adopter pour l’instant la troisième possibilité.

Paris, ouverture de la COP21

[Par Alareny BAH]

Au-delà  des menaces terroristes, le monde s’unit pour sauver la planète

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Illustration de la COP21 (source: lemontri.fr)

 

La 21ème Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques appelée “COP21” a ouvert ses portes ce 30 novembre 2015 au Bourget au nord de Paris. Pendant 11 jours, 150 chefs d’États et de gouvernements vont se pencher sur un accord mondial pour limiter le réchauffement climatique à une moyenne de 2°c.

Le Président français François Hollande a appelé ses pairs à agir maintenant, pour pouvoir mobiliser chaque année la somme de 100 milliards de dollars US d’ici 2020, afin d’aider les pays en développement à faire face aux dérèglements climatiques.

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Un militant écologiste (source: rtl.fr)

 

Les États-Unis, la Chine et l’Arabie Saoudite (les plus gros pollueurs de gaz à effet de serre dans le monde) décident aussi de prendre un tournant plus vert.

L’Afrique n’est pas en marge ; par exemple, la délégation guinéenne s’engage en effet à réduire sa consommation énergétique : à l’avenir, 30% de sa consommation seront issus des énergies nouvelles et renouvelables.

 

 

A l’UNESCO, les autochtones face au climat

[Par Mourad HAMMAMI]

Ils sont venus des quatre coins du monde : des Philippines, des Îles Fidji, du Népal, du Tibet, de l’Ouganda et de bien d’autres lieux éloignés de la planète pour se retrouver au siège de l’Unesco à Paris autour d’une conférence qui a pour thème ” Temps d’incertitude et résilience: Les peuples autochtones face aux changements climatiques”.

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©Mourad HAMMAMI

 

Le célèbre réalisateur Nicolas Hulot a aussi participé à cette conférence. Dans sa prise de parole, ce dernier a insisté sur la priorité à agir pour sauver la planète de changements climatiques inquiétants, particulièrement pour les populations autochtones isolées et impuissantes.

Cette conférence a été inaugurée par Flavia Schlegel, sous-directrice générale pour le secteur des sciences naturelle à l’UNESCO, par Ségolène Royal, ministre française de l’écologie, du développement durable et de l’énergie, par Cacique Raoni Metuktire, l’un des grands chefs du peuple Kayapo – qui vit dans une réserve protégée de l’un des Etats amazoniens de la partie occidentale du Brésil, appelé Mato Groso – et par Victoria Tauli-Corpuz, rapporteur spécial des Nations Unies pour les droits des peuples autochtones.

La deuxième conférence, sous forme de table ronde, a été animée par le Français Nicolas Hulot, envoyé spécial pour la protection de la planète, par Hindou Oumarou, femme autochtone de la communauté pastorale Mbororo du Tchad, coordinatrice de l’Association des Femmes des Peuples Autochtones du Tchad (AFPAT), et par Diego Pacheco, vice-ministre bolivien de la planification  et de la coordination au Ministère de la planification et du développement.

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©Mourad HAMMAMI

 

« En France, le slogan est «Egalité et fraternité », à présent il est temps de lancer ce slogan qui aura pour appellation : Développement et diversité » a déclaré Nicolas Hulot.

Plusieurs exposés ont été assurés par les intervenants, tous faisant un constat sous forme de réquisitoire exposant la lutte pour la survie auxquels font face ces peuples autochtones face aux changements climatiques.

« Aidez-nous à survivre ! Lance un intervenant des îles Fidji. Aidez nous à continuer à naviguer dans nos canoës sans utiliser des moyens de consommation basés sur des combustibles fossiles ».

A un autre des Iles Philippines de lancer « Il faut que la voix des peuples autochtones soit prise en compte à l’avenir. Toute loi que l’on passera doit protéger les populations autochtones et protéger aussi notre diversité culturelle, ainsi que notre diversité alimentaire ».

A une représentante du Népal de finalement rajouter « Nous ne sommes pas responsables de cette situation, les responsables sont les sociétés de consommation, avec leurs multinationales qui menacent notre existence ».

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©Mourad HAMMAMI

 

Guinée, un témoin contre le fils du président Obiang

[Par René DASSIE]

Ex-associé de Teodorin Obiang dans une entreprise de construction, Roberto Berardi a été emprisonné et torturé en Guinée Équatoriale. Officiellement pour « malversations », mais selon lui,  parce qu’il envisageait de témoigner contre Teodorin Obiang,  poursuivi aux États-Unis dans l’affaire des biens mal-acquis. Libéré à la faveur d’une mobilisation internationale, il raconte son calvaire et explique les méthodes de détournement et de blanchiment d’argent utilisées par le clan Obiang au pouvoir en Guinée Équatoriale.

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Teodorin Obiang (source: lemonde.fr)

 

C’est un rescapé de l’enfer carcéral équato-guinéen. Plusieurs mois après sa libération, Roberto Berardi, homme d’affaires italien, ancien proche de Teodorin Obiang le fils du président équato-guinéen, tente de se reconstruire.

Cet homme de 49 ans, au visage émacié et à l’allure soignée, ne veut pas passer l’éponge sur les  violences qu’il a subies à la prison de Bata où il a été détenu pendant 920 jours, dans des conditions particulièrement difficiles. Il veut faire savoir au monde comment le régime Obiang traite ses prisonniers dont près d’une dizaine seront décédés pendant sa propre détention. Son témoignage est d’autant plus important que le pouvoir équato-guinéen a toujours nié torturer ou assassiner des prisonniers, comme le soutiennent de nombreuses organisations de défense des droits de l’homme.

Son témoignage vaut autant dans la sordide affaire des biens mal-acquis qui vise la famille présidentielle de la Guinée Équatoriale. Car si l’on savait que Teodorin, fils fantasque et flambeur du président Obiang Nguema brassait anormalement beaucoup d’argent qu’il planquait dans des paradis fiscaux ou blanchissait dans des propriétés immobilières en occident, ses méthodes de collecte des fonds n’étaient pas toujours clairement cernées. Roberto Berardi raconte que les entrepreneurs étrangers que la manne pétrolière attire à Malabo et ses environs sont systématiquement rackettés et servent de prête-noms, parfois à leur insu à Teodorin Obiang, pour faire sortir l’argent du pays.

Ce sont ces atouts qui ont fait de l’entrepreneur italien un allié précieux pour l’opposition équato-guinéenne en Exil, qui depuis plusieurs années tente d’alerter l’opinion internationale sur les dérives du régime de Malabo. Roberto Berardi participe désormais à leurs manifestations publiques, pour cautionner leurs accusations par son propre témoignage.

Lundi 12 octobre, il a ainsi pris part à la conférence de presse organisée à Paris par les dirigeants de la Coalition pour la restauration d’un État démocratique en Guinée Équatoriale (CORED), la principale organisation d’opposition équato-guinéenne en exil.

Victime collatérale de l’affaire dite des biens mal-acquis

Roberto Berardi tel qu’il s’est présenté à Paris, estime être une victime collatérale du volet américain de l’affaire des biens mal-acquis qui ont visé Teodorin Obiang, en France et aux États-Unis.

Pendant plusieurs années, il a été l’associé du Vice-président de la Guinée Equatoriale, dans une entreprise de BTP, dénommée Eloba Construction SA.

Leur partenariat est définitivement rompu le 15 janvier 2013, lorsqu’il est interpellé par les forces de sécurité. Officiellement on l’accuse de « fraude » et  de « vol de biens », en lien avec la gestion d’Eloba Construction SA.

Mais selon lui, il n’a jamais commis ces infractions. Il explique qu’il doit en réalité ses ennuis à son refus de couvrir Teodorin Obiang, poursuivi aux États-Unis pour détournement et blanchiment de fonds. A son insu, celui-ci aurait fabriqué plusieurs faux papiers à la fois au nom d’Eloba Construction et en son nom personnel, pour transférer d’importantes sommes d’argent vers les États-Unis. Ses achats compulsifs de biens luxueux, ses dépenses somptuaires finissent par attirer l’attention des autorités financières américaines.

Selon Roberto Berardi, les enquêtes américaines le visent tout autant que Teodorin Obiang, puisque son nom apparaît dans plusieurs acquisitions. Mais soutient-il, il réussira à prouver la fraude sur son identité, passant du statut de coaccusé à celui de témoin.

C’est dans ce contexte expliquera son avocat, que Teodorin Obiang le fait arrêter, pour l’empêcher de témoigner contre lui devant la justice américaine.

En prison, Roberto Berardi est régulièrement torturé. Selon l’Action catholique contre la torture et la peine de mort (ACAT), une ONG qui l’a soutenu pendant sa détention, Roberto Berardi subit de nombreuses sévices en prison. « Il a été frappé et torturé d’abord au commissariat de Bata, puis à la prison de Bata. En janvier 2014, il a été maintenu à terre par des gardiens et flagellé. Roberto Berardi est régulièrement enfermé à l’isolement pendant de longues périodes», peut-on lire sur le site de l’organisation.

Dans ces conditions, son état de santé se dégrade rapidement. Lors d’un déplacement à Bruxelles en avril 2014, le président Teodoro Obiang Nguema est interpellé sur son cas. Il promet qu’il le gracierait pour « raison humanitaire ». Ce qu’il ne fera pas. Quatre mois plus tard, Roberto Berardi est condamné à deux ans et quatre mois de prison, à la suite d’un procès expéditif.

Lorsqu’il est libéré le 9 juillet dernier, il a déjà totalement purgé sa peine et a passé près de deux mois supplémentaires en prison.

Dans cette interview réalisée le 12 octobre à Paris, il revient sur son affaire et explique comment Teodorin Obiang organise le pillage des ressources de la Guinée-Equatoriale.

COP21: les exigences de l’Afrique

[Par Jean-Jules LEMA LANDU]

Le «  drame climatique  » a finalement eu raison de l’esprit mercantile. Pays industrialisés aussi bien que ceux en développement ont accepté, après plusieurs sommets infructueux, la rencontre de Paris (COP21) comme clef de voûte. Il était impératif de peaufiner un dernier protocole, contraignant, acceptable par tous et propre à conjurer le mal. Moins sévère à l’égard de l’Afrique. 

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La COP21, Paris 2015 (source: journaluniversitaire.com)

 

Le mal, c’est la pollution de l’atmosphère, par les émissions de gaz à effet de serre, principalement du dioxyde de carbone (CO2). Avec pour conséquence le « réchauffement climatique », source de perturbations dangereuses du système climatique : cyclones, inondations, sécheresses, vagues de chaleur, etc. Or, jusqu’il y a peu, la pollution de l’atmosphère, à grande échelle, restait le fait des pays industrialisés, situés tous au Nord, auxquels il faut ajouter, aujourd’hui, la Chine.

Selon les statistiques, à eux seuls les Etats-Unis et la Chine représentent 40 % des émissions du CO2, suivis par l’Union européenne qui affiche 11 %. L’autre moitié est à attribuer au reste du monde dans laquelle le continent africain serait classé en ordre utile. Faute de statistiques précises, en Afrique, le laboratoire d’aérologie du CNRS de Toulouse « évalue » ce taux entre 5 % et 20 %, soulignant que ce ratio serait le fait de l’« émission anthropique », c’est-à-dire provenant des activités d’origine humaine.

Quoi qu’il en soit, comment impliquer avec équité ce continent pauvre dans une telle problématique, où le maître mot a été et sera, à Paris : « restriction » ? Quand on sait que le fonctionnement des industries, globalement, est encore tributaire de l’énergie sur la base du charbon, l’agent polluant par excellence. A ce titre, l’Afrique du Sud et la Chine, les deux géants africain et oriental, constituent un bon exemple, car l’une dépend de cette énergie à 90 % et l’autre à 70 %.

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Les gaz polluants des usines (source: maxisciences.com)

 

Dès le protocole de Kyoto, au Japon, en 1990, qui est l’amorce de la recherche de solutions pour éviter l’asphyxie de la terre, les pays africains ont exprimé cette préoccupation. Elle se traduit en termes de transferts financiers et technologiques, qualifiés de « fonds vert », qui leur permettront de traverser « en douceur » la transition énergétique. Jusqu’à la phase de la prospérité des énergies renouvelables. Avis largement partagé par l’ensemble des pays du Sud, y compris les économies émergentes.

Telle est donc l’exigence de ce bloc, en contrepartie de son engagement à réduire ses émissions du CO2.

La réponse des pays riches a été enregistrée au sommet de Copenhague, en 2010. Ils ont proposé un paquet de 100 milliards d’euros, par an, dès 2012, sur huit ans jusqu’en 2020. Le principe a-t-il été accepté par les Sudistes ? La réponse y étant un brin à la normande, laisse percevoir que ce litige n’est pas encore soldé.

C’est une des questions fondamentales auxquelles la COP21 de Paris devra apporter des réponses. D’autant que les pays pauvres, au sommet climatique de Durban, en Afrique du Sud, en 2011, ont lié le « problème du climat à la lutte contre la pauvreté ».

 

Electrification : Sunna Design et Lendosphère veulent électrifier 600 millions d’africains

[Par Emile Zola NDE TCHOUSSI]

Ces deux entreprises françaises lancent une opération de levée de fonds pour financer ce projet ambitieux de lampadaire solaire. L’annonce a été faite lors d’un petit-déjeuner de presse tenu vendredi 20 novembre à Paris.

_FLO2492_rPendant 90 minutes d’entretien avec la presse Thomas Samuel, le directeur général de Sunna design, s’est montré très convaincant et sûr de la réussite son projet. Il est parti d’un constat : « Aujourd’hui 600 millions [sur une population estimée à un milliard, Ndlr] de personnes vivent en Afrique sans accès à l’électricité. Pour permettre leur développement, leur accès à l’éducation, à la croissance économique et lutter contre l’exode rural, il est essentiel de leur procurer mieux qu’une lampe à kérosène. Le coût financier et écologique que représenterait leur raccordement au réseau électrique classique ne rend pas cette perspective possible ».

Pour remédier à cette situation, « une solution révolutionnaire » est donc proposée par deux entreprises, Sunna Design, installée près de Bordeaux et Lendophère, basée à Paris. La première citée amène la technologie innovante et la fabrication « Made in France », la deuxième apporte une solution de financement participatif, grâce à son expertise dans ce secteur d’activité : le crowdlending. Faut-il le rappeler, ces deux entreprises appartiennent au réseau Up Afrique, un groupement de 10 jeunes sociétés françaises persuadées que l’économie verte et les star-up (entreprises à fort potentiel de croissance et qui fait la plupart du temps l’objet de levées de fonds) peuvent dynamiser les liens humains et économiques entre la France et l’Afrique.

Le Nanogrid

_FLO3213_01Dans les faits, la solution proposée est un mini réseau électrique qui alimente quatre foyers à partir d’un lampadaire solaire. Complètement écologique et autonome, le Nanogrid (une box intelligente pour à la fois vous donner de la lumière et recharger votre iPhone) peut s’installer partout en quelques minutes. « Mieux, le Nanogrid est très fiable. Il ne demande qu’à être dépoussiéré, car il faut dix ans d’utilisation avant d’assurer sa maintenance ». Thomas Samuel explique également que les foyers qui y sont connectés bénéficient ensuite d’un service essentiel d’accès à l’énergie, pour éclairer l’intérieur des maisons et recharger de petits équipements électroniques comme les téléphones mobiles ou les radios. Les personnes intéressées par ce type de lampadaire solaire prépayent le service grâce à leur réseau téléphone mobile, « une utilisation très répandue en Afrique ».

De l’avis des promoteurs, ils ont, lors business plan, tenu compte du pouvoir d’achat des africains : « Il faut 100 000 euros (environ 65 500 000 Fcfa) pour équiper 500 foyers. Le coût d’installation des box par foyer s’élève à 200 euros (environ 130 000 Fcfa). Mais chaque foyer ne pourra débourser que 20 centimes d’euros (130 F Cfa) par jour, soit environ 4000 F cfa par mois. Mieux, ils auront trois ans pour payer ». Avec cette formule, les lampadaires solaires « Sunna Design » sont largement à la portée des familles africaines, même les plus modestes.

Frais de fabrication

IMG_0945A travers les images projetées lors du point de presse, l’on a pu se rendre compte que certains villages de la région de la Casamance au Sénégal sont déjà sortis de l’obscurité,avec ces lampadaires solaires modèles Sunna Design. Au Bénin, grâce à l’entreprise partenaire, Ecolabs, de Charles Agueh, les études pour l’implantation de cet ambitieux projet sont en phase de finalisation. En Afrique de l’Est et Centrale, et notamment au Cameroun, nos partenaires sont encore en phase de sensibilisation : « Il faut que les populations africaines démunies, en manque d’électricité, comprennent bien ce concept. Une fois qu’ils se seront connectés à notre réseau, ces populations comprendront qu’il est moins coûteux et écologiquement plus viable », précise un autre intervenant.

Pour satisfaire ces besoins, il ne manque donc que l’avance des frais de fabrication des lampadaires dans l’usine girondine. Pour y parvenir, Sunna Design compte sur un nouvel outil de financement d’avenir : le crowdlending. Au lieu de faire des dons, les particuliers prêtent à Sunna Design l’argent nécessaire à la fabrication des équipements, via le site www.lendosphère.com. Cet investissement leur est ensuite remboursé par Sunna Design, avec un taux d’intérêt annuel de 6% brut.

A l’image de Jean-Louis Borloo dont la Fondation Energies pour l’Afrique veut électrifier l’Afrique en 10 ans, le brillant Thomas Samuel a aussi rappelé que l’électrification de l’Afrique est aussi pour la France un nouveau marché en perspective. Un discours de mobilisation que ce jeune chef d’entreprise et ses principaux collaborateurs continueront à faire passer pendant la Conférence de Paris sur le climat du 30 novembre au 11 décembre 2015.

 

 

Burundi, l’envoi d’une force d’interposition est plus qu’urgent

[Par Yvette MUREKASABE]

Suite aux attaques et assassinats dans la capitale du Burundi, Bujumbura, mais aussi ailleurs, le porte-parole du chef de l’opposition Agathon Rwasa, Aimé Magera, estime que l’envoi d’une force d’interposition est plus qu’urgent.

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Aimé Magera (source: iwacu-burundi.org)

 

La nouvelle spirale de la violence au Burundi inquiète Agathon Rwasa et son camp. Dans une déclaration sortie ce 15 novembre, Aimé Magera, son porte-parole, condamne le recours à la violence pour résoudre une crise fondamentalement politique.

Depuis peu, observe-t-il, la crise politico-sécuritaire qui sévit dans le pays prend une tournure de plus en plus dramatique. Outre des corps sans vie qu’on retrouve un peu partout, raconte M. Magera, des attaques et contre-attaques meurtrières pourtant jamais revendiquées sont signalées. Leurs cibles et les victimes civiles, indique-t-il, se comptent déjà par centaines, surtout à Bujumbura.

Pour lui, le modus operandi des acteurs rappelle tristement les dix ans des exécutions extrajudiciaires orchestrées contre des militants du FNL, fidèles à Agathon Rwasa. A la seule différence que celles-ci tendent désormais à s’étendre sur tout le territoire et sans exclusion.

Aimé Magera regrette qu’aucune explication convaincante de la part des Autorités ne soit jusque-là donnée alors que des cadavres jonchent les rivières, les lacs et les rues de la capitale.

Il apparait donc, selon M. Magera, que le gouvernement n’est plus capable d’assurer la sécurité de ses citoyens et celle des ressortissants étrangers. « Demain », lâche-t-il, « ce sera trop tard », compte tenu des répressions musclées et aveugles de l’armée et de la police dans la capitale burundaise.

Le porte-parole de M. Rwasa n’y va pas par quatre chemins : « On ne le dira donc jamais assez, le troisième mandat maudit, illégal et inconstitutionnel de M. Nkurunziza est le seul nœud de la crise burundaise et de la nouvelle spirale de la violence. »

Aimé Magera dément les accusations selon lesquelles M. Rwasa se serait rallié à la cause du régime Nkurunziza et les magouilles du Cndd-Fdd : « Ceux qui le disent étaient curieusement associés au pouvoir dans la chasse aux FNL, il n’y a pas longtemps. Jamais, Agathon Rwasa ne transigera au respect de la parole donnée, encore moins à la Constitution du pays et à l’Accord d’Arusha. »

M. Magera estime que plus de trente-cinq ans de lutte dont vingt-neuf de lutte armée pour un Etat de droit suffisent pour bien comprendre que le FNL ne peut jamais cautionner un coup de force : « Nous sommes toujours prêt à combattre politiquement toute dictature quels que soient sa couleur ou ses mobiles. » Et de signaler que son camp est au courant d’un plan peaufiné en vue d’éliminer physiquement le leader historique des FNL : « Le pouvoir doit mesurer toutes les conséquences nationales qu’un tel acte pourrait produire au cas où il est consommé. »

Contre un nationalisme « viscéral » et « hypocrite »

Selon Aimé Magera, aucun Etat, aucune personnalité étrangère, personne donc, n’a incité Pierre Nkurunziza à violer la Constitution et les Accords d’Arusha, seulement son propre entourage. Ainsi, il juge ridicules et honteuses toutes les accusations virulentes que le Pouvoir formule à l’endroit du gouvernement belge, des personnalités d’une grande renommée internationale comme l’Eurodéputé Louis Michel, Samantha Power, l’ambassadeur des Etats-Unis auprès des Nations Unies, et d’autres.

Il se demande si c’est aujourd’hui, pendant ces dix ans de pouvoir, que le pouvoir du Cndd-Fdd se rend compte que la Belgique l’a colonisé : « Il n’a qu’à assumer pleinement la responsabilité des massacres à caractère politique et l’échec de sa gouvernance catastrophique depuis dix ans. »

En revanche, il se dit satisfait des mesures déjà prises par la communauté internationale, à travers des résolutions fermes du Conseil de sécurité des Nations Unies en vue d’aider les Burundais à sortir de cette crise qui n’a fait que trop durer : « Notre satisfaction est d’autant plus grande que ces résolutions rencontrent l’assentiment de l’Union Africaine. »

Autre satisfaction, continue-t-il, c’est la toute dernière décision du Conseil de sécurité des Nations Unies, issue d’un projet de résolution soumis par la France et qui demande à M. Nkurunziza d’accepter les pourparlers de paix entre tous les protagonistes à l’extérieur du pays : « Cette requête devrait siffler la fin de la récréation. C’est un signal fort, celui selon quoi le monde entier refuse de soutenir son gouvernement autoproclamé. »

C’est pourquoi, analyse-t-il, Pierre Nkurunziza doit accepter que le dialogue soit la seule et unique voie salutaire afin de mettre en place des institutions consensuelles à l’issue desquelles des élections inclusives doivent être organisées.

M. Magera appelle à la cessation des discours de haine ethnique ouvertement entretenus par certains hauts responsables, proches et fidèles au régime de Bujumbura.

Le camp Rwasa se dit disposé à apporter sa part à l’organisation, à l’agenda, au contenu, au déroulement et au suivi-évaluation de tout le processus de dialogue interburundais piloté par la médiation internationale.
Toutefois, dans l’attente d’une médiation fiable, à même de rassurer tous les protagonistes du conflit, le porte-parole d’Agathon Rwasa recommande le déploiement d’une force internationale d’interposition pour éviter que le pire ne se produise.

La réouverture immédiate, inconditionnelle de l’espace politique et de tous les médias indépendants, gages d’une vraie démocratie et d’une démocratie épanouie, conclut Aimé Magera, s’impose.