Guinée Equatoriale : L’opposition doute de la sincérité du Pouvoir

[Par René DASSIE’]

L’opposition équatoguinéene en exil ne croit pas à l’offre de dialogue du président Obiang Nguema et exige son départ du pouvoir. Telle est la position émise à Paris la semaine dernière par les dirigeants de la Cored.

Théodore Obiang Nngéma

Le Président Obiang Nngéma

La Cored est une coalition des partis politiques d’opposition équatoguinéens dont la plupart des responsables vit en exil et du Parti du Progrès équatoguinéen (PP). Lors d’une conférence de presse jeudi 23 novembre, ceux-ci ont émis de nombreuses conditions pour discuter avec Malabo.
La veille, le président Obiang Nguema, au pouvoir depuis 35 ans avait publié un décret amnistiant tous les opposants politiques en prison ou qui attendent l’issue de leurs procès. Dans la foulée, il avait promis d’organiser mi-novembre un dialogue de réconciliation national. S’adressant aux opposants en exil, il s’était proposé de financer leurs billets d’avion pour qu’ils rentrent au pays participer aux assises nationales.
Une stratégie de neutralisation
Cependant, les dirigeants de la Cored ne croient pas en sa sincérité. Selon eux, il s’agirait d’une nouvelle stratégie mise au point par Malabo pour neutraliser l’opposition. « M. Obiang Guema a toujours usé de multiples stratégies pour détruire l’opposition. C’est cela qui lui a permis de rester aussi longtemps au pouvoir » déclarent les opposants. « Il a aussi essayé de torpiller la Cored, mais au contraire, ses tentatives n’ont fait que renforcer notre détermination à lutter contre son régime », explique Emely Nchama, Secrétaire générale de la Cored.

Des observateurs internationaux bienvenus
Les dirigeants de la Cored dénoncent la gestion patrimoniale de la Guinée Equatoriale devenue riche grâce à l’argent du pétrole par le clan Obiang. Ils veulent bien participer à un dialogue national, à condition que plusieurs conditions soient respectées. En premier lieu, des garanties quant à la sécurité des participants. Pour cela, ils exigent la présence d’observateurs internationaux indépendants et crédibles et la caution de quelques chefs d’Etats africains.
Ils proposent plusieurs noms : les anciens présidents Jerry John Rawlings (Ghana), George W. Bush (Etats-Unis), les anciens premiers ministres José Maria Aznar (Espagne), Tony Blair (Royaume-Uni) ainsi que Ban Ki Moon (ancien Secrétaire général des Nations Unies) et l’archevêque Desmond Tutu (Afrique du Sud), etc.
Les opposants réclament, ensuite, l’acceptation d’une feuille de route de départ pacifique du président Obiang, qui débouchera sur des élections transparentes. Selon Salomon Abeso Ndong coordonnateur de la Cored, M. Obiang pourrait dans ces conditions partir libre à la retraite, et vivre dans son pays. La Cored souhaite enfin le report du dialogue prévu mi-novembre par Malabo, le temps d’organiser sa tenue dans des conditions satisfaisantes pour tous. Ces exigences ont été consignées dans un document intitulé « Condition de Paris », qui sera transmis au pouvoir équatoguinéen.

 

Zambie : 50 ans d’indépendance

[Par John CHITAMBO LOBE]

En 2014, quelque 17 pays africains célèbrent le 50ème anniversaire de leur indépendance. C’est notamment le cas de la République de Zambie qui fête l’événement en ce 24 octobre… mais en l’absence du Président de la République.

Un vent de fête souffle sur le pays. Des artistes locaux et internationaux sont mis à contribution pour l’occasion… mais ce jubilé est célébré sans le chef de l’Etat. Il a quitté l’aéroport international de Kenneth Kaunda il y a quelques jours pour Londres où il doit remédier à un problème de santé.
Les pays qui ont confirmé leur participation sont l’Allemagne, la Tanzanie, le Botswana, la République démocratique du Congo, l’Afrique du Sud, Egypte, Malawi, Nigeria, Etats-Unis d’Amérique, la France, le Mozambique, le Zimbabwe Ethiopie, l’Ouganda, le Rwanda, les Seychelles et le Canada. Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon et le Premier Ministre britannique David Cameron seront parmi les 26 personnalités attendues.

Une main de fer

Kenneth Kaunda

Kenneth Kaunda

Après avoir été sous protectorat Britannique puis membre de la Fédération de la Rhodésie et du Nyassaland, la Zambie, un État d’Afrique Australe connu auparavant sous le nom de Rhodésie du Nord, proclame son indépendance le 24 octobre 1964.

Le premier président de la République de Zambie restera en place jusqu’en 1991, laissant l’idéologie de Gandhi derrière lui pour mener ce pays de 70 ethnies d’une main de fer, en imposant un régime marxiste. Comme de nombreux pères des indépendances, Kaunda a radicalement changé ses méthodes une fois sur le trône.

Une longue histoire
L’histoire de la Zambie, de l’ère préhistorique à l’ère médiévale, demeure encore assez mystérieuse. Si les recherches archéologiques contribuent à en faire l’un des berceaux de l’Humanité, elles ont pu également attester de l’existence de royaumes relativement récents, des faits avérés et datés ne remontant qu’aux années 1820.
La Zambie, telle que nous la connaissons aujourd’hui est donc un pays d’Afrique Australe, sans accès à la mer. Issue de la Rhodésie du Nord britannique (Zimbabwe), elle fait partie intégrante du Commonwealth. Sa population est estimée à treize millions d’habitants.

République démocratique, sa capitale est Lusaka.

David Livingstone "découvre" les chutes Victoria (James E. McConnell, 1968)

David Livingstone “découvre” les chutes Victoria (James E. McConnell, 1968)

La Zambie est riche en témoignages préhistoriques tels que le crâne de l’homo rhodesiensis qui aurait entre 100 000 et 300 000 ans. Il a été découvert en 1921 à Broken Hill, dans une mine de zinc de la ville de Kabwe, par le Suisse Tom Zwiglaar.
Entre 1838 et 1864, un protectorat temporaire des Kololo est érigé sur les Lozi apparentés aux Sothos du royaume du Lesotho en Afrique du Sud. Initiée au Barotseland, la tutelle britannique, d’abord par l’intermédiaire de la BASC puis en 1924 sous le système du protectorat, s’étend à l’ensemble de la Zambie en lui fixant ses frontières actuelles, sous le nom de Zambézie du Nord puis Rhodésie du Nord.
En 1890, Lewanika, le roi des Lozis, place le haut-Zambèze sous la protection de la British South African Company (BSAC) de Cecil Rhodes. En 1891, le territoire, brièvement appelé Zambézie du nord, est administré par la British South African Company (BSAC) de Cecil Rhodes qui élimine la traite des esclaves. Les Bembas s’opposent brièvement à la BSAC.
A noter, au passage, un événement marquant dans cette période : le voyage du grand explorateur écossais David Livingstone en 1851 où il rencontrait le chef Sebetwane. Quatre ans plus tard, Livingstone découvrait les chutes d’eaux qu’il appela: ” Chutes Victoria” aujourd’hui « Motsi ao Tunia ». Ce fut aussi dans cette contrée qu’il mourut en 1873 dans le village Chitambo du chef Chitambo dans la province centrale.

La domination des Lozi
Parallèlement, dans les années 1870, l’État le plus important de la région du Haut-Zambèze était le royaume du Barotseland, dirigé par les Lozi. Ce royaume avait sans doute été fondé au 18 ème siècle. Les Lozi avaient subi dans les années 1830 l’invasion d’un clan basotho (Tswanas), les Makololo, qui, sous la direction de Sebetwane, avaient fui les régiments de Shaka Zulu de l’Afrique du Sud. Ce clan était devenu l’aristocratie du Barotseland, et Sebitwane son nouveau “Litunga” (roi).
Les frontières du nouveau territoire n’étaient pas fixées et ne se distinguaient guère du territoire du Katanga dont les mines avaient été découvertes par des sujets britanniques. Rhodes (voir plus loin) espérait annexer le Katanga à la Zambézie du Nord mais ce fut un échec. Néanmoins, la ceinture de cuivre toute proche se révélait prometteuse. Durant plusieurs siècles le pays voit le développement de diverses activités, de la culture du coton puis l’extraction de cuivre.

Les premiers habitants

Les Bushmens (source : culturesofafrica.pbworks.com)

Les Bushmens (source : culturesofafrica.pbworks.com)

Ceci étant dit, il faut savoir que les plus anciens ossements humains retrouvés sur le territoire de la future Zambie furent ceux de celui que l’on appelle Homo Rhodesiensis, qui aurait vécu il y a plus de 150 000 ans .Des outils vieux de 200 000 ans ont également été retrouvés près des chutes Victoria.
Les premiers habitants connus de la région étaient les Bushmens, des chasseur-cueilleurs nomades. Les bushmen demeurèrent seuls habitants jusqu’au 20 ème siècle, époque de l’invasion des bantous venant du nord de l’Afrique de l’Ouest. Les bantous maîtrisaient une certaine technologie. Ils étaient agriculteurs, avaient des ustensiles et des armes en fer, en cuivre et faisaient de la poterie. Ils étaient principalement sédentaires et seule la nécessité de survivre les avait contraints à émigrer. La plupart des bushmen ne purent cohabiter avec ces bantous et beaucoup d’entre eux émigrèrent à leur tour, vers l’Afrique du sud où ils peuplèrent notamment le Sud-Ouest africain.

Un territoire fragmenté
Entre le 17 ème et le 19 ème siècle, des royaumes furent fondés, fragmentant le territoire en plusieurs États. On pouvait en discerner au moins cinq :les Kazembe-Lunda au nord près de la rivière Luapula, les Bemba au nord-est, les Chewas dans l’est, les Lozi dans l’ouest en amont du fleuve Zambèze, les Tonga au sud près du Zambèze.

Cecil Rhodes

Cecil Rhodes

En 1891, cette nouvelle conquête territoriale de la British South Africa Company ( BSAC), alors communément appelée Zambézie du nord, était en fait divisée administrativement en deux entités distinctes qui allaient s’appeler, à partir de 1895, Rhodésie du nord-ouest et Rhodésie du nord-est, en hommage à Cecil Rhodes. Ce dernier rêvait alors de construire une transcontinentale allant du Cap au Caire en passant par les territoires rhodésiens. En 1905, la capitale du territoire de Rhodésie du nord est fixée à Livingstone à la place de Victoria Falls toute proche mais située en Rhodésie du Sud. Livingstone fut alors vite reliée par un chemin de fer au Congo belge dans le Katanga. Cependant, la British South Africa Company (BSAC) limitera l’exploitation des mines, préférant utiliser la main-d’œuvre indigène pour le développement de la Rhodésie du Sud.

Le rôle des missionnaires
Durant cette période, des missionnaires anglicans et salesiens de Don Bosco s’installèrent dans les diverses régions du territoire y ouvrant des églises, des hôpitaux et des écoles, évangélisant les populations locales en employant dans l’enseignement les langues locales. Contrairement aux Européens et aux asiatiques, les bantous n’avaient pas d’école, le savoir se transmettant de père en fils, ceux-ci associèrent d’abord les écoles et l’écriture à la sorcellerie.
En 1916, la British South Africa Company tenta d’unifier administrativement les deux territoires Rhodésiens. Elle dut renoncer face à l’opposition des colons de Rhodésie du Sud, nettement plus nombreux qu’en Rhodésie du Nord. Ces colons craignaient notamment que la pratique autorisant l’emploi d’africains dans l’administration publique, autorisé en Rhodésie du Nord, ne soit ensuite étendue à la Rhodésie du Sud où ces emplois étaient jusque-là réservés aux seuls blancs.

Le territoire devient un protectorat
Le 1er avril 1924, la Rhodésie du nord devint un protectorat au sein de l’Empire colonial britannique. Son système institutionnel se différenciait ainsi de celui décentralisé de la Rhodésie du Sud où un gouvernement colonial local avait été instauré.
En 1928, quatre langues principales locales (cibemba, cinyanja, citonga et silozi) furent choisies pour être employées dans les écoles publiques en tant que langues d’enseignement durant les quatre premières années du primaire. En 1930, les cours d’anglais furent offerts dans les écoles zambiennes, à titre de langue de communication nationale.

Le poids du cuivre et la question raciale
En 1931, on commença à exploiter ce qui se révéla le deuxième gisement de cuivre du monde, hors Union Soviétique. Le cuivre allait dominer toute la vie économique de la Rhodésie du nord et participait à sa prospérité. Le minerai se révélait essentiel pour le développement de l’industrie automobile et l’armement. L’exploitation de la ceinture de cuivre allait cependant développer et renforcer la ségrégation raciale. Les mines employaient alors 37 000 africains et 6 000 européens. Chaque groupe racial était organisé dans un syndicat, celui des blancs refusant d’intégrer celui des noirs. Les mineurs blancs avaient alors le niveau de vie de cette catégorie socio-professionnelle la plus élevée au monde et d’excellentes conditions de vie. Les compagnies avaient en fait utilisé les grands moyens pour faire venir en Rhodésie du Nord alors surnommé péjorativement le “Johannesburg du Nord-Noir” une main-d’œuvre qualifiée. Celle-ci fut essentiellement sud-africaine. Par ailleurs, seulement 20 % des bénéfices résultant de l’exploitation des mines étaient effectivement reversés pour les besoins propres de la Rhodésie du Nord.
En 1940, le syndicat des mineurs blancs obligeait les compagnies à inscrire dans leur contrat de travail une clause garantissant la discrimination raciale sur le lieu de travail.
En 1946, on compte moins de 50 000 blancs en Rhodésie du Nord. La moitié de cette communauté blanche est constituée de Sud-Africains. Chez les africains, la tribu des Barotsés vivait sous un système spécifique de monarchie constitutionnelle en vertu d’un ancien accord contracté avec la Reine Victoria d’Angleterre. Le roi Mwanawina III, fils de Lewanika, continuait ainsi de régner dans le Barotseland, sur la plus importante tribu de Rhodésie du Nord.
Le Mouvement Nationaliste s’était développé dans les mines de cuivre et avait gagné tout le territoire notamment à cause de l’instauration de la fédération de Rhodésie et du Nyasaland. Celle-ci suscitait une vive opposition de la part de la population autochtone du protectorat, laquelle craignait en effet de voir s’étendre, sur le territoire nord-rhodésien, le régime de ségrégation raciale en vigueur en Rhodésie du Sud. Elle estimait également que la fédération n’était simplement qu’un moyen pour les blancs de maintenir et d’étendre leur suprématie en Afrique australe et que leur marche vers l’indépendance politique ne soit compromise. Nkumbula organisa alors des marches pacifiques et des boycotts contre la fédération et contre la ségrégation, en prenant pour modèle la résistance passive du Mahatma Gandhi.
La raison d’être première de la fédération était pourtant de faire contrepoids à l’Union d’Afrique du Sud dont le Gouvernement était dirigé par des nationalistes afrikaners. L’État multiracial envisagé par le gouvernement britannique devait aussi permettre de sauvegarder les intérêts de l’Empire colonial britannique. Les blancs de Rhodésie du Nord furent les plus enthousiastes à l’idée de cette fédération car ils craignaient que le protectorat ne soit abandonné par la Couronne et que le Colonial Office ne leur impose l’autonomie puis l’indépendance sur le modèle de l’évolution politique du Ghana. Les Rhodésiens du Sud y voyaient, eux, surtout un moyen d’assainir leur économie déficitaire.

Naissance du Parti de l’Indépendance

Harry Nkumbula (source : zambian.com)

Harry Nkumbula (source : zambian.com)

En 1959, Harry Nkumbula ayant décidé finalement de se rapprocher des blancs du Parti fédéral uni de Welensky, des dissidents comme Kenneth Kaunda, fondèrent alors le Parti de l’indépendance et de l’unité nationale ou UNIP « United National Independence Party ». À la suite d’une manifestation de l’UNIP qui dégénéra dans la ville de Ndola et qui se solda par la mort d’une femme blanche et de ses deux enfants, l’état d’urgence fut proclamé. L’UNIP fut interdite et Kaunda arrêté et jeté en prison pour 9 mois.
En 1960, une révision de la constitution fédérale de 1952 devait être négociée entre le Gouvernement britannique, le Gouvernement fédéral et les leaders noirs africains. Ces derniers quittèrent la conférence constitutionnelle pour protester contre l’état d’urgence et l’intransigeance des colons blancs de Rhodésie du Sud à ne pas vouloir partager le pouvoir. Ils ne tardèrent pas à engager des pourparlers avec le Gouvernement britannique pour se retirer du processus de révision aboutissant ainsi à la faillite de la fédération.

Des élections décisives
En 1961, Kaunda déclencha une campagne de désobéissance civile. Tandis que les Blancs sont de plus en plus tentés par la sécession katangaise que reclame encore aujaurd’hui les MaiMai Bakata Katanga séparatistes Katangais dans le Katanga et en exile.
En 1962, les élections générales en Rhodésie du Nord furent remportées par l’UNIP de Kaunda : 14 sièges contre 7 à l’ANC de Nkumbula et 16 aux fédéralistes blancs partisans de Welensky. Kaunda et Nkumbula formèrent alors un Gouvernement de coalition réclamant l’indépendance de la Rhodésie du Nord.
Aux élections de janvier 1964, le parti de Kenneth Kaunda, l’UNIP, remportait 55 des 85 sièges de l’Assemblée alors que les 75 000 blancs de Rhodésie du Nord , le pays compte alors plus de 2 millions d’habitants étaient représentés par 10 députés élus par un collège séparé.
Le temps de l’indépendance
Le 24 octobre 1964, la Rhodésie du Nord accède à l’indépendance sous le nom de Zambie, en hommage au fleuve Zambèze. Dans un pays qui compte plus de 70 langues bantoues les rivalités ethniques étaient telles qu´on décida de garder l´anglais comme langue officielle et le français en seconde langue, afin de ne pas favoriser une communauté ou une chefferie.
Le 24 octobre 1964, L’indépendance de la Rhodésie du Nord est proclamée et devient la Zambie. Le pouvoir est exercé par l’United National Independence Party ou UNIP de Kenneth Kaunda qui devient le premier président de la République.

Le leader
Kenneth Kaunda, surnommé le « Gandhi africain »Il y a 50 ans, jour pour jour, la Rhodésie du Nord devenait, après des années de lutte, indépendante sous le nom de République de Zambie. Parmi les nationalistes, Kenneth Kaunda, surnommé le « Gandhi africain », est sans aucun doute celui qui a le plus pris part à la défense de la cause zambienne. Un monument de l’histoire africaine, toujours en vie, que personne ne peut oublier en ce jour commémoratif.
Fils d’un pasteur émigré du Malawi (autrefois Nyassaland), Kaunda fait partie de la minorité noire instruite de Rhodésie du Nord. Il ne dispose d’aucune réelle attache ethnique, mais ce désavantage va s’avérer important pour rassembler l’ensemble du peuple. Un peuple soumis à la domination des blancs, qui ont mis en place un système de ségrégation raciale. Pendant sa jeunesse, il est ainsi souvent expulsé des lieux publics en raison de sa couleur. Malgré un adoucissement progressif des lois raciales en Rhodésie du Nord, l’injustice qui touche les siens le pousse à s’engager en politique et à fonder l’UNIP (United Party for Independance) au début des années 60, avec une idéologie proche de celle de Gandhi.

Des atouts géographiques, démographiques et économiques
Entourée par l’Angola, la République démocratique du Congo-Katanga, le Malawi, le Mozambique, la Namibie, la Tanzanie et le Zimbabwe, la Zambie occupe une superficie de 752 614 km². Le pays en forme de croissant est une sorte de frontière entre l’Afrique centrale, australe et l’Afrique de l’Est. Les paysages naturels sont les collines, les hauts-plateaux et la brousse. Des cours d’eau comme le Zambèze ou la Kafue ont tracé des vallées dans les paysages. Le pays compte également de nombreux lacs (Bangwelu, Moero, Tanganyika, Kariba).
La Zambie a une population d’environ 13 millions d’habitants. La densité de population est faible : environ 17 habitants au km2.La présence grandissante d’une population d’origine chinoise (près de 100 000) et leur implication croissante dans les secteurs clefs de l’économie (mines, textiles, agriculture…) est rapidement devenue un enjeu politique. Le taux d’urbanisation est de 43 % de la population totale. L’espérance de vie était de 49 ans. Le taux de prévalence du SIDA est élevé, avec un taux estimé à près de 13,5 % des adultes entre 15 et 49 ans. Plus de 97 % de la population est chrétienne avec 67 % de protestants et 21 % de catholiques. Chutes Victoria (Victoria Falls), patrimoine naturel d’importance touristique mondiale.

Une destination touristique
Le patrimoine naturel est une ressource touristique importante ; La Zambie compte les plus grands parcs nationaux d’Afrique (réserve de la Kafue) aux mains de propriétaires privés et les plus imposantes chutes d’eau d’Afrique, les chutes Victoria. Le pays s’est ouvert au tourisme dans les années 1990. Il est considéré comme la Mecque du safari pédestre. Le territoire compte de nombreux parcs nationaux comme ceux de la Luangwa-sud, de la plaine de la Liuva, de la Kafue ou d’Isangavo. Les touristes viennent aussi pour admirer les chutes d’eau (Kasanga Falls, Chutes Cahvuma, Ngambwe Rapids, Wonder Gorge, Chutes Victoria). Le Livingstone Memorial a Chitambo village est un des rares monuments historiques du pays.

Des attraits multiples

Zambèze (source : linternaute.com)

Zambèze (source : linternaute.com)

A savoir encore : le sport national de la Zambie est le football. Le rugby , la boxe avec la fameuse championne du monde Esther Phiri et le cricket sont également populaires. La Zambie a remporté la Coupe d’Afrique des nations de football en 2012 avec un son ancien fameux coache français Monsieur Herve Renard.
Le climat de la Zambie est tropical, quoique plus tempéré en altitude. La saison des pluies commence en octobre et se termine en avril. Le fleuve principal est le Zambèze, dont le barrage de Kariba fournit le pays en hydroélectricité.
Parmi les ressources naturelles on trouve le cuivre, le cobalt, le zinc, le plomb, le charbon, les émeraudes, l’or, l’argent et l’uranium. Néanmoins l’économie du pays reste essentiellement agricole.
Le pays est divisé en 9 provinces (les capitales de provinces sont notées entre parenthèses) : Province centrale (Kabwe),Province du Copperbelt (Ndola), Province orientale (Chipata) Province de la Luapula (Mansa),Province de Lusaka (Lusaka), Province septentrionale (Kasama), Province nord-occidentale (Solwezi),Province méridionale (Livingstone), Province occidentale (Mongu).

De grands programmes malgré des tensions
La première République de Zambie prévoyait un régime parlementaire pluraliste de type britannique, avec un président et un vice-président. Mais d’emblée, l’état d’urgence avait été proclamé et la Constitution amputée alors que l’indépendance du pouvoir judiciaire était remise en cause. Les premiers mois de la Zambie indépendante avaient en effet été marqués par des rivalités ethniques, opposant notamment les Lozis, qui s’estimaient lésés contre les Bembas, majoritaires. En réaction à ces conflits et aux grèves qui se multipliaient dans les mines, le système bascula rapidement vers la concentration des pouvoirs et l’autoritarisme au bénéfice du seul Kenneth Kaunda, lequel nommait et révoquait unilatéralement aux postes clés.
De nombreux programmes furent néanmoins lancés, notamment dans le domaine de la santé et de l’éducation, afin de corriger les inégalités sociales et raciales héritées du colonialisme. En novembre 1966, l’anglais devenait la seule langue nationale du système éducatif de la Zambie et en 1970, le français seconde langue, mettant fin au système d’enseignement en langue locale de la période coloniale. Néanmoins, sept langues locales demeuraient reconnues en tant que matières d’enseignement sur une base régionale.

L’Histoire des dernières décennies
En 1971, l’ancien vice-président Simon Kapwewe fondait un parti dissident de l’UNIP pour tenter de se présenter contre Kaunda. Le parti fut rapidement interdit et Kapwewe mis sous les verrous avant de rejoindre finalement le parti qu’il avait déserté.
En 1973, Kaunda imposa le parti unique avec liberté de candidature, dans le cadre de la seconde République de Zambie.Dans les années 70, Kenneth Kaunda encourageait également les mouvements de guérilla nationaliste, financées notamment par la Chine et l’Union soviétique (URSS), contre les pouvoirs blancs de Rhodésie du Sud (Zimbabwe), d’Afrique du Sud, du Sud-Ouest africain (Namibie) et des colonies portugaises (Mozambique et Angola) et la sécession de la nouvelle république du Katanga. Il parvint cependant à maintenir de bonnes relations avec les pays occidentaux et à se rapprocher de l’Afrique du Sud à partir de 1975 grâce à l’établissement de contacts personnels avec le premier ministre sud-africain John Vorster, avec qui il s’était allié pour mettre fin au problème rhodésien. Bien qu’avocat des sanctions contre le pays de l’apartheid dans la région de l’Afrique Australe, Kaunda maintenait des relations commerciales étroites notamment pour la fourniture de produits alimentaires à la population zambienne sous le régime communiste.
En octobre 1980, une tentative de coup d’État échoua alors que les mines de la ceinture de cuivre sont en ébullition et que les syndicats s’opposent de plus en plus au Gouvernement. Bien que potentiellement l’un des pays les plus riches d’Afrique ,13 % de croissance par an notamment entre 1964 et 1969, la Zambie s’enfonçait en fait dans la misère, accentué par la chute du prix du cuivre au début des années 80.
En avril 1982, Kaunda essayait de relancer ses contacts personnels avec les dirigeants sud-africains et rencontrait Pieter Botha, le successeur de Vorster, à la frontière Botswano-Sud-africaine pour tenter notamment de le convaincre de retirer l’Afrique du Sud de la Namibie. Sans succès. Mais en 1984, ses efforts de médiateur portent leurs fruits quand les Sud-africains et les Angolais viennent signer à Lusaka un accord de Non-Agression dans la region.

Frederik de Klerk

Frederik de Klerk

En 1988, Kaunda fut réélu pour un sixième mandat, à l’issue d’une élection sans opposition. Mais la crise économique qui frappait la Zambie dans les années 80, l’exode rural, l’essor démographique, la corruption et l’insécurité dans les villes avaient conduits à de violentes émeutes en 1990, alimentées par la fin du blocage des prix.
En août 1989, Kaunda tentait encore d’obtenir des succès en politique internationale à défaut de politique nationale. Il invitait Frederik de Klerk, alors président par intérim d’Afrique du Sud, à le rencontrer dans la ville de Livingstone.
Mais côté politique interne, une coalition Anti-Kaunda poussait ce dernier à accepter le retour au pluralisme politique et à l’organisation d’élections libres. En 1991, le syndicaliste Frederick Titus Chiluba remporta les élections présidentielles avec 81 % des voix alors que son Mouvement pour la démocratie multipartite (MMD) remportait 80 % des sièges à l’assemblée nationale.
Défenseur des valeurs néo-libérales, Chiluba fut réélu en 1996.En 1997, il rétablissait l’état d’urgence à la suite d’une tentative de coup d’État militaire.En avril 2001, il renonça à solliciter un troisième mandat. En janvier 2002, son dauphin, Levy Patrick Mwanawasa, fut élu au cours d’un scrutin contesté.
En 1991, la première alternance politique est mise en place. L’UNIP de Kenneth Kaunda est battu par le Movement for Multiparty Democracy ou MMD (Mouvement pour la Démocratie Multipartite) de Frederick Chiluba. En 1996, les partis d’opposition voient leurs scores électoraux progresser.
Conformément à la Constitution, après deux mandats, Chiluba ne peut se représenter. Il est remplacé en janvier 2002 par Levy Mwanawasa qui, ayant pris la tête du MMD, est élu président. À la suite de la dégradation de l’état de santé de Mwanawasa (il est mort au pouvoir en France), le vice-président Rupiah Banda assure l’intérim. Après la mort du président en août 2008, Banda est élu quatrième président du pays jusqu’en septembre 2011. Le chef de l’opposition Michael Sata lui succède et devient le cinquième président de la Zambie,qui est aussi malade a Londres.

Mon point de vue de journaliste

Michael Chilufya Sata (source : bongoweekend.blogspot.com)

Michael Chilufya Sata (source : bongoweekend.blogspot.com)

En conclusion, permettez-moi, en tant que journaliste Zambien et défenseur des droits humains en exil de rendre hommage aux combattants de la liberté vaillants qui ont tout sacrifié pour donner naissance à notre indépendance. Citons, notamment: Godwin Mbikusita Lewanika, Harry Mwaanga Nkumbula, Simon Mwansa Kapwepwe, Kapasa Makasa, Nalumino Mundia, Laurent Katilungu, Humphrey Mulemba, Mainza Chona, Mama Julia Chikamoneka, Munukayumbwa Sipalo et le Dr Peter Matoka, Salomon Kalulu, Mungoni Liso et beaucoup d’autres fils et filles de mon cher et beau pays la Zambie, certains sont encore vivant comme M. Grey Zulu, Samuel Mbilishi et le Dr Kenneth Kaunda notre premier président. Nous leur devons notre liberté politique.
Un hommage spécial est à adresser aux dirigeants de mon pays qui ont porté le fardeau d’être présidents de cette grande République : notre père fondateur, le Dr. Kenneth Kaunda, un combattant de la liberté pour tous distingué, le Dr. Frederick J.Titus Chiluba Mpundu, un démocrate distingué et courageux unioniste, le Dr. Levy Patrick Mwanawasa, un avocat renommé, M. Rupiah Banda Bwezani, un éminent diplomate et l’actuel président Michael Chilufya Sata.
Chacun d’eux ont contribué à jeter les bases grâce auxquelles la Zambie a évolué au cours de ce cinquantenaire que nous célébrons aujourd’hui.

Prix CNN : Le lauréat veut mobiliser ses confrères

[Par John  CHITAMBO LOBE]

Le président tanzanien Jakaya Kikwete a remis le « CNN MultiChoice journaliste africain de l’année à un photojournaliste du Kenya, Joseph Mathenge à Dar Es Salaam le samedi 18 Octobre 2014. Joseph Mathenge a appelé les journalistes africains à s’unir contre le terrorisme sur le continent.

La remise du Prix à Joseph Mathenge,(source : www.its254.com)

La remise du Prix à Joseph Mathenge (source : www.its254.com)

Le journaliste kényan a été récompensé pour son travail « Images de la terreur » paru dans « The Standard » : un document consacré aux moments de terreur vécue au Westgate Mall de Nairobi en septembre 2013, lorsque le complexe commercial a été attaqué par des hommes armés non identifiés. Plus de soixante personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées pendant un siège qui aura duré quatre jours.

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Lors de la cérémonie de remise des prix, le lauréat a indiqué qu’il était touché et honoré, espérant que son travail de journaliste permettrait de motiver les gens de bonne volonté partout dans le monde pour lutter contre le terrorisme. “Les souvenirs s’estompent avec le temps, mais les images demeurent. Nous avons jugé nécessaire de capturer chaque instant afin que les générations à venir puissent voir l’horreur “, a déclaré Mathenge. Il a dédié son prix aux victimes et aux familles de l’attaque du Westgate Mall, et a remercié son fils l’avoir poussé à aller au centre commercial lorsque le siège a débuté.

Mathenge, qui a aussi remporté le titre dans la catégorie « Photographie Mohamed Amin » figurait parmi les 28 finalistes provenant de 10 pays qui ont participé à la cérémonie, à l’aboutissement d’un programme de quatre jours d’ateliers de photographie, de forums et de réseautage.

C’est la première fois que le prix du journalisme « CNN MultiChoice African » a été remporté par un photographe. Ferial Haffajee, président du jury, a déclaré que les photographies de Mathenge ont « si éloquemment capté ces moments difficiles qu’elles valaient bien mieux que mille mots ».

Bheki Makhubu (source : en.africatime.com)

Bheki Makhubu (source : en.africatime.com)

Parmi les autres prix remis à la même occasion : le prix « Liberté de la presse » est allé à Bheki Makhubu du Swaziland, qui, avec l’avocat des Droits de l’Homme Thulani Maseko, a été arrêté en mars dernier pour leurs écrits d’opposants. L’épouse de Makhubu Fikile, a reçu le prix en son nom et a remercié CNN et MultiChoice pour cet l’honneur. Haffajee a noté que l’emprisonnement de Makhubu et Maseko sur des accusations de sédition faisait partie du continuum de la violence du Swaziland contre les droits civils et la liberté d’expression.

« Makhubu est connu pour ses reportages équilibrés même dans les cas où l’équité et l’équilibre sont des difficiles. La nation est devenue un point central de débat dans la lutte pour la démocratie au Swaziland », a déclaré Haffagee.

« En recevant ces prix, les lauréats ont prouvé qu’ils ont la détermination, le professionnalisme et le courage de mettre en valeur les histoires de l’Afrique» a déclaré un autre orateur.

Il a été souligné que les membres du CNN et MultiChoice étaient fiers de reconnaître l’excellence du journalisme africain et de récompenser les journalistes pour leur courage. « Nous croyons que les CNN MultiChoice African Journalist ont eu un effet profond sur le paysage médiatique africain ».

Imtiaz Patel, directeur général de MultiChoice Afrique du Sud Group, a insisté sur le dévouement et l’engagement des journalistes à raconter des histoires qui reflètent la réalité du continent. « Votre travail annonce un grand avenir pour les journalistes et sert à renforcer le rôle des médias en Afrique » a conclu Patel.

 

 

Côte d’Ivoire : Le grand « exorcisme » ?

[Par Armand IRE’]

Judiciairement le compte à rebours démarre sur la vérité de la crise postélectorale en Côte d’Ivoire. Du côté de la Cour Pénale Internationale (CPI), l’autre bras de la justice des vainqueurs et du pouvoir d’Abidjan, les dates se mettent en place pour juger les présumés coupables de la sanglante et brève guerre d’après élection de 2010. Elle est elle-même résultante de la rébellion armée de 2002 et de règles électorales mal ficelées. La justice nationale et internationale réconciliera-t-elle un pays en lambeaux ?

Laurent Gbagbo (source : cameroonvoice.com)

Laurent Gbagbo (source : cameroonvoice.com)

A la CPI, en attente de jugement après la confirmation des 4 chefs d’accusation à son encontre après une longue procédure de confirmation des charges (la plus longue de l’histoire de la cour pénale internationale), Laurent Gbagbo sera fixé sur la date exacte du début de son procès à partir du 4 novembre, après la conférence de mise en état. L’ancien président  de la République de Côte d’Ivoire est incarcéré depuis plus de trois ans au pénitencier de Scheveniggen, dans la banlieue de La Haye aux Pays-Bas.

A Abidjan les autorités ivoiriennes ont fixé le procès de 83 anciens proches collaborateurs et partisans de Laurent Gbagbo au 22 novembre 2014. Parmi ces personnalités qui passeront aux Assises, il y a : Simone Gbagbo son épouse, son dernier premier ministre  l’universitaire et économiste Gilbert Aké M’bo, Pascal Affi Nguessan ancien premier ministre et président du FPI, le parti de Laurent Gbagbo, et Aboudrahamane Sangaré ami de combat et intime du reprouvé de Scheveniggen.

L’opposition dénonce un procès politique et accuse Allassane Dramane Ouattara de refuser une véritable compétition électorale lors de la présidentielle de 2015.

Des jurés contestés pour des raisons ethniques

Pascal Affi N’guessan (source : free.niooz.fr)

Pascal Affi N’guessan (source : free.niooz.fr)

Lors d’un point de presse tenu le lundi 20 octobre au siège provisoire de son parti à Abidjan, Pascal Affi N’guessan (qui bénéficie d’une liberté provisoire) a stigmatisé la duplicité du gouvernement. Face aux journalistes, le président du principal parti d’opposition s’est interrogé en ces termes : « ce procès est-il nécessaire ? En quoi contribue t-il à la normalisation, à la paix et à la réconciliation nationale ? Comment le gouvernement peut-il dire, à l’issue du dernier conseil des ministres, qu’il continue de tendre la main à l’opposition et ouvrir en même temps les portes des prisons pour y conduire les opposants et les enfermer à perpétuité ? ». Il aussi dénoncé la mise en place d’un jury ethnique puisque selon lui tous les jurés à ce procès sont « des membres de l’ethnie de l’actuel chef de l’Etat. »

Une réconciliation très incertaine

 Jean-Pierre Bemba (source : jeuneafrique.com)

Jean-Pierre Bemba (source : jeuneafrique.com)

La réconciliation n’est pas pour demain dans un pays qui peine toujours à retrouver sa cohésion suite à une crise politico-militaire aiguë qui perdure depuis 1999 et dont les points principaux sont la rébellion de 2002 et la sanglante crise postélectorale de 2010. A moins que la justice ne réussisse là où la politique a échoué… mais pour cela il aurait fallu tant à la CPI qu’à Abidjan juger les véritables coupables de la crise ivoirienne. Ces procès vont donc s’ouvrir au moment où dans des cercles avisés l’on se demande si la Cour Pénale Internationale donnera l’autorisation à Laurent Gbagbo d’assister aux  obsèques de sa mère décédée 3 jours après son retour d’exil de plus de trois ans du Ghana voisin. Ses partisans qui le réclament aux obsèques soulèvent la « jurisprudence Bemba » du nom de l’homme politique congolais Jean-Pierre Bemba qui avait pu sortir de la CPI pour assister aux obsèques de son père en 2009.

 

Journée de la Femme Rurale : Une sensibilisation nécessaire

[Par John CHITAMBO LOBE]

Mettons fin aux traditions discriminatives contre les femmes rurales et apprécions leurs contributions au développement ! La Journée Internationale de la Femme rurale, en ce 15 octobre, contribue à faire connaître la cause.

Source : monteiroornella.wordpress.com

Source : monteiroornella.wordpress.com

La contribution des femmes au développement est effectif surtout en milieu rural, un univers dans lequel elles sont plus vulnérables et discriminées qu’ailleurs pour des raisons culturelles ou religieuses.
Les femmes rurales représentent plus du quart de la population totale du monde : 500 millions d’entre elles vivent en-dessous du seuil de pauvreté en milieu rural. Les femmes produisent 60 à 80 % des aliments de base en Afrique subsaharienne et dans les Caraïbes. Elles effectuent plus de 50 % des opérations de riziculture intensive en Asie. Les femmes effectuent 30 % des travaux agricoles dans les pays industrialisés. Les femmes sont à la tête de 60 % des ménages dans certaines régions d’Afrique ; elles assurent 90 % des besoins des ménages en eau et en combustible en Afrique ; les femmes se chargent de la totalité des opérations de transformation des aliments de base du ménage en Afrique.

Des inégalités très évidentes

Crédit photo AFD

Crédit photo AFD

Les inégalités entre les sexes existent dans beaucoup des pays, surtout pour ce qui est de l’accès aux ressources qui permettent d’améliorer le rendement des cultures. Citons les technologies agricoles, les formations et les infrastructures rurales. En Afrique, lorsque les femmes ont accès à la terre, celle-ci est souvent de qualité plus médiocre et les parcelles sont plus petites que celles des hommes. Ainsi, les inégalités entre les deux sexes ont bel et bien un coût, non seulement pour les femmes rurales mais aussi pour le secteur agricole et, plus largement, pour l’économie et la société.

Les femmes sont les piliers de la réalisation des changements économiques, environnementaux et sociaux nécessaires au développement durable. Mais l’accès limité au crédit, aux soins de santé et à l’éducation est un des nombreux défis auxquels elles sont confrontées surtout en Afrique et en Asie, est encore aggravé par les crises économiques et alimentaires mondiales et par les changements climatiques.

Certes, les femmes rurales dans le monde jouent un rôle majeur dans la sécurité alimentaire ainsi que dans le développement et la stabilité des campagnes mais leur statut ne leurs permet souvent pas de jouir de droits fonciers ou d’accéder à des services vitaux comme le crédit, la vulgarisation, la formation et l’éducation.
La première Journée internationale de la femme rurale a été célébrée le 15 octobre 2008, c’est pour reconnaître les rôles et l’apport décisifs des femmes rurales, notamment autochtones, dans la promotion du développement agricole et rural, l’amélioration de la sécurité alimentaire et l’élimination de la pauvreté en milieu rural.

Le cas du Maroc

Femme marocaine au boulot (source : http://www.delcampe.net)

Femme marocaine au boulot (source : www.delcampe.net)

Le nombre de femmes concerné est immense. Prenons un exemple précis et chiffré pour mesure la tâche à engager : le Maroc. Ce pays compte 16,4 millions de femmes représentant 50,8% de sa population et dont 41,6% vivent en milieu rural. Ici, les femmes rurales sont relativement plus jeunes que leurs concitoyennes citadines: 29 % sont âgées de moins 15 ans contre 24 %. Un peu moins des deux tiers (ou soit 62,2% sont en âge de travailler entre 15 ans a 60 ans) et 8,8% sont âgées de 60 ans ou plus.

Cette réalité s’explique notamment par une fécondité inégalitaire entre ville et campagne. Ces inégalités sont mesurables également en matière d’accès aux soins de santé. Elles se traduisent par un taux de mortalité maternelle presque deux fois plus élevé dans les campagnes que dans les villes. A ceci s’ajoute le fait qu’en matière d’éducation, la femme rurale a accumulé un retard important par rapport à sa concitoyenne citadine.

Le pilier de l’agriculture

Source : lislesurtarn.info

Source : lislesurtarn.info

Ici comme ailleurs, on le constate donc, les femmes rurales représentent le pilier sur lequel repose la main d’œuvre agricole dans beaucoup de pays en développement. Globalement, plus d’un tiers des effectifs féminins est employé dans l’agriculture. En Asie du sud ou en Afrique subsaharienne, elles représentent plus de 60% des travailleurs dans ce secteur. Les femmes travaillent généralement en tant qu’agricultrices de subsistance, petits entrepreneurs, et travailleurs non rémunérés dans des fermes familiales ou en tant que travailleurs salariés occasionnels.

Tout ceci nous amène à dire que dépasser de fortes inégalités structurelles entre les sexes est un long travail car de nombreuses femmes rurales continuent de rencontrer des obstacles qui minent leurs chances de succès, comme le manque d’infrastructures publiques et sociales, l’accès inégal au crédit, aux équipements techniques et autres ressources importantes, comme la terre et l’eau. Au Burkina Faso, au Kenya, en Tanzanie et en Zambie, par exemple, l’allocation des terres, de main-d’œuvre, de capitaux et d’engrais à parts égales entre les hommes et les femmes pourraient accroître la production agricole.

Les femmes jouent un rôle essentiel et incontournable dans les économies rurales des pays en voie de développement. Elles participent à la production agricole, fournissent la nourriture, l’eau et le combustible pour leur foyer, les soins des enfants et du mari, elles mènent de front d’autres travaux en dehors de la ferme pour améliorer le niveau de vie de leur famille et de plus, elles sont en première ligne dans au sein de leurs familles pour assurer des fonctions vitales comme l’éducation des enfants, la prise en charge des malades et des personnes âgées. Cette journée internationale du 15 octobre est donc essentielle.

Des apatrides en Côte d’Ivoire : réalité ou fiction politique ?

[Par Armand IRE’]

La célèbre cantatrice Barbara Hendricks, revenue d’une mission en Côte d’Ivoire pour le compte du Haut Commissariat Réfugiés – HCR- dont elle est ambassadrice de bonne volonté, a brossé un tableau peu reluisant de la situation des apatrides dans ce pays.

Visite de Mme Barbara Hendricks, Ambassadrice de bonne volonté pour le HCR au bureau de Côte d'Ivoire Cote d'Ivoire  (source : http://data.unhcr.org/)

Visite de Mme Barbara Hendricks, Ambassadrice de bonne volonté pour le HCR au bureau de Côte d’Ivoire Cote d’Ivoire (source : http://data.unhcr.org/)

Selon la chanteuse et les nouvelles autorités ivoiriennes, ceux-ci sont au nombre de 700.000. Les « apatrides ivoiriens », sujet qui suscite bien des débats et qui a occupé une part non négligeable dans les causes de la crise ivoirienne. Retour sur un sujet brûlant, objet d’une communication lors de la conférence sur l’apatridie organisée le lundi 29 septembre 2014 à Paris par le HCR et le journal Le Monde diplomatique.
Dans un pays qui vit une vive tension politique découlant d’une crise armée qui a débuté en 2002, avec au centre la question de l’éligibilité d’un candidat qualifié d’étranger, il faut marcher sur des œufs lorsqu’il s’agit d’aborder l’épineuse question de l’apatridie. Lors des fameux accords de Linas-Marcoussis, accords signés dans le cadre de la résolution de la crise et difficilement appliqués par les partis en conflit, la question des apatrides avait été mise sur le tapis. Selon la table ronde initiée par le Président français d’alors Jacques Chirac, il fallait à tour de bras naturaliser des personnes, qui en disposition des articles 17 à 23 de la loi 61-415 abrogée par la 72-852, font des personnes nées en Côte d’Ivoire de parents étrangers, des Ivoiriens qui (dans le cadre du droit du sol qui a cédé la place ensuite au droit du sang) n’ont pas exercé leur droit à la nationalité ivoirienne mais sont devenus des Ivoiriens de facto. Le paradoxe ici, pour qui connaît ce pays de l’Afrique de l’ouest, c’est qu’il avait, avant la guerre, un bon état civil. Les personnes n’ayant pas pu bénéficier d’une déclaration de naissance pouvaient obtenir un jugement supplétif par voie de justice et cela d’une manière simplifiée. Des audiences foraines se sont déroulées sur toute l’étendue du territoire, malgré quelques soubresauts et ce pour permettre à chaque Ivoirien d’avoir une identité. Alors, d’où viennent ces nombreux apatrides ? Il va sans dire que cette récurrente question des apatrides en terre ivoirienne répond à des visées électoralistes.

Désormais une simple déclaration suffit
Il fallait créer un « bétail » électoral acquis à la cause du chef de l’état ivoirien actuel dont la nationalité a toujours été sujette à caution car, pendant longtemps, il a bénéficié de la nationalité burkinabée et ce, jusque dans l’exercice de fonctions de prestige et à l’international lorsqu’il était le représentant de l’Afrique au FMI dans les années 80. Avoir le courage de dire qu’il faut naturaliser plus d’un million de burkinabés qui vivent en Côte d’Ivoire depuis des décennies et qui n’ont jamais manifesté le désir d’être Ivoiriens, comme le stipule le code de nationalité, est, comme on le dit à Abidjan « le vrai point » de cette campagne médiatique sur les apatrides. De toute façon, désormais en Côte d’Ivoire l’acquisition de la nationalité en dehors du droit du sang ne passe plus par la naturalisation mais par une simple déclaration et ce depuis le 23 août 2013. Résultat d’une loi votée par les députés et qui a entraîné une véritable colère de plusieurs élus de ce parlement monocolore et de l’opposition mais surtout de la population.
L’Apatridie est un fléau qui existe dans le monde et qui touche dix millions de personnes. En embouchant la trompette de la lutte contre ce fléau, le Haut Commissariat des Refugiés-HCR- et ses partenaires tel que l’OFPRA-Office Français de Protection des Refugiés et Apatrides- et des organisations des Droits de l’Homme entendent mettre fin au calvaire de millions de personnes qui n’ont pas d’existence officielle. Un exemple, celui de l’Ouzbèque Anastasia Trévogin qui parce que, née dans un avion entre Moscou et Tbilissi, n’a jamais pu avoir un pays à cause de la dislocation de l’URSS. Son histoire, qui cependant s’achève bien grâce à la France est celle, sans heureux dénouement, de dix millions d’apatrides dans le monde parmi lesquels l’on a parfois compté des personnalités célèbres comme Daniel Cohn-Bendit qui a recouvré sa nationalité allemande il y a seulement quelques années.

Daniel Cohn-Bendit  (source : commons.wikimedia.org)

Daniel Cohn-Bendit
(source : commons.wikimedia.org)

 

 

Cameroun et violence : quand la loi du plus fort est la meilleure

[Par René DASSIE’]

Au Cameroun, la loi du plus fort est très souvent la meilleure et même le fait d’être membre des forces de sécurité ne protège pas les femmes contre la violence des puissants.

Source : camnews24.com

Source : camnews24.com

Julienne Bebock, une inspectrice de police de Douala, la capitale économique du pays vient d’en faire l’amère expérience.
Mardi, elle a été molestée en pleine rue par un colonel de l’armée, du nom de Paul Charles Ndjebel en service au ministère de la Défense de de Yaoundé. Son crime ? Avoir simplement rappelé à l’officier supérieur que la loi routière a vocation à s’appliquer pareillement à tous les usagers.
Selon le quotidien Le jour qui rapporte les faits, Dame Julienne Bebock dirigeait la circulation à une heure de grand trafic, lorsqu’un véhicule a quitté sa file, paralysant du coup une circulation déjà partiellement bloquée.
Lorsque l’officier de police a intimé au conducteur l’ordre de regagner sa place, celui-ci est descendu de sa voiture et est venu vers elle avec fureur. Après avoir décliné son identité, il a entrepris de la tabasser copieusement avant de lui arracher ses épaulettes qu’il a jetées par terre.
Paniquée, Dame Julienne Bebock a sorti son téléphone portable pour appeler des renforts. Il la lui a aussi arraché des mains et l’a confisqué. Puis, il a démarré son véhicule et est parti.
L’inspectrice de police « s’en sort avec le visage défiguré », écrit Le Jour.
La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination (COMICODI) une association locale dénonce « Un comportement bestial, inapproprié, barbare et presque criminogène ». La COMICODI a interpellé le président Paul Biya au sujet de l’incident. Sans illusion, puisque cette association rappelle avoir déjà à maintes reprises « attiré l’attention des plus hautes autorités chargées de la sécurité, sur ces dérives qui prennent l’ampleur d’une véritable épidémie dans les grandes villes du pays ». Sans le moindre début de sanction.