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La nécessaire éducation aux médias : la MDJ présente au Forum des images

[Par Romane SALAHUN]

« Aujourd’hui, il y a une nécessité nationale de sensibilisation des jeunes. Il faut sensibiliser au fait que la liberté de la presse et la liberté d’expression ne sont jamais acquises ». Darline Cothière, directrice de la Maison des journalistes exprimait ainsi son engagement dans le cadre de la rencontre « Education à l’image, aux médias et au Numérique » se tenant au Forum des images, à Paris, organisée par le Ministère de la Culture et de la Communication, les 12 et 13 octobre 2016.

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Rencontre “éducation à l’image, aux médias et au numérique” , Session ” Résidences de journalistes” au Forum des images le 12 octobre 2016. Crédits photo : Lisa Viola ROSSI

La session « Résidences de journalisme » se tenant l’après-midi du 12 octobre 2016 au Forum des images, à Paris, fut l’occasion pour la Maison des journalistes, l’association Globe Reporters et le contrat local d’éducation artistique Dunkerque Grand littoral (CLEA) de présenter leurs actions éducatives menées par des journalistes auprès d’un public jeune. C’est donc la nécessité d’une éducation aux médias qui a réuni ces différents acteurs.Si chaque action conserve ses particularités, toutes se rejoignent dans leur finalité : initier une ouverture sur le monde, sensibiliser aux valeurs citoyennes et à la liberté d’expression, et ouvrir un espace de dialogue pour tous.

L’éducation aux médias, une nécessité ?

Pour ces intervenants, ces actions éducatives semblent indispensables aujourd’hui face au constat qui est fait dans la société et particulièrement chez les jeunes. Suite aux attentats contre la rédaction de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, le débat a enflé autour de la liberté de la presse, de la liberté d’expression et de la laïcité donnant lieu à un déchainement sur les réseaux sociaux et parfois à un repli sur soi. Face à ces enjeux, qui occupent régulièrement l’espace médiatique, les professeurs se retrouvent parfois démunis pour aborder les interrogations des étudiants, ces derniers étant soumis à un flot constant d’informations. Ces actions éducatives, pensées comme outils pédagogiques, répondent donc en partie à une demande du corps enseignant et à une nécessaire réflexion sur les manières de s’informer et sur la liberté d’expression, dans un monde multimédia en effervescence.

Confronter les jeunes aux professionnels des médias en collaboration avec le professeur permettrait alors de poser les termes du débat et entamer une réflexion sur leur rapport à l’information.  Le but : lutter contre le « gobage » sans recul de l’information, disponible instantanément sur les réseaux sociaux, première source d’informations des jeunes[1]. Au-delà, rester vigilant, prendre du recul sur l’appréhension et la production de l’information est un des axes fort de cette pédagogie. Cela permet également de redéfinir le concept de liberté d’expression devenu trop flou, et de le rapporter à la situation quotidienne du jeune. Car s’informer, c’est avancer dans la prise de décision. C’est s’ouvrir au monde, à l’autre.

Le projet de la MDJ : « Privilégier le contact humain, le témoignage »

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Darline Cothière, directrice de la Maison des journalistes. Crédits photo : Lisa Viola ROSSI

La Maison des journalistes, véritable « Tour de Babel » poursuit deux missions principales, que nous explique Darline Cothière, directrice de l’association. En premier lieu, il s’agit de l’accueil et l’aide dans la résidence de la MDJ apportés aux journalistes exilés venus des quatre coins du globe.  Dans un second temps, la MDJ poursuit une mission de sensibilisation aux enjeux de l’utilisation des médias, de la liberté d’expression, de la vie citoyenne et du vivre-ensemble, auprès du grand public en particulier des jeunes.

Le projet « Renvoyé Spécial » mis en place en 2006, vise à répondre à ce deuxième objectif. Les journalistes exilés vont à la rencontre de jeunes lycéens partout en France pour parler de leur expérience et les sensibiliser à la cause de la liberté de la presse et la défense de la démocratie. La venue du journaliste dans les classes est l’occasion d’une rencontre riche qui est insérer dans le projet pédagogique établi par le professeur.

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Marie-Angélique INGABIRE, journaliste rwandaise en exil, participante du projet Renvoyé Spécial. Crédits photo : Lisa Viola ROSSI

Quel est le point fort de ce projet ? Dans l’éducation aux médias, la MDJ privilégie le contact humain, direct, avec un journaliste exilé. Cela permet tout d’abord une confrontation entre l’information relayée et le vécu comme nous l’explique Marie Angélique Ingabire, journaliste rwandaise en exil, ayant participé au projet Renvoyé Spécial. « Les informations qu’ils ont (les jeunes) à disposition peuvent être biaisées car relayées par des journaux étrangers. Il est donc intéressant de confronter ces informations au vécu, au témoignage». Ces échanges sont également le lieu de déconstruction des préjugés sur un pays, sur l’exil, sur la vision de l’autre. « Le génocide est comme un cachet imprimé sur la Rwanda », de même que le mot « réfugié » engage un certain nombre de schémas préconçus. Par cet échange, les jeunes découvrent ou redécouvrent un pays, où la liberté de la presse est parfois différente. « Si en France, vous pouvez entrer dans la vie privée d’une personne de haute autorité, au Rwanda c’est impossible » illustre Marie-Angélique. En définitive, l’échange concoure à créer un climat de dialogue et à participer à l’éveil des consciences, ce qui semble nécessaire à l’heure où les débats se crispent sur les questions d’identité.

[1]  75% des 15-24 ans utilisent les réseaux sociaux chaque jour ou presque. Etude Médiamétrie au 4eme trimestre 2015.

Journée de la liberté de la presse : quatre grands journalistes primés

[Par Elyse NGABIRE]

Le 2 mai, à la veille de cette commémoration, Reporters sans frontières s’est associé à la Mairie de Paris pour décorer quatre professionnels des médias pour leur courage, leur combat dans la promotion de la liberté d’expression et celle de la presse.

©Elyse Ngabire

©Elyse Ngabire

18h30, au Théâtre du Rond-Point, 8ème Arrondissement de Paris. Reporters Sans Frontières et la Mairie de Paris avaient convié les professionnels des médias et leurs amis.

« Les combats du journalisme », c’est le thème qui a été retenu cette année. Et la raison est simple. Selon Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters Sans Frontières, cette dernière décennie, la liberté de la presse a régressé de façon très déplorable partout dans le monde. Des journalistes sont menacés, arrêtés, torturés, emprisonnés ou tués en Afghanistan, Iran, Erythrée, Burundi, Turquie, etc. Les chiffres sont alarmants : RSF a recensé plus de 800 journalistes assassinés durant la dernière décennie. Pourtant, regrette-t-il, les Nations Unies sont au courant de cette situation catastrophique et de bonnes résolutions en faveur de la protection des journalistes sont adoptées par différents organes de l’ONU.

Le problème, raconte M. Deloire, c’est qu’elles ne sont jamais mises en application malgré l’alerte lancé par le secrétaire général des Nations Unies lui-même : « Dans son rapport, Ban Ki Moon a reconnu que le système de protection des journalistes est un échec. »

Malgré cette absence de détermination de la part des organisations onusiennes à s’investir, RSF ne lâche pas : « Nous allons nous impliquer pour que ce droit international soit appliqué et que tous les Etats soient mis devant leur responsabilité fixée. »

Même son de cloche chez Michaëlle Jean, secrétaire général de la Francophonie : « Il n’est pas normal que les organes de l’ONU attendent que RSF et d’autres associations de défense des droits des journalistes le réclament. »

Pour elle, il est temps de faire pression sur les chefs d’Etats et de gouvernements : « L’Organisation Internationale de la Francophonie est à vos côtés. »

©Elyse Ngabire

©Elyse Ngabire

La détermination face à la démission

Malgré le désengagement ou la démission des institutions onusiennes pour protéger les journalistes, ces derniers restent engagés et déterminés. En témoigne la dernière enquête sur les évasions fiscales, l’une des plus belles histoires du journalisme d’investigation : le Panama Papers.

Quatre journalistes chevronnés d’investigation, dont l’ex-présentatrice vedette de France 2, Elise Lucet, étaient invités. Et c’est sur leurs témoignages que la soirée a été ouverte.

Sans toutefois révéler leurs secrets professionnels, ils ont partagé avec le public leur expérience pour aboutir à cette triste réalité qui a sidéré le monde entier.  Ils sont regroupés au sein de l’International Consortium of Investigating Journalism, une organisation créée en 1997 et dont le siège se trouve à Washington Dc. Cette rédaction virtuelle comprend 180 journalistes répartis sur 150 pays.

« Aucun des grands défis qui hantent l’humanité notamment la corruption, l’extrême violence, etc. ne sera résolu sans les journalistes », fait remarquer le secrétaire général de RSF.

Le grand moment

Il est 19 h 45min quand le grand moment arrive : l’hommage officiel aux héros de la liberté d’expression et de la presse.

Quatre journalistes, du moins pour ceux qui sont présents, montent un à un sur la scène.

Nargues Mohammadi, iranienne, condamnée à six ans de prison pour avoir livré des informations à la presse étrangère, son mari l’a représentée.

Antoine Kaburahe,  qui vit en Belgique depuis qu’il a été accusé  d’être impliqué dans l’affaire du coup d’Etat du 13 mai 2015.

Lotfullah Najafizada, directeur de Tolo News, une chaîne afghane. Il a été retenu pour avoir dénoncé le viol des enfants par des rebelles talibans. Le 20 janvier 2016, sa chaîne est  visée par un attentat perpétré contre un bus qui transportait le personnel. Bilan : six journalistes et leur chauffeur tués et plusieurs blessés.

La médaille a été aussi décernée à Can Dundar, rédacteur en chef de Cumhuriyet, un journal turc très influent. M.Dündar a été choisi pour avoir dénoncé le soutien de la Syrie envers les rebelles islamistes et la collaboration de l’Union européenne avec Recep Tayyip Erdogan contrairement aux valeurs démocratiques. Emprisonné, il n’a pas pu se présenter à la remise des médailles. Sa femme l’a représenté.

Les médailles de protection et de citoyenneté d’honneur

Pour Patrick Klugman, adjoint du maire en charge des relations internationales et à la Francophonie, il est regrettable que Paris soit presque la seule ville européenne à se doter d’une structure comme La Maison Des Journalistes (MDJ) qui accueille des professionnels des médias exilés.

Citant Victor Hugo, M. Klugman estime que le genre humain a le droit sur Paris : « Au-delà des quatre lauréats qui portent la médaille de Paris, tous ceux qui exercent ce métier et courent un danger doivent pouvoir trouver soutien et refuge à Paris. » Et d’annoncer que bientôt 20 logements seront disponibles pour permettre à la MDJ d’accueillir des journalistes.

D’après Anne Hidalgo, maire de Paris qui avait rehaussé de sa présence à cette soirée, ces médailles font des quatre lauréats des citoyens d’honneur de Paris. Espérons que les médias du monde, comme la ville, ne sombreront pas.

On peut lire sur ces médailles la devise de la ville de Paris : « FLUCTUAT NEC MERGITUR » qui se traduit : « Il est battu par les flots, mais ne sombre pas. »

 

Réfléchir ensemble pour s’engager et résister contre la peur

[Par Johanna GALIS | Photos de Mortaza BEHDOUDI]

11 janvier 2016, « Soirée Non »: Résistance solidaire à Saint-Quentin en Yvelines.

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De gauche à droite : Catherine Pont-Humbert, animatrice de la soirée, Jean-Luc Despax, Hala Mohammad, Diane Hakizimana, Maxime N’Debeka

Quand le directeur des Itinéraires poétiques de Saint-Quentin-en-Yvelines, Jacques Fournier demande la réorganisation de la Journée en faveur des écrivains et des journalistes emprisonnés et persécutés, qui devait avoir lieu le 15 novembre dernier – mais fut annulée, à cause des attentats du 13 novembre – il fait appel au directeur du Théâtre Saint Quentin en Yvelines, Lionel Massétat, pour une mobilisation sous un thème quelque peu différent. Avec le souhait d’une réelle fédération entre les participants et le public (la date du 11 janvier, qui apparait comme celle des un an de Charlie faisant en quelque sorte écho à son souhait). “De nombreuses personnes se sont demandées pourquoi j’appelais cette rencontre “Non””annonce-t-il en prélude à la soirée, “Pourquoi ne pas l’intituler plus positivement? Je leur ai répondu qu’au vu des événements, nous avions chacun besoin de faire preuve de résistance”.

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Le flûtiste André Stocchetti

Résister à la peur, aux obscurantismes, à la mort qui est devenue, avec les attentats français de janvier et novembre de l’année 2015, beaucoup plus présente dans notre quotidien. Sur la scène du théâtre sont présents ce 11 janvier 2016, quatre personnes de lettres, venant d’horizons différents. Diane Hakizimana, journaliste burundaise et ancienne résidente de la Maison des journalistes, Hala Mohammad, poète et cinéaste syrienne, Maxime N’Debeka, poète et romancier congolais et Jean-Luc Despax, professeur agrégé de lettres modernes, poète et président du P.E.N. club français. En ouverture de la soirée, le duo guitare-voix Iringa interprète une chanson composée le 7 janvier 2015, qui marque de son refrain vindicatif “Guess who won?” (Devinez qui a gagné?) le sceau de la victoire des français qui se sont rassemblés au lendemain des attentats contre Charlie et l’Hypercacher et ont manifesté dans un immense élan de solidarité face à la barbarie humaine.

“Nous avons un devoir de vigilance”, déclare peu après Maxime N’Debeka, qui souligne le fait que peu importe le niveau de culture – ce soi-disant indice qui montre à quel point nous sommes civilisés – du pays où l’on est, l’inhumanité et la terreur peuvent surgir. Être vigilant, pour soi-même être paré contre des déviances telles que celles qui ont surgit et se sont insinuées des décennies plus tôt dans un pays occidentalisé, l’Allemagne, qui avait pourtant un superbe patrimoine, mais dont le chaos progressif a laissé place aux extrêmes.
Il s’agit de réfléchir, pour comprendre et prendre position, et anticiper, aussi. Anticiper une solution positive, une éventuelle ouverture de tous face à chacun, “où les fenêtres seraient partout grandes ouvertes, dans une ambition pacifique d’être soudés les uns aux autres”, comme le souligne avec émotion Hala Mohammad, pour que l’unité que nous pourrions créer, à l’image des manifestations de Charlie l’année dernière, soit plus forte que les peurs qui nous assaillent et nous font se méfier les uns des autres. Car “la peur chasse nos libertés en tant qu’êtres humains: c’est par amour les uns des autres que nous pourrons combattre Daesh” ajoute-t-elle. Il s’agit aussi de réfléchir pour marquer son engagement contre les persécutions: Jean-Luc Despax le souligne en évoquant la situation du poète palestinien Ashraf Fayad, condamné à mort en Arabie Saoudite pour apostasie. L’Association Amnesty International prend alors la parole pour parler de son engagement pour faire sortir des personnes injustement condamnées à l’emprisonnement et parfois même à la mort, grâce à son unique arme, un stylo. En écho, Diane Hakizimana évoque la fuite de quatre-vingt cinq pourcent de plumes burundaises, en l’occurrence de ses journalistes, hors du pays, pour la plupart au Rwanda, de peur de se faire emprisonner – ou de connaitre des sévices encore pire – par le gouvernement de Pierre Nkurunziza. La journaliste, elle-même exilée, ne pensait pas devoir faire face à la peur de l’ennemi politique en France aussi.

bbbb0a0d-385a-42a3-8dee-d741696e33f3Comme arme ultime contre ceux qui souhaitent attaquer notre liberté, la créativité. C’est sous ce signe que la soirée se déroule, aussi. Les intervenants lisent des poèmes, empruntés à des personnalités littéraires qui leur donnent matière à penser, tant leurs mots souhaitent se battre. Des jeunes du Club Jeunes Théatre & Poésie lisent lisent des textes. Un flûtiste ponctue ces interventions de courtes mélodies, puis sous une mise en scène faite de distorsions sonores et de mimes, l’hymne de la France surgit, victorieux malgré tout.

 

Liberté de la presse et démocratie : deux sœurs siamoises

[Par Jean-Jules LEMA LANDU]

Elles sont deux, l’une collée à l’autre. Quand on les sépare de force, les deux meurent. Elles sont comme des sœurs siamoises. C’est l’image que certains donnent de la liberté de la presse, par rapport à la démocratie.

La démocratie est un des régimes politiques pour la gouvernance des nations. Dans ce régime, c’est le peuple qui décide, à travers un système de représentation : le président de la République, les députés et sénateurs sont tous élus par le peuple. Ils doivent donc agir au nom des intérêts du peuple.

On parle de démocratie, aux Etats-Unis, en Europe occidentale et dans quelques autres pays comme l’Inde ou Israël (où les élections législatives viennent de donner la victoire au parti de Likoud, la droite israélienne).

Quand il y a absence de démocratie, c’est la dictature qui triomphe. Dans ce cas, les dirigeants conduisent les affaires de l’Etat à leur guise, et toujours de manière égoïste. Ils écrasent les peuples et se mettent, généralement, à piller les biens du patrimoine national. La plupart des pays du continent africain sont victimes de la dictature. L’exemple le plus frappant est celui du Zimbabwe, où le président Mugabe, 91 ans, est au pouvoir depuis 1987 ; soit 38 ans de règne sans partage.

Que le régime politique relève de la démocratie ou de la dictature, il constitue ce que l’on désigne par le mot « Pouvoir ». Celui-ci, généralement, s’oppose à l’exercice total de la liberté de la presse. En France, par exemple, avant même l’invention de l’imprimerie, la monarchie avait soumis la presse à la censure (c’est-à-dire à l’autorisation préalable) sous peine de mort.

La presse (terme générique pour désigner l’ensemble des médias), quant à elle, est le support d’un message, d’une « lettre ouverte », à grande échelle. Elle dénonce les errements des dirigeants. Le premier périodique (titré « Relation ») fut tiré en décembre 1605, à Strasbourg.

D’où l’antagonisme entre les deux réalités. Ce conflit est resté permanent dans une situation de lutte que le Pouvoir mène à l’encontre de la liberté de la presse. Souvent, les journalistes sont interpellés, intimidés et, dans le pire des cas, emprisonnés ou tués.

En démocratie, cette lutte est subtile (cachée). Elle se traduit, le plus souvent, par ce que l’on appelle la « conspiration du silence ». Quand un média déplaît aux dirigeants, on s’arrange « en silence » pour lui porter un coup fatal : lui arracher toutes les ressources publicitaires. Or, sans publicité, un média ne peut vivre. On utilise aussi l’achat de conscience ou le harcèlement judiciaire.

En dictature, par contre, les choses sont faciles. Les dirigeants utilisent, ouvertement, des méthodes fortes : arrestation arbitraire, emprisonnement, torture, assassinat. Les cas d’assassinats les plus connus sont ceux de Norbert Zongo, en 1998 (Burkina Faso), Anna Politkavskaöa, en 2006 (Russie) et Hrant Dink, en 2007 (Turquie).

Il y a donc un lien étroit entre la liberté de la presse et la démocratie pluraliste, car elles partagent en commun le souci de défendre, du moins les libertés individuelles, sinon les droits fondamentaux de la personne humaine.

Si les prédateurs de la liberté de la presse constituent une force, l’ensemble des personnes et des organisations qui agissent pour le triomphe de celle-ci en est une autre. C’est dans ce cadre que l’Onu a institué la « Journée Mondiale de la liberté de la presse », qui a lieu tous les mois de mai.

Débat à l’Unesco : Sécurité des journalistes, Liberté et Démocratie

[Par ADS]

Dans ses efforts pour soutenir la liberté d’expression, Irina Bokova, directrice générale de l’Unesco a exprimé sa solidarité à tous les journalistes lors d’une conférence tenue au siège de l’institution à Paris mercredi – ceux de Charlie Hebdo en particulier, qui « risquent leur vie pour accomplir leur devoir ».

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« S’attaquer à des journalistes, c’est s’attaquer au principe même de la liberté d’expression », poursuit la directrice générale. Et de conclure en appelant à « assurer et renforcer la sécurité des journalistes » dans son discours d’ouverture de la conférence sur la « Protection des journalistes » au lendemain de l’attentat contre le journal satirique Charlie Hebdo.

Annick Girardin, secrétaire d’Etat française au développement et à la francophonie, représentante du gouvernement français à cette conférence a rappelé que « La France est pour l’information libre, indépendante, irrévérencieuse, que la France défend la liberté d’expression, sans oublier la liberté de conviction et de croyance ». « Nous respectons la sensibilité des opinions partout dans le monde. Tout media a le droit de publier en France dans le respect des lois. Chaque individu qui se sent lésé par une publication quelle qu’elle soit a le droit lui aussi et la possibilité de se tourner vers la justice pour faire respecter ses droits. Mais en aucun cas on ne peut avoir recours à la violence », a-t-elle précisé.

IMG_0870Les dessins de presse publiés, souligne-t-elle, peuvent véhiculer des idées extrêmement puissantes dans un langage universel. En cela les caricaturistes sont des sortes de fantassins de la démocratie. Selon la réprésentante du gouvernement, 90% des crimes terroristes sont impunis. La France apporte son soutien aux journalistes en danger à travers Reporters Sans Frontière et la Ligue européenne des droits de l’homme. Avant de conclure en rappelant une citation de Manuel Valls, Premier ministre Français à la représentation nationale Lundi : « La meilleure des réponses au terrorisme qui veut précisément diaboliser ce que nous sommes, c’est-à-dire une grande démocratie, c’est le droit, la démocratie, la liberté ».

Plantu caricaturiste au journal le Monde se lâche : « On est en colère depuis dimanche la marche merveilleuse des Français et du monde entier on se rend compte que la liberté d’expression c’est quelque qui ne touche pas forcément que les dessinateurs, que les journalistes mais tout le monde ».

Au cours des débats qui ont suivi sur “dialogue interculturel et sociétés fragmentées” qui a vu se succéder au micro d’éminentes personnalités du monde des médias et des défenseurs des droits des journalistes, les interventions étaient plus ou moins équilibrées et appelaient à « une prise de conscience » sur les limites de la liberté d’expression.

« On doit savoir que caricaturer le prophète Mahomet (Psl, ndlr) est offensant. Qu’il y a des gens qui sont prêts à mourir pour cette offense. En y prenant garde, on arriverait à lutter contre le fondamentalisme islamique», soutient Omar Belhouchet, journal à El Watan (Algérie).

John Ralston Saul, président du PEN international a exprimé son inquiétude face aux déclarations des politiques vis-à-vis de la montée du terrorisme : « Je suis inquiet quand on déclare la guerre au terrorisme : on a déclaré la guerre contre la drogue, contre le crime organisé, contre le terrorisme, ça n’a pas marché. Qu’allons-nous faire ? »

 

 

La MDJ : « Nous sommes tous Charlie »

 

Les journalistes de la MDJ expriment leur solidarité à Charlie Hebdo.

La lâcheté et la barbarie, les termes sont assez faibles pour exprimer ma révolte et mon indignation face à cet acte inhumain. Je suis Charlie. Je suis Charb, Cabu, Wolinski, Tignous…Vous ne réussirez pas à tuer nos œuvres.
Sékou Chérif DIALLO, journaliste guinéen
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La grande douleur ! Vive protestation, mes compatriotes !
Wanding REN, reporter chinois
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L’association des journalistes syriens condamne fermement l’attaque terroriste sur le magazine Charlie Hebdo. L’association des journalistes syriens a suivi avec consternation l’acte terroriste et lâche contre le magazine humoristique Charlie Hebdo à Paris et qui a coûté la vie à 12 journalistes et policiers. L’association des journalistes syriens condamne cet acte barbare qui que ce soit l’auteur. L’association des journalistes syriens exprime sa consternation et son refus de ce crime odieux qui va à l’encontre de tous les principes humains et, les plus simples enseignements de la tolérance des religions. L’association des journalistes syriens présente ses chaleureuses condoléances aux familles et amis des victimes des journalistes et policiers qui ne faisaient que leur devoir, et rappelle que à cette douloureuse occasion de la nécessité de de respecter la liberté de presse ; et de ne pas en aucun cas s’attaquer aux journalistes.
L’association des journalistes syriens
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Je m’incline avec une vive émotion devant la mémoire de toutes les victimes, policier et membres de l’équipe de Charlie-Hebdo, et présente mes condoléances aux familles éplorées en leur disant qu’elles ont perdu des patriotes, morts pour la démocratie et la liberté d’expression. Cela dit, je forme le vœu que le peuple français reste uni face à cette épreuve sachant que les tueurs n’ont pour projet que de provoquer la désunion au sein d’une société qui a su,- même s’il reste encore des choses à parfaire en ce domaine,- assurer la cohabitation entre communautés de différentes religions, origines et langues. Je suis convaincu que les institutions françaises sont assez fortes et sauront trouver les moyens de consolider le système laïque et républicain qui fait tant l’originalité de la France. C’est des solutions mêmes qui auront été conçues et les réponses qui auront été apportées au déferlement cyclique de la violence que dépendra le destin du reste du monde.
Larbi Graïne, journaliste algérien
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Nous, journalistes syriens exilés en France, avons appris avec extrême tristesse et sidération l’horrible crime commis à l’encontre de nos confrères de «Charlie Hebdo» par les ennemis de l’être humain, de sa liberté et de sa dignité.
Nous condamnons cet acte lâche et présentons toutes nos condoléances aux familles des victimes, leurs proches et leurs collègues. Nous faisons la promesse de faire triompher toutes les valeurs portées et défendues par les martyrs de la liberté d’opinion et de la liberté humaine partout dans le monde.
Nous, journalistes et écrivains syriens, percevons tout le sens de ce crime et les messages que les assassins cherchent à transmettre.
Nous le savons d’autant plus que, dans notre pays, la Syrie, nos amis et collègues croupissent dans les geôles ou les fosses des fascismes d’Assad et de Daech, les deux alliés contre la liberté, la dignité et tout ce qui est humain.
Les signataires :
Najati TAYARA
Nahed BADAWIA
Rashed ISSA
Rateb SHABO
Iyad ABDALLAH
Moaaoya hamoud
Omar ALKHATIB
Mazen ADI
Ali HAMRA
Khalil ALHAJ SALEH
Nart ABDALKAREEM
Raafat ALGHANEM
Ahmad SALAL
Fadwa SOULEIMANE
Rana ZEID
Muzaffar SALMAN
Mohamad AL AWAYD
lina CHAWAF
duha ASHOUR
Ahmad BASHA
Assem HAMSHO
Hazem AL SAIED
Mohammed SHA’BAN
Omar ALASAAD

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Je suis tant triste, je suis tant brisé… Quelle barbarie…..
Je pense aux mes collègues les victimes, à leurs familles et leurs proches et notamment aux blessés.
Mohamed Houssein, journaliste mauritanien
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Nos plus sincères condoléances au peuple français et toutes nos condoléances et notre solidarité envers le journal Charlie Hebdo
Ce qui est arrivé est un acte de criminel et terroriste terrible et inacceptable.
Nart ABDALKAREEM, journaliste syrien
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Je condamne l’attaque terroriste sur les journalistes de Charlie Hebdo. Toutes mes condoléances.
Je suis Charlie.
Oleksandr POMOYNYTSKYY, journaliste ukrainien
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Il ne faut pas arrêter la lutte contre des extrémistes, parce qu’ils ne sont pas justes! Ils n’ont pas de culture humaniste. Ce sont des sauvages ! Je suis Charlie avec tout mon coeur!
Vive la liberté !
Osman AHAMADI, journaliste afghan
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Je manifeste contre cette attaque terroriste sur la rédaction Charlie Hebdo.
Je suis solidaire de ce journal.
Mohammad ALHAMADI, journaliste syrien
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Au nom de la Liberté de la presse, je suis Charlie Hebdo!
Benson SERIKPA, journaliste ivoirien
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Qui mieux que nous (journaliste exilé en France) pour parler de la liberté d’expression. Charb avait raison : Nous préférons mourir debout que vivre à genoux.
#je suis Charlie
Un journaliste guinéen
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J’étais un journaliste réfugie iranien en France, mais a partir le mercredi 07 janvier 2015, je suis CHARLIE. c’est tous.
Majid SEDGHI, journaliste iranien
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J’ai appris cette tragédie qui a profondément touché le monde entier particulièrement la famille de la presse, nous sommes touchés , je me pose la question au nom de quel Islam ces confrères ont tués, leur âme s’inscrira pas en lettre de sang comme ils ont tués mais en lettre d’or dans sa mémoire collective de l’ensemble de la presse mondiale.
Mes condoléances les plus attristées aux familles des victimes.
Alpha Ousmane BAH, journaliste guinéen
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Nous condamnons tous l’attaque terroriste contre le journal français Charlie Hebdo , condoléances aux familles des victimes et au peuple français
Tarek SHEKH MOUSA, journaliste syrien
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A dessein, la haine a frappé, mais, jamais, n’effacera le dessin de la liberté.
Charlie est mort, vive l’hebdo !
Léon KHAROMON, journaliste congolais
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Toutes mes condoléances.
Sumith DIAS, journalistes sri lankais
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Arsenal redoutable. L’attentat perpétré contre les journalistes de « Charlie Hebdo » est abominable. Quand on emprisonne un journaliste, on emprisonne la liberté d’expression. Quand on tue un journaliste, ô crime suprême, on tue l’homme mais on ne supprime pas sa pensée, qui demeure à jamais un arsenal redoutable pour d’autres combattants de la liberté.
Jean­-Jules Lema Landu, journaliste congolais
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Journalistes de Charlie,
Vous êtes le pont entre les ténèbres et la lumière…
Après la mort, il y a eu un fort éclaircissement venu renforcer l’avenir et la liberté.
Nabil SHOFAN, journaliste syrien
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C’est vraiment un acte barbare, inhumain, indigne, sans religion qu’aucun qualificatif ne peut-être employé pour qualifier cet acte d’un autre age.

CHARLIE :

c : consterné
h : horrifié
a : affligé
r : révolté
l : lubrifié
e : écœuré
Alareny BAH, journaliste guinéen
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Au lendemain de l’attentat terroriste contre le journal de Charlie Hebdo à Paris, je crois qu’il n’y a pas de foyer pour les journalistes, ni dans les pays occidentaux ni orientaux car les terroristes et les extrémistes sont partout dans le monde. Alors “Nous devons nous montrer solidaires de Charlie Hebdo sans oublier tous les Charlie Hebdo du monde. En outre, je pense que aujourd’hui les terroristes exploitent la démocratie et la libérée dans les pays occidentaux pour attaquer les valeurs de civilisation de ces pays. À mon avis si quelqu’un décide de vivre dans un pays occidental (par exemple la France), il faut qu’il respecte ses valeurs.
Karwan TAYIB, journaliste kurde d’Irak
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Ce soir la France est en deuil et …nous aussi. Nous parce que nous vivons désormais sur cette terre hospitalière de France. Nous parce que nous sommes avant tout journaliste. À chaque fois que la liberté d’expression sera réprimée de diverses manières, nous marquerons notre désaccord. Présentant nos condoléances au peuple français et au monde des médias meurtris par ce lâche attentat, nous ne pouvons nous empêcher de penser à ces crises à travers le monde. On oppose toujours les ethnies et les religions et on fait agir lâchement les esprits faibles, manipulés et désorientés. Lorsque la violence des armes devient un moyen de revendication, le monde perd son humanité.
Ce soir je pleure mes confrères de Charlie Hebdo et comme l’artiste, je crie haut et fort: “NE MELEZ PAS ALLAH A VOS ACTES CRIMINELS”
Armand IRÉ, journaliste ivoirien
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Je suis vraiment ému en regrettant d’arriver à ce cauchemar. À mon avis cette attaque vise toutes les personnes qui habitent en France et également la liberté de la presse. En dernier lieu, je souhaite juste écrire ce message simple et clair pour déclarer que je suis fière de Charlie Hebdo, en tant que journaliste.
Reza JAFARIAN, photojournaliste iranien
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La presse c’est comme un miroir. Elle vous informe de tout votre état, bon ou mauvais. Avec vive émotion, que j’ai suivi l’acte ignoble de ses islamistes contre Charlie Hebdo. Ils ont confirmé leur état que le miroir Charlie Hebdo avait reflété. On ne tue pas la vérité, la presse.
Simon MM, journaliste congolais
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Charb, Wolinski, Cabu et Tignous étaient parmi ceux qui ont péri dans cet acte ignoble mais vous serez Charlie! Charlie! Liberté! comme le scandaient ce soir place de la République des milliers de personnes en votre mémoire.
Out le terrorisme! Que vive la liberté de la presse de par le monde!
Abdoulaye Djibril SOW, journaliste guinéen
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C’est l’encre qui devrait couler et non le sang. Si vraiment ces meurtriers ont cru rendre justice, la violence n’en est en aucun cas un moyen. Le meurtre fait taire les bouches et non les coeurs, les idées ni les actions. Vous êtes morts mais vous laissez derrière vous des branches dont les fleurs produiront les fruits de vos actions. REST IN PEACE CHARLIE HEBDO attack victims
Une journaliste
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Ceux qui ont tué cherchent à pulvériser la liberté. Ils ont d’ores et déjà échoué. Chacun, à notre place, nous allons tenter de perpétuer les principes qui animaient nos collègues disparus. Devenons des veilleurs sinon des combattants, dans la mesure de nos modestes moyens. Nous sommes tous des Charlie. Définitivement.
Denis PERRIN, journaliste français
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Hommage aux journalistes de Charlie Hebdo, martyrs de la liberté de la presse!
Carole SERIKPA, journaliste ivoirienne
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A l’équipe de Charlie Hebdo, je souhaite adresser mes plus sincères condoléances. Mes pensées vont aux victimes, à leurs familles, à leurs amis et à leurs collègues qui ont perdu des êtres irremplaçables.
Aujourd’hui, j’ai envie de rire encore plus fort, d’être bousculée davantage, de m’interroger encore et encore, notamment en lisant Charlie Hebdo qui a eu l’art de ne jamais me laisser indifférente…
Alors, au-delà des peurs, des pleurs, de la tristesse, du deuil, si vous le pouvez encore, faites-moi rire, bousculez-moi, aidez-moi à réfléchir en restant encore et toujours politiquement incorrects, parfois si trash et subtiles à la fois…
Florence DAMIENS, traductrice français-arabe
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Journaliste tchadien, exilé, en France, j’estime que l’attentat terroriste qui a visé ce mercredi 07 janvier 2015, le journal, “Charlie Hebdo”, faisant des lourdes pertes en vies humaines et de nombreux blessés, est un acte abominable d’une extrême cruauté. Il est inqualifiable et inadmissible. La liberté d’expression est un droit universel qui ne peut être transgressé. Attaquer et tuer injustement des journalistes dans l’exercice de leur fonction, est un délit lourdement répréhensible, une menace pour l’humanité dans sa composante globale. J’exprime ma solidarité internationale à la rédaction de Charlie Hebdo et j’invite les uns et les autres à la mise en place des réactions urgentes, massives et généralisées pour éradiquer ce phénomène qu’est le terrorisme. Aucune société moderne ne peut s’identifier ni adhérer, à l’agissement de ces criminels qui entravent la marche de l’humanité éprise de paix, de justice sociale et de dignité pour tous. En cette douloureuse journée de deuil, mes pensées particulières vont aux victimes, à leurs familles, amis et journalistes éprouvés par cette barbarie moyenâgeuse.
Makaila NGUEBLA, blogueur tchadien
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L’opposition Yéménite condamne sévèrement les derniers actes terroristes vécus dernierement en France et au Yémen. Ces actes terroristes lâches et perfides qui ont impliqué le journal Charlie hebdo de la capitale française, qui ont tué de nombreux innocents. Au Yémen, nous avons également subis mercredi dernier des attentats terroristes à la voiture piégée, faisant 40 morts et des dizaines de blessés.
Le terrorisme ne connaît aucune frontière et s’attaque à tous. Il ne défend aucune religion et ne peut en parler en son nom.
En tant que président de l’opposition Yéménite française je tenais à exprimer mon soutien à la France et à exprimer mes plus sincères condoléances aux familles des victimes françaises, tout comme aux familles des victimes Yéménites.
Mohamed AL SHAMI, journaliste yéménite
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COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Attentat Charlie Hebdo :
la Maison des journalistes se mobilise et lance un appel à la vigilance
en faveur de la liberté de la presse

La Maison des journalistes (MDJ) pleure les victimes du terrible attentat meurtrier perpétré à l’encontre du journal Charlie Hebdo ce mercredi 7 janvier. Elle témoigne de sa solidarité aux familles des journalistes, des policiers et au journal éprouvés par cet acte abominable.

Protéger les journalistes, protéger la presse, c’est protéger la démocratie et nos libertés. La Maison des journalistes entend plus que jamais soutenir les journalistes de par le monde qui ont trouvé refuge en France et qui, pour la plupart, ont été persécutés par ceux dont font partie ces barbares.

Aujourd’hui la Maison des journalistes lance un appel à la vigilance, à la mobilisation pour lutter contre tous les intégrismes et toutes les intolérances.

Fait à Paris, le 8 janvier 2015

Christian AUBOYNEAU
Président

Darline COTHIÈRE
Directrice

La Maison des journalistes

Crimes contre les journalistes : L’Afrique dans la tourmente

[Par Alareny BAH]

Le 2 novembre a été décrété « Journée internationale contre l’impunité des crimes commis contre les journalistes » par l’Unesco. L’Onu a également instauré la « Journée mondiale de la presse » qui a lieu chaque 3 mai. Ces initiatives pointent ce qui se passe notamment en Afrique.

Source : ifex.org

Source : ifex.org

En écho aux efforts de sensibilisation engagés à l’échelon international, on a assisté en Afrique – notamment dans l’ouest – à une floraison de médias audiovisuels et écrits. Toute chose qui avait suscité beaucoup d’engouements au sein des populations, car cette libéralisation permettait, du coup, la pluralité de l’information. Au fil des années cet espoir s’estompe petit à petit du fait des obstacles érigés sur le chemin de ceux qui sont censés travailler dans ces médias.

Des hommes s’érigeant en rois, chefs d’Etat, groupes terroristes ou autres personnes influentes usent de tous les moyens qui sont à leur disposition pour empêcher tout travail des médias non favorables à leur cause. Souvent ce genre d’attaque s’exprime par des menaces verbales, écrites, des persécutions, des arrestations, de la prison, des assassinats ou la destruction d’équipements professionnels : autant d’actes forçant à l’exil.

Le problème africain

Sur le plan mondial, l’Afrique occupe une bonne place pour ne pas dire la 1ère dans la violation des droits à l’information. Certains dirigeants sont prêts à sacrifier des journalistes pour sauver leur position. Or, ces mêmes dirigeants ont oublié que c’est grâce à la couverture médiatique qu’ils ont accédé au pouvoir. Et ce n’est pas un hasard s’ils entretiennent constamment des relations avec des médias sélectionnés pour vendre leur image.

Mon pays, la Guinée, n’est pas en reste dans ce genre de manœuvre. Récemment des journalistes ont été refoulés d’une ville où ils voulaient se rendre pour constater le nombre de morts lié à la révolte des populations face à la mauvaise gestion de la fièvre Ebola.

Aujourd’hui nombreux sont les journalistes qui ont pris la route forcée de l’exil à cause des vérités qu’ils énoncent sur des sujets sensibles, laissant derrière eux une famille meurtrie et à l’agonie. En se référant au rapport et au classement 2014 de Reporters sans frontières (RSF), on voit que la Guinée régresse d’année en année. De 82ème en 2013 elle est passée au 102ème rang sur 180 nations classées. Ceci signifie qu’il va falloir encore attendre encore bien des années pour que la protection des journalistes soit effective dans ce pays.

Source : http://rsf.org/

Source : http://rsf.org/

Globalement, à l’échelle de la planète, l’on assiste chaque année à l’assassinat et au départ massif de journalistes pour une destination inconnue à cause des persécutions dont ils font l’objet quotidiennement. Malgré la rituelle célébration du 3 mai (la Journée mondiale de la presse), les hommes et femmes, de plume, de micro et de caméras ne sont toujours pas à l’abri des esprits malveillants. Il faut tout de même se réjouir d’innombrables progrès réalisés dans la promotion d’une presse libre et responsable au service de la démocratie et de l’état de droit par certaines nations.

La célébration de l’Unesco le 2 novembre prochain vient à point nommé et s’ajoute à tant d’autres événements. Cette célébration fait référence à l’assassinat de deux éminents journalistes de RFI, en l’occurrence : Ghislaine Dupont et Claude Verlon alors qu’ils étaient en reportage à Kidal au nord du Mali. Ces deux envoyés spéciaux n’avaient comme armes que leur micro, leur badge et leur dictaphone. Ils ont été enlevés puis assassinés par leurs ravisseurs le samedi 2 novembre 2013 tout simplement parce qu’ils étaient à la recherche d’informations fiables et crédibles.

Cette date restera désormais gravée dans la mémoire de tous les hommes épris de justice mais surtout dans les annales de l’histoire de la presse mondiale. Ce 2 novembre sera alors mis à profit pour parler du travail de ses 2 journalistes disparus mais aussi des dispositions à prendre en faveur de la liberté d’information. Sans une presse libre : pas de démocratie et sans démocratie pas d’état de droit.

Source : mali-web.org

Source : mali-web.org