Festival International de Théâtre de Rue en images

[Reportage photo de Athula WITHANAGE]

En cet été 2014, la 29e édition du festival international de théâtre de rue a transformé la ville Aurillac (Auvergne) en théâtre géant. L’événement a rassemblé près de 120 000 spectateurs, des milliers d’artistes et des centaines de professionnels autour des arts de la rue.

Interventions lors de l’ouverture de festival, manifestions, sensibilisation du public par les artistes: le débat autour du statut des intermittents du spectacle a marqué ce festival, sans toutefois influer sur le bon déroulement des spectacles et de la fête.
Pour cette 29e édition comme pour les précédentes, Aurillac a été un lieu de débats, de partage d’idées et d’émotions, de surprises, de joie, d’émerveillement, d’ouverture et de respect de l’autre.

 

 

DSC_1165 DSC_1104 DSC_1070 DSC_1064 DSC_1051 DSC_0991 DSC_0946 DSC_0923 DSC_0901 DSC_0885 DSC_0864

DSC_0862

DSC_0854

DSC_0777

DSC_0740

DSC_0730

DSC_0729

DSC_0707

DSC_0696

DSC_0659

DSC_0652

DSC_0623

DSC_0610

DSC_0567

DSC_0490

DSC_0467

DSC_0449

DSC_0438

DSC_0429

DSC_0422

DSC_0415

DSC_0378

DSC_0364

DSC_0299

Moi, je suis avec la mariée : un cinéma hors-la-loi

[Par Ahmad BASHA]

Traduit de l’arabe au français par Florence Damiens
Article en version originale publié sur alModon, le jeudi 04/09/2014

Un image du film « Moi, je suis avec la mariée »

Un image du film « Moi, je suis avec la mariée »

Avant et après les événements de la Mostra de Venise, les media italiens et internationaux n’ont cessé de parler du documentaire palestino-italien « Moi, je suis avec la mariée » de Khalid Suleiman Al Nassiry, Antonio Augugliaro et Gabriele Del Grande. L’agence de presse italienne ANSA est allée encore plus loin en décrivant le film comme étant « l’une des dix raisons qui font que nous nous rendons au festival ». De fait, les tickets d’entrée (mille sièges) pour la première projection, prévue à Venise jeudi soir dans le cadre de la manifestation « Perspectives Nouvelles », furent déjà distribués quatre jours auparavant. Le film fut présenté à la presse dans une projection exclusive, organisée la veille de la projection officielle.
Les réalisateurs de « Moi, je suis avec la mariée » – un palestinien et deux italiens – voulaient que leur premier documentaire soit une aventure pouvant potentiellement engager leur responsabilité légale ; une supercherie qu’ils ont eux-mêmes tissée et tournée à des fins purement humanitaires, dans le but de permettre à cinq réfugiés (des palestiniens et des syriens) de se rendre en Suède. Pour cela, les trois cinéastes ont demandé l’aide de leurs amis mettre en place leur stratagème. De nombreux jeunes se sont portés volontaires afin que la mission soit un succès. Tout fut organisé pour que le convoi ait l’air du cortège d’un mariage italien, qui se rendrait de Milan à Stockholm en passant par la France, le Luxembourg, l’Allemagne et le Danemark. Et c’est exactement ce qui s’est produit.

Un seul rêve rassemble les personnages principaux du film : arriver en Suède, espérant une vie meilleure pour eux et leurs familles, qui pourraient quitter la Syrie si leurs membres pionniers arrivaient à entrer au pays nordique. Les cinq immigrants se rencontrent sur l’île italienne de Lampedusa alors que la chance leur a déjà souri de nombreuses fois : la première fois, lorsqu’ils ont échappé à la mort dans leur pays ; la seconde lorsqu’ils sont sortis vivants des bateaux des passeurs et des malédictions de la Méditerranée ; la troisième fois, lorsqu’ils ont rencontré les trois réalisateurs qui allaient les aider dans la traversée vers leur rêve.
Dans leur documentaire, qui dure une heure et demie, les trois cinéastes présentent une œuvre cinématographique particulière. Ils condensent avec application la durée de leur voyage – qui se déroula du 14 au 18 octobre 2013 – afin que ce dernier devienne un instant de connivence, comme un jeu, dès le départ, entre les cinéastes et leurs personnages d’un côté, le film et ses spectateurs de l’autre. Pour servir l’objectif du cortège, les réalisateurs ont eu recours à un jeu cinématographique qui impose une élégance visuelle que l’on retrouve dans les images et les plans travaillés du film. De même, la musique du film – qui est essentiellement basée sur des instruments à percussion – et les intertitres précisant les noms des lieux traversés durant les différentes étapes du voyage contribuent à présenter un espace cinématographique irréel, factice mais aux détails soignés. Suivant la même logique, l’Europe dont ils ont entendu parler, l’Europe dont 17 des membres ont annoncé qu’ils accueilleraient des réfugiés, n’est pas celle qui existe réellement.
A travers ce travail, les trois cinéastes ont enfreint les lois en vigueur, les exposant à des poursuites judiciaires pouvant aboutir à des peines allant jusqu’à 15 ans de prison. L’équipe du film a eu recours aux éléments techniques habituels mais avec l’objectif délibéré de montrer que le cinéma a la capacité de truquer la réalité. Le cinéma devient ici un outil pour traverser le réel et rejoindre le rêve. Comme le décrivait Walt Disney : « Si vous pouvez le rêver, vous pouvez le faire ».
Après le début du voyage, le temps réel s’enfuit, s’ouvrant sur de nombreux lieux et espaces sillonnés par les personnages du film. Depuis l’histoire d’Ahmad, qui s’est réveillé au milieu de cadavres durant son voyage où près de 250 corps ont été perdus en Méditerranée, jusqu’au récit que fait Tasmeen de ses souvenirs avec ses amis activistes et combattants dans l’armée libre au camp de Yarmouk. Tasneem – qui est arrivée d’Espagne pour jouer le rôle de la mariée dans la supercherie à laquelle elle a volontairement contribué – est elle aussi venue d’un autre lieu : celui du film Les Chebabs de Yarmouk, quand elle était encore à Damas et qu’elle passait son temps avec Hassan Hassan et ses amis sur les toits du camp de Yarmouk pendant le tournage de ce film.
Les variations de lieux durant le voyage du film accompagnent aussi les transitions entre les souvenirs de chaque personnage. Du camp de Yarmouk jusqu’à la patrouille côtière à Maltes ; du mariage auquel a assisté Gabriele à Alep en 2012 jusqu’à sa proposition concernant l’idée de Moi, je suis avec la mariée ; et du film Les Chebabs de Yarmouk jusqu’aux lieux cités dans les chansons qui les aident à patienter à mesure qu’ils se rapprochent du « rêve » nordique.
Les lieux s’entremêlent et bifurquent, les nouvelles du pays et de ses habitants se perdent. Ainsi, le père s’épuise afin d’obtenir le droit au regroupement familial pour sa famille, même s’il ne sait pas si le nombre de ses proches est resté le même que celui qu’il a en tête. Tous arrivent et le film s’achève. Restent les barils du système. Les gens continuent de fuir la Syrie « en payant des milliers de dollars pour mourir dans la mer », comme le dit l’un des personnages du film.
Le documentaire Moi, je suis avec la mariée suit un scénario prévisible. Il ne contient ni péripétie ni surprise. Tout ce qui arrive est attendu. La structure du film n’est pas classique : le drame vient de la difficulté qu’ont les personnages de rester en accord avec eux-mêmes alors qu’ils doivent jouer un rôle, du fait de leur confusion face à un univers inconnu et de la manière dont ils se confrontent aux éléments du monde « nouveau » à partir d’une langue, d’une musique, d’une manière de penser, etc. En revanche, plusieurs scènes tranchent avec le style général du film, comme la scène de lecture de poésie et celle du chant de Tasneem face à la mer, par exemple. L’unité du film – qui est construit dans la forme comme dans le fond sur l’idée de jeu – souffre de la présence de ces scènes.
Les cinq arrivants semblent participer à une mascarade ayant lieu dans un endroit étrange, qui n’a aucun lien avec les personnages, sauf à travers la supercherie mise en place. Les paradoxes se révèlent dans le caractère poétique des personnages, à travers leur spontanéité dans un cadre pourtant construit, leur rapport avec la réalité et leur attente concernant leur rêve. Le rêve se trouve peut-être ici dans la capacité qu’a le cinéma de changer la réalité.
A propos de la participation du film à la Mostra de Venise, Al Nassiry a précisé au journal alModon : « Notre rêve a franchi une nouvelle étape dans sa réalisation, dans un sens métaphorique, bien évidemment. Imaginez avec moi la situation: un immigrant fuit une guerre contre laquelle l’Occident n’a pas fait ce qu’il devait faire pour y mettre un terme. Il traverse la mer, souffre de la soif, de la faim et du fait que les Européens arrivent tardivement pour le sauver. Il arrive pieds nus et reste longtemps dans les camps de détention européens. Puis il s’en échappe mais les lois européennes lui interdisent de se rendre dans l’endroit sûr qu’il souhaite. Il se retrouve donc confronté aux passeurs qui sont des trafiquants d’êtres humains qui travaillent, en fait, grâce aux lois européennes ». Et à Al Nassiry de conclure : « Les immigrants qui sont arrivés pieds nus en Europe marcheront sur le tapis rouge du plus ancien festival cinématographique au monde ».
Peut-être que l’entrée des réfugiés à Venise, après leur traversée accompagnés de trois cinéastes qui ont commis un délit d’après la loi italienne, est une belle preuve que le cinéma est toujours capable d’action et de transgression. Car toi, « si tu peux le rêver, alors tu peux le faire ».

Chanson française, Sanseverino lance « Le petit bal perdu »

[Par Behzad QAYOMZADA]

Sanseverino était en concert à Paris lundi 15 septembre au Divan du Monde (Pigalle), pour présenter en avant-première son nouvel album “Le petit bal perdu”, qui sera lancé aujourd’hui, le lundi 22 septembre.

L’œil de l’exilé a eu l’occasion de participer à ce rendez-vous : ci-dessous les photos de Behzad Qayomzada et des commentaires à chaud du public du Divan.

« Il a la pêche, il fut le bordel !»

« Un  super musicien, un moment très agréable»

« C’est les racines de la chanson française ! »

« C’est musical, j’ai adoré… ! »

Sanseverino © Photo : Behzad Qayomzada

Sanseverino © Photo : Behzad Qayomzada

Sanseverino © Photo : Behzad Qayomzada

Sanseverino © Photo : Behzad Qayomzada

Sanseverino © Photo : Behzad Qayomzada

Sanseverino © Photo : Behzad Qayomzada

Sanseverino © Photo : Behzad Qayomzada

Sanseverino © Photo : Behzad Qayomzada

Sanseverino © Photo : Behzad Qayomzada

Cimetière de Montmartre, les photos d’une petite excursion

Le cimetière de Montmartre : Reportage photo de Reza JAFARIAN.

Cliquez sur les images pour les agrandir.

© Reza Jafarian

© Reza Jafarian

© Reza Jafarian

© Reza Jafarian

© Reza Jafarian

© Reza Jafarian

© Reza Jafarian

© Reza Jafarian

© Reza Jafarian

© Reza Jafarian

Fête de l’Huma: Le commerce équitable, une épine dans le pied de la libéralisation des échanges

[Par Sékou Chérif DIALLO]

En plus de la danse et l’effervescence d’une fête populaire, la fête de l’Humanité était aussi un espace de débat et d’échange. La Halle Nina Simone a accueilli le dimanche 14 septembre 2014 d’éminents débateurs sur un thème très cher pour les promoteurs d’une économie sociale et solidaire autrement dit d’une économie centrée sur l’humain.

Marc Dufumier, président de la Plate-forme pour le commerce équitable. [Source photo: mediascitoyens-diois.blogspot.com)

Marc Dufumier, président de la Plate-forme pour le commerce équitable. [Source photo: mediascitoyens-diois.blogspot.com)

Animé par Paule Masson, rédactrice en chef à L’Humanité et en présence également de Marc Dufumier, président de la Plate-forme pour le commerce équitable (PFCE), Jean Huet, coprésident d’Artisans du monde, Marie-Christine Vergiat, députée européenne (GUE) et Amélie Canonne, présidente de l’Association internationale de techniciens, experts et chercheurs (Aitec), le débat était essentiellement centré sur le rejet du traité transatlantique et la nécessité de refondation des règles commerciales au niveau international à travers la promotion d’un commerce équitable.

Ce Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement propose de créer un grand marché commun entre les Etats-Unis et les Etats membres de l’Union européenne. Les opposants à ce projet dénoncent entre autres l’opacité dans les négociations, la peur que les normes européennes, plus sévères et plus strictes dans les domaines de la protection du consommateur, de l’environnement ou de la santé que les normes américaines, soient sacrifiées sur l’autel de cet accord mais surtout ils redoutent que des grands groupes multinationaux dictent leur loi aux Etats.

L’accord conclu entre le Canada et l’Union européenne élimine 99% des droits de douane, impôt prélevé sur une marchandise importée. Avec les Etats-Unis, les bannières douanières seront supprimées et du coup, les Etats seront dans l’incapacité de contrôler leurs échanges commerciaux et il reviendra aux multinationales de procéder à la révision à la baisse toutes les normes sociales, sanitaires ou environnementales. Cette facette du commerce est perçue les partisans du commerce équitable comme une menace.

Cultivateur de riz à Madagascar – Le commerce équitable garantit un prix juste pour le producteur et renforce le développement économique des pays pauvres. [Photo tirée de http://fr.wikimini.org/]

Cultivateur de riz à Madagascar – Le commerce équitable garantit un prix juste pour le producteur et renforce le développement économique des pays pauvres. [Photo tirée de http://fr.wikimini.org/]

Pour Marc Dufumier, le commerce équitable est une réponse crédible à la dérégulation des échanges. Toutefois il ne représente que moins de 0,1 % des échanges mondiaux. Dans le cadre des échanges Nord-Sud par exemple, Marc Dufumier argumente en ces termes « Sur le marché international, quand vous avez deux sacs de riz qui se vendent au même prix, sachez que dans le riz de la femme malgache qui a repiqué son riz à la main et le riz d’un producteur en Floride ou en Caroline du sud, vous avez 200 fois de plus de travail agricole dans le sac de riz produit à Madagascar que dans le sac produit en Caroline du sud. Si cette femme qui doit acheter des médicaments pour ses enfants doit vendre du riz impérativement, elle est contrainte d’accepter une rémunération 200 fois inférieur à celle d’un agriculteur français ou de Caroline du sud. » Pour lui, cet état de fait contribue à l’appauvrissement des paysans principalement des producteurs du Sud et les conséquences sont importantes (bidonvilisation dans les pays du sud ou encore accélération des mouvements migratoires).

Dans le même ordre d’idées, Jean Huet, d’Artisans du monde salue les résultats obtenus par son mouvement qui est le pionnier du commerce équitable en France. Selon lui, un autre modèle de production et de distribution est possible que celui promu par ¬l’Organisation mondiale du commerce.

Avec cette multitude d’accords de partenariat (transatlantique, trans-pacifique, APE…) basés sur le profit des multinationales au détriment des producteurs locaux, les promoteurs du commerce équitable pensent que la lutte contre la pauvreté passe par un changement fondamental des règles du commerce mondial. Pour reprendre l’expression de Paule Masson « Commercer équitablement, c’est d’abord assurer le paiement d’un prix juste aux producteurs (souvent regroupés en coopératives dans les pays du Sud), qui en retour doivent assurer des conditions de travail décentes. »

Le combat pour la presse libre continue !

[Par John CHITAMBO LOBE]

La Maison des Journalistes a Paris-France est un refuge des journalistes exilés en France, une organisation unique dans le monde sans but lucratif.  Elle a organisé une rencontre entre journalistes exilés membres de la rédaction de L’œil de l’exilé et l’équipe de Mediapart,  journal numérique en ligne bilingue (anglais, espagnol et français). Cette rencontre avait pour but d’échanger des idées et des expériences, d’évoquer des défis, de parler des risques et des dangers de la pratique du  journalisme dans le monde actuel.

Visite à Mediapart [Crédit Photo  Muzaffar Salman] (7)

La liberté de la presse partout est un combat toujours actuel. Elle se porte mal dans beaucoup des pays. Cette liberté  est ignorée, elle est en danger, bafouée.

Les journaux ont toujours suscité la méfiance du pouvoir politique. De ce fait, la liberté de la presse ne s’est imposée qu’au prix de longues luttes…  mais si nous œuvrons ensemble, la victoire est probable. La liberté de communication et d’opinion est l’un des droits les plus précieux qui existent. Tout citoyen doit donc pouvoir parler, écrire, éditer librement.

Parce qu’il véhicule des informations et des idées,  le journal, s’il est libre, est capable d’ouvrir de vastes horizons  par sa nature et son caractère explosif puisqu’il contribue à la formation des opinions particulières et collectives de tout le monde dans un pays.

Plus le pouvoir est arbitraire ou antidémocratique et plus ses détenteurs ont des raisons de neutraliser les propos qui peuvent salir leur crédibilité, inciter le peuple à  la contestation, voire encourager à la révolte. C’est pourquoi  l’État concerné s’emploie à réprimer toute critique,négative ou non conforme a la pensée officielle.

 

Une liberté reconnue

 

Image tirée de http://www.sentinelleducontinent.com/

Image tirée de http://www.sentinelleducontinent.com/

La liberté de presse est aujourd’hui solennellement proclamée et universellement reconnue. Elle figure dans la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée en 1948 (Article 19), ainsi que dans le pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966. Le droit à la  liberté d’expression et de communication des informations et des idées est aussi affirmé par la Convention Européenne de sauvegarde des droits de l’homme (Article 10).

L’État n’est pas le seul ennemi de la presse. Dans certains pays, les journalistes subissent les attaques de tous ceux qu’ils gênent avec des révélations et publications de leurs activités…mais l’État reste souvent  le principal obstacle à la liberté de la presse… surtout dans des pays en voie de développement en Afrique, au Proche-Orient, au Moyen-Orient, en Asie et en Amérique Latine et du Sud.

 

Information, démocratie et formation

Sécurité numérique pour les journalistes en exil Aujourd'hui, jeudi 11 septembre, 'Atelier à la Maison des journalistes

Sécurité numérique pour les journalistes en exil
Aujourd’hui, jeudi 11 septembre, ‘Atelier à la Maison des journalistes

La liberté de la presse fait l’objet dans chaque pays démocratique d’une protection particulière, parce que l’information constitue l’une des conditions essentielles du  fonctionnement démocratique de la société. Les journaux doivent toujours s’adresser à la raison des lecteurs et doivent leur fournir des informations, des analyses, des révélations, des commentaires sérieux avec le souci majeur de présenter et d’expliquer l’actualité afin de la rendre compréhensible avec une transparence totale, sans risque de corruption, pour tous et partout.

Constatant les problèmes de sauvegarde de la liberté de la presse , la Maison des Journalistes et l’Université de Clemson,Caroline du Sud,  ont organisé des sessions de formation sur la Sécurité Numérique avec le spécialiste John Gaynard. Il a informé les journalistes présents de l’importance qu’il y a à travailler dans l’anonymat et sur  l’utilisation de l’Antivirus, CCleaner, TOR, Friendica, Cloudflare, Prey a mobile protection, Thunderbird&PGP pour le cryptage des mails ou pour chiffrer les courriers électroniques  sur Tails USB key/Cle USB Tails.

Toutes ces  précisions concernant les dangers encourus dans le monde virtuel, toutes ces techniques numériques et ces stratégies permettant de travailler dans l’anonymat ont pour but de protéger les journalistes et de leur éviter de tomber dans des pièges qui mettraient leur liberté – et celle de la presse – en danger.

 

 

Côte d’Ivoire-Paris : l’affaire des « nounous esclaves » au tribunal de Nanterre

[Par Armand IRE’]

Elle s’appelle Sy Kadidia. Elle est de nationalité burkinabé et est la compagne attitrée de l’ex-chef de la rébellion ivoirienne, aujourd’hui président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Kigbafori Soro. Elle était à la barre du tribunal correctionnel de Nanterre en région parisienne le lundi 8 septembre 2014, pour trafic d’êtres humains, travail dissimulé et absence de bulletins de paie. Cette affaire qui a cours depuis 2008, l’oppose à deux de ses compatriotes qu’elle a engagées à son service et qui l’accusent de les avoir soumis à des traitements dégradants. Nous étions à Nanterre.

Tribunal correctionnel de Nanterre [Photo tirée de affiches-parisiennes.com]

Tribunal correctionnel de Nanterre [Photo tirée de affiches-parisiennes.com]

Allure guindée, démarche assurée, visage affublé d’une paire de lunettes de correction, Sy Kadidia a le visage serein lorsque, accompagnée d’une amie, elle quitte pour un temps court la salle d’audience, quelques minutes avant le début de son procès. Lorsqu’à sa sortie de l’ascenseur, nous tentons de lui arracher quelques mots, celle qui lui sert, on va dire, de garde du corps s’interpose. La compagne de Guillaume Soro file vers la salle d’audience. Quelques minutes après 15h, elle est appelée à la barre. Veste noire et pantalon assorti soutenu par une sorte de body blanc, Sy Kadidia vue de près est d’allure juvénile. Elle tente tant bien que mal de faire face à l’armada de questions parfois intimes que lui pose le juge. Pour elle, ses ex-employées sont bien ingrates. Elle les a nourries, logées, blanchies et voilà comment elle est récompensée. « Elles voyageaient en business class aux frais de mon mari », dira-t-elle en substance. Aux frais de son « mari » ou aux frais du contribuable ivoirien ?

Alain Lobognon et de fausses attestations

Alain Lobognon veut les CAN 2019 et 2021 pour la Côte d'Ivoire. [Photo tirée de rti.ci]

Alain Lobognon  actuel ministre des sports de la Côte d’Ivoire.
[Photo tirée de rti.ci]

Tout commence en 2008. Guillaume Soro est alors Premier ministre suite aux accords de Ouagadougou. Son fils, aujourd’hui âgé de 7 ans, est victime d’une très grave maladie du sang : l’hémophilie. Sy Kadidia, la mère de l’enfant, l’envoie rapidement en France pour des soins. L’état du petit Soro demande une surveillance constante. Kadidia décide de prendre une nounou pour s’occuper de son fils. Les services de Guillaume Soro entrent alors en scène. Selon le juge dans sa présentation des faits, Alain Lobognon, actuel ministre des sports ivoirien, à cette époque conseiller spécial en charge de la communication à la Primature, aurait fait de fausses attestations où il présente Rosalie Nabi, la première nounou, et plus tard la seconde, comme des personnes travaillant pour le compte de l’État de Côte d’Ivoire, et étant affectées à ce titre comme dames de compagnie de Kadidia. A la question du juge, à savoir pourquoi avoir produit ces attestations non conformes à la qualité des plaignantes, Sy Kadidia avouera que c’était dans le but de leur obtenir des visas. Traitées comme des esclaves de Ouagadougou, elle et sa patronne débarquent dans le 16e arrondissement, quartier chic de Paris, dans un trois pièces. Après plusieurs va et vient entre Ouaga , Abidjan et Paris, Sy Kadidia décide de s’installer en France : sa fille de 17 ans, issue d’une première union et qui vit avec elle à Ouaga, est française. Ce qui lui permet de bénéficier d’une carte de séjour. A Paris, le caractère acariâtre de Sy Kadidia atteint son paroxysme, selon les explications de Rosalie Nabi mais aussi de la seconde nounou, Marie Drabo qui, à un an d’intervalles a vécu le même calvaire que sa compatriote. Être au service de la compagne de Guillaume Soro n’est pas une partie de plaisir, disent-elles. Le salaire est dérisoire au vu du droit du travail en France et même au Burkina Faso. 45 euros (29.475 FCFA environ) de salaire mensuel selon les filles, 80 euros (52 400 FCFA environ) selon la version de Kadidia. On est bien loin du compte. Les deux travailleuses ne sont pas déclarées, elles n’ont aucun bulletin de salaire, travaillent dès le lever du jour et finissent tard dans la nuit. Malgré qu’elles n’aient pas vécu à la même période chez leur ex-patronne, leurs récits se rejoignent très souvent. Elles affirment manger les restes de leur patronne, veiller à l’hôpital Necker où était souvent hospitalisé le petit Soro. Elles n’ont pas droit à des congés, reçoivent des insultes lorsque dame Kadidia jugeait que leur cuisine n’était pas bonne. De véritables esclaves en somme selon leur avocat. Fatiguées de vivre ce calvaire, l’une a récupéré son passeport alors que sa patronne était sortie et l’autre a profité du fait qu’elle devait retirer un colis avec son passeport qui lui avait donc été remis par sa patronne… pour prendre le large.

Me David Desgranges avocat des nounous de la compagne de Guillaume Soro, président de l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire. [Photo tirée de ivoirebusiness.net]

Me David Desgranges avocat des nounous de la compagne de Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. [Photo tirée de ivoirebusiness.net]

Aujourd’hui, épaulées par le Comité contre l’esclavage moderne, elles ont porté plainte. Après la remarquable plaidoirie de leur avocat, Maitre David Desgranges, et le réquisitoire très dilué du procureur qui a requis trois mois de prison avec sursis et une amende de 5000 euros (3.275.000FCFA environ) à l’encontre de la prévenue, le tribunal a renvoyé son verdict au 6 octobre prochain. Le principal axe de la ligne de défense de Sy Kadidia est qu’elle ignorait tout du droit du travail en France. Selon elle, son compagnon a les moyens de lui permettre de payer ses employées en conformité avec le barème français. C’est la tête enveloppée d’un foulard blanc que l’épouse de Guillaume Soro a quitté le tribunal de Nanterre pour s’engouffrer à l’arrière d’une grosse cylindrée en compagnie de sa famille.