L’Afrique associée à Paris pour l’ Université d’été d’ATTAC France

[Par Makaila NGUEBLA]

Né il y a 15 ans, ATTAC est une structure associative française qui s’est spécialisée dans les crises internationales. Par des propositions, elle contribue à trouver des solutions à des questions préoccupantes. Mouvement altermondialiste, ATTAC est réputée pour son travail de plaidoyer et de lobbying, mais aussi par un engagement soutenu dans un cadre militant.

 Un moment de l’ Université d’été 2014 : Vue des participants dans l’enceinte de l’université Paris Diderot (Crédit photo : Makaila Nguebla)

Un moment de l’ Université d’été 2014 : Vue des participants dans l’enceinte de l’université Paris Diderot (Crédit photo : Makaila Nguebla)

Pour cette année, ATTAC-France a organisé, du 19 au 23 août 2014, l’Université d’été des mouvements sociaux européens venus de plusieurs pays pour débattre des divers sujets qui préoccupent la planète.

L’université Paris Diderot a servi de cadre de réflexion et d’expositions, envahie par des stands à l’allure du forum social mondial. On y trouve des publications, des brochures et autres productions intellectuelles.

Des débats thématiques sur l’environnement, la migration, l’accaparement des terres, le réchauffement climatique ou les crises financières ont été animés par des panelistes venus de la sphère associative ou des universités européennes.

L’Université d’été d’ATTAC a été un point de rencontre pour des journalistes et des médias alternatifs indépendants réalisant des interviews et des reportages.

L’Afrique associée 

Un moment de  l’ Université d’été 2014 : Salle des débats à l’université Paris Diderot (Crédit photo : Makaila Nguebla) 

Un moment de l’ Université d’été 2014 : Salle des débats à l’université Paris Diderot (Crédit photo : Makaila Nguebla)

Des organisations de la société civile africaine ont été conviées par leurs partenaires européens dans le cadre d’un échange et d’un partage d’expériences entre les pays du nord et ceux du sud.
Des mouvements associatifs africains venus du Bénin, du Mali et du Gabon, ont participé activement à ces panels où des sujets sur l’épineuse question de l’endettement des pays africains, des accords de partenariat économique entre les pays d’Afrique et l’Union européenne, ont dominé les débats.
L’endettement des pays en développement est jugé illégal par les mouvements sociaux européens et leurs partenaires. Ils ont plaidé pour l’annulation pure et simple de la dette tout en estimant que c’était une forme de domination économique et de pillage de ces États incapables de se relever du fait du taux élevé de remboursement fixé par les institutions financières internationales.
L’Université d’été d’ATTAC des mouvements sociaux européens s’est achevée ce samedi 23 août 2014 par des conclusions et des recommandations concrètes et pertinentes dont les participants souhaiteraient la mise en application pour inverser les rapports et contraindre les positions des Gouvernements respectifs.

 

 

Muzaffar Salman raconte Dourmanez : le 5ème jour du Festival

[Photos de notre envoyé spécial à Douarnenez, Muzaffar SALMAN]
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Festival de Cinéma de Douarnenez, ce mardi en photos

[Crédit photo de notre envoyé spécial à Douarnenez, Muzaffar SALMAN]

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Douarnenez, troisieme jour : les images de Muzaffar Salman

[Photo de notre envoyé spécial à Douarnenez, Muzaffar SALMAN]

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Photo crédit : Muzaffar Salman

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Photo crédit : Muzaffar Salman

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Festival de cinéma de Douarnenez : Focus sur les peuples

Par nos envoyés spéciaux à Douarnenez : Larbi GRAÏNE (redacteur) et Muzaffar SALMAN (photographe)

Ce compte rendu est la réunion de plusieurs articles parus dans Kezako, le journal du festival de cinéma de Douarnenez (auquel nous contribuons). Le festival se poursuit jusqu’au 30 août, avec à l’affiche des centaines de films, des expositions, des concerts et des conférences.
Une équipe de journalistes bénévoles, venue d’un peu partout, s’attelle quotidiennement à alimenter les colonnes de Kezako. Lequel Kezako est la transposition phonétique de « qu’est-ce qui », dit en occitan « qu’es aquo ». Pour faire breton, on a donc choisi d’utiliser les K et les Z à la place des QU et des S.

 

Hiandjing Pagou Banehote, sculpteur kanak

Hiandjing Pagou Banehote [Photo crédit : Muzaffar Salman]

Hiandjing Pagou Banehote [Photo crédit : Muzaffar Salman]

 Il a la sculpture « dans le sang » et il croit au pouvoir des sorciers. Il s’est réveillé un jour alors qu’il avait 35 ans et a commencé à sculpter du bois sans avoir été jamais à l’école. Son père lui avait dit que « si tu es un héritier de cet art, tu n’as pas besoin d’apprendre », C’est que la sculpture dans la société canak relevait jusqu’à une époque récente plus du symbolique et du communicatif que de la marchandisation qu’on lui connaît aujourd’hui. Hiandjing Pagou Banehote, 50 ans a débarqué à Douarnenez avec dans ses bagages une sculpture sur bois « pour sceller les liens d’amitié entre les êtres humains de l’hémisphère sud et de l’hémisphère nord ». Demain, du reste, à 14 h 30, la salle de l’Auditorium où est attendue une délégation de kanak, verra la projection de La Tête d’Ataï, un film réalisé en Nouvelle Calédonie par Mehdi Lallaoui. Hiandjing parle de sa société avec passion. On y lit de la fougue dans ses yeux étincelants. S’il s’affirme « indépendantiste », il prévient néanmoins qu’on ne peut y parvenir sans « être soi-même indépendant ». Pour lui il y a trop d’injustices en Nouvelle-Calédonie. Il s’en prend aux Caldoches (Calédoniens blancs) descendants de bagnards, composant aujourd’hui la classe dominante. « Si il ne se passe rien, s’il n’y a pas de guerre chez nous, c’est grâce au code coutumier qui est bien ancré dans la société et au fait que le respect des anciens est encore opérant » fait-il valoir. Le clan représente pour Hiandjing Pagou Banehote un repère identitaire fort. A ses dires, il a vécu dans une société aussi bien matriarcale que patriarcale. Sa grand-mère avait de la poigne et commandait à la tribu. Un proverbe kanak énonce « sans la femme, il n’y a pas d’homme ». Dans la coutume, il revient à l’homme de prendre la parole mais c’est la femme qui analyse ensuite et c’est elle qui, à la maison, propose les solutions aux problèmes. Tout dans les propos de notre Kanak, se réfère à la cosmogonie locale. Il est impossible qu’un autre ressortissant puisse avoir le même prénom que le sien. Car le système de pré-nomination est établi sur la base d’un lexique animalier couplé à une « signalisation » territoriale qui permet de renouveler les prénoms sans risque de les voir se répéter. Hiandjing Pagou Banehote signifie « la maison du petit poisson de l’ancien guerrier ». Tout un programme.

 

De l’intersexe avec Ins A Kromminga

Un intersexe [Photo crédit : Muzaffar Salman]

Un intersexe [Photo crédit : Muzaffar Salman]

 L’intersexe s’invite à la galerie Miettes de baleine sous forme d’une exposition de dessins qui « peuvent s’assembler comme dans une bande dessinée, imbriqués les uns dans les autres » selon Ins A Kromminga, l’auteur de cette manifestation, un Allemand de 44 ans, intersexe et graphiste de son état,qui de sa haute stature regarde ses œuvres après les avoir disposé de façon à ce qu’elles soient vues en même temps dans leur ensemble et dans le détail selon qu’on s’approche ou on s’éloigne du mur sur lequel elles sont collées. De ces dessins sourd une colère, une révolte, plutôt contre la médecine. Les titres sont révélateurs : « Girl-monster or boy monster », « Medical Porno » , « Prader » qui épingle la corporation des docteurs et des toubibs, dont on souligne pour la première fois les accointances avec la société dans laquelle elle évolue. Pour Ins Kromminga « la médecine ne devrait pas trouver des solutions pour les personnes intersexe », soutenant que c’est là le rôle de la société. Les dessins de Kromminga donnent à voir du reste les organes génitaux qui interrogent les opérations chirurgicales comme pour en souligner le ridicule. Tantôt la médecine intervient pour raffermir un sexe mâle, tantôt pour étouffer dans l’œuf un soupçon de féminité « tout dépend de la largeur du pénis » ironise Kromminga. « Il ne faut pas nous confondre avec les androgynes. L’androgynie relève de l’apparence et non de l’être » analyse-t-il. L’intersexe est un état dont on hérite dès la naissance. Je milite pour qu’on sois reconnus pour ce que nous sommes. Et Kromminga de déplorer « c’est en fait notre existence en tant qu’être humain qui est remise en cause ». Que pense-t-il du mariage gay ? Un haussement d’épaules s’ensuit, de l’air de dire « ça ne concerne que les gays ». D’après lui « avec les personnes intersexes « la question de marier qui avec qui ? » se pose. En Allemagne, on commence à aborder le dossier de l’intersexe mais ça bute sur la question de l’identité des uns ou des autres ». « c’est plus facile qu’on est gay, car le couple gay est censé être du même sexe » souligne-t-il. Pour lui, le problème des intersexes concerne l’ensemble du monde occidental et non seulement l’Allemagne. « Je suis un homme, je vis avec un autre homme qui a un vagin, grâce à mes papiers masculins j’ai fait un mariage gay mais officiellement et juridiquement, on n’existe pas en que tels . Notre sexe est indéfinissable nous ne sommes ni hommes ni femmes, nous sommes ce que nous sommes » explique un ami français de Kromminga.

 

Les Messagers de Hélène Crouzillat et Laetitia Tura

Si pour Paul Valéry, « toutes les guerres sont absurdes », celle que raconte les Messagers, film documentaire de Hélène Crouzillat et Laetitia Tura est tout simplement l’histoire d’une guerre innommable. C’est l’un des immigrants camerounais rescapé de la mort qui fait cette comparaison avec la guerre. Une sombre épopée aiguillonnée par un désir d’Europe qui fait traverser aux Subsahariens, déserts, monts et vaux. Beaucoup n’y arriveront jamais, ils sont avalés par la mer et peuvent avoir une sépulture si leur corps vient à être repêché. Le Maroc et l’Espagne se partagent les rôles. Le second refoule les candidats à l’émigration clandestine d’une manière « conforme aux normes internationales » du moins c’est ce que s’efforce de soutenir le représentant de la garde civile espagnole, tandis que le premier, peut tuer ceux ou celles qui n’ont pu se faufiler entre les mailles des barbelés. « Si on me refoule, je remonte jusqu’à ce que je rentre, qu’importe le temps que ça va prendre » lance avec défi un de ces migrants coincé au Maroc.

Les Messagers, film documentaire de Hélène Crouzillat et Laetitia Tura, produit par Marie-Odile Gazin, The Kingdom en association avec Périphérie, France, 2014, 70 mn.

37e édition du Festival de Cinema de Douarnenez

Peuples de l’Indonésie et sexualité pour interroger l’identité.

[Par Larbi GRAÏNE, envoyé spécial à Douarnenez]

Douarnenez s’apprête à abriter du 22 au 31 août 2014 son festival de cinéma dont c’est la 37e édition. Cette année ce sont les peuples de l’archipel indonésien, Timor-Leste et Papouasie qui sont à l’honneur. Gouel Ar filmù pour parler en breton, réunit plus de 190 œuvres cinématographiques dont une trentaine produits dans l’année en Bretagne. Tous les films sélectionnés pour cette manifestation traitent de la thématique des cultures minorées et des peuples autochtones. Trois ou quatre films ont été réalisés entièrement en langue bretonne sur la trentaine du « grand cru » dédié au pays de Nominoë et de Pontcallec.

L’édition de cette année outre qu’elle fait la part belle aux peuples de l’Indonésie, où l’on y parle plus de 600 langues, s’ouvre sur les trans/intersexuels, oui ce n’est pas une erreur, le festival intègre la communauté de gens pour qui la sexualité ne correspond guère aux catégories habituelles de féminité et de masculinité. « C’est une minorité basée sur le corps dont le sexe indéterminé pousse la médecine à prescrire des opérations en vue de produire un sexe unique, or ces opérations sont vécues comme une véritable torture » dénonce l’anthropologue Claude Le Gouil, président-adjoint du festival que nous avons joint par téléphone. Six films sur l’intersexe vont être projetés dans ce festival qui présente la particularité de ne pas être une compétition récompensant des œuvres. La plupart de celles-ci, remarque-t-on, sont accessibles aux malentendants car Douarnenez s’allie également au monde des sourds. « Le festival a pour objectif, entre autres, de confronter les points de vue, voire les revendications culturelles pour comparer, aller à la découverte d’autres peuples et échanger autour des langues » indique Le Gouil. Loin de la langue de bois, ce festival culturel ne cache pas ses visées politiques. Parlant des personnes intersexe et trans, les rédacteurs du site du festival estiment que « c’est du fait même de leur existence qu’elles nous questionnent sur nos identités, révèlent les fabrications sociales et les rapports de pouvoir qu’elles nous interrogent sur la notion même d’identité : définir les personnes par leur genre, leur classe ou leur race, c’est les maintenir (nous maintenir toutes et tous) dans les rôles de soumission et de pouvoir ! ».

Un festival ami des peuples opprimés

Le festival de Douarnenez poursuit ainsi sa trajectoire de manifestation culturelle déployant son égide protectrice sur les cultures bafouées de par le monde. Rroms, Tziganes voyageurs, peuples du Caucase, du Liban, peuples berbères de l’Afrique du Nord, Aborigènes d’Australie, mais aussi peuples diasporiques d’Europe où, entre autres, éclot cette étrange langue juive qu’est le yiddish, peuples du Caucase, peuples des Caraïbes, peuples de l’Arctique, tous ont déjà eu leur place dans les précédentes éditions. Le cinéma s’offre même le concept de « grande tribu » un espace forgé au fil des ans entre participants qui ont eu le temps de s’accorder sur des dimensions esthétiques qu’il importe de bonifier ou sur l’importance de la portée politique très vite noyée sous le flot d’une actualité dense. En fait la grande tribu c’est un coup de projecteur sur des œuvres remarquables dont on n’avait pas su mettre en exergue le caractère inédit. Font écho également aux projections de films, des rencontres politiques, des expositions, des concerts de musique, un coin librairie où l’on peut découvrir la littérature en lien avec le sujet, un coin jeune public où les enfants peuvent trouver leur compte.

Le breton, langue véhiculaire d’une palabre

Les organisateurs ont tenu cette fois-ci à faire du breton, la langue d’une palabre programmée chaque matin. Cette initiative est considérée comme « un acte politique fort » parce que, assurant à cette langue « une place autre que symbolique ».

Dans son éditorial au catalogue promotionnel de ce grand événement que va abriter la Bretagne, Valérie Caillaud, présidente du festival soulève la question de la culture locale. Après avoir relevé nombre de conflits qui agitent en ce moment certains points du globe, notamment en Palestine, en Syrie, au Mali, en Centre-Afrique, en Libye, et en Thaïlande… jusqu’en Ukraine aux portes de la Communauté Européenne « Plus près de nous, cette année, écrit-elle a vu la Bretagne secouée par des mouvements pour le moins confus au nom de l’identité bretonne ». Et de s’interroger « N’est-ce pas là, encore, une façon d’en appeler à une appartenance culturelle au nom d’intérêts moins louables? Que faut-il espérer du nouveau découpage régional ? Quel avenir pour la culture en Bretagne ? ». La présidente du festival fait du reste grief à l’édile de Grigny qui aurait expulsé le 9 juillet dernier des familles Roms pour occupation illégale d’un terrain dénommé la Folie. Et plus loin Valérie Caillaud d’ajouter « au cours de ces trente-sept dernières années, combien de fois les peuples minorisés sont venus témoigner au Festival de Cinéma de Douarnenez de tels agissements des pouvoirs politiques, niant la culture, donc la liberté de l’Autre, au nom de profits mercantiles et au nom d’une pernicieuse mondialisation ».

Festival de cinéma de Douarnenez, pour plus d’informations : www.festival-douarnenez.com

Zambie-France : Homophobie, une persécution aux divers degrés

[Par John Chitambo Lobe]

Les persécutions contre les homosexuels représentent près des trois-quarts des discriminations sexuelles en Afrique. Selon des chiffres concordants d’organisations non gouvernementales (ONG), plusieurs centaines de lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres sont régulièrement harcelés sur le continent, pour le seul motif de leur orientation sexuelle. À des degrés divers, pouvant aller jusqu’à la mort.

Photo tirée de http://www.osisa.org/

Photo tirée de http://www.osisa.org/

Dans cette ambiance délétère, la Zambie du président Michael Sata élu en 2011 mérite une mention spéciale. Selon l’association LGBT Rights in Zambie, la police de ce pays d’Afrique australe, pas un jour ne se passe sans que la police de ce pays d’Afrique australe interpelle des personnes soupçonnées d’homosexualité. Cette persécution légale s’accompagne d’un rejet social des homosexuels, qui sont considérés par la religion, leurs familles et communautés comme étant des personnes anormales, satanistes ou possédés par des démons. Faire son coming out dans ces conditions revient systématiquement à risquer la prison, l’homosexualité étant considérée comme un crime à la fois contre la loi et contre la nature humaine.
Deux jeunes homosexuels zambiens ont récemment été jetés en prison. Plusieurs autres ont été interpellés par la police et placés en garde à vue par la police. Cette nouvelle salve de la répression qui sévit dans ce pays n’a pas épargné même les activistes des droits de l’homme qui défendaient les droits des homosexuels !

La Zambie est officiellement une nation chrétienne d’après la Constitution de 1996. Plus de 90 % des Zambiens sont chrétiens, catholiques et protestants, pendant qu’une minorité pratique l’Islam et d’autres religions. C’est dans ce contexte d’exaltation religieuse que ce pays d’environ 14 millions d’habitants a acquis la réputation de l’Etat le plus répressif envers les homosexuels dans le monde.
Et même si les responsables religieux, chrétiens et musulmans en l’occurrence rejette chacun sur le culte de l’autre la responsabilité de la dégradation des mœurs, tous s’accordent à placer l’homosexualité en tête des pratiques jugées déviantes.Pour les responsables du culte musulman, les homosexuels sont des chrétiens, parce que leur religion proscrit et punit sévèrement cette pratique. Les chrétiens leur rétorquent, bible en main, que Dieu a interdit l’homosexualité. On est cependant en droit de leur demander que si Dieu, Allah, Jéhovah comme ils le prêchent a créé le monde et tous ce qui y vit comme ils le prêchent, n’est-ce pas lui qui a aussi créé les homosexuels ? Sinon, d’où seraient-ils venus ? Y aurait-il donc un deuxième créateur qui aurait façonné les homosexuels ?

En second lieu, si ces religieux prêchent vraiment l’amour du prochain comme ils le prétendent, les homosexuels ne méritent-ils pas d’être aimés comme nos prochains?
La situation en Zambie est emblématique du sort qui est réservé aux homosexuels dans de nombreux pays africains. Où l’on na même pas besoin d’invoquer la religion pour remettre en cause leur droit d’exister. Au Cameroun où l’homosexualité est punie de cinq ans de prison, Eric Lembembe, un gay militant a été torturé à mort l’année dernière. Son seul crime était d’avoir une orientation sexuelle contraire à une prétendue culture africaine.

Au-delà de l’Afrique et des autres régions du monde où l’on persécute les homosexuels, on pourrait penser que les pays égalitaires, à l’instar des nations européennes, des Etats-Unis ou de l’Afrique du Sud qui protègent leurs droits soient pour eux des havres de paix. Erreur. Même ici, leur situation reste difficile, voire critique, et le chemin à parcourir est encore long, pour qu’ils soient perçus par tous comme des citoyens à part entière. En France par exemple, des homosexuels subissent habituellement des traitements humiliants qui n’ont que peu à envier à ce qui se passe en Zambie.

Dernier exemple en date, la tentative d’intimidation doublée d’humiliation subie le 8 août dernier par un jeune homme homosexuel, dans un bureau de l’association France Terre d’Asile, de la part d’autres réfugiés venus comme lui d’Afrique. Parce qu’il arborait un look féminin, avec chaussure, pantalon, coiffure et boucles d’oreille, marchait en se déhanchant comme une femme, on lui a crié dessus, en lingala, la langue du Congo : « Pédé! Pédé! Pédé! Tu fais la honte de notre culture africaine » « Quelle abomination !» ont poursuivi ceux qui semblaient être des Nigériens. « La honte de l’homme noir ! Si tu étais en Afrique tu serais mort », ont pronostiqué les Ivoiriens! Chacun y est allé de son dialecte : bambara, soninké, etc. Le jeune homme n’a eu d’autres recours que de prendre fuite !
Cet exemple vient s’ajouter aux cas malheureusement trop nombreux des agressions dont sont l’objet les homosexuels en France. Un pays qui est pourtant allé très loin dans la reconnaissance de leur égalité citoyenne, en leur accordant le droit au mariage.

On ne doit donc jamais cesser de marteler que l’homosexualité n’est qu’une orientation sexuelle, qu’elle n’a rien d’anormal ni de diabolique et que parmi les hommes qui ont positivement influencé le monde, figurent de nombreux homosexuels. Les droits de l’homme n’ont pas de nationalité et la mobilisation doit continuer en faveur des homosexuels, quelle que soit leur pays. Dans la rue, par le biais des médias, à l’Onu, ce combat doit continuer. A l’échelle de l’univers. Et dans ce sens, la décision de l’Union européenne d’accorder l’asile politique aux homosexuels persécutés dans leurs pays mérite d’être saluée.