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Cameroun : la guerre de Boko Haram et l’absence de Paul Biya

Alors que son pays subi la guerre de la secte islamiste et que la psychose gagne les populations, le président camerounais bouge dans tous les sens en occident.

[Par René DASSIE’]

Photos tirés de : smh.com.au et africapresse.com

Photos tirées de : smh.com.au et africapresse.com

Les va-et-vient de Paul Biya en occident laissent perplexe, lorsqu’on sait la situation d’insécurité grandissante, qui menace la stabilité de son pays. C’est comme si au Cameroun, tout était « au mieux dans le meilleur des mondes possibles», pour reprendre la formule Leibniz, célèbre philosophe allemand du 18e siècle, alors que ce pays d’Afrique centrale est officiellement en guerre depuis trois mois contre les islamistes de Boko Haram.

«Nous sommes ici pour déclarer la guerre à Boko Haram. Nous vaincrons cette chose terroriste », avait déclaré le président camerounais lors du mini-sommet anti-Boko Haram convoqué mi-mai à l’Elysée par François Hollande, désormais installé dans son rôle de sapeur-pompier des crises politiques sanglantes du marigot africain. Outre Paul Biya et le nigérian Goodluck Jonathan dont les pays constituent le principal théâtre de la secte islamistes, tous les présidents des pays proches du Nigeria (Bénin, Niger, Tchad, Cameroun), étaient présents à cette réunion stratégique.

Lorsqu’on déclare la guerre, on reste sur place pour élaborer les stratégies, mobiliser les troupes et suivre l’évolution de la situation. On protège et rassure les populations civiles. Et Paul Biya qui est passé par Sciences-Po ne peut pas ignorer cela.

Aucune de ces considérations ne l’a pourtant empêché de se rendre la semaine dernière au sommet Etats-Unis – Afrique organisé par le président Obama, où il savait pourtant d’avance, n’en déplaise à son ministre de la Communication et thuriféraire Issa Tchiroma Bakary, que sa voix de vieux dictateur soudé à son pouvoir serait inaudible au milieu de leaders africains nouveaux comme Ibrahim Boubacar Kéïta du Mali ou encore le ghanéen John Mahama, qui, eux, bénéficient d’une incontestable onction démocratique.

Paul Biya n’avait pourtant qu’à s’inspirer de l’attitude de sagesse de ses paires sierra-léonais et libérien qui, eux, ont ignoré les agapes de la Maison Blanche pour gérer la crise du virus Ebola dans leurs pays respectifs. Certains intellectuels camerounais, d’habitude complaisants à son égard lui ont subrepticement suggéré d’annuler ce voyage, eu égard à la crise sécuritaire que vit son pays. Cependant, il n’a pas résisté à la tentation d’aller faire la photo avec Barack Obama qui doit, sauf erreur avoir l’âge de son premier fils et qui ne devait être encore qu’un jeune étudiant lorsque, par un de ces artifices dont il a le secret, le destin le promut à la tête du Cameroun. On le voit ainsi souriant sur les photos officielles, comme un petit enfant comblé par les attentions d’un grand, ici le Grand Obama qui rendra son tablier dans deux ans, alors que sauf coup du destin, lui sera toujours président.

Les Camerounais qui s’étaient réjouis de le voir revenir au pays comme mût par une soudaine prise de conscience samedi 9 août, c’est-à-dire trois jours seulement après la fin du sommet alors que d’habitude en de pareilles occasions, il poursuit sa villégiature dans quelques pays européens pour y flamber l’argent public de son pays ont rapidement déchanté. Paul Biya n’a sans doute pas défait ses valises, puisqu’il s’est envolé de nouveau mercredi pour Paris, où sa présence est tout sauf indispensable, à la cérémonie de commémoration du centenaire de la fin de la première guerre mondiale de ce vendredi à Toulon.

Etat de guerre

Ces dernières semaines pourtant, les islamistes de Boko Haram, comme en réponse à sa déclaration de guerre, ont multiplié des incursions meurtrières en terre camerounaise. Jeudi, la secte a de nouveau fait parlé d’elle, en attaquant la localité de Bounderie à la frontière du Nigéria, où elle a enlevé plusieurs personnes et procédé à de nombreux pillages. A la fin du mois dernier, seize personnes ont été tués, égorgés pour la plupart, dans la ville de Kolofata (Nord-Cameroun) lors d’une attaque particulièrement violente qui ciblait visiblement le vice-premier ministre Amadou Ali qui devait s’y rendre pour célébrer l’Aïd-el-Kébir en famille. L’épouse de M. Ali ainsi que plusieurs dignitaires de la région ont été enlevés et ont rejoint la liste des otages de la secte qui ne cesse de s’allonger. Cette attaque jugée « inqualifiable » par le gouvernement camerounais constituait le pic d’une série qui a déjà coûté la vie à de nombreux Camerounais, militaires et civils. Jusque-là relativement épargné par Boko Haram, le Nord-Cameroun dont les frontières avec le Nigéria voisin sont aussi poreuses qu’une passoire semble désormais servir de base de repli et de ravitaillement aux islamistes. Ceux-ci s’y comportent d’ailleurs comme en terrain conquis. Ils y recrutent des centaines de jeunes désœuvrés, se servent en matériels militaires directement dans l’arsenal gouvernemental, en prenant d’assaut les positions de l’armée camerounaise.

On pourrait mentionner, à la décharge de Paul Biya à qui le quotidien camerounais Le Messager reproche de ne s’être pas adressé à la nation au moment où la psychose grandit au sein de la population qu’il n’a pas eu à faire face à une vraie menace de conflit, depuis le coup d’Etat qui faillit mettre un terme précoce à son pouvoir en avril 1984, c’est-à-dire à peine deux ans après qu’il fut devenu président.

Il aurait cependant pu s’inspirer de l’exemple de son voisin, le tchadien Idriss Deby avec lequel il était au mini-sommet de Paris et qui a une solide expérience de la guerre, puisque des rebelles ont plusieurs fois été aux portes de son palais. Le président tchadien a décliné l’invitation de François Hollande pour se rendre, toutes affaires cessantes, à Faya-Largeau dans le nord de son pays, où vient de se déclencher un conflit intercommunautaire, sur fond de trafic d’or.

Il aurait pu également s’inspirer du cas de Georges Bush dans le pays duquel il vient de séjourner, et qui s’était emparé d’un mégaphone sur les ruines des tours jumelles en septembre 2001, pour promettre aux islamistes qui venaient de frapper durement son pays, une traque sans merci.

Ce serait sans doute trop lui demander. « Si dans ses discours, Paul Biya, le chef de l’Etat ne manque aucune occasion de promettre solennellement des moments difficiles à la secte islamiste Boko Haram et à tous ceux qui sèment la terreur dans la partie septentrionale du Cameroun, sur le terrain, le chef suprême des armées démontre que ses priorités sont ailleurs », observe avec lucidité le site Nkul Beti, qui déplore aussi la baisse de moral et le malaise qui règnent dans les rangs des forces armées camerounaises.

Les priorités de Paul Biya ont toujours été de prendre du beau temps à travers le monde. Et tant pis si son pays brûle. Le président-voyageur a délégué la gestion militaire du problème Boko Haram à un vieux général du nom de René Claude Meka, qui, à 75 ans dont 54 passées dans l’armée, aurait dû prendre sa retraite il y a fort longtemps et qui somnole souvent lors des cérémonies publiques. Celui-ci est appuyé côté propagande par le ministre de la Communication, qui a déjà confessé l’incapacité du gouvernement camerounais à organiser des renseignements dignes d’un Etat, pour faire face à une menace et a appelé les populations à s’arranger comme elles peuvent, pour renseigner l’administration.

Dans un câble confidentiel adressé à sa chancellerie, et dévoilé par Wikileaks, l’ancienne ambassadrice des Etats-Unis au Cameroun Mme Janet E. Garvey, disait déjà il y a plus de quatre ans que Paul Biya semblait peu au fait de ce qui se passait dans son pays. Elle ne savait sans doute pas que certaines années, le président vacancier passe plus de temps en occident qu’au Cameroun. Il y a fort à parier qu’après la France, il fera un petit détour au bord du lac Léman en Suisse, où il a ses habitudes.

Il y a longtemps que cet homme qui est officiellement âgé de 81 ans – rien n’indique qu’il ait résisté à la tentation de se rajeunir sur les papiers comme savent si bien le faire certains footballeurs – a, dans les faits, démissionné de ses fonctions, laissant le pays se gérer tout seul. C’est peut-être ce qui explique sa longévité au pouvoir.

 

 

Cameroun : Affaire Marafa, l’ex ministre en danger

[Par René DASSIE’]

L’état de santé de l’ancien ministre camerounais de l’Administration territorial, Marafa Hamidou Yaya (cliquez ici pour lire l’article Affaire Marafa Hamidou Yaya : les sorciers noirs sortent de l’ombre, par René Dassié), condamné à 25 ans de prison pour détournement de fonds et considéré par la communauté internationale comme un prisonnier politique suscite de grandes inquiétudes, obligeant pour la première fois les autorités de Yaoundé à envisager son évacuation sanitaire vers l’occident.

Photo tirée de la vidéo https://www.youtube.com/watch?v=6UL4f3HsGto

Photo tirée de la vidéo https://www.youtube.com/watch?v=6UL4f3HsGto

Selon le quotidien Le Messager paraissant à Douala, en réponse à une demande formulée par un proche de l’ancien proche collaborateur du président Paul Biya, le ministre camerounais de la Justice et Garde des sceaux, Laurent Marie Esso, aurait laissé entendre qu’il ne trouverait « aucun inconvénient » à sa sortie du territoire pour raison de santé, si ses médecins locaux ne « trouvent toujours rien ».
Victime il y a une semaine d’un malaise dans sa cellule de la prison de haute sécurité du secrétariat d’Etat à la Défense de Yaoundé où il détenu depuis plus de deux ans, M. Marafa a été transféré d’urgence au centre hospitalier universitaire de Yaoundé où il est toujours interné.
C’est la deuxième fois en moins d’un mois, qu’il est admis dans cet hôpital. Fin juin, il y avait déjà été interné pour une semaine. La presse locale avait alors rapporté une fatigue générale à laquelle s’ajoutaient des troubles stomatiques et visuels, ainsi qu’un paludisme cérébral. Cependant, face au peu de communication sur sa situation réelle, certains avaient cru déceler dans ses conditions d’hospitalisation, notamment son admission dans l’unité de dialyse de cet établissement, des indices d’affections beaucoup plus graves.
« Je suis inquiète pour deux raisons : la première raison c’est que s’il lui arrivait d’avoir la fièvre au point d’être hospitalisé, cela veut dire que c’est très grave. Or il y a quelques années, Monsieur Marafa (…) a dû être évacué parce qu’il faisait un palu cérébral. La deuxième raison c’est qu’on me dit qu’il aurait des problèmes de reins. Ce qui m’inquiète encore davantage», déclarait le 4 juillet sur RFI, Jeannette son épouse, exilée à Paris.
«J’ai connaissance du diagnostic d’un cardiologue réputé qui fait état de ce que M. Marafa a un problème cardiaque et devrait subir des examens et un traitement qui ne sont pas disponibles au Cameroun et certainement pas dans sa prison», laissait déjà entendre fin mars, le professeur de droit Diva Kofélé Kalé, l’un des avocats du prisonnier.
Or, on sait que les hôpitaux camerounais n’ont ni l’expertise ni les équipements adéquats pour traiter efficacement des problèmes rénaux. De nombreux patients, à l’instar de l’écrivain Charles Atéba Eyéné qui n’avait pas pu réunir à temps l’argent nécessaire à son évacuation, sont morts faute de dialyse.

Paul Biya ne peut pas ignorer la santé fragile de M. Marafa qui l’a côtoyé pendant près de deux décennies et donc les dures conditions de détention, dans une cellule aveugle et humide d’environ 3m² contribuent aujourd’hui à accroitre la détresse physique.
Epuisé par le manque de sommeil –plus de dix jours sans dormir pour rattraper in extremis le fiasco des élections couplées, municipales et législatives de 2002 orchestré par son prédécesseur au ministère camerounais de l’intérieur-, il avait développé un paludisme cérébral et n’avait dû la vie sauve qu’à une évacuation sanitaire en France.
«J’appelle toutes les bonnes volontés à m’aider parce que c’est un homme qu’on est en train de tuer. Il ne faut pas attendre qu’il soit mort pour que tout le monde puisse dire quelque chose. J’en appelle à monsieur Hollande. J’en appelle à monsieur Obama. J’en appelle à monsieur Paul Biya de m’aider à sortir Marafa de là. Il en a les possibilités. Il sait que cette affaire est politique. Marafa est innocent. Il le sait. Qu’il le sorte de là ! Qu’il le sorte de là !», a plaidé en sanglot, son épouse, sur RFI.

Le Président Barack Obama e la Première Dame Michelle Obama posent pour une photo au Metropolitan Museum de New York avec Paul Biya, le Président du Cameroun et sa femme, Chantal Biya, le 23 Septembre 2009 (Photo Officielle de la Maison Blanche par Lawrence Jackson)

Le Président Barack Obama et la Première Dame Michelle Obama avec Paul Biya, le Président du Cameroun et sa femme, Chantal Biya, le 23 Septembre 2009 (Photo Officielle de la Maison Blanche par Lawrence Jackson)

Depuis le déclenchement de l’opération d’assainissement des mœurs publiques au Cameroun, plusieurs personnalités sont décédées en détention. Le 8 mai, Henri Engoulou, 60 ans, ex-ministre délégué aux Finances en charge du Budget, poursuivi dans la même affaire que la franco-camerounaise Lydienne Yen-Eyoum s’est éteint dans le dénuement le plus total dans un hôpital de la capitale camerounaise, après quatre ans d’emprisonnement sans jugement, et n’avait plus de quoi payer ses frais d’avocats.
Un peu moins de deux mois avant lui, c’était l’ancienne secrétaire d’Etat aux Enseignements secondaires, Catherine Abena qui rendait l’âme dans un hôpital de Yaoundé, à la veille de ses soixante ans. Accusée de détournement de deniers publics, elle avait entamé une longue grève de la faim lors de sa détention préventive de plus d’un an. Innocentée et libérée en 2011, elle n’avait jamais pu correctement se rétablir.
La décision d’ordonner ou non l’évacuation de M. Marafa dépend entièrement de Paul Biya, qui doit se rendre au sommet Etats-Unis Afrique qui s’ouvre ce mardi à Washington.

Affaire Samuel Eto’o, l’ex-maitresse saisit la justice française

Nathalie Koah, une ex-amante du footballeur Samuel Eto’o (cliquez ici pour lire l’article) qui l’accuse d’avoir publié sur Internet des photos d’elle dénudée, a déposé plainte à Paris.

[ Par René DASSIE ]

Privé de club- il serait actuellement en négociation avec  le londonien West Ham et exigerait un salaire hebdomadaire 126 360 euros- Samuel Eto’o Fils, richissime footballeur camerounais et ex-sociétaire de Chelsea, rebondit devant la justice française.

Le footballeur de 33 ans, sept fois nommé au Ballon d’or et triple vainqueur de la Ligue des champions est en effet l’objet d’une plainte pour «traite de personne, outrage privé à la pudeur, publications obscènes, proxénétisme, menaces sous conditions, chantage et déclarations mensongères» déposée devant le parquet de Paris par son ancienne maitresse, la dénommé  Nathalie Koah, hôtesse de l’air à la compagnie nationale aérienne camerounaise Camair-Co.

Nathalie Koah (Photo tirée de journalducameroun.com) et Samuel Eto'o (Photo tirée de masalamag.us)

Nathalie Koah (Photo tirée de journalducameroun.com) et Samuel Eto’o (Photo tirée de masalamag.us)

Cette jeune femme de 27 ans, qui a été sa maitresse pendant sept, de 2007 à 2013, l’accuse d’être à l’origine de la diffusion fin mai sur Internet, de plusieurs photos hautement suggestives d’elle.

Selon Le Parisien qui a pu consulter la plainte déposée le 8 juillet au commissariat du XVIe de Paris, Nathalie raconte que tout commence en novembre 2013, au moment où son idylle avec le footballeur se brise pour une histoire de jalousie. Samuel Eto’o la soupçonne alors d’entretenir une relation parallèle avec Fally Ipupa, une vedette de la chanson congolaise. Il lui demande en guise de preuve de sa loyauté, de prendre des photos dénudées du chanteur afin de les diffuser sur Internet dans le but de « détruire son image et sa carrière ». Ce qu’elle aurait refusé.

Mécontent, Samuel Eto’o porte plainte à Yaoundé, l’accusant de vouloir diffuser sur Internet des images de leurs ébats. Les gendarmes qui auditionnent Nathalie lui retirent ses portables personnels. Quelques jours plus tard, Samuel Eto’o la contacte sur son téléphone professionnel. « Il s’était visiblement fait envoyer mes portables chez lui, à Londres. Il a dit que, s’il voulait, il pouvait diffuser les messages et les photos qu’ils contenaient et ainsi me nuire ».

Le 29 mai dernier, alors qu’elle rentre d’une virée nocturne avec des copines, Nathalie est interpellée à Yaoundé par des policiers, qui lui apprennent qu’Eto’o a déposé une nouvelle plainte contre elle, pour escroquerie et vol. Le footballeur lui réclamerait une somme d’argent provisoirement arrêtée à quelques 300 000 euros ainsi qu’une montre Rolex qu’il l’accuse d’avoir volée chez lui. Un avocat d’Eto’o explique que son client envoyait régulièrement de l’argent à Nathalie pour alimenter sa fondation à Yaoundé, et que, vérification faite,  pas un sous ne serait parvenu à destination. La mise en cause rétorque qu’elle n’a jamais dirigé cette fondation qui existe depuis 2006, c’est-à-dire un an avant leur rencontre. Elle reconnait cependant avoir bénéficié des largesses du footballeur, qui lui aurait donné entre autre une montre Rolex en guise de cadeau d’anniversaire. Après trois jours de garde à vue, elle est libérée, faute de preuve.

C’est dans ce contexte que ses photos suggestives font leur apparition sur certains réseaux sociaux. Elles sont reprises, à peine brouillées, par des médias camerounais et africains, acquis pour la plupart, à la cause du footballeur. « Un véritable assassinat social », dénonce Me Thibault de Montbrial, l’avocat français Nathalie. Celle-ci  fait un malaise et doit être hospitalisée plusieurs jours. Remise de ses émotions, elle intente une action au Cameroun qu’elle stoppe peu après, au profit d’une procédure en France.

Samuel Eto’o qui avait promis qu’il ferait toute la lumière sur cette affaire après la coupe du monde s’est contenté de dire que Nathalie « cherchait à l’embrouiller ». Ce sont les médias camerounais qui ont régulièrement sonné la charge contre la jeune femme dont ils dénoncent la vénalité et soupçonnent aussi de faire partie d’un complot visant le joueur, orchestré par certains hauts responsables du régime camerounais.

« Nous avons eu droit ces dernières semaines à des textes d’une « Etophilie » quasi militante .Or le sujet aurait dû inviter à la mesure », déplore Ndjama Benjamin, un contributeur du site Camer.be.

La plainte de Nathalie a été transmise au parquet de Paris, qui doit décider des suites à donner dans les prochains jours.

Cameroun : Un journaliste-écrivain dans les geôles de Paul Biya

Arrêté le 22 novembre 2011, au retour d’un voyage en Asie, le prolixe journaliste-écrivain fondateur de l’association des écrivains du Cameroun est incarcéré à la prison centrale de Kodengui. Kodengui, commune éponyme de la capitale du plus important état de l’Afrique centrale, Yaoundé. Enoh Meyomesse a été condamné par un tribunal militaire à 7 ans de prison ferme pour un délit de droit commun. Comment et pourquoi en est-on arrivé là ?! Enquête.

[Par Armand Iré]

Enoh Meyomesse

Enoh Meyomesse

Enoh Meyomesse est un écrivain et homme politique camerounais né il y a plus de 50 ans dans un patelin du centre de son pays. Il est de la même ethnie que le président camerounais Paul Biya, Bulu. Universitaire ayant fait ses études à Strasbourg et à l’université de Paris II, il a milité dans divers mouvements d’étudiants africains de l’époque dont la turbulente Fédération des Etudiants de l’Afrique noire Francophone -FEANF-.

Enoh Meyomesse était candidat à la présidentielle du 9 octobre 2001 au Cameroun. Ce n’était pas sa première élection, puisqu’il avait été candidat aux législatives de 1997. Créateur du PARENA, un parti politique camerounais, il est connu pour sa farouche opposition au régime plus que trentenaire de Yaoundé.

Cette affaire qui lui vaut aujourd’hui une privation de liberté pour bien longtemps commence mi-novembre 2011. Enoh Meyomesse découvre dans son village une exploitation artisanale d’or. Il mandate alors certaines personnes pour faire une réelle prospection et établit un contact avec des investisseurs de Singapour qui l’invitent dans la Mecque des affaires, en Asie. De sources crédibles tout se passe bien à Singapour d’où il revient le 22 décembre 2011. Lorsqu’il descend de l’avion il est « accueilli » par un important dispositif de gendarmes qui le mettent aux arrêts sans sommation après avoir perquisitionné deux jours auparavant son domicile sans mandat. C’est une photo prise à son domicile lors de cette fouille, qu’un des lieutenants de gendarmerie brandira à l’aéroport pour pouvoir l’identifier. Sur le champ Enoh est accusé de coup d’Etat et de braquage car selon la gendarmerie, un vol d’environ 1000 kg d’or et des numéraires a été commis en l’encontre de coréens exploitants d’une mine d’or à Bertoua dans l’Est du Cameroun. Aucun des gendarmes et de leurs supérieurs, joints par plusieurs sources, ne diront jamais exactement la date de braquage.
Après avoir arrêté un certain Manda Bernard, ami de Enoh Meyomesse, sollicité par ce dernier pour une infime aide financière dans le cadre de cette prospection aurifère, les « limiers » de la gendarmerie camerounaise remontent leur piste (?) pour mettre la main sur un autre compagnon d’Enoh et finalement sur lui-même à son retour d’un voyage à l’extérieur du Cameroun comme nous l’avons écrit au début de cet article.

La longue instruction
Transféré au secrétariat d’Etat à la Défense, le fameux SED, lieu de détention de plusieurs pontes déchus du système Biya, Enoh subit sans avocat des heures d’interrogatoire avant d’être envoyé à Bertoua. Il passera plusieurs semaines, plus précisément 30 jours, dans une cellule exigüe, sans droit de visite ou même la possibilité de parler à un avocat. Selon ses dires rapportés par un journaliste de la presse local, il a été sommé de trouver une certaine somme d’argent pour que l’affaire puisse « être étouffée » comme le lui ont dit les hommes du commandant de la légion-est de la gendarmerie camerounaise. Détenu en secret, il est renvoyé à Yaoundé lorsque la presse ébruite sa détention. Commence pour lui une longue instruction judiciaire qui durera 11 mois. Le 14 décembre 2012 après cinq audiences qui ont duré des mois, accusé finalement de complicité de vol d’or et de braquage alors qu’il était absent du Cameroun aux moment des faits, Enoh Meyomesse va écoper de sept ans de prison fermes assortis d’une amande de 200.000 CFA (environ 305 euros). Cette peine sera confirmée en audience le 27 décembre 2012.

Mobilisation
Depuis l’incarcération de l’écrivain, ses amis n’ont eu cesse de crier à l’injustice. Ils ont dénoncé l’habile maquillage juridique pour « camoufler cette affaire politique en une vulgaire affaire de droit commun » lance la présidente du comité de soutien à Enoh-CLE(Collectif pour la Libération d’Enoh)-, Bergeline Domou. Cette dernière, femme politique camerounaise, a failli perdre sa liberté dans cette affaire. C’est elle et Patrice Nganang écrivain d’origine camerounaise vivant aux Etats-Unis et président de l’association Tribunal Article 53, du nom de cet article de la Constitution camerounaise, qui exempte de toutes poursuites les hautes autorités de ce pays pour des crimes commis dans l’exercice de leurs fonctions. Elle, Bergeline Domou, aujourd’hui présidente du mouvement pour la libération d’Enoh, et Patrice Nganang lancent l’alerte suite à la disparition d’Enoh puisque nul n’avait de ses nouvelles. Pour les soutiens de Enoh, son emprisonnement est dû à l’outrecuidance de s’être présenté à la dernière élection présidentielle camerounaise alors qu’il est de la même région que l’inamovible président camerounais. La bataille que ses soutiens mènent contre le gouvernement camerounais est acharnée. Ils sont bien organisés et présents sur tous les fronts. Malgré le manque de moyens, ils ont réussi à rallier à leur cause plusieurs organisations de défense des droits de l’homme tel que PEN qui s’occupe des écrivains en détresse partout dans le monde. Le 02 Mai 2013 le ministre des affaires extérieures du Cameroun (équivalent du ministre des affaires étrangères) a été sommé de s’expliquer devant le conseil des droits de l’homme des nations-unies sur plainte de trois associations de défense des droits humains, notamment le Comité de protection des journalistes (Cpj), Pen international et Internet sans frontières regroupés au sein du mouvement « Libérez Enoh » qui regroupe plusieurs autres associations et intellectuels du monde.

Enoh est donc pensionnaire de la tristement célèbre prison centrale de Yaoundé-Kodengui pour un bon paquet d’années. Ses avocats ont interjeté appel mais restent désemparés car sans aucune raison l’affaire a été renvoyée 14 fois et le condamné croupit toujours dans les geôles du régime de Yaoundé.
En attendant, Enoh Meyomesse s’est remis à l’écriture dans l’inconfort de l’univers carcéral malgré des douleurs oculaires qu’il traine suite aux difficiles conditions de son incarcération à Bertoua. La prison ne l’a nullement muselé. De son infâme cellule, il a sorti un recueil de poème intitulé justement… « Poème carcéral » qui a été traduit en anglais et en allemand et qui est disponible sur le site de l’association PEN international.

Cameroun : le combat de Jeannette Marafa

Jeannette Marafa chez Nelson Mandela lors de sa visite en Afrique du Sud

Jeannette Marafa chez Nelson Mandela lors de sa visite en Afrique du Sud

C’est bien connu: l’amour est la plus grande des forces, et le meilleur avocat d’un homme en difficulté c’est son épouse. Jeannette Marafa, l’épouse de l’’ancien ministre d’État camerounais chargé de l’Administration territoriale, Marafa Hamidou Yaya, condamné à vingt-cinq ans de prison pour des détournements de fonds qu’il a toujours niés et reconnu par la communauté internationale comme un prisonnier politique, se bat en première ligne pour desserrer l’étau politico-judiciaire qui s’est refermé sur lui et obtenir sa libération. Il y a trente ans, elle l’avait déjà sauvé du peloton d’exécution, peu après un coup d’Etat manqué contre Paul Biya.

Ce sont les aléas de la vie qui ont poussé au-devant de la scène cette mère de famille discrète, qui, en dépit d’une solide formation universitaire, avait choisi de vivre à l’ombre, pour assurer les arrières de son grand commis d’État d’époux, aujourd’hui enfermé dans une prison de haute sécurité à Yaoundé.
Séparée malgré elle de son mari, retirée à Paris auprès de ses trois enfants, tous jeunes adultes et scolarisés dont elle assure désormais seule l’autorité parentale, Jeannette Marafa est marquée par l’épreuve que traverse sa famille; mais elle a refusé de baisser les bras. Elle est restée digne. Aussi bien à l’aise en tailleurs européens qu’en robes africaines, elle n’a rien perdu de son élégance de femme Douala, son ethnie d’origine. C’est une « femme debout », comme diraient les Antillais.

Elle court les médias, mobilise les avocats, fait du lobbying politique, apporte son expertise au comité de libération des prisonniers politiques camerounais (CL2P). Car elle en est convaincue : l’homme qui partage sa vie depuis plus de trois décennies n’est pas coupable des faits pour lesquels il a été condamné à vingt-cinq ans de prison, il y a deux ans.

« Marafa est innocent »

« Le motif qui a été retenu contre lui, la complicité intellectuelle, n’existe pas en droit pénal camerounais et même français. Cela vient du fait que l’un des accusés était considéré comme un ami de mon mari. Le juge, en rendant sa décision, a d’ailleurs bien spécifié qu’on n’avait rien trouvé prouvant la culpabilité de mon mari. Cependant, comme il connaissait Monsieur Fotso [l’ancien administrateur directeur général de la Camair condamné dans la même affaire NDLR] depuis 1993, il a aussi été déclaré coupable », a-t-elle clamé récemment sur la radio Africa N°1 lors du « Grand débat », une émission consacrée au décryptage de l’actualité française et internationale, animée par le journaliste Francis Laloupo.

Elle explique que son époux n’a joué aucun rôle déterminant dans l’affaire dite de «l’Albatros», du nom de l’avion de Paul Biya, dont l’achat controversé a conduit nombre de dignitaires camerounais en prison : ce n’est pas lui qui a pris l’initiative de commander cet avion. Ce n’est pas lui qui a pris la décision de débloquer les quelques trente millions de dollars affectés au paiement de cet aéronef et qui auraient été détournés, mais l’ancien ministre camerounais des Finances, Michel Meva’a Meboutou, lequel n’a jamais été inquiété. Ce n’est pas lui qui a pris la décision de commander un autre avion que celui initialement prévu. Il n’a participé ni de près ni de loin à l’accord par lequel l’Etat du Cameroun et Boeing, le vendeur de l’avion, se sont entendus pour solder cette affaire. L’avocat de l’État du Cameroun dans ce dossier, l’ancien bâtonnier Akéré Muna, a d’ailleurs déclaré lors d’une conférence de presse à Yaoundé que l’avion avait bien été livré et que les autorités camerounaises ont perçu des indemnités compensatrices du retard observé dans la transaction. « Mon mari n’a jamais été concerné par tout cela », conclut Jeannette Marafa.

A l’en croire, c’est parce que son époux n’avait rien à se reprocher qu’il a refusé de s’enfuir, alors même qu’on l’avait prévenu qu’il serait arrêté.

Jeannette Marafa s’en souvient comme si c’était hier. Début avril 2012. Son conjoint n’est plus ministre depuis un remaniement gouvernemental intervenu cinq mois plus tôt. Il manifeste son souhait d’aller en vacances en France. Au secrétariat général de la Présidence camerounaise, on lui fait savoir verbalement que le président Paul Biya a donné son accord. Mais il exige d’en être notifié par écrit. Une prudence qui l’aurait sauvé d’une situation beaucoup plus fâcheuse qu’une simple arrestation.

Alors qu’il attend toujours son autorisation de sortir du territoire, Une de ses connaissances lui téléphone de l’étranger pour le prévenir : son arrestation est imminente. Ses recoupements sur place lui permettent de confirmer cette information. Sur ces entrefaites, il reçoit, le 14 avril, deux convocations émanant de deux unités d’investigations différentes : il est invité à se rendre le 16 avril 2012, à la même heure, auprès du juge d’instruction et à la police judiciaire de Yaoundé. Il a encore deux jours devant lui. C’est largement suffisant pour s’enfuir ou demander l’asile politique dans l’une des représentations diplomatiques occidentales de la capitale camerounaise.

Mais, stoïque, il choisit de faire face. « Mon mari est un homme d’État qui se sait innocent. Il a servi Monsieur Biya et l’État du Cameroun avec toute son honnêteté, toute sa vigueur. Il a donné de son temps. Il a donné de son énergie. Il en a même oublié sa famille. Il a présenté plusieurs fois sa démission à Monsieur Biya, lequel ne l’a pas acceptée. Marafa n’est pas de ces personnes qui refusent d’affronter la réalité », assure Jeannette Marafa. Sans surprise, l’ancien ministre est placé en garde à vue au terme de son interrogatoire policier, puis placé sous mandat de dépôt. A la surprise générale, il est condamné à 25 ans de prison. La sentence est lue par un juge qui reconnaît lui-même l’absence de preuves contre lui.
Pour son épouse, c’est l’aboutissement d’une opération de diabolisation qui a duré bien longtemps. On sait en effet que deux ans plus tôt, le 9 février 2010, lors d’un entretien avec l’ancienne ambassadrice des États-Unis au Cameroun, Mme Janet E. Garvey, Marafa Hamidou Yaya a confié à la cheffe de la mission diplomatique américaine que le Président Paul Biya se servait de la campagne anticorruption baptisée « Épervier » pour tenir en respect ses collaborateurs comme ses opposants. « Je peux me retrouver en prison », lui dit-il. Des confidences transcrites dans un compte-rendu de l’ambassadrice au gouvernement américain qui ont été dévoilées par Wikileaks.

« La déconstruction de l’image de Marafa ne s’est pas faite en un an. Elle s’est étalée sur plusieurs années. Vous pouvez imaginer l’effet sur nos enfants, d’apprendre dans les journaux, sur les réseaux sociaux que leur père est un voleur. Des choses qu’ils ne connaissent pas », se plaint Jeannette Marafa, qui poursuit : « La réalité dans la famille que nous avons eu le bonheur de construire, c’était l’honnêteté. Lui, il est musulman, moi je suis chrétienne pratiquante. Nous ne sommes pas des voleurs. Il y en a plein autour de Paul Biya. Il connaît Marafa, il connaît son honnêteté, il connaît sa franchise ».

Tentatives d’intimidation à Paris

L’exil parisien de Jeannette Marafa, qui avait quitté le Cameroun la veille de l’arrestation de son époux, n’est pas du tout tranquille. « J’ai eu peur pour tout le monde, pour moi, pour mes enfants. J’ai été menacée plusieurs fois. On a dévissé les roues de ma voiture une première fois et j’ai failli avoir un accident. La deuxième fois, on a cassé complètement ma voiture. J’en ai appelé aux autorités françaises qui m’ont proposé une protection policière ». D’autre part, elle explique que les avocats de son époux travailleraient dans des conditions difficiles. Alors que ceux du Cameroun subissent des pressions, leurs confrères parisiens ont essuyé des refus de visa d’entrée au Cameroun.

Toutes choses qui n’entament pas la détermination de l’épouse de l’ancien ministre.

Jeannette Marafa se dit optimiste et confiante vis-à-vis de la Justice camerounaise « menée par des magistrats compétents », qui ont déjà eu à corriger des erreurs, comme dans le cas du colonel Edouard Etondé Ekoto, l’ancien délégué du Gouvernement auprès de la communauté urbaine de Douala, acquitté par la Cour suprême de Yaoundé fin avril, après avoir été condamné en instance à vingt ans de prison pour détournement de fonds. En attendant la convocation de son mari devant cette haute juridiction, elle ne ménage pas ses efforts. Elle a ainsi obtenu l’entrée dans le dossier de son conjoint de Me Jean-Pierre Mignard, un ténor du barreau de Paris, avocat et confident du président François Hollande. Il y a trente ans, en remuant ciel et terre, Jeannette Marafa avait évité à son époux le peloton d’exécution des putschistes désignés du 6 avril 1984 au Cameroun. Plus tard, le calme revenu, les enquêtes avaient prouvé que le jeune ingénieur en pétrochimie d’alors n’avait rien à voir avec ceux qui avaient tenté de renverser Paul Biya.

Avis aux filles : Ça craint de sortir avec le footballeur Samuel Eto’o Fils

Samuel Eto’o Fils (Photo tirée par eurosport.fr)

Samuel Eto’o Fils (Photo tirée par eurosport.fr)

Au Cameroun, la loi du plus puissant est toujours la meilleure devant la justice. Avec beaucoup d’argent et surtout du pouvoir, on peut envoyer qui on veut en prison. Paul Biya qui préside aux destinées de ce pays tropical depuis trois décennies montre lui-même l’exemple de cet arbitraire judiciaire en mettant systématiquement à l’ombre ses adversaires politiques les plus résolus. Cependant, cette pratique qui est aussi répandue que la corruption qui gangrène le Cameroun n’épargne pas les citoyens ordinaires dans leurs rapports avec la police et la justice. Dernière victime en date : la dénommée Hélène Nathalie Séraphine Koah, une jeune femme de 27 ans, employée de Camair-Co, la compagnie aérienne du cru. Pour avoir pris la mauvaise décision de reprendre sa liberté vis-à-vis de son amant de sept ans, le célèbre footballeur Samuel Eto’o Fils, 33 ans, elle a été placée en garde à vue.

Peu avant de se rendre au Brésil où l’équipe nationale camerounaise dont il est le capitaine a fait une entrée chaotique dans la coupe du monde, le sociétaire de Chelsea, club mythique de la Premier League, le championnat d’Angleterre basé à Londres, a en effet ordonné à la police de Yaoundé de punir son ex-maîtresse qui désormais ignore ses multiples sollicitations.

Il y a une dizaine de jours, au petit matin alors que celle-ci rentre d’une virée nocturne avec des copines, elle est cueillie par des policiers qui l’emmènent sans coup férir et la jettent pour trois jours dans une sombre cellule. « Une séquestration en règle », dénonce la victime. Dans la foulée, les agents lui confisquent son véhicule et son passeport. Ils lui font aussi savoir qu’elle pourrait bientôt perdre son travail.

Lorsqu’elle leur demande ce qu’il lui est reproché, elle s’entend dire que Samuel Eto’o Fils qui est l’un des professionnels du sprint derrière le ballon rond les mieux payés du monde lui réclame beaucoup d’argent, jusqu’à 200 millions de francs CFA (304 000 Euros). Une somme qu’elle aurait détournée de sa vraie destination, expliquera laconiquement plus tard, Me Elame Bonny Privai, Avocat au Barreau du Cameroun et conseil du footballeur, selon lequel son client a déposé plainte pour abus de confiance.

Cependant, réagi Mlle Koah, si M. Eto’o s’est montré généreux tout au long de leur longue liaison, en la couvrant de cadeaux et en l’invitant dans ses luxueuses propriétés européennes, elle ne lui a jamais servi d’intermédiaire dans quelque transaction financière que ce soit. Elle serait tout simplement victime de la jalousie maladive du richissime footballeur qui supporterait mal que son « jouet de luxe », comme il l’appelait, lui échappe.

« Lorsque j’ai émis le besoin de le quitter, il s’est montré vraiment très violent. Avec des expressions du genre : « excuse-moi, c’est moi qui t’ai faite, c’est moi qui vais te défaire. Tu veux me quitter aujourd’hui parce que tu as déjà un travail, tu as forcément des hommes qui te tournent autour. Ça ne se passe pas comme ça. Moi quand je sors avec une fille et qu’elle décide de partir, elle me remet tout », raconte-t-elle dans une interview au journal camerounais La Météo.

Les policiers qui auraient reconnu qu’il s’agit d’une « affaire de fond de culotte » dans laquelle ils auraient reçu des « ordres venant d’en haut » lui auraient d’ailleurs conseillé d’aller faire acte de contrition devant Seigneur Eto’o Fils, dans l’espoir d’obtenir son pardon.

Cependant, c’est sur le terrain judiciaire et sous des cieux plus égalitaires qu’elle entend affronter l’homme qui lui promet l’enfer. Après avoir découvert avec horreur sur les réseaux sociaux des photos nue d’elle postées depuis Londres où évolue Samuel Eto’o Fils, elle a déposé deux plaintes à Londres et à Paris. La première pour « menaces sous condition, violence, et tentative de viol », et la seconde pour « publication de photos obscènes, atteinte à la pudeur ». On sait qu’en occident, le statut social ne pèse pas grand-chose devant la justice, contrairement au Cameroun. Le chanteur Longuè Longuè, très célèbre au Cameroun pour son Makossa engagé, qui a été condamné fin 2010 par la Cour d’assise de Bordeaux à dix ans 10 ans de prison ferme pour viol sur mineure de 16 ans, en sait quelque chose. Les lendemains de la coupe du monde pourraient ainsi être difficiles pour Samuel Eto’o Fils.

Journalistes réfugiés, le combat continuel : « Il faudrait une politique d’écoute »

À l’occasion de la Journée Mondiale du Réfugié 2014, René Dassié, journaliste d’origine camerounaise réfugié en France depuis 2004 (cliquez ici pour écouter son historie – audio), fait le point sur la situation de la liberté de la presse au Cameroun ainsi que sur la condition des professionnels de l’information en exil en France.

Propos recueillis par Lisa Viola Rossi (lisaviola.rossi @ maisondesjournalistes . org )

atangana

René Dassié et Michel Thierry Atangana (1er mars 2014)

Après dix ans d’exil en France, vous ne pouvez toujours rentrer au Cameroun. Pourquoi ?

Aujourd’hui on peut publier dans un journal sans condition, mais après la publication on peut être soumis à des pressions de toutes sortes, à l’heure qu’il est beaucoup de journalistes camerounais continuent à être persécutés. Dernièrement, il y a 2 ans, l’un d’entre eux est décédé en prison […] Il y a également une pression économique sur les médias. Ils ne  reçoivent pas la publicité des entreprises : elles ont peur de recevoir des redressements fiscaux de la part de l’Etat […]

Ecoutez la réponse intégrale :

 

Est-ce que vous pouvez continuer vos activités professionnelles et militantes ici en France en tant que journaliste réfugié ? 

Je suis diplômé de Sciences Po Paris, mais malgré cela je n’arrive pas à trouver du travail. Les entreprises de presse quand je leur présente mon CV ne comprennent  pas ce qu’est le statut de réfugié politique […]. Le journalisme est la seule chose que je sais faire : donc si la situation se poursuit comme cela, peut-être que j’envisagerais de quitter la France pour aller dans un Pays où les étrangers diplômés sont mieux accueillis. […] Récemment en enquêtant sur le cas de Michel Thierry Atangana, j’ai constaté qu’au Cameroun il y a beaucoup de prisonniers politiques. J’ai donc mis en place avec des amis un comité de libération de ces prisonniers. […] Ce combat, c’est une façon aussi pour montrer notre reconnaissance au Pays qui nous a vu grandir. […]

Ecoutez la réponse intégrale :

 

Si vous aviez la chance de rencontrer un chef d’État ou un membre du gouvernement français et / ou européen, quel sujet concernant la condition des reporters réfugiés aimeriez aborder avec lui ?

Les journalistes réfugiés sont des personnes qui ont beaucoup d’expérience, de savoirs et de savoirs-faire, ils peuvent aussi apporter du sang neuf dans l’Etat qui les a accueilli : tout ce qu’ils ont appris ailleurs, ils peuvent s’en servir ici. […]. Il faudrait une véritable politique d’écoute et ensuite d’insertion.  Il faudrait nous donner la chance de montrer notre reconnaissance aux Etats qui nous accueillent. […]

Ecoutez la réponse intégrale :

René Dassié reporter au Messager, Cameroun, avec David Sasson ancien ambassadeur d’Israël à Yaoundé