La poursuite des restrictions contre la liberté en Tunisie : arrestation de deux étudiants pour une chanson satirique

Mardi 16 mai 2023, les unités de sécurité tunisienne ont arrêté deux étudiants Youssef Chalbi et Dhia Nasseur, après la publication sur les réseaux sociaux d’une chanson satirique qu’ils ont réalisée, critiquant la police. Un troisième étudiant a réussi à s’échapper.

Selon Imen Souissi, avocate des deux étudiants, la justice leur reproche d’avoir « porté atteinte à autrui via les réseaux sociaux » et d’avoir « attribué des faits inexacts à un agent public » et s’ils sont déclarés coupable, ils peuvent encourir une peine de prison jusqu’à 4 ans.

La défenseuse des droits, a également indiqué que l’arrestation ne fait pas suite à une plainte, et qu’il s’agit d’une décision prise de la part d’un agent de police, due à la popularité de la vidéo.

Une comparution a été fixée le mardi 23 mai devant le tribunal de Nabeul, des avocats se sont portés volontaires pour défendre les deux étudiants au nom de la liberté d’expression. Selon L’avocate Imen Souissi, « aucun juge ou policier n’a le droit de juger une œuvre d’art, sauf si elle incite à la haine ».

Une satire contre les arrestations arbitraires

L’antenne régionale de la LTDH (Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’Homme) de Nabeul, a dénoncé dans une déclaration,  l’arrestation des deux étudiants et a demandé leur libération immédiate et inconditionnelle, considérant qu’il s’agit d’un acte contre la liberté d’expression et d’un contrôle de la création, qu’on ne peut pas évaluer. Sauf de la part d’un critique d’art spécialisé.

La LTDH considère l’arrestation, arbitraire, et ne respecte pas les droits et les libertés, et a appelé les organisations civiles à la participation à une manifestation, mardi 23 mai. Date de l’audience au tribunal.

Dans leur vidéo, les trois jeunes ont critiqué d’une manière satirique la police et ses pratiques, notamment, comment les agents s’introduisent chez les citoyens sans mandat, et les soumet à un dépistage de drogue, afin de justifier les arrestations arbitraires.

Cette incarcération témoigne de la situation des droits de l’Homme qui se dégrade de plus en plus en Tunisie, à cause des multiples condamnations de la part des forces de l’ordre, des manifestants depuis l’annonce du président tunisien Kaïs Saïed de la procédure 25 juillet 2021. Cette formalité réduisant les libertés au sein du pays, inquiète autant  les tunisiens que la communauté internationale.

En Tunisie, une dizaine de journalistes et d’opposants au président, ont été condamnés suite à leur expression du désaccord avec les politiques du gouvernement.

Les militants politiques continuent à faire opposition à Kaïs Saïed, malgré l’arrestation de plusieurs membres et leaders.

Chokri Chihi