Les lampions se sont éteints sur le festival de Douarnenez

[Par nos envoyés spéciaux à Douarnenez Larbi GRAÏNE (rédacteur) et Muzaffar SALMAN (photographe)]

Crédit photo : Muzaffar Salman

Crédit photo : Muzaffar Salman



Ouvert le 22 août dernier, la 37e édition du festival de cinéma de Douarnenez, a clos ses portes très tard dans la soirée de samedi avec au programme des danses du pays invité : l’Indonésie. Des pièces chorégraphiques contemporaines hautes en couleurs ont été interprétées à cette occasion par le duo Becak, lequel a développé des sonorités liées au banjo et à des percussions traditionnelles inspirées de Java, Bali et Sumatra. Exécuté avec brio, ce jeu chorégraphique dont on a savouré la maîtrise polyphonique qui n’a d’égale que la prestance des danseurs, a cédé ensuite la place à l’artiste leste timorais Ego Lemos, qui, a chanté à la Bob Dylan des morceaux savoureux en tetum et en anglais évoquant des chevauchées à travers un pays altier et rugueux. Interdit dans son pays, la Papouasie occidentale, le groupe Mambesak a succédé ensuite sur scène en interprétant des chants d’espoir et de liberté qui ont appâté un public venu nombreux. Le clou de la soirée fut la remise par le Kanak Hiandjing Pagou Benehote de la sculpture scellant l’amitié entre les peuples. Un moment d’intenses et sublimes émotions mêlées de joie et de bonheur dans une soirée inoubliable !

Notons que la prochaine édition du festival sera dédiée aux peuples des Andes de l’Amérique du Sud.

[Crédit photo de Muzaffar SALMAN]

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Crédit photo : Muzaffar Salman Crédit photo : Muzaffar Salman Crédit photo : Muzaffar Salman Crédit photo : Muzaffar Salman Crédit photo : Muzaffar Salman Crédit photo : Muzaffar Salman Crédit photo : Muzaffar Salman Crédit photo : Muzaffar Salman Crédit photo : Muzaffar Salman Crédit photo : Muzaffar Salman

 

 

 

Ebola : Questions sur la déliquescence du système de santé guinéen

[Par Sékou Chérif DIALLO]

Il ne restait que “Ebola” pour procéder à la reconstitution du puzzle guinéen caractéristique de pays pauvre et totalement dépendant de l’aide au développement, même pour assurer la santé de sa population. A toutes les victimes guinéennes et africaines de cette épidémie, j’exprime ma compassion. Au-delà de la spécificité de cette épidémie pour laquelle, jusque là, aucun vaccin efficace n’est disponible, je m’interroge sur les capacités du système de santé guinéen à faire face à une telle situation.

L’Hôpital Donka de Conakry, où sont isolées les personnes atteintes du virus Ebola. Source : AFP, site lemonde.fr

L’Hôpital Donka de Conakry, où sont isolées les personnes atteintes du virus Ebola. Source : AFP, site lemonde.fr

 

A l’instar de tous les secteurs sociaux, celui de la santé présente des faiblesses notoires et les réalités sont ahurissantes quand on sait le rôle que l’Etat que devrait jouer pour assurer la santé de sa population. Le faible accès aux services sociaux de base constitue une dimension importante de la pauvreté et une préoccupation essentielle des populations.

Pour commencer, procédons à une présentation succincte du système de santé guinéen. Il est composé des sous-secteurs issus du public et du privé. Le sous-secteur public est organisé de façon pyramidale. Il comprend, de la base au sommet: les postes de santé, les centres de santé, les hôpitaux préfectoraux et régionaux et les hôpitaux nationaux.
En élaborant en 2002 son premier document de stratégie de réduction de la pauvreté, l’Etat guinéen se fixait comme objectif, dans le domaine de la santé « d’assurer à tous les hommes et femmes vivant sur le territoire, sans barrière géographique, économique et socioculturelle, des services de santé de qualité. Il s’agit donc de mettre en place, d’ici l’an 2010, un système de santé accessible et capable de répondre aux besoins de santé de la population. » Cet objectif général ressemble plutôt à un vœu pieux quant on sait les faibles capacités de l’Etat guinéen pour la mobilisation de ressources internes et l’absorption des fonds disponibles auprès des partenaires au développement. Il faut noter que la part du budget national consacrée au secteur de la santé est l’une des plus faibles de l’Afrique. Sur la foi des données mentionnées dans le second document de stratégie de réduction de la pauvreté de 2007, le financement du secteur de la santé représentait, en 2006, 6% du budget total de l’Etat (0,4% du PIB). Dans une récente interview (24 août 2014 ndlr), le ministre guinéen de la Santé affirmait : « La part de la Santé dans le budget national est très faible (moins de 3% par rapport aux 15% recommandés par la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest ndlr). Le poids de la maladie pèse directement sur le malade et sa famille qui supportent plus de 65% des coûts de santé. Les partenaires techniques et financiers appuient le gouvernement dans le financement de certains programmes de santé comme celui du Sida, le paludisme, la tuberculeuse… » Ce qui est nettement insuffisant pour assurer des services de santé de qualité au niveau de l’ensemble du pays. Il existe plus discriminant encore: une part importante des dépenses publiques de santé est concentrée sur les services urbains et bénéficie aux groupes les plus riches de la population. A cela s’ajoute l’absence d’assurance maladie mais aussi la mauvaise gestion des ressources du secteur liée à la corruption. Tous ces facteurs réduisent l’accès des populations nécessiteuses aux soins de santé.

 

Des disparités régionales importantes

En ce qui concerne la disponibilité et la répartition du personnel opérationnel de santé, les disparités sont importantes d’une région à une autre. Selon les résultats de l’enquête intégrée de base pour l’évaluation de la pauvreté de 2003, la proportion de médecins par habitant dans le pays est de 1 pour 8.323 personnes, celle des infirmiers de 1 pour 6.345 et celle des matrones [voir la note en bas de page*] de 1 pour 20.876. La capitale Conakry se taille la part du lion (plus de 60% du personnel de santé). Toutes les autres régions ont un ratio personnel/population inférieur à la moyenne nationale. Dans une étude réalisée en 1999, 40% des ménages souffraient d’une incapacité temporaire à payer les services de santé et prés de 15% d’une incapacité permanente. Avec l’accroissement de l’incidence de la pauvreté au niveau national, passant de 53% en 2007 à 55,2% en 2012, cette tendance se confirme. Du fait de l’insuffisance des infrastructures et équipements sanitaires, la couverture géographique est très faible. Pour illustrer cet état de fait, l’évaluation à mi-parcours du deuxième document de stratégie de réduction de la pauvreté avait révélé qu’au cours de la période 2004-2005, le nombre de postes de santé intégrés est passé de 604 à 623, soit une faible augmentation de 3% environ. Quant aux centres de santé intégrés, le nombre est passé de 395 à 399 durant la même période soit un accroissement de 4 unités. Les hôpitaux nationaux (aussi connus sous le nom de CHU, Centres Hospitaliers Universitaires) sont au nombre de 2 et se trouvent à Conakry. Il faut signaler que plusieurs unités sanitaires au niveau local ne sont plus fonctionnelles aujourd’hui par manque d’entretien, de subventions et de la corruption qui gangrène le secteur. La dernière sortie médiatique du ministre guinéen de la santé en témoigne : « On ne peut pas comprendre que ces structures ne soient pas fonctionnelles. J’ai mis en demeure les autorités de ces structures de les réhabiliter. »
L’insalubrité de l’habitat et de l’environnement et la consommation d’eau insalubre sont citées comme des causes sous-jacentes du taux élevé de mortalité notamment infantile en Guinée. La mauvaise évacuation des ordures ménagères, des eaux usées sont des sources de propagation de maladies (comme le choléra par exemple) où à chaque période pluvieuse la Guinée enregistre des cas importants de choléra.

 

Des problèmes d’assainissement

L’assainissement qui a un impact sur la santé des populations est une autre réalité qui se caractérise par des manques et des insuffisances. L’évacuation des eaux usées par exemple se fait généralement par fosses ou par épandage sur le sol. Elles sont le plus souvent déversées dans des caniveaux, les rues et les espaces libres. Il n’existe pratiquement pas d’infrastructures d’assainissement collectif ou semi-collectif d’évacuation et de traitement des eaux usées à l’exception des équipements de Conakry où le réseau d’égouts se limite à une seule commune (Kaloum) sur les cinq que compte la capitale.
En outre, il faut noter l’inexistence de latrines publiques à l’exception de quelques-unes mal entretenues desservant certains marchés de Conakry, quelques rares gares routières, et les bâtiments administratifs. Les autres centres urbains sont quasiment dépourvus d’assainissement collectif malgré la densité élevée de peuplement.
S’agissant des déchets solides, le principal mode d’évacuation des ordures ménagères est le rejet dans la nature (espaces libres, cours d’eau, mer, caniveaux, etc..). Selon les résultats de la dernière enquête intégrée de base pour l’évaluation de la pauvreté, cette pratique est le fait de 77% des ménages (93% en milieu rural, 18,1% à Conakry et 64,4% dans les autres centres urbains). Le ramassage public des ordures ménagères ne se fait qu’à Conakry et concerne 55,4% des ménages. Des caniveaux remplis d’ordure, des eaux stagnantes et des tas d’ordures ménagères dans les rues, c’est l’image que présente la capitale guinéenne.

 

Des risques de contamination

Les risques de contamination dans les centres de soins sont aussi très élevés du fait de l’insalubrité des lieux. En 2012, la délégation en Guinée de l’organisation internationale ‘’Terre des hommes’’ déplorait les causes de cet état de fait : « l’eau n’arrive que 2 à 3 fois par semaine dans les centres de santé, et pendant seulement quelques heures. Ils ne peuvent donc ni soigner convenablement les patients, ni nettoyer les salles de soins et assurer l’hygiène des équipes de manière adéquate »
Dans un tel environnement, la propagation d’épidémies comme l’Ebola serait facilitée par les faiblesses structurelles du système de santé de la Guinée. A cela, il faut ajouter les choix que je qualifierais d’irresponsables de la part des autorités guinéennes en voulant minimiser (voire nier) la propagation de l’épidémie au sud de la Guinée dont les premiers cas ont été signalés depuis décembre 2013 par les médecins locaux mais sans confirmation officielle de la nature de l’épidémie. Si des mesures idoines étaient prises promptement par les autorités guinéennes avec l’appui des partenaires, elles permettraient de circonscrire l’épidémie, stopper sa propagation et éviter au monde entier cette psychose terrible qui met en quarantaine toutes les populations des zones touchées.

 

[*] “Matrone” : Femme qui exerçait illégalement le métier d’accoucheuse. Il faut noter que ces matrones sont reconnus comme personnel de santé et elles exercent dans les structures sanitaires pour répondre à l’insuffisance d’infirmières. Cette appellation est toujours employée dans le jargon officiel dans le domaine de la santé en Guinée.

Festival de cinéma de Douarnenez : Focus sur les peuples

Par nos envoyés spéciaux à Douarnenez : Larbi GRAÏNE (redacteur) et Muzaffar SALMAN (photographe)

Ce compte rendu est la réunion de plusieurs articles parus dans Kezako, le journal du festival de cinéma de Douarnenez (auquel nous contribuons). Le festival se poursuit jusqu’au 30 août, avec à l’affiche des centaines de films, des expositions, des concerts et des conférences.
Une équipe de journalistes bénévoles, venue d’un peu partout, s’attelle quotidiennement à alimenter les colonnes de Kezako. Lequel Kezako est la transposition phonétique de « qu’est-ce qui », dit en occitan « qu’es aquo ». Pour faire breton, on a donc choisi d’utiliser les K et les Z à la place des QU et des S.

 

Hiandjing Pagou Banehote, sculpteur kanak

Hiandjing Pagou Banehote [Photo crédit : Muzaffar Salman]

Hiandjing Pagou Banehote [Photo crédit : Muzaffar Salman]

 Il a la sculpture « dans le sang » et il croit au pouvoir des sorciers. Il s’est réveillé un jour alors qu’il avait 35 ans et a commencé à sculpter du bois sans avoir été jamais à l’école. Son père lui avait dit que « si tu es un héritier de cet art, tu n’as pas besoin d’apprendre », C’est que la sculpture dans la société canak relevait jusqu’à une époque récente plus du symbolique et du communicatif que de la marchandisation qu’on lui connaît aujourd’hui. Hiandjing Pagou Banehote, 50 ans a débarqué à Douarnenez avec dans ses bagages une sculpture sur bois « pour sceller les liens d’amitié entre les êtres humains de l’hémisphère sud et de l’hémisphère nord ». Demain, du reste, à 14 h 30, la salle de l’Auditorium où est attendue une délégation de kanak, verra la projection de La Tête d’Ataï, un film réalisé en Nouvelle Calédonie par Mehdi Lallaoui. Hiandjing parle de sa société avec passion. On y lit de la fougue dans ses yeux étincelants. S’il s’affirme « indépendantiste », il prévient néanmoins qu’on ne peut y parvenir sans « être soi-même indépendant ». Pour lui il y a trop d’injustices en Nouvelle-Calédonie. Il s’en prend aux Caldoches (Calédoniens blancs) descendants de bagnards, composant aujourd’hui la classe dominante. « Si il ne se passe rien, s’il n’y a pas de guerre chez nous, c’est grâce au code coutumier qui est bien ancré dans la société et au fait que le respect des anciens est encore opérant » fait-il valoir. Le clan représente pour Hiandjing Pagou Banehote un repère identitaire fort. A ses dires, il a vécu dans une société aussi bien matriarcale que patriarcale. Sa grand-mère avait de la poigne et commandait à la tribu. Un proverbe kanak énonce « sans la femme, il n’y a pas d’homme ». Dans la coutume, il revient à l’homme de prendre la parole mais c’est la femme qui analyse ensuite et c’est elle qui, à la maison, propose les solutions aux problèmes. Tout dans les propos de notre Kanak, se réfère à la cosmogonie locale. Il est impossible qu’un autre ressortissant puisse avoir le même prénom que le sien. Car le système de pré-nomination est établi sur la base d’un lexique animalier couplé à une « signalisation » territoriale qui permet de renouveler les prénoms sans risque de les voir se répéter. Hiandjing Pagou Banehote signifie « la maison du petit poisson de l’ancien guerrier ». Tout un programme.

 

De l’intersexe avec Ins A Kromminga

Un intersexe [Photo crédit : Muzaffar Salman]

Un intersexe [Photo crédit : Muzaffar Salman]

 L’intersexe s’invite à la galerie Miettes de baleine sous forme d’une exposition de dessins qui « peuvent s’assembler comme dans une bande dessinée, imbriqués les uns dans les autres » selon Ins A Kromminga, l’auteur de cette manifestation, un Allemand de 44 ans, intersexe et graphiste de son état,qui de sa haute stature regarde ses œuvres après les avoir disposé de façon à ce qu’elles soient vues en même temps dans leur ensemble et dans le détail selon qu’on s’approche ou on s’éloigne du mur sur lequel elles sont collées. De ces dessins sourd une colère, une révolte, plutôt contre la médecine. Les titres sont révélateurs : « Girl-monster or boy monster », « Medical Porno » , « Prader » qui épingle la corporation des docteurs et des toubibs, dont on souligne pour la première fois les accointances avec la société dans laquelle elle évolue. Pour Ins Kromminga « la médecine ne devrait pas trouver des solutions pour les personnes intersexe », soutenant que c’est là le rôle de la société. Les dessins de Kromminga donnent à voir du reste les organes génitaux qui interrogent les opérations chirurgicales comme pour en souligner le ridicule. Tantôt la médecine intervient pour raffermir un sexe mâle, tantôt pour étouffer dans l’œuf un soupçon de féminité « tout dépend de la largeur du pénis » ironise Kromminga. « Il ne faut pas nous confondre avec les androgynes. L’androgynie relève de l’apparence et non de l’être » analyse-t-il. L’intersexe est un état dont on hérite dès la naissance. Je milite pour qu’on sois reconnus pour ce que nous sommes. Et Kromminga de déplorer « c’est en fait notre existence en tant qu’être humain qui est remise en cause ». Que pense-t-il du mariage gay ? Un haussement d’épaules s’ensuit, de l’air de dire « ça ne concerne que les gays ». D’après lui « avec les personnes intersexes « la question de marier qui avec qui ? » se pose. En Allemagne, on commence à aborder le dossier de l’intersexe mais ça bute sur la question de l’identité des uns ou des autres ». « c’est plus facile qu’on est gay, car le couple gay est censé être du même sexe » souligne-t-il. Pour lui, le problème des intersexes concerne l’ensemble du monde occidental et non seulement l’Allemagne. « Je suis un homme, je vis avec un autre homme qui a un vagin, grâce à mes papiers masculins j’ai fait un mariage gay mais officiellement et juridiquement, on n’existe pas en que tels . Notre sexe est indéfinissable nous ne sommes ni hommes ni femmes, nous sommes ce que nous sommes » explique un ami français de Kromminga.

 

Les Messagers de Hélène Crouzillat et Laetitia Tura

Si pour Paul Valéry, « toutes les guerres sont absurdes », celle que raconte les Messagers, film documentaire de Hélène Crouzillat et Laetitia Tura est tout simplement l’histoire d’une guerre innommable. C’est l’un des immigrants camerounais rescapé de la mort qui fait cette comparaison avec la guerre. Une sombre épopée aiguillonnée par un désir d’Europe qui fait traverser aux Subsahariens, déserts, monts et vaux. Beaucoup n’y arriveront jamais, ils sont avalés par la mer et peuvent avoir une sépulture si leur corps vient à être repêché. Le Maroc et l’Espagne se partagent les rôles. Le second refoule les candidats à l’émigration clandestine d’une manière « conforme aux normes internationales » du moins c’est ce que s’efforce de soutenir le représentant de la garde civile espagnole, tandis que le premier, peut tuer ceux ou celles qui n’ont pu se faufiler entre les mailles des barbelés. « Si on me refoule, je remonte jusqu’à ce que je rentre, qu’importe le temps que ça va prendre » lance avec défi un de ces migrants coincé au Maroc.

Les Messagers, film documentaire de Hélène Crouzillat et Laetitia Tura, produit par Marie-Odile Gazin, The Kingdom en association avec Périphérie, France, 2014, 70 mn.

La hâte veut que j’oublie

Un poème de Rana ZEID.
Traduit de l’arabe au français par Dima Abdallah‏.

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L’amour
Tend doucement sa main
Près de mon cœur
Grimpe sur l’obscurité légèrement penchée
Le soir,
Le monstre enfonce rapidement
Un couteau dans mes entrailles,
Je ne crois pas à ma mort,
Eux, comme moi, sont des morts mais ils sont oubliés,
Eux telles les algues de mer
Tiennent une petite tortue
Et rient.
Ma hâte veut que j’oublie
Une chose que je ne connais pas,
Elle court comme une folle avec mon monstre fatigué
Pour que je l’oublie
Pour que j’oublie cette terre en dessous de moi
Alors qu’elle m’amadoue
Après trente ans de hâte
Dans les soupirs et les plaisirs,
Je sais désormais que je suis la plus lente
En amour,
Je joue en compagnie de mon monstre avec les ficelles de la mort,
Je lui donne tout mon pain,
Il le mange tel un lapin apeuré
D’un passé qui le poursuit
Laissant la lenteur derrière lui sur la route.

 

 

37e édition du Festival de Cinema de Douarnenez

Peuples de l’Indonésie et sexualité pour interroger l’identité.

[Par Larbi GRAÏNE, envoyé spécial à Douarnenez]

Douarnenez s’apprête à abriter du 22 au 31 août 2014 son festival de cinéma dont c’est la 37e édition. Cette année ce sont les peuples de l’archipel indonésien, Timor-Leste et Papouasie qui sont à l’honneur. Gouel Ar filmù pour parler en breton, réunit plus de 190 œuvres cinématographiques dont une trentaine produits dans l’année en Bretagne. Tous les films sélectionnés pour cette manifestation traitent de la thématique des cultures minorées et des peuples autochtones. Trois ou quatre films ont été réalisés entièrement en langue bretonne sur la trentaine du « grand cru » dédié au pays de Nominoë et de Pontcallec.

L’édition de cette année outre qu’elle fait la part belle aux peuples de l’Indonésie, où l’on y parle plus de 600 langues, s’ouvre sur les trans/intersexuels, oui ce n’est pas une erreur, le festival intègre la communauté de gens pour qui la sexualité ne correspond guère aux catégories habituelles de féminité et de masculinité. « C’est une minorité basée sur le corps dont le sexe indéterminé pousse la médecine à prescrire des opérations en vue de produire un sexe unique, or ces opérations sont vécues comme une véritable torture » dénonce l’anthropologue Claude Le Gouil, président-adjoint du festival que nous avons joint par téléphone. Six films sur l’intersexe vont être projetés dans ce festival qui présente la particularité de ne pas être une compétition récompensant des œuvres. La plupart de celles-ci, remarque-t-on, sont accessibles aux malentendants car Douarnenez s’allie également au monde des sourds. « Le festival a pour objectif, entre autres, de confronter les points de vue, voire les revendications culturelles pour comparer, aller à la découverte d’autres peuples et échanger autour des langues » indique Le Gouil. Loin de la langue de bois, ce festival culturel ne cache pas ses visées politiques. Parlant des personnes intersexe et trans, les rédacteurs du site du festival estiment que « c’est du fait même de leur existence qu’elles nous questionnent sur nos identités, révèlent les fabrications sociales et les rapports de pouvoir qu’elles nous interrogent sur la notion même d’identité : définir les personnes par leur genre, leur classe ou leur race, c’est les maintenir (nous maintenir toutes et tous) dans les rôles de soumission et de pouvoir ! ».

Un festival ami des peuples opprimés

Le festival de Douarnenez poursuit ainsi sa trajectoire de manifestation culturelle déployant son égide protectrice sur les cultures bafouées de par le monde. Rroms, Tziganes voyageurs, peuples du Caucase, du Liban, peuples berbères de l’Afrique du Nord, Aborigènes d’Australie, mais aussi peuples diasporiques d’Europe où, entre autres, éclot cette étrange langue juive qu’est le yiddish, peuples du Caucase, peuples des Caraïbes, peuples de l’Arctique, tous ont déjà eu leur place dans les précédentes éditions. Le cinéma s’offre même le concept de « grande tribu » un espace forgé au fil des ans entre participants qui ont eu le temps de s’accorder sur des dimensions esthétiques qu’il importe de bonifier ou sur l’importance de la portée politique très vite noyée sous le flot d’une actualité dense. En fait la grande tribu c’est un coup de projecteur sur des œuvres remarquables dont on n’avait pas su mettre en exergue le caractère inédit. Font écho également aux projections de films, des rencontres politiques, des expositions, des concerts de musique, un coin librairie où l’on peut découvrir la littérature en lien avec le sujet, un coin jeune public où les enfants peuvent trouver leur compte.

Le breton, langue véhiculaire d’une palabre

Les organisateurs ont tenu cette fois-ci à faire du breton, la langue d’une palabre programmée chaque matin. Cette initiative est considérée comme « un acte politique fort » parce que, assurant à cette langue « une place autre que symbolique ».

Dans son éditorial au catalogue promotionnel de ce grand événement que va abriter la Bretagne, Valérie Caillaud, présidente du festival soulève la question de la culture locale. Après avoir relevé nombre de conflits qui agitent en ce moment certains points du globe, notamment en Palestine, en Syrie, au Mali, en Centre-Afrique, en Libye, et en Thaïlande… jusqu’en Ukraine aux portes de la Communauté Européenne « Plus près de nous, cette année, écrit-elle a vu la Bretagne secouée par des mouvements pour le moins confus au nom de l’identité bretonne ». Et de s’interroger « N’est-ce pas là, encore, une façon d’en appeler à une appartenance culturelle au nom d’intérêts moins louables? Que faut-il espérer du nouveau découpage régional ? Quel avenir pour la culture en Bretagne ? ». La présidente du festival fait du reste grief à l’édile de Grigny qui aurait expulsé le 9 juillet dernier des familles Roms pour occupation illégale d’un terrain dénommé la Folie. Et plus loin Valérie Caillaud d’ajouter « au cours de ces trente-sept dernières années, combien de fois les peuples minorisés sont venus témoigner au Festival de Cinéma de Douarnenez de tels agissements des pouvoirs politiques, niant la culture, donc la liberté de l’Autre, au nom de profits mercantiles et au nom d’une pernicieuse mondialisation ».

Festival de cinéma de Douarnenez, pour plus d’informations : www.festival-douarnenez.com

Zambie-France : Homophobie, une persécution aux divers degrés

[Par John Chitambo Lobe]

Les persécutions contre les homosexuels représentent près des trois-quarts des discriminations sexuelles en Afrique. Selon des chiffres concordants d’organisations non gouvernementales (ONG), plusieurs centaines de lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres sont régulièrement harcelés sur le continent, pour le seul motif de leur orientation sexuelle. À des degrés divers, pouvant aller jusqu’à la mort.

Photo tirée de http://www.osisa.org/

Photo tirée de http://www.osisa.org/

Dans cette ambiance délétère, la Zambie du président Michael Sata élu en 2011 mérite une mention spéciale. Selon l’association LGBT Rights in Zambie, la police de ce pays d’Afrique australe, pas un jour ne se passe sans que la police de ce pays d’Afrique australe interpelle des personnes soupçonnées d’homosexualité. Cette persécution légale s’accompagne d’un rejet social des homosexuels, qui sont considérés par la religion, leurs familles et communautés comme étant des personnes anormales, satanistes ou possédés par des démons. Faire son coming out dans ces conditions revient systématiquement à risquer la prison, l’homosexualité étant considérée comme un crime à la fois contre la loi et contre la nature humaine.
Deux jeunes homosexuels zambiens ont récemment été jetés en prison. Plusieurs autres ont été interpellés par la police et placés en garde à vue par la police. Cette nouvelle salve de la répression qui sévit dans ce pays n’a pas épargné même les activistes des droits de l’homme qui défendaient les droits des homosexuels !

La Zambie est officiellement une nation chrétienne d’après la Constitution de 1996. Plus de 90 % des Zambiens sont chrétiens, catholiques et protestants, pendant qu’une minorité pratique l’Islam et d’autres religions. C’est dans ce contexte d’exaltation religieuse que ce pays d’environ 14 millions d’habitants a acquis la réputation de l’Etat le plus répressif envers les homosexuels dans le monde.
Et même si les responsables religieux, chrétiens et musulmans en l’occurrence rejette chacun sur le culte de l’autre la responsabilité de la dégradation des mœurs, tous s’accordent à placer l’homosexualité en tête des pratiques jugées déviantes.Pour les responsables du culte musulman, les homosexuels sont des chrétiens, parce que leur religion proscrit et punit sévèrement cette pratique. Les chrétiens leur rétorquent, bible en main, que Dieu a interdit l’homosexualité. On est cependant en droit de leur demander que si Dieu, Allah, Jéhovah comme ils le prêchent a créé le monde et tous ce qui y vit comme ils le prêchent, n’est-ce pas lui qui a aussi créé les homosexuels ? Sinon, d’où seraient-ils venus ? Y aurait-il donc un deuxième créateur qui aurait façonné les homosexuels ?

En second lieu, si ces religieux prêchent vraiment l’amour du prochain comme ils le prétendent, les homosexuels ne méritent-ils pas d’être aimés comme nos prochains?
La situation en Zambie est emblématique du sort qui est réservé aux homosexuels dans de nombreux pays africains. Où l’on na même pas besoin d’invoquer la religion pour remettre en cause leur droit d’exister. Au Cameroun où l’homosexualité est punie de cinq ans de prison, Eric Lembembe, un gay militant a été torturé à mort l’année dernière. Son seul crime était d’avoir une orientation sexuelle contraire à une prétendue culture africaine.

Au-delà de l’Afrique et des autres régions du monde où l’on persécute les homosexuels, on pourrait penser que les pays égalitaires, à l’instar des nations européennes, des Etats-Unis ou de l’Afrique du Sud qui protègent leurs droits soient pour eux des havres de paix. Erreur. Même ici, leur situation reste difficile, voire critique, et le chemin à parcourir est encore long, pour qu’ils soient perçus par tous comme des citoyens à part entière. En France par exemple, des homosexuels subissent habituellement des traitements humiliants qui n’ont que peu à envier à ce qui se passe en Zambie.

Dernier exemple en date, la tentative d’intimidation doublée d’humiliation subie le 8 août dernier par un jeune homme homosexuel, dans un bureau de l’association France Terre d’Asile, de la part d’autres réfugiés venus comme lui d’Afrique. Parce qu’il arborait un look féminin, avec chaussure, pantalon, coiffure et boucles d’oreille, marchait en se déhanchant comme une femme, on lui a crié dessus, en lingala, la langue du Congo : « Pédé! Pédé! Pédé! Tu fais la honte de notre culture africaine » « Quelle abomination !» ont poursuivi ceux qui semblaient être des Nigériens. « La honte de l’homme noir ! Si tu étais en Afrique tu serais mort », ont pronostiqué les Ivoiriens! Chacun y est allé de son dialecte : bambara, soninké, etc. Le jeune homme n’a eu d’autres recours que de prendre fuite !
Cet exemple vient s’ajouter aux cas malheureusement trop nombreux des agressions dont sont l’objet les homosexuels en France. Un pays qui est pourtant allé très loin dans la reconnaissance de leur égalité citoyenne, en leur accordant le droit au mariage.

On ne doit donc jamais cesser de marteler que l’homosexualité n’est qu’une orientation sexuelle, qu’elle n’a rien d’anormal ni de diabolique et que parmi les hommes qui ont positivement influencé le monde, figurent de nombreux homosexuels. Les droits de l’homme n’ont pas de nationalité et la mobilisation doit continuer en faveur des homosexuels, quelle que soit leur pays. Dans la rue, par le biais des médias, à l’Onu, ce combat doit continuer. A l’échelle de l’univers. Et dans ce sens, la décision de l’Union européenne d’accorder l’asile politique aux homosexuels persécutés dans leurs pays mérite d’être saluée.

 

Journée mondiale de l’aide humanitaire, une invitation à la paix

[Par CHI CHI]

Depuis le 11 décembre 2008, l’Assemblée générale des Nations Unies (ONU) a décrété cette journée du 19 août “Journée mondiale de l’aide humanitaire” dans l’espoir de sensibiliser tout le monde à l’assistance humanitaire et à la nécessité de soutenir ces actions humanitaires partout dans le monde sans discrimination.

La colombe de la paix porte un gilet parre-balles : Graffitis de Bansky  sur le mur de séparation israélien en Cisjordanie, 2005

La colombe de la paix porte un gilet parre-balles : Graffitis de Bansky sur le mur de séparation israélien en Cisjordanie, 2005

Le 19 août de chaque année, tout le monde célèbre cet événement humanitaire en hommage aux agents de plusieurs organismes humanitaires qui ont perdu la vie dans l’exercice de leur fonction.
Le monde commémore leur sacrifice et réaffirme son engagement en faveur de l’action que le personnel de ces organismes humanitaires mène chaque jour dans le monde entier pour sauver des vies, dans des situations souvent très difficiles et très dangereuses, là ou d’autres ne peuvent pas ou ne veulent pas se rendre.

Dans de nombreux pays du monde, les associations humanitaires au sens large du terme, telles que la Croix Rouge, l’ONU…, travaillent beaucoup, parfois en risquant la vie de leurs agents, souvent dans l’anonymat le plus total, même s’ils accomplissent un grand travail en faveur de milliers des personnes, leurs interventions sont toujours indispensables pour tous et partout, et permettent souvent à des populations du monde entier de retrouver un minimum de dignité, puisqu’en ce qui concerne la solidarité humaine, un don, même minime, peut représenter beaucoup et être apprécié s’il est bien reçu sur le terrain.

Cette année, nous invitons tout le monde à participer à une campagne humanitaire de paix dans des pays en guerre dans le monde entier tels que les guerres au Moyen-Orient et dans quelques pays d’Afrique, et opérer une réconciliation avec tout le monde en tant qu’humain.

Alors cet événement 2014 sera destiné à attirer l’attention de la communauté internationale sur les besoins humanitaires de base à travers le monde entier comme la paix, la sécurité, la santé, l’accès à un travail, à un toit, la protection des réfugiés, la suppression du terrorisme, l’aide aux victimes des guerres, la lutte contre la corruption… Ainsi que le rôle important que joue la coopération internationale dans la réponse aux crises humanitaires lors de grandes catastrophes.