Barbès, manifestation pro-palestinienne interdite : le reportage photo

La manifestation pro-palestinienne prévue dans la capitale, samedi 19 Juillet, à Barbes, malgré l’interdiction de la préfecture de police de Paris, a dégénéré :

le reportage photo de Muzaffar Salman.

© Muzaffar Salman © Muzaffar Salman © Muzaffar Salman © Muzaffar Salman © Muzaffar Salman © Muzaffar Salman © Muzaffar Salman © Muzaffar Salman © Muzaffar Salman © Muzaffar Salman © Muzaffar Salman © Muzaffar Salman © Muzaffar Salman

Nue dans sa tombe

Un poème de Rana ZEID.

Traduit de l’arabe au français par Dima Abdallah‏. 

 

Dessin de Mohamad Omran, artiste syrien.

Dessin de Mohamad Omran, artiste syrien.

La fleur sauvage que j’aperçois sur ton visage,

Comment la cueillir de ma bouche

Sans devenir sauvage ?!…

 

J’ai besoin de quelques illusions

Pour que la nuit soit plus courte,

Je frotte ma main pour la millième fois

Avant de l’ouvrir à la pluie,

C’est qu’au matin

Je me préparerai pour mon enterrement

Comme je le voudrais

Et non comme il sera.

 

Une seule feuille est tombée,

Ni plus ni moins,

De l’arbre,

Je la regardais

Comme si elle était tout ce qui fut,

J’ai su que le vent léger,

A décidé son sort,

Qui suis-je alors pour repousser le vent de ma main ?

 

Ici

La silhouette de Tina Modotti,

Et l’ennui, et une eau froide,

Un disque qui t’est laissé,

Et Catherine chante en espagnol,

Alors que Vincent joue bien pour les fantômes passés.

 

Mes mains sont ensanglantées

Des épines,

Mes mains sont ensanglantées,

Et je saigne.

Personne entre moi et l’hémorragie !

 

 

Le faon blessé / mange de mes lèvres

Le faon blessé / met la main dans mes cheveux / et vole,

Et personne pour faire coaguler le sang du bout du doigt.

 

Je dois passer,

Sans le moindre regard

Sur le tombeau derrière moi,

Il est pour celui qui ne m’a pas connue

Et à mes bienaimés aussi.

 

Que le monde prenne ce qu’il veut de moi

Des faibles et des misérables,

Qu’il prenne ma vie pliée

Telle une feuille

Inutile,

Dans la poche

D’un mort humide et raide,

Mais ce n’est pas juste

Il n’est pas juste,

Que le tyran lace

Ses chaussures le matin,

Avec des mains qui ne sont pas les siennes.

 

 

Forum-France-Algérie : La France, pays européen le plus ouvert aux mariages mixtes

[Par Larbi GRAÏNE]

La France connaît depuis des années un changement démographique énorme, les Franco-algériens, qui sont actuellement au nombre de quatre millions d’individus environ atteindront bientôt les huit millions et l’islam confirmera sa place de seconde religion de France. La France ne sera plus comme avant car les identités y seront plurielles. On en voit déjà les prémisses au niveau des grandes villes. Il y a 20 % de mariage mixte en France contre 3 % en moyenne dans le reste de l’Europe. Ce sont là quelques unes des conclusions auxquelles est parvenu le Forum France-Algérie, qui organisait jeudi 26 juin à la mairie du XVème de Paris, une rencontre-débat sur le thème « la France à l’heure de la diversité. Quels impacts sur le modèle d’intégration républicain et l’identité ? ».

Photo tirée par www.algerie-focus.com

Photo tirée par www.algerie-focus.com

Comme il fallait s’y attendre la prestation de l’équipe algérienne de football en coupe du monde a retenu l’attention des cinq conférenciers invités : Karim Amellal, co-fondateur de Chouf-chouf.com, maître de conférences à Sciences Po, Nadir Kahia, Président de Banlieue Plus, Nacer Kettane, PDG de Beur FM, Fadila Mehal, Présidente d’honneur des Marianne de la diversité et Madjid Si Hocine, animateur du site l’Egalité d’Abord. Le débat a été modéré par Farid Yaker président du Forum France-Algérie.

Pour Madjid Si Hocine la question de l’identité a été posée tardivement en France, elle a été versée d’après lui au débat public suite à la guerre franco-allemande de 1870 où il s’agissait de séparer l’identique du différent. Selon lui une nouvelle catégorie de Français , les « néo-Français » (pas blancs et pas catholiques) fut alors mise à l’honneur. L’émergence plus tard du Front national a-t-il argumenté servira en même temps de venin, en polluant le débat politique, et d’aiguillon en favorisant la montée des courants opposés. « Sarkozy apparaît alors dans un contexte psychiatrique marqué par l’hystérie et un glissement vers l’islamophobie ».

De son côté, Nadir Kahia insiste sur l’importance de l’aspect historique, rappelant que la France a eu de la peine à intégrer dans son giron la Bretagne et la Corse. « Ce qui pose problème, c’est qu’on veut mettre les mêmes caractéristiques pour tout le monde , ce qu’une partie de citoyens n’est pas prêt d’accepter a-t-il soutenu. Et de citer l’exemple des habitants de Mayotte qui ne peuvent s’illustrer que différemment. « Les choses sont très simples, on les complique, ceux qui les compliquent sont les hommes politiques » accuse Nacer Kettane. Et de marteler quand j’ai lancé la radio Beur FM, la première page de Minute a proclamé en grosse manchette « l’invasion maghrébine » sur les ondes. Et de déplorer «  nous ne sommes pas dans le roman français ».

« Ce n’est pas l’identité arabe ou musulmane qui pose problème mais c’est la crise économique. Je pense que les choses vont s’empirer » s’alarme pour sa part une intervenante franco-algérienne, qui exerce en tant que journaliste dans la presse régionale. Elle réfute la thèse selon laquelle les Franco-algériens ne s’identifient pas à la France, du fait du soutien infaillible qu’ils expriment à l’égard de l’équipe algérienne de football, en lice au Mondial. « Nous défilons pour l’Algérie mais nous sommes prêts pour la France quand c’est la France qui joue » a-t-elle expliqué.

Madjid Si Hocine n’en exprime pas moins un avis opposé : pour lui les Franco-algériens sont victimes de l’exclusion plus que le reste des Français d’origine étrangère. Les Franco-portugais estime-t-il sont mieux intégrés alors que leur présence sur le territoire français ne date que des années 80. Or les Algériens ont foulé le sol français au début du XXe siècle. L’assimilation des émigrés autres que maghrébins s’est posée en termes socio-économiques mais pour les Algériens, l’assimilation s’est heurtée au paradigme socio-culturel » a-t-il argué. Il rassure : « ce n’est pas grave de ne pas chanter la Marseillaise ». Et de juger idiote cette question de savoir si l’on est Algérien ou Français (allusion aux déclarations d’officiels français), ça me rappelle la question stupide qu’on nous posait, enfants, ”est-ce que tu préfères ta mère ou ton père ? ”. Et d’ajouter «  tous ceux qui arrivent en France, l’ont fait pour de bonnes raisons ». Et d’appeler les communautés et l’islam de France à s’organiser.

Karim Amellal, quant à lui, juge que « l’identité française est difficile à cerner ». Se référant à un ancien sondage, Amellal soutient que la plupart des Français auxquels on a posé la question de savoir ”qu’est-ce que l’identité française” ont répondu « c’est la sécurité sociale et le service militaire ». Selon lui, la France est en crise depuis 30 ans, cela coïncide avec l’ émergence des Néo-français ». Amellal a tiré quand même un satisfecit, en comparant la situation française à celle des États-Unis, «  ça va mieux en France, en Amérique les Noirs sont moins bien lotis qu’il y a dix ans » a-t-il lancé. Et de marteler « Cessez de parler de modèle d’intégration, ça n’a pas de sens, c’est anecdotique, anachronique et obsolète ». Le Pr Amellal plaide pour la création des médias afin de permettre l’expression des opinions. Pour lui « l’émigration est la chance de ce pays ».

Cote d’Ivoire : les Eléphants perdent et divisent

[Par Armand IRE]

Allassane Dramane Ouattara en pleurs réconforte le gardien Copa Barry. Février 2012 à Libreville. Finale de la CAN.

Allassane Dramane Ouattara en pleurs réconforte le gardien Copa Barry. Février 2012 à Libreville. Finale de la CAN.

Dans un pays en proie à une crise politique aigue découlant de dix ans de crise politico-militaire, les plaies sont encore ouvertes et rien ne semble à priori possible pour réconcilier les ivoiriens. En tout cas la réconciliation ne passera pas par l’équipe nationale de football, pourtant si adulée autrefois. Le football facteur de rassemblement. Maxime désormais creuse et inexistante en Cote d’Ivoire.
Dimanche 12 février 2012 un tir au but s’élève dans les airs du stade de l’amitié, joyau de la coopération sino-gabonaise de Libreville. C’est le tir de l’attaquant ivoirien Yao Kouassi Gervais plus connu sous le nom de Gervinho actuel sociétaire de l’équipe italienne de l’AS ROMA. C’est la finale de la coupe d’Afrique des nations dernière édition des années paires. Si le tireur zambien réussit son tir au but, l’équipe ivoirienne ne goutera pas à un deuxième sacre en Coupe d’Afrique des Nations. Ce qui fut le cas. Au moment ou plusieurs ivoiriens s’écroulent en larmes avec à leur tête le chef de l’état Allassane Dramane Ouattara, une bonne partie jubile et poussent des cris de joie. La politique a fini par prendre le pas sur le sport. Pour les partisans du président déchu aujourd’hui emprisonné à La Haye, Laurent GBAGBO, une victoire de Didier Drogba et de ses camarades sera mise au compte de l’exécutif ivoirien actuel qui en fera une récupération politique qui divisera encore plus le pays. Les partisans de Ouattara crient au manque de patriotisme des proGBAGBO et leur enjoint de ne pas mettre tous les œufs dans le même panier. Pour eux le sport est certes parfois très lié au milieu politique mais quand il s’agit de la défense du drapeau national, il faut être patriote.

Balivernes, crient les partisans du président déchu. 

Cette passe d’armes et de mots crus n’est nullement fortuite. Ceux qui observent de manière avertie, la vie socio-politique ivoirienne savent que football et politique ont toujours fait bon ménage dans la crise ivoirienne. On se souvient de ce spot publicitaire des Eléphants demandant aux protagonistes d’aller vers la paix. Didier Drogba et ses coéquipiers ont mis en exergue leurs origines ethniques diverses qui ne les empêchaient pas selon eux d’être de vrais complices sur un terrain de football. Le pouvoir ivoirien d’alors avait même accéder à la requête des joueurs ivoiriens de disputer le match de qualification de la coupe du monde de 2010 contre les scorpions de Madagascar à Bouaké fief de la rébellion ivoirienne et cela au nom de la réconciliation nationale.
Pour les inconditionnels de Laurent GBAGBO, on a nullement vu cet activisme au niveau des Éléphants depuis la tragique crise post-électorale de 2010 qui a conduit ce dernier dans les geôles de la Cour Pénale Internationale. L’équipe nationale se comporte comme si tout va bien en Cote d’Ivoire.

Éléphants de Cote d'Ivoire. Photo officielle

Éléphants de Cote d’Ivoire. Photo officielle

Malaise au sein de la Séléphanto

24 juin 2014, L’Arena Castelão ou stade Governador-Plácido-Castelo de Fortalezade dans l’État du Ceará au Brésil, nous sommes à la.78e minute du match de poule Cote d’Ivoire-Grèce, Didier Drogba qui avait été titularisé doit céder sa place au sociétaire du Fc Bale de Suisse, Sio Giovanni qui fait ses armes au sein de l’équipe. L’ancien sociétaire de Chelsea le prend très mal. A sa sortie du stade il refuse la main tendue des membres de l’encadrement technique assis sur le banc de touche et qui voulaient juste le féliciter pour sa prestation. Visiblement il en voulait à Sabri Lamouchi de l’avoir sorti pendant ces moments cruciaux ou l’équipe avait besoin de porter le danger devant les buts adverses. Le malaise dans l’équipe est profond et tentaculaire. Un vrai tunnel sans fond qui part de la décision ferme du nouveau pouvoir d’écarter Jacques Anouma de la présidence de la Fédération ivoirienne de Football-FIF- alors que son mandat courrait encore. Son crime : directeur financier de la présidence sous Laurent GBAGBO. Plusieurs habitués des vestiaires de la sélection ivoirienne confirment la profondeur des clivages au sein de la sélection. L’embauche du franco-tunisien Sabri Lamouchi comme sélectionneur n’a pas éteint l’incendie…au contraire.

Reconfort_ADO10Le choix de Lamouchi comme coach n’a jamais fait l’unanimité au sein de l’équipe et de la nation ivoirienne. Là encore la politique n’est pas loin et les connexions politico-familiales ont interféré dans le choix de cet entraîneur sorti tout droit d’une école de formation de techniciens du football et qui a eu la chance inouïe de coacher une équipe aussi expérimentée et ambitieuse que les Éléphants. Son épouse est la nièce de l’actuelle première dame ivoirienne Dominique Ouattara, ce qui explique sans doute le fait qu’il soit malgré son inexpérience l’un des entraîneurs les mieux payés au monde. Au sein du onze ivoirien les relations entre les joueurs ne sont nullement au beau fixe. La question du capitanat a exacerbé les tensions et la mésentente entre les joueurs. Après la bagarre en pleine séance d’entrainement entre deux joueurs, on a assisté lors de la coupe du monde à l’étonnante histoire du brassard entre Didier Drogba et Yaya Touré.
Une équipe mal entraînée, des joueurs qui se regardent en chiens de faïence, une nation divisée, voilà les ingrédients explosifs de la mauvaise campagne des Éléphants de Cote d’Ivoire au mondial brésilien. A tel enseigne que le FPI, parti de Laurent GBAGBO a dans un communiqué avec des mots à peine voilé assimile la sortie peu glorieuse de la « Séléphanto » à une volonté de Dieu mécontent qui selon les termes du communiqué a « parlé de manière assourdissante….au Brésil ».
Comme on le constate, en Cote d’Ivoire les Éléphants et la politique sont une paire indissociable et… perdante.

 

(Toutes les photos ont été tirées de Google)

Un concert pour la Maison des journalistes : François Morel en poète résistant

[Par Larbi GRAÏNE]

Dans la bonhomie d’une salle archicomble du théâtre de la Madeleine à Paris, François Morel a donné en cette soirée du 23 juin son mirifique spectacle « Le soir, des lions… » au profit de la Maison des journalistes (MDJ). Décliné sous forme d’un concert théâtralisé ou d’un théâtre musicalisé, c’est selon, le spectacle, haut en couleurs et en décibels, a vu la participation exceptionnelle de Juliette qui en est, en fait, la metteur en scène.

François Morel et Juliette, lors de la soirée dédiée à la MDJ. Crédit photo Jean François Deroubaix

François Morel et Juliette, lors de la soirée dédiée à la MDJ.
Crédit photo Jean François Deroubaix

En plus d’avoir eu la réplique à cette dernière, Morel, a évolué aux côtés de Lisa Cat-Berro (au saxophone), Muriel Gastebois, (à la batterie) et d’ Antoine Sahler (au piano). La musique est d’Antoine Sahler et de Reinhardt Wagner. Très complice, le public fin connaisseur n’a pas lésiné sur les chaudes ovations, à tel point que les comédiens s’étaient sentis gênés de terminer leur show dans les délais impartis. Il a fallu donc une rallonge pour dompter tous les caprices, ce à quoi les artistes s’y sont volontiers pliés. La scène très « symbolisante » rassemble juste l’essentiel d’un intérieur : un mur, les différents instruments de musique, un banc en bois, un nounours et un poste TSF. François Morel, c’est une certaine idée de la culture, ici française, s’entend. La référence à Apollinaire et à son symbolisme y est outrageusement affirmé. C’est même la transposition des poèmes apolliniens sur l’espace scénique. Il y a des allusions à la modernité et son compagnonnage bigarré formé d’éléments hétéroclites qui peuvent remonter, pour certains, jusqu’à l’âge classique. Comme dans Alcools où la machine à vapeur fait irruption dans un vers ciselé à l’ancienne, Morel évoque à l’ère du numérique, « La fille du GPS ». Il dressera un portait incisif, de cette femme-objet. Et François Morel de chanter « Elle est mon guide, elle est ma nourrice/Ma cicérone et mon mentor/Elle est mon gourou, mon inspiratrice/Ma muse à moi, mon sémaphore/ Et de marteler « La fille du GPS/Est une vraie maîtresse ». Les paroles sont presque des télégrammes, lancés sur une rythmique saccadée…

Objets fétiches
L’univers de Morel est hanté par les objets fétiches, qui sont tellement ressemblants à l’être humain qu’ils en deviennent l’incarnation. Le comédien raille les mœurs bourgeoises en même temps qu’il décrit l’atmosphère fantasque dans laquelle les gestes quotidiens ont été entraînés à l’automatisme dans une relation de maître à esclave. L’ambiguïté du poème morelien tient à l’érotisation de la relation avec le GPS « Je l’imagine au lit/Conduisant mes caresses/Palliant ma gaucherie/Avec délicatesse/J´entends sa voix terrible/Au milieu des ébats/M´enjoignant, inflexible/D´aller au nirvana ». Dans la même veine, Juliette raconte l’histoire de « la robe noire » suspendue dans un placard à coté d’un « costard ». Du reste le récital ou le récit se moque de lui-même. Morel se joue de tout, même de la mise en scène, en laquelle il paraît avoir de bonnes raisons de douter. Au vu de sa pratique du soupçon, le spectateur en vient à avoir l’impression qu’il risque de sortir du récit, c’est-à-dire de délirer ! Morel, tout en fixant le public, fronce parfois les sourcils, on voit ses joues tressaillir, son front s’assombrir, avant de se diluer dans un large sourire. Tout se mêle le grotesque, l’absurde, le comique, le tragique dans une tentative de déconstruction des apparences, le tout dans un décor de salle de music-hall. « Le soir, des lions… », est construit sur un oxymore par omission, comme on dira un mensonge par omission, le soir les hommes sont des lions mais le matin, ils sont des cons (c’est son explication), allusion à un quotidien amer. Sur les SDF il aura une pensée « Il était un petit homme/ Pirouette cacahuète/ Il était un petit homme/ Qui avait un’ drôle de maison/Sa maison est un carton/ Pirouette cacahuète/ Sa maison est un carton/Au-dessus d’un’ bouche d’aération » et plus loin « C’est à cause du baromètre/ Pirouette cacahuète/ C’est à cause du baromètre/ Qu’il est mort un soir de tempête/On l’a mis jusqu’à perpette/ Pirouette cacahuète/ On l’a mis jusqu’à perpette/ Dans une éternelle couchette/Ce qui fait qu’il a moins froid/ Pirouette cacahuète/ Ce qui fait qu’il a moins froid/ Dans son joli cercueil en bois ». Au delà de la mort et de la résurrection, ce fut un concert plaisant, sensationnel, une soirée vibratoire, rythmée par un dialogue entre les mots et la musique, d’où l’on sort totalement grisés.

Salle comble au Théâtre de la Madeleine pour le très beau spectacle de François Morel, le 23 juin 2014. Merci à tous ceux qui se sont mobilisés et déplacés à l’occasion de ce bel évènement, nos partenaires, nos amis, les résidents… Quelques images des échanges qui ont suivis par le photographe Jean-François Deroubaix. (Darline Cothière, Directrice de la Maison des journalistes)

Faut-il sanctionner les policiers de la « soirée négro » ?

[Par René DASSIE]

Une des photos publié sur Facebook par un des policiers

Une des photos publiées sur Facebook par un des policiers

Cinq policiers du Kremlin-Bicêtre dans le Val-de-Marne organisent en début du mois une fête déguisée entre collègues. La soirée a été baptisée « negro ». Ils ont tous le visage peint en noir, arborent des dreadlocks ou des coupes afro. L’un d’entre eux publie des photos de la soirée sur son profil Facebook. Ces clichés montrent l’un des participants en boubou, mimant un singe qui gesticule près des bananes, mais aussi le groupe tout entier esquissant un sourire, de manière à bien faire ressortir le contraste entre leurs dents blanches, et l’obscurité de leurs visages noircis. Les accoutrements sont directement issus de l’imagerie coloniale.

Informé par une collègue des policiers qui n’était pas de la partie et qui se dit outrée par leur attitude, l’animateur Claudy Siar, ancien délégué interministériel pour l’égalité des chances des Français d’outre-mer et producteur sur RFI, republie sur son compte Facebook des captures d’écran de la soirée, pour alerter l’opinion. En une semaine, les clichés ont largement circulé sur les réseaux sociaux.
Alors qu’une enquête de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) est ouverte, un des policiers mis en cause tente de minimiser les faits, arguant qu’ils « voulaient juste s’amuser » entre amis et « faire une soirée négro ». Une explication qui ne convainc guère.

On connait le principe des soirées déguisées : par le jeu des maquillages et des tenues vestimentaires, les participants tentent de se mettre dans la peau d’un personnage, ou d’incarner une idole. Et parfois, avec succès. L’allure, la tenue vestimentaire étant depuis longtemps imprimées dans la mémoire collective, certains réussissent à bluffer leur monde. Les faux Mickael Jackson, Marilyn Monroe, Elvis Presley, etc. cela n’ont jamais choqué personne, bien au contraire. Des sites comme cmonanniversaire.com (http://www.cmonanniversaire.com/soiree-thematique.aspx) proposent même des idées originales pour réaliser ce type de délires.

Cependant, la soirée des policiers du Kremlin-Bicêtre ne rentre pas dans cette catégorie de distractions. Il s’agit bien d’un dérapage raciste, comme le relève Sihame Assbague et Franco Lollia du Collectif stop le contrôle au faciès, dans une tribune publiée vendredi dans le plus du Nouvelobs (http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1214087-des-policiers-font-une-soiree-negro-ni-marrant-ni-anodin-il-s-agit-bien-de-racisme.html). « Ce n’est ni marrant ni anodin de se grimer en noir et de mimer un singe », analyse les auteurs.

Car la comparaison entre le Noir et le singe renvoie à un vieux poncif raciste qui malheureusement résiste au temps. Elle trouve sa source dans le racialisme scientifique du 19e siècle. De nombreux anthropologues de cette époque assimilent volontiers le Noir au chaînon manquant dans l’évolution des espèces, entre l’homme et les primates. On sait les conséquences d’une telle déshumanisation : les Africains sont régulièrement photographiés en présence d’animaux, souvent des singes. On les exhibe dans des foires coloniales, qui attirent des millions de visiteurs. On connait l’histoire de la Vénus Hottentote, de son vrai nom Sawtche, arrachée à sa terre natale, l’Afrique Australe, pour être exposée comme une bête exotique dans des foires des capitales européennes, avant d’être prostituée puis reléguée au rang d’objet d’étude scientifique. Apres sa mort, son corps sera disséqué, dans l’optique de prouver « l’infériorité de certaines races ». Ce n’est qu’en 2002 après près d’une décennie de refus arguant qu’elle fait partie du patrimoine inaliénable de l’État et de la science, que la France consent à restituer sa dépouille à l’Afrique du Sud qui souhaitait lui offrir une sépulture et lui rendre sa dignité. Les victimes de cet obscurantisme criminel d’inspiration pseudoscientifique se comptent par milliers.

On pensait eu égard aux progrès de la science qui a définitivement établi qu’il n’existe qu’une seule race humaine en dépit des variations morphologiques, qu’une telle déshumanisation serait oubliée.
Malheureusement, les mauvaises habitudes ont la peau dure. Les footballeurs noirs, qui évoluent comme professionnels sur les stades occidentaux depuis la fin des années 70 sont régulièrement la cible des franges les plus radicales des supporters qui leur jettent des bananes et poussent des cris de singes. Le gardien franco-camerounais Joseph-Antoine Bell, le défenseur ivoirien Marc-André Zoro, et très récemment Daniel Alves, défenseur du FC Barcelone en ont fait les frais.

En fin d’année dernière, la ministre de la Justice, Christiane Taubira, qui défendait la loi sur le mariage pour tous a été accueillie à Angers dans le Maine et Loire par des enfants visiblement manipulés par leurs parents, qui lui tendaient des bananes et la traitaient de guenon.

Le dérapage raciste des policiers du Kremlin-Bicêtre, qui intervient dans un contexte de délitement du lien social et d’une montée exponentielle des extrémismes xénophobes ne saurait donc être considéré comme un fait anodin. Il est d’autant plus grave qu’il émane de personnes dépositaires de l’autorité publique. Comment pourraient-ils faire leur travail en toute objectivité et impartialité si d’avance ils considèrent une partie de la population, comme des sauvages ?

«Si les policiers à qui incombe la lutte contre le racisme sont plus occupés à se moquer des Noirs qu’à les défendre, en effet, cela pourrait expliquer pourquoi les choses n’avancent guère dans ce domaine», dénonce Louis-Georges Tin, le président du Collectif des associations noires de France (Cran), cité par Le Figaro.

C’est donc à juste titre que le Collectif stop le contrôle au faciès demande des sanctions.

Avis aux filles : Ça craint de sortir avec le footballeur Samuel Eto’o Fils

Samuel Eto’o Fils (Photo tirée par eurosport.fr)

Samuel Eto’o Fils (Photo tirée par eurosport.fr)

Au Cameroun, la loi du plus puissant est toujours la meilleure devant la justice. Avec beaucoup d’argent et surtout du pouvoir, on peut envoyer qui on veut en prison. Paul Biya qui préside aux destinées de ce pays tropical depuis trois décennies montre lui-même l’exemple de cet arbitraire judiciaire en mettant systématiquement à l’ombre ses adversaires politiques les plus résolus. Cependant, cette pratique qui est aussi répandue que la corruption qui gangrène le Cameroun n’épargne pas les citoyens ordinaires dans leurs rapports avec la police et la justice. Dernière victime en date : la dénommée Hélène Nathalie Séraphine Koah, une jeune femme de 27 ans, employée de Camair-Co, la compagnie aérienne du cru. Pour avoir pris la mauvaise décision de reprendre sa liberté vis-à-vis de son amant de sept ans, le célèbre footballeur Samuel Eto’o Fils, 33 ans, elle a été placée en garde à vue.

Peu avant de se rendre au Brésil où l’équipe nationale camerounaise dont il est le capitaine a fait une entrée chaotique dans la coupe du monde, le sociétaire de Chelsea, club mythique de la Premier League, le championnat d’Angleterre basé à Londres, a en effet ordonné à la police de Yaoundé de punir son ex-maîtresse qui désormais ignore ses multiples sollicitations.

Il y a une dizaine de jours, au petit matin alors que celle-ci rentre d’une virée nocturne avec des copines, elle est cueillie par des policiers qui l’emmènent sans coup férir et la jettent pour trois jours dans une sombre cellule. « Une séquestration en règle », dénonce la victime. Dans la foulée, les agents lui confisquent son véhicule et son passeport. Ils lui font aussi savoir qu’elle pourrait bientôt perdre son travail.

Lorsqu’elle leur demande ce qu’il lui est reproché, elle s’entend dire que Samuel Eto’o Fils qui est l’un des professionnels du sprint derrière le ballon rond les mieux payés du monde lui réclame beaucoup d’argent, jusqu’à 200 millions de francs CFA (304 000 Euros). Une somme qu’elle aurait détournée de sa vraie destination, expliquera laconiquement plus tard, Me Elame Bonny Privai, Avocat au Barreau du Cameroun et conseil du footballeur, selon lequel son client a déposé plainte pour abus de confiance.

Cependant, réagi Mlle Koah, si M. Eto’o s’est montré généreux tout au long de leur longue liaison, en la couvrant de cadeaux et en l’invitant dans ses luxueuses propriétés européennes, elle ne lui a jamais servi d’intermédiaire dans quelque transaction financière que ce soit. Elle serait tout simplement victime de la jalousie maladive du richissime footballeur qui supporterait mal que son « jouet de luxe », comme il l’appelait, lui échappe.

« Lorsque j’ai émis le besoin de le quitter, il s’est montré vraiment très violent. Avec des expressions du genre : « excuse-moi, c’est moi qui t’ai faite, c’est moi qui vais te défaire. Tu veux me quitter aujourd’hui parce que tu as déjà un travail, tu as forcément des hommes qui te tournent autour. Ça ne se passe pas comme ça. Moi quand je sors avec une fille et qu’elle décide de partir, elle me remet tout », raconte-t-elle dans une interview au journal camerounais La Météo.

Les policiers qui auraient reconnu qu’il s’agit d’une « affaire de fond de culotte » dans laquelle ils auraient reçu des « ordres venant d’en haut » lui auraient d’ailleurs conseillé d’aller faire acte de contrition devant Seigneur Eto’o Fils, dans l’espoir d’obtenir son pardon.

Cependant, c’est sur le terrain judiciaire et sous des cieux plus égalitaires qu’elle entend affronter l’homme qui lui promet l’enfer. Après avoir découvert avec horreur sur les réseaux sociaux des photos nue d’elle postées depuis Londres où évolue Samuel Eto’o Fils, elle a déposé deux plaintes à Londres et à Paris. La première pour « menaces sous condition, violence, et tentative de viol », et la seconde pour « publication de photos obscènes, atteinte à la pudeur ». On sait qu’en occident, le statut social ne pèse pas grand-chose devant la justice, contrairement au Cameroun. Le chanteur Longuè Longuè, très célèbre au Cameroun pour son Makossa engagé, qui a été condamné fin 2010 par la Cour d’assise de Bordeaux à dix ans 10 ans de prison ferme pour viol sur mineure de 16 ans, en sait quelque chose. Les lendemains de la coupe du monde pourraient ainsi être difficiles pour Samuel Eto’o Fils.