RENCONTRE. Ignace Dalle, le récit de carrière d’un véteran de l’AFP

Journaliste spécialiste du monde arabe. Diplômé de l’École supérieure de journalisme de Lille et en études arabes à l’université Saint Joseph de Beyrouth, Ignace Dalle est un ancien journaliste de l’Agence France Presse. Rencontre.

  •  Par Ange Fabre, étudiant en droit et science politique et Léna Jghima, étudiante, stagiaires à Maison des journalistes (MDJ). 

Mercredi 23 juin à 15 heures, la Maison des journalistes (MDJ) a eu l’honneur de recevoir Monsieur Ignace Dalle, journaliste spécialiste du monde arabe, ancien directeur du bureau de l’AFP au Maroc et auteur de nombreux ouvrages. Ce fut l’occasion d’entendre le récit de carrière d’un journaliste français passé, des années 1970 aux années 2000, par l’Egypte, le Liban et surtout le Maroc. Au fil de la narration d’Ignace on découvre une vocation faite de voyages, de drames et d’épreuves, mais aussi d’amitiés, le tout dessinant un intense récit humain, intellectuellement stimulant et émouvant. 

Un véteran de l’AFP

Journaliste spécialiste du monde arabe. Diplômé de l’École supérieure de journalisme de Lille et en études arabes à l’université Saint Joseph de Beyrouth, Ignace Dalle est un ancien journaliste de l’Agence France Presse. Il a passé de nombreuses années en poste dans le monde arabe, notamment au Liban, en Égypte et au Maroc. De 1992 à 1996, il dirige le bureau de l’AFP à Rabat. Il a été le premier journaliste à (longuement) écouter les rescapés de Tazmamart. C’est lui qui a recueilli et mis en forme les mémoires d’Ahmed Marzouki, dans le best-seller “Tazmamart cellule 10”. 

Ignace Dalle s’est installé face à une quinzaine de résidents, anciens résidents et membres de l’équipe de la MDJ pour partager son expérience et le récit de sa carrière. Il entame son récit par les raisons de cette vocation. Il raconte un voyage autour de la Méditerranée avant ses études qui le laissera amoureux du monde arabe et décidé à faire de cette passion son métier. Il sort diplômé de l’école de journalisme de Lille, travaille ensuite au Figaro et deux ans plus tard obtient une place d’envoyé spécial de l’AFP au Liban. 

Rencontre avec Ignace Dalle à la Maison des journalistes

Pour comprendre la complexité du monde arabe 

L’invité nous conte alors son arrivée dans un pays déchiré par la guerre à la fin des années 1970. Il fait son entrée dans Beyrouth bombardé en pleine guerre du Liban, il nous confie avoir été terrorisé dans son hôtel, allongé au milieu de la chambre. Le personnel, habitué à cet environnement violent, s’en amuse : « Si tu commences à te coucher dès que tu entends une bombe ça va être difficile ». Il met près de huit jours à s’habituer au contexte. Il affirme que ce fut son premier contact avec la guerre et sa brutalité, mais il confie « On s’habitue malheureusement assez vite à ces périodes de violence »

Travailler à Beyrouth et ses coupures d’électricité incessantes était particulièrement complexe. Ignace Dalle a ensuite suivi l’armée syrienne dans la guerre au Liban, il est le témoin interloqué des massacres fratricides entre peuples arabes au Liban, l’armée syrienne pourchassant les rebelles palestiniens dans les montagnes. “Beyrouth a été une très bonne école pour comprendre la complexité du monde arabe” résume-t-il. Mais il confie également avec une certaine tristesse : “Durant les années 1980 Beyrouth a été la seule ville méditerranéenne où il n’y avait plus de vie nocturne, couvre-feu oblige, où les patrouilles militaires seules animaient les rues.” 

En 1980, Ignace Dalle est nommé au bureau de l’AFP, au Caire. Un contexte difficile, les journalistes européens n’ayant que très peu accès aux informations, le gouvernement égyptien privilégiant les médias américains. Il explique que l’administration était particulièrement laborieuse et lente en comparaison avec le Liban. A côté de la “bureaucratie infernale” du Caire, il découvre un pays à l’histoire infiniment riche par son histoire, sa culture et ses habitants qu’il dit avoir trouvés très aimables. 

En 1981, le président Anouar El-Sadate est assassiné, cela lui “tombe sur la tête”. Il explique que l’événement est perçu comme une bonne nouvelle par une majorité du peuple égyptien, lequel est resté très rancunier envers le président depuis les accords de Camp David, lorsque Sadate négocia la paix avec Israël en 1978. Beaucoup d’Egyptiens jugent qu’il a tout cédé à Israël dans les négociations, nous explique Ignace Dalle. Il raconte également la difficulté pour couvrir l’événement, le pouvoir ne partageant pas les informations sur la santé du président hospitalisé avec les Européens mais seulement avec les journalistes américains. Il explique avoir même rencontré des difficultés pour écrire l’article sur la mort du président face aux réticences du chef de la traduction, pourtant lié par contrat à l’AFP, à traduire les papiers sur la mort d’El-Sadate. 

Chez “notre ami le roi” 

Ignace Dalle quitte ensuite l’Egypte pour le Soudan, où il affirme “souffler un peu”, loin de l’agitation du Caire. Puis une guerre civile y éclate en 1984, il retourne alors en France et, quatre ans plus tard, est nommé directeur du bureau de l’AFP à Rabat, au Maroc. 

Entre-temps, lors de son passage en France il connaît un douloureux épisode avec la sortie de son livre “La Syrie du général Assad” qui décrit le fonctionnement du régime syrien. Il reçoit des menaces de mort, lui et sa famille subissent des intimidations, Rifaat al-Assad, frère du dictateur alors en place et exilé en France, lui fait un procès, avec une armée d’avocats français. Le motif de ses accusations devant la justice est que les témoignages cités dans l’ouvrage ne présentent pas de sources. Pour protéger les personnes qui ont pu lui permettre d’obtenir ces informations, Ignace Dalle n’a pas donné le nom de ses informateurs. Or, s’il l’avait fait, le régime syrien aurait retrouvé ses sources, qui auraient été en grand danger. Il ne peut donc donner d’informations sur ses sources . Les juges, compatissants, le condamnent à un franc symbolique et lui épargnent les frais de publication du dossier de jugement. 

Arrivé au Maroc en 1992, Ignace Dalle succède au précédent directeur du bureau de l’AFP à Rabat, mort dans un accident de voiture. Malgré quelques soupçons et questionnements il s’avérera que c’était véritablement un accident. L’invité relate alors au public un événement très important de son parcours. Peu de temps après son arrivée à Rabat, il reçoit la visite de trois anciens prisonniers politiques, dont le militaire Ahmed Marzouki, venus faire entendre leur voix au sujet des indemnisations promises par le roi suite à leur détention, promesses restées sans acte. Ignace Dalle nous confie l’admiration qu’il éprouva pour le courage de ces trois individus risquant la prison et la mort dans leur quête de justice. Il s’investit pour leur cause et travaille durant cette période avec l’Association marocaine des droits humains, qu’il juge très compétente et surtout courageuse car poursuivie un peu partout par les autorités monarchiques. Au sein de cette association il se lie d’amitié avec Ahmed Marzouki, un survivant de Tazmamart. Enfermé pendant 18 ans, cet ancien officier, devenu écrivain et activiste politique, lui raconte son enfer durant ses années de détention. L’ancien journaliste de l’AFP recommande à ce sujet la lecture du livre Tazmamart cellule 10, best-seller d’Ahmed Marzouki sur son calvaire dans l’enfer de cette prison secrète destinée aux prisonniers politiques. 

Il termine sa période marocaine en 1996 dans une atmosphère de fin de règne d’Hassan II, synonyme d’un assouplissement du régime, lequel relâche alors des familles d’opposants et libère plusieurs prisonniers. Marzouki devra cependant attendre 1999 et la mort d’Hassan II pour publier son ouvrage. 

Il rentre en France puis est envoyé en divers lieux couvrir l’actualité, le Togo, Mururoa et les essais nucléaires français, la Bosnie durant la guerre. Il est ensuite nommé rédacteur en chef de l’AFP sur les affaires américaines et nord-européennes puis directeur de la documentation et des archives 

Lorsqu’il est interrogé sur les moments les plus frappants de sa carrière, Ignace Dalle répond : l’assassinat de Sadate, événement majeur tant pour l’Histoire que pour sa carrière de journaliste mise alors à rude épreuve. Il cite aussi la découverte de la terrible prison marocaine de Tazmamart et des récits “à faire des cauchemars debout”, des horreurs qui y sont commises contre les opposants politiques. Au-delà de ces épisodes politiques sombres et parfois cruels, Ignace Dalle affirme avoir gagné et conservé beaucoup d’amitiés au Maroc, au Liban, en Algérie, etc. 

Regard sur un monde des médias en transformation 

Dressant un bilan d’une région qu’il a si bien connue, Ignace Dalle décrit un monde arabe de nos jours bien moins accessible qu’au début de sa carrière, du fait des guerres civiles et du durcissement des régimes. Il explique qu’il est désormais très compliqué d’y voyager de manière indépendante, d’aller y faire des reportages, et cela même sur la majeure partie du continent africain, de manière plus générale, “Autrefois on pouvait faire une grande partie du continent en voiture d’un pays à l’autre, aujourd’hui c’est impossible”. Les journalistes africains présents acquiescent alors avec une certaine mélancolie. Les auditeurs ont pu ensuite le questionner sur l’actualité du métier de journaliste et sur certains événements de l’actualité récente. Il explique que désormais dans beaucoup de pays les journalistes correspondants sont des locaux à qui les agences envoient directement du matériel journalistique. Ces correspondants sont souvent polyvalents et traitent l’aspect technique, le montage, la vidéo, l’enregistrement, le travail écrit et de documentation eux-mêmes. Cependant, dans les régions où l’actualité demeure particulièrement complexe à décrypter, comme au Liban ou en Syrie, le besoin d’envoyer des journalistes experts et spécialisés demeure. 

Un changement d’époque dans le journalisme. Il décrit également comment les correspondants francophones ont laissé la place à une majorité de correspondants anglophones au Proche-Orient ces vingt dernières années. 

Répondant à une interrogation sur le problème des “fake news”, Ignace Dalle explique alors l’enjeu crucial de crédibilité et de légitimité pour de grandes agences comme l’AFP, particulièrement vigilante face à la menace nouvelle et grandissante des “fake news” et de la désinformation. Ignace Dalle nous rappelle alors les mesures mises en place par de nombreux grands médias comme l’AFP comme un pôle entier de “fact checking” au sein de l’agence. Interrogé sur la possibilité d’apporter son expertise aux médias français pour un journaliste exilé, l’ancien correspondant fait état de la difficulté de trouver du travail pour les journalistes réfugiés en France, qui peinent dans leurs recherches alors qu’ils pourraient pourtant apporter un éclairage important aux rédactions françaises. 

Une question émerge alors sur la fermeture du compte twitter de Donald Trump. L’invité du jour reconnaît le mal fait par l’ex-président des Etats-Unis à la crédibilité de la presse et les nombreuses fake news qu’il a relayées. Cependant, il ne donne pour autant pas tout son crédit à des mesures comme celle-ci, qu’il juge, bien que satisfaisantes à court-terme, problématiques quant à l’utilisation arbitraire qui est faite de la liberté d’expression par le réseau social. “C’est vrai que ça nous a fait du bien qu’il se taise un peu celui-là, mais bien sûr on ne peut pas dire que ce soit une vraie solution.” ironise-t-il. 

Enfin, livrant son opinion sur la presse internationale à la demande du public, Ignace Dalle vante les mérites de la presse britannique qu’il juge intellectuellement remarquable, citant The Economist et The Guardian. Il rappelle aussi que la BBC, institution remarquable bien que déclinante, reste incontournable. Il se montre plus modéré sur les médias américains, recommandant CNN pour sa couverture de l’actualité internationale. 

Interrogé sur la qualité du contenu livré aujourd’hui par l’AFP Ignace Dalle vante la qualité de l’agence, malgré des moyens bien moins étendus que ceux des agences anglo-saxonnes. Il loue également son recul vis-à-vis de la politique étrangère française sur laquelle elle ne s’aligne pas automatiquement, conservant une approche critique. 

Photo de souvenir avec les participants

Les bouteilles d’eau bien entamées et les têtes stimulées, vient cependant l’heure de clore cette rencontre ayant duré près de deux heures. Certains spectateurs regrettent de ne pas pouvoir poursuivre encore l’échange qui aura captivé l’attention du petit monde réuni durant cet après-midi du 23 juin à la Maison des journalistes.

D’autres articles 

Hong Kong. L’Apple Daily, symbole d’une presse à l’agonie

Le quotidien Hongkongais Apple Daily a annoncé jeudi 17 juin 2021 la fin de parution du journal, confirmant un peu plus l’agonie de la liberté d’expression dans la région administrative spéciale chinoise.

  •   Par. Ange Fabre, étudiant en droit et science politique, stagiaire à la rédaction de l’Oeil de la Maison des journalistes. 

Ce journal incarnait l’esprit du mouvement pro-démocratie à Hong Kong et doit la fin de sa parution aux manœuvres de Pékin. Cela confirme la tendance dans la région où le principe “un pays, deux systèmes” sera bientôt un souvenir. Les libertés dont jouissaient les Hongkongais disparaissent les unes après les autres. 

L’emprise de Pékin sur Hong Kong se durcit de jour en jour. Tout d’abord, le 4 juin les autorités chinoises ont interdit la commémoration annuelle des évènements de Tian an Men. Cette première mesure brutale vient renforcer un contexte de répression des aspirations démocratiques. En effet, depuis un an désormais la loi de sécurité nationale, contre laquelle les hongkongais se sont battus l’année passée, est effective. Cette loi a considérablement renforcé les pouvoirs de la police qui, pour tout motif de soutien à Taiwan, au Tibet, au Xinjiang ou à l’indépendance de Hong Kong, peut perquisitionner sans mandat, arrêter, supprimer ou censurer tout contenu en ligne subversif. Depuis le 24 juin, c’est cette fois le principal journal d’opposition au pouvoir exécutif à Hong Kong qui a cessé son activité. L’emprise de Pékin sur l’ancienne colonie britannique se resserre et la liberté de la presse se meurt. 

Le jeudi 17 juin, les policiers effectuaient une intervention au siège du quotidien, confisquant ordinateurs, bloc notes et disques durs et arrêtant cinq cadres du journal. Les autorités de la région administrative spéciale ont également gelé les avoirs du propriétaire de l’Apple Daily, le milliardaire pro-démocratie Jimmy Lai. Ce dernier a été condamné en mai dernier à 14 mois de prison. D’autres procès et probables condamnations l’attendent pour avoir encouragé les manifestations contre la loi de sécurité nationale en 2019 et 2020 ainsi que pour être le propriétaire d’un quotidien de presse très critique envers Pékin.  Cinq cadres de l’Apple Daily ont été arrêtés pour collusion avec des forces étrangères en vue de porter atteinte à la sécurité nationale de la Chine. 

Le propriétaire de l’Apple Daily est aujourd’hui enfermé, il a été condamné en avril dernier à 14 mois de prison pour sa participation aux manifestations de 2019, d’autres procès l’attendent. Le quotidien est également privé de ses fonds par le gel des fonds économiques de son propriétaire Jimmy Lai  et de ses rédacteurs, il était prévisible qu’il cesse toute parution. L’Apple Daily a finalement écrit sur son site internet le 23 juin  : “Apple Daily a décidé que le journal cessera ses activités à partir de minuit et que le 24 juin sera son dernier jour de publication”. Le dernier tirage de l’Apple Daily a connu un record de vente historique, plus d’un million de journaux écoulés, signe que la population de Hong Kong ne reste pas indifférente. Le rédacteur en chef de l’Apple Daily, Fung Wai-Long, a été arrêté le dimanche 27 juin à l’aéroport au nom de la loi de sécurité nationale. Il tentait de quitter le territoire, il est désormais le septième cadre du journal détenu par les autorités.  

Depuis la rétrocession de Hong Kong à la Chine, les libertés ne cessent de se réduire comme peau de chagrin sous l’impulsion du Parti Communtse Chinois qui souhaite faire disparaître l’exception politique que constitue Hong Kong en Chine. La liberté de la presse y est particulièrement menacée depuis plusieurs années. En 2002, Hong Kong figurait à la 18ème place au classement annuel de la liberté de presse établi par Reporter Sans Frontières, aujourd’hui la région autonome occupe le 80ème rang, la Chine en est au 177ème sur 180 pays. 

 


En 1997, le Royaume-Uni rétrocède à la République Populaire de Chine le territoire de Hong Kong qu’il administrait jusqu’alors depuis les guerres de l’opium. Au moment de la rétrocession, Deng Xiaoping, alors leader de la République populaire de Chine prévoit que soit établi le principe “un pays, deux systèmes”, à Hong Kong le système capitaliste sera préservé par exception sur le territoire chinois pour les cinquante ans suivant la rétrocession. La ville jouit du statut de « Région administrative spéciale » et a longtemps bénéficié d’un système politique, législatif et économique différent du reste de la Chine. Cependant depuis plusieurs années ces libertés politiques ne cessent de se morceler. A Hong Kong, le chef de l’exécutif, aujourd’hui Carrie Lam, n’est pas élu au suffrage universel mais par un conseil électoral composé de manière favorable à Pékin, les députés au Conseil législatif ne sont que 20% à être élus directement par la population Hongkongaise.  

Depuis la rétrocession de 1997, les droits de la liberté de la presse se réduisent. 

Alors que la presse était libre et florissante à la fin des années 1990, aujourd’hui, le dernier quotidien d’opposition parmi la quarantaine de journaux officiellement disponibles à Hong Kong a mis la clef sous la porte.


 

La chef de l’exécutif à Hong Kong, Carrie Lam a déclaré au sujet des mesures prises contre le quotidien que «Critiquer le gouvernement de Hong Kong n’est pas un problème, mais s’il y a une intention d’organiser des actions incitant à la subversion du gouvernement, alors bien sûr, c’est différent». L’argument est là : selon l’exécutif Hongkongais les critiques proférées par l’Apple Daily à l’encontre du gouvernement chinois sont des “tentatives de subversion du gouvernement”.  Ce terme flou qui peut regrouper n’importe quel acte un tant soit peu critique permet désormais aux autorités hongkongaises de censurer brutalement la liberté de la presse, en s’appuyant sur la loi.

 L’Union Européenne et les Etats-Unis ont critiqué ces mesures, demandant de cesser ces atteintes manifestes à la liberté de la presse et la liberté d’expression. Carrie Lam a tenu à contredire dans la foulée ces accusations,  “N’essayez pas d’accuser les autorités de Hong Kong d’utiliser la loi sur la sécurité nationale comme un outil pour supprimer les médias, ou pour étouffer la liberté d’expression (…) Toutes ces accusations portées par le gouvernement américain, je le crains, sont fausses.” Ces affirmations ne nous disent cependant pas en quoi le droit à la critique exercé par le quotidien impliquait de prendre de telles mesures ni en quoi les accusations occidentales sont fausses. Tout porte à croire que la loi de sécurité nationale est bel et bien un outil de contrôle des médias à Hong Kong, les mesures brutales prises contre l’Apple Daily et son propriétaire en sont une preuve accablante. 

Alors que le mouvement de 2019 à Hong-Kong avait fait naître de l’espoir pour l’avenir de la région face à l’ombre de Pékin, l’horizon semble aujourd’hui bien sombre pour la liberté dans la zone administrative spéciale. La Chine continentale étend son emprise sur l’ancienne concession britannique et les libertés dont jouissaient les habitants de cette dernière s’éteignent à petit feu, devant une communauté internationale apathique. 

 

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Journée mondiale des réfugiés : le dessin de Ali Jamshidifar

Le regard du dessinateur de presse iranien Ali Jamshidifar (ancien résident de la Maison des journalistes) à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés (20 juin de chaque année).

Vous pouvez découvrir d’autres travaux de Jamshidifar sur son site officiel : www.jamshidifar.com

Contact : ali.jamshidifar@gmail.com

 

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Jean-Luc ROMERO MICHEL reçu à la Maison des journalistes

Il est environ dix heures, ce mercredi, lorsque Jean-Luc ROMERO-MICHEL fait son entrée à la Maison des Journalistes. L’adjoint à la Maire de Paris, également chargé des droits humains, de l’intégration et de la lutte contre les discriminations, est accompagné de son directeur de cabinet, Michel GELLY-PERBELLINI ainsi que de deux stagiaires.

L’ambiance est de suite conviviale. Darline Cothière, directrice de la Maison des Journalistes, commence la visite. Le hall retient déjà l’attention de Jean-Luc ROMERO-MICHEL “elle est belle cette exposition” en montrant les panneaux de l’exposition Cartooning for Peace. Il se retourne, remarque une seconde exposition à l’étage, mais Darline Cothière préfère garder le suspens, elle leur montrera plus tard.

Rencontre avec l’équipe de la Maison des Journalistes

La visite se poursuit, et Jean-Luc Romero-Michel fait la connaissance du personnel de la Maison des Journalistes. Antonin Tort, responsable d’action sociale et d’hébergement, explique comment il accompagne les journalistes exilés, à leur arrivée mais également tout au long de leur demande d’asile. Jeanne Albinet Chargée de mission Communication et Sensibilisation, échange avec Jean-Luc Romero-Michel sur l’importance de la sensibilisation du grand public, et en particulier des jeunes à travers le programme Renvoyé Spécial par exemple. Malgré la crise sanitaire, elle confie être heureuse d’avoir pu mener à bien la quasi-totalité des rencontres Renvoyé Spécial de l’année, dans les lycées et auprès des jeunes sous protection judiciaire. Le journaliste libanais, Ibrahim Cheaib nous a rejoint. Il revient tout juste de Marseille où il a effectué une rencontre Renvoyé Spécial et témoigne donc de son expérience : “Les jeunes ont beaucoup apprécié nos échanges et ils me l’ont fait savoir” explique t-il. “Le discours authentique de quelqu’un qui a vécu ça dans sa chair, ça leur parle”, confirme Darline Cothière. L’adjoint à la Maire de Paris soutient énormément cette initiative, et s’étonne d’ailleurs que la Maison des Journalistes ne reçoive pas de contributions de la part d’autres régions françaises alors même que Renvoyé Spécial se déplace dans toute la France. Après un regard complice avec Michel Gelly-Perbellini il indique “Nous pourrions sûrement vous aider à ce propos…”. L’adjoint à la Maire de Paris fait également la connaissance d’Hicham Mansouri, ancien résident de la Maison des Journalistes, et désormais chargé d’édition dans le média de l’association : l’Oeil de la Maison des Journalistes.

Visite des locaux, entre rires et émotions

L’équipe déambule dans les longs couloirs de la Maison des Journalistes, elle s’arrête parfois pour lire les nombreux articles accrochés aux murs. Nous montons à l’étage, puis Jean-Luc Romero-Michel s’arrête devant la fenêtre ouverte. Il lance, ironiquement, “Vous ne devez pas avoir de problème avec le voisinage”. En effet, la vue donne sur un cimetière. L’ambiance est à la rigolade, mais Darline Cothière évoque le choc de certains résidents à leur arrivée : “Certains résidents ont été choqués les premiers jours et m’ont expliqué que dans leur culture les vivants ne côtoient pas les morts. Moi je leur dis qu’il faut voir le bon côté des choses, car ils auraient pu bien être de l’autre côté !”, confie-t-elle. Cette symbolique a finalement aidé beaucoup de journalistes à accepter de vivre près des morts, cela a même aidé certains dans leur processus de reconstruction personnelle. “Depuis ma fenêtre en exil, je regarde avec envie les sépultures de Grenelle et j’entends l’écho des bien-aimés évoquer leurs tendres souvenirs.”, un extrait de l’exposition “D’ici” et plus particulièrement des propos de Hani Al Zeitani, journaliste syrien (pages 6 à 9 du Journal D’ici).

À la suite de ce passage à la fois drôle et touchant, Jean-Luc Romero-Michel découvre des photographies intriguantes, qui attirent l’œil. Darline Cothière explique qu’il s’agit d’une partie de l’exposition Alep Point Zéro, des photographies prises par Muzaffar Salman, d’origine syrienne. “Il a réussi à capturer des moments incroyables” remarque l’adjoint à la Maire de Paris. Après avoir finalement découvert les dessins que Jean-Luc Romero-Michel avait repéré dès le début de la visite, et illustrant la liberté de la presse et sa répression, l’ensemble du groupe descend au sous-sol pour y découvrir la bibliothèque et la cuisine.

Échange avec les résidents et anciens résidents de la Maison des Journalistes

La visite touche à sa fin. Mais Jean-Luc Romero-Michel prend le temps de découvrir chacun des journalistes présents. Ahmad, arrivé il y a peu depuis la Syrie, tient à offrir à l’adjoint à la Maire de Paris un cadeau, cadeau qui restera secret. Il échange ensuite pendant de longues minutes avec Vianney, journaliste burundais tout juste accueilli par la Maison des Journalistes. “Qu’est ce qui vous est arrivé ?” lui demande Jean-Luc Romero-Michel, et après la réponse de Vianney, l’adjoint s’émeut : “ça ne doit vraiment pas être facile de devoir quitter son pays, et tout ce qui s’y rattache”. Les résidents acquiescent, mais Ibrahim Cheaib ne manque pas d’ajouter que maintenant qu’ils sont là, à la Maison des Journalistes, tout va mieux.

Soudain, la porte s’ouvre. Mamoudou Gaye, journaliste mauritanien et ancien résident est venu faire une visite. Jean-Luc Romero-Michel s’étonne “Vous n’êtes plus résident et vous continuez à venir ?”, “Bien sûr, la Maison des Journalistes, ça a été ma Maison, mais c’est aussi une famille. J’y reviendrai toujours de temps en temps” confie Mamoudou.

L’adjoint à la Maire de Paris parle de la Maison des Journalistes comme d’un sanctuaire : “Chaque centimètre carré de mur est utilisé, ça rend le lieu unique”. Avant de partir, Jean-Luc ROMERO-MICHEL souhaite rappeler que la protection des droits humains et notamment de la liberté d’expression est une lutte de tous les instants. “La pandémie a été un prétexte pour réprimer et punir les voix dissidentes. La régression n’a pas touché uniquement les régimes autoritaires mais aussi des pays démocratiques”, affirme-t-il en donnant l’exemple de la France avec la loi Sécurité globale (le Conseil Constitutionnel a finalement censuré les articles les plus controversés).

Un échange profond et très intéressant qui s’est soldé par la réaffirmation du soutien de la Mairie de Paris envers la Maison des Journalistes.

Pour en savoir plus sur la visite de Jean-Luc ROMERO MICHEL à la maison des journalistes :  Jean-Luc Romero-Michel rencontre les journalistes de la MDJ

(*) Clémence Papion, étudiante en droit international, stagiaire à la Maison des journalistes

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Afghanistan. Attentat contre une école : le dessin de Ali Jamshidifar

Le dessinateur de presse iranien Ali Jamshidifar (ancien résident de la Maison des journalistes) rend hommage aux lycéennes tuées à Kaboul (Afghanistan) suite à un attentat à la bombe. Bilan : plus de 50 morts.

Vous pouvez découvrir d’autres travaux de Jamshidifar sur son site officiel : www.jamshidifar.com

Contact : ali.jamshidifar@gmail.com

 

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1er mai : le regard du caricaturiste Ali Jamshidifar

Par Ali Jamshidifar

A l’occasion de la Journée internationale des travailleurs, le dessinateur de presse iranien Ali Jamshidifar (ancien résident de la Maison des journalistes) nous livre son regard sur cette journée à l’aune du Covid 19.

Vous pouvez découvrir d’autres travaux de Jamshidifar sur son site officiel : www.jamshidifar.com

Contact : ali.jamshidifar@gmail.com

 

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Guinée. Interview avec le député Sébastien Nadot

Réélu à la tête de la Guinée pour un troisième mandat (après avoir modifié la constitution, qui limitait le pouvoir à deux mandats), le président Alpha Condé accentue la répression à l’encontre de ses opposants. Bilan : plus de 200 personnes ont été tuées par les Forces de défense et de sécurité (FDS) depuis 2010. 

Sébastien Nadot, député de la Haute Garonne et membre de la commission des affaires étrangères à l’assemblée nationale française, suit de près la situation en Guinée. Il a accepté notre invitation et a répondu aux questions de Mamadou Bah.

 

 

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