Le Président d’urgence

[TRIBUNE LIBRE] L’Etat d’urgence qui dure depuis 2 ans va finir le 18 juillet si le Président Erdogan ne le prolonge pas. Même si l’Etat d’urgence disparaît de la Turquie, avec le nouveau pouvoir octroyé par son nouveau Président, la Turquie a un “Président d’urgence” ce qui est devenu une situation normale. Le Président de cette “Nouvelle Turquie” Recep Tayyip Erdogan a juré sur la Constitution puis est officiellement devenu “l’hyper président” de son pays.

« J’ai 20 ans et je veux un futur »

[MIGRATION] Rania Mustafa Ali a filmé son voyage de Kobani en Syrie à l’Autriche. Ses images montrent ce que de nombreux réfugiés affrontent lors de leur voyage risqué en Europe. Rania a rencontré des passeurs, elle fut gazée et battue à la frontière macédonienne. Elle risqua ensuite de se noyer en Méditerranée, voyageant dans un bateau destiné à accueillir 15 personnes mais bourré avec plus de 60 personnes.

Soutien en Syrie et frilosité bancaire: quelle excuse pour confondre terrorisme et humanitaire?

La bombe a été lancée en avril par le Collectif de Développement et de Secours Syrien (CODSSY) dans un rapport sur leur site internet. Relayé par le Canard Enchaîné, l’indignation est totale. “Défense d’aider? Comment les institutions financières françaises entravent l’action humanitaire en Syrie”. L’intitulé est violent, le problème tout autant.

“Solidarité”, “Soutien”, “Aide aux civils”: tant de mots répétés qui, tout d’un coup, perdent un peu de leur prestance. Les accusés? Le Crédit Agricole, la Banque Postale, la Société Générale ou encore des plateformes de collecte telles que Lemon Way ou Hello Asso. 

Les chefs retenus 

Une série de gels de fonds, refus d’ouverture de compte et autres blocages bancaires qui limitent l’action humanitaire en Syrie. L’enquête souligne: que ce soit des comptes personnels, professionnels ou associatifs, l’important est que ces comptes ferment. La Société Générale, épinglée en 2014 (puis condamnée trois ans plus tard à 5 millions d’euros d’amende) pour insuffisance dans son dispositif de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, s’active tout particulièrement à clôturer ses comptes clients en lien avec la Syrie. 

Les plus petites structures comme Lemon Way ne sont pas exemptées non plus. Elles refusent pour la plupart de s’engager auprès d’organismes syriens. CODSSY démontre: “Sur les 8 organisations de notre panel qui y avaient un compte, toutes ont été exclues de la plateforme entre juin et août 2017“.

Les victimes? Bien au-delà des milliers de syriens ne profitant pas, ou plus, de ces transferts d’argent, ce sont les associations humanitaires franco-syriennes qui dénoncent ce problème. Un constat édifiant à lire dans le rapport du CODSSY96% des 25 associations franco-syriennes interrogées rencontrent des difficultés bancaires et plus de 60% d’entre elles ont rencontrés au moins 2 types de problèmes différents”.

En cause? L’application abusive du “principe de précaution

Cette expression juridique désigne le principe selon lequel les autorités publiques peuvent adopter des mesures pour anticiper les éventuels risques liés à un événement dont les conséquences sont difficilement maîtrisables. Ici: le financement terroriste et les contrôles que ce danger implique.

La mention du mot “Syrie” fait peur, donc. Complexifier les procédures et clôturer les comptes devient dans ce cas la meilleure façon de ne pas faire face aux opérations de contrôle. On ne veut pas entendre parler de la Syrie” reçoit en pleine figure Mohammad Alolaiwy, président de Syria Charity. Amalgamer Syrie et Daesh par précaution, mieux vaut “trop” que “pas assez”. 

Des acteurs de la solidarité déjà mis en danger sur le sol syrien

Pris pour cible par le régime de Bachar al Assad, tout militant pacifiste est d’ores et déjà criminalisé par sa position dans le conflit. La guerre qui se déroule depuis 7 ans au Moyen Orient comporte des enjeux inédits, notamment médicaux, qui ne vont pas sans l’aide de l’Occident et en particulier de la France. Celle-ci est en effet le second contributeur au budget de l’Union Européenne et est donc devenue le premier pourvoyeur d’aide humanitaire pour la Syrie. L’Hexagone fait de l’action humanitaire et de la lutte contre le terrorisme ses fers de lance, comme le rappelle régulièrement le ministre des Affaires Etrangères ou le chef de l’Etat lui-même

Le paradoxe est rappelé par CODSSY dans une lettre ouverte au Président de la République, au Premier ministre ainsi qu’au Ministre de l’Economie et des Finances. Le collectif rappelle la déclaration de Jean-Yves Le Drian, datant du 22 mars 2018, où ce dernier prenait la décision de tripler le budget alloué à l’humanitaire en définissant cette activité comme “l’un des piliers de notre politique étrangère”.

Quels recours pour l’aide humanitaire en Syrie?

Après la dénonciation (encore trop discrète dans la sphère médiatique) de ces faits, les principales organisations attendent une ouverture au dialogue. Laurence Bondard, auteure du rapport et chargée de communication pour ASML/Syria (une association de soutien aux médias indépendants en Syrie) nous explique ce message comme ayant pour but de “trouver des solutions ensemble”. 

A la suite de ces trois mois d’enquête le constat est clair: les politiques de gestion des risques, si elles sont durcies par principe de précaution, deviennent un obstacle pour ceux qui tentent d’acheminer de l’aide en Syrie. Le message des organisations est limpide, lui aussi : “Aucune organisation ne conteste la légitimité du renforcement des contrôles des flux financiers. Toutefois, il est urgent de faire évoluer les processus en place, afin de permettre aux associations de soutien à la population civile syrienne de mener leurs projets à bien” (cf: lettre ouverte au gouvernement). 

Interloqué par la situation, le Collectif de Développement et de Secours Syrien a décidé d’étendre son tour d’horizon au-delà des frontières. La situation se révèle tout aussi accablante chez nos voisins britanniques, allemands, belges, ainsi qu’au Liban. Courageux, mais pas téméraires. 

La Syrie est une prison éternelle

Après les bombardements qui ont eu lieu ce 4 avril avec l’utilisation présumée d’arme chimique et avant la déclaration de Donald Trump le lendemain sur la volonté de frapper la Syrie (avec le concours des armées française et britanniques), les syriens, arabes et occidentaux, sont divisés en deux camps: les pour et les contre. Mais la majorité des opinions publiques étaient contre ces frappes de représailles menées par les Etats-Unis.

Plusieurs arguments ont été présentés pour refuser ces frappes. L’idée principale pour refuser le rôle des Américains en Syrie est : «Bachar al-Assad combat les terroristes».

Si ce n’est pas Assad, est-ce obligatoirement Daesh ?

En tant que syrienne, je n arrête pas de discuter avec des gens de plusieurs tendances politiques et je suis tombée souvent sur ce cliché: « Vous voulez le départ de Bachar pour que Daesh prenne le pays ! »

D’un côté, nos amis arabes “nationalistes” rêvent encore de l’unité arabe. De l’autre, les gauches arabes ou occidentales qui vivent toujours avec l’idée fixe de combattre l’impérialisme. Ils choisissent donc al-Assad, un dictateur “arabe-laïc” qui protège la Syrie moderne des islamistes.

Cette idée qui résume le conflit syrien de façon très naïve, ne prend pas en compte le peuple syrien. Elle le nie totalement au prétexte de cette impasse: soit Bachar al-Assad, soit Daesh.

C’est pour cela qu’en tant que syrienne, je souhaite remettre cette affaire en ordre pour éclairer la situation. Selon moi, cette guerre n’est pas celle d’un président laïque d’un côté (qui protège les chrétiens et les kurdes tout en défendant l’unité arabe et la résistance contre Israël) et de l’autre les islamistes terroristes.

Pour comprendre ce conflit, il faut reculer de sept ans en arrière.

Syrie – 2011 

Quand la révolution syrienne fut déclenchée, elle n’était qu’un rêve : celui du peuple Syrien à vivre comme tous les autres peuples, en liberté.

Les syriens ont vécu jusqu’en 2011, pendant quarante ans, sous le despotisme de la famille al-Assad. En regardant le début des printemps arabes dans les pays voisins, les syriens ont imaginé qu’ils pourraient finalement se débarrasser de cet héritage “éternel”, de cette condamnation infinie à vivre dans le silence et la peur. Malgré les souffrances infligées par ce régime, ils ne demandaient pas son départ. Ils ont rêvé de quelques petits changements pour vivre avec dignité: la liberté politique, la liberté de presse, l’annulation de l’état d’urgence, l’égalité sociale…

Les manifestations ont commencé pacifiquement. Mais le régime totalitaire hérité du père, Hafez al-Assad, qui considère la Syrie comme un bien privé,  n’a pas supporté cette révolte.

Le fils al-Assad, un nouveau « Big Brother», n’imaginait pas que ces « microbes » puissent lui contester le pouvoir. Le régime voyait le peuple comme son serviteur. Bachar al-Assad, fils gâté et héritier d’un pouvoir inattendu, a réagi violement en traitant le peuple qui manifeste de “microbes”. Le régime a déclaré terroristes islamiques les manifestants, l’assimilant à son conflit avec les Frères musulmans. La victoire du père al-Assad dans les années 80 a poussé le fils à croire qu’il pouvait, comme son père, gagner la partie. Bachar al-Assad n’acceptera pas d’être moins que son père. Sa famille le soutenait. C’était devenu une affaire familiale.

Si al-Assad avait pensé un seul instant à discuter avec l’opposition au début des évènements, la Syrie n’en serait pas arrivée à cette guerre. Mais il a choisi une réponse sanglante, similaire à celle de son père. C’est la même école : tel père, tel fils.

Al-Assad était rassuré d’être soutenu par la communauté  internationale, car paniquée à l’idée d’un nouveau front terroriste en Syrie.

Le combat du peuple syrien est devenu très compliqué, entre le despotisme du régime et l’idée qu’il est devenu terroriste.

Des terroristes aux services d’al-Assad

Al-Assad a sollicité l’aide de vrais terroristes; cela tombait bien, ses prisons en étaient pleines, et le moment de profiter d’eux était venu.

Ce régime syrien a parlé très tôt de terrorisme. Il faut rappeler qu’Hafez, le père de Bachar al-Assad, a façonné la Syrie comme un état policier solide pour se protéger des terroristes. Face à ce soulèvement populaire, il a été capable d’user de réels terroristes pour soutenir son scenario. Il a ouvert les portes des prisons aux prisonniers radicaux et a même fait venir des détenus libérés de la prison d’Abou Ghraib en Irak. Il a également ouvert les portes de la Syrie aux djihadistes venant de monde entier.

L’idée monstrueuse de ce régime a été de créer une succursale de Daesh en Syrie. Cette organisation qui a commencé son travail à Alep en capturant des opposants laïques, des activistes civils et des journalistes, a fini par combattre l’armée libre. Daesh n’a jamais affronté les soldats du régime, qui le lui a bien rendu. N’oublions pas que les “soldats” de Daesh ont été déplacés via des bus climatisés, vers Boukamal, la frontière irakienne, dans Deir Ezzor, sans courir aucun risque.

Le peuple syrien manipulé à l’échelle internationale

Daesh a combattu pour l’intérêt du régime al-Assad.

Et comme la révolution n’avait pas d’idole (il s’agit d’un mouvement spontané dirigé par la jeunesse non politisée qui s’est coordonnée  dans les villes et les quartiers), les politiciens, surtout les frères musulmans, ont sauté sur l’occasion. Avec l’aide de riches pays arabes et de la Turquie, ils ont encouragé la création d’un conseil national syrien devenu le représentant de cette révolution.

Ainsi les Frères musulmans et les pays du Golfe ont commencé à mettre en place leur agenda pour islamiser cette révolte.

Après sept ans de guerre

Nous avons aujourd’hui au moins 500.000 morts et 7 millions de réfugiés. Le régime a réussi à présenter le conflit comme une guerre entre lui (un régime laïc arabe) et les terroristes. Et cela est la grande erreur que la communauté  internationale a commise.

Al-Assad a gagné pour protéger le trône de sa famille, avec les soutiens de plusieurs forces internationales: L’Iran, la Russie et certains groupes irakiens chiites ainsi que le Hezbollah…

Depuis le début de cette révolte populaire, ni Bachar, ni ses alliés, ne veulent l’établissement d’un régime démocratique en Syrie. Ils ont tout fait pour écraser la révolution et la manipuler en la présentant finalement comme un mouvement terroriste.

Ce régime est capable, avec son expérience de tourner la vérité et convaincre tout le monde par ses mensonges. Et voici le dernier exemple très récent:

Le soir du 16 Avril 2018, la présidence de la République a confirmé “qu’une procédure disciplinaire de retrait de la Légion d’honneur à l’endroit de Bachar el-Assad a bien été engagée” par Emmanuel Macron. Trois jours plus tard, Damas prend l’initiative : elle a rendu la Légion d’honneur décernée par la France en 2001 à Bachar alAssad qui a déclaré : “Il n’y a pas d’honneur pour le président al-Assad de porter une décoration attribuée par un pays esclave des États-Unis“.

Ainsi l’image présentée au monde par ce manipulateur de la vérité est: C’est al-Assad qui refuse cette décoration, car il ne supporte pas qu’elle vienne d’un pays esclave des États-Unis.

Le combat aujourd’hui, n’est pas entre al-Assad et des islamités, mais il est entre al-Assad, Daesh, la Russie, l’Iran, la Turquie, les Êtas-Unis et toutes les autres armées combattantes en Syrie, contre le peuple syrien. La guerre est une sorte de punition contre ce peuple qui a osé rêver de révolte pour obtenir sa liberté. Un peuple condamné à être prisonnier pour l’éternité, un peuple massacré en direct avec plusieurs moyens et armes… Mais la seule ligne rouge est l’arme chimique, alors que tous les autres moyens de tuer les syriens sont permis et légales!

 

Cet article est publié en partenariat avec le Caffè dei giornalisti de Turin

Être journaliste au Moyen-Orient

Ce 3 mai, à l’issue de la Journée mondiale de la liberté de la presse, l’Institut des Cultures d’Islam a proposé une table ronde en compagnie de trois figures du journalisme. Chacun s’est confronté à l’extrême difficulté d’être un journaliste au Proche et Moyen-Orient. Tous ont été contraints de choisir l’exil pour survivre mais aussi dans le but de pouvoir exercer leur métier en toute liberté.

 

Dans un cadre intimiste, face à une quarantaine de personnes, Rajeha Al Tameemi,  Halgurd Samad et Wareth Furaiji se sont exprimés afin de relater comment l’exercice de leur métier de journaliste a failli leur coûter la vie. Comment la condition du journalisme en Irak et en Syrie est critique. Chacun s’est révélé, a raconté la vérité glaçante dans le récit de leurs vies.

Haya lève le voile sur Raqqa

Dans un premier lieu, suite à l’avant-propos du maître de conférence, Alberic de Gouville, rédacteur en chef de France 24 et vice-président de la Maison des Journalistes, le documentaire Haya, rebelle de Raqqa, a été projeté. Un documentaire de 23 minutes qui suit Haya, une syrienne ayant eu l’audace de filmer clandestinement la ville de Raqqa alors sous l’oppression de l’organisation de l’Etat Islamique.

Comme le déclare Alberic de Gouville le mot “héroïne” n’est peut-être pas le plus approprié. Pourtant, cette jeune femme a risqué sa vie en s’équipant d’une caméra miniature dissimulée dans une simple petite pochette noire pour filmer une ville plongée dans la terreur. A travers des images particulièrement fortes, Haya dénonce ce que l’E.I. inflige à Raqqa et ses habitants. Elle fréquente leur monde et délivre des messages saisissants. On peut notamment y voir une jeune française portant le niquab et parlant au téléphone avec un membre de sa famille “Pas la peine de pleurer ou d’avoir peur” “Tout ce que tu vois à la télé, c’est faux”.

 

On peut également la voir en compagnie d’autres syriens, protester devant une église. Le visage découvert, unis face aux membres de Daech, rodant autour, ils scandent “Liberté pour toujours, malgré toi Assad !”.

 

Suite à cela, Haya a été repérée par les membres de l’organisation terroriste et a fuit dès les premières menaces de morts reçues. Après un arrêt en Turquie, elle rejoint Paris où sa nouvelle vie de réfugiée reste complexe dans un pays où elle ne connaît ni la langue, ni les codes. Néanmoins, Haya en est certaine, ce n’est que temporaire. “Je n’ai même pas défait ma valise. Je suis prête à rentrer n’importe quand.

Trois histoires, un seul but

Rajeha Al Temeemi est la première à s’exprimer. Elle parle un français excellent mais souhaite s’exprimer en arabe car comme elle le déclare “c’est là que les idées viennent le mieux”. Son mari s’occupe de la traduction. Rajeha est journaliste à Monte Carlo Doualiya. Elle a quitté l’Irak, son pays d’origine, en 2006 pour la Syrie avant d’arriver en France après les meurtres de son ami et son frère ainsi que les menaces reçues à son encontre et celle de sa famille. Là-bas, en Irak, elle exerçait sous le régime totalitaire de Sadam Hussein et nous rappelle qu’il n’existe aucun journal indépendant. L’Etat irakien ne possédait que de 2 chaînes de télévision ainsi que 4 journaux, tous strictement contrôlés. La liberté de parole y est inexistante, c’est le gouvernement qui dicte les sujets à traiter. “Jamais de politique” souligne la journaliste. Mais cette dernière ne se confrontait pas seulement au problème de sa profession. Sa condition de femme la mettait en grande difficulté, également. Agressions et harcèlements en tout genre, étaient les maîtres mots pour une femme journaliste en Irak.

 

A la droite de Rajeha, Halgurd Samad prend ensuite le relais. Journaliste irakien de la région du Kurdistan, il raconte par des statistiques terrifiantes l’état du journalisme par chez lui : 231 journalistes tués durant ses années d’activités là bas. 139 violations de la loi du gouvernement sur les journalistes. Autrement dit, Halgurd s’est également confronté aux menaces, aux intimidations pour avoir tenté de faire son travail. Il est journaliste au magazine kurde indépendant Lvn de 2005 à 2010, média traitant de politique, de culture et société, et grand ennemi du gouvernement en vigueur. Il évoque les meurtres des journalistes, écrivains et poètes ayant eu l’audace de penser et d’écrire en faveur d’une liberté étrangère aux mesures répressives du gouvernement. Dans cette vague meurtrière, un ami très proche de Halgurd est retrouvé mort après avoir disparu quelques jours plus tôt. Le journaliste décide de s’exiler après 5 ans de menaces. Il s’arrête en Turquie pour y attendre son visa français puis arrive dans l’Hexagone. A Paris, il s’arrête à la Maison des Journalistes où il y reste un peu moins d’un an. Pour Halgurd, c’est un refuge, où il peut continuer à exercer son métier en sécurité.

 

Wareth Kwaish est le troisième à prendre la parole. Dans un anglais parfait, on le sent loquace, il a des choses à dire. Mais il choisit la voie de l’image pour raconter son histoire. “Je fais des films pour montrer au monde ce que les irakiens ont à dire. Chacun a des histoires à raconter”. La diffusion de son court-métrage Once they were here (“Une fois ici-bas”) sélectionné au Festival de Cannes de 2015, en est la preuve édifiante. Filmé clandestinement à l’Iphone, le réalisateur raconte comment les irakiens sont les victimes de l’ostracisme du gouvernement. En quelques minutes, on assiste aux tentatives des habitants de contester le régime et tenter de toucher ce rêve de liberté bien trop difficile à atteindre. “On le jure devant Dieu, on t’aime Irak”.

Avec fierté, il raconte comment il a pu habilement conserver les images en vidant sa batterie afin que les autorités ne puissent contrôler son téléphone portable. Mais Wareth, au même titre que ses confrères et consoeurs à ses côtés, a dû fuir. “Je me suis enfui car mes films vont me tuer” raconte t-il. Arrivé en France en 2015 et hébergé à la Maison des Journalistes, il a dû recommencer une nouvelle vie, loin de son pays et de sa famille.

Tous relatent des histoires différentes mais pourtant tragiquement similaires. Tous sont liés par ce besoin d’exprimer leur liberté de parole dans des pays où ils étaient bâillonnés. Mais tous partagent cette même conviction “la liberté est grande et de droit mais ne rentre jamais en conflit avec celle de l’autre”, un rêve devenu maintenant réalité pour Rajeha, Halgurd et Wareth.

Le patrimoine archéologique menacé en Syrie – Interview d’un résistant

Pour moi, les fonctionnaires qui ont négocié avec Daesh les possessions du musée de Raqqa sont des voleurs. J’ai exprimé cette position publiquement, car les voleurs ne sont autres que les responsables du musée.

Réfugiés syriens: vous avez dit pays frères ?