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Corée du Nord & AFP: enquête sur le journalisme sous dictature

En novembre 2016, l’Agence France-Presse (AFP) inaugurait son bureau à Pyongyang, capitale de la Corée du Nord. Son objectif: couvrir le pays de l’intérieur en capturant tout ce qui lui était possible de voir, via des reporters présents sur place. Trois ans après, la Maison des journalistes est entrée en contact avec Philippe Massonnet, directeur régional Asie-Pacifique, également en charge du bureau de Pyongyang.


Comment fonctionne l’équipe de reporters?

Quel type de contenu informatif produit l’AFP dans le pays «le plus secret au monde»?

Être journaliste étranger et travailler constamment sur le sol nord-coréen, est-ce mission impossible?


Une équipe de l’AFP Asie, constituée d’un reporter texte, d’un reporter vidéo et d’un reporter photo, y travaille depuis 2016.

Faire son travail de journaliste en Corée du Nord

Leur temps sur place est néanmoins limité: ces trois journalistes se rendent en Corée du Nord toutes les six semaines pour une dizaine de jours. Cette restriction est due à une certaine réglementation du régime nord-coréen: «Aucun journaliste étranger n’a le droit d’être en permanence là-bas» nous déclare Philippe Massonnet.

Mais lorsque les reporters de l’AFP Asie ne sont pas sur place, comment la production d’informations est-elle assurée? Une autre équipe, cette fois locale, prend le relai. Parmi une liste «mince» de candidats exclusivement nord-coréens, deux locaux ont été choisis par l’AFP pour endosser les rôles de vidéaste et de photographe.

Formés à Pyongyang, puis à Hongkong pendant une semaine, ces intervenants ont apprivoisé le fonctionnement et le travail éditorial de l’Agence France-Presse. Ils ont également été formés à la technique de prise de vue. Cependant, aucun local n’a été désigné pour réaliser des contenus écrits. Un choix volontaire de la part de l’agence française: «On savait que le travail allait être très restreint».

En réalité, les deux intervenants nord-coréens «n’ont pas un rôle de journaliste à proprement parlé» nous explique Philippe Massonnet, «ils sont plus des assistants de rédaction, des fixeurs (ils assurent le rôle d’intermédiaire entre les autorités, les interlocuteurs nord-coréens, et l’AFP)».

La majeure partie des contenus est d’ailleurs produite par les trois journalistes de l’AFP Asie. Dans ce pays où la censure et l’autocensure règnent d’une main de fer, il semblerait évident que le gouvernement ait un droit de regard, et exerce un contrôle sur leurs productions.

Et pourtant, «aucune de nos réalisations n’a été contrôlée ou censurée a postériori», nous certifie le directeur régional.

L’organisme français dispose d’une totale liberté quant à l’édition de ses reportages. Ces derniers sont édités soit en Corée du Nord, soit à Hong-Kong.

Comme l’illustre ce reportage, la rédaction est libre de ses commentaires et de ses propos. Ici, elle n’hésite pas à souligner les failles entre les statistiques données par le gouvernement, et la réalité du terrain.

Le journaliste aborde également l’épineuse question du manque de nourriture dans le pays. Mais ce «final cut», accordé à l’Agence France-Presse, ne signifie pas pour autant que l’organisme est entièrement libre. L’obtention d’une information est une toute autre affaire…

L’accès à l’information: sésame ouvre toi?

À chaque pays, sa réglementation d’accès à l’information pour les journalistes. La Corée du Nord, elle, a pour coutume d’imposer un contrôle drastique et minutieux des sujets abordés, tant sur le plan informatif que sur le plan visuel et esthétique: dans une ville voisine de Pyongyang, des nord-coréens sont en train de lire le journal dans la rue.

Les journalistes d’Envoyé Spécial filment la séquence. Leur guide entre en scène, et échange quelques mots avec les locaux.

En un claquement de doigt, trois hommes sortent du champ de la caméra: leur tenue vestimentaire n’est pas appropriée pour la situation, et entache l’image du pays. Sans ces trois individus, l’image est, aux yeux du régime nord-coréen, immaculée, irréprochable, et donc diffusable.

Envoyé Spécial Corée du Nord

Capture d’écran Envoyé Spécial : premier plan représentant la scène initiale.

Envoyé Spécial Corée du Nord

Capture d’écran Envoyé Spécial : plan final après modification à la demande du guide

Si la demande d’autorisation pour avoir accès à une information, ou pour effectuer un tournage représente l’étape majeure de la création d’un sujet, elle n’en demeure pas moins l’étape la plus complexe à passer en Corée du Nord.

Les reporters de l’AFP, bien que présents sur place, rencontre les mêmes difficultés que les autres journalistes étrangers: «les autorisations sont les seules choses sur lesquelles l’équipe n’a pas la main» nous affirme le directeur régional. Les journalistes de l’AFP sont, au final, eux aussi restreints, «mais on en était conscient dès la création de ce bureau. Il n’y a aucune surprise» souligne Philippe Massonnet.

Si ce dernier avoue avoir une part de frustration, il n’oublie pas l’objectif initial de l’implantation du bureau à Pyongyang: «Ce qui est important, ce n’est pas d’être restreint, mais d’avoir un accès dans le pays. On se dit qu’on est privilégié, on va au moins conter ce que l’on voit».

Car en effet «très peu de médias occidentaux ont la possibilité de se rendre en Corée du Nord. Jusqu’ici, l’Agence France-Presse est le seul organisme journalistique français à posséder un bureau de correspondance en Corée du Nord. Mais au niveau international, il n’est ni le seul, ni le premier. L’agence de presse japonaise Kyodo s’y est implantée en 2006. Six années plus tard, c’est au tour de l’agence américaine AP (Associated Press) d’installer son bureau en Corée du Nord. Cet accord, passé entre KCNA (l’agence de presse nord-coréen) et l’AFP, revêt un aspect symbolique: «Avoir un bureau sur place, c’est un grand pas» déclare le directeur régional.

Un pas vers une plus grande couverture de l’information ? Très certainement, puisque comme l’affirme Philippe Massonnet «plus on y est, plus des relations se créent, et plus on peut faire de choses».

Depuis trois ans, les journalistes de l’AFP Asie ont «accumulé des documents riches», devenant ainsi des témoins privilégiés d’une partie de l’Histoire nord-coréenne. Mais certains thèmes sont pour autant considérés comme des «sujets tabous», dont il est formellement interdit de parler, ou d’y faire allusion.

Impossible donc pour les journalistes étrangers d’obtenir des informations relatives à ces sujets. Sur ce point, l’AFP ne déroge pas à la règle, et sa présence régulière sur le sol nord-coréen ne lui concède pas de privilège.

«Il y a des pays où l’on sait que l’on ne peut pas insister» nous explique Philippe Massonnet, et d’ajouter: «Il n’y a pas d’intérêt à aborder ces questions-ci, puisqu’elles resteront automatiquement sans réponse». Des questions qui resteraient donc sans réponse, mais qui seraient aussi susceptibles de compromettre tant le travail des journalistes français AFP que celui des intervenants nord-coréens: «Si l’on aborde des questions complexes, ca complique la tâche de tout le monde».

Le mois d’avril pointe le bout de son nez dans les rues de Pyongyang, entraînant avec lui la floraison des premiers abricotiers.

Quelques nord-coréens flânent dans les allées des parcs, quand d’autres, pinceau en main, sont venus peindre le spectacle. En parlant de spectacle, la foule se presse pour admirer tortues et poissons, et se prendre en photo devant les squelettes de divers animaux, lors des inaugurations du zoo et du musée d’histoire naturelle de la capitale.

Le dimanche, au cœur du parc Moran, les corps des nord-coréens se lâchent et s’évadent, se laissant porter par les rythmes des musiques populaires

Ce sont ces instants de vie, ces actes quotidiens que les journalistes AFP Asie et les deux intervenants locaux capturent. Les sujets abordés sont liés à des informations dites «froides»: plus éloignées de l’actualité pure, les thématiques traitées s’apparentent alors à des sujets de type magazine.

Mais cette couverture médiatique s’inscrit «dans la logique de ce que l’on voulait faire depuis le début» nous déclare Philippe Massonnet.

Quand l’AFP a décidé d’installer un bureau de correspondance dans ce pays, son objectif était de «conter la Corée du Nord à travers des histoires quotidiennes».

Outre les lancements de missile, les commémorations des grands événements de Corée du Nord, et les rencontres avec des dirigeants étrangers, les questions d’ordre politique ne sont pas placées sur le devant de la scène médiatique de l’AFP.

Et pour cause, l’organisme n’a pas accès à cette actualité chaude: «Nous ne sommes pas informés des décisions importantes». Quant aux interviews officielles, elles sont «quasi-inexistantes».

Avoir un entretien avec Kim Jong Un ? N’y pensez même pas…

Ces deux vidéos témoignent de la complexité à filmer la politique en Corée du Nord : ici l’AFP choisi de filmer les événements du point de vue des habitants nord-coréens, sans aucune interview d’officiel, aucune image d’homme politique.

Pour autant, cette situation est loin de déstabiliser le directeur régional, qui rappelle l’origine du travail de l’AFP sur place: «Nous ne sommes pas là-bas pour avoir des scoop politiques ou pour parler de la politique, mais bien pour raconter la Corée du Nord».

Malgré sa distance avec le domaine politique, l’équipe de l’AFP Asie a tout de même pu travailler sur des sujets «plus sérieux», comme en mars 2019 où elle a couvert les élections locales des districts.

«La Corée du Nord n’est pas le pays des micros-trottoirs»

Si donner la parole aux citoyens est devenu monnaie courante dans de multiples pays, il est difficile de parler aux nord-coréens, qui eux, ne sont pas habitués à cette pratique. «La Corée du Nord n’est pas le pays des sondages d’opinion ou des micros-trottoirs» nous déclare Philippe Massonnet.

«Il y a un côté à fois déstabilisant et à la fois surprenant pour les nords coréens» lorsqu’ils se font approcher par des journalistes étrangers.

Les interviews étant parfois difficiles à obtenir, cela créé une part de frustration pour l’équipe de reporter: «Quand on n’a pas de citation pour les vidéos, le reportage devient plus compliqué à réaliser» constate le directeur régional.

Mais cette situation donne en réalité une nouvelle approche du métier de journaliste: ce dernier ne se contente plus de récupérer une information et de la diffuser, mais il «effectue un travail de journaliste pur: avec le peu que l’on me raconte, comment vais-je montrer, expliquer la chose. (…) Avec des citations qui sont parfois de la propagande, on arrive à quand même raconter une histoire».

Il y a toutefois des situations, des lieux, où la parole des nord-coréens se délie. Philippe Massonnet se rappelle d’un reportage traitant de la fête des écoles, «les gens parlaient plus facilement, ils étaient plus ouverts».

En somme, les citoyens nord-coréens sont plus à l’aise «à partir du moment où les sujets abordés racontent leur quotidien».

A l’image du documentaire “Pyongyang s’amuse”, réalisé par Pierre-Olivier François, et des reportages de l’AFP, la Corée du Nord, et plus précisément ses habitants, ne semble plus représenter l’idéologie d’un pays terne, glacial, enclavé: ces images inédites laissent place à des moments plus intimes, plus réels, parfois même légers. Ces auteurs apportent un nouveau regard, celui d’un pays coloré et modernisé.

Mais cette vision inédite à un prix, celui de la familiarisation avec le pays et ses habitants: si les reporters de l’AFP se rendent sur le sol nord-coréen toutes les six semaines, il aura fallu 8 ans, et plus d’une quarantaine d’allers retours aux auteurs de “Pyongyang s’amuse” pour parvenir à capter ces instants rares…

La télévision en Corée du Nord


L’arrivée de Kim Jong Un au pouvoir a quelque peu changé l’univers télévisuel nord-coréen: contrairement à ses prédécesseurs, le dirigeant fait passer son idéologie non plus par des statues à son effigie, mais par la télévision.


Le paysage télévisuel de Corée du Nord, bien qu’il tende à se moderniser, reste maigre et restrictif.

La première et principale chaîne de télévision, KCTV (Télévision centrale coréenne), date de 1963.

Accessible partout (elle est présente dans les lieux publics.) et par tous, cette chaîne est marquée par sa forte idéologie: chaque soir à 17 h, les premières images diffusées sont celles du Mont Paektu. Cette montagne sacrée est un symbole en Corée du Nord et serait le prétendu lieu de naissance de Kim Jong II. S’en suit une diffusion de l’hymne national.

Sa programmation se compose d’informations, de dessins animés et de documentaires exclusivement nord-coréens, et d’émissions politiques traitant et commentant les déplacements du dirigeant.

Cependant, son temps de diffusion n’est pas continuel: en semaine, KCTV est limitée à 5 h 30 de programmes par jour. Les dimanches, jours de fête et pendant les élections, la chaîne diffuse pendant près de 14h.

Trois autres chaînes sont disponibles via le câble. Elles ne sont donc pas accessibles par tous les nord-coréens. Chacune de ces chaînes occupe un rôle bien spécifique.

  • Mansudae Tv, lancée en 1973, est spécialisée dans les programmes artistiques et technologiques. Elle est accessible le samedi pendant 3 h, et le dimanche uniquement pendant 9h.
  • La chaîne Ryongnamsan voit le jour en 2012. En vérité, cette chaîne a été lancée pour remplacer la “TV éducative et culturelle” créée en 1997. Ryongnamsan propose des films scientifiques populaires, des conférences et des programmes éducatifs, comme l’apprentissage des langues étrangères.
  • Enfin, depuis 2015 Sport Television diffuse des contenus sportifs (compétition des athlètes nord-coréens, documentaire sur l’histoire du sport) le samedi et le dimanche de 19h à 22h.
  • En 2016, la Corée du Nord lance même son propre programme de vidéo à la demande. Baptisé Manbang qui signifie «partout», ce service est accessible via l’intranet local de Corée du Nord. Les contenus proposés ont cependant fait l’objet d’une validation par le gouvernement.

L’arrivée de Kim Jong Un au pouvoir a quelque peu changé l’univers télévisuel nord-coréen: contrairement à ses prédécesseurs, le dirigeant fait passer son idéologie non plus par des statues à son effigie, mais par la télévision.

Ces dernières années, la principale chaîne de télévision, KCTV, a évolué et s’est modernisée, via ses contenus et sa présentation, comme l’illustre le média ABC.

Le code de bonne conduite des médias en cas d’attentat: à chaque raté, sa mesure du CSA

En 2016, après l’intense couverture médiatique des divers attentats en France et les nombreuses dérapages des rédactions, le CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) met en place un “code de bonne conduite des médias“. Dernière sanction en date, vendredi 2 août 2019, le Conseil met en demeure la chaine d’information BFMTV. En cause, sa “diffusion répétée d’une information erronée” lors de la couverture des attentats dans l’Aude, en 2018. L’occasion pour la Maison des journalistes de revenir sur les bourdes médiatiques et les précautions prises par le CSA.

Ces événements sont restés dans la mémoire de tous les français: entre janvier 2015 et juillet 2016, la France est victime d’une vague d’attentats (Charlie Hebdo, l’Hyper Cacher, les 13 novembre 2015 et 14 juillet 2016). Lors de chaque attaque, une grande couverture médiatique est mise en place.

Les attentats de janvier 2015 vont marquer un tournant dans le traitement de l’information à caractère terroriste. Le CSA sanctionne plusieurs rédactions pour leur couverture des évènements.

Le gendarme de l’audiovisuel leur adresse, au total, 15 mises en garde et 21 mises en demeure pour les raisons suivantes: divulgation de fausses informations, atteinte au respect de la dignité et de la personne humaine, trouble de l’ordre public, trouble des interventions des forces de l’ordre, ou encore mises en danger de la sécurité d’un individu.

Le CSA, c’est quoi?


Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel est une structure française, créée par la loi du 17 janvier 1989.

Le CSA régule le milieu de la télévision et de la radio: son rôle principal est de garantir la liberté de communication en France.

Le gendarme de l’audiovisuel a plusieurs missions:

  • attribuer les fréquences des radios et des télés
  • nommer les patrons de l’audiovisuel public
  • respecter le pluralisme politique
  • garantir la protection des mineurs face aux contenus diffusés
  • assurer une représentation de la diversité à l’antenne
  • faire respecter la dignité humaine
  • défendre la langue et la culture française
  • veiller aux dérapages
  • sanctionner les acteurs de l’audiovisuel.

En 2016, le CSA reconnaît l’importante couverture médiatique de ces événements et sa complexité. L’organisme s’interroge alors sur les pratiques utilisées par les rédactions.

Le 25 octobre de la même année, après plusieurs entretiens avec divers représentants des médias, des représentants des victimes, et le Procureur de la République de Paris, le CSA communique un “code de bonne conduite des médias“, proposant à ces derniers, un ensemble de précautions à prendre en cas d’attaque terroriste. A chaque raté, sa mesure.

La gêne au travail des forces de sécurité

Ce qu’il s’est passé: lors des attentats de janvier 2015, les chaînes BFMTV, Canal +, Euronews, France 2, France 24, LCI et TF1, avaient diffusés des informations et des images indiquant le déploiement des forces de l’ordre, leur positionnement exact ainsi que la stratégie mise en place, alors que les terroristes étaient encore retranchés à Dammartin-en-Goële et à l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes.

La divulgation de ces informations aurait pu porter préjudice aux déroulements des opérations, à la sécurité des forces de l’ordre et à celle des otages. Les chaînes auront une mise en garde.

France 2 est la première chaîne arrivée sur les lieux de la prise d’otage de l’Hyper Cacher. Le journaliste qui couvre l’intervention policière, est visiblement trop proche des forces de l’ordre, et se fait repousser.

La mesure du CSA: dans son “code de bonne conduite“, le CSA invite les rédactions à “agir avec discernement” lors de leur recherche d’information. Ceci dans le but d’éviter de gêner le travail des forces de l’ordre.

L’organisme met l’accent sur la gêne que peut occasionner la présence des médias sur les lieux d’interventions.

La prise de contact avec les terroristes

Ce qu’il s’est passé: vendredi 9 janvier 2015, il est plus de 15h lorsque la radio RTL appelle l’Hyper Cacher de Vincennes et parvient à entrer en contact avec Amedy Coulibaly.

Le preneur d’otage raccroche mal le combiné. RTL enregistre alors la conversation, et la diffuse à l’antenne le lendemain. Lien vers le podcast de RTL

La mesure du CSA: le Conseil précise la ligne de conduite à adopter lorsque des opérations sont en cours. Le gendarme de l’audiovisuel demande aux médias de s’abstenir d’une quelconque prise de contact, que ce soit avec les terroristes ou les otages, au risque d’entrainer des “conséquences dramatiques sur la sécurité des personnes et sur du déroulement de l’enquête“.

Dans le cas où les terroristes sont à l’origine de la prise de contact avec les médias, comme il a pu en être le cas avec Amedy Coulibaly qui avait contacté BFM TV, le CSA stipule qu’il est “indispensable que les pouvoirs publics en soient informés immédiatement et selon les procédures qu’ils auront définies”.

Les sanctions du CSA


La mise en garde est un courrier adressé aux éditeurs ou aux distributeurs leur rappelant la nécessité de se conformer à la réglementation.

La mise en demeure est une lettre envoyée aux éditeurs ou aux distributeurs qui ont reçu, au préalable, une mise en garde.

Le destinataire est sommé de rectifier sa faute, au risque de recevoir une sanction.

La sanction varie en fonction de la gravité de l’acte.

Elle peut aller d’une simple insertion d’un communiqué dans un programme, à la suspension d’une émission.​

Les témoignage des victimes, proches ou témoins.

Ce qu’il s’est passé: à l’époque présentatrice du journal de France 2, la journaliste Elise Lucet s’entretient au téléphone avec la sœur de Lilian Lepère, l’otage de l’imprimerie de Dammartin-en-Goële où sont retranchés les frères Kouachi.

La conversation est diffusée en direct à la télévision, alors que Lilian est toujours caché.

La mesure du CSA: la prise de contact avec les victimes, les témoins ou leurs proches est autorisée, même si le CSA demande une “vigilance particulière pour ne pas mettre en danger la sécurité des personnes“.

Autre cas: en 2016, un attentat a lieu sur la promenade des Anglais à Nice lors du feu d’artifice du 14 juillet. Les médias présents sur place interrogent victimes et témoins de l’attaque. Une vague de critique s’en suit sur les réseaux sociaux quant à la nature des témoignages recueillis par France 2 et LCI: entre image choque et témoignage incohérent de personnes déboussolés.


Visionner le journal de France 2 du 15 juillet 2016.


La mesure du CSA: lors du recueil de témoignage de victime ou de témoin, le CSA demande aux médias de prendre en compte “l’état de vulnérabilité” et “l’état de choc” des interrogés, qui ne sont pas forcément en mesure de “consentir de manière éclairée à la captation de leur image ou de leur propos”.

Renforcer la fiabilité de l’information

Ce qu’il s’est passé: lors de l’attentat du 14 juillet 2015 à Nice, plusieurs médias télévisuels et web relaient la rumeur d’une prise d’otage.​

La mesure du CSA: dans son communiqué, le CSA appelle à la prudence quant à la diffusion d’informations non confirmées: celles-ci sont susceptibles “d’alimenter la tension et la panique des personnes présentes sur les lieux (…) et plus généralement du public”.

L’organisme ajoute que l’emploi du conditionnel par les médias ne suffisent pas toujours “pour que le public ait conscience du caractère incertain d’une information“.

Le CSA rappelle que l’origine de l’information doit toujours être précisée. Si une information erronée est diffusée, celle-ci doit être rectifiées au plus vite, et de manière répétée.

Comment traiter l’image des terroristes et de leur propagande?

Ce qu’il s’est passé: de nombreux médias avaient pour habitude de diffuser le nom et la photo des auteurs des attaques terroristes dans leur journal télévisuel.

Capture d'écran de la chaine de télévision France 3

La mesure du CSA: le Conseil laisse le choix aux rédactions d’anonymiser, nominativement et visuellement, les auteurs des actes terroristes.

Il conseille également d’éviter la diffusion d’image ou de son de propagande, bien qu’elle soit utilisée à des fins d’information. Si ces éléments sont diffusés, le CSA demande aux rédactions de les accompagner “d’éléments éditoriaux adaptés et des précisions quant à leur origine”.

Depuis, comme l’indique France Culture, les médias français ont pris des mesures individuelles concernant la représentation des terroristes dans leur contenu.

Découvrez en 1 minute de podcast France Culture les raisons pour lesquelles les terroristes doivent rester anonymes. 

Acquisition payante d’image réalisé par des amateurs

Ce qu’il s’est passé: certains témoins d’attaque tentent d’obtenir une rémunération en échange de leur vidéo ou de leur prise de son.

Si les médias français refusent, la plupart du temps, ce genre de pratique, ce n’est pas le cas des médias étrangers, pour qui l’achat de contenus amateur est monnaie courante, comme l’explique Le Monde.

Certains achats pourraient avoisiner les 50 000 euros. ​

La mesure du CSA: le Conseil met en garde les rédactions quant à l’acquisition payante d’image ou de son fait par des amateurs lors de ces événements.

Il rappelle que cette pratique doit rester “exceptionnelle” afin d’éviter des captations réalisées dans l’unique but d’obtenir une rémunération.

Dans le cas où les contenus amateurs sont utilisés, le CSA demande un renforcement de la vérification de la source, et invite les rédactions à contextualiser ces supports amateurs.

En matière de règles générales, le Conseil invite les médias à mettre en place une cellule de crise au sein de la rédaction et à instaurer un contrôle et une validation de l’information renforcés. L’organisme préconise également une diffusion en “léger différé” de l’information pour garantir son contrôle et sa validation.

Contacté par la Maison des Journalistes, Jacques Esnous, Vice-Président du Directoire et Directeur de l’Information à RTL, affirme qu’ “il fallait une collaboration sur le terrain entre les autorités et les médias, qui eux ont une nécessité d’informer”.

Ce code de bonne conduite représente finalement un accord “permettant de respecter à la fois le droit à l’information, les besoins de l’enquête et le respect des victimes” déclare-t-il.

Cette mesure permet de “tracer une ligne jaune à ne pas franchir” ajoute-t-il.

Pour autant, le Directeur de l’information à RTL précise qu’une “responsabilité incombe à chaque média”, et que malgré ce code “certains seront toujours tentés de franchir cette ligne”.

La dernière “mise en demeure ” de BFM TV, le 23 mars 2018


Une fusillade à Carcassonne, suivi d’une prise d’otage dans un supermarché de Trèbes, dans l’Aude, faisait quatre morts et quinze blessés.

  • Durant son direct, BFMTV diffusait, de manière répétée, une information erronée sur Radouane Lakdim, l’auteur de l’attaque: la chaîne affirmait qu’il avait été naturalisé Français en 2015 alors qu’il était fiché S depuis 2014. 
  • Erreur, puisque la naturalisation de Radouane Lakdim date en réalité de 2004.

Malgré les excuses de la chaîne, le CSA engage en octobre 2018, une procédure de sanction à son encontre.

Vendredi 2 août, le CSA a communiqué sa décision : il a “mis en demeure” la chaîne lui demandant de “faire preuve de rigueur dans la présentation et le traitement de l’information.”

“Les plus gros vont foncer et les petits n’auront rien” L’écosystème de la presse est-il menacé?

Le parlement français a définitivement adopté l’instauration d’un “droit voisin” pour les agences de presse et les éditeurs de presse mardi 23 juillet 2019. Cette extension du droit d’auteur permet aux médias numériques de bénéficier de compensations financières lorsque leurs contenus sont réutilisés et diffusés sur les plateformes des GAFA. Mais quelles vont être les conséquences pour les éditeurs de presse?

Google et Facebook, premières sources d’information

L’origine de l’extension de cette loi repose sur deux constats.

Google et Facebook sont devenus les premières sources d’information en Europe. D’après Marc Feuillet, directeur général du groupe Figaro, deux tiers de la population européenne s’informe via ces sites.

Les deux géants du numérique s’approprient les contenus produits par les médias, et les publient gratuitement sur leurs plateformes, Google Actualités, Facebook ou encore Twitter.

Les éditeurs de presse sont par conséquent liés à Google et Facebook via la diffusion et les audiences que ces derniers leur apportent. Dans un entretien accordé au Monde en 2018, Richard Gingras, vice-président de Google pour les news, affirme que “Google Search et Google Actualités génèrent plus de 10 milliards de visites par mois vers leurs sites”.

Les GAFA sont alors des intermédiaires clés, entre éditeurs et consommateurs.

Deux géants qui concentrent le marché de la publicité

Les GAFA monopolisent le secteur publicitaire sur internet: à eux seuls, Google et Facebook possèdent deux tiers du marché de la pub, soit environ 2,7 milliards d’euros en France pour l’année 2017 selon Le Monde.

Pour être financés, les médias se dotent de plusieurs éléments: les lecteurs, les subventions d’Etat, et les annonceurs, c’est à dire la publicité.

Mais quand Google et Facebook partagent les contenus des éditeurs de presse, aucune compensation financière n’est allouée aux médias. Une étude commandée par l’Alliance de la presse d’information générale et publiée dans Le Monde estime que la perte des revenus publicitaires des éditions de presse se situe entre 250 et 320 millions d’euros par an.

Ce qui équivaut entre 9 et 12% des revenus publicitaires de Google et Facebook.

Cependant, malgré plusieurs prises de contact et relances auprès du cabinet EY-Parthénon, qui a réalisé l’étude, nous n’avons pu avoir accès à la méthode de calcul de ces données.

Retrouver une presse de qualité?

Avec la mise en place du “droit voisin” les éditeurs de presse pourront obtenir une rémunération de la part des GAFA lorsque leurs articles sont utilisés sur leurs plateformes. Ce nouveau financement permet aux éditeurs de presse de récupérer leur dû, en tant que créateur de contenu d’information.

Ces revenus amélioreront, en outre, les conditions de travail des rédactions et des journalistes.

En août 2018, Sammy Ketz, directeur de l’AFP à Bagdad, publiait une tribune via l’AFP (Agence France Presse) dans laquelle il faisait état de la situation critique du secteur. “En 40 ans de carrière, j’ai vu le nombre de journalistes sur le terrain diminuer de manière constante”. Des licenciements dus à un manque de moyens et de financement dans les rédactions.

Il dénonçait également les conditions dans lesquelles les reporters, notamment ceux spécialisés dans le reportage de guerre, doivent travailler: “Aujourd’hui, il faut des gilets pare-balles, des casques, des voitures blindées, parfois des gardes du corps pour éviter d’être enlevés, des assurances. Qui paie de telles dépenses ? Les médias ! Et cela est onéreux“. Cliquez pour lire la tribune de Sammy Ketz.

Au détriment de leur indépendance…

En adoptant la loi, l’objectif des partisans du droit voisin pour les éditeurs de presse était de garantir un journalisme aussi qualitatif qu’indépendant.

Cependant, la mise en place d’un accord financier entraine une double dépendance des médias envers les GAFA.

Les plateformes jouissent déjà d’une influence forte sur les éditeurs de presse à travers leur rôle d’indispensable intermédiaire entre les journalistes et les citoyens (…) Le droit voisin leur donne un nouveau levier d’influence, économique, direct, en créant une ligne de revenus, garantie par la loi” déclare Jean-Christophe Boulanger, président du Spiil (Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne) dans une tribune publiée par Legipresse.

Un autre questionnement entre en compte: celui de la liberté d’informer.

Mais quand les revenus du Monde ou du Figaro dépendront des revenus de Google ou de Facebook, combien de temps encore pourrons-nous lire dans ces journaux des critiques de ces géants?” souligne l’association la Quadrature du Net dans un communiqué de presse de mars 2019.

Avec ces accords, les éditeurs de presse pourront-ils encore assurer la liberté d’information, principe fondamental de leur métier? Le choix des thématiques traitées sera-t-il, en partie, tenu par les géants du net?

Le silence des GAFA

Aucun commentaire. Telle est la réaction de Google et Facebook face à l’adoption de la loi en France. Pour autant, Giuseppe de Martino, président de l’Association des services Internet communautaires (ASIC) qui compte, entre autre, Facebook et Google, réplique dans le Monde: “C’est une usine à gaz. Cela profitera aux éditeurs les plus gros”.

Des négociations au profit des grands médias français?

Pour permettre une action commune, un organisme entre éditeurs de presse a été créée : l’Alliance de la presse d’information générale. Cette structure regroupe les trois syndicats professionnels de la Presse Quotidienne Nationale, Régionale, et Départementale ainsi que la Presse Hebdomadaire Régionale.


Les plus gros vont foncer, et les petits n’auront rien“, déplore le Spiil.


Pour autant, cette alliance ne prend alors pas en compte la SPIIL, qui regroupe une multitude de médias indépendants.

Et pourtant, Jean-Christophe Boulanger, président du syndicat, a déclaré dans le Monde: “J’ai proposé à l’Alliance de discuter d’une société de gestion des droits d’auteur, pour avoir une approche commune, je n’ai pas eu de retour”.

Les médias indépendants seraient-ils condamnés à mener seuls le combat contre les géants du web?

Les plus gros vont foncer, et les petits n’auront rien”, nous déplore le Spiil.

Tout comme l’ASIC, l’organisme craint ainsi des négociations indépendantes qui profiteront, en majeure partie, aux grands éditeurs de presse. Ces mêmes éditeurs sont, par ailleurs, ceux qui perçoivent le plus de subventions de la part de l’Etat.

Tableau réalisé à l’aide des chiffres dévoilés par le Ministère de la Culture et de la Communication

Adapter le droit voisin aux éditeurs de presse: un combat incertain

Mardi 23 juillet 2019, l’instauration d’un “droit voisin” pour les agences de presse et les éditeurs de presse, a définitivement été adoptée en France. Cette extension du droit d’auteur permet aux médias numériques de bénéficier de compensations financières lorsque leurs contenus sont réutilisés et diffusés sur les plateformes des GAFA. Pour l’heure, les négociations s’annoncent laborieuses. La Maison des journalistes fait le point.

Aucun commentaire, aucune réaction. Le silence de Google et Facebook face à l’adoption de la loi en dit long…


Il semble “inimaginable qu’ils [les GAFA] refusent d’appliquer la loi et préfèrent fermer leurs services d’actualité” déclare Patrick Mignola, président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale. Inimaginable ? Mais possible…


Et pour cause, les négociations entre les éditeurs de presse et les GAFA semblent difficiles, d’autant plus qu’à ce jour, beaucoup de zones d’ombre persistent. “C’est une loi complexe. Sur internet, on lit tout et n’importe quoi à ce sujet”, témoigne anonymement un avocat de la propriété intellectuelle.

La création d’un organisme unique?

Le texte adopté prévoit un ou plusieurs organismes en charge de la collecte et de la gestion des fonds. Mais pour le moment, “aucun comité, aucun organisme de gestion n’a été créé, pour garantir ces négociations et la redistribution équitable des recettes publicitaires” regrette le Spiil (Syndicat pour la Presse Indépendante d’Information en Ligne).

Ainsi, le choix de la société reste encore à définir. Diverses pistes sont relayées dans les médias.

Selon La Croix, un modèle similaire à celui de la SACEM (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique) est envisagé. La SACEM collecte l’argent lié aux droits d’auteur, et le redistribue aux créateurs français.

A contrario, le journal Les Echos écrit “les éditeurs voulant aller vite, ils ne devraient pas retenir l’hypothèse, un temps évoquée, de la mise en place de leur propre structure“.

La gestion de ces revenus serait alors assurée par l’un des trois organismes suivants, le CFC (Centre Français d’exploitation du droit de copie), la SACEM, ou la SCAM (Société civile des auteurs multimédia).

Giuseppe de Martino est président de l’ASIC (Association des services Internet communautaires) dont Google et Facebook sont membres. Interrogé par Challenges, il émet des réserves sur cet organisme: “Si le texte nous oblige à passer par une société de gestion collective, espérons que ce sera moins coûteux et plus transparent que ce qui existe pour la musique“.

Unité des éditeurs de presse pour négocier collectivement?

La loi vise aussi à instaurer des négociations collectives permettant ainsi aux éditeurs de presse d’avoir plus de poids face aux géants du numérique.

David Assouline, sénateur de Paris et porteur de cette loi, insiste sur le fait “qu’il doit y avoir une unité de l’ensemble de la presse et que les acteurs de la presse ne doivent pas être dispersés.”

Une alliance a ainsi vu le jour: l’Alliance de la Presse d’Information Générale. Cette structure regroupe les trois syndicats professionnels de la presse quotidienne, nationale, régionale, et départementale ainsi que la presse hebdomadaire régionale.

Pour autant, cette alliance ne prend pas en compte les médias indépendants. Jean-Christophe Boulanger préside le Spiil, qui regroupe 180 éditeurs. Dans un article publié par Le Monde, ce dernier a déclaré: “J’ai proposé à l’Alliance de discuter d’une société de gestion des droits d’auteur, pour avoir une approche commune, je n’ai pas eu de retour”.

Les médias indépendants seraient-ils condamnés à mener seuls le combat contre les géants du web?

Les GAFA peuvent-ils refuser les négociations?

Malgré la prise de contact avec une quinzaine d’avocats spécialisés dans la propriété intellectuelle, aucune réponse ne nous a été communiquée. Impossible donc de savoir si les GAFA peuvent refuser ou non les négociations. Cependant, si les deux géants du numérique publient sans autorisation, le texte prévoit une peine pouvant aller jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 300.000 euros d’amende.

Aux Echos, Giuseppe de Martino répond: “Est-ce que des grandes plates-formes pourraient aller jusqu’à fermer leurs services aux éditeurs de presse? Les contenus de la presse ne sont pas clefs pour les plates-formes et elles ne sont pas prêtes à payer des sommes folles, voir prêtes à payer tout court.

Pour Patrick Mignola, président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale, il semble “inimaginable qu’ils refusent d’appliquer la loi et préfèrent fermer leurs services d’actualité” déclare-t-il dans une interview au Nouvel Economiste. Inimaginable? Mais possible…

Quand Google contourne la loi

Par le passé, Google a prouvé sa capacité à jouer avec la loi.

En 2013, l’Allemagne lance le projet de loi “Lex Google“, porté notamment par les groupes de presse Springer et Bertelsmann. La réaction de Google fut la suivante: “Nous proposons aux éditeurs une nouvelle possibilité : nous indiquer s’ils veulent ou non que leurs contenus restent référencés sur Google News”.

En d’autres termes, un ultimatum a été posé aux éditeurs de presse allemands : être référencé gratuitement sur leur site ou en être exclu. La loi entre en vigueur à l’automne qui suit, et pourtant, aucun média allemand, ni même les groupes Springer et Bertelsmann, ne se trouve déréférencé de Google News.

Les raisons? La loi n’oblige pas Google à rémunérer les éditeurs et ces derniers renoncent finalement à leurs droits, Google News leur apportant trop d’audience…

Autre cas en France, un an plus tôt.

Le pays fait le choix de renoncer à la loi. En effet, Google négocie un accord avec les éditeurs français via son Fonds Google. Doté de 60 millions d’euros sur trois ans, ce Fonds finance les projets numériques des éditeurs français.

La sanction la plus rude est celle de l’Espagne.

C’est une première mondiale, en 2014, Google Actualités décide de fermer son site. En cause, la législation espagnole qui contraint le géant du web à rémunérer les éditeurs de presse. La décision a provoqué une chute considérable des audiences des journaux en ligne. De plus, Google Actualités ne semble toujours pas disponible pour l’heure…

A la différence de la loi adoptée en France, la législation ibérique établissait un droit “inaliénable” des éditeurs de presse à recevoir une compensation financière. Pour les députés, parlementaires et journalistes, les dérives évoquées ci-dessus ne devraient pas se reproduire.

Cette fois, la loi a été adoptée au niveau européen. Le poids que représente la population européenne est considérable pour le marché de Google et Facebook.

Catherine Morin-Desailly, sénatrice centriste commente: “Google a intérêt à poursuivre son activité en Europe qui est un marché profond et durable de 500 millions de consommateurs. C’est le premier marché économique organisé“.

La France est le premier pays à transposer la directive européenne du droit voisin dans sa législation. Quant aux autres pays membres de l’Union Européenne, ils ont jusqu’en 2021 pour instaurer la loi.

Le droit voisin et son extension à la presse

Le droit voisin s’invite à la table des éditeurs et agences de presse. Dans ce cadre, des médias français pourront demander de l’argent au GAFA (Google-Amazon-Facebook-Apple). Premier volet de notre série en 3 épisodes sur ce nouveau droit de la presse qui pourrait révolutionner la visibilité des médias sur internet. 

Qu’est-ce que le droit voisin du droit d’auteur?

Créé par la loi Lang n°85-660 du 3 juillet 1985, le droit voisin est un droit annexe au droit d’auteur. Il s’inscrit dans le Code de la Propriété Intellectuelle (CPI).

Ce droit permet d’apporter une protection aux personnes qui participent à la création d’une œuvre, sans pour autant en être les créateurs.

Qui peut demander un droit voisin?

A l’origine de sa création, le droit voisin s’applique à trois catégories de personnes: les artistes-interprètes (chanteurs, acteurs, toute personne qui interprète une œuvre), les producteurs de musique ou de vidéo, et les organismes de radiodiffusion et de télédiffusion.

Que permet le droit voisin?

Le droit voisin comporte des droits patrimoniaux et des droits moraux.

Les droits patrimoniaux permettent à l’ayant droit d’autoriser ou d’interdire l’utilisation et l’exploitation de sa prestation. Il peut également demander une rémunération lorsque sa prestation est utilisée ou exploitée. En France, depuis 2015, la durée des droits patrimoniaux est de 70 ans à compter du 1er janvier de l’année suivante.

Les droits moraux sont en charge, d’une part, du respect du nom de l’artiste (à chaque utilisation, le nom de l’artiste doit être indiqué) et d’autre part, du respect de l’interprétation (on ne peut modifier une interprétation sans autorisation.)

Le droit voisin est éternel, il ne peut être supprimé, ni vendu, et se transmet aux héritiers.

Qui gère les rémunérations des ayants droit?

Un organisme, la SPRÉ (Société pour la Perception de la Rémunération Equitable), collecte les revenus auprès des utilisateurs et les répartit dans quatre sociétés:

  • L’ADAMI (Société civile pour l’administration des droits des artistes et musiciens-interprètes)
  • La SPEDIDAM (Société de perception et de distribution des droits des artistes-interprètes) pour les artistes interprètes
  • La SCPP (Société civile des producteurs phonographiques)
  • La SPPF (Société des producteurs de phonogrammes en France) pour les producteurs.

Par la suite, ces sociétés redistribuent les revenus aux ayants droit.

Quelles sont les sanctions en cas de non-respect du droit voisin?

La contrefaçon, la reproduction ou la diffusion d’une œuvre sans autorisation peuvent être sanctionnées soit civilement (versement de dommages et intérêts en réparation d’un préjudice) soit pénalement (trois ans d’emprisonnement et de 300.000 euros d’amende).

Extension du droit voisin pour les éditeurs de presse : la directive européenne

Le 26 mars 2019, après deux ans de débat, les eurodéputés ont définitivement adopté la réforme européenne du droit d’auteur: l’objectif était de moderniser ce droit à l’ère du numérique.

Dans cette directive, l’article 15 (anciennement article 11) ajoute de nouveaux bénéficiaires au droit voisin : les éditeurs et les agences de presse.

Que dit la directive européenne à propos des éditeurs et des agences de presse?

Les rédactions peuvent désormais demander une rémunération aux agrégateurs d’informations, comme Google News, ou aux réseaux sociaux, comme Facebook, lorsque ces derniers utilisent et diffusent leur contenu sur leur site.

Auparavant, ces plateformes référençaient et transmettaient les publications des médias sans donner de compensation financière aux éditeurs : un problème à l’heure ou ces géants du web sont devenus les principaux diffuseurs de l’information.

Les contenus des éditeurs sont protégés pendant deux ans. Les éditeurs peuvent renoncer à ce droit. Les Etats membres de l’Union Européenne ont deux ans pour transposer le texte dans leur législation nationale.

Quelles sont les exceptions dans la directive?

Les éditeurs de blogs ne bénéficient pas de ce droit car leurs publications ne sont pas “sous le contrôle d’un éditeur de presse”.

Les publications scientifiques et universitaires ne sont pas non plus soumises aux droits voisins.

L’usage de liens hypertextes est exclu de ce droit, car il ne “constitue pas une communication au public”.

L’utilisation de mots isolés (comme les hashtags), les reprises d’extraits “très courts”, ou le rappel de faits rapportés dans les publications de presse sont exclus de ce droit.

Seuls les sites réalisant des bénéfices sont concernés par la directive. Les usages privés ou non-commerciaux sont exclus de la directive.

L’adoption de la directive en France

Portée par le Sénateur socialiste David Assouline, la directive européenne a été et définitivement adoptée le 23 juillet 2019. La France est le premier pays de l’UE à transposer cette directive dans sa législation. Elle reprend en majeure partie le texte des eurodéputés, mais plusieurs amendements ont été apportés.

La loi française précise les entités qui sont tenues de payer ces droits voisins. Sont donc pris en compte, les “services de communication au public en ligne”, soit les moteurs de recherche, les réseaux sociaux et les grandes plateformes.

Les photographies et les vidéos réalisées par les agences et les éditeurs de presse sont considérées comme des “publications de presse” et sont donc incluses dans la loi.

Le texte français établit également un droit pour les journalistes, auteurs des publications, d’obtenir une part de la rémunération dédiée aux éditeurs et aux agences de presse.

Une clarification pour la répartition de la rémunération des éditeurs de presse, a également été ajoutée. Elle prendra en compte “les investissements humains, matériels et financiers réalisés par les éditeurs et les agences de presse”, ainsi que leur “contribution à l’information politique et générale”.

Aussi, le texte prévoit un ou plusieurs organismes en charge de la collecte et de la redistribution des recettes. L’organisme reste à définir. Enfin le droit patrimonial, détenu par les agences et les éditeurs de presse, est fixé à 5 ans.

Protection et accès à l’information, les nouveaux enjeux du journalisme

Depuis le 17 juillet, les internautes kazakh se retrouvent automatiquement redirigés sur une page du gouvernement les invitant à installer un nouveau certificat SSL. Les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) kazakh ont reçu l’instruction du gouvernement d’obliger leurs utilisateurs à installer ce certificat SSL pour accéder au réseau et contourner le protocole de chiffrage HTTPS. Cette mesure viserait à protéger les citoyens, les organismes publics et entreprises privées contre les attaques de pirates informatiques, les fraudeurs sur Internet ou autre type de cyber-menaces. Mais derrière cette explication étatique, beaucoup d’internautes y perçoivent une façon de surveiller toute l’activité des journalistes et activistes sur Internet.

Un certificat SSL permet normalement de lier utilisateur, nom de domaine et serveur afin de chiffrer les échanges de données et certifier qu’un site web est bien celui qu’il dit être. Mais une fois installé, le certificat kazakh offrirait une ‘backdoor’ (porte dérobée) aux autorités: celui d’origine, copié et modifié, est remplacé par le nouveau qui déchiffre les données, examiner le contenu puis les chiffres à nouveau sans que l’utilisateur lambda ne puisse remarquer la manœuvre.


Depuis les révélations de surveillance mondiale dans les documents d’Edward Snowden, les géants du web ont changé leurs techniques de sécurisation des données.


Qu’est-ce qu’un “Fournisseur d’Accès à Internet”?

Un Fournisseur d’accès à Internet (FAIest l’organisme qui permet le raccordement aux réseaux Internet à l’utilisateur. 

En France, il s’agit de Free, SFR, Bouygues Telecom, Orange, Colt…

Ils sont généralement gérés par des entreprises privées (France, États-Unis ou Kazakhstan) mais peuvent parfois être administrés directement par un État qui souhaite garder un contrôle total sur ses réseaux (Chine).

Dans la chaîne de l’information, deux FAI distincts interviennent pour lier l’émetteur et le récepteur aux réseaux.

Les FAI représente un intérêt politique de plus en plus important, car c’est par eux que circule toute l’information sur Internet.

Le “Man-in-the-middle” intercepte vos données

En cryptographie, on nomme ce type d’attaque ‘Man-in-the-middle’ (l‘homme du milieu).

Intercepter une connexion sans que l’émetteur et le récepteur ne s’en rendent compte. Le risque principal du certificat SSL est qu’une fois la clef cryptographique compromise l’ensemble des données est déchiffrable par un tiers.

L’attaque au Kazakhstan évite le problème de la cryptographie. Ni l’hébergeur ni l’utilisateur (qui a installé le certificat étatique) ne peut se rendre compte de l’attaque.

Cependant des internautes avertis ont pu rapidement repérer la supercherie et le signalement transmis aux éditeurs de navigateurs peut ensuite être suivi d’un bannissement du certificat corrompu, ce qui entraînerait un blocage de l’accès aux sites aux utilisateurs kazakh.

Des précédents de censure de l’information au Kazakhstan

Depuis 2012, la majorité des titres indépendants du pays catégorisé comme “extrémistes” ont été interdits dans le pays, faisant chuter le pays à la 158ème place sur 180 dans le classement de la liberté de la presse de Reporter sans frontière.

Le Kazakhstan avec un taux de connectivité de plus 76% représente l’un des pays les plus connecté d’Asie, les mesures de censures d’Internet se heurtent dès lors à une grande opposition dans la population.

En 2015, le gouvernement avait déjà tenté d’installer le même moyen de surveillance des réseaux, mais les banques, FAI, et diverses organisations du privé et du public avaient fait pression sur le gouvernement, car ce type de mesure isolationniste se fait au risque d’être coûteuse pour l’économie du pays.

Ces tentatives sont non sans rappeler le Grand Firewall de la Chine qui organise la censure et la surveillance à l’échelle du pays, au point de créer un intranet coupé du reste du monde, l’usurpation du certificat SSL étant une des nombreuses méthodes utilisées.

Depuis 2013, les révélations de l’ancien consultant à la NSA Edward Snowden démontre comment l’agence de renseignement nord-américaine a établi une surveillance mondiale des réseaux Internet et de télécommunication.

Si le protocole internet HTTPS sécurise les échanges de données, la NSA a montré qu’elle pouvait malgré tout – et entre autres – tracer les activités des utilisateurs.

La solution VPN pour sécuriser ses sources

Pour parer à ce type d’espionnage ou de blocage, il existe différentes techniques qui dépendent de la situation et des besoins de l’utilisateur.

Un VPN (Réseau privé virtuel) permet de créer un tunnel de l’ensemble du réseau avec un serveur distant et d’accéder aux sites normalement bloqués via ce serveur relais.

Cependant, la sécurité d’un VPN reste relative à la technologie de chiffrage utilisé et dépend de la confiance de l’utilisateur avec le fournisseur du service qui dispose d’un accès direct aux données échangées.

Le VPN n’est pas gratuit. Selon les régions du monde, il n’est pas toujours accessible. Si en France, des entreprises privées proposent des VPN illimités pour quelques euros par mois, au Tchad le service d’un VPN, qui était nécessaire pour accéder aux réseaux jusqu’au mois de juillet, coûte au minimum 10€ le gigaoctet.

“L’oignon” au secours de la libre information

Une autre solution est l’utilisation du navigateur Tor. Il permet de profiter d’un réseau décentralisé de relais dans le monde pour rendre tout traçage ou interception des données très difficiles (mais toujours relatifs).

Tor est en constante évolution et permet notamment un accès au web même depuis les pays qui tente de le bloquer. Comment ? Grâce à un système de passerelles pour rejoindre le réseau Tor via des relais alternatifs.

L’utilisation de Tor laisse malgré tout une trace importante : les FAI locaux ainsi que tout observateur du réseau peuvent repérer l’utilisation du navigateur. Ainsi, un journaliste souhaitant crypter ses activités sur les réseaux peut dans le même temps attirer l’attention sur lui et ses informations.

Schémas du logiciel Tor et du protocole HTTPS

Depuis les révélations de surveillance mondiale dans les documents d’Edward Snowden, les géants du web ont changé leurs techniques de sécurisation des données. Notamment par la normalisation du protocole HTTPS au détriment du HTTP classique (“s” signifiant sécurisé). 

L’activité sur les réseaux étant de plus en plus facilement traçable, c’est le chiffrement des échanges à travers de nouvelles méthodes de cryptographie qui s’est considérablement démocratisé.

Suite aux révélations de surveillance des télécommunications, des applications de messageries internet comme WhatsApp, Telegram ou iMessage ont été les premières à installer le chiffrage sur les conversations écrites puis orales.

La transparence est la sécurité, la cryptographie est la clef

En parallèle, les rédactions de journaux du monde ont également suivi la tendance. Elles ont progressivement adopté les nouvelles plateformes qui proposent des solutions sécurisées pour la sauvegarde internet de données et la diffusion d’informations sensibles.

Open Source VS Propriétaire

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce sont pour la plupart des programmes open source –dont le code source est public et non pas privatisé– qui sont recommandés pour la sécurisation de données. Cela signifie que quiconque peut explorer le code pour y déceler les failles. En conséquence, les programmes open-source basent toute leur sécurité sur la cryptographie et l’échange sécurisé des clefs.

Dissimuler le code revient également à ne pas être entièrement transparent avec l’utilisateur sur le fonctionnement du système.

Le programme propriétaire ne permet pas au grand public d’accéder au code source, selon un principe de sécurité par l’obscurité: c’est le code lui-même qui est crypté pour que les failles éventuelles du programme ne soient pas accessibles.

C’est la politique d’une société comme Apple qui vante l’impénétrabilité de leurs systèmes. Cependant, celle-ci demeure comme toujours relative et repose sur un contrat de confiance avec l’utilisateur qui perd le contrôle sur ses données.

Il n’existe pas en sécurité informatique de solution pérenne, c’est un domaine en constante évolution: un programme, aussi sûr soit-il aujourd’hui, peut être compromis le lendemain par une nouvelle faille.

Les journalistes doivent apprendre de plus en plus à jongler avec les technologies qu’ils utilisent pour garantir le secret des sources, de plus en plus mis en danger par l’évolution rapide des technologies. Si la cryptographie n’est pas un domaine facile d’accès, elle semble représenter aujourd’hui l’avenir à moyen terme de la sécurité informatique pour les journalistes et activistes de pays dictatoriaux.

Coup d’envoi du Réseau des Médias en France pour la Paix, des solutions concrètes en vue!

Le coup d’envoi du Réseau des Médias en France pour la Paix a été donné le 27 juillet à Paris par Wahib-Lucas Makhlouf, manager de HWPL France. Une vingtaine de personnes dont des journalistes et des citoyens ont pris part à la cérémonie de lancement qui a été organisée à l’hôtel Ibis, porte de Bercy.

La création de ce réseau dont l’initiative revient à l’ONG internationale, Heavenly, Culture, World Peace, Restoration of Light (HWPL), va permettre aux journalistes exerçant en France de se concerter, et de débattre d’une manière régulière des moyens de promouvoir les valeurs de la paix dans le secteur des médias.

Une plate-forme de partage d’articles dénommée “Peace Initiative” a été d’ores et déjà mise sur pied avec comme objectif la promotion d’un contenu médiatique valorisant la paix tant du point de vue du volume que de la qualité.


“Si les journalistes se dédient à l’effort de paix, les pensées des personnes et notamment des hommes politiques changeront”


“Nous avons réalisé qu’une seule réunion n’est pas suffisante pour partager le message de paix” a expliqué Wahib-Lucas. “Nous avons créé ce réseau a-t-il ajouté, car nous avons besoin de quelque chose de plus concret et de plus régulier”. Toutes les personnes qui travaillent dans les médias et qui souhaitent à travers leurs articles sensibiliser le public sur le thème de la paix peuvent rejoindre le réseau.

Selon le manager de HWPL France, le réseau est ouvert également aux étudiants, aux professeurs d’université des départements des médias et de la communication et à toute personne militant pour la paix.

Au sein  du réseau, les professionnels des médias trouveront les encouragements qui les aideront à prendre des initiatives ainsi que des outils à même de les éclairer sur leurs responsabilités envers le public. 

Invité à la tribune, le journaliste de la MDJ, Makaila Nguebla tout en se félicitant de cette “belle initiative” a souhaité que “la France puisse s’approprier le réseau”. Et d’ajouter “J’ai été séduit par l’action de HWPL. On a pensé à mettre en place un réseau pour les reporters de guerre mais pas pour les journalistes qui travaillent pour la paix” a-t-il déclaré. “Ce réseau est d’autant plus nécessaire que le monde est aujourd’hui dévasté et menacé par les conflits politiques, confessionnels, ethniques, les guerres civiles, l’insécurité et le terrorisme”.

Notons que la cérémonie a été marquée par la signature d’un contrat symbolique associant les nouveaux adhérents à HWPL. HWPL fut l’initiatrice en 2016 de la “Déclaration pour la paix et la cessation des guerres dans le monde”.

L’ONG espère soumettre ce texte l’année prochaine à l’assemblée générale de l’ONU en vue de le faire adopter comme une résolution ayant force de loi.

Le fondateur de HWPL, Man Hee Lee est un ancien soldat de la guerre de Corée (1950-1953) qui a vécu l’enfer des tueries à grande échelle. D’après lui: “Si les journalistes se dédient à l’effort de paix, les pensées des personnes et notamment des hommes politiques changeront”.

HWPL

C’est une ONG internationale affiliée à l’ECOSOC de l’ONU avec un statut consultatif. Depuis novembre 2016, elle a réalisé dans 22 pays 40 forums ayant réuni 176 journalistes. Ces forums autour du journalisme de paix visent à renforcer les valeurs humaines et de paix dans chaque secteur de la société : la politique, le social, la religion…

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