RD Congo : un nouveau gouvernement sans issue

Le nouveau gouvernement a été investi le 26 avril par l’Assemblée nationale. Mais, il aura fallu patienter dans l’angoisse 4 mois durant. L’attente du précédent gouvernement avait duré 9 mois, le temps qu’un bébé prenne forme et naisse. Pourtant, l’enfant est né malingre.

Le nouveau gouvernement a été investi le 26 avril par l’Assemblée nationale. Mais, il aura fallu patienter dans l’angoisse 4 mois durant. L’attente du précédent gouvernement avait duré 9 mois, le temps qu’un bébé prenne forme et naisse. Pourtant, l’enfant est né malingre.

Enfin, le voilà, le gouvernement Sama Lukonde (le nom du nouveau Premier ministre). Seulement voilà : il porte les mêmes tares que celui qui l’a précédé, concocté à l’aune des désidératas de l’ancien président Kabila.

Quant à la forme et de par son programme, ce gouvernement est proprement ce qu’il convient d’appeler un « inventaire à la Prévert », c’est-à-dire un méli-mélo comprenant près de 350 devoirs à accomplir, en un laps de temps record. (Un inventaire à la Prévert est une énumération hétéroclite).

Sur le fond, on retrouve les mêmes failles d’ossature : le gigantisme ronflant (57 ministres budgétivores) ; absence d’équilibre régional (facteur important en RD Congo) ; inconséquence politique (projets formés sur la base d’un budget chimérique), qui est, en fait, un mensonge vis-à-vis du peuple ; retour au gouvernement de mêmes têtes, blanchies sous les harnais des combines, de la triche et des massacres du peuple congolais…

Une sarabande mortifère

A bien regarder, ces défauts ne sont pas que conjoncturels. Ils tissent leur origine bien loin dans le temps, depuis que le pays connaît la faillite politique, à l’aube de son indépendance, en 1960. Depuis, il y a comme une sorte de lien organique qui prospère et oriente les hommes politiques à n’épouser que le négativisme (pathologie à plusieurs spécificités).

Pour ceux qui croient aux forces obscures de sortilèges – et ils ne sont pas moins nombreux -, ils évoquent volontiers la malédiction proférée par le général belge Emile Janssens (surnommé Petit Maniaque). Pris d’une folle colère, à l’idée que le Congo aller acquérir son indépendance, il jeta l’anathème : « Le Congo avant l’indépendance est égal au Congo après l’indépendance ». C’était fin 1959.

Les Romains qui aimaient bien la guerre de conquête disaient aux vaincus : « Statu quo ante bellum », signifie littéralement « comme les choses étaient avant la guerre ».

Qu’on ajoute foi à ces deux hypothèses ou non, la réalité est sous nos yeux, toute crue. Depuis 1960, le Congo tourne en rond, dans une sarabande mortifère. Le Congolais vit depuis des décennies avec un demi-dollar (cinquante cents) par jour. Les statistiques qui lui accordent plus de ce montant méritent d’être corrigées.

De fait, en dehors du gouvernement Lumumba – du 24 juin au 5 septembre 1960 -, soit 74 jours seulement de vie démocratique, le reste est une véritable parodie de démocratie. Depuis, trente-deux « gouvernements d’apparat » se sont succédé, s’étirant sur une période de 61 ans de mensonge éhonté et de dictature.

Il y eut donc trente-deux « Premiers ministres bidon », au service de la volonté des maîtres des horloges Mobutu et Kabila Joseph, pour ne pas le citer. Qu’y a-t-il changé entre les deux régimes précédents et celui que dirige Tshisekedi ? Du parlement monocolore de Mobutu, à parti unique, à l’indéfinissable « Union sacrée » de l’actuel chef de l’Etat, en passant par les années de plomb sous Kabila Joseph, le « système » demeure vivace. C’est du même au pareil.

De la poudre aux yeux

Le maître mot qui englobe ces trois régimes s’appelle « illégitimité ». Et, celle-ci a plus d’épaisseur, d’autant que Tshisekedi a été nommé par un deal plutôt qu’élu, deal conclu avec son prédécesseur Kabila.

Sama Lukonde devient donc le 33ème « Premier ministre bidon », au service d’un prince à qui il doit obéir au doigt et à l’œil. Mais qui, contrairement aux princes jadis disposant des ressources, est presque désargenté. Le Trésor public ayant été siphonné par le prince lui-même et ses conseillers voraces. Le pays est financièrement exsangue.

Pourtant, le nouveau Premier ministre s’entête. Son plan d’action sur trois ans, jusqu’à fin mandat de Thisekedi, en 2023, s’appuie sur 36 milliards de dollars, dont presque 15 milliards destinés au budget ordinaire, pour la même période. Sama Lukonde, avec son inventaire à la Prévert, se prévaut de ces chiffres sans pour autant préciser les moyens par lesquels il disposera de cette somme. C’est de la poudre aux yeux du peuple.

Fatigué de mensonges, ce peuple, sceptique, attend de voir. La communauté internationale, par élégance, se mure dans le silence. Nombre d’analystes, friands d’actualités du Congo, se replient dans leur tour d’ivoire, n’ayant plus grand-chose à dire. Sama Lukonde, à l’instar de ses trente-deux prédécesseurs, va aller fatalement droit dans le mur.

Tant que la chaîne de l’illégitimité ne sera pas rompue, pour libérer la démocratie, aucun gouvernement ne sortira du labyrinthe.

Par Jean-Jules LEMA LANDU, journaliste congolais, réfugié en France

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Algérie. Le Hirak aux prises avec la police politique

Cœur battant du régime, la police politique algérienne donne des signes d’essoufflement dans sa fonction d’animatrice « souterraine» de la vie politique nationale. Usée jusqu’à la corde sa propagande est devenue inopérante, signe s’il en est, que la population a changé.

Cœur battant du régime, la police politique algérienne donne des signes d’essoufflement dans sa fonction d’animatrice « souterraine» de la vie politique nationale. Usée jusqu’à la corde sa propagande est devenue inopérante, signe s’il en est, que la population a changé. 

Les montages médiatiques récurrents à l’effet d’entraver l’action du mouvement anti-régime, Hirak, sont désormais accueillis par l’opinion publique avec ironie et incrédulité. Toutes les tentatives de criminalisation du mouvement populaire se sont soldées par un échec. 

Après que la télévision publique eut consacré un temps d’antenne à un « terroriste islamiste » qui disait préparer des opérations violentes au niveau du Hirak, et ce, sous l’instigation du mouvement « islamiste » Rachad, la même télévision s’est offert quelques jours plus tard, un show à la limite du grotesque, dont l’acteur est un « marchand d’armes », qui prétendait avoir pris contact avec des éléments du mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) pour une livraison d’armes. Le mouvement indépendantiste kabyle projetait, selon lui, de perpétrer des attentats aux quatre coins de l’Algérie.

 Aussi, des opposants de courants divers installés à l’étranger, pour la plupart des lanceurs d’alertes sur les réseaux sociaux, avaient été la cible d’une campagne d’intimidation orchestrée par Alger. Des communiqués officiels les ayant accusés d’entreprise terroriste, avaient annoncé que des mandats d’arrêt internationaux ont été lancés à leur encontre. Plus d’un mois après ces accusations, les lanceurs d’alertes incriminés continuent de narguer les autorités en poursuivant leur activisme avec la même détermination. Visiblement, les autorités n’ont aucune preuve et avaient misé sur l’effet d’annonce comme si elles voulaient occuper le terrain avec un produit inexistant. 

Ce qui retient l’attention, c’est que les attaques contre le Hirak puisent leur vigueur dans ce que le pouvoir croit être les failles de la société algérienne : l’inclination islamiste et la peur d’une dissidence kabyle. En réalité, la police politique a, depuis l’indépendance, joué sur ces deux tableaux. Elle n’a fait que mettre à jour son logiciel d’attaques. Le spectre d’un zéro vote en Kabylie constitue une véritable hantise pour les décideurs militaires qui ont imposé la tenue d’élections législatives pour le 12 juin prochain. Pour les tenants du pouvoir, casser du kabyle revient à casser le Hirak. Tout est bon pour diviser la société algérienne et l’amener à substituer à la lutte contre la classe dirigeante, la lutte religieuse et la lutte ethnique. C’est dans cet ordre d’idées que l’islamologue Saïd Djabelkhir est traîné dans la boue. La justice algérienne, instrumentalisée qu’elle est par les officines de l’ombre, a condamné en première instance cet universitaire à trois ans de prison pour « offense aux préceptes de l’islam » livrant ainsi à la presse et surtout à la presse internationale une matière dont elle raffole. 

Quand les agressions fusent dans le registre ethnique, elles sont souvent exprimées par des ministres, des chefs de partis ou des députés obséquieux appartenant à la mouvance dite « islamiste ». Une faune politique très impliquée dans les réseaux de corruption de l’État. Une députée fantasque dont les élucubrations l’ont amenée à déclarer avoir été victime d’un ensorcellement, a passé la totalité de son mandat à susciter, via les réseaux sociaux, la haine entre berbérophones et arabophones. Les officines de l’ombre ont découvert une curieuse façon de capitaliser la parité politique hommes-femmes dans l’assemblée nationale. Notre députée doit son intrusion dans le champ politique grâce au quota des femmes instauré par une loi de 2012 suivant en cela, les recommandations de la communauté internationale. Ce qui devait être ainsi un progrès s’est transformé sous la latitude algérienne en un cirque de féminisme de mauvais aloi.

Également cheffe de parti, notre députée s’était crue obligée de faire ses déclarations politiques sous le regard approbateur de son époux. Se revendiquant d’une descendance prophétique, l’«élue » du peuple n’a pas eu froid aux yeux, en soutenant être favorable à la polygamie au motif que c’est un précepte religieux. C’est dire que la police politique algérienne excelle dans le raffermissement de la structure patriarcale de la société. Elle sait que sa survie est tributaire du conservatisme social.

On aura aussi noté la gestion épouvantable de l’affaire Saïd Chetouane. Un jeune hirakiste, plutôt un adolescent qui n’a pas encore atteint la majorité. Arrêté et conduit dans un commissariat lors d’une manifestation du Hirak, il s’était plaint à sa sortie de violence sexuelle. Au lieu de dénoncer les droits bafoués de l’enfant, une certaine presse aux ordres avait mis en exergue le fait que ses parents étaient divorcés, la mère ayant la garde de l’enfant. Aussi, a-t-on laissé parfois entendre que ce dernier était « illégitime » comme pour jeter l’anathème sur la mère. Il est stupéfiant de constater que les autorités ont fini par arracher Said Chetouane à sa mère en le plaçant dans un centre de protection de l’enfance. Ainsi l’État, en bon protecteur de la famille, prétend être le plus à même d’assurer le rôle du père. Triste histoire, le jeune Saïd refuse de boire et de manger depuis qu’on l’a enfermé dans le centre. Ainsi, si le Hirak n’a pas encore réussi à améliorer les droits de l’Homme, il a néanmoins démystifié le régime. 

Celui qui a incarné en Algérie leur défense, maître Ali Yahia Abdennour, aimait à écrire à peu près ceci : « la police politique s’occupe d’accompagner l’Algérien et l’Algérienne depuis sa naissance jusqu’à sa tombe ». Mais, je crois que cette affirmation a cessé d’être vraie depuis le Hirak. Membre fondateur de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) avant d’en devenir le président, Ali Yahia Abdennour vient de décéder le 25 avril 2021. Ses obsèques sont emblématiques du combat que le défunt avait livré contre les services algériens. Le drapeau national et le drapeau berbère, interdit par le général Gaïd Salah, avaient orné son cercueil.

En outre, un autre événement a émaillé ces funérailles. Un échange rude et vif s’était engagé entre Bouzid Lazhari, président du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) et l’opposant Karim Tabbou. Coquille vide, la CNDH est un énième organisme étatique recommandé par la communauté internationale. Malheureusement, le « Conseil » a été détourné de sa vocation. Il est devenu une entité qui fait écran aux violations des Droits de l’Homme qu’il est censé protéger. Aussi, en marge de la cérémonie, Tabbou, très remonté contre Lazhari, lui avait asséné: « Vous avez gardé le silence alors que les détenus d’opinion croupissent dans les prisons ». S’étant vu signifier qu’il était « persona non grata », le Monsieur Droits de l’Homme officiel, fut contraint de quitter précipitamment les lieux sous les cris de « Dégage ! ». Force est de constater que la militance hirakienne, c’est aussi le surgissement d’une conscience émancipatrice qui entend s’affranchir de la tutelle de la police politique d’où du reste les nombreux slogans dénonçant cet appareil anti-constitutionnel.

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Journaliste algérien établi en France

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Tchad. La France de Macron à l’épreuve des réalités ?

La disparition du président tchadien Idriss Deby va-t-elle influencer la politique de la France envers ce pays? Le décryptage de Jean-Jules LEMA LANDU, journaliste congolais, réfugié en France.

Françafrique ! Ce néologisme est très connu en Afrique. Il renvoie aux réseaux d’influence « opaques », militaro-mercantiles, entretenus par la France dans sa relation avec le continent africain. Le président Macron, qui voulait être le « dernier de cordée » dans cette mauvaise entreprise, avait promis d’y mettre un point final. Quelle sera l’attitude de la France vis-à-vis de la situation au Tchad, après la disparition du président Idriss Deby ? On sait qu’au-delà de l’inconnue politique qui se présente devant ce pays, ce chef d’Etat constituait un appui non négligeable aux forces françaises Barkane déployées au Sahel.

Pas que. Depuis des décennies, la France militaire campe au Tchad, pour diverses autres raisons, dont celle, capitale, de défendre et contrôler son pré carré.

Novembre 2017, à l’université de Ouagadougou (Burkina Faso), le président français casse les codes : « Il n’y a plus de politique africaine de la France », martèle-t-il. C’est direct. C’est précis. Tonnerre d’applaudissements parmi les 800 étudiants burkinabè qui s’y trouvaient. La déclaration a eu une grande résonance en Afrique. En effet, depuis la chute du Mur de Berlin, en 1989, tous ses prédécesseurs ont certifié la mort de la Françafrique, mais personne n’y est parvenu.

Les présidents François Mitterrand et François Hollande, les socialistes, se sont limités à des vœux pieux. Est-ce parce que la Françafrique avait la vie dure en soi ou, au contraire, c’est parce que ses tenants ne voulaient pas, tout simplement, lâcher leur pactole ?  Quant au président Sarkozy, son désir pour mettre fin à cette forme subtile de néocolonialisme n’avait rien de sincère. A preuve, dans un discours, à Dakar, 2007, il a traité les peuples africains d’arriérés, puisque « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire », selon lui. Autrement dit, la notion de tuteur qui régente tout pour eux devait leur être appli

Ces propos méprisants ont suscité une véritable levée de boucliers en Afrique noire francophone. Plusieurs écrivains et penseurs ont réagi à la provocation dans un ouvrage intitulé « L’Afrique répond à Sarkozy » (Editions Philippe Rey, 2008). Son résumé est simple : « Sapere aude ! » de Horace ou « ose savoir ». Les Africains voulaient dire qu’ils « savaient se servir de leur entendement ».

C’est dans cette atmosphère de méfiance, exprimée de part et d’autre, que le président Macron entre en scène, en 2017. Figure de pédagogue – le bon – et le verbe haut, il promet la mort de la Françafrique dans une sorte de serment : « J’appartiens à une génération qui ne vient pas dire aux Africains ce qu’ils doivent faire », professe-t-il. Exit donc, la génération des Jacques Foccart et autres Albert Bourgi, ceux, qui, après le général de Gaulle, constituaient l’âme damnée des présidents français, à l’égard de l’Afrique.

Aujourd’hui, l’Afrique regarde la France de Macron sur le Tchad, en tourments. Elle est placée au pied du mur. Que va-t-elle faire pour ce pays considéré comme une sorte de fer de lance dans cette partie de l’Afrique de l’Ouest, ensanglantée par des groupes terroristes ? En 2019, le président Macron avait déjà rompu le serment, en bombardant une colonne venue encore une fois de Libye, pour sauver l’ami Idriss.

La situation actuelle au Tchad nous apportera la preuve que la France de Macron a donné un coup de grâce à la Françafrique. Un vrai piège !

 

Par Jean-Jules LEMA LANDU, journaliste congolais, réfugié en France

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Congo. « Marius chez vous », fin d’une émission populaire

Dimanche, 28 mars, Marius Muhunga, annonçait avec une réelle émotion, la fin des émissions TV « Marius chez vous » sur les réseaux sociaux. Il en était, à la fois, le boss et l’animateur vedette. Pour justifier cette cessation, le journaliste évoquait son embauche à « La voix de l’Amérique ».

Ce média congolais émettait depuis Washington DC, capitale des Etats-Unis. Il croulait sous son audience au zénith. En raison, bien sûr, de son excellence.

Je suivais en direct de cette émission spéciale. Elle était conclue par des avis et considérations des fans, celles et ceux qui aimaient suivre cette télévision :  c’était une pluie de félicitations… et un feu de coups d’émotion. Sans doute sincères ! Je ne m’en cache point, j’ai tissé, moi aussi, en l’honneur de mon éminent confrère, un joli bouquet de « fleurs platoniques ».

Tweet de Marius Muhunga annonçant la fin de « Marius chez vous »

De fait, une telle opportunité, pour un journaliste africain, ne relève pas d’une sinécure. Il doit y avoir, pour ce faire, des arguments qui parlent excellence et mérite. C’est, pour Marius, le couronnement d’une carrière flamboyante. Ne le reçoivent que celles et ceux qui ont fait de leur plume et de leur micro un « distributeur » de vérités ; des journalistes qui savent brasser « rigueur du fond et clarté de la forme », pour l’éclat des valeurs républicaines.

Quant à mon bouquet de fleurs, j’avoue que ce sont des roses avec leurs épines. D’un côté, satisfaction et joie, de l’autre, inquiétude, tout de même. Suivie d’une interrogation angoissante : Marius s’est-il donné le temps de triturer la question autour de son « élection » à cette prestigieuse institution américaine ?

Je ne sais. S’il l’a fait, c’est tant mieux. Mais, s’il ne l’a pas fait qu’il essaie de « passer de l’autre côté du miroir », comme on dit, pour en savoir plus. Car, à cause de son rayonnement au sein des populations congolaises, par ces temps de la politique nationale faite de bassesse, « TV Marius chez vous » pouvait être la cible de ceux qui voulaient la voir disparaître. Ces ennemis implacables de la vérité. Ces menteurs au sommet de l’Etat.

Dans ce dernier cas, voilà peut-être un joli « coup de réussite » pour Marius, seul, mais certainement un terrible « coup de massue » pour la masse des Congolais progressistes, épris de justice et d’ardent désir de voir le Congo se relever. Autant au pays que dans la diaspora.

C’est mon humble point de vue.

 

 

Par Jean-Jules LEMA LANDU, journaliste congolais, réfugié en France

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Les islamistes, une marque déposée en Algérie

L’image des islamistes est une « marque déposée » en Algérie. Nul ne peut y toucher sans se rendre coupable de félonie. C’est une image maudite et immuable qui annonce la condamnation à la perpétuité.

C’est ainsi qu’en a voulu le régime en place. Confronté à une opposition inédite, qui menace de l’emporter, le pouvoir algérien est en train d’engager en ce moment la bataille de l’image et de la mémoire autour de la guerre civile des années 1990. Au fur et à mesure que le mouvement anti-régime, Hirak, prend de l’envergure, les islamistes sont montrés du doigt comme les instigateurs sournois de cette insurrection populaire. Du coup, ils sont renvoyés à leur violence djihadiste. C’est eux qui seraient à la manœuvre pour manipuler les millions d’Algériens qui manifestent dans les quatre coins du pays. Comme le dit Gaston Bachelard « Les images ne sont pas des concepts. Elles tendent à dépasser leur signification. » Ainsi, la télévision d’État n’a pas lésiné sur les mises en scène en montrant des « terroristes  ‘daechisés’ » tenant des propos selon lesquels ils seraient impliqués dans un projet violent au sein du Hirak. Depuis Bouteflika, et même au-delà, le récit sur les islamistes est sous contrôle, et il n’est pas jusqu’à la « Charte pour la paix et la réconciliation nationale » qui ne les considère comme les uniques responsables de la décennie sanglante. Aucune nuance n’y est permise. Le régime tente une énième division des populations en espérant voir des pans de la société se désolidariser du courant islamiste Rachad, qui s’est tenu à l’écart du système rentier.  Ce qui confère à ce mouvement politique une certaine virginité politique par rapport à ses homologues islamistes corrompus et largement discrédités. 

Que ce courant ait pu, depuis, évoluer dans le bon sens, ou qu’il ait pu aspirer à se conformer aux desiderata de la démocratie, ou même qu’il ait pu vouloir s’inspirer du modèle islamiste à la tunisienne; cela doit relever du domaine de l’impossible et de l’impensable. Si la presse algérienne était véritablement libre, elle aurait pu se faire l’écho des mutations de l’acteur islamiste qui outre, refuse lui-même l’étiquette d’« islamiste », affirme vouloir contribuer à bâtir un État de droit.

La transgression du « politiquement correct » par le journaliste El Kadi Ihsane

N’empêche, la presse algérienne recèle des individualités remarquables, qui de temps en temps, parviennent à briser la loi de l’omerta. Un petit article intitulé « Pourquoi la place de Rachad doit être protégée dans le Hirak » paru le 23 mars 2021, a mis sens dessous dessus le régime algérien. Signé par le journaliste et éditeur de presse électronique, El Kadi Ihsane (proche de la mouvance laïque), ce papier qui plaide pour l’intégration de l’acteur islamiste dans le mouvement anti-régime, a valu à son auteur d’être convoqué par la gendarmerie nationale sur une plainte, tenez-vous bien, du ministère de …la Communication. El Kadi Ihsane avait, par message vidéo, averti avant de se rendre à la convocation qu’il observerait une « grève de la parole » face aux gendarmes au cas où on l’interrogerait sur le contenu de son travail journalistique. Évidemment, il a tenu parole, ce qui, irrémédiablement en dit long sur la portée de cette affaire.

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Journaliste algérien établi en France

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Guinée. Interview avec le député Sébastien Nadot

Réélu à la tête de la Guinée pour un troisième mandat (après avoir modifié la constitution, qui limitait le pouvoir à deux mandats), le président Alpha Condé accentue la répression à l’encontre de ses opposants. Bilan : plus de 200 personnes ont été tuées par les Forces de défense et de sécurité (FDS) depuis 2010. 

Sébastien Nadot, député de la Haute Garonne et membre de la commission des affaires étrangères à l’assemblée nationale française, suit de près la situation en Guinée. Il a accepté notre invitation et a répondu aux questions de Mamadou Bah.

 

 

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Algérie. Des présidents agonisants

L’autre jour, en flânant dans Paris, je suis tombé sur un SDF absorbé par la lecture d’un livre. Oui, cela se remarque, à Paris, la culture s’est démocratisée, elle n’est plus l’apanage des seuls clercs. Elle irrigue jusqu’aux petites gens, parmi les plus démunies et les plus délaissées.

La posture du SDF qui lit, buste incliné, presque couché sur un banc public, suggérait qu’il tenait entre les mains un de ces bouquins à l’eau de rose, un Harlequin, peut-être. J’engage la conversation avec lui. Eh bien, je n’en reviens pas lorsqu’il me montra la première de couverture : Les lois fondamentales de la stupidité humaine, de l’auteur italien Carlo Maria Cipolla. 

C’est un opuscule publié en 2011 dont je n’ai jamais entendu parler. Je suis allé très rapidement le chercher en librairie. On en parcourt les pages avec avidité. Ça diffère du principe de Peter qui s’applique au monde du travail. Principe selon lequel tout employé est appelé à s’élever à son niveau d’incompétence. En revanche, le texte de Cipolla est une démonstration que l’humanité est dominée par les stupides et les non stupides.

© Yanrazz’s Blog

La thèse est illustrée par des schémas représentant l’axe des abscisses et des ordonnées. Ça permet une replongée dans les cours de mathématiques qu’on a eus jadis au collège. Le genre humain stupide se répartirait en stupides proprement dits, en crétins et en bandits. Ce qui me rassure c’est que la stupidité représente dans chaque société humaine la même proportion d’individus.

Qu’on vive dans un pays industriel ou dans un pays sous-développé, on retrouve le même pourcentage de gens stupides. On y apprend donc que le nombre de stupides est proportionnel à celui de la population. On y apprend aussi que la stupidité touche, en fait, les deux sexes avec toujours le même pourcentage quoique les hommes stupides sont légèrement plus nombreux que les femmes stupides. Ceci du fait de la démographie qui est à l’avantage des premiers.

Si on devait créer une nouvelle science que je me propose d’appeler la “stupidité appliquée”, il est aisé d’y dégager la loi suivante : le succès de la démocratie euro-américaine tient au fait qu’elle parvient – avec plus ou moins de bonheur – à neutraliser la composante stupide de sa population.

Les électeurs avertis mènent campagne contre les acteurs susceptibles de nuire à l’intérêt général. En un mot, ce sont les gens normaux, c’est-à-dire ceux qui ne sont ni stupides, ni crétins, ni bandits, qui empêchent les êtres stupides de sévir.

Sous d’autres cieux, l’organisation d’élections truquées, comme en savent faire les régimes policiers, empêche la matière grise de remonter vers le haut. C’est, du reste, souvent sous l’angle de la stupidité que le Hirak algérien (le mouvement de protestation qui agite l’Algérie depuis février 2019) dénonce la nomenklatura militaire qui détient les rênes du pouvoir politique, économique et financier.

Cette nomenklatura semble avoir trouvé goût, depuis Bouteflika, à introniser des présidents potiches “proches du cercueil” pour reprendre les termes d’un hirakiste de la Place de la République, l’agora parisienne où chaque dimanche les Algériens de la diaspora se donnent rendez-vous pour apporter leur soutien au soulèvement algérien.

L’on s’y était beaucoup amusés ce week-end à commenter la récente désignation à la tête du Sénat d’un apparatchik de 91 ans. La rumeur dit qu’il souffre de la maladie d’Alzheimer. Cela promet, car c’est la garantie que l’actuel chef de l’État, qui ne s’est pas encore remis de sa maladie, est susceptible d’être remplacé par plus malade que lui. 

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Journaliste algérien établi en France

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