La liberté d’informer
Journalistes et lanceurs d’alerte, liberté d’expression et droits de l’Homme… Le combat pour la liberté d’informer est actuel, partout dans le monde et ne cesse d’être menacé. La Maison des journalistes – MDJ – à travers ses nombreuses missions et son journal “l’Oeil de la MDJ” lutte quotidiennement pour que chacun puisse jouir de son droit fondamental : critiquer librement.
Dans la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789, la liberté est le premier des quatre droits de l’Homme. Après la définition de la liberté et le rappel de la primauté de la loi (article 4), c’est le refus de la détention arbitraire (article 7), puis la présomption d’innocence (article 9) et l’affirmation du respect des opinions notamment « religieuses » (article 10). De plus, la « libre communication des pensées et des opinions » apparaît comme la première des libertés (article 11), dont les bornes sont définies par la loi.
La « libre communication des pensées et des opinions » est définie aujourd’hui par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme adoptée par Les Nations Unies en 1948 et ses diverses adaptations dans les lois des pays. Elle est aussi l’objet de réflexions philosophiques, politiques et éthiques quant à la meilleure façon de la pratiquer.
“La plupart des français ne savent pas ce qu’il se passe au Yemen” – Presse 19 à Turin avec la Maison des journalistes
/dans Liberté d'informer, Moyen et Proche Orient /par Guillaume LuerA cette occasion, nous avons interviewé Ameen Al-Safa, pour lui poser quelques questions sur le Yemen et la liberté de la presse.
“Mon nom est Ameen Al-Safa, journaliste yemenite, titulaire d’une maitrise en journalisme. J’ai travaillé à l’agence nationale du Yemen Saba.
J’ai commencé en 2007 à la direction générale pour l’information nationale et internationale. En 2012, j’ai intégré un journal dans lequel j’ai été nommé secrétaire de rédaction en 2015.
J’écrivais sur des sujets politiques et sociaux. Et bien sûr, j’ai couvert la guerre.
J’ai donc observé les rebelles Houthis construirent leur hégémonie, de la prise de la ville de Sa’Dah jusqu’à celle de la capitale. Sanaa est tombé en 2014, ils ont ensuite renversé le gouvernement légitime.”
Comme journaliste, Ameen a donc suivi les différentes prises des rebelles. Aujourd’hui, ces rebelles contrôlent le pays et ont changé de capitale, la ville de Sanaa a perdu son statut au profit d’Aden.
Ameen, journaliste recherché, a donc dû fuir le pays. Il a depuis consacré beaucoup d’énergie pour permettre à sa femme et sa fille de le rejoindre en France.
Menacé par la guerre, l’angoisse d’Ameen pour sa famille était palpable durant de longs mois quand il habitait à la Maison des journalistes. Mais la MDJ n’est pas qu’un refuge pour journaliste exilé, c’est aussi une association qui promeut la liberté d’informer.
Ainsi, Ameen participe régulièrement à l’opération Renvoyé Spécial organisée conjointement avec le CLEMI, ce qui lui permet de présenter son parcours à des lycéens. Au coeur de son intervention, le Yemen.
“Je regarde de temps en temps les réseaux sociaux et les medias français, c’est plus simple quand ils parlent arabe comme France 24. Mais d’une manière générale, les journaux francais ne donnent pas d’importance à cette guerre.
Lorsque je rencontre des lycéens et des français, la plupart n’ont jamais entendu parler du Yemen. Ils disent “je ne sais rien de ce qui se passe au Yemen”. Ils ajoutent que ce n’est pas de leur faute, les medias français ne traitent pas le sujet du Yemen.”
Certes, les ventes d’armes françaises à l’Arabie Saoudite au profit des rebelles qui s’attaquent au Yemen ont défrayé la chronique. Cependant, le sujet traité n’était pas la guerre au Yemen, mais uniquement la vente d’armes françaises.
Le Yemen, un pays qui a connu l’essor d’une presse libre dans les années 90
Le Yemen a aussi connu un “printemps de la presse” dans les années 90 jusqu’aux années 2000. Ameen nous raconte l’histoire de quelques magazines avec émotion.
“Il y a eu beaucoup de journaux en anglais. Le premier fut publié dès 1960, Aden Chronicile fondé par Mamad Ali Loukman et le second The Recorder a été créé par Mamad Bachar Rail.
En 1991 le docteur Abdelaziz Sakaf, fondateur du journal Yemen Times, premier journal en anglais à paraitre au Yemen, permet aux citoyens de s’informer et de faire connaitre aux anglophones l’actualité du pays. Il publiait deux fois par semaine.
En 1996, Faris Saggaf fonde le journal Other Fa, publié trois fois par semaine.
S’en suit la création d’autres journaux comme Yemen Today et Yemen Post tous deux créés par Akhim Massmari. Tous leurs articles sont en anglais.
Depuis la guerre, il y a toujours des journaux qui sont publiés, mais dorénavant ils appartiennent tous au Président Hadi.”
Fresque de Murad Subay à Paris pour dénoncer la guerre au Yemen
La guerre a aussi détruit les médias yéménites
“Depuis le 21 septembre 2014, le mouvement houthiste controle la capitale Sanaa. Dès cet instant, ils ont commencé à détruire des médias, des chaines d’information et des bureaux de presse. Visés en priorité, les médias qui s’expriment en arabe (et qui sont donc plus accessibles pour la population).
Aujourd’hui, beaucoup de journalistes sont en prison, tout comme les écrivains, les activistes… Il n’y a aucun journal qui publie tous les jours au Yemen, sauf le journal intitulé 14 octobre qui est pro-gouvernemental. Il est uniquement publié dans la nouvelle capitale, Aden. Il glorifie les rebelles et les saoudiens au détriment du gouvernement légitime.
Je peux donc vous dire que la liberté de la presse est en deuil au Yemen, mais si nous revenons vers un régime plus républicain, les yéménites ont déjà gouté à cette liberté et ils en voudront encore.”
Pour lire le communiqué de presse en italien, cliquez ici.
Merci au journaliste tchadien Adam Mahamat qui nous a permis de traduire de l’arabe yéménite vers le français.
© Stefano LORUSSO
Qui est Ali Al-Muqri ?
Outre Ameen Al-Saffa, Ali Al-Muqri sera aussi présent lors de cette conférence. Ancien résident de la MDJ, son parcours journalistique et d’écrivain lui permettent d’avoir un regard aiguisé sur la liberté de la presse au Yemen.
Ali Al-Muqri est né dans le nord du Yémen en 1966. Dès la fin des années 80, Il collabore avec de nombreux journaux progressistes yéménites.
En 1997, il devient éditeur d’Al-Hikma, l’organe de presse de l’association des écrivains yéménites. Dix ans plus tard, il est élu directeur de la revue littéraire Ghaiman.
Acquérant la réputation d’homme de lettres engagé, il publie trois romans : « Goût Noir, Odeur Noire », « Le Beau Juif » et « La Femme Interdite » qui a reçu le prix Littérature arabe en 2015.
Il est également auteur d’un essai sur l’alcool et l’islam, livre qui lui a valu de nombreuses menaces et représailles. En 2015, il est contraint de partir du Yemen et vit depuis en France.
Ci-dessous, une vidéo du “Voci Scomode – Presse 19” en 2018
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Pascal Brice: “Tant que nous n’aurons pas une politique migratoire européenne digne de ce nom, la politique du droit d’asile restera sous pression.”
/dans Droits de l'Homme, Europe, France, Liberté d'informer, Moyen et Proche Orient /par Guillaume LuerCe lundi 14 octobre, il y a foule dans l’Amphi 4 de la Sorbonne pour accueillir Pascal Brice, ancien directeur de l’OFPRA et auteur du livre “Sur le fil de l’asile” paru chez Fayard. Il va s’exprimer pendant plus d’une heure au sujet de l’accueil des réfugiés en France et en Europe, et plus particulièrement l’asile politique. C’est aussi une rencontre entre monde diplomatique et académique.
Pascal Brice © Camille Millerand
Contrairement aux précédentes interventions publiques de Pascal Brice relayées sur notre média, le directeur de l’OFPRA a quitté ses fonctions, c’est donc le citoyen qui nous parle.
OFPRA, Pascal Brice: “Je ne connais qu’une réponse: l’accueil, l’humanité et la rigueur”
Durant cette allocution, il va dresser plusieurs constats: l’Union Européenne est désunie sur l’immigration et cela a des conséquences négatives pour les européens et les migrants. De plus, le droit n’est que partiellement appliqué.
L’explosion migratoire, la crise syrienne et les défaillances de l’Europe : 2015, année du chaos
Depuis 1946, le droit d’asile est inscrit dans la Constitution française. Il est même considéré comme un droit fondateur de la République française. Sa directive inclut une protection juridique et administrative aux migrants ainsi qu’une procédure définie par le Conseil Constitutionnel.
“Le citoyen peut être bouleversé par l’ampleur de la catastrophe humanitaire, mais le directeur de l’OFPRA agit en fonction d’un cadre juridique.”
En 2014, la Méditerranée devient la route principale de l’exil et les européens découvrent avec effroi les nombreux morts par noyade. L’année suivante, les demandes d’asile explosent: tandis que la Turquie reçoit de l’argent par l’Union Européenne pour prendre en charge 3 millions de réfugiés, l’Europe agit en ordre dispersé.
Camp de réfugié le long du canal de la Vilette proche de la rotonde de Stalingrad – Hiver 2017 © Valentine Zeler
En 2015, l’Allemagne accueille un million de réfugiés tandis que la France se limite à 120.000 personnes.
“La Grande Bretagne quant à elle ferme ses frontières au mépris de toutes les conventions signées, y compris celle de Genève. L’Europe de l’est suit la tendance britannique.”
Parmi eux, certains subissent les passages de milliers réfugiés comme l’Autriche.
Des difficultés d’organiser le droit d’asile
“Le citoyen peut être bouleversé par l’ampleur de la catastrophe humanitaire, mais le directeur de l’OFPRA agit en fonction d’un cadre juridique.” Or, la convention de Genève et les autres traités internationaux dédiés à l’immigration sont mal appliqués.
“On est loin des exigences” rappelle-t-il. “Tant que nous n’aurons pas une politique migratoire européenne digne de ce nom, la politique du droit d’asile restera sous pression.”
Quelle est la capacité des européens à faire face aux questions migratoires ? “Il faut avant tout éviter le catastrophisme car l’argument se transforme en chantage. Essayons d’être bienveillant et d’appliquer le droit.”
Ce droit, Pascal Brice a essayé de l’appliquer dès sa prise de fonction en décembre 2012. Il constate que l’OFPRA a accordé le droit d’asile à 9% des demandeurs en 2012. Les 91% qui ont été refusés peuvent demander un appel devant la Cour Nationale du droit d’asile. Parmi ceux qui ont fait cette nouvelle demande, 12% était admis. Ainsi, il y avait plus de demandes accordées par le juge que par l’OFPRA. “Cette situation était anormale. Comment l’oganisme indépendant qui valide les demandes peut valider un chiffre inférieur de régularisation par rapport à un juge qui tranche en appel ?”
Pascal Brice a décidé d’agir. “Ce n’est pas la question d’être sympa ou non, c’est la rigueur de l’application du droit. Nous avons à la fois codifié ‘le bénéfice du doute’ et ‘la crédibilité des craintes’ par rapport à un récit mal construit” souligne-t-il.
En outre, la vigilance vis-à-vis de potentiels terroristes est impérative. “Même si c’est vraiment infime, la menace est bien réelle”.
Comment organiser l’arrivée des migrants ? Hotspot versus Externalisation
Pour Pascal Brice, “deux choix s’offrent à l’Europe.”
La seule solution viable à ses yeux est la création d’hotspot. Un hotspot est situé aux frontières de l’espace Schengen. Il a pour mission d’accueillir dignement tous les migrants et de lancer leurs procédures administratives.
Camp de la Moria à Lesbos en Grèce – Photographie Mortaza Behboudi
Durant le temps de traitement, les migrants ne sont plus libres de circuler, c’est un centre fermé. Une fois la décision rendue, ils sont soit raccompagnés à la frontière ou bénéficient d’une aide de réinstallation fournie par le HCR, soit ils obtiennent un statut de réfugié ou une carte de séjour.
Il existe certains camps comme celui de la Moria à Lesbos en Grèce où notre journaliste Mortaza Behboudi a travaillé plusieurs mois. Mais dans les faits, ces centres sont relativement inhumains et les drames se succèdent.
L’autre solution a été proposée dès 2003 par plusieurs dirigeants européens comme Sivio Berlusconi en Italie, José Maria Aznar en Espagne ou Tony Blair en Angleterre. Elle consiste à externaliser les demandes d’asile aux pays frontaliers comme la Lybie. “Mais outre les difficultés de mis en place, il est évident qu’on est loin des critères d’accueil signés dans les traités internationaux.”
Pour Pascal Brice, cette solution d’externalisation est mauvaise.
L’impact important et très négatif du traité de Dublin
Le traité de Dublin impose une demande dans le premier pays où le migrant est arrivé. Conséquence, les pays du sud de l’Europe reçoivent la plupart des demandes.
“Durant des années, ce traité était resté bien enfoui dans un fond de tiroir de l’Union Européenne. Quand il a dû être appliqué, cela s’est accompagné d’un certain laxisme” se souvient Pascal Brice, un brin désabusé. A cette époque, la police des frontières laissait plus ou moins passé les migrants aux frontières greques ou italiennes. Mais l’arrivée du gouvernement italien d’extrême droite de Matteo Salvini a changé la donne.
Pascal Brice se rend régulièrement à Calais pour rencontrer des migrants et les persuader de quitter la “jungle” ou du moins établir un dialogue. S’y rendant en 2018 comme chaque année, il se rend compte que les 400 migrants venu l’écouter ont systématiquement été enregistrés dans le pays d’arrivée. Il est donc impossible pour eux de demander leur statut en France tant que l’Italie n’a pas statué sur leur cas.
“Les citoyens des pays d’accueil constatent cette inactivité alors que les migrants sont nourris et logés au frais de l’Etat du pays d’accueil. Cela renforce la xénophobie.”
Le premier pays européen où arrive le migrant est donc obligé de déclencher une procédure d’accueil. Tant que la réponse n’est pas donnée, le migrant ne peut pas entreprendre d’autres démarches administratives. C’est donc les pays frontaliers qui endossent les demandes d’asile.
Quant aux pays qui ne sont pas frontaliers, ils refusent de prendre les demandes de migrants se réfugiant derrière la loi de Dublin. La France a aussi joué ce jeu qui fait le lit des nationalistes xénophobes.
Pour résumer sa colère, Pascal Brice souligne “non seulement le manque de solidarité entre pays d’arrivée et pays de destination”, mais aussi l’inactivité imposée aux migrants durant des périodes allant jusqu’à 18 mois. “Les citoyens des pays d’accueil constatent cette inactivité alors que les migrants sont nourris et logés au frais de l’Etat du pays d’accueil. Cela renforce la xénophobie.”
La dissuasion et la reconduite à la frontière
Il ne faut pas que les conditions sociales soient trop bien pour les migrants sinon ils viendront tous !
Cette phrase maintes fois entendues n’est pas du tout recevable pour Pascal Brice. “D’abord parce que les gens viennent quand même, mais en plus ils sont mal accueillis, dans des conditions très difficiles qui renforcent les incompréhensions de part et d’autres”.
“Le droit d’asile n’est pas qu’une politique migratoire, c’est un droit politique.“
L’asile doit être garanti comme le stipule le droit européen dans le respect de l’ordre public. Ni plus, ni moins. C’est inscrit dans la Constitution française et c’est notre devoir de Nation.
Pascal Brice: “Réformer le droit d’asile est indispensable mais cela ne suffira pas”
Au fil de l’exposé, on comprend que la politique migratoire est non seulement inefficace mais aussi dangereuse, aussi bien pour les migrants que pour les européens. Pascal Brice ajoute: “Le droit d’asile n’est pas qu’une politique migratoire, c’est un droit politique.”
Il est donc nécessaire que ce problème soit pris de manière collégiale au sein des pays qui appliquent la libre circulation du traité de Schengen. Les répartitions deviendraient plus équitables. Alors qu’au contraire, chaque pays réfléchit pour lui-même. Dès lors, on constate le retour implacable des frontières entre chaque pays.
L’autre point, c’est la stricte application du droit. Le droit des migrants se confond de plus en plus avec ceux des réfugiés politiques. Beaucoup de migrants ne correspondent pas à ces critères. Ils n’auront même pas de carte de séjour.
Quid des expulsions.
“Nous avons pris la mauvaise habitude de s’habituer au fait que le droit est plus ou moins appliquée”. Parfois l’expulsion est impossible mais quand c’est le cas, c’est rarement effectif. “Les conséquences sur la montée des xénophobies européennes sont dévastatrices pour le vivre ensemble.”
Et la régularisation de masse ? “C’est un aveu d’échec.”
Comment la France accueille administrativement les migrants?
Chaque pays européen a un processus d’accueil spécifique. Certains camps comme Lesbos en Grèce sont dirigés par le HCR (Haut-Commissariat aux Réfugiés).
Depuis quatre mois, journalistes, artistes et activistes du monde se mobilisent pour faire libérer Stanis Bujakera, journaliste congolais.
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La photo comme témoignage: entre action et réactions
/dans Liberté d'informer, Liberté de la presse /par Manon DENIEUILSelon Zaher, photojournaliste syrien de 23 ans qui a dû fuir son pays le métier de photojournaliste consiste à rendre compte de la réalité. “Je pense que je fais ce que je peux pour atteindre la vérité et la transmettre”.
Il ajoute: “Ce que je fais n’est pas politique, je ne suis pas dans un parti, je ne fais que raconter la vérité.”
Pour d’autres, ce qui compte c’est de comprendre pleinement une situation. “Je veux comprendre pourquoi” explique un autre journaliste syrien Abdul Eassa. “Je ne veux pas seulement prendre une photo, je veux surtout comprendre pourquoi”. Il poursuit en expliquant que les manifestations des Gilets Jaunes au cours de cette année lui ont appris beaucoup de choses sur la France elle-même.
Le photojournalisme est également vu comme un moyen de créer du lien social, s’intéresser à des situations particulières, à des individus. C’est le constat que fait Zaher quand il dit “j’ai choisi la photo car chaque photo a une histoire, elle représente un moment (précis)”.
Pour d’autres encore le photojournaliste a pour mission d’interpeller le public, de toucher au moins une personne. C’est ce que confirme Abdul Eassa “le point essentiel [du photojournalisme] est d’avoir un impact sur les gens et sur l’humanité en général. Afin de stopper quelque chose, en particulier les crimes. Et aussi informer -prevent- sur les choses inconnues du public – that no one care.”
C’est d’autant plus vrai en cas de guerre, comme en Syrie, car il s’agit ici de rendre compte d’une situation dans sa globalité, de la violence sous toutes ses formes peu importe les acteurs impliqués et le positionnement politique. C’est d’ailleurs souvent cette violence qui pousse les photographes à vouloir des actions concrètes, au-delà de simples réactions. Surtout lorsqu’on est impliqué soi-même dans le conflit.
Voir leurs photographies partagées sur les réseaux sociaux puis reprises par les grands médias à la Une peut sembler avoir un effet sur la politique.
© Julia Le Duc – La Jornada de Matamoros
La photo du migrant salvadorien et de sa fille retrouvée noyés en essayant de traverser le Rio Grande en est un parfait exemple. Cette autre photo de migrants cherchant à atteindre les États-Unis en traversant la frontière a fait le tour de la planète et a engendré une vague d’émotion collective.
Un présentateur de CNN n’a d’ailleurs pas pu contenir ses larmes face à la violence qui s’en dégage. Mais pour le photographe de l’AFP, Abdul Eassa ce n’est pas l’image qui est choquante mais l’histoire qui se cache derrière.
D’autant plus que dans un monde saturé d’images, un cliché chasse l’autre, ce qui montre la limite d’une photo malgré l’émotion qu’elle suscite. Pourtant, cette image n’a pas fait dévier de son cap le président des États-Unis Donald Trump face à sa stricte politique migratoire.
Et au-delà du foisonnement d’images, l’apparition des fake-news est venue rendre les choses encore moins lisibles. Le lecteur se sent perdu et impuissant face à un flot d’images permanent et à cette concurrence de l’information. Cette inertie face à la diffusion de ces photos peut être très difficile pour les photojournalistes.
Pour Zaher Al Zaher témoigner est presque vital, c’est pourquoi il peine à comprendre l’absence d’actions. D’après lui, la situation en Syrie relève de la crise humanitaire. Lorsqu’il était en Syrie, il voulait travailler avec des journaux étrangers afin que la communauté internationale soit alertée et s’empare du problème. Cette frustration est toujours présente aujourd’hui et elle est commune à de nombreux photographes ayant fait face à ce genre de situations.
Ces reporters peuvent finir frustrés voire déçu du manque de réactions. En effet ils ont été sur le terrain pendant des mois et ont mis leur vie en danger, afin de livrer un récit fidèle de ce qu’ils ont vu et de témoigner de choses inconnues du grand public. Frustrés de ne pas avoir eu l’impact attendu et d’observer que la situation ne change pas.
Malgré tout, certaines photos deviennent iconiques, comme celle de Nick Ut représentant une petite fille brulée au Napalm en 1972 lors de la guerre d’Indochine.
Cette photo a fait le tour du monde et est devenu un symbole des violences subies par les civils lors de la guerre d’Indochine. Malgré son succès (on en fait même aujourd’hui des sacs), cette photo n’a pas fait basculer le cours de la guerre. Elle n’a fait que confirmer ce que pensait l’opinion publique américaine, lassée par ces huit années de conflits.
Au-delà même de la violence qu’elle dégage, cette photo est efficace car elle est simple et sobre, mettant en valeur la souffrance vécue par la petite fille et les enfants qui l’entourent. Elle montre une réalité violente et inconnue du grand public. Encore aujourd’hui cette photo est mondialement connue et elle illustre même les manuels d’histoire français.
Zaher Al Zaher
“Je me rends compte sur le coup que la photo est puissante et plus tard je me rends compte qu’elle représente l’Histoire”.
Né à Alep en Syrie, Zaher Al Zaher, 23 ans, commence à travailler en tant que photographe pour des journaux internationaux à partir de 2013. Il couvre l’évolution de la guerre civile syrienne, principalement à Alep.
À cause de son engagement politique, il est enlevé et torturé par les forces gouvernementales syriennes.
Il réussit à fuir en Turquie puis arrive en France à la Maison des Journalistes en 2017. Depuis il fait partie de la Society of Professional Journalist et suit principalement les manifestations, comme celles des Gilets Jaunes.
Abdulmonam Eassa
“Il y a pleins d’images, mais peu {de photojournalistes} prennent en compte l’histoire qu’il y a derrière”
Abdulmonam Eassa est un jeune photojournaliste syrien de 24 ans qui a commencé à travailler en tant qu’autodidacte lors de la guerre civile syrienne en particulier à Damas à partir de 2013.
Depuis plus de cinq ans il travaille en free-lance avec l’AFP d’abord en Syrie et depuis octobre 2018 en France. Avant d’arriver à la Maison des Journalistes il est resté un an en Turquie afin d’obtenir un visa pour la France.
Depuis il couvre principalement les manifestations, notamment celles des Gilets Jaunes à Paris. Il a reçu le Visa d’Or pour ses photos sur l’action des ONG en Syrie.
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Le dessin de presse aux portes du marché de l’art
/dans Liberté d'expression, Liberté d'informer, Liberté de la presse /par Guillaume LuerLe public est impatient, percutant et chamailleur, il n’hésite pas à poser des questions et rend cette conférence aussi intéressante que dynamique.
L’histoire du dessin de presse
La caricature a commencé par l’humour. “L’humour dans l’image existe depuis toujours” rappelle Martine Mauvieux.
Pour que le dessin de presse soit pris au sérieux au sein du milieu culturel et artistique, il a fallu attendre certaines donations pour qu’en 2007 le Ministère de la Culture ouvre le premier poste de conservateur à la BNF dédié au Dessin de Presse.
Le dessin de presse est aux portes du marché de l’art
Ce marché de l’art est encore balbutiant. Certes, de grandes maisons d’enchères comme Sothebys ou Drouot ont déjà proposé des dessins de presse lors de leurs ventes aux enchères, mais ils sont rares et n’ont jamais eu droit à une cession consacrée.
Sans la reconnaissance des plus grandes maisons de ventes aux enchères, il est difficile pour le dessin de presse de créer ou stabiliser un marché de l’art. De plus, certains vendeurs mettent aux enchères des fonds entiers. La profusion impacte les prix. Lorsque des centaines de dessins sont mis en vente d’un seul coup, cela fait baisser le prix de chaque dessin de presse. Malgré un potentiel important, le marché balbutie.
L’autre handicap du dessin de presse est le traitement du sujet. Un dessin du général De Gaulle a toute sa place chez le particulier ou dans un musée. En revanche, la caricature d’un “simple ministre” ou d’un événement oublié perd de la valeur, ou parfois n’en a aucune.
La caricature est un art populaire. “Vous pouvez acheter pour 30 euros jusqu’à 80 dessins” se scandalise un spectateur ! En même temps, ceux qui achètent ne sont pas les plus fortunés.
Malgré cela, l’avenir pourrait s’avérer radieux pour le dessin de presse. A titre comparatif, le marché de la Bande Dessinée a explosé en quelques années. La BD avait si peu de valeur que de nombreuses planches originales ont été détruites. Puis au fil des ans, l’essor des ventes aux enchères en a fait un style à part entière qui génère maintenant d’importants profits.
Cependant, comme pour un dessin de presse, la conservation reste un enjeu primordial.
L’enjeu crucial de la conservation
“Je suis un dessinateur compulsif, j’écris n’importe où, n’importe quand, y compris sur un coin de table par exemple...”
Devant cet aveu, la conservatrice sourit poliment tout en haussant légèrement les épaules. Comment conserver ces dessins ? Elle qui nous a patiemment énuméré comment la texture du papier (bien plus solide avant 1850) et la qualité de l’encre sont les conditions sine qua non d’une bonne conservation. Vient ensuite l’environnement du dessin, la température, l’éclairage, l’humidité… Garder un dessin de presse en l’état se révèle un travail méticuleux.
Mais face à la qualité d’une nappe papier de restaurant, la conservatrice ne peut rien conseiller, à part photographier le dessin.
Bien sûr, la question se pose moins quand le dessinateur utilise directement un support digital.
Et en ces temps où le dessin de presse n’a pas toute la place qu’il mérite, la digitalisation est une bonne option de conservation. C’est ainsi que le caricaturiste Triambak Sharma nous a montré un musée entièrement digital dont la passionnante visite nourrit l’imagination.
Le dessin de presse est présent partout dans le monde et il deviendra peut-être un art majeur. Comprendre une époque par ces dessins de presse est une approche originale du quotidien par l’information.
Nous ne pouvons nous empêcher de conclure cet article par un dessin de Bilal Daggezen, présent à cette conférence et ancien journaliste de la MDJ. Il a du fuir la Turquie à cause de ses dessins.
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Ce lundi 13 février 2023, la MDJ a accueilli l’Initiative Marianne au sein de ces murs, à l’occasion d’une table ronde. Les 12 lauréats 2023 ont ainsi pu rencontrer les journalistes de la MDJ pendant trois heures, afin d’échanger expériences et perspectives.
Les Talibans semblent avoir signé la mort de la presse en Afghanistan depuis août 2021. Comment les journalistes afghans résistent-ils ?
Il y a plus d’un an, les Talibans ont pris le contrôle de l’Afghanistan. Mais leur régime a ruiné le pays et brisé les droits de l’Homme.
Par Emma Rieux-Laucat « C’est une guerre géopolitique mais c’est aussi une guerre de l’information avec tout ce qui va avec : les fakes news, la manipulation, le complotisme. Présenter ce travail c’est montrer en « toute objectivité » ce qui se passe en Ukraine » a expliqué Darline Cothière, directrice de la MDJ, invitée […]
Jesús Zúñiga était un combattant pour la liberté de la presse et pour la liberté tout court. Mais il était incompris car il avait osé s’attaquer à un régime communiste qui bénéficie encore de la sympathie de nombre de ses collègues journalistes et intellectuels à travers le monde, celui de la Cuba des frères Castro et de leurs épigones.
Poète ouïghour réfugié en France, Merdan Eheteli vient du Xinjiang où se déroulent actuellement des violences inouïes à l’encontre des Ouïghours qui peuplent la région. Résident de la Maison des journalistes, engagé dans la lutte pour l’indépendance du Turkestan Oriental, il explique en quoi les violences qui s’y déroulent ne sont pas le fruit de l’oppression d’une minorité ethnique mais de la volonté de Pékin d’achever le processus de colonisation d’un peuple et d’un territoire à l’identité bien distincte de la Chine.
“Le téléphone d’Hicham Mansouri a été infecté à une vingtaine de reprises via le logiciel espion Pegasus, entre février et avril 2021” selon l’analyse technique réalisée par Security Lab d’Amnesty International, en partenariat avec le consortium Forbidden Stories. Chargé d’édition au sein de la Maison des journalistes, Hicham Mansouri est parmi les cibles des autorités […]
Des centaines de journalistes à travers le monde surveillés par leurs téléphones, des liens obscurs avec les meurtres des journalistes Jamal Khashoggi et Javier Valdez, des contrats à plusieurs millions de dollars pour équiper les services de renseignement de régimes répressifs… Derrière ces affaires, une société israélienne fournit aux États un logiciel d’espionnage ultraperfectionné : […]
Le regard du dessinateur de presse iranien Ali Jamshidifar (ancien résident de la Maison des journalistes) à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés (20 juin de chaque année). Vous pouvez découvrir d’autres travaux de Jamshidifar sur son site officiel : www.jamshidifar.com Contact : ali.jamshidifar@gmail.com D’autres articles
Il est environ dix heures, ce mercredi, lorsque Jean-Luc ROMERO-MICHEL fait son entrée à la Maison des Journalistes. L’adjoint à la Maire de Paris, également chargé des droits humains, de l’intégration et de la lutte contre les discriminations, est accompagné de son directeur de cabinet, Michel GELLY-PERBELLINI ainsi que de deux stagiaires.
Le dessinateur de presse iranien Ali Jamshidifar (ancien résident de la Maison des journalistes) rend hommage aux lycéennes tuées à Kaboul (Afganistan) suite à un attentat à la bombe. Bilan : plus de 50 morts.
A l’occasion de la Journée internationale des travailleurs, le dessinateur de presse iranien Ali Jamshidifar (ancien résident de la Maison des journalistes) nous livre son regard sur cette journée à l’aune du Covid 19. Vous pouvez découvrir d’autres travaux de Jamshidifar sur son site officiel : www.jamshidifar.com Contact : ali.jamshidifar@gmail.com D’autres articles sur l’Iran
Réélu à la tête de la Guinée pour un troisième mandat (après avoir modifié la constitution, qui limitait le pouvoir à deux mandats), le président Alpha Condé accentue la répression à l’encontre de ses opposants. Bilan : plus de 200 personnes ont été tuées par les Forces de défense et de sécurité (FDS) depuis 2010. Sébastien Nadot, député de la Haute Garonne et membre de la commission des affaires étrangères à l’assemblée nationale française, suit de près la situation en Guinée. Il a accepté notre invitation et a répondu aux questions de Mamadou Bah.
Nous avons l’habitude, dans les pays de la région, de voir des rues et des places publiques porter les noms de martyres, de guerres et même parfois d’occupants. Mais l’un de ceux choisis au Kurdistan d’Irak peut surprendre : celui de Danielle Mitterrand. Qui est donc cette farouche défenseuse des droits des opprimés et pourquoi est-elle adulée par les Kurdes?
A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le dessinateur de presse iranien Ali Jamshidifar (ancien résident de la Maison des journalistes) nous livre son regard sur cette journée et les luttes qu’elle incarne. Vous pouvez découvrir d’autres travaux de Jamshidifar sur son site officiel : www.jamshidifar.com Contact : ali.jamshidifar@gmail.com D’autres articles sur […]
Malgré la transformation démocratique qu’a connue l’Irak, depuis 2003, avec l’adoption d’un système parlementaire après la période douloureuse de dictature sous Saddam Hussein, et malgré toutes ses capacités humaines et économiques, le pays est devenu l’un des pires lieux où vivre dans le monde. Quelles en sont les raisons? C’est une question gênante que de […]
© TAKAT 2018, à l’arrivée dans l’aéroport d’un pays arabe [que je préfère ne pas citer]. En consultant mon passeport français, l’officier me demande de quelle origine je suis. Il me demande ensuite de lui présenter un justificatif de ma “propre identité”. Choquée, je lui ai répondu : « mais je suis française, vous avez […]
Ils avaient 13, 14 et 18 ans. Tués par balle alors qu’il fêtait la supposée victoire de leur candidat à la présidentielle, l’armée n’a pas fait dans la demi-mesure. Ces règlements de comptes ne sont pas isolés. Tout porte à croire que des fraudes ont eu lieu un peu partout en Guinée lors de cette […]
Interview de Mago Torres : “La menace contre les journalistes existe, notre travail y répond”
/dans Amérique, Justice, Liberté d'informer, Liberté de la presse /par Guillaume LuerLe plan interactif sur le site permet de naviguer à travers les états du Mexique et de lire les reportages associés à chaque fosse. Il permet aussi de voir l’évolution sur ces dix annéess, entre le début de l’offensive militaire contre la drogue, lancée en 2006 par l’ex-président Felipe Calderon, et le lancement de cette enquête journalistique.
Depuis, près de 250.000 personnes ont été assassinées à travers le pays, selon les chiffres officiels. “En 2006, il y avait deux fosses, l’année suivante on est passé à 100, puis on n’est pas descendu sous les 250 fosses” découvertes par an, a expliqué à l’AFP Marcela Turati, journaliste. Selon les estimations du gouvernement, un peu plus de 1.100 fosses clandestines ont été localisées et il y a environ 26.000 cadavres non identifiés dans les morgues.
Qu’est ce qu’une fosse ?
Une fosse sert de tombe ou de charnier.
Au Mexique, la “fosse” est majoritairement composée de plusieurs corps (et non pas d’un seul), souvent de simples fragments d’os en décomposition.
Ces fosses ne sont pas que dans des endroits reculés, elles sont aussi en pleine ville. Plusieurs d’entre elles ont été découvertes lors de démolition d’immeubles, un mur de séparation peut avoir été utilisé pour camoufler un ou plusieurs corps.
Outre Marcela Turati, les reporters mexicains Alejandra Guillen, Mago Torres, Marcela Turati, Erika Lozano, Paloma Robles et Aranzazu Ayala, ainsi que le journaliste américain David Eads ont travaillé avec 15 autres collaborateurs pour mettre en place cette plateforme.
La remise du prix Breach/Valdez, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse le 3 mai 2019, intervient le jour même de l’annonce d’un nouvel homicide de journaliste au sud du Mexique. Telesforo Santiago Enriquez, qui animait une émission sur une radio communautaire, est le quatrième journaliste assassiné au Mexique depuis le début de l’année 2019.
En 2018, c’est la journaliste mexicaine Daniela Rea, auteur de nombreux reportages sur la violence déchirant son pays, qui avait reçu la première édition du prix Breach/Valdez, retrouver son interview ici.
La journaliste Mago Torres à la Maison des journalistes #MDJ
C’est avec Mago Torres que nous avons rendez-vous. Chercheuse et journaliste, elle est venue rencontrer les journalistes de la MDJ et apporter son soutien à notre association.
Nous en avons profité pour l’interviewer et comprendre comment une équipe de journalistes a pu enquêter dans ce pays si dangereux pour les journalistes et avec autant de données à traiter.
Maison des journalistes : Mago Torres, qui êtes-vous et avec qui avez-vous travaillé pour cette enquête des 2000 tombes clandestines au Mexique?
Mago Torres : Je suis journaliste d’investigation et chercheuse. Je suis également membre d’un collectif de journalistes indépendants qui s’est confronté au phénomène des personnes disparues au Mexique.
Nous avons décidé de nous réunir en faisant collaborer différentes disciplines: la recherche de données, l’expérience du terrain, les méthodologies, les accès aux archives publiques et la collecte de graphiques, les photographies, les videos…
C’est cet ensemble de compétences qui nous réunit et qui fait notre force d’investigation.
#MDJ : Quel était votre rôle dans cette équipe d’investigation ?
[MG] J’ai appris le journalisme (ou plus précisemment à faire du journalisme), non pas en suivant un cursus traditionnel, mais en collectant des données. J’ai ensuite été intéressée par les différentes méthodologies et les outils de recherche à notre disposition. C’est donc devenu mon rôle au sein du groupe de journaliste.
Je dois penser ma recherche des faits à partir de la documentation. Où sont les documents que nous pouvons interroger et à partir desquels nous pouvons construire, comprendre, raconter puis publier une histoire ?
En en tant que chercheuse, je travaille surtout en arrière-plan. Donc je n’échange pas avec les gens, je ne leur parle presque pas. Mon travail, c’est d’interroger les documents.
Dans cette équipe de journalistes, mon rôle met en lumière les différentes manières de faire une enquête.
Pour mener à bien ces investigations, qui subissent dissimulations et fausses pistes, la collaboration entre les disciplines est vitale. C’est dans cette interdisciplinarité que je situe ma contribution au journalisme.
Quel fut le point de départ de cette enquête ?
Cette enquête n’a pas commencé par un fait précis en particulier, c’est le fruit d’une accumulation d’expériences.
Pendant des années, les journalistes ont mis à jour la présence de fosses communes dans le pays et ont décrit la peine que les familles de disparus endurent tous les jours.
A partir de toute cette expérience accumulée et de la compréhension du terrain que nous possédons, nous avons voulu avoir d’autres perspectives. Par exemple, que se passe-t-il lors du processus d’identification des personnes retrouvées dans ces fosses ?
C’est ce qui nous a conduit à enquêter sur les archives publics et à publier nos travaux à la fin de l’an dernier. C’est l’aboutissement d’un lent processus.
Pouvez-vous nous décrire cette méthodologie d’investigation ?
Tout d’abord nous voulions savoir quelles données étaient disponibles concernant la découvertes de ces tombes clandestines.
Nous avons donc utilisé l’expérience des membres de l’équipe sur le terrain et de tous ces journalistes au Mexique, et nous nous sommes demandés quelles étaient les données à notre disposition ?
Afin d’obtenir ces données, nous avons utilisé la loi d’accès à l’information (freedom of information act) du Mexique. Nous avons donc soumis des requêtes auprès du gouvernement fédéral mais aussi auprès des 32 états et entités du pays. Au fur et à mesure que nous recevions les documents, nous avons commencé à créer une base de données nationale en les organisant pour leur donner du sens.
Au cours de notre travail, nous avons rencontré quelques difficultés car sur les 32 états, seulement 24 ont reconnu la présence de tombes clandestines sur leur territoires; 8 ont donc nié leur existence.
Nous parlons d’un pays où environ 40.000 personnes ont disparu.
Nous avons décidé de nous en tenir au niveau des données du gouvernement fédéral, et c’est ce que nous utilisons dans notre enquête et dans la carte nationale que nous avons publiée.
Ensuite, il s’agissait d’organiser et de trier ces données. Nous avons pu constater ce qu’observaient les familles de disparus depuis bien longtemps : l’absence d’une méthodologie commune utilisée par les autorités pour documenter les découvertes des tombes clandestines.
Je tiens également à préciser que notre enquête s’étend de 2006 à 2016. C’est la période sur laquelle nous travaillons. A partir de là, nous avons soulevé plus de questions.
Par exemple, dans certains endroits où des corps ont été trouvés, nous n’avons pas de données précises: est-ce un corps entier ou un fragment d’os ?
C’est ce manque d’information que nous essayons de résoudre. En fin de compte, ce que nous essayons de déterminer se résume facilement ; Combien de personnes ont été trouvées ? Quels procédés utilisent les autorités pour identifier les corps ?
Nous parlons d’un pays où environ 40.000 personnes ont disparu. Vous comprendrez que pour résoudre cette enquête nous avons besoin d’une méthodologie!
Tandis que nous organisions les données et les placions sur une carte, nous avons commencé à identifier des cas dont nous connaissions déjà l’existence. C’est là où l’expérience sur le terrain prend toute son importance, tout comme le travail de visualisation des données (data visualisation).
L’interdisciplinarité de notre équipe journalistique nous a permis de rassembler tous ses éléments ensemble en travaillant efficacement.
Quel impact votre enquête a eu au Mexique ?
L’apport principal de cette enquête est la création d’une base de données nationale qui n’existait pas avant. Au nom des familles des victimes et aussi en tant que citoyen, je pense que c’est ce qui fait la différence.
Et maintenant, les autorités, après notre publication mais aussi après le changement de gouvernement, sont prêtes à présenter des rapports concernant l’amélioration des processus d’identification et la tenue de ces registres nationationaux.
Le gouvernement a aussi annoncé que notre enquête avait constitué avec d’autres publications les principales références concernant les processus de documentation des fosses communes.
Plus les données dont nous disposerons et dont la société disposera, seront de qualité, plus les avancées dans les étapes d’identification des affaires de personnes disparues seront importantes.
L’un des problèmes que nous avons constaté concernant ce manque d’information, est qu’il impacte directement les familles de disparus et les fait souffrir. Je pense donc que le plus grand apport de notre enquête est de fournir des informations à propos de l’état des recherches au Mexique. Et je dirais que nous allons voir ce qui va arriver.
Je ne pense pas que les familles devraient attendre plus longtemps. Plus les données dont nous disposerons et dont la société disposera, seront de qualité, plus les avancées dans les étapes d’identification des affaires de personnes disparues seront importantes.
Avez-vous été menacée durant cette enquête ?
A ma connaissance, nous n’avons pas reçu de menaces directes. Mais je pense que le travail d’équipe et l’ensemble de compétences qui nous a réuni est une façon de nous protéger.
Quand nous ne pouvons pas aller sur le terrain, quand nous avons identifié que certaines régions pouvaient représenter un danger, nous avons décidé d’utiliser d’autres moyens d’informations.
Lors de l’exploration de certaines zones, nous avons bien eu droit à quelques remarques comme «c’est mieux que vous partez». Mais cette réalité présente au Mexique depuis longtemps, est aussi ce qui nous pousse à travailler ensemble, à collaborer dans un effort collectif et interdisciplinaire et de développer de nouvelles techniques afin de traiter au mieux les sujets sur lesquels nous travaillons.
La menace contre les journalistes existe, notre travail y répond.
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