Entrées par Rédaction

Egypte – Histoires de la plus grande prison pour femmes, Al-Qanatir

C’est une matinée d’hiver ensoleillée au Caire où moi et un petit groupe de Maadi Community Church (MCC) prenons la route pour la prison d’al-Qanāṭir.

Après une heure de route à travers différents quartiers entourant la capitale égyptienne, je me retrouve devant la porte principale de la prison, signalé par un gros écrit en arabe «Manṭiqa al-sujūn al-Qanāṭir» (zone des prisons d’al-Qanāṭir) au sommet duquel flotte le drapeau tricolore égyptien.

Située dans la zone d’al-Qanāṭir, au sommet du delta du Nil, la prison d’al-Qanāṭir comprend la seule grande prison pour femmes d’Égypte. De plus, le complexe présente une division pour les détenus étrangers et les détenus égyptiens. Un visiteur fréquent de la prison a indiqué qu’environ 2000 détenus sont actuellement détenus dans la section des femmes, dont 200 étrangers, malgré une capacité maximale de 1200 personnes. Les hommes sont au nombre de 250, dont 160 Égyptiens et 90 étrangers.

Poncet, originaire du Congo Kinshasa RDC qui visite les prisonniers depuis 23 ans, passe attentivement en revue les principales règles applicables à la zone: pas de téléphone, pas d’équipement électronique, identification personnelle obligatoire. Avec Nina, il organise des visites régulières aux détenus des divisions hommes et femmes de la prison d’al-Qanāṭir et dans d’autres endroits comme le poste de police de Nuzha. Avec certains membres de l’église communautaire de Maadi (MCC), ils fournissent un soutien aux détenus étrangers, à travers des visites régulières, des consultations avec les avocats et les ambassades ainsi que la livraison de nourriture et de fournitures générales.

La longue attente

Comme c’est la première fois que je visite une prison, je suis particulièrement vigilante, observant attentivement mon environnement et essayant de saisir chaque détail autour de moi. Tout en restant dans la longue file d’attente pour le contrôle de sécurité, un certain nombre de choses attirent inévitablement mon attention.


Une atmosphère humaine remarquable est paradoxalement générée dans un endroit confiné où, par définition, les gens ne peuvent pas bénéficier du même traitement humain qu’à l’extérieur.


En particulier, je suis stupéfaite par la variété de personnes qui se réunissent par hasard en visitant leur conjoint en prison. Des familles entières, femmes, hommes, plusieurs enfants, des gens de la ville ainsi que de la campagne, des classes sociales différentes, des emplacements géographiques, des niveaux d’éducation, d’âge, toutes ces catégories de personnes se mélangent et partagent le même espace pendant presque toute une journée.

En raison du long temps d’attente et de l’absence de dispositifs technologiques, les visiteurs inévitablement interagissent les unes avec les autres, se regardent et s’engagent même dans des conversations. En conséquence, une atmosphère humaine remarquable est paradoxalement générée dans un endroit confiné où, par définition, les gens ne peuvent pas bénéficier du même traitement humain qu’à l’extérieur.

De plus, un certain nombre d’événements sont observables dans ce très petit espace rempli de trop de monde.

À côté de moi, un groupe de femmes venant du Caire échange avec désinvolture des discussions sur leur voyage à al-Qanāṭir.

De l’autre côté, certains hommes font la queue en silence, tandis que d’autres s’entraident en portant les sacs lourds avec les fournitures nécessaires aux détenus. Pendant ce temps, d’autres personnes traversent la porte après avoir parlé avec les responsables de la prison. Je ne peux que remarquer l’échange d’argent et des bakchich qui se produisent à la porte d’entrée. Je me souviens immédiatement de l’avertissement du «Code de conduite – Ministère pénitentiaire international» que Poncet m’a envoyé avant la visite:

«Veuillez ne donner aucun baqshīsh (bakchich) à aucun membre du personnel pénitentiaire. C’est la seule responsabilité du chef d’équipe.»

Après avoir été soigneusement fouillés par les policiers, nous finissons par entrer dans la zone de la prison. Cependant, un autre long temps d’attente nous attend. Tout le monde essaie de se mettre à l’aise en espérant que la visite aura lieu bientôt.

L’étape suivante consiste à faire de nouveau la queue pour trouver une place dans les wagons tirés par un tracteur menant à la division féminine de la prison. Alors que nous approchons de la destination, certains officiers marchent le long du chemin et un camion transportant des détenus passe. Loin du bruit constant de la circulation au Caire, seuls les sons des oiseaux interrompus par les voix fortes des gardiens de la prison résonnent.

Détérioration des conditions des détenus

Nous sommes finalement devant le bâtiment dédié à la détention des femmes, étrangères et égyptiennes. D’autres procédures de sécurité approfondies sont nécessaires avant de pouvoir enfin rencontrer les prisonniers.

Ayant à l’esprit quelques informations générales sur le système pénitentiaire égyptien ainsi que des rapports spécifiques sur les conditions des détenus, je ne peux que porter mon attention sur la condition physique des détenus ainsi que sur l’environnement général.

Sans surprise, une grande image du président égyptien Abd al-Fattāḥ al-Sīsī accompagné des pyramides et de la mosquée de MuḥammadʿAlī se dresse au centre de la prison pour femmes, entourée de la devise répandue “Taḥyā Miṣr” (“Vive l’Égypte”) et une déclaration anglaise définissant l’Égypte comme le meilleur pays de tous les temps.

Je ne peux pas imaginer comment la vie peut devenir une fois enfermé dans cet endroit. Par conséquent, je me prépare à observer silencieusement et à écouter ce que les détenus sont prêts à partager avec moi.


«Je n’en peux plus», poursuit-elle


«J’ai commencé à détester l’Égypte depuis que je suis ici», raconte Nada, originaire du Soudan et condamné à cinq ans de prison pour enlèvement [très probablement un enfant à la suite d’un divorce et d’une lutte pour la garde d’un ou plusieurs enfants].

Sa peine est presque terminée car elle m’explique qu’elle a officiellement encore sept mois de prison. En pensant à l’avenir, les yeux de Nada brillent. Elle prévoit de retourner au Soudan et de prendre sa famille entre ses bras. Cependant, une ride de douleur apparaît soudain sur son visage. «Je n’en peux plus», poursuit-elle. Avant sa détention, Nada souffrait de problèmes de santé qui ont profondément affecté sa vie. Depuis son arrivée en prison, sa santé s’est détériorée physiquement et psychologiquement. Elle m’explique son besoin de médicaments, mais en raison de l’absence de soins médicaux appropriés, ses conditions physiques et mentales se détériorent de façon inquiétante comme la plupart des autres détenus autour de nous.

Elle décrit brièvement les conditions de vie dans la prison d’al-Qanāṭir, où depuis quatre ans et cinq mois elle est privée non seulement de sa liberté mais également de son espace privé dans la vie quotidienne.

«Nous avons une petite pièce, nous dormons près les uns des autres sans aucun espace privé vital», raconte-t-elle.

De plus, la nourriture fournie par la prison est insuffisante et les détenus survivent avec les vivres de leurs visiteurs à leur arrivée. Elle ne peut toujours pas croire à quel point sa vie a pris une telle tournure depuis son arrestation et sa mise en prison rapide.

Évitant d’entrer dans les détails de son arrestation, elle se souvient simplement qu’elle a aimé ce pays au cours des premiers mois en tant que personne libre malgré le stress de ne pas disposer de documents juridiques suffisants.

Les raisons de l’arrestation peuvent en effet être diverses et parfois contraires à la condamnation officielle prononcée. Parmi le groupe de détenus étrangers que Maadi Community Church (MCC) visite régulièrement, certaines personnes sont déclarées condamnées pour meurtre, drogue, vol, fraude, prostitution, enlèvement et immigration. Ils viennent de Biélorussie, de Bolivie, du Brésil, du Chili, d’Angleterre, d’Allemagne, de Guinée, des Pays-Bas, du Kenya, du Maroc, du Nigéria, du Pérou, des Philippines, du Soudan du Sud, du Soudan, de Tanzanie, d’Ukraine et du Venezuela.

Des détenues politique pour un post Facebook qui critique le régime en Egypte

L’image de la prison pour femmes d’al-Qanāṭir ne serait pas complète sans mentionner un autre type de détenue. Il est en effet possible de retrouver des prisonniers politiques, dont le crime était de s’opposer au récit officiel de l’État.


Je quitte la prison d’al-Qanāṭir, avec de nombreuses réflexions sur la valeur du mot “liberté”.


C’est le cas d’une jeune fille de 21 ans originaire d’un village du gouvernorat de Minufia. Je ne l’ai pas rencontrée personnellement car elle ne faisait pas partie du groupe de personnes qui m’était attribuée. Pourtant, j’ai appris son histoire à travers sa famille en attendant notre visite.

Selon sa mère, elle est détenue depuis 45 jours. Elle a été enlevée de chez elle après avoir publié un post sur Facebook condamnant l’arrestation de plusieurs personnes innocentes en Égypte. Ironiquement, sa mère dit: «Maintenant, elle est devenue l’une d’entre elles. C’est ce qui se passe en Egypte».

Elle a besoin de médicaments réguliers, donc chaque semaine, la famille vient avec des médicaments en plus de la nourriture. Sa mère, dont le visage indique la présence d’une profonde souffrance intérieure, ne dispose d’aucune information sur un éventuel procès ou remise en liberté. Elle attend, soutenue par sa sœur et les deux autres filles, tout en espérant que ce cauchemar se terminera bientôt.

Avec les images des nombreux officiers de prison, les voix fortes résonnant partout dans la prison d’al-Qanāṭir dans mon esprit et les histoires de certains détenus dans mon cœur, je quitte la prison d’al-Qanāṭir, avec de nombreuses réflexions sur la valeur du mot “liberté”.


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Partir ou rester ? Être homosexuel russe… en Russie

«Je ne conseille à personne, si celle-ci a le choix, de partir de son pays» témoigne Yousef, jeune activiste LGBT russe réfugié en France, à la table ronde organisée par IREX Europe au sein des locaux d’OXFAM, et de l’organisation Ensemble Contre la Peine de Mort (ECPM) le 19 novembre 2019 à Paris. Auparavant, ce groupe était venu rendre visite à la Maison des journalistes où un échange a pu avoir lieu entre journalistes exilés et militants de la cause homosexuel.

Pourtant, si certains peuvent «se battre», d’autres n’ont d’autres choix que de quitter leur pays pour des horizons plus tolérants vis-à-vis de leurs orientations sexuelles. C’est le cas de plusieurs activistes membres de la diaspora russe en France, qui ont connu résiliences et traumatismes, aussi bien moraux qu’institutionnels.


“Si on me le demandait, je ne conseille à personne, si celle-ci a le choix, de partir de son pays.”


Outre le défi de quitter son pays d’origine, il y a le défi d’intégrer son pays d’asile. La migration forcée entraîne une véritable souffrance, une isolation à plusieurs niveaux. Les barrières culturelles et linguistiques, mais aussi géographiques vis-à-vis de ses proches restés en Russie, rendent les enjeux d’une telle migration essentiels à prendre en compte.

Que dit la loi russe sur l’homosexualité ?

Si l’homosexualité est légale en Russie depuis 1993, une loi réprimant la «propagande homosexuelle» pour défendre les mineurs est entrée en vigueur en 2013.

Selon une décision de la Cour européenne des droits de l’homme en juin 2017, cette nouvelle loi renforce «la stigmatisation des homosexuels et encouragent l’homophobie, ce qui est incompatible avec les valeurs d’une société démocratique».


“L’homophobie ne cesse de grimper en Russie”


Appuyé par une étude du centre analytique Levada, Mikhail Tumasov représentant élu du Russian LGBT Network et activiste et défenseur des droits de l’Homme, confirme que l’homophobie ne cesse de grimper en Russie.

En 2017, c’est 83% de la population russe qui considère que les relations homosexuelles ou LGBT sont toujours ou presque toujours condamnables.

Depuis 2013, les activistes sur le terrain et présents à la table ronde témoignent qu’en effet, le rejet de la minorité LGBTQI+ et les violences à son encontre sont «plus fréquentes, plus visibles».

«Être un membre de la Communauté LGBTQI+ en Russie, c’est se confronter à des situations violentes, mais aussi paradoxales ou contradictoires.» affirme Mikhail Tumasov.

C’est le principal combat comme l’exprime Yousef.

«Ici, il faut créer ses propres liens, son propre entourage. Pour moi, ma famille, ce sont mes amis français désormais. Ce que je souhaiterais tout de même ajouter: je suis reconnaissant à la France pour cette décision et cela m’a sauvé, le système en France est costaud, je ne critique pas mais c’est mon fait et mon vécu.

Le système en France est assez darwinien. L’attente est longue sans que tes droits soient à 100% garantis. Logement, nourriture, santé. Tout est compliqué. Si tu es jeune et en forme tant mieux. Mais ta survie dépend essentiellement de toi. Si on me le demandait, je ne conseille à personne, si celle-ci a le choix, de partir de son pays.»


«Seul le peuple russe peut faire changer la Russie» conclut Mikhail.


A l’inverse, Temur Kobalia, fondateur de NCO TV Russia et journaliste, rajoute: «Si nous sommes persécutés pour nos articles et certains uniquement pour leur orientation sexuelle mais que l’on décide malgré tout de rester en Russie, ce n’est ni pour nous plaindre, ni pour subir sans rien dire, mais pour témoigner et éclairer nos concitoyens de ce qui se passe véritablement en Russie.»

«Seul le peuple russe peut faire changer la Russie» conclut Mikhail.

Crédit Sarah Villard


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RD Congo: le grand désordre politique !

Le mois d’octobre vient de se terminer, marqué par un grand désordre politique. Charriant plusieurs affaires dont quelques-unes revêtent un caractère obscur, au point de désorienter nombre d’observateurs. Problème: elles donnent, globalement, l’impression d’être épars, sans liens apparents les unes avec les autres. Alors qu’à l’analyse, elles semblent être plus ou moins liées.

Le 10 du mois, un avion Tupolev 72 assurant le transport de la logistique présidentielle est tombé, conduisant à une série d’hypothèses: accident, sabotage au sol ou destruction, en l’air, par une arme quelconque destinée à ce genre de mission ? En attendant le résultant d’une enquête initiée à ce propos, le mystère demeure entier.


Ils ont vu dans cet événement la main scélérate de Kabila.


Le lendemain, les militants de l’UDPS, parti du président Tshisekedi, ont violemment manifesté, allant, encore une fois, jusqu’à réclamer la fin de la coalition entre le FCC et le CASH, plates-formes de Kabila et de Tshisekedi. Ils ont vu dans cet événement la main scélérate de Kabila.

Si la thèse de sabotage ou de destruction de l’appareil se confirmait ou non, cette sortie de la base de l’UDPS ne serait-elle pas de nature à placer Tshisekedi au pied du mur, à travers sa propre logique ? Celle-ci, pour justifier son renoncement à l’accord de Genève, au sein de LAMUKA, consistait à évoquer les «exigences de sa base».

Or, aujourd’hui, c’est cette même base qui a lui demandé de rompre le deal avec Kabila. Que va-t-il faire le président de la République, ainsi mis à l’épreuve de sa propre logique ? Attention ! Les censeurs sont à l’affût…

Un effet “concentré”

Trois jours après cette affaire d’avion «tombé», le 13 du mois, survient la question de document «fuité». Il s’agit d’un document militaire, top secret, provenant de l’état-major général de l’armée congolaise. Celui-ci porte sur une organisation d’un «état-major intégré» des armées congolaise, rwandaise, burundaise… et même tanzanienne. Le but de cette opération: en finir une fois pour toutes avec les groupes armés qui se sont incrustés à l’est de la République Démocratique du Congo.

D’aucuns pensent que ce document aurait été jeté en pâture à la place publique pour nuire à Tshisekedi. Pour la bonne et simple raison que le chef de l’Etat s’est autorisé cette initiative sans avoir eu l’aval du Parlement. Ils rappellent l’épisode de la rupture brutale entre Kabila et Kamerhe, du temps où ce dernier dirigeait l’Assemblée nationale (2006-2009). Après avoir protesté véhémentement contre l’entrée des troupes rwandaise au pays, sans l’avis de l’Assemblée, ce dernier s’en était allé. En prenant  congé et de l’Institution, et de Kabila, son mentor politique.

Il est difficile d’établir un lien plausible entre les deux faits (avion tombé et document fuité!). Ils sont séparés, selon toute vraisemblance, par mille lieues. Mais certains observateurs, à cause de leur proximité, y décèlent une corrélation dite de «par cause commune». C’est la deuxième version de la corrélation dite «de cause à effet».


L’annonce du retour de Kabila sur la scène politique … comme s’il s’y était éloigné !


Explication. Si, l’avion a été saboté ou détruit en l’air, par une arme tirée du sol, et si le document militaire secret, parvenu entre les mains du public, sont l’œuvre d’une même et unique source, l’hypothèse de «par cause commune» sera vérifiée. Dans ce cas, l’auteur aura  visiblement cherché un effet «concentré», qui puisse mobiliser au maximum l’attention de l’opinion. A la manière des actions terroristes. Faites l’addition du Tupolev abîmé et du document fuité, en l’espace de trois jours, il y a là, en image, l’effet d’une bombe.

N’y a-t-il pas derrière ce dernier événement (document fuité), quelque intelligence malveillante qui aurait cherché à discréditer Tshisekedi auprès du peuple, pour qui les armées rwandaise et ougandaise sont plus qu’exécrables ?

Qui a tiré sur l’avion présidentiel ? Un argumentaire creux

Ce n’est pas tout. Du samedi 19 au mercredi 30, soit en l’espace de 12 jours, on a assisté à plusieurs autres actes ; quatre, pour être précis. L’un d’eux est celui qui domine sur le reste ou, autrement dit, constitue le pivot autour duquel tout s’articule: l’annonce du retour de Kabila sur la scène politique … comme s’il s’y était éloigné !

Entre le 19 et le 30 donc, le théâtre a pour acteurs:  samedi 19, affaire liée aux accusations paranoïaques de Banyamulenges (Congolais d’origine rwandaise), avec pour fond le territoire de Minemwbe, situé dans la province du Sud-Kivu.

La question perdure, au sujet de cet espace géographique congolais, en but à l’irrédentisme du Rwanda, via les Banyamulenges.

Depuis, il y a accrochages dramatiques entre les autochtones et les arrivants rwandais ; lundi 21 à Kinshasa, sortie médiatique d’Alain Atundu, porte-parole du FCC, pour dire «tout le bien» qu’il pensait de la coalition Kabila-Tshisekedi. Stupide !


A quoi et envers qui Katumbi faisait cette allusion ? Enigme !


Au fond, c’était pour préparer l’annonce du come-back de Kabila ; enfin, mercredi 23, l’ancien président sort du bois : ses affidés, à Lubumbashi, au cours de ce qu’ils ont appelé «matinée politique», ont déroulé un argumentaire creux sur ce retour que le peuple, d’ores et déjà, a ostensiblement rejeté.

En réalité, tous ces faits ne sont pas loin de l’hypothèse liée à la théorie de «par cause commune». Ils seraient tous liés, depuis l’affaire du Tupolev 72 : avec pour but de marquer les esprits et d’en tirer des dividendes sur l’émotion. Raté. Car, pour les Congolais, l’annonce de Lubumbashi est passée comme un non-événement.

Quant au tacle de l’opposant Katumbi, samedi 26, à Goma, devant la foule: «Je ne vous décevrai pas, je ne serai jamais un ‘traitre’», il y a lieu de se poser des questions.

A quoi et envers qui Katumbi faisait cette allusion ? Enigme !

Et, enfin, l’élection  de Jaynet Kabila, sœur jumelle du «raïs» congolais, à la tête de la stratégique Commission Défense et Sécurité. C’est la fin d’une démarche qui entre dans la résonance du projet conduisant à la pérennité du système kabiliste.

Défauts de la cuirasse

On en est ainsi à la clôture de cette «séquence», car les mois à venir seront, sans doute, beaucoup plus riches en péripéties. En fait, Kabila va tenter de confirmer sa présence sur l’échiquier politique, dans le sens de l’accaparation du pouvoir en 2023 (si jamais on y arrive). Mais aussi dans le but de démontrer que Tshisekedi n’est qu’une marionnette écartelée entre sa traitrise et l’espoir, en vain, de conquérir l’estime du peuple.

Car, entre les deux alliés, la guerre a déserté la  basse intensité ; elle s’approche de plus en plus de celle de tranchées. 

De fait, en dehors de la décision de la gratuité scolaire et de l’application de celle-ci, qui se poursuit cahin-caha, Tshisekedi semble «dispersé». Il s’illustre plus par des déclarations à l’emporte-pièce, sans lendemain, comme le «déboulonnage de la dictature» ou «la sortie des vingt millions de Congolais de la pauvreté en cinq ans» que par des initiatives propres à arracher l’impérium des mains de Kabila. On ne dirige pas un pays à coups de promesses démagogiques.

Dans ce cas, quel est le sort réservé à l’échéance électorale projetée en 2023, sinon un vrai bluff que lance Kabila ? On n’y arrivera pas. A moins que Tshisekedi répare les défauts de sa cuirasse ou que le peuple ouvre les yeux, à l’instar des Libanais, Irakiens ou Chiliens… et marche pour la conquête de sa souveraineté.

En en attendant, le fin mot de l’histoire de la RD Congo post-Kabila appartient à la cour du roi Pétaud.

Par Jean-Jules Lema Landu, journaliste congolais, réfugié en France

Maroc : “Interdit de conférences académiques, censuré, diffamé, je vis sous la pression permanente de la police politique”

Communiqué de Maâti Monjib, historien, politologue marocain, journaliste et défenseur des droits de l’Homme. En, mai dernier, Mediapart soutenait l’universitaire “interdit de quitter le territoire et soumis à des pressions du Ministère de l’Enseignement marocain et à des «épreuves kafkaïennes» pour avoir participé à une soutenance à l’Ecole normale supérieure, à Paris.”

Un cas parmi des dizaines d’autres subit par Maâti Monjib qui dénonce par ce communiqué un bilan d’un an entre harcèlement, censure et diffamation. 


“Il y a ainsi une sorte de complicité obligée des censeurs et censurés. Et c’est dommage car cela empêche l’éclatement de la vérité : la presse est, dans sa grande majorité, sous contrôle. Ceux qui n’acceptent pas la censure, soit disparaissent, soit s’autocensurent.”


 

Communiqué de Maâti Monjib

En l’espace d’une semaine, j’ai été interdit de conférence deux fois.

La première conférence organisée par une grande école d’ingénieurs de Casablanca qui est une université privée. Cette conférence devait porter sur l’Etat marocain à travers l’histoire.

La seconde intitulée: “Développement politique et système national d’intégrité en Afrique” était organisée dans le cadre d’une université d’été au bénéfice de quelques dizaines de jeunes activistes et intellectuels sub-sahariens.

Bravo la diplomatie parallèle chantée tous les jours par les médias de propagande officiels!

Cette même semaine, une interview dans un quotidien de grande diffusion a été censurée. Je tais le nom de la journaliste (d’ailleurs professionnelle et courageuse) ainsi que le nom du journal car j’ai été critiqué par des amis pour les avoir dévoilés il y a quelques jours. Cela représente des risques pour les concernés.

Il y a ainsi une sorte de complicité obligée des censeurs et censurés. Et c’est dommage car cela empêche l’éclatement de la vérité : la presse est, dans sa grande majorité, sous contrôle. Ceux qui n’acceptent pas la censure, soit disparaissent, soit s’autocensurent.

Dans cette petite interview censurée, j’avais essayé de montrer le caractère tendancieux et “sécuritaire” du rapport officiel sur le Hirak du Rif. Ce rapport soi-disant “droits-humaniste” justifiait honteusement et maladroitement la répression du Hirak et les lourdes condamnations de ses activistes et leaders (jusqu’à 20 ans).

Même pour le régime ce rapport était contre-productif puisqu’il était sans aucune valeur ajoutée par rapport aux communiqués de la Direction Générale de la Sûreté Nationale. Et que dire des décisions, manipulations et condamnations par une justice aux ordres contre les braves activistes pro-démocratiques du Rif, l’une des rares régions qui lève la tête courageusement pour dire non au despotisme et au système des copains et des ripoux.

Ce rapport officiel montre clairement que le régime se ferme de plus en plus, les voix de la raison sont étouffées même en son sein. Tout le monde à l’intérieur du système (y compris les institutions de gouvernance) se met au service des Services. C’est dangereux pour le pays, c’est dangereux pour les libertés publiques et c’est dangereux pour le régime lui-même qui n’a plus essentiellement que deux piliers de soutènement: la répression –comme moyen d’action et la corruption -comme ciment de l’élite au pouvoir.

Pour résumer, je viens de passer, chers ami-es une année universitaire très dure : un exemple, j’étais invité depuis octobre à sept conférences qui ont toutes été interdites. Sauf à Agadir où une personne courageuse a résisté aux pressions.

L’administration “universitaire” refuse aussi de m’autoriser à participer à des colloques ou soutenances de thèse à l’étranger, comme cela m’est arrivé plusieurs fois cette année. Or de telles activités scientifiques sont partie intégrante du travail de tout professeur de l’Enseignement supérieur et impacte énormément l’évolution de sa carrière et le jugement de ses pairs.

En même temps et comme par hasard, la presse des Srabs (Services) mène contre moi une abjecte campagne de diffamation et de mensonges qui dit entre autres que je suis un Fonctionnaire-Shabah (fantôme). Or mes étudiants, mes collègues et les administratifs de l’établissement où je travaille savent que je me suis acquitté cette année, et comme toujours, de mes devoirs professionnels normalement malgré les obstacles semés sur mon chemin par les collaborateurs des Services.

Imaginez ! Je suis actuellement, et cela depuis février, dans une situation insoutenable. L’administration centrale me considère (par écrit et par le moyen de missives officielles signées et cachetées) comme absent depuis cinq mois et demi. Quelques responsables de base, aussi professionnels que courageux leur répondent, parfois par écrit, que non, autrement dit que je suis présent…

Mais l’administration centrale continue à ignorer leurs réponses (officielles signées et cachetées) en leur demandant toujours si j’ai repris mon travail comme si j’étais en abandon de poste. Le but apparent est de me maintenir sous pression pour que j’arrête de m’exprimer sur la nature du régime qui est passé –je le redis ici à toute fin utile-, depuis les dernières élections législatives, du “statut” d’un régime semi-autoritaire à un régime, académiquement qualifié par les spécialistes, d’autoritaire.

Ils veulent aussi m’empêcher par le moyen de ces pressions lâches de m’exprimer en tant que responsable de l’Association Liberté Maintenant illégalement interdite (Freedom Now الحريةالآن) sur les abus de pouvoir et les violations des droits humains et des libertés d’expression et de presse.

A chaque fois que je prends position ou que je publie un article qui ne plait pas aux décideurs dans la presse qui parait à l’étranger, une campagne mensongère de dénigrement me “crucifie”.

Je suis aussi parfois objet de filature sans parler du fait, Ô combien gênant, que mon téléphone est sous écoute active depuis mai 2015. C’est d’ailleurs par ce moyen qu’ils savent que je suis invité par tel ou tel établissement ou que j’ai un entretien avec un périodique…. Aussi durant avril-mai derniers, des dizaines d’articles, de vrais articles pas des brèves, m’ont honteusement insulté et diffamé, photos à l’appui sur le plan de ma vie privée et publique, de mon travail, de mes convictions…etc.

Des caricatures calomnieuses de moi sont publiées, elles m’affublent des cornes de Satan, de costumes de mafieux avec des dollars tombant de leurs poches… Des centaines de pages Facebook y ont participé l’année dernière par exemple suite à un article que j’ai publié en mars 2018 sur l’affaire du journaliste Bouachrine. La campagne s’est ralentie depuis mi-juin 2019, et c’est bon à prendre. Tout y passe, du sexe à l’argent, du service de l’étranger à la trahison de la patrie, de la vaste ferme à la villa cossue…

Honte sur vous! Vous laisserez une mauvaise image de l’Etat marocain pour les générations futures. Vous contribuez par ces moyens vils à la dégradation de l’image de notre pays chéri qui pourtant nous lie tous. Je n’ai jamais su que dire la vérité vous met dans une colère aussi noire!

Communiqué de Maâti Monjib

The New York Time’s Cartoon Suppression Sparks Worry

The news that shook the world’s largest daily newspaper, the New York Times International. After one month of controversy following an image deemed antisemitic, starting July 1st, there will no longer be political cartoons in the newspaper’s opinion section. This decision foreshadows a complicated future for newspaper cartoonists.


A single stroke of the pen was enough to unleash a worldwide controversy.


In the April 27th issue, there is an an image of the Israeli Prime Minister, Benjamin Netanyahu, depicted as a dog with a star of David around his neck. Behind him, the American president, Donald Trump, is shown blind holding the “dogs” leash with a yamaca on his head.

After public outcry, the New York Times appoliogized in a letter, calling it an “error of judgement”. A justification that convinced neither American not Israeli medias.

The Israeli ambassador to the United States addressed the journal and stated “Today, the New York Times has made these pages a dream for those who hate the Jewish State.” He declared in Washington on April 29th.

The journals publication director, A.G. Sulzberger, launched a disciplinary procedure against the editor who chose this image. He also decided to no longer use cartoons coming from an outside company. (The images deemed to be antisemitic came from an outside company.)

From the White House, Donald Trump was offended for not being cited in the newspapers letter of appology. Finally, the New York Times surrendered to social media pressure and announced the end of its cartoon pages

Is freedom of opinion being threatened?

New York Times International will only be remove cartoons from the opinion section. They will not remove cartoons from from the entire newspaper.

Press cartoons are bought, sometimes in an image bank like the image by Antonio Moriera  that started the controversy. Patrick Chappatte, artist from the New York Times expressed his disappointment on his blog following this announcement.

“In these past few years, some of the best newspaper cartoonists in the US (…) have lots their jobs because their editors found them too critical of Trump (…) Maybe we should start to worry. And revolt. The newspaper cartoonists were born with democracy and when these freedoms are threatened, they are too” he condemned on his blog.

Interviewed by France Inter, Plantu declared that he is “worried for the future of our democracies and for freedom of opinion.” The artists of the world are outraged to see a journal as prestigious as the New York Times succumb to pressure from social media. “If it is pleasing to all, the freedom of the artists is going to be reduced (but that is secondary), but it is freedom of journalists, freedom of citizens and freedom of opinion that is going to fall apart.”

For Terry Anderson, illustrator and general director of Cartoonist Rights Network International, “It is undeniable that the decision from the New York Times is apart of a worldwide trend and continues to reduce the public space for cartoonists. […] This is why we whole-heartedly condemn it.

Antonio Moreira Antunes

Freedom of expression has already been previously attacked.

Antonio Moriera Antunes, author of controversial cartoon has been regularly published in Portuguese magazines and journals since 1975. This is not the artist’s first controversy, in 1992, he published a cartoon in Expresso (Portugese newspaper) that became famous and hotly contested: Pope Jean-Paul II represented with a condom on this nose. This image was put on a petition signed by 15,000 of the Portugese demanding for censorship of this cartoonist.

Charlie Hebdo

Known for its provocative images & its quirky and satirical humor, Charlie Hebdo provoked many national controversies regarding freedom of the press and opinion. In 2006, Charlie Hebdo published Danish cartoons (from the Jyllands-Posten Journal) of the prophet Muhammad. The Union of Islamic Organizations of France and The Grand Mosque of Paris started a penalty procedure against Charlie Hebdo for “slander published against a group of people due to their religion.”

Charlie Hebdo became the target of numerous amounts of threats from radical Islamists following this controversy. On January 7th, 2015, the editoral board was targeted with an attack killing 12 people, including some of the most famous artists: Cabu, Charb, Wolinsky and Tignous.

Alex

Most recently, the newspaper cartoonist, Alex was a received of death threats following the January publication of a cartoon  in “Le Courrier Picard”. The image mocked Eric Drouet, a controversial figure from the Yellow Vest Movement, caricatured as a small yellow bird being hunted by Jean-Luc Mélenchon (a French politician from the National Assembly).

“There are people, journalists but other also who knock and demolish” recalled Alex, who is worried about both the current social climate in France and the anti-media hate that has been proliferating.

Interview de l’Ambassadeur des Droits de l’Homme François Croquette

François Croquette a rendu visite à la Maison des journalistes. L’occasion de lui présenter la vie et le fonctionnement de la MDJ et de rencontrer les journalistes réfugiés pour avoir exerceur leur métier sur la liberté d’informer. Accompagné de la directrice de la MDJ, Darline Cothière, l’ambassadeur a pu prendre connaissance de l’histoire personnelle des journalistes qui l’ont alerté sur des cas de violation fragrante des droits humains et de la liberté d’informer dans leur pays respectif.

A la suite de ces échanges, l’équipe de l’Oeil a interviewé l’Ambassadeur qui a répondu sans détour à nos questions. 

Quel est le rôle du métier d’ambassadeur Français des Droits de l’Homme ? 

Du droit des citoyens aux relations internationales, des situations individuelles à celles du collectif, le rôle d’ambassadeur des droits humains est varié et exigeant.

Y a-t-il d’autres ambassadeurs des Droits de l’Homme en Europe et dans le monde? 

Il y en a neuf dans l’Union Européenne ce qui ne signifie pas que les pays qui n’en ont pas se désintéressent de cette question.

Avec les autres ambassadeurs, ensemble nous travaillons de manière informelle, déclaration conjointe, situation individuelle et collective des pays concernés. 

Tribune : universitaires et chercheurs s’inquiètent de l’ingérence marocaine envers Maâti Monjib

Un procès ouvert en 2015, reporté 15 fois. Avec notre confrère de la Maison des journalistes Hicham Mansouri, Maâti Monjib est visé par une plainte suite à la création d’une application mobile aidant les journalistes marocains et depuis censurée par le pouvoir. Hicham a du quitter le Maroc après avoir connu la diffamation et la prison. Maâti Monjib, universitaire a pu rester au Maroc, mais à quel prix?

Le 22 avril 2019, l’historien Maâti Monjib est entré dans une grève préventive de la faim pour 48 heures. Enseignant-chercheur à l’Institut des études africaines (IEA) de l’Université Mohammed V de Rabat, il est menacé de se faire radier de l’université et de la fonction publique, après avoir accepté de participer, en qualité de rapporteur, à la soutenance d’habilitation à diriger les recherches (HDR) de Mounia Bennani-Chraïbi, le 13 février 2019, à l’École normale supérieure (ENS), à Paris.

L’affaire de l’ENS

Quatre ans plus tôt, Maâti Monjib a mené une grève de la faim illimitée qui a duré 24 jours, pour défendre son droit à la libre circulation. En lien avec la formation de jeunes journalistes à des outils de la presse citoyenne, il a été poursuivi avec six autres personnes, d’abord pour “atteinte à la sécurité intérieure de l’État”.

Le procès court toujours et Maâti Monjib fait l’objet de campagnes incessantes de diffamation et d’harcèlement moral. À l’origine des pressions que Maâti Monjib subit actuellement, rien de bien révolutionnaire : il a tenu à remplir ses engagements auprès de ses collègues en prenant part à un événement hautement académique.

Invité dès le mois de juin 2018 à faire partie du jury d’HDR de Mounia Bennani-Chraïbi, il a rapidement avisé les autorités de tutelle et produit tous les documents exigés, y compris la convocation officielle de l’ENS, sans pour autant obtenir un accord administratif formel, que peu d’universitaires sollicitent.

Maâti Monjib décide quand même de participer à la soutenance : sa présence est essentielle au bon déroulement de ce processus d’habilitation long et complexe. Peu après son retour à Rabat, il reçoit plusieurs “demandes d’explication” de la part des autorités universitaires pour non-présence sur son lieu de travail.

Un choix cornélien

Il y répond et dépose personnellement, à chaque fois, ses réponses à l’administration de l’institut ; preuve supplémentaire de sa présence. Or, son ministère de tutelle a engagé contre lui une procédure en abandon de poste (depuis le 11 février 2019), notifiée le 18 avril. Sommé de signer un formulaire de “reprise du travail” dans un délai de sept jours, Maâti Monjib a le choix entre reconnaître des accusations fallacieuses ou se faire radier.

Il a déposé un dossier officiel attestant qu’il n’a nullement abandonné son poste et 19 de ses collègues de l’institut ont témoigné par écrit qu’il “se présente régulièrement au poste de son travail” à l’institut et s’acquitte normalement de ses tâches.

Le procès-verbal signé par l’ensemble des membres du jury d’HDR atteste également de sa participation active à une activité scientifique, qui relève du cahier des charges de tout professeur universitaire.

L’Institut des études africaines se flatte sur sa page web de favoriser la coopération universitaire internationale et la mobilité des enseignants. N’est-ce pas contradictoire de soumettre Maâti Monjib à des épreuves kafkaïennes, alors même qu’il ne faisait que représenter son université dans une institution pour le moins prestigieuse ? En notre qualité de professeurs universitaires et de chercheurs, nous exprimons toute notre inquiétude face à cette entrave à la liberté académique.

231 signataires au 9 mai 2019 : 

Nom Prénom Pays Institut / fonction
Bennani-Chraïbi Mounia Suisse Université de Lausanne
Allal Amin Tunisie CNRS-IRMC
Bocco Riccardo Suisse The Graduate Institute
Burgat François France CNRS
Camau Michel France Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence
Casimiro Isabel Maria Mozambique Eduardo Mondlane University
Catusse Myriam France CNRS
Chalcraft John Royaume-Uni London School of Economics and Political Science (LSE)
Dakhli Leyla Allemagne Centre Marc Bloch
Desrues Thierry Espagne IESA-CSIC
El Khawaga Dina Liban American University of Beirut
Fillieule Olivier Suisse Université de Lausanne
Gamal Wael Égypte Carnegie Endowment for International Peace
Greeman Richard États-Unis University of Hartford
Gusev Aleksey Russie Moscow State University
Hammoudi Abdellah États-Unis Princeton University
Hudis Peter États-Unis Oakton Community College
Iharchane Omar Maroc Université Cadi Ayyad
Jeppie Shamil Afrique du Sud University of Cape Town
Kane Ousmane États-Unis Harvard University
López García Bernabé Espagne Université Autónoma
Löwy Michael France CNRS
Miller G. Susan États-Unis University of California, Davis
Mouna Khalid Maroc Université Moulay Ismail
Mounib Nabila Maroc Université Hassan II
Naciri Mohammed Maroc Géographe, Université Mohammed V
Neveu Erik France Sciences Po Rennes
Offerlé Michel France École normale supérieure de Paris
Rachik Hassan Maroc Université Hassan II
Siméant-Germanos Johanna France École normale supérieure de Paris
Stenner David États-Unis Christopher Newport University
Uysal Aysen Turquie Politologue (expulsée de l’Université d’Izmir)
Vairel Frédéric Canada Université d’Ottawa
Villalon Leonardo États-Unis University of Florida
Vermeren Pierre France Paris 1 Panthéon-Sorbonne, France
Wainscott Ann Marie États-Unis Miami University
Waterbury John Liban American University of Beirut

 

Les autres signataires par ordre alphabétique :

 

Aainouss Abdelghani Maroc  
Aarour Fatiha France  
Abdelmoumni Souad Maroc  
Abdelmoumni Naima Maroc  
Achahboune Abdellaziz Maroc  
Achibane Mehdi Maroc  
Afkir Mostafa France  
Afsahi Kenza France Centre Emile Durkheim – Université de Bordeaux
Aghbal Ahmed Maroc Université Moulay Ismail
Ahndar Mohamed Maroc  
Aitba Mouhssine Maroc  
Akanni Saloua France  
Akesbi Najib Maroc Institut agronomique et vétérinaire Hassan II
Aksikas Jaafar États-Unis Columbia College Chicago
Alami Mchichi Houria Maroc Université Hassan II
Allal Tewfik France  
Allioui Hanane Maroc  
Andalous Ouartassi Kamal Maroc  
Ankari Hamid Maroc  
Arib Ahmed Maroc  
Assidon Sion Maroc  
Augier Jean-Paul France Historien
Azdem Mehdi Maroc  
Baczko Adam France Université Paris I
Bajjaji Gabriel France  
Balarbi Najat Suisse  
Baranzini Roberto Suisse Université de Lausanne
Belarbi Mohamed    
Belfquih Abdelkhalek France  
Belghazi Amine Maroc  
Bella Hassan Maroc  
Ben Mami Amine France Sciences Po Aix
Ben Saud Youssef Maroc  
Benchebab Abdellatif Maroc  
Benmoussa Younes Maroc  
Bennani Taoufik Maroc  
Benslimane Dounia Maroc  
Bernich Abdallah Maroc  
Bouabid Ali Maroc Politologue
Bouagga Yasmine France École normale supérieure de Lyon – Triangle
Boubelrhiti Lhoucine Maroc  
Bouchra Moulouda Maroc  
Bouguiyoud Said Qatar  
Bouharou Sulliman Maroc  
Boula Farouk Maroc  
Boulakhrif Ahmed Maroc  
Boutahar Driss Maroc  
Bouzendaga Abdallah Maroc  
Brazek Abdeslam France  
Brouksy Omar Maroc Journaliste et universitaire
Butin Cyprien France Consultant en développement urbain
Capon Corinne Suisse  
Casani Alfonso Espagne  
Chahir Aziz Maroc Politologue
Charpentier Isabelle France Université de Picardie
Chbibi Mohamed    
Cheikh Meriam France Anthropologue
Cherbib Mouhieddin e  

 

Militant des droits de l’homme tunisien

Cherouaou Brahim    
Cherqui Ilham Canada  
Cherradou Mohammed Maroc  
Choubi Mohamed Maroc  
Choukri Hmed France Université Paris Dauphine
Chraibi Saad Maroc  
Dafir Hassan Maroc  
Değer Ozan Turquie Politologue (expulsé de l’Université d’Ankara)
Demetriou Eleni Chypre Aix-Marseille Université
Derouich Said Maroc  
Diani Morad Qatar Université Cadi Ayyad (actuellement chercheur au Doha Institute)
Dirèche Karima France CNRS
Duchesne Sophie France CNRS
Duthu Françoise Belgique Université Paris Ouest Nanterre
Eichenberger Pierre États-Unis Chercheur invité à la New School
El Amine Amal Maroc  
El Ayar Mhamed Maroc  
El Fahli Mohamed Maroc  
El Imame Soumia Maroc  
El Kawkabi Hassan Maroc  
Elalaoui Charif France  
ElAmine Adnan Liban American University of Beirut
Elbelghiti Rachid Maroc  
Elbousky Belaid États-Unis  
Elkhairi Ayoub Maroc  
Elouajjani Said Maroc  
Elyamlahi Zakia Maroc  
Emperador Montserrat France Université Lyon 2
Fakir Intissar États-Unis Carnegie Endowment for International Peace
Farhat Abdellatif France  
Fatmi Youssef Maroc  
Fernandez-Molina Irene Royaume-Uni University of Exeter
Ganev Venelin États-Unis Miami University
Gaubert Julie Suisse Chercheuse
Ghadeer Ahmed Égypte Chercheuse
Gobille Boris France École normale supérieure de Lyon
Gonnet Aurélie France Chercheuse
González García de Paredes Marta Espagne IESA-CSIC
Graz Jean- Christophe Suisse Université de Lausanne
Grotti Laetitia Maroc  
Guedira Abdellah Maroc  
Hayat Samuel France CNRS
Heddouchi Omar Maroc  
Idbelaid Hamid Maroc  
Idhmida Mohamed Maroc  
Ilahiane Hsain États-Unis Mississipi State University
Imm Anas Maroc  
       
Jamal Ayoub Maroc  
Janne d’Othée Nathalie Belgique Centre national de coopération au développement (CNDD 11.11)
Jenkal Abdelaziz    
Jeradi Mohamed    
Jimenez Mar Espagne  
Jouvenet Morgan France CNRS
Kerdellass Achraf Maroc  
Khadir Khaddouj France  
Khalil Omnia Égypte Chercheuse
Kheir Ahmed Égypte Chercheur
Kosulu Deniz France Chercheuse
Ksikes Driss Maroc Écrivain et professeur à HEM
Kurtoğlu Zerrin Turquie Sociologue
Laaroussi Omar Maroc  
Lahmamed Elmehdi Qatar  
Lizé Wenceslas France Université de Poitiers
López Hernández Dolores Espagne Universidad de Navarra
Loukili Chrif Al Mostafa Maroc  
Maaninou Larbi France  
Mach André Suisse Université de Lausanne
Machrouhi Dahbi Maroc  
Manry Veronique France Sociologue
Masrour Aissa Maroc  
Mathieu Lilian France École normale supérieure de Lyon – Centre Max Weber
Mayaux Pierre-Louis France Centre international de recherche pour l’agriculture et le développement
Mazigh Bahri Maroc  
McLaughlin Fiona États-Unis University of Florida
Mejjad Ghani Maroc  
Meliani Youssef Maroc  
Menoux Thibaut France Université de Nantes
Meziaty Mouad Maroc  
Mezzi Youssef Maroc  
Mias Coline France Doctorante Sciences Po Aix
Mohamed-Chaabani Saliha France  
Mortabit Zouhair France Polytech Clermont-Ferrand
Mota Milton Suisse  
Mouhallil-Leroy Sophie Belgique  
Moustekfu Abdellatif Maroc  
Mrabti Mohammed Maroc  
Mulhem Monif Syrie Intellectuel et militant syrien
Naguib Mohamed France  
Naih Mohammed Maroc  
Naim Mustapha Maroc  
Najeme Ibrahim Maroc  
Naoua Adiba Maroc  
Nasr Ayman France  

 

Nuino Mourad

Mourad Nuino

 

Maroc

 

Docteur en droit

Ocana Morgan France  
Olivier Isabelle France  
Oubaka Brahim Maroc  
Oukmeni Idir Maroc  
Oumlil Kenza Maroc Université Al Akhawayn
Paboeuf Jean-Louis France  
Pagis Julie France CNRS
Papadopoulos Ioannis Suisse Université de Lausanne
Paternotte David Belgique Université libre de Bruxelles
Pereira Cristina Suisse  
Pierret Monique Belgique  
Qmichou Khadija Maroc  
Raddaoui Raddaoui Maroc  
Rajib Said Maroc  
Raoud Mostafa Maroc  
Raymond Candice France IREMAM
Rhrib Sami Suisse  
Rivet Bénédicte France Centre Max Weber
Ruchet Evan Suisse  
Ruel Anne France Historienne
Ruiz de Elvira Laura France Université Paris Descartes

 

Sadki

Abdelouahe d

 

Maroc

 
Saidi Rachida Maroc  
Sammouni Mohamed Maroc Journaliste et chercheur en sociologie politique
Sefrioui Kenza Maroc Docteure de l’Université Paris IV, journaliste culturelle, critique littéraire et éditrice
Silly Vinca France  
Solanas Facundo Argentine Université de Buenos aires
Sommier Isabelle France Université Paris 1
Taj Mustapha Maroc  
Talbi Alaa Tunisie

Docteur de l’Université de Tunis, Forum

tunisien pour les droits économiques et sociaux

Tayebi Mohammed Maroc  
Tbeur Issam- Eddine Maroc Université Mohammed V
Tek Eylem Turquie  
Tisserdi Rachid Maroc  
Tmart Ahmed Maroc  
Toker Nilgun Turquie Politologue (expulsée de l’Université d’Izmir
Turkmen Buket France Centre Emile Durkheim
Wahnich Sophie France CNRS
Yuksel Hakan France  
Zejly Nassim France  
Zwanenburg Elsa Suisse