Rédaction de l’Oeil
Nos journalistes
La Maison des Journalistes MDJ est une association loi 1901, située à Paris qui accueille et accompagne des journalistes contraints de fuir leur pays pour avoir voulu pratiquer une information libre. Il s’agit d’un lieu de résidence provisoire pour ces exilés, professionnels de l’information, un endroit pour se reconstruire, pour faire respecter la liberté d’expression et la liberté de la presse.
Ces journalistes ont une tribune libre sur ce site.
Un journaliste est une personne dont la profession est de rassembler des informations, de rédiger un article ou mettre en forme un reportage afin de présenter des faits qui contribuent à l’actualité et l’information du public.
Le travail du journaliste consiste principalement à recueillir des informations puis écrire des articles ou publier des reportages (écrits, audio, photo ou vidéo), en consultant les dépêches des agences de presse et la documentation de son entreprise, en interrogeant des spécialistes ou des témoins, à qui il garantit la protection des sources d’information des journalistes.
“Au Tchad, être journaliste c’est être sans cesse sous surveillance” – Portrait du journaliste Mahamat
/dans Afrique, Journaliste MDJ, Liberté de la presse /par Liso CAMPANAÉté 2011, Mahamat est officiellement bachelier. Il s’inscrit à un concours pour intégrer une école de journalisme basée au Soudan. Mahamat est admis. Le gouvernement lui octroie alors une bourse pour ses études. Le jeune homme fait pour la première fois ses valises, et quitte son pays natal, le Tchad.
“Une fois ma formation terminée, j’ai dû rentrer pour travailler au service du gouvernement”.
2014, Mahamat a 22 ans, et fait ses premiers pas de journaliste à la rédaction arabe de Télé Tchad, l’une des plus grandes chaînes télévisées du pays. Là bas, il réalise des reportages, et travaille au desk.
Mais au Tchad, être journaliste rime avec censure et surveillance acharnée. Les recherches, qu’elles soient personnelles ou professionnelles, sont constamment contrôlées. “La rédaction nous a à l’œil, et tout ce que l’on fait est centralisé au gouvernement”.
Un contrôle également présent à plus petite échelle : “les journalistes se surveillent même entre eux”.
Pour Mahamat, la réalité du métier de journaliste dans son pays est désolante: “Au Tchad, être journaliste c’est être sans cesse sous surveillance”.
Le mois d’avril 2016 s’ouvre sur l’élection présidentielle. Idriss Deby, le candidat sortant, brigue un cinquième mandat. Pour les tchadiens, l’heure est à la contestation: ils demandent le départ du dictateur, au pouvoir depuis 26 ans.
“Ils me reprochaient de ne pas dire la vérité, alors qu’aucun journaliste n’a de liberté d’expression”.
A Télé Tchad, on se prépare à couvrir l’événement. Mahamat est désigné “envoyé spécial” pour les régions de Dar Sila et de Ouaddaï, à l’est du pays. Arrivé sur place, la couverture médiatique est difficile et inédite pour le jeune homme : “Pendant un mois, je suis au coeur des tensions et des violences”.
Mahamat est marqué par la brutalité humaine qu’entraine ces élections.
Lors d’un meeting du PLD (Parti pour les Libertés et le Développement) un parti d’opposition au régime, Mahamat est à son tour pris pour cible. Des militants l’attaquent physiquement. “Ils me reprochaient de ne pas dire la vérité, alors qu’aucun journaliste n’a de liberté d’expression”.
Sa liberté d’expression, Mahamat la retrouve le temps d’un instant, lorsqu’il discute des questions des droits de l’homme dans l’émission “choc des idées” sur FM Liberté : une radio privée, non tolérée par le pouvoir.
Dire la vérité. A tout prix. C’est pourtant ce qui anime Mahamat et deux autres journalistes tchadiens.
Le 26 novembre 2016, un massacre a lieu à Ngueli, au nord du pays: : une bagarre entre deux familles fait cinq morts et plusieurs blessés. Quelles sont les réelles circonstances du drame ? Qui sont les vrais responsables ? Les trois journalistes décident de mener leur propre enquête.
Mais très vite, leur investigation est interrompue. Le 10 décembre 2016, Mahamat et ses deux confrères sont arrêtés à leurs domiciles respectifs et sont amenés à la police judiciaire. “Pendant deux jours, on a été interrogés et torturés”. Une signature sur un papier promettant l’arrêt des recherches permet finalement aux trois journalistes d’être relâchés.
Quelques semaines plus tard, Mahamat apprend que l’un de ses deux collègues a été tué. Accident ? Vengeance personnelle ? Coup du gouvernement ? Mahamat l’ignore, encore aujourd’hui. La mauvaise nouvelle n’arrête pourtant pas les deux journalistes.
Le 1er novembre 2018, c’est l’enquête de trop… “Je me souviens exactement de l’heure, il était 21h30 précisément”.
Deux ans plus tard, ils lancent une autre enquête : divers bombardements ont lieu à Miski dans le Tibesti, un massif montagneux du Sahara central, zone frontalière de la Libye.
Le 1er novembre 2018, c’est l’enquête de trop… “Je me souviens exactement de l’heure, il était 21h30 précisément”. Mahamat et son confrère sont en train de recouper leurs sources, quand ils sont soudainement interrompus. Des hommes de l’Agence Nationale de Sécurité (service des renseignements tchadiens) se tiennent derrière eux. Tout va très vite. Les deux journalistes sont menottés, embarqués. Leur téléphone et leur ordinateur sont saisis. Leur enquête, effacée…
La sanction est plus lourde que lors de leur première arrestation. Cette fois, Mahamat et son confrère ne seront pas relâchés. Ils sont placés en cellule d’isolement, et torturés quotidiennement…
Un matin de novembre, une bonne étoile vient mettre fin aux vingt-cinq jours de calvaire de Mahamat. “On me dit que je vais être transféré“. Le jeune homme est sorti de sa cellule, et laissé de côté. Quelques minutes plus tard, sa bonne étoile apparait devant lui. “Je suis relâché, cagoulé, et emmené dans une ferme, à une douzaine de kilomètre de la capitale”.
Mahamat reste caché dans cet endroit jour et nuit. Mais il risque à tout moment d’être retrouvé. Sa bonne étoile s’organise, et finit par trouver une solution.
“Même à l’ambassade, au moment de faire mon empreinte digitale, je ne savais toujours pas où je partais.”
Le 19 décembre 2018, pour la deuxième fois dans sa vie, Mahamat doit faire ses valises. Mais ce second voyage n’a rien d’exaltant : Mahamat doit quitter le pays. Pour aller où ? Il l’ignore… Mahamat a rendez-vous en terre inconnue. La peur l’envahit. “Même à l’ambassade, au moment de faire mon empreinte digitale, je ne savais toujours pas où je partais”.
Son escale à Istanbul le mettra sur la voie… Dans la salle d’embarquement, Mahamat observe les visages des individus autour de lui: “Je comprends que je suis en train de voyager vers la France”.
Pour autant, la découverte de la destination ne rassure pas le jeune tchadien, “Tant que je n’avais pas de réelle protection, je n’arrivais pas à me réjouir”.
Arrivé à l’aéroport en France, Mahamat est déboussolé. Il ne connaît “RIEN de la France“… Un taxi lui propose ses services, mais Mahamat refuse. Il se méfie. “Ici aussi, il y des services de sécurités. A tout moment, je pouvais être reconnu et dénoncé aux autorités françaises”.
C’est finalement un ami de la banlieue parisienne qui viendra le récupérer, mettant fin à ses angoisses et ses inquiétudes. Mahamat passera plusieurs mois à la Roche-sur-Yon avant de rejoindre la capitale.
Aujourd’hui, la peur et l’insécurité ont laissé place à un esprit serein. Mahamat est désormais rempli d’espoirs et d’ambitions: “J’aime mon métier de journaliste, et même si je suis loin de mon pays, je veux continuer à clarifier la situation sur ce qu’il s’y passe”.
Souvenir
Mahamat glisse sa main dans la poche de son pantalon, et en sort un papier imprimé, quelque peu froissé.
Un soir, parmi les quelques billets de Francs CFA que son père tenait entre ses mains, un dollar s’était glissé. Mahamat le regardait, ébahi. Son père décida de lui donner ce billet.
Aujourd’hui, le dollar a parcouru plus de 5000 kilomètres et ne quitte jamais la poche du jeune homme.
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“Le régime nous faisait une guerre physique et psychologique, tu n’es jamais en paix, jamais en sécurité” – Témoignage d’un journaliste syrien exilé
/dans Journaliste MDJ, Moyen et Proche Orient /par Alexandre GarnierEn février 2011, Hasan a 21 ans, il vit à Douma dans la banlieue, à l‘est de Damas. Alors qu’il termine des études de tourisme à l’université, les révolutions arabes au Maghreb, encore naissantes, trouvent un écho jusqu’aux réseaux sociaux syriens.
“J’aimerais que tu parles dans le portrait de ‘révolution syrienne’, ce n’était pas une ‘guerre civile’ ou un ‘mouvement’, il faut l’appeler par ce que c’était : une révolution.”
Le mois suivant, des manifestations s’organisent sur Internet. Dans les rues, quelques centaines de militants les composent, la répression est sévère. Mais les timides cortèges du début grossissent de semaines en semaines, la répression cimente la contestation et les réseaux sociaux font le reste.
copyright Hasan – AFP – Hôpital de Douma
De révolté à journaliste pour témoigner
Hasan ressent le besoin de couvrir les évènements, de “montrer ce qu’il se passe ici”. Il débute avec d’autres journalistes activistes filmant les rassemblements et postant le soir sur Facebook ou YouTube. Dans les manifestations, les caméras et appareils photos sont interdits et confisqués par les moukhabarats (services secrets du régime) mais impossible d’interdire les téléphones.
Dès 2012, les massacres et tortures perpétrés par les forces du régime et ses milices scellent le destin du pays : des dizaines de milliers de manifestants ont défilé, en dépit des menaces, dans les rues de Damas. “Bashar doit tomber”, ce sera une révolution.
Durant l’été, le gouvernement perd le contrôle et le siège de la Ghouta se forme. Trois zones contrôlées par différents groupes révolutionnaires apparaissent, Douma sera le dernier quartier contrôlé par les rebelles, huit années plus tard.
Une fois la Goutha isolée, l’eau courante fut rapidement coupée par le régime. Afin d’assurer les besoins de la population, la solution fut de puiser l’eau du sol par des trous de 40 à 60 mètres de profondeur.
“Pour pomper l’eau, on utilisait des moteurs mais bientôt, c’est l’énergie qui venait à manquer. Tirer l’eau avec des pompes manuelles n’était pas suffisant, alors on a commencé à utiliser toutes les sources d’énergie qu’on pouvait trouver : les sacs plastiques, l’huile de cuisine et même de la margarine”.
copyright Hasan – AFP – Hôpital de Douma
Hôpital de Douma et attaque chimique
Hasan rejoint en 2013 l’équipe de l’hôpital de Douma, il photographie les blessés, dont de nombreux enfants, et les opérations chirurgicales qui s’y déroulent.
L’hôpital de banlieue se transforme en hôpital de guerre et s’organise en différents services de soin.
Fin mars, des blessés avec des symptômes anormaux arrivent à l’hôpital, cornée des yeux et muqueuses respiratoires brûlées, suffocation, nausées et vomissements : Bashar el-Assad expérimente les armes chimiques sur les populations rebelles. C’est à ce moment que les médias internationaux commencent à s’intéresser à l’hôpital de Douma.
“Le régime nous faisait une guerre physique et psychologique, tu n’es jamais en paix, jamais en sécurité. À cette époque, nous ne pouvions plus vivre que dans les caves.”
Entre 2011 et 2013, c’est au moins 110 acteurs de l’information qui ont été tués dans le conflit selon un recensement de Reporters sans frontières, face à un tel constat, les médias internationaux décident de ne plus envoyer de correspondants sur place.
Hasan sera contacté par l’AFP après un bombardement dans un marché de Douma en août 2015, l’agence le forme au photojournalisme par internet. À partir de ce moment, les photos d’Hasan se retrouvent en illustration des articles de médias français évoquant les bilans meurtriers du quotidien de Douma.
copyright Hasan – AFP – La Goutha
En novembre 2017, les bombardements sont aléatoires, impossibles à prévoir.
“Le régime nous faisait une guerre physique et psychologique, tu n’es jamais en paix, jamais en sécurité. À cette époque, nous ne pouvions plus vivre que dans les caves.”
Un obus tombe, les secours s’activent pour sortir les victimes des décombres, puis quelques minutes après, une seconde détonation, une nouvelle frappe, visant cette fois-ci les secouristes.
“Je suis parti avec mon appareil photo, un ordinateur emprunté à un ami et les clefs de mon appartement à Douma.”
En février 2018, l’étau se resserre autour de Douma, les bombardements s’intensifient de nouveau. Les quartiers voisins de Mesraba puis Harasta tombent. Les gens fuient la ville. “Le régime voulait une évacuation totale. Si l’on restait, c’était les prisons du régime qui nous attendaient.”
En avril, Hasan quitte sa région natale pour Idleb, puis prend la direction de la Turquie.
À dix reprises, il essaya de traverser la frontière turc, et à la dixième il parvint finalement à échapper aux garde-frontières turcs. “Je n’avais plus de repères, plus d’émotion, je ne pouvais pas regarder de vidéos de Syrie. Avec ou sans papiers syrien, hors du pays je n’étais personne.”
C’est l’AFP qui lui proposa un exil en France. Le voyage, sans argent ni contact, pris onze mois à Hasan. Désormais, il souhaite reprendre des études en journalisme, en France, loin de la Syrie.
“Quand je couvrais la révolution en Syrie, j’emportais toujours ce keffieh avec moi, je le portais durant chaque attaques chimiques.”
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“A l’aéroport de Paris, j’ai vu deux hommes s’embrasser. J’ai alors compris ce qu’était la liberté” Témoignage d’un journaliste syrien en exil
/dans Journaliste MDJ /par Celia Oprandi“C’était la dernière fois que toute notre famille était réunie” – Témoignage d’une journaliste syrienne exilée
/dans Journaliste MDJ /par Veronica Merlo“Il a suffi d’un article pour que je me rende compte que je vivais dans une prison à ciel ouvert.”
/dans Journaliste MDJ /par Rédaction"Il a suffi d’un article pour que je me rende compte que je vivais dans une prison à ciel ouvert."
Arrivé en France le 14 juillet 2018, journaliste et reporter politique de la République Démocratique du Congo, il attend que l’OFPRA lui accorde le droit d’Asile.
Dénoncer !
Certains sont devenus journalistes à leur insu, mais ce n’est pas le cas de Christian. Lui veut “éveiller” la population et c’est ce qu’il a fait pendant neuf ans : rétablir les faits, vérifier et informer. Mais, habitué des quotidiens de Kinshasa (la capitale de la RDC), très vite Christian devient journaliste indépendant. Il passe du Journal du Citoyen à L’Observateur au journal Le Forum des AS. Il intervient de temps en temps sur la radio onusienne OKAPI. Plus qu’un habitué, Christian est passionné par son métier.
Au détour d’une phrase il explique avoir été incarcéré cinq fois lors de ses reportages et en 2014 son passeport a été confisqué par les autorités : “la routine”.
En effet, depuis l’expiration du mandat de Joseph Kabila en décembre 2016 et les 4,5 millions de déplacés en 2018 selon les Nations-Unies et les ONG (pour le gouvernement congolais on est plutôt autour de 230.000), les violences envers les journalistes sont récurrentes. Cependant, à chaque fois, il est assuré que la JED (Journaliste en Dan-ger), organisation de défenses des journalistes basée à Kinshasa, le défendra. Jours et nuits, cette association parcourt les prisons et les gendarmeries de la ville pour défendre des journalistes comme Christian. Comment se battre seul pour faire valoir ses droits quand aujourd’hui encore, la RDC s’appuie sur la loi répressive du 22 juin 1996 adoptée sous la dictature du maréchal Mabutu pour justifier ces atteintes à la liberté de la presse ?
Au fur et à mesure, sa voix prend plus d’ampleur et il s’exclame: "le peuple congolais en souffre et on ne peut pas le montrer?". Plus qu’une nécessité, le journalisme c’est toute sa vie. Et pour lui c’est sa manière d’exprimer l'amour qu'il ressent envers son pays. Il n’y a pas plus patriote que de proclamer des faits qui dévoilent les violences du pouvoir exécutif : “Si on dénonce, on aime son pays.”
Journalisme et Foi catholique
Ainsi, le parcours journalistique de Christian est ancré dans la société congolaise, rythmé par deux convictions : aimer son pays et sa foi en Dieu animée par son investissement dans sa paroisse. Forte de ses 35 millions de fidèles en RDC, l’Église Catholique est devenue un porte-parole des droits de l’Homme et de l’opinion publique.
Une "simple église au milieu du village" selon Christian et l’opposition politique selon le précédent gouvernement Kabila. Les 40.000 observateurs de l’Église, déployés lors des élections de décembre 2018 montrent clairement que cette institution est plus qu’un acteur communautaire, c’est un acteur politique. Ainsi, pour mobiliser la population, l’Église soutient le Comité laïque de coordination (CLC), à l’initiative de marches pacifiques pour le respect de l’accord de Saint Sylvestre. Signé le 31 décembre 2016 cette entente s’oppose à l’éternel report des élections.
S’engager !
Christian est loin d’être indifférent à ce mouvement. Sa tante, membre active de l’association de lutte pour les droits de l’homme, La Voix des Sans-Voix l’a incité à devenir un véritable activiste.
Engagé dans le “Collectif 2016”, dont le fondateur a été assassiné le 25 février 2018 pendant la marche pacifique du CLC, Christian dénonce pour “éclairer et mobiliser”. Alors, quand il a été contacté par le CLC pour rédiger un article incitant tous les citoyens à participer à cette marche, il s'est senti investi d’une cause si noble et légitime qu’il n’a pas hésité une seule seconde. Le 23 février, cet article est publié dans Le Forum des AS. Une journée plus tard, trois hommes en civil toquent à sa porte et une jeep l’attend. Pendant quatre jours, il subit de la torture psychologique.
Conscient d’être observé, il découvre que l’ANR (Agence national de renseignements) le traquait : ses messages, ses commentaires sur des sites, ses fréquentations. Le motif ? Christian menaçait la sécurité de l’État.
Déplacé de prisons en prisons, il passe six jours sans savoir ce que l’ANR veut faire de lui.
S’échapper !
Curieuse de son cas, une policière l’interroge sur les raisons de son état. Christian saisit sa chance et lui demande de contacter sa tante.
Les deux femmes établissent un accord et le 8 mars, la journée internationale de la femme jour où seules les femmes peuplent les rues, ce dernier s’échappe.
Son premier réflexe ? Aller à la paroisse la plus proche, s’en suivent quatre mois de fuite. Dans un premier temps il passe trois mois caché dans un monastère à l’extérieur de Kinshasa. Effrayé par tout, il ne parle à personne et ne sort pas. Dans l’attente d’un passeport, il reste deux semaines à Brazzaville en République du Congo. Arrivé à Paris, Christian revient à la vie et à peine est-il sorti, qu’il se rend dans l’Église la plus proche : l’Église Saint Bernard, où il est accueilli par le prêtre Hugo. Depuis, tous les dimanches il se rend à la messe.
Souvenir
"C’est suite à cet article que j’ai été persécuté.
J’ai proposé ce papier au Forum des AS et un jour plus tard à 22 heures, trois hommes habillés en civil étaient devant chez moi.
J’étais déjà au lit, puisque tu sais je suis chrétien et le lendemain j’allais à la messe du dimanche.
C’est ma femme qui a ouvert la porte. Elle a hurlé pour que je me cache. Quand je me suis échappé de la prison ma famille a dû partir de notre maison à cause de l’ANR qui venait toutes les nuits.
Depuis, je n’ai pas trop de nouvelles"
dans Liberté d’informer par Margaux Vitre
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